Rapport CRIEF-DREAL - DREAL Nouvelle

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Rapport
Etude CRIEF-DREAL
« Les acteurs microéconomiques de
l’économie régionale verte et en
verdissement dans leur territoire »
2013
Résumé de l’étude
La Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du
Logement (DREAL) a lancé en 2012 un vaste programme d’études sur
l’économie verte en région Poitou-Charentes, afin d’éclairer la puissance
publique sur les moyens d’action et les leviers d’intervention pouvant faciliter
l’adaptation de l’économie régionale. Pour approfondir la connaissance des
mutations en cours, la DREAL a conclu un partenariat avec l’Université de
Poitiers, précisément avec le Centre de Recherche sur l’Intégration
Economique et Financière (CRIEF) qui est le laboratoire de la Faculté de
Sciences économiques.
Dans le cadre de cette convention avec la DREAL, le CRIEF mène en 2013
une étude auprès d’acteurs microéconomiques de la région pour mieux
connaître les dynamiques à l’œuvre, les besoins d’accompagnement et les
difficultés que peuvent rencontrer ces acteurs dans leur territoire. Les
entreprises sont les acteurs de premier plan du « verdissement » ou du « nonverdissement » de l’économie d’un territoire. Elles peuvent fournir les
éléments précis pour la compréhension et l’analyse des dynamiques locales,
et sur l’évolution des activités, y compris dans la perspective d’une économie
plus verte.
Quatre territoires de la région, qui diffèrent entre autres par leur degré de
verdissement et leur dynamisme, sont définis. Au sein de chacun, un
échantillon d’acteurs économiques, eux-mêmes très divers quant à leur
engagement dans l’économie verte ou dans le verdissement de leur activité,
est sollicité par des questionnaires et entretiens. L’objectif est double :
accroître la connaissance des démarches et processus décisionnels des
unités microéconomiques à cet égard, et différencier éventuellement les
besoins et les actions possibles compatibles avec leurs stratégies et le
territoire dans lequel elles sont implantées selon leur cas. Il s’agit de montrer
la diversité des configurations à considérer, dans la mesure où l’étude
s’intéresse aux différents facteurs de motivation, de déclenchement de projets
et de mise en œuvre, aux divers facilitations et freins ainsi qu’aux contexte et
perspectives économiques locaux. Les acteurs sont interviewés sur leur
territoire de mars à mai 2013.
L’étude est placée sous la responsabilité scientifique de Mme Anne-Marie
Crétiéneau et mobilise des chercheurs au sein du CRIEF*, dont Julie
Raveleau, ingénieure d’études et Fabien Grelaud, stagiaire du Master 2
Territoires, Entreprises et Développement Durable. L’étude commencée en
décembre 2012 s’achève en décembre 2013, avec des réunions régulières
d’échanges « techniques » CRIEF-DREAL et de travail en comité restreint
(13/02 ; 10/04 ; 16/05 ; 06/09).
(CRIEF, EA 2249, Université de Poitiers. Contact : [email protected]
1
&
'
Connaissance des études
antérieures du programme
DREAL
Travail d’enquête
Périmètre de l’étude = I+II
Définition des quatre
territoires d’étude
de la région
I
Recension des acteurs
présents sur les territoires Détermination
mination des
échantillons d’acteurs à
interviewer
II
Elaboration de la grille
d’entretien
Entretiens semi
semi-directifs
dire
ectifs de
face à face avec les acteurs
microéconomiques
Traitement, synthèse et
analyse Exploitation et résultats
Rapport d’étape 1 sur le
verdissement des territoires et
des entreprises
Rapport d’étape 2 ssur le
verdissement des territoires et
des entreprises
Rapport final de l’étude
2
Sommaire du présent rapport
I. Contexte de l’étude
II. Méthodologie de l’étude
III. Résultats sur la dynamique de verdissement des territoires
IV. Résultats sur la dynamique de verdissement des entreprises dans
leur territoire
V. Conclusions de l’étude
3
I. Contexte de l’étude
Il s’agit de mieux connaître les dynamiques à l’œuvre, les besoins
d’accompagnement, les difficultés que les acteurs économiques peuvent
rencontrer sur leur territoire, en se situant à leur niveau microéconomique,
voire infra-microéconomique quand on tient compte de considérations relevant
« de l’atelier », des conditions très concrètes de l’activité. Acteurs de premier
plan du verdissement ou du non-verdissement d’un territoire, les entreprises
peuvent fournir des éléments sur la compréhension et l’analyse des
principales dynamiques locales et sur l’évolution des activités dans la
perspective d’une économie régionale plus verte.
Le contexte de l’étude est constitué de l’état de l’art aux niveaux des concepts
et de la grille analytique, qui se consolide aujourd’hui dans la littérature
scientifique sur le sujet, d’une part, et des études antérieures du programme
sur l’économie verte dans la région Poitou-Charentes lancé par la DREAL en
2012, d’autre part.
I.1. Les apports des études sur l’économie régionale verte et en
verdissement du programme 2012 de la DREAL
Les études lancées en 2012 par la DREAL Poitou-Charentes, notamment
celles des cabinets Alcimed sur les filières vertes en région1, et D&Consultants
sur le verdissement de l’économie régionale2, constituent le point de départ du
présent travail, non seulement par leurs résultats mais aussi par des éléments
d’ordre méthodologique et des matériaux comme par exemple des comptes
rendus d’entretien d’acteurs proches des entreprises. Est prise en compte
aussi l’étude réalisée par l’INSEE sur la quantification et la caractérisation de
l’économie verte en Poitou-Charentes en 20123. Référence est faite par la
suite dans le rapport aux trois études, notamment pour montrer leur influence
sur nos choix méthodologiques et relier nos résultats à leurs conclusions, dans
la perspective de capitaliser les connaissances de l’économie verte et en
verdissement régionale. Précisons d’ores et déjà que trois grands apports ont
conditionné fortement notre étude.
1
Alcimed (2012), Etude sur les filières vertes en région Poitou-Charentes : potentialités,
faisabilité, pistes d’action.
2
D&Consultants (2012), Vers une économie verte en Poitou-Charentes, le verdissement de
l’économie régionale.
3
INSEE (2013), « En Poitou-Charentes, de 3 600 emplois verts à 102 000 emplois
verdissants », Décimal, Insee Poitou-Charentes, n°324, janvier.
4
Tenir compte de la présence et du stade de développement différent
des filières vertes dans la région Poitou-Charentes : malgré la forte
volonté et la motivation de nombreux acteurs et structures, il est impossible
de construire et/ou développer également toutes les filières de l’économie
verte. Il faut distinguer, en s’appuyant sur le regroupement des filières fait
par Alcimed :
- les filières existantes (socle) qui contribuent à l’emploi régional, avec
des acteurs sur l’ensemble des maillons de la chaîne de valeur et qui
ont
besoin
d’être
consolidées
par
des
actions
de
sensibilisation/concertation et de formation en plus d’actions sur le plan
financier ou sous la forme de commandes publiques :
(1) Bâtiment basse consommation : bâtiment à faible impact
environnemental, biomasse énergie - bois énergie, géothermie
superficielle
(2) Recyclage et valorisation des déchets
(3) Eau / assainissement / génie écologique
- les filières avec quelques acteurs en région sur un ou plusieurs
maillons de la chaîne de valeur, et qui, avec un renforcement des
maillons par la création de réseaux scientifiques et technologiques, de
partenariats
industriels,
et
aussi
par
des
actions
de
sensibilisation/concertation, pourront contribuer à la création de valeur
et à l’emploi à terme :
(1) Bioraffinerie intégrée : Chimie verte et biomasse matériaux,
Biocarburants 2G, Biomasse énergie - méthanisation
(2) Energies 2030 : Biocarburants 3G, Photovoltaïque, Energies
marines
(3) Electricité décentralisée (Smart Grids – Metering et
Infrastructures et stockage)
(4) Véhicules décarbonés (y compris filière Batteries)
(5) Eolien on-shore / Micro-éolien, Solaire thermique /
thermodynamique
- les filières « de moindre importance » en région qui exigent études de
potentiel, et définition d’une stratégie de positionnement : Eolien offshore, Biocarburants 1G, Géothermie intermédiaire et profonde (haute
énergie)
- les filières transversales à l’ensemble du tissu régional (les filières en
verdissement)
5
Tenir compte de l’importance des secteurs TPE/Artisanat/Commerce
et BTP dans l’activité économique régionale et donc du rôle majeur
qu’ils peuvent jouer dans le verdissement de l’économie. Douze
secteurs économiques clés pour la région ont constitué l’objet d’étude de
D&Consultants. Ils se situent dans les quatre branches suivantes :
- Agriculture ;
- Construction (BTP/Construction) ;
- Industries : Industries agro-alimentaires, sous-traitance automobile et
aéronautique, Industrie nautique, fabrication d’équipements électriques,
Industrie du bois (seconde transformation), Industrie minérale (carrièrescimenteries ;
- Tertiaire marchand : assurances, mutuelles et économie sociale ;
tourisme ; transports.
Figure 1 : Analyse comparée de la dynamique de verdissement par secteur
Source : D&Consultants (2012)
L’étude de D&Consultants est menée à un niveau macroéconomique, qui fait
ressortir une dynamique de verdissement juste émergente dans la région et
différemment engagée selon les secteurs économiques. L’appréciation de
cette dynamique s’est faite en considérant les réseaux existants, des
certifications, labellisations, des politiques d’entreprises, des nouvelles
technologies, de l’offre de formation Notons que les transports, le BTP,
l’IAA, et l’agriculture sont particulièrement ciblés par des financements
régionaux ou des réglementations contraignantes, qui probablement tirent les
6
entreprises vers une dynamique de verdissement. Les TPE Artisanat
Commerce sont des acteurs qui, malgré leur poids économique important
dans la région (emploi > 115 000 et valeur ajoutée > 5,5 Md€), font très peu
d’efforts de verdissement. Mais le secteur est diffus en termes d’activités sur
l’ensemble du territoire régional, et ses impacts environnementaux (émissions
de GES, consommations énergétiques, impacts sur les ressources naturelles)
sont perçus comme négligeables par les acteurs eux-mêmes. Sensibiliser ces
décideurs économiques et savoir les accompagner constituent de fait un enjeu
majeur pour le verdissement de l’économie régionale.
« Tester » à l’occasion de notre enquête les conclusions en termes
de priorités d’actions établies par D&Consultants pour le
verdissement de la région. Trois axes de réflexion ont été proposés à
partir des actions recensées par les auteurs de l’étude :
- Assurer lisibilité et promotion des actions ;
- Structurer le verdissement sur le territoire ;
- Accompagner les entreprises.
Notre objet n’est pas toutefois de tester les résultats des études antérieures
mais bien plutôt de les compléter en adoptant le point de vue des unités
économiques elles-mêmes d’une part, et en ajoutant des acteurs
(établissements publics par exemple) qui n’étaient pas pris en compte alors
qu’ils peuvent représenter une part importante de l’emploi local, que leur
impact environnemental peut être lui-même élevé, et qu’ils peuvent compter
beaucoup aussi localement pour leur exemplarité dans le domaine
environnemental.
I.2. L’état de l’art
L’état de l’art par rapport à l’objet de notre étude consiste essentiellement à
clarifier les notions utilisées et à éclairer sur les analyses mobilisées ou qui
influenceront le regard porté par le chercheur.
Sur les notions utilisées
La notion d’« économie verte », comme par le passé celle de
« développement durable » ou récemment encore celle de « responsabilité
sociale/sociétale » trouve différentes acceptions selon les acteurs ou auteurs,
y compris dans les milieux académiques. Parce que les enjeux pour la survie
de la planète et de nos sociétés, pour l’avenir de l’humanité sont majeurs,
parce que le défi de la transition écologique concerne tous les
acteurs/citoyens, les diverses et multiples pratiques et connaissances de
7
terrain, ainsi que les nombreuses mesures des décideurs (privés ou publics)
pour favoriser ce vaste changement, alimentent continûment la
conceptualisation pendant que d’autres se l’approprient et cherchent à leur
tour à apporter des réponses. L’institutionnalisation de ces notions se fait sans
accord sur la définition, ou même sur l’idée profonde qu’elles portent.
Dénoncées comme oxymores (développement-durable ou soutenable,
croissance-verte), elles ont malgré tout été transcrites, codifiées, et ont donné
lieu à des textes, normes, à des indicateurs, référentiels, à des stratégies, des
politiques, des instruments qui sont quant à eux bien définis et mis en
œuvre4. Globalement, nous avons là des notions qui, dans tous les cas, sont
introduites pour exprimer l’existence de contraintes devant peser sur la
croissance et le développement. Sur cette base, deux courants se sont
maintenus : dans l’optique d’une durabilité « faible », on admet qu’il est
possible de substituer au capital naturel du capital créé par les hommes, alors
que, excluant cette substituabilité, la durabilité « forte » met en avant les
risques de pertes irréversibles et donc en question la notion même de
développement (thèses de l’écologie politique, de la décroissance par
exemple). On retrouve ces deux sens appliqués aujourd’hui à la notion de
« territoire vert », mais c’est le premier qui domine usuellement, faisant donc
du territoire vert un biotope d’une très grande complexité5 puisque l’espace
(naturel) à préserver comprend des éléments valorisables monétairement et
que les activités humaines de production et de consommation le modifient en
permanence.
Moins controversée en elle-même, la notion d’économie verte fait référence à
un nouveau modèle de développement qui, tout en cherchant à être efficace
sur le plan économique, s’engage à respecter les grands équilibres naturels et
sociaux6. On vise une économie à la fois sobre et décarbonée, utilisant moins
ou mieux la ressource énergétique et les matières premières non
renouvelables, émettant beaucoup moins de GES, donnant la priorité aux
écotechnologies, pratiquant la consommation et la production responsables
(éco-conception), avec des transports « raisonnés », des villes et des
territoires durables, protégeant et rétablissant les services écosystémiques
des sols, de l’eau et de la biodiversité, évaluant les effets des décisions sur les
générations futures. Dans le contexte de crise économique et financière de
4
Aubertin C. et Vivien F.D. (2010), Le développement durable, Enjeux politiques,
économiques et sociaux, La Documentation française.
5
Techniquement, la durabilité faible s’appuie sur la possibilité d’effectuer, pour un espace
donné, un calcul de l’épargne nette ajustée permettant la transmission à la génération
suivante du stock global de capital (physique, humain et naturel). Cf. Cardebat J.M. et D.
Uzunidis D. (2012), « Territoire vert – Entreprises, institutions, innovations », Marché et
organisations, n°16, L’Harmattan, en particulier l’introduction « Innovation verte et durabilité
des territoires ».
6
Définition du Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie (MEDDE)
8
ces dernières années, le MEDDE insiste davantage dans sa définition actuelle
sur les nouvelles opportunités qui se présentent aux entreprises et les
créations d’emplois à en attendre. La définition institutionnelle est importante
parce qu’indiquant les grandes orientations politiques et stratégiques, elle
constitue le cadre pour nombre d’actions et politiques publiques. Pour autant,
l’ambiguïté sur le terme subsiste car la priorité que l’on continue d’accorder à
la dimension économique ne peut permettre, pour certains, de rompre avec le
mode de développement industriel suivi jusque-là. La définition de l’économie
verte proposée par le PNUE (Programme des Nations-Unis pour
l’Environnement) met en avant l’amélioration du bien-être et de l’équité
sociale, autant que la réduction considérable des risques de pénuries
écologiques. Elle présente alors trois caractéristiques principales : faibles
émissions de CO2, gestion durable des ressources, socialement inclusive.
La notion d’économie verte, principal thème de la Conférence Rio+20 des
Nations Unies en juin 2012, a été très discutée ; elle apparaît en pratique le
plus souvent comme la mise en œuvre concrète des principes de
développement durable dans l’activité économique. Elle désigne toutes les
activités économiques qui cherchent à respecter l’environnement dans les
anciens secteurs de notre système industriel par le verdissement (tels que le
bâtiment, l’agriculture, les transports), ainsi que dans les nouveaux secteurs
du système éco-industriel (les filières vertes). Comme dans la problématique
du développement durable7, sur un territoire donné l’économie verte implique
plusieurs espaces, des populations et acteurs hétérogènes, des organisations
et institutions diverses, positionnées de surcroît à des niveaux différents avec
des interactions possibles. L’approche territoriale de l’économie verte doit, elle
aussi, relever des défis importants concernant la coordination des acteurs,
l’articulation entre les échelles territoriales et les mécanismes de la
gouvernance multi-niveaux 8 . Elle est renforcée dernièrement par deux
tendances très fortes. D’une part, les questions écologiques deviennent plus
englobantes, et c’est en ce sens qu’il faut entendre l’expression « au-delà du
développement durable » comme l’illustrent les débats sur l’énergie ; d’autre
part, le territoire apparaît de plus en plus comme un acteur réel de
changement, capable de créativité et d’innovations.
7
Sur la question de la nouvelle économie portée par le DD, cf. notre introduction à l’ouvrage
Développement durable : pour une nouvelle économie, Laperche B., Crétiéneau A.M. et
Uzunidis D. (dir.), Peter Lang, Bruxelles, 2009.
8
Cf. Brot J., Gérardin H. et Hamdouch A. (2012), « Développement durable et processus de
développement : contraintes institutionnelles et expériences territoriales », Développement
durable et territoires, Vol.3, n°3, décembre.
9
Sur les approches mobilisées
La grille analytique mobilise, outre les outils classiques de l’économiste
travaillant au plus près des entreprises et sur les territoires, trois approches
plus récentes d’origines diverses en terme de courant économique, qui
viennent se compléter et s’enrichir dans le cadre de notre étude.
1. L’écologie industrielle dans le prolongement des travaux de Suren
Erkman9 et des développements en retour des projets mis en œuvre sur le
terrain, nous offre une vision territoriale de la problématique du
développement de l’ensemble des activités économiques. On s’appuie alors
sur la notion d’économie circulaire, qui rompt avec le schéma linéaire des
processus de production du système industriel traditionnel (prélèvements –
production – rejets) qui conduisent à l’épuisement des ressources naturelles et
à la dégradation de l’environnement. On s’inspire du cycle naturel (circuit non
ouvert) et de la conception de l’écosystème, qui comprend les espèces
(biocénose) et leur milieu (biotope) et impose la vision sous la forme de flux de
matière et d’énergie permettant le maintien et le développement de la vie. « Le
modèle simpliste actuel d’activité industrielle doit être remplacé par un modèle
plus intégré : un écosystème industriel » (Frosch R. et Gallopoulos N.,1989).
Les stratégies d’action consistent à :
. Boucler (optimiser l’usage des ressources)
. Intensifier (dématérialiser l’économie)
. Equilibrer (décarboniser l’énergie)
. Etanchéifier (réduire les pertes dissipatives)
9
Cf. notamment Erkman S. (2001), L’écologie industrielle, une stratégie de développement,
Gallimard.
10
Figure 2 : Les symbioses industrielles
Source : Massard G. (2011), Les symbioses industrielles : une nouvelle stratégie pour
l'amélioration de l'utilisation des ressources matérielles et énergétiques par les activités
économiques, Université de Lausanne.
L’écologie industrielle propose à la fois un cadre conceptuel général et
rigoureux (écologie scientifique), une stratégie opérationnelle (mise en oeuvre
du développement durable) et une stratégie collective et coopérative (échelle
systémique). L’écologie industrielle suppose, concrètement 10 , dans une
première étape des méthodologies de quantification et de diagnostic, puis des
procédures d’amélioration et d’optimisation (c’est là qu’interviennent l’écodesign, l’éco-efficacité et les symbioses industrielles), et, enfin seulement des
procédures de mises en œuvre, c’est-à-dire la stratégie d’application à
l’échelle d’un territoire. Considérant les différents types de développement et
de gestion de projet, la démarche peut relever de l’initiative privée (Bottom-up)
comme à Kalundborg au Danemark, de l’initiative publique (Top-Down)
comme à Genève ou aux Etats-Unis, ou encore de l’initiative mixte (Side
Approach) comme en Europe ou en Australie. La France compte quelques
projets d’écologie industrielle dont celui sur l’Estuaire de la Seine11.
10
Massard (2011).
Sont impliqués dans ce vaste projet l’association OREE (http://www.oree.org) et le cabinet
SOFIES (http://www.sofiesonline.com) dont nous nous sommes inspirés pour ce résumé.
11
11
L’écologie industrielle n’apporte pas seulement une autre façon de concevoir
l’action sur le terrain, en re-conceptualisant le développement durable autour
de cette idée d’économie circulaire et d’un modèle de développement vertueux
pour tous, elle parvient à sensibiliser autrement des acteurs, des entreprises
devenues réticentes aux actions environnementales. En France existe
d’ailleurs depuis peu un Institut d’Economie circulaire, et l’écologie territoriale
est en train de se constituer en champ disciplinaire.
2. L’économie de la proximité appliquée à l’environnement est
relativement récente (depuis le début des années 2000) et n’est pas encore
finalisée sur le plan de la recherche en terme de grille d’analyse. L’intérêt
qu’elle présente est de faire jaillir à partir de la question de la proximité
géographique la problématique de la proximité organisée, car celle-ci semble
pertinente pour appréhender un certain nombre de problèmes posés par le
verdissement d’un territoire.
A la confluence de l’économie industrielle et de l’économie spatiale,
l’économie de la proximité propose une grille originale qui, partant des limites
d’une approche en terme de proximité géographique seule (distance spatiale
entre deux entités, pondérée par le coût du franchissement), intègre un autre
type de proximité d’essence relationnelle qui traduit la capacité qu’offre une
organisation de faire interagir ses membres. Ce diptyque proximité
géographique/proximité organisée permet de mieux expliquer les dynamiques
productives sur les territoires. Dans la proximité organisée jouent une logique
d’appartenance (interactions facilitées) et une logique de similitude (système
de représentations partagées). Les débats théoriques au sein de ce courant
sont nombreux et les champs d’application potentiellement larges. Cette grille
s’applique au domaine de l’environnement et à la gestion de ses problèmes,
car ceux-là sont principalement territorialisés (proximité géographique), et
parce que des éléments constituant la proximité organisée y jouent aussi un
grand rôle : partage de préoccupations, de croyances, d’informations, de
savoirs, importance des coordinations d’acteurs, du cadre de résolution, par
exemple. Dans un article très complet sur la question, A Torre et B. Zuindeau
(2009) avaient dressé un bilan de cette application qu’ils résumaient dans le
tableau suivant.
12
Ce champ de recherche est encore en plein développement et le tableau
précédent montre quels axes sont approfondis. Si la proximité organisée peut
faciliter le traitement d’un problème environnemental, elle n’est pas
nécessairement bénéfique par rapport à un problème productif sur un
territoire. Les proximités organisées peuvent être sources de conflit d’usage
autour de ressources, et plus largement peuvent rendre compte de
problématiques environnementales qui s’articulent autour de valeurs
partagées, de référentiels cognitifs, d’intérêts communs La proximité
institutionnelle 12 peut faciliter l’émergence de dispositifs territorialisés de
coordination des acteurs et faire converger les intérêts individuels et permettre
ainsi la structuration de l’action collective.
3. Les travaux sur les objectifs et la responsabilité environnementale des
firmes présentent un intérêt certain pour notre étude, mais ils sont très
abondants, de différentes disciplines scientifiques, et de nature et qualité
relative diverses. Partons d’une problématique simplifiée, la double dimension
de l’économie verte qui a des effets ambivalents sur les entreprises : d’un
côté, la dimension réglementaire joue plutôt négativement, évoquant une
contrainte (environnementale) et une menace sur l’activité et la croissance de
la firme ; de l’autre côté, elle comporte une dimension économique avec des
opportunités de profit, d’investissement, de croissance. Comment du point de
vue de l’entreprise transformer la contrainte en opportunités ?
Comme l’a montré D. Boullet dans sa thèse sur la gestion de l’environnement
dans les entreprises industrielles en France jusqu’en 1990, trois termes
définissent les degrés successifs de leur implication croissante dans la prise
en compte de la contrainte environnementale13:
– inattention (jusqu’à la fin des années 1950)
– adaptation
– intégration (à partir de la seconde moitié des années 1980)
L’auteur note que la conjoncture économique générale n’a jamais inversé la
tendance, mais trois types d’influence semblent par contre avoir joué
fortement sur cette évolution : l’action de la puissance publique (de façon
indirecte ou directe, par la réglementation ou les incitations) ; l’influence de
l’opinion ; et des influences extérieures, européennes et internationales. Ce
12
Les institutions sont ici « les valeurs que partagent les acteurs dans le projet collectif de
préservation des ressources naturelles et dans l’émergence d’un dispositif de création de
ressources cognitives destinées à résoudre les problèmes posés », Beaurain C. et al.
(2009), « La proximité institutionnelle, condition à la reconquête de la qualité de
l’environnement. L’exemple de l’agglomération dunkerquoise », Natures Sciences Sociétés,
vol. 17, n° 4, p. 374.
13
Boullet D. (2006), La gestion de l’environnement dans les entreprises industrielles en
France : une mise en perspective historique (1950-1990), ESKA.
13
n’est donc pas seulement par nécessité réglementaire que l’entreprise a
cherché à s’adapter, mais aussi en réponse à des incitations et pressions
sociologiques. La prise de conscience de l’impératif sur le plan économique
est ce qui arrive le plus tardivement dans ce processus d’évolution et n’a
certainement pas encore aujourd’hui atteint toutes les entreprises.
Historiquement l’action collective à travers des organismes variés a participé
aussi à l’intégration de la question environnementale dans l’industrie en
France, et parmi ceux-là l’action collective des entreprises elles-mêmes : que
ce soit dans le syndicalisme patronal (en particulier les syndicats de branche)
ou dans des associations créées par les entreprises, le premier objectif, celui
de la défense des intérêts industriels, n’a pas empêché la prise en compte, à
des degrés divers, d’objectifs de protection de l’environnement.
Brièvement (cf. Laperche in Laperche, Crétiéneau et Uzunidis, 2009), la
théorie économique sur les objectifs de la firme enseigne que (1) les objectifs
de l’entreprise dépendent de la définition donnée à l’entreprise, (2) le profit est
un objectif essentiel mais non unique, (3) des objectifs divers, internes,
interviennent également (croissance des ventes, taille de l’entreprise,
prouesses techniques). La prise en compte de facteurs externes dans leur
comportement relève de « questions nouvelles », et, du point de vue théorique
a priori, c’est-à-dire sans les pressions sociales et les attentes des parties
prenantes, l’entreprise n’a pas à adopter un comportement « responsable »
sur les plans environnemental et social 14 . Pourtant, les entreprises ont
commencé en réalité à intégrer ces considérations il y a fort longtemps, c’est
ce que montrent l’analyse de la pensée managériale et les pratiques des
entreprises. Ce qui est récent, c’est l’institutionnalisation de cette
responsabilité sociale, et des approches théoriques nouvelles ont été
développées par conséquent (cf. Acquier et Aggeri, 2008).
Dans l’ouvrage de l’Américain H.R. Bowen, Social Responsabilities of the
Businessman, datant de 1953, la responsabilité sociale apparaît comme un
ensemble d’obligations vis-à-vis de la société, un outil de régulation de
l’économie. Des entreprises ont dans les décennies suivantes appris à
« s’autoréglementer » en prenant en charge certains problèmes sociaux (dans
le domaine du travail notamment) et environnementaux. La théorie de
Freeman (1984) en définissant les parties prenantes (stakeholders) a
constitué une avancée importante : il s’agit de « tout groupe ou individu qui
peut affecter ou qui peut être affecté par la réalisation des objectifs de
l’entreprise ». La responsabilité première de l’entreprise reste le profit généré
par l’activité, mais les entreprises ont intérêt à poursuivre des objectifs sociaux
14
Rappelons que pour l’économiste Milton Friedman, la seule responsabilité de l’entreprise
est de faire des profits, et cela conduit selon lui à la maximisation du bien-être collectif.
14
et environnementaux. Cette responsabilité sociale de l’entreprise (RSE)
présente une valeur économique directe et, à ce titre, elle entre au cœur et
dans toutes les activités de l’entreprise (investissement stratégique, stratégie
commerciale, outils de gestion). En même temps que se sont répandues
des pratiques « socialement responsables » dans le monde de l’entreprise,
l’environnement de l’entreprise a renforcé des pressions : normes,
actions/décisions des pouvoirs publics, stratégies des autres acteurs Au
total, bien qu’étant a priori un engagement volontaire de la part de l’entreprise,
la RSE répond pour une part aux contraintes légales. Selon des enquêtes
(Laperche, 2009, p. 156), « les entreprises les plus « responsables » sont
celles qui font de la responsabilité envers les salariés, envers la société civile
et envers l’environnement un instrument de sauvegarde et de réalisation des
profits ». L’entreprise y trouve trois intérêts (vision utilitaire, instrumentale de la
RSE) : la baisse des coûts et des risques (énergies par exemple), la
construction d’un potentiel d’innovation (produits bio par exemple), et le
renforcement de sa légitimité (stratégie de communication).
Trois points se sont précisés concernant la responsabilité sociale depuis
quelques années.
- La terminologie retenue officiellement par ISO 26000 est
Responsabilité Sociétale des Organisations (RSO) qui désigne ainsi la
responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et de
ses activités sur la société et l’environnement.
- On observe désormais une différence d’approche entre l’Europe et le
reste du monde : la première la définit maintenant comme « la contribution des
entreprises au développement durable », et l’évalue donc à l’aune des trois
piliers que sont la prospérité économique, la justice sociale et la viabilité
écologique. Ce couplage traduit un transfert de la responsabilité des Etats
vers les entreprises et « participe donc d’un mouvement d’institutionnalisation
du rôle de l’entreprise dans la prise en compte, voire la prise en charge, des
questions de développement durable »15.
- Les résultats de l’enquête16 sur la RSE auprès d’entreprises de 10
salariés ou plus réalisée par l’INSEE fin 2011 montrent qu’il s’agit d’une
démarche répandue qui modifie vraiment les pratiques des sociétés. Elles sont
généralement de taille plus importante que les autres, et appartiennent le plus
souvent aux secteurs de l’énergie, de l’environnement, et de l’industrie
agroalimentaire, et le moins souvent dans le commerce et l’industrie
15
Quairel F. et Capron M. (2013), « Le couplage responsabilité sociale des entreprises et
développement durable : mise en perspective, enjeux et limites », Revue Française de
Socio-Economie, n° 11, p. 126. Notons que le Centre des Jeunes Dirigeants d’entreprise
(CJD) traduit et décline le concept de DD en notion de « performance globale ».
16
Ernst E. et Honoré-Rougé Y. (2012), « La responsabilité sociétale des entreprises : une
démarche déjà répandue », Insee Première, n° 1421, novembre.
15
manufacturière. Pour certaines actions, comme la prévention ou le recyclage
des déchets, les entreprises y sont sensibilisées sans même connaître ou
appliquer la démarche RSE, même les petites. Hors déchets, c’est pourtant
sur le pilier environnemental que les écarts entre les sociétés engagées dans
la RSE et les autres sont les plus marqués. Le pilier social (lutte contre les
discriminations, conditions de travail, gestion des emplois) est celui qui
concentre le plus d’initiatives, que les entreprises soient impliquées ou non
dans la RSE.
Ce tour d’horizon des travaux qui intéressent le sujet de notre étude montre la
richesse et l’actualité des réflexions sur les questions de « verdissement » de
l’économie et les notions connexes d’une part, et l’intérêt de la double entrée,
par les territoires et par les entreprises, d’autre part. Précisément quatre
territoires de la région Poitou-Charentes seront définis pour élaborer
l’échantillon d’entreprises soumises à l’enquête. La partie II expose la
méthodologie suivie dans notre étude.
16
II. Méthodologie de l’étude
Nous distinguons deux phases dans l’étude. Dans la première phase, se
réalise tout le travail préparatoire à l’enquête de terrain :
- détermination du périmètre de l’étude : territoires et acteurs choisis ;
- élaboration de la grille de l’entretien ;
Dans la seconde phase, les entretiens semi-directifs sont menés de face à
face en allant à la rencontre des acteurs microéconomiques sur leur territoire.
A l’issue de ce travail de terrain sur le comportement des entreprises, sur les
enjeux, les opportunités, les freins à leur niveau, une problématique peut
être construite pour dégager les potentialités de développement de l’économie
verte localement dans chaque territoire, pour identifier les dynamiques de
verdissement éventuelles à l’œuvre, et pour en déduire des pistes pour l’action
de la puissance publique.
II.1. La définition des territoires retenus par l’étude
Une première étape exige de définir les territoires tests de la région PoitouCharentes qui seront retenus dans l’étude. L’objectif à ce stade est, en
croisant les activités antérieurement identifiées et des territoires bien spécifiés,
de permettre l’entrée par les entreprises qui sont des acteurs de premier plan
de l’économie verte. Les territoires choisis sont nécessairement de nature
différente, à tous les niveaux, mais surtout ils divergent par leur degré de
verdissement. Considérés ensemble, ils représentent autant que possible les
divers cas de figure observables dans la région Poitou-Charentes. Une
contrainte de surcroît est de choisir un territoire par département afin que
puissent être pris en compte tous les contextes et perspectives locaux, et au
maximum les facteurs d’impulsion, de déclenchement, de facilitation, ou au
contraire de frein et d’obstacle tenant à ces divers contextes.
Les critères de choix sont donc : un degré de verdissement du territoire établi
a priori à partir de la connaissance des activités économiques de la région et
des apports des trois études du programme DREAL 2012 sur l’économie
verte, le triptyque urbain/périurbain/rural, l’engagement dans une démarche
territoriale, ainsi que d’autres éléments de différenciation plus communs
comme la superficie, la population ou la densité, ou même l’emploi. Ainsi
définis, ils ne correspondent pas non plus à des délimitations administratives
ou à un regroupement quelconque d’entités économiques. L’ensemble des
quatre territoires n’étant pas établi à des fins de comparaison, c’est une
hétérogénéité reflétant celle de la région qui est recherchée.
17
De prime abord, aucun territoire n’est exclu. L’échelle géographique intervient
en ce qu’elle doit permettre de disposer des acteurs économiques suffisants
en nombre et selon les activités pour mener une enquête représentative sur le
territoire en question. Certains critères découlant des études antérieures
jouent fortement. C’est le cas du poids important des TPE/PME dans le tissu
économique régional et de l’atout potentiel qu’elles représentent dans la
dynamique régionale de verdissement. Cette place occupée en réalité doit se
retrouver dans l’échantillon d’acteurs interviewés dans la phase 2 de notre
étude. Quant aux filières vertes, parmi les seize retenues dans la précédente
étude, certaines ont une moindre importance, comme la géothermie ou l’éolien
off-shore, pour notre région et peuvent donc être négligées dans l’étude. Enfin,
les secteurs économiques en verdissement sont à prendre en compte à la
hauteur de l’importance qu’ils ont dans la transition vers une économie
régionale verte.
Au vu de tous ces éléments, il a pu être procédé à un premier repérage
cartographique des différentes configurations croisées quant au degré
d’urbanisation, au niveau de la concentration de l’emploi, à la localisation
régionale des métiers verts et verdissants, s’appuyant pour cette dernière, et à
titre indicatif, sur la carte de l’INSEE « Répartition géographique des métiers
verts et verdissants en Poitou-Charentes » (cf. annexe 1). Le repérage s’est
affiné « visuellement » avec le répertoire des « éco-entreprises »KQ qui, bien
que non exhaustif, peut confirmer l’existence de zones de concentration des
éco-entreprises ou au contraire de « déserts » d’éco-entreprises. Est utile
aussi la recension des acteurs par les thématiques )C+-)0$/. / )C
.-2$.; acoustique, vibrations air et odeur, déchets recyclage, eau, maîtrise
de l’énergie et énergies renouvelables, management environnemental,
urbanisme, risques, paysage et développement durable.
La définition des territoires a exigé un tâtonnement inévitable avec tests
successifs et application de critères complémentaires relatifs aux codes
activités 100% environnementales 18 , secteurs d’activités, à la taille des
entreprises et présence de réseaux d’entreprises. Le degré de verdissement
des territoires a été apprécié aussi en tenant compte de la présence de
démarches vertes ou d’acteurs verts.
Au final, les quatre territoires de l’étude, tous différents, répondant aux critères
précédents, à la fois séparément et pris ensemble, sont qualifiés ainsi :
17
http://www.eco-entrepreneurs.org/eco-entreprise.html
En recourant par exemple à Unistatis qui fournit le nombre d’emplois salariés du privé et le
nombre d’établissements par code NAF : http://unistatis.orsid.com
18
18
T1 : territoire où absence de dynamique de verdissement
T2 : territoire où dynamique de verdissement « faiblement émergente »
T3 : territoire où dynamique de verdissement « fortement émergente »
T4 : territoire où forte dynamique de verdissement
Et le choix, par département et par ordre croissant de verdissement, est
précisé dans le tableau suivant :
Tableau 1 : Territoires d’étude : localisation
T1
T2
T3
T4
Territoire
Canton
VilleboisLavalette
Chauvigny et
communes au
Nord et à l’Est
Thouars
et
sa
proche
périphérie
La RochellePérignyAytré
en partie
Département
Charente
(16)
Vienne
(86)
Deux-Sèvres
(79)
CharenteMaritime
(17)
Des cartes précisant les territoires se trouvent en annexe 2.
Pour chacun des territoires, on prend en compte les démarches territoriales
mises en place : Plan Climat Energie Territoire (PCET), Agenda 21, actions
réalisées dans le cadre de la Stratégie Nationale de Développement Durable
(SNDD).
Tableau 2 : Territoires d’étude : démarches territoriales
T1
T2
T3
T4
PCET
Non
Non
CLIC Pays
Thouarsais
(démarche
volontaire)
Ville de La
Rochelle et CA
de la Rochelle
(obligatoire)
Agenda 21
Oui (CC de la
Vallée de
l’Echelle :
Dignac, Sers et
Torsac)
Non (CC d’Horte
et la Valette)
Non
(uniquement à
l’échelle du
département)
Non
CA de la
Rochelle
Fiches
territoriales
SNDD
Aucune
Aucune
Aucune
Charte de
développement
durable Port
Atlantique La
Rochelle
19
II.2. Recension des acteurs présents sur les territoires préalablement
définis
Certes, le choix des quatre territoires ne s’est pas fait indépendamment des
acteurs qui y sont présents, mais il est indispensable de procéder ensuite à
une recension plus rigoureuse des acteurs. Des listes d’acteurs peuvent être
dressées à partir de divers répertoires en ligne : Pôle des Eco-industries,
Cluster éco-habitat, l’Annuaire des entreprises de France (CCI), et, de
manière plus informelle, grâce aux Pages Jaunes et à des moteurs de
recherche Internet.
Tableau 3 : Territoires d’étude : présence d’acteurs « verts » et « verdissants »
7
8
9
:
$/$&%'
'%&$ 3&&
J
K
K
LM
$/$&%'
!% 3'%&$%
J
L
J
KP
$/&$"$%%
$"$& $% 0 3&$"$%%1
J
N
Q
MR
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0$($&1
M
KO
KP
NS
On introduit l’hypothèse que l’adhésion d’acteurs à un réseau d’entreprises
impliqué dans le verdissement de l’économie contribue à renforcer la
dynamique de verdissement du territoire lui-même.
La vérification de la cohérence des territoires préalablement définis s’opère de
fait aussi lors de la recension des acteurs des filières vertes présents sur
chaque territoire.
20
Tableau 4 : Acteurs répertoriés par territoire selon les filières vertes
Filière verte
T1
T2
T3
T4
Bâtiment basse consommation (interaction avec
d'autres filières > verdissement)
0
2
2
5
0
0
0
0
0
0
0
1
0
0
0
1
2
7
3
13
0
1
2
3
0
0
0
1
1
5
8
21
0
0
0
1
0
0
0
0
0
0
1
0
0
0
0
0
0
0
0
1
3
15
16
49
Biocarburants 1,2 et 3G
Biomasse matériaux
Chimie verte
Déchets (recyclage et valorisation)
Eau/ assainissement
Énergies marines
ENR (Photovoltaïque, bois énergie)
Éolien
Géothermie
Méthanisation
Smart grids/Stockage de l’énergie
Véhicule / Transport « décarboné »
Total
Ce tableau vient confirmer le degré relatif de verdissement établi pour les
quatre territoires, le nombre d’acteurs répertoriés étant croissant de T1 à T4.
Notons que les filières vertes présentes sur nos territoires apparaissent plutôt
représentatives des filières vertes en région Poitou-Charentes : on dénombre
peu d’acteurs appartenant à une filière verte lorsque la filière est "de moindre
importance", et des acteurs plus nombreux lorsqu'il s'agit de filières "socles"
en région (cf. l’étude sur les filières vertes du Cabinet Alcimed, 2012). Ces
21
dernières sont, de façon générale, des filières existantes dans la région avec
des acteurs sur l’ensemble des maillons de la chaîne de valeur.
La recension des entreprises sur chaque territoire, sans viser l’exhaustivité,
doit toutefois permettre d’atteindre in fine l’échantillon d’acteurs attendu sur
chaque territoire étant donné le taux probable non connu a priori des nonréponses aux demandes d’entretien. Notamment, les acteurs enquêtés
doivent permettre à l’étude de couvrir les trois cas possibles : l’entreprise a
entrepris des actions dans le domaine du verdissement ou a des activités
relevant de l’économie verte ; l’entreprise a des projets dans ce domaine ;
l’entreprise n’a rien fait, ni projeté dans ce domaine.
II.3. Détermination de l’échantillon d’acteurs
La taille de l’échantillon d’entreprises est fixée de 15 à 20 sur chaque territoire.
Outre ces acteurs de premier plan dans le verdissement de l’économie, l’étude
s’appuie aussi dans un premier temps sur des acteurs « relais » pour la
constitution des quatre échantillons. Il s’agit d’acteurs institutionnels ou
d’organisations ayant une présence et un impact potentiellement important sur
les décisions microéconomiques, tels les Communautés de Communes et
d’Agglomération, les Pays, les Chambres de Commerce et d’Industrie, les
Chambres de Métiers et de l’Artisanat, les Chambres d’agriculture, les Clubs
d’entreprises... Ces contacts sont source d’informations concernant le degré
de verdissement et les projets des acteurs locaux. Ils ont été informés en
général du déroulement de l’étude et peuvent permettre de faciliter la prise de
contact avec les entreprises auprès desquelles seront menés les entretiens
par la suite. Les acteurs « relais » recensés au préalable pour chaque territoire
figurent en annexe 3.
A l’issue des entretiens avec les entreprises, donc à la fin de l’enquête, ces
acteurs jouant eux-mêmes un rôle important sur le terrain et dans le
verdissement de l’économie sont susceptibles d’apporter des éléments
complémentaires pour affiner l’analyse des comportements des entreprises et
des interactions favorables ou non au verdissement d’un territoire.
II.4. Elaboration de la grille d’entretien
L’entretien semi-directif exige d’établir une grille préalable tenant compte de la
diversité des cas possibles et de toutes les nuances nécessaires à introduire
dans ce que nous avons auparavant désigné « degré de verdissement ». En
particulier, le cas du projet d’action ou d’activité verte peut concerner
22
l’entreprise ayant déjà mené au moins une action concrète, comme celle
n’ayant rien engagé du tout. Sur la totalité des échantillons, il fournira une
indication sur la tendance en matière de dynamique de verdissement dans la
région, en plus de celle donnée par chaque échantillon. Aussi, après des
questions générales sur l’entreprise, sur son positionnement par rapport aux
préoccupations environnementales, et sur son ancrage territorial, le
questionnaire comporte trois parties pour distinguer les trois cas : action(s)
entreprise(s) ; projet existant ; aucune action ni projet. Dans le dernier cas,
l’entretien est moins directif afin de pouvoir mieux cerner les motivations et les
freins et obstacles, et de mieux comprendre les processus à l’œuvre au niveau
de l’unité. Les entretiens sont réalisés autant que possible de face à face.
La grille d’entretien est jointe en annexe 4. En voici la structure :
Une notice accompagne, pour l’enquêteur, la grille d’entretien ; elle définit les
notions clés (économie verte, RSE, parties prenantes), et comporte une liste
d’acteurs intervenant localement, et une liste d’aides et de dispositifs à
suggérer en exemple dans la discussion si besoin après la réponse spontanée
de l’entreprise.
Les entretiens complémentaires réalisés auprès d’autres acteurs
microéconomiques que les entreprises sont a priori libres mais dépendent des
réponses faites par les entreprises enquêtées du même territoire.
II.5. Seconde phase de l’étude : la réalisation des entretiens
Une fois dressée la liste des acteurs à solliciter sur chaque territoire, une
cinquantaine d’entreprises sont contactées sur T1, T2 et T3, puis un
réajustement, tenant compte des secteurs d’activité, est effectué en fonction
23
des réponses négatives. Sur T4, l’aide particulière apportée en amont par le
Club des Entreprises explique en partie le meilleur taux de réponses positives.
Ailleurs, il est en moyenne d’environ un quart.
Tableau 5 : Taux de réponses positives à une demande d’entretien
T1
T2
T3
T4
Total
226
60
68
57
41
Entreprises
contactées
(dont 46 par
lettre postale)
(dont 13 par
lettre postale)
(dont 2 par
lettre postale)
(dont 8
contactées
en amont)
Réponses
positives
14
17
17
16
64
Taux de
réponses
positives
24,3%
25,0%
29,8%
39,0%
28,3%
Les entretiens auprès des entreprises sont réalisés en quasi-totalité de face à
face19 de mars à avril 2013. Et dans la très grande majorité des cas (quatre
sur cinq), le dirigeant lui-même a été interviewé20. L’échantillon d’entreprises
est réparti sur chaque territoire en termes d’effectif comme suit :
Tableau 6 : Distribution de l’échantillon par territoire et par effectif
Effectif
Territoire
1à9
10 à 49
> à 49
Total
T1
11
3
0
14
T2
14
3
0
17
T3
5
6
6
17
T4
9
2
5
16
Total
39
15
10
64
Les deux tableaux suivants fournissent le détail des entretiens réalisés,
respectivement par secteur d’activité et par filière verte. Ils respectent dans la
19
Sur la totalité, deux entretiens ont été réalisés par téléphone.
Pour 8 entreprises, le responsable qualité/sécurité/environnement a répondu à l’enquête.
Et pour les 4 dernières, des personnels divers mais proches de la direction nous ont
répondu. La durée de l’entretien d’une heure environ a pu aller jusqu’à une heure et demie.
20
24
mesure du possible les exigences que nous nous étions fixées sur le plan
méthodologique.
Tableau 7 : Distribution de l’échantillon par secteur d’activité et par territoire
Nombre d'entreprises par territoire
Secteurs d'activité
T1
T2
Agriculture
2
3
IAA
1
BTP
2
Déchets
T3
1
2
2
Eau et assainissement
2
2
Artisanat
1
Commerce et réparation automobile
3
Autre commerce
1
2
Industrie textile
1
1
Industrie chimique
1
Industrie du bois
1
1
1
6
2
4
1
4
2
6
6
3
1
4
2
2
1
2
Blanchisserie industrielle
1
1
Autres services personnels
3
2
3
1
1
1
Industrie plastique et métal
Imprimerie
3
1
1
5
3
1
2
1
2
1
2
1
Services : bureaux d'études
2
2
2
Santé humaine et action sociale
1
1
Transport terrestre
2
2
Transport maritime
Total
Total
1
Artisanat ENR (installation)
Hôtellerie
T4
14
17
17
2
2
16
64
25
Tableau 8 : Distribution de l’échantillon par filière verte et par territoire
Nombre d’entreprises par territoire
Filières vertes
T1
T2
T3
Bâtiment à faible impact environnemental
T4
Total
1
1
Recyclage et valorisation des déchets
2
1
2
5
Energies renouvelables
2
1
4
7
Eau et assainissement
1
Transport décarboné
Total
0
4
3
1
2
2
9
16
Le profil des entreprises interrogées étant précisé en termes d’effectifs et par
secteur d’activité, pour chaque territoire, rappelons que ces entretiens sont
complétés par des échanges avec des acteurs relais 21 qui apportent les
précisions manquantes, et complètent notre information en délivrant leur point
de vue et d’éventuels attentes qu’ils ont et freins qu’ils constatent relativement
au verdissement de l’économie régionale. Dans la partie suivante, les résultats
de l’enquête esquissent une présentation de chaque territoire au regard de sa
dynamique de verdissement.
21
Parmi ceux-là, les Communautés de Communes et d’Agglomération, Pays, Chambres de
Commerce et d’Industrie, Chambres de Métiers et de l’Artisanat, Chambres d’agriculture,
Clubs d’entreprises, peuvent faciliter la prise de contact avec les entreprises pour les
entretiens, et nous informer sur les projets des acteurs locaux.
26
III. Résultats sur la dynamique de verdissement des
territoires
La dynamique de verdissement des territoires est dégagée à partir de
l’échantillon d’entreprises interrogées sur chacun des quatre territoires. Le
territoire en verdissement ainsi caractérisé, de T1 à T4, est dépendant des
choix méthodologiques faits auparavant. Les résultats doivent donc être
relativisés et appréhendés avec les précautions qui s’imposent dans une
étude ne visant pas l’exhaustivité et s’appuyant sur le déclaratif. Des résultats
bruts par territoire sont en outre fournis en annexe 5.
De manière générale, on peut associer l’avancée d’un territoire en matière de
verdissement à des prismes qui, considérés ensemble, décriront un degré
minimal de verdissement. Une des raisons formelles est la réglementation, qui
est la même sur tous les territoires. Une des raisons informelles est qu’a priori
la « vague verte » (la problématique verte ou de verdissement) peut atteindre,
potentiellement sensibiliser via les médias, tous les acteurs.
Il s’agit de mettre en évidence la dynamique de verdissement d’un territoire
partant du point de vue des entreprises, avec l’idée donc que si celles-ci en
sont les premiers acteurs économiques, elles sont au cœur d’un maillage
émanant de structures, d’organisations, et de réseaux, et, ceci, à des niveaux
différents d’action et de coopération, qui s’est lui-même constitué autour des
activités microéconomiques. Ce maillage donne une spécificité au territoire
bien au-delà du diptyque rural/urbain, et amène à poser de façon différenciée
le verdissement d’un espace à l’autre. En toile de fond, les aides et incitations
à l’échelle de la région (Conseil Régional et ADEME principalement), sont
globalement relayées par des acteurs institutionnels locaux, mais la puissance
publique n’est pas également présente et volontariste sur tous les territoires
en matière de verdissement. Son exemplarité est un enjeu pour la mobilisation
de l’ensemble des acteurs (D&Consultants, 2012, p.42). Plus encore qu’à
travers le verdissement des collectivités (Agenda 21 notamment) et des
établissements publics, la puissance publique peut montrer, en s’engageant
sur une politique concrète de verdissement et en affichant clairement cette
priorité, comment sur son territoire le développement économique à venir est à
associer à celui de l’économie verte. Les entreprises implantées ont, quel que
soit le territoire, besoin de bénéficier de cette dynamique insufflée et de cette
vision d’avenir éclairée. Nous verrons que, sur ce plan, les territoires sont très
inégaux. Enfin, considérant les quatre territoires simultanément, nous
observerons la progressivité en terme de dynamique, et l’évolution
discontinue, graduée du maillage et de l’interaction entre les diverses
27
structures et organisations et réseaux présents, quand on passe d’un territoire
à l’autre.
III.1. Dynamique observable sur le territoire T1
Figure 3 : Entretiens réalisés sur T1 :
Sud-Est Charente
Les contours du territoire T1 sont tracés par la localisation des entreprises
implantées relevant de l’étude : elles sont situées sur le canton de VilleboisLavalette (Charente), en milieu rural et sont quasi-exclusivement des microentreprises22. Bien qu’à une vingtaine de kilomètres du chef-lieu Angoulême,
ce territoire apparaît comme un espace économique « enfermé », avec un
déficit de mise en relation des acteurs. Pour autant, il n’y a pas en réalité, et
22
La Commission européenne a pris une recommandation (6 mai 2003 - 2003/361/CE) qui
définit les micro-entreprises comme des entreprises de moins de 10 personnes et dont le
chiffre d'affaires annuel ou le total du bilan n'excède pas 2 millions d'euros. Sur les 14
entreprises de notre échantillon, 11 ont un effectif de 1 à 9, et les trois plus grandes
entreprises n’excèdent pas les 49 salariés.
28
contrairement à notre hypothèse de départ, absence de dynamique de
verdissement. Et les entreprises les plus proches d’Angoulême ne sont pas les
plus vertes ou verdissantes de l’échantillon. Les observations qui suivent
traduisent la réalité du verdissement de ce territoire.
Première observation : des éléments
particulièrement sur ce territoire
de
contexte
généraux
pesant
Le contexte économique général contraint fortement les choix des entreprises
et les met, pour certaines, dans une situation difficile en raison de la
contraction nécessaire des effectifs. Au manque de temps du personnel
s’ajoute la préoccupation majeure permanente d’assurer la survie de l’unité.
Ce contexte est défavorable aussi parce qu’il ne facilite pas les relations entre
les entreprises ; les rapports sont plus tendus, la concurrence s’étant plutôt
exacerbée sur le territoire sous l’effet de la crise récente.
Des éléments d’ordre structurel ou sectoriel jouent également de façon
négative. Notamment la problématique de verdissement pour les entreprises
du secteur agricole apparaît complexe du fait de la crise structurelle profonde,
des adaptations significatives attendues justement de ce secteur dans
l’optique de la transition écologique, sans parler d’incitations ou de
réglementations globalement incohérentes aux yeux de l’exploitant. Pour la
filière bois, des éléments comme la concurrence internationale (pays de l’Est)
ou des problèmes de gestion des stocks (erreurs ou gestion discutée de la
Coopérative Agricole et Forestière Sud-Atlantique CAFSA ou de l’ONF) sont
mis en avant par les entreprises. Le tableau suivant rappelle les secteurs
d’activité concernés par l’échantillon d’entreprises du territoire T1.
29
Tableau 9 : Les secteurs d’activités des entreprises interrogées sur T1
Secteur d’activité
Nombre
d'entreprises
Commerce et
réparation Automobile
3
Agriculture
2
BTP
2
Artisanat
1
Commerce
1
Industrie agroalimentaire
1
Industrie du bois
1
Industrie chimique
1
Industrie textile
1
Hôtellerie
1
Total
14
Notons également les besoins particuliers des entreprises vertueuses
renforcés sur un territoire où celles-ci se sentent isolées. D’une part, le besoin
de « reconnaissance » des efforts de verdissement entrepris se traduit par des
attentes sous la forme d’encouragements à poursuivre, et de notoriété auprès
des parties prenantes (de la clientèle surtout). D’autre part, elles expriment un
besoin d’être « protégées » de la concurrence des acteurs qui ne respectent
pas les nouvelles normes (en produisant localement ou en important) ou de
ceux assez « gros » sur le marché pour pouvoir diversifier leurs offres (du
système « industriel » classique au vert) et conserver ainsi des marges plus
confortables sur les produits non écologiques.
Deuxième observation : un ancrage fort des activités sur un territoire qui
présente peu d’éléments de dynamisation en général
La question de l’attractivité du territoire T1 ne saurait se poser en termes
économiques. Dominent largement des déterminants d’ordre sociologique
pour expliquer le choix de s’implanter sur le territoire : les dirigeants
d’entreprises ont souhaité rester à proximité de leur famille ou pérenniser
l’entreprise familiale dont ils ont hérité. Dans les entretiens, l’attachement au
territoire ressort nettement avec parfois mise en exergue de compétences
locales traditionnelles spécifiques pour justifier ce choix de localisation.
30
Toutefois, les entreprises sont très fortement centrées sur elles-mêmes et
majoritairement isolées des autres acteurs microéconomiques, elles éprouvent
un faible sentiment d’appartenance à un territoire qui, de leur point de vue, ne
connait aucune dynamique collective et où rien n’est mutualisé. La tendance à
l’isolement et à l’enclavement a été renforcée par la conjoncture économique
défavorable et la morosité. Le pessimisme sur l’avenir des activités
économiques sur le territoire affecte tous les secteurs. La plupart des unités
n’envisagent pas de recrutement de personnel, et si elles le pouvaient elles
privilégieraient des compétences en informatique, commerce, gestion plutôt
que dans le domaine du verdissement.
La moitié des entreprises interrogées affirment n’appartenir à aucun réseau23.
Et la plupart ne sont pas en relation avec les chambres consulaires ni avec les
collectivités territoriales (communes, pays ou communautés de Communes),
pourtant importantes pour l’information sur les dispositifs d’aide ou
d’accompagnement existants dans la région Poitou-Charentes. Ces
observations ont été confirmées au cours d’entretiens menés auprès des
organisations en question. Les dispositifs régionaux d’aide au financement ne
ciblant pas a priori directement les acteurs du territoire, rendre visibles ces
dispositifs ne suffirait pas, il conviendrait de les rendre véritablement
accessibles aux microentreprises et entreprises de services.
Le territoire ne dispose pas d’acteur de la recherche ou de la formation
susceptible de jouer spontanément en faveur d’un développement local. Les
collectivités territoriales ont face à elles des petites entreprises dispersées
spatialement et dans une assez grande diversité de secteurs. Pour impulser
une dynamique, s’engager pour « montrer l’exemple » ne saurait suffire ; et
comme créer une zone d’activité « vitrine » inspirée de l’économie circulaire
n’est pas envisageable, le regroupement d’entreprises à l’échelle
intercommunale pourrait être source de dynamisation du territoire. Mais la
création d’un club d’entreprises par exemple dépend de la volonté des chefs
d’entreprise eux-mêmes. De leur côté, ceux-là expriment une conscience
aigüe des besoins de dynamisation et d’animation locales et, pour la plupart,
réaffirment leur volonté de maintenir l’emploi et l’économie locale, insistant sur
le caractère vital du circuit court. La diversification des activités par un même
entrepreneur, qui semble se développer aujourd’hui, le positionne sur
plusieurs métiers ou dans l’interprofessionnel, facilitant les échanges et les
23
Spontanément, les réseaux évoqués par les personnes interrogées sont les suivants :
CAPEB d’Angoulême, Charentes Alliance (coopérative agricole), Fédération française de la
chaussure, Centre des Jeunes Dirigeants, Alliance entreprises, Charente export, Chambre
de Commerce et d’Industrie (en charge de l’export), Chambre des Métiers et de l’Artisanat
(membre du bureau), Confédération charcutier traiteur de la Charente, Association du grillon
charentais. Une entreprise est particulièrement impliquée et appartient à 4 réseaux.
31
relations entre activités auparavant cloisonnées et donc favorise
potentiellement le verdissement de l’économie locale. Enfin, les entreprises
insérées dans des réseaux au-delà du canton bénéficient d’impulsions qui
mériteraient d’être davantage « exploitées » localement.
Troisième observation : une réglementation et une gestion des aides éloignées
du terrain
De façon générale, les petites structures rappellent avant tout leur faible
marge d’action sur les processus y compris au niveau le plus décentralisé. Et
elles demandent aussi de tenir compte de la différence entre l’entreprise
unipersonnelle et la TPE, comme entre la TPE et la PME, ou entre la PME et
le grand groupe.
Pour faciliter l’application de la réglementation et la mise en œuvre des aides
prévues notamment dans le domaine du verdissement, les TPE suggèrent
qu’elles aient affaire à un seul « centre administratif », une sorte de « guichet
unique » auprès duquel toutes les démarches pourraient être réalisées, ou
qu’au moins un soutien global et déterminant pour cette réalisation puisse leur
être apporté. Un dirigeant d’entreprise d’origine étrangère, habitué à un
système plus simple, éprouve plus de difficultés encore pour connaître et
appliquer la réglementation dans le contexte français.
Selon certains acteurs, de nouvelles normes sont l’occasion pour les autorités
d’exercer sur le terrain des contrôles plus étroits sur les activités
microéconomiques. De plus, l’existence de normes identiques à celles d’un
territoire urbain est parfois mal comprise (récupération des eaux de pluie ou
installation de production photovoltaïque par exemple). La réglementation
évoque pour certains le non-sens, voire arrive parfois en seconde position,
juste après la contrainte financière, pour justifier l’absence d’action verte ou de
projet verdissant, avec notamment le problème du recyclage à la source (ceci
est également relevé à propos des cartons et des pneus).
Enfin, la réglementation peut devenir pour certains le seul moteur de
verdissement, directement à travers des obligations auxquelles doivent se
soumettre les unités ; elle agit aussi de façon indirecte, en s’imposant via les
« produits » livrés par les fournisseurs, ou en transformant une opportunité
commerciale ou faible contrainte de marché en obligation de s’adapter à la
demande nouvelle des clients. L’attitude des entreprises à l’égard de la
réglementation est de fait ambivalente mais, sauf exception, elle ne saurait
être proactive sur ce territoire.
32
Quant aux aides dont peuvent bénéficier les entreprises, ces dernières ont
connaissance de certaines, quand l’information est relayée sur le territoire24,
mais celles-ci ne sont pas exclusivement ciblées « environnement », comme
les Bourses Régionales Désir d’Entreprendre (BRDE) ou les dispositifs
Cordee TPE ou LEADER. Et tout en sachant que la Région Poitou-Charentes
et d’autres décideurs et autorités publiques ont prévu techniquement des
soutiens conséquents à l’activité et au développement économique et social
en milieu rural, les acteurs microéconomiques ne sont pas persuadés de
disposer de l’information nécessaire sur ces soutiens, et que les aides
bénéficient bien en priorité à ceux qui en ont le plus besoin25. En particulier
dans le domaine du verdissement, l’entreprise ignore en général quelles
doivent être sa situation économique et financière, et sa capacité de
financement pour bénéficier d’aides et d’accompagnement26. Elles auraient
besoin d’un suivi personnalisé technique, pointu parfois, de temps et de
pouvoir prendre un peu de recul. Un accompagnement dans la durée, par la
mutualisation par exemple d’une personne, pourrait probablement favoriser la
pérennité du verdissement.
Quatrième observation : une innovation concentrée principalement sur
l’acquisition de nouvelles compétences
Dans un tissu économique constitué principalement de TPE appartenant pour
beaucoup au commerce et à l’artisanat, l’innovation et l’évolution des activités
exigent de l’acteur microéconomique qu’il soit lui-même « en mouvement ».
L’accès à des formations nouvelles, rénovées, et l’acquisition de compétences
nouvelles sont jugés nécessaires par les entreprises souhaitant verdir leur
activité. Et continuer à acquérir des compétences leur semble indispensable
pour avoir des projets. Pour certains acteurs, cela vient en complément de la
démarche visant le recyclage, la coopération et les pousse à mieux suivre
les goûts des consommateurs (exemple du charcutier traiteur). Pour d’autres,
c’est pour capitaliser les acquis de l’expérience antérieure dans l’activité
actuelle, ou pour mieux maîtriser l’usage des nouveaux matériaux ou des
dernières technologies. Le couplage information/formation semble évident
dans les activités en rapport avec le bâtiment, l’isolation ou l’économie
24
Par la CMA par exemple ; celle-ci serait même prête, avec un financement de la DREAL, à
développer un partenariat pour mettre en place des actions spécifiques auprès des
entreprises.
25
Le Pays d’Horte et Tardoire a quelques contacts avec les entreprises (création et
transmission), mais ne joue pas de rôle particulier dans le domaine du verdissement. La CC
d’Horte et Lavalette n’a pas de relations proches avec les entreprises du territoire semble-t-il,
et la CC de la Vallée de l’Echelle (Agenda 21) n’a pas a priori d’actions particulières
pour/avec les entreprises.
26
Pour ce qui est de Charente Développement (CG 16), les entreprises doivent les contacter
si elles en éprouvent le besoin.
33
d’énergie où on vise une offre verte globale. La mise en place d’un système de
veille accompagne les besoins importants de formation continue (exemple de
l’éco-artisan). Dans le cas de l’agriculture, s’ajoutent des besoins techniques
plus spécifiques (suivi personnalisé, adapté à l’exploitation et aux sols, et
parfois très pointu). Et contrairement à d’autres milieux professionnels, des
contacts réguliers entre agriculteurs ne suffisent pas pour inciter à l’innovation
verte, ou à des pratiques limitant l’impact environnemental de l’activité.
Ferrand SAS : une entreprise pleinement innovante avec une dynamique
de verdissement à moteur exclusivement interne
La PME connaît un dynamisme économique et commercial, à partir d’une
production traditionnelle et d’un savoir-faire historique charentais : la
fabrication d’articles chaussants. Elle travaille avec la Région PoitouCharentes (domaine de l’export et Webschool). Elle a initié une démarche
d’innovation permanente, en cherchant à être « toujours en progrès », et
insère ses efforts de verdissement dans une démarche globale intégrant le
sociétal (dont éthique et ressources humaines) et l’économique. Le projet lean
vise à modifier la culture en travaillant sur les points de gaspillage ; outre sa
dimension économique, son impact environnemental est certain. A travers une
politique de développement durable, l’entreprise a mené beaucoup d’actions
et a des bonnes pratiques œuvrant dans le sens de l’émergence d’une
écologie industrielle sur le territoire et au-delà. Elle est d’ailleurs ouverte aux
« idées nouvelles » relevant de l’économie circulaire.
Cinquième observation : quelques organismes et acteurs institutionnels
présents et actifs sur le territoire
L’importance des échanges en « business to business » (B to B) est à
souligner dans le contexte de ce territoire. Les entreprises se côtoient
principalement lors de réunions organisées par les fournisseurs, quand elles
se croisent chez le marchand de matériaux, ou en tant que clientes les unes
des autres. Connaître les entreprises à proximité n’implique pas des relations
régulières. Les relations sont le plus souvent occasionnelles quand il s’agit
d’entreprises d’autres secteurs. Les structures et corporations professionnelles
jouent un rôle majeur sur ce type de territoire : nationales, régionales ou
même départementales, elles rompent l’isolement de l’entreprise lorsque le
secteur est peu présent ou peu développé localement (Fédération française
de la chaussure, Confédération des charcutiers, Coop des bouchers) ; pour
des secteurs plus représentés sur le territoire, les regroupements et
fédérations professionnels jouent un rôle clé dans l’information, la formation,
l’accompagnement et la mise en œuvre des initiatives prises au niveau inframicroéconomique. A travers cette présence et la dynamisation relative qu’ils
34
insufflent, ils constituent les premiers acteurs du verdissement auprès des
entreprises locales. Dans le bâtiment par exemple, la CAPEB (Confédération
de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment) d’Angoulême, constitue
avec la CMA (Chambre des Métiers et de l’Artisanat), un des rares réseaux ou
structures proches des entreprises du territoire ; elle est très active et réactive
aux dires des entreprises du secteur. Les attentes sont grandes à l’égard des
chambres consulaires, et notamment les entreprises soulignent le peu de
contact qu’elles ont avec la Chambre de Commerce et d’Industrie. De leur
point de vue, les chambres consulaires sont certainement les mieux placées
pour la coordination et la mise en relation des entreprises sur le territoire.
Les quelques réseaux auxquels appartiennent les entreprises sont donc
principalement des fédérations de filières (bâtiment, charcuterie, chaussure,
agriculture). Outre l’information sur les nouvelles normes, la sensibilisation aux
matériaux écologiques, l’organisation de formations Développement durable,
l’appui dans le domaine technologique, ce sont aussi des incitations
financières qu’a mises en place la CAPEB, en partenariat avec TOTAL : les
professionnels du bâtiment sont incités à devenir ECO Artisan® en bénéficiant
d’une éco-prime lorsqu’ils réalisent des travaux améliorant la performance
énergétique d’un bâtiment.
Aussi notons de façon générale le lien qui ressort entre l’appartenance à un
réseau d’entreprises quel qu’il soit et la mise en place d’actions en matière
environnementale, alors que l’isolement peut être considéré comme un facteur
dissuasif pour une entreprise d’avoir des projets, dans le domaine
environnemental ou non.
Excepté la déchetterie CALITOM (service public des déchets en Charente)
située à Villebois-Lavalette, il existe peu de services liés à l’environnement sur
ce territoire. Les prestataires les plus proches sont sur Angoulême ou en
Dordogne voire sur Poitiers ou Bordeaux. Globalement sur ce territoire, il
manque un ou plusieurs acteurs capables de relayer l’information sur les
subventions, formations ou diagnostics existants, de sensibiliser et d’assurer
la communication sur les actions déjà menées, mais également de fournir un
suivi personnalisé technique et pointu en termes de verdissement et de
mutualisation.
Observation finale : la réalité du verdissement du territoire au niveau
microéconomique
La réalité du verdissement du territoire T1 se situe d’abord dans l’absence
d’associations d’influence régionale mobilisées sur les questions
environnementales, telles VEE, EI2S, le Pôle des Eco-industries, Cluster Eco-
35
Habitat Les entreprises locales ignorent les services proposés par ces
structures. Toutefois la moitié des entreprises interrogées ont entrepris des
actions pour verdir leur activité ou ont un projet de ce type. Une faible
dynamique de verdissement émerge sur ce territoire. Ceci s’observe à travers
les actions entreprises et au niveau des motivations. Les démarches en
question relèvent d’une approche plus large, voire intégrée, comme le
Développement durable ou la Responsabilité sociétale, plutôt que de
l’économie verte.
à travers les actions
La sensibilisation au problème des déchets est intégrée dans les
préoccupations des entreprises. Le tri sélectif est devenu évident pour tous qui
reconnaissent à cet égard la force de la réglementation. Sont entrés dans les
pratiques autant que possible : le ramassage, le recyclage, le traitement. Le
recyclage est d’autant plus développé qu’il s’inscrit dans des pratiques
traditionnelles de secteur (comme le BTP) où des entreprises différentes
travaillent ensemble sur un même chantier d’une part, et qu’il est largement
facilité par des dispositions claires (quoi, qui) et un service retirant sur le lieu
même de production des déchets et rejets d’autre part. Au-delà de la
récupération des huiles usagées (alimentation, garage), de la reprise des
pneus, nombreuses sont les questions en suspens sur le traitement
possible, les coûts de la valorisation relativement à la destruction,
l’écoconception La logique de l’économie circulaire gagne du terrain,
notamment chez les artisans, en même temps que grandit la conscience que
les moyens à mobiliser pour un système satisfaisant sur les plans
technique/technologique, organisationnel/logistique, relationnel/partenarial
dépassent ceux dont disposent séparément les acteurs microéconomiques sur
un territoire comme celui-ci. Sans un vaste projet relevant de l’écologie
territoriale, c’est seulement à la marge que peuvent se développer des
pratiques vertueuses, relevant parfois d’une forme de débrouillardise.
Arrivent en seconde position des actions celles relatives aux bâtiments, et le
projet en cours porte aussi là-dessus (isolation extérieure). Via ces travaux et
les demandes formulées aux architectes, ce sont les économies d’énergie qui
sont visées, mais aussi d’autres objectifs comme l’amélioration de l’hygiène,
du confort C’est dans le domaine des transports ensuite que les entreprises
commencent à faire des efforts (limiter les déplacements, covoiturage). Et,
enfin, l’attention portée à la ressource en eau est très variable selon les
secteurs, et c’est surtout l’agriculture, sensibilisée à la question de ses
intrants, et convaincue que la réglementation sera renforcée pour l’eau, qui en
fait un domaine prioritaire.
36
à travers les motivations
D’un côté les entreprises qui n’agissent pas évoquent principalement des
raisons économiques défavorables et pensent que pour mener des actions en
matière environnementale il est nécessaire d’investir des sommes élevées
dont elles ne disposent pas. D’un autre côté, c’est davantage
l’accompagnement à la mise en œuvre d’un projet de verdissement qui
semble devoir être privilégié plutôt qu’un soutien financier. Sur le second point,
nous retrouvons une observation faite dans les études précédentes sur
l’économie verte dans la région : l’absence de structures ayant des missions
d’accompagnement des entreprises dans leur processus de verdissement sur
ce territoire. En premier lieu, il s’agit donc déjà de coordonner les structures
existantes ayant une action départementale telles que les chambres
consulaires et de faire en sorte qu’elles soient davantage présentes sur ce
territoire en particulier. Il est possible que l’association Charente Entreprise
Environnement (C2E) créée fin 2012 s’inscrive dans une telle démarche, et
qu’au niveau de la CCI d’Angoulême, les grandes manifestations de 2013
comme le forum en mars, le Salon de la Croissance verte en novembre, ou
des thématiques fortes comme l’innovation viennent renforcer cette présence.
Dans un contexte économique difficile, les chambres consulaires ne peuvent
se concentrer sur les seuls prédiagnostics (énergie-ADEME, déchets, RSE) et
accompagnement aux pratiques environnementales, en négligeant la
mobilisation sur la trésorerie, la recherche de nouveaux marchés
Historiquement en France, les organismes consulaires, pour reprendre les
termes de Daniel Boullet (2003), ont constitué des « foyers de réactions, de
réflexion et d’initiatives », comptant ainsi parmi les canaux d’introduction de la
préoccupation environnementale dans la vie des entreprises. Au contact des
entreprises et des pouvoirs publics, elles jouent un rôle d’interface en
contribuant, d’une part, à officialiser les questions environnementales dans le
monde de l’entreprise (besoins, problèmes et inquiétudes d’entreprises face à
l’environnement soumis à l’organisme ; sensibilisation à ces questions) et en
exerçant, d’autre part, un rôle important à partir de 1970 dans le domaine de la
formation permanente appliquée à l’environnement.
L’instauration de partenariats entre acteurs afin de mener des actions
spécifiques sur le plan environnemental auprès des entreprises du territoire T1
pourrait peut-être constituer une réponse adaptée au fait que les entreprises
ne poursuivent pas un objectif unique. Avant tout, et de façon générale, les
entreprises souhaitent que soient prises en compte les contraintes fortes
administratives et financières (charges importantes). Quand elles agissent,
elles le font parce que les dirigeants ont cette fibre environnementale
(question de valeurs ou d’expériences), mais aussi pour la prospérité de
37
l’entreprise. Ceux-là sont convaincus qu’assurer un avenir à leur entreprise
passe ou passera, quand ils anticipent un durcissement de la réglementation,
par la préservation de l’environnement, et que les « coûts de rattrapage »
seront élevés dans la mesure où les effets du dérèglement climatique se font
déjà sentir. Autant donc être proactif quand financièrement, matériellement,
techniquement ou sur le plan des compétences, il est déjà possible d’agir. On
vise alors en même temps des objectifs tels que l’amélioration des conditions
de travail et de la qualité de la vie (hygiène, santé). La motivation principale
d’une certification (Eco-artisan, certification bien-être animal et qualification
d’élevage, Origine France Garantie) est de se démarquer de la concurrence.
DD et RSE plutôt qu’économie verte
La sensibilisation en amont, à travers la formation professionnelle ou par
l’expérience acquise préalablement dans une autre organisation, crée un
cadre favorable au verdissement. Sur un territoire dominé par la microentreprise, comment faire prendre conscience à chaque acteur économique
de ses impacts environnementaux, et du rôle qu’il peut jouer dans le
verdissement de l’économie locale ? Pour les ECO artisans, on « fait partie de
l’économie verte » car on sait qu’il faut anticiper même quand on ne travaille
pas dans une grande entreprise du secteur de l’habitat. Mais la démarche est
loin d’être appropriée par les autres artisans et commerçants. Les entreprises
inscrites à la Chambre de Métiers et de l’Artisanat pourraient bénéficier d’un
diagnostic « environnement », mais celles rencontrées ne sont pas informées
de son existence.
Même s’ils ont pour un certain nombre d’acteurs entendu la notion
d’« économie verte » prononcée dans les médias ou par des politiques, ils se
retrouvent principalement dans l’une ou l’autre des idées suivantes. Du fait de
leurs préoccupations sur les plans humain ou social/sociétal, ils adhèrent
plutôt à une approche plus large ou intégrée, comme celle du Développement
durable (DD) ou de la Responsabilité sociétale des organisations (RSO), la
dimension économique de leur activité restant une préoccupation de premier
plan. Ils participent à la dynamique de verdissement « à leur manière » : l’un
améliore le « bilan écologique » par la réparation de véhicules ; l’autre a une
activité agricole qui aide à la survie de l’humanité
Globalement, les entreprises qui sont dans la dynamique de verdissement
n’avancent pas sur le seul terrain de l’environnement, et notamment la
dimension économique n’est jamais perdue de vue. Peut-être que ceci pourrait
expliquer que le territoire T1 semble avoir une dynamique bloquée à un
« premier stade », qui correspondrait à une problématique des déchets et
38
rejets « non surmontée » par les acteurs - certains insinuant même un recul
dans leurs pratiques ces dernières années. Les conditions tarifaires et
quantitatives de la déchetterie Calitom sont mises en avant par les
entreprises, et de façon générale celles-ci ont du mal à intégrer les coûts
(financiers mais aussi en temps, transports, stocks) liés à leurs déchets et
rejets dans leur logique de calcul économique. L’externalisation reste la règle
dans les mentalités, et ceci constitue probablement un obstacle majeur au
passage à un degré supérieur de verdissement, insurmontable par les seuls
acteurs microéconomiques que sont les très petites entreprises, de surcroît de
secteurs d’activités différents.
III.2 Dynamique observable sur le territoire T2
Figure 4 : Entretiens réalisés sur T2 : Est Vienne
Le territoire T2, situé dans la Vienne, en zone périurbaine de la périphérie de
Poitiers, regroupe des entreprises sur Chauvigny et ses environs, au nord et à
l’est. T2 n’intègre, dans l’échantillon d’entreprises interrogées, aucune des
quelques entreprises industrielles de plus de cinquante salariés comprises
dans cet espace27. Les secteurs du commerce, de l’artisanat et de l’agriculture
sont fortement présents, et on dénombre cinq zones d’activité. Prédéfini dans
notre étude comme un territoire présentant une dynamique de verdissement
27
Aucune n’ayant souhaité être interviewée. L’échantillon sur T2 se limite donc à des unités
dont l’effectif est inférieur à 50, dont 14 sont des microentreprises.
39
« faiblement émergente », la dynamique de T2 apparaît, suite aux entretiens,
bien réelle et se renforce actuellement avec quelques projets verts portés par
les entreprises locales, et des acteurs déjà sensibilisés sur les questions
environnementales. Les observations qui suivent s’inscrivent toutes dans une
perspective relativement favorable.
Première observation : éléments généraux montrant a priori qu’une dynamique
de verdissement est enclenchée
Sur les dix-sept entreprises interrogées sur T2, trois appartiennent à un
groupe, mais la totalité comporte un effectif inférieur à cinquante personnes, et
quatorze ont moins de dix salariés. La situation économique générale peut
jouer négativement : la période est plutôt difficile pour engager des actions ou
projets. Les secteurs sont affectés différemment par la conjoncture, et surtout
ils sont dans des configurations d’évolution structurelle qui les rendent plus ou
moins sensibles au ralentissement d’activité. Le détail des secteurs est
rappelé dans le tableau qui suit.
Tableau 10 : Les secteurs d’activités des entreprises interrogées sur T2
Secteur d’activité
Agriculture
3
Artisanat ENR
2
BTP
2
Commerce
2
Déchets
2
Artisanat
1
Hôtellerie
1
Imprimerie
1
Industries du bois
1
Industrie textile
1
Autres services
personnels
1
Total
Nombre
d'entreprises
17
40
Nous retrouvons certains éléments évoqués au sujet de T1 : les difficultés
majeures de l’adaptation de l’agriculture, y compris dans le secteur bio, où
l’incertitude reste grande pour les petites structures, et ce, malgré les acteurs
qui les accompagnent sur T2 ; des secteurs sont touchés par les changements
dans les habitudes de consommation (l’hôtellerie par exemple), d’autres au
contraire bénéficient de conditions plus favorables, concernant par exemple le
chauffage, le bâtiment. On retrouve également le constat attendu que les
petites unités n’ont pas les capacités R&D, et que les charges sur les salaires,
les contraintes sur l’emploi constituent un obstacle majeur aux initiatives dans
le domaine environnemental.
Les entretiens ne se sont toutefois pas concentrés sur les difficultés, et des
entreprises parlent de « bon sens » au sujet du verdissement de leur activité.
Dans le détail et de leur point de vue, leur activité « évolue d’elle-même » et il
suffit de se laisser porter par cette évolution (matériaux du bâtiment par
exemple), ou constitue une activité d’avenir dont l’importance devrait croître,
comme la valorisation des déchets électriques et électroniques (DEEE) par
exemple, ou encore figure parmi les activités visées directement par la
transition écologique (pour un chauffage plus écologique et plus économique
par exemple), ou même indirectement qu’il est évident de verdir (l’imprimerie
par exemple).
Les entreprises appartenant à un groupe bénéficient de services et ressources
en interne, et c’est à ce niveau que, selon elles, se situent les actions les plus
significatives : veille réglementaire, personnel qualifié DEEE multisite, service
environnement pour l’accompagnement, les études et diagnostics, réflexion
pour l’organisation de la mutualisation (collecte, livraison)
Deux points forts se détachent au premier abord sur T2. D’une part, des
entreprises sur ce territoire parviennent à se distinguer par leurs efforts en
faveur de l’environnement et/ou à travers leur engagement RSE. De façon non
exhaustive, il s’agit de Trophée CJD performance globale ; de certifications
ISO 9001, ISO 14001, ISO 12647-2, Qualisol, Qualibois ; de labellisations
(Imprim’Vert, AB Ecocert, par exemple) bien que l’image de l’entreprise ne
soit pas la seule, ni même la première des motivations, puisque la priorité
accordée à la prospérité de l’affaire est rappelée par un certain nombre d’entre
elles, ou elles soulignent que l’action au quotidien est primordiale sur ces
questions environnementales.
D’autre part, T2 est un territoire de projets. Et ceux-là sont source de
dynamique, pas tant par leur ampleur que dans la détermination qu’affichent
les acteurs et l’échéance (relativement courte) qu’ils visent, et ce, malgré la
41
forme de préprojet ou d’« idée » qu’ils revêtent pour certains au moment de
l’entretien : méthanisation, installation de panneaux photovoltaïques,
chauffage à granulés, récupération d’eau de pluie et de surplus d’arrosage
Et c’est plutôt, en interne au niveau de la direction de l’entreprise qu’émerge le
projet.
Deuxième observation : des acteurs et réseaux locaux actifs
Les raisons qui ont amené les entreprises de notre échantillon à s’implanter
sur le territoire sont soit familiales (héritage, lieu de naissance), soit liées à des
opportunités locales : marché potentiel à proximité avec la centrale de Civaux,
espace à coût attractif en zone d’activité, compétences. Trois entreprises sur
quatre sont situées sur la commune de Chauvigny.
Au sujet du développement et du dynamisme économique sur le territoire, sont
souvent cités le Groupement des Entreprises du Chauvinois (GEC) et son
« Café des entrepreneurs » (mensuel, coorganisé avec la CMA à la
Communauté de Communes du Pays Chauvinois), et aussi l’animateur
économique de la Communauté de communes. Le GEC est un réseau
d’entreprises (35 adhérents) dont il faut souligner la démarche. Il s’agit pour
les entreprises de se faire connaître sur leur territoire, et de rencontrer et
échanger avec les autres acteurs économiques du pays chauvinois
(entreprises, élus, organismes de formation). Il est d’ailleurs à l’origine d’un
forum biennal des métiers.
Dynamique lui-même, le rôle joué concrètement par le GEC est important aux
yeux des entreprises : il s’informe et il informe, il anime, sensibilise, parfois
coordonne, accompagne et permet même de créer une synergie sur le
territoire. C’est parce qu’il aborde des thématiques diverses, qu’il a été amené
à informer sur les questions environnementales (intervention du Pôle des EcoIndustries par exemple). Pour les quelques adhérents sur Chauvigny du Club
des Entreprises du Sud Vienne (CESV), ces deux réseaux peuvent agir de
façon complémentaire sur le territoire. Enfin, l’association des commerçants
« Les Vitrines de Chauvigny-Jardres » participe à la promotion et à la
dynamisation des activités commerciales sur les deux communes. Mais, bien
que quelques commerçants aient entrepris des actions de verdissement, la
redynamisation du centre ville de Chauvigny constitue leur préoccupation
principale.
Un peu moins d’une entreprise sur trois n’appartient à aucun réseau, alors que
les réseaux et organisations évoqués par les autres sont relativement
42
nombreux ), . Des acteurs exercent en arrière-plan une action significative
selon des entreprises sur le verdissement de leur activité, comme Sorégies,
Vienne Energie, Construction 86 Des fédérations professionnelles hors
territoire (aux niveaux départemental et national) peuvent aussi influencer
l’évolution de certaines activités (Fédération du textile, Fédération du
bâtiment). Dans le domaine du bâtiment, on observe, comme sur T1, le rôle
important que joue la CAPEB dans le verdissement de ce secteur, et des
métiers via la formation d’ECO Artisan®. Les exploitants agricoles se sentent
relativement bien accompagnés par Agrobio Poitou-Charentes (fédération
régionale de développement de l’agriculture biologique), la Chambre
d'Agriculture, et le Centre d’Etudes Techniques Agricoles (CETA) auprès
desquels ils bénéficient de conseils techniques. Ils soulignent la présence sur
Archigny d’une station expérimentale entièrement dédiée à l’agriculture
biologique, expérimentation menée conjointement par Agrobio PoitouCharentes, la chambre d’agriculture de la Vienne et où intervient également
l’ITAB (Institut Technique de l’Agriculture Biologique), reconnu officiellement
comme institut technique de recherche agricole.
Dans l’ensemble sur ce territoire, très peu d’acteurs spécialisés sur les
questions environnementales accompagnent les entreprises pour les orienter
vers des actions, leur indiquer comment procéder, et apporter des solutions
concrètes à la problématique du verdissement telle qu’elle se pose à leur
niveau. Quelques entreprises seulement connaissent l’association VEE (Veille
Environnement Entreprises). Et les acteurs effectifs du verdissement auprès
des entreprises, outre la CAPEB et la CMA vues plus haut, sont souvent les
fournisseurs organisant même des formations et offrant de nombreux conseils,
les groupements d’artisans, Maison du Tourisme (par la formation) Les
pouvoirs publics, précisément l’Etat par la réglementation et les incitations
(crédits d’impôt), représentent l’acteur principal pour le déclenchement des
actions de verdissement. Les clients, dont les marchés publics, et les
collectivités territoriales par d’autres voies, encouragent le verdissement, y
compris par des actions exemplaires à leur niveau (contre les pesticides, par
exemple).
28
GEC, Confédération Paysanne, coopérative ACEM79, Vienne Agro Bio, CETA (Centre
d’étude technique agricole), CIVAM (Centre d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le
milieu rural), ENR Ouest Coop, CAPEB, Construction 86, Mode Grand Ouest, Fédération du
textile, groupement d’achat MCD, CNAIB (fédération esthétique), MEDEF, Soregies, Vienne
Energie, Pôle des Eco-Industries, CESV, “ Les Vitrines de Chauvigny-Jardres ”.
43
Troisième observation : des actions et motivations suggérant un verdissement
à la base
Sans surprise, la question des déchets arrive en tête des préoccupations liées
à l’environnement au niveau microéconomique. Toutefois quelques
entreprises n’engagent pas d’action au-delà de celles exigées par la
réglementation, et on reconnaît que certaines pratiques devraient être
améliorées (acheminer des déchets de bois à 250 km, par exemple), mais on
n’est pas prêt encore à faire l’effort correspondant aujourd’hui. Hors groupe,
où le tri est organisé à une autre échelle, nombreuses sont les entreprises
locales qui réalisent dans ce domaine des actions : tri sélectif, cotation,
classement, conditionnement, revente, recyclage, valorisation, concernant
les verre, plastique, métal, papier, bois, carton pour lesquels ces actions
semblent « normales » pour les acteurs eux-mêmes. Aussi, ce territoire
dispose de services liés aux déchets. Le service de déchetterie à Chauvigny
géré par le Syndicat Interdépartemental Mixte pour l’Equipement Rural
(SIMER) est largement utilisé par les TPE ; PAPREC D3E offre un service
assez connu sur le territoire pour le démantèlement d’équipements électriques
et électroniques, et pour le recyclage et la valorisation de ces déchets, qu’ils
soient produits par l’industrie ou les collectivités. Pour l’analyse de certains
rejets (eau, poussières, par exemple), ce sont nécessairement des services
extérieurs au territoire T2 qui sont utilisés (comme le laboratoire d’analyses
environnementales IANESCO à Poitiers).
Les transports constituent certainement la deuxième préoccupation des
acteurs microéconomiques sur le plan environnemental, qui souvent regrettent
qu’il ne soit pas possible de faire beaucoup mieux, étant donné la dispersion
spatiale, pour les limiter et en améliorer la gestion. Les entreprises sont, pour
certaines, sensibles à la consommation de ressources naturelles, à l’usage de
produits chimiques, économisant l’eau, l’énergie, et privilégiant même, pour
les plus avancées d’entre elles, une démarche d’éco-conception ou l’utilisation
de matériaux recyclés (bois, inox). Une économie sur les coûts est associée
à ces actions qui sont considérées comme « évidentes » par leurs auteurs.
Comme au sujet des déchets, les entreprises semblent avoir admis la logique
d’internalisation de tous les coûts induits par leur activité sur l’environnement.
Une réserve toutefois concerne les entreprises dont les activités vertes sont le
cœur de métier. Elles ne sont pas portées à faire des efforts
environnementaux supplémentaires, ayant plutôt tendance à considérer que la
mise aux normes de leur activité qui, de fait, limite leurs impacts négatifs, vaut
« engagement volontaire » de leur part.
44
Concernant les bâtiments, même si des travaux pour optimiser (isolation,
lumière, chauffage et performance énergétique principalement) sont
souhaités, peu ont les moyens de concrétiser leur projet dans ce domaine.
Parfois des contraintes techniques fortes viennent augmenter le budget
nécessaire pour ces investissements ou même empêchent le déménagement
pour un site plus performant voire plus grand pour pouvoir stocker davantage.
Les entreprises n’ayant rien engagé en matière de verdissement avancent des
raisons diverses : la situation défavorable, le manque de temps, la
concurrence, le fait que les changements se fassent en amont dans leur
activité ou qu’il s’agisse d’une trop petite structure (pas de capacités
d’innovation technologique). Les autres insistent au contraire sur la conviction
personnelle du dirigeant, l’objectif de préserver l’environnement, mais tout en
l’associant aux améliorations visées en termes de qualité de vie, de confort et
de santé des salariés. Elles ont adopté une démarche de performance globale
(dans le sens du développement durable appliqué au niveau de l’entreprise)
plutôt qu’environnementale, et mettent en avant l’intérêt pour l’entreprise de
se différencier de la concurrence, donc associent prospérité et compétitivité
dans une démarche qu’elles veulent proactive. Aucun effet notable n’apparaît
pourtant en matière de recrutement de personnel (sauf dans les filières vertes)
et de formation continue (y compris dans les filières vertes). Elles soulignent
surtout la nécessité d’informer le personnel. Un souci est largement partagé :
être informé des lois et des réglementations (veille salariale et réglementaire).
Quatrième observation : un territoire d’entreprises sensibilisées « qui bouge »
De façon générale, les entreprises ont plutôt pris conscience qu’il faut
s’organiser localement, et recourir aux services à proximité s’ils existent et aux
complémentarités qu’elles ont pu repérer entre elles, à travers une meilleure
connaissance réciproque. Elles évoquent le « troc des palettes », mentionnent
également les groupements d’achat à titre d’exemple, et comprennent l’intérêt
de la mutualisation sur un même territoire. Cela se fait de façon plutôt
spontanée, grâce aux rencontres, échanges entre entreprises, et ne relève
pas d’un projet territorial défini et porté par une collectivité (même si
l’animateur économique territorial semble y jouer un rôle actif). Comme sur T1,
travailler sur un même chantier ou se croiser chez un fournisseur facilite la
circulation de l’information en lien avec l’économie verte, mais là encore les
entreprises d’un même secteur ont peu de contacts entre elles.
le point de vue exprimé par les entreprises pour verdir leur territoire
Les entreprises interrogées et leurs réseaux influençant les interactions entre
acteurs microéconomiques, ont émis quelques observations sur les acteurs et
45
les actions souhaitables de leur point de vue pour verdir leur territoire. Avant
tout, le verdissement ne peut se faire à l’échelle du seul réseau chauvinois.
Sont jugées pertinentes les interventions des pouvoirs publics locaux
(animateur économique), régionaux (même sous la forme indirecte d’incitation
à une demande finale plus écologique), ou étatique. En particulier la
réglementation est présentée comme une forme efficace d’action publique
dans la mesure où on fait appliquer les règles, ainsi que les crédits d’impôt qui
relèvent d’une « logique qui fonctionne ». On souligne les diverses aides, non
spécifiquement en matière environnementale, de la Région et de l’ADEME
entre autres, et les différents types d’accompagnement et soutiens
d’organismes divers, y compris sur le plan technologique, dont ont pu
bénéficier un certain nombre d’entreprises. Mais les autres ont reçu peu
d’aides voire aucune.
Globalement sur la question des aides, le ressenti est que leur attribution
manque de transparence, que l’information des entreprises à ce sujet est très
inégale, et qu’il faut réfléchir à une répartition plus équitable : les aides n’ontelles pas tendance à se concentrer sur quelques entreprises ? Comment
s’assurer
qu’elles
ne
servent
pas
à
subventionner
l’activité
d’entreprises « faibles » face à la concurrence ? Ne faut-il pas chercher à
amener toutes les unités économiques à un certain degré de verdissement
plutôt que d’en privilégier certaines ?... Les entreprises ont en outre besoin
qu’une information sur leur démarche responsable, et leur nouvelle offre verte
ou leurs produits plus verts, soit organisée, et que soient valorisées leurs
initiatives et reconnus leurs efforts dans ce domaine. Elles expriment aussi
des besoins de formation, d’acquisition de compétences comparativement
avantageuses par rapport aux concurrents, et souhaiteraient des solutions
techniques adaptées (pour l’économie d’énergie par exemple). L’aide doit être
concrète, financière (en cas de projet d’ampleur surtout) ou non, mais surtout
quand il s’agit de diagnostics, audits ou études d’expertise, ne pas rester sans
suite.
l’atout que représente un territoire qui bouge
L’idée avancée ici est que l’on peut profiter du développement économique
d’un territoire pour y intégrer des éléments de verdissement. En l’occurrence,
sur la Zone d’Activités du Planty au sud de Chauvigny, il est prévu
l’implantation d’un Viennopôle. Les Viennopôles mis en place par le Conseil
Général de la Vienne sont des territoires destinés à accueillir des zones
d’activités (artisanales, industrielles, de services) afin de rendre des territoires
ruraux attractifs. Pour bénéficier de cette labellisation de haute qualité
technologique et environnementale, l’aménagement doit notamment respecter
46
des exigences environnementales fortes. La Communauté de Communes du
Pays Chauvinois devra auparavant acquérir les terrains (sur 25 ha). Faciles
d’accès par les grands axes de transports, les zones labellisées Viennopôle (7
sont conventionnées actuellement) ne visent pas que la réhabilitation de
zones d’activités existantes, elles misent sur l’attractivité et donc l’implantation
d’entreprises sensibles à la grande qualité des services et des équipements
offerts.
La commune de Chauvigny a signé la Charte Terre Saine et obtient ses trois
papillons contre les pesticides. Les entreprises locales attendent beaucoup de
la municipalité et la Communauté de Communes, qui apparaissent comme les
acteurs les mieux placés pour mettre en relation et coordonner les entreprises.
Mais tout en exprimant ce besoin de dynamisation de la part des pouvoirs
publics locaux, elles reconnaissent leur part de responsabilité dans le
développement économique du territoire, revendiquent une marge d’initiatives,
et souhaitent des relations partenariales entre les différents acteurs
intervenant sur le territoire. Du côté du « monde de l’entreprise », les acteurs
mis en avant sont sans surprise le GEC, les chambres consulaires La
puissance publique nationale (y compris les DDT) et régionale (excepté via
des antennes locales) est peu évoquée sur cette question de la coordination
locale des acteurs économiques.
A travers la conception qu’ont les entreprises du processus de développement
de leur territoire, on retrouve d’une part la double dimension organisationnelle
(le monde de l’entreprise) et territoriale (proximité spatiale), et d’autre part, en
intégrant les diverses institutions présentes et actives, la notion de « tissu ».
Celle-ci rend compte des relations et réseaux créés par les entreprises entre
elles, et permet de penser l’ensemble tel un triptyque : entreprise-tissuinstitutions. Dans ce cadre-là, c’est l’ensemble qui doit tirer la dynamique de
verdissement pour surmonter des difficultés que rencontrent les entreprises
dans leur démarche, comme l’absence de fournisseurs localement répondant
à des exigences environnementales.
l’implication des entreprises dans le verdissement du territoire
Les entreprises qui n’ont rien entrepris dans le domaine du verdissement
évoquent toutes une situation économique défavorable. Et même quand elles
disent manquer de temps, très peu ne sont pas sensibilisées déjà à la
question de l’environnement. Elles ont plutôt en général entendu parler de
l’économie verte, mais pour un certain nombre la démarche qu’elles ont
engagée relève de la RSE. A cet engagement marqué, on associe l’existence
d’arbitrages permanents. Ceci est certainement une caractéristique importante
de la dynamique de verdissement au niveau de l’entreprise sur ce territoire.
L’ensemble (le triptyque précédent) est en mouvement et, s’il y a ancrage
47
territorial29, ceci ne peut être contraire, aux yeux des entreprises elles-mêmes,
à la « dynamique firme-territoire ».
Les acteurs économiques s’impliquent dans le verdissement de leur territoire,
en plus de connaître les entreprises à proximité qui mènent des actions
environnementales. Ils constituent des forces vives actrices du développement
durable de leur territoire quand ils participent à des actions de sensibilisation,
n’hésitant pas éventuellement à aller exposer ce qu’ils ont entrepris aux élèves
des écoles, ou à participer à une animation sur la croissance verte. Se sentant
concernées par l’impact de leur activité économique sur l’environnement, les
personnes interrogées ont été réceptives à notre questionnaire, certaines
précisant même qu’il les faisait réfléchir à toutes ces questions. Les structures
d’accompagnement en matière environnementale peuvent certainement tirer
parti de la présence du groupement d’entreprises et de la sensibilisation à la
problématique du verdissement qu’il a amorcée.
29
Définition de l’ISO 26000 : « L’ancrage territorial est le travail de proximité proactif d’une
organisation vis-à-vis de la communauté. Il vise à prévenir et à résoudre les problèmes, à
favoriser les partenariats avec des organisations et des parties prenantes locales et à avoir
un comportement citoyen vis-à-vis de la communauté. » ; l’articulation à laquelle nous nous
référons précisément ici est plus ancienne, cf. Zimmermann J.B. (1995), L’Ancrage territorial
des activités industrielles et technologiques, La documentation Française.
48
III.3 Dynamique observable sur le territoire T3
Figure 5 : Entretiens réalisés sur T3 :
Nord Deux-Sèvres
Le territoire T3 se situe en Nord Deux-Sèvres et dessine sur la ville de
Thouars un triangle comprenant Louzy au Nord, pointé vers l’ouest sur MauzéThouarsais. Ce territoire localisé sur une aire urbaine avec des zones
d’activité30 connait par hypothèse une dynamique de verdissement « fortement
émergente ». Un tiers des entreprises répondantes sur T3 sont des
microentreprises, un autre tiers ont un effectif compris entre 10 et 49, et dans
le dernier tiers, dont les effectifs dépassent 50, les quatre plus importantes en
taille ont entre 140 et 200 salariés. La moitié des entreprises interrogées
appartiennent à un groupe, le secteur de l’industrie étant particulièrement
présent comme le montre le tableau suivant.
30
Sur la Communauté de Communes du Thouarsais, on compte 11 zones d’activités dans
des secteurs d’activités très diversifiés. Un guichet unique a été mis en place, un
accompagnement et des aides sont prévus pour renforcer l’attractivité du territoire et faciliter
l’installation de nouvelles entreprises.
49
Tableau 11 : Les secteurs d’activités des entreprises interrogées sur T3
Secteur d’activité
Nombre
d'entreprises
Industrie plastique et
métal
3
Déchets
2
Industries du bois
2
Industrie chimique
2
Transport terrestre
2
IAA
1
Artisanat ENR
1
Commerce
1
Blanchisserie
industrielle
1
Santé humaine et
action sociale
1
Autres services
personnels
1
Total
17
Comme pour les deux territoires précédents de notre étude, les résultats des
entretiens sur T3 font ressortir un territoire en verdissement plus avancé dans
le processus que supposé au préalable. Le processus est largement le produit
d’unités microéconomiques ayant une vision stratégique à moyen voire à long
terme, dont l’engagement environnemental connu des autres entreprises
procure autant d’exemples d’actions concrètes pour verdir les activités
existantes ou éventuellement se lancer dans de nouvelles activités vertes.
Certes, aucune entreprise de l’échantillon n’a de projet, et une sur trois n’a
même rien entrepris du tout sur le plan écologique. Toutefois la configuration
particulière tient aussi à l’économie locale historiquement forte, fonctionnant
comme un écosystème ouvert sur d’autres écosystèmes (sur le Maine-et-Loire
voisin par exemple), et appartenant lui-même à des écosystèmes plus vastes
(Nord Deux-Sèvres, régional).
Première observation : un territoire dynamique d’entreprises reliées
Les entreprises interrogées sont localisées sur les zones d’activités situées à
proximité de Thouars. L’échantillon répond au mieux aux exigences et
contraintes que nous nous sommes fixées dans cette étude (cf. supra), mais
50
notons l’intérêt économique plus général de ce territoire qui présente des
industries et activités nombreuses et diverses, importantes relativement à la
population locale. Au vu des raisons données par les entreprises à
l’implantation sur ce territoire, celui-ci fait preuve d’une certaine attractivité
économique, que la Communauté de Communes a d’ailleurs cherché à
renforcer ces dernières années. Cette relative attractivité de l’environnement
offert aux entreprises a pu jouer en plus des liens entre activités (à titre
d’exemple, les transporteurs routiers sont nombreux du fait aussi des carrières
proches), de l’évolution d’activités anciennes (depuis le début 20ème siècle), de
la transmission familiale d’affaires, de l’essaimage et tout simplement de la
volonté de rester pour des dirigeants natifs.
Le contexte économique récent défavorable affecte l’activité localement et, là
encore, certains secteurs souffrent davantage ou émettent des craintes quant
à l’avenir de leur activité en raison d’une concurrence étrangère plus forte ou
de dispositions à venir comme l’écotaxe (ou TPL - Taxe Poids Lourds). On
« reporte ce qui est facultatif », comme « investir » ! Ceci peut certainement
expliquer en partie l’absence de projet dans le domaine environnemental sur
la totalité de l’échantillon. Une autre et double raison est avancée par les
dirigeants nombreux ayant mené des actions auparavant : le besoin de
pérenniser ces actions et le fait que les premières actions sont les plus faciles
à mettre en œuvre alors que l’amélioration continue demande du temps pour
des résultats moins visibles. Autre effet probable du contexte défavorable :
certaines entreprises affirment avoir besoin d’allègements fiscaux et non
d’aides. Priorité à l’économie est rappelée par celles ayant quelques
difficultés, qui mettent en avant la pérennisation de l’emploi et la
préoccupation sociale plutôt que l’écologie. Un tiers seulement des entreprises
n’a rien entrepris ni projeté sur ce dernier plan.
Excepté quatre entreprises qui déclarent n’appartenir à aucun réseau, toutes
les autres évoquent spontanément un grand nombre de réseaux. Le Club des
entreprises du Thouarsais est largement mentionné ; arrivent ensuite l’Union
des commerçants, artisans et industriels de Thouars et l’UIMM (Union des
Industries et des Métiers de la Métallurgie). Globalement les entreprises sont
intégrées dans les réseaux professionnels et sectoriels, au sein de
groupements d’entreprises pour quelques unes, au niveau national (textile) ou
européen (transport).
Le Club des entreprises du Thouarsais, qui date de 1995, a pour principal
objectif la mise en relation des entreprises sur son territoire. Plus de 200
entreprises de la Communauté de communes du thouarsais y sont
adhérentes. Elles sont de toutes tailles et de tous secteurs d’activité. Présent
51
et important sur le territoire, il organise des plénières tous les 3-4 mois avec
des visites d’entreprises locales, et informe ses adhérents notamment sur le
plan juridique. La thématique de l’environnement fait partie des sujets
abordés, ni plus ni moins que d’autres thématiques 31 . Si le Club aborde
certaines questions, relatives notamment aux déchets ou aux économies
d’énergie, il n’a par contre en son sein aucun projet de type écologie
industrielle, et n’est pas en lien avec un quelconque projet relevant de
l’économie circulaire.
En outre les acteurs sont amenés également à se rencontrer dans le cadre de
leurs
activités
économiques
(carrières,
chantiers,
relations
clients/fournisseurs) ou à travers d’autres activités (autres responsabilités,
culture, loisirs) : « Thouars, c’est petit » ; « on connaît tout le monde ! ».
Parfois même, cela va jusqu’à la mutualisation, quand une entreprise
rencontre des problèmes, ou pour des informations, achats, échanges de
marchandises, sous la forme de réunions mensuelles ou de façon tout à fait
informelle.
Enfin, les personnes interrogées ont aussi souligné la place qu’occupe le
réseau EI2S. L’association Environnement Industries Deux-Sèvres, créée en
Nord Deux-Sèvres en 2002, est devenue en 2008 Environnement Industries
Synergie Solidaire, avec la création en 2010 de l’Institut de l’Excellence
Managériale (IEM) du Poitou-Charentes. Surtout connu des entreprises
industrielles, EI2S apporte un soutien important à la mise en place d’actions
en matière environnementale.
Deuxième observation : des actions environnementales pluridirectionnelles
Les deux tiers des entreprises interrogées ont entrepris des actions dans le
domaine du verdissement. Plus que sensibilisées aux questions
environnementales, les entreprises qui ont engagé des actions, l’ont
généralement fait dans plusieurs directions et atteignent parfois des niveaux
avancés dans la démarche.
Sur la question des déchets, les entreprises qui n’ont rien engagé
volontairement veillent à respecter la réglementation. Les autres qui sont
majoritaires ne se limitent pas à une simple gestion des déchets. Globalement
le tri est jugé important et certaines unités font un tri « très poussé » ; la
récupération, le traitement et le recyclage semblent évidents aux yeux des
entreprises. Elles ne mettent pas spécialement les actions dans ce domaine à
31
Le Club des entreprises confirme la remarque d’un dirigeant d’entreprise exprimée ainsi :
« On ne sent pas la fibre, il y a des thèmes mais pas franchement sur ça ».
52
leur actif, considérant que celles-ci sont facilitées par les structures et acteurs
nécessaires qui sont présents sur le territoire ou dans un rayon proche. Le défi
est placé par un certain nombre d’entreprises à un autre niveau : passer à une
logique de valorisation des déchets (textiles, palettes, cintres) en quittant le
système de récupération classique mis en place à l’époque où il fallait payer
pour se débarrasser de ses déchets. La réflexion est menée depuis chacune
des entreprises concernées, intégrant autant que possible les avancées de la
recherche sur la valorisation des déchets, et les informations qu’elles peuvent
obtenir des derniers développements techniques sur cette question. Et cette
réflexion n’exclut aucun type de déchets a priori (métaux, bois, plastique,
carton, papier, textile), ni même les huiles et autres produits exigeant
collecte et traitement.
La règle des trois R (Réduire/Réutiliser/Recycler) semble scrupuleusement
suivie par des entreprises qui, selon leurs dires, veillent à limiter les déchets
sur toute la chaine de production, réduisent les emballages, et récupèrent en
interne notamment pour la chaudière entre autres, le bois et des déchets
qu’elles peuvent réutiliser elles-mêmes. Ce peut être aussi une réutilisation en
externe sans vente ni processus de transformation, comme le linge offert aux
clients comme chiffons.
La préoccupation forte à l’égard des rejets polluants pousse certaines
entreprises à s’interroger sur l’action possible au-delà de la surveillance et du
contrôle imposés. La réduction forte des inputs (quantité et nocivité) et le suivi
des rejets relèvent de la responsabilité de l’acteur microéconomique selon ces
mêmes entreprises. On retrouve aussi appliqués à l’eau ces principes, ainsi
que les recherches et décisions pour traduire concrètement et au mieux cette
préoccupation. La sensibilité locale est forte sur cette question et les pratiques
pour économiser la ressource en eau se sont multipliées. Pour réduire sa
consommation, on recourt, si l’activité s’y prête (lavage des camions par
exemple), à la récupération des eaux de pluie ; on a pu mettre en place aussi
un système de circuit fermé pour le refroidissement, ou réutiliser la chaleur
des eaux usées, avec un échangeur thermique. La surveillance et la
recherche de substances dangereuses dans l’eau s’accompagnent d’efforts en
amont pour limiter les molécules chimiques (par les produits de nettoyage par
exemple).
Certaines actions environnementales concernant l’eau sont couplées avec
celles visant des économies d’énergie. Réduire autant que possible sa
consommation de gaz ou d’électricité va de soi pour un grand nombre
d’entreprises. Cela peut se faire en récupérant la vapeur de l’unité de
méthanisation pour le process de fabrication (au lieu du gaz de ville), en
53
investissant dans du matériel, des équipements et des installations moins
énergivores pour le chauffage des bâtiments ou l’éclairage des locaux. Cela
va de pair donc aussi avec des travaux d’éco-rénovation ou la construction de
bâtiments éco-responsables. Et pour quelques entreprises, des actions
devaient être réalisées en même temps au niveau des énergies renouvelables
(utilisation de bois PEFC, production par le photovoltaïque ou l’éolien).
Sur les transports et les déplacements, la sensibilisation est forte également,
et s’est traduite par la recherche d’optimisation pour les trajets des tournées,
des actions et des pratiques vertueuses autour de la performance des
véhicules, sur la base de la charte CO2 de l’ADEME, et en formant à l’écoconduite, y compris dans des entreprises dont l’activité principale n’est pas le
transport.
Enfin, des acteurs microéconomiques thouarsais poussent la réflexion et
voudraient agir au-delà des thématiques et des réponses habituelles : sur les
techniques d’élevage, sur l’insertion paysagère, sur la valorisation nouvelle
des rebuts Ils soulignent des contradictions auxquelles sont confrontées
certaines activités : activité ancienne dans des bâtiments datant d’une époque
où peu d’attention était accordée à l’environnement, donc exigeant de très
lourds investissements ; activité où la thermisation est nécessaire pour des
raisons sanitaires contraignant donc les objectifs en matière énergétique ; la
question du recyclage des panneaux solaires
Les entreprises abordent aisément les bilans carbone et énergétique de
l’ADEME ou de cabinets privés. Quatre avaient eu la certification ISO 9001,
cinq ont pu obtenir celle ISO 14001, et une ou deux sont dans une démarche
de type ISO 26000. Sur la base du prédiagnostic réalisé avec EI2S, un plan
d’actions est envisagé par certaines qui pourtant déclarent par ailleurs ne pas
avoir actuellement de projets ! Deux disposent du certificat NIMP 15 pour le
respect de normes internationales phytosanitaires, d’autres de PEFC ou de
Certiphyto, de Qualimat, ou des 3 Qualit’ (Qualibois, Qualisol, Qualipac),
d’autres encore de labels comme Qualival.
En matière de formation sur l’environnement, les entreprises semblent trouver
ce dont elles ont besoin. Parmi elles, très peu ont poussé la formation d’un
des personnels sur le management environnemental, l’éco-conception ou la
communication environnementale. Par contre, la phase de sensibilisation
semble acquise, et pour la plupart elles ont cherché à monter en compétences
sur la gestion et la valorisation des déchets et sur tout ce qui concerne la
sécurité environnement (déversements accidentels, risques sanitaires,
prévention de pollutions).
54
Au total, ces actions sont plutôt connues des autres entreprises du territoire.
En même temps, elles sont envisagées pour une grande part comme devant
être autant que possible reliées aux activités économiques et actions
environnementales des autres unités locales. La présence sur le territoire
d’entreprises appartenant aux filières vertes des déchets, de l’assainissement
et des énergies renouvelables participe beaucoup à la dynamique de
verdissement enclenchée.
Troisième observation : les entreprises, agents du verdissement à besoin
d’accompagnement
Les entreprises du Thouarsais sont les acteurs de premier plan du
verdissement du territoire. Celles dont l‘effectif dépasse 30 salariés32 ont au
moins un responsable Qualité ou QSE (Qualité, Sécurité, Environnement) ;
cela représente la moitié de l’échantillon. Les dirigeants sont conscients de
l’intérêt d’avoir dans l’entreprise une personne s’occupant de la veille
réglementaire. Pour les autres, ce besoin de veille environnementale, y
compris pour l’information sur les aides, se fait sérieusement sentir. Il exige du
temps et de l’argent, une aisance que n’ont pas naturellement les dirigeants
d’entreprises face à une information fournie, parfois très technique, et surtout
vite périmée, à des démarches lourdes et aux difficultés administratives.
des entreprises particulièrement motivées
Les entreprises qui n’ont rien fait en matière environnementale sont
majoritairement des entreprises dont l’effectif est inférieur à dix personnes ou
des entreprises de service qui ne se sentent pas concernées. La principale
motivation des autres est la préservation de l’environnement en soi. Et pour
certaines activités, le dirigeant considère que ce n’est pas contraire à l’objectif
de prospérité de son entreprise. En économie, cela correspond à une vision
stratégique de moyen terme, ce qui explique que certains enjeux soient
considérés essentiels : environnement et sécurité sanitaire, transports.
L’image de l ‘entreprise compte aussi beaucoup, mais on est loin d’un
greenwashing dans le sens où il s’agit de communiquer autant pour, en
interne, être positif sur l’adaptation à la contrainte écologique, et, en externe,
montrer l’exemple, surtout dans une activité verte comme les déchets, que
pour se présenter à une clientèle et des prospects plus sensibles
qu’auparavant à ce type d’engagement. La volonté personnelle du dirigeant et
sa conviction jouent un rôle important, avec une attitude ne relevant pas de
l’attentisme. Car bien au contraire, l’entreprise se fait acteur du changement
32
A l’exception de l’une mais incluant une très petite entreprise appartenant à un groupe.
55
en provoquant, autant que possible à son niveau, les évolutions
technologiques, organisationnelles ou de compétences favorables.
Deux aspects se dégagent nettement, en cohérence avec les actions vues
précédemment. D’abord, d’autres acteurs participent au déclenchement
d’actions, comme les fournisseurs (sous la forme de propositions) ou les
clients à travers des appels d’offre, les pouvoirs publics (réglementation) en
général, la DREAL (obligation) en particulier, la Région, l’ADEME, une
entreprise avec laquelle on travaille régulièrement (Chimirec par exemple) ou
sur un chantier, un syndicat ou une structure comme EI2S, relativement
présente sur T3. Les mêmes acteurs ont tendance à faciliter les actions
engagées, que favorisent également des prestataires R&D, architecte, SDIS
C’est toutefois en interne que se trouve le véritable moteur du verdissement,
avec la volonté du dirigeant et les contributions spécifiques fortes apportées
par les responsables qualité ou QSE, des stagiaires ou des salariés.
Ensuite, une tendance forte ressort des entretiens avec les firmes qui ont agi
sur le plan écologique, à savoir une certaine « créativité environnementale ».
Par là, il faut entendre que, face aux problèmes qu’elles (se) posent ou qui se
posent, elles cherchent des solutions (concrètes) qui ne relèvent pas
nécessairement de l’innovation environnementale au sens de développement
en R&D et dernières technologies, mais parfois simplement de l’astuce ou de
l’ingéniosité. Ce peut être la recherche d’une idée porteuse en réponse à une
question ou réflexion plus large ou plus abstraite que se pose l’entreprise en
interne (sur la valorisation ou le recyclage des déchets par exemple). Certes
les entreprises ne sont pas toutes dans une démarche créative, certaines
réaffirmant même qu’elles ne visent que la mise en conformité et le respect de
la réglementation.
des besoins majoritairement d’accompagnement
Bien qu’assez précises sur leurs besoins, et que différents cas se présentent,
on constate que les entreprises du Thouarsais éprouvent un besoin important
d’accompagnement dans le domaine environnemental. Elles reconnaissent
bénéficier d’aides, de dispositifs ou d’outils d’accompagnement et obtenir avec
une relative facilité des soutiens d’institutionnels ou de structures
environnementales, par exemple Région/ADEME pour l’énergie ou l’Agence
de l’eau pour une aide technique, une subvention ou pour une station
d’épuration. Certains dirigeants insistent toutefois sur le fait qu’ils manquent
d’informations sur les aides en général et les outils d’accompagnement.
56
Au besoin d’accéder à une information plus fine, plus spécialisée, plus
technique parfois aussi, en matière environnementale, s’ajoute celui d’être
assuré que l’on dispose bien de l’information la plus large sur les aides
possibles au sein du secteur d’activité. Des secteurs se considèrent comme
non concernés par l’économie verte, dans les services par exemple, et
affirment pour preuve que les aides sont négligeables par rapport à celles
prévues pour l’industrie.
Les subventions ne sont pas déterminantes, mais constituent un élément
incitatif. Plusieurs cas de figure se présentent relativement à l’aide financière :
manque d’information ; soutien régional perçu trop tardivement in fine (au bout
des 3 ans) ; aide espérée d’un montant faible relativement aux coûts pour
l’entreprise (temps, argent, complexité..) ; nette insuffisance des financements
accordés, notamment pour les investissements les plus lourds. Mais c’est
surtout sur l’appui attendu et l’accompagnement nécessaire que les dirigeants
insistent.
Informations supplémentaires, conseils précis et soutiens techniques sont
souhaités pour appliquer les nouvelles réglementations (écotaxe par
exemple), pour éclairer sur les risques et les dangers (reprise des déchets par
exemple), pour réduire les gaspillages (celui de l’eau par exemple). Certains
avouent avoir besoin d’interprétation et d’explication des textes ; beaucoup
soulignent le souhait d’avoir un appui technologique et technique à la
demande, un suivi personnalisé et des conseils appropriés à la situation
précise de l’entreprise. La demande d’accompagnement se justifie du point de
vue des entreprises par la grande complexité et les difficultés administratives,
la lourdeur des procédures, les délais, le traitement technocratique des
dossiers, et l’interlocuteur qui change ou est peu au fait du dossier. Ce besoin
s’exacerbe pour des activités ou projets à autorisations particulières
(transports de déchets, Installation Classée pour la Protection de
l’Environnement). Il est au contraire moins fort si on simplifie dossiers,
procédures et législations, et si la même personne suit la totalité du projet ou
du dossier en question du début jusqu’à son aboutissement.
Quatrième observation : un processus spontané, décentralisé de verdissement
de l’économie locale
Deux constats ressortent nettement du cas thouarsais de verdissement d’un
territoire. Le premier se trouve dans l’importance d’avoir au moins une
entreprise vertueuse comme représentation sur le territoire de la firme
exemplaire, indiquant concrètement ce que sont les bonnes pratiques.
L’entreprise Sothoferm est spontanément évoquée à titre d’exemple par un
57
grand nombre d’acteurs, mais elle n’est pas la seule. Le second constat est le
fait que le verdissement apparaît le fruit des efforts menés par une vaste
communauté d’acteurs, agissant comme autant de « petites mains », les
entreprises elles-mêmes en tête, posant les soubassements d’un territoire
vert. Par définition, celui-ci doit parvenir à mettre en synergie les différents
acteurs, privés et institutionnels, pour les porter vers les innovations de
produits, de services, organisationnelles, ou même de nature sociale, en
faveur d’un développement vert de l’économie locale. Avant tout, la présence
de prestataires de services « à l’environnement » sur le territoire contribue à la
dynamique de verdissement locale.
des services « à l’environnement » sur le territoire
Les services liés à l’environnement mentionnés par les entreprises interrogées
sont plutôt nombreux par rapport aux territoires T1 et T2. Et il s’agit de
prestataires situés sur Thouars, Niort et Poitiers, ainsi que dans la région Pays
de Loire pour les cabinets d’études. En voici la liste tous confondus :
C Brangeon-FERS (déchets)
C EI2S
C Chimirec-Delvert (déchets)
C Paprec (déchets)
C Etablissements Gaurit (boues de lavage)
C Baudry Michelin (pneus)
C SNAM (huiles et filtres)
C Cabinet Qualeader (Bilan Carbone)
C Burgeap (étude pour la future station d’épuration)
C Autres bureaux d’études
C Cabinet Ricoacher (aide à la création des modules de formation)
C Veka (antenne recyclage pour le PVC)
Les actions réalisées par les entreprises dans le domaine environnemental ont
été facilitées par l’existence de ces différents services à l’environnement. Les
entreprises en sont conscientes, et ne mentionnent à cet égard aucun besoin
important en particulier. Si nécessaire, elles élargissent le rayon et recourent à
des prestataires plus éloignés.
Soulignons que selon les entretiens, on retrouve des acteurs qui semblent
jouer un rôle plus diffus mais bien réel dans ce domaine, comme des
structures professionnelles ou sectorielles, ou des réseaux (CAPEB,
MEDEF), ou de façon plus ou moins informelle des fournisseurs, une
carrière Et parmi les structures et associations environnementales, EI2S
exerce une forte influence, bien loin devant le Pôle des Eco-Industries, très
peu connu localement, et même VEE. Beaucoup d’entreprises insistent sur ce
que leur apporte EI2S en termes de soutien et de conseils, déterminant parfois
58
pour la démarche environnementale et/ou la certification obtenue. On
mentionne l’existence de groupes de travail avec EI2S (implantation de filières
textiles, BTP, Menuiseries industrielles). En même temps, pour un certain
nombre d’entreprises souhaitant un accompagnement très poussé, EI2S ne
satisfait pas leurs attentes.
une économie locale en verdissement avec une orientation
spontanément circulaire
Même une entreprise n’ayant rien entrepris dans le domaine environnemental
sait que des actions sont menées par des entreprises localement « mal
identifiées » à son niveau. Nombreuses sont les entreprises données en
exemple lors des entretiens, avec en tête Sothoferm (fermetures), dont le
dirigeant est une « locomotive » pour d’autres chefs d’entreprise, et les
transports Landry. Ces derniers ont une triple implication : (1) des initiatives
(rencontres/échanges) sur les possibilités de mutualisation liées aux
transports, s’appuyant sur la connaissance large de ces possibilités à travers
sa propre clientèle ; (2) partenariat avec Anett et ESAT (Etablissement et
services d’aide par le travail) ; (3) groupe de travail (EI2S et Ateliers du
Bocage – Insertion Emmaüs). Enfin, est citée aussi en exemple la
blanchisserie Anett, dont le Club des entreprises avait organisé une visite en
2007.
La liste continue car d’autres acteurs microéconomiques évoquent
l’engagement environnemental aux yeux des entreprises locales : Loeul et
Piriot, Laboratoire Rivadis, Socoplan, Super U, FERS ; et d’autres encore ont
été mentionnés une fois : Leul Menuiseries, Delpayrat, fromagerie Riblaire,
France Champignon, Elevage de chèvres, Electricité Fraddin Bretton, Wesco
(Cerizay), Rouvreau (Niort), et « toutes celles d’EI2S » qui sont « de très
bons conseillers ». Les entreprises très actives voire proactives en matière
environnementale affirment ne pas pouvoir répondre à toutes les sollicitations
(dont celles de la CCI), devant pour elles-mêmes, dans l’optique d’une
certification par exemple, consacrer du temps, de l’énergie, se former, et se
faire également accompagner de près.
Pour les entreprises locales, il va de soi qu’il faut chercher à faire évoluer
l’économie dans un sens plus écologique autant sur le territoire qu’en interne.
Cela signifie sensibilisation, rencontres/échanges, mobilisation des autres
acteurs sur des projets éventuels, répondant à une conception émergente en
termes de flux de matières et d’énergie. La logique évoquée est bien celle de
l’économie circulaire (optimisation, étude des circuits, contacts établis entre
entreprises par rapport aux matières, estimation des quantités). Elle
s’appuie sur une culture que partagent les entreprises locales pour qui la
59
mutualisation peut apparaître évidente. Elles peuvent « mutualiser »
spontanément des problèmes, des informations, des achats, échanger des
marchandises, se réunir tous les mois On nous cite à titre d’exemples des
initiatives spontanées de recherche de lien entre activités dans l’objectif soit
de mutualisations, mais on se heurte potentiellement à une
législation/réglementation stricte telle celle concernant les DASRI (Déchets
des Activités de Soin avec Risques Infectieux), soit de complémentarités,
notamment entre les déchets de uns et les inputs des autres, mais là des
recherches et innovations techniques ou technologiques s’avèrent
indispensables. Des organisations comme Futurobois ou le CRITT agroalimentaire, des groupements d’entreprises, d’employeurs... constituent des
facilitateurs pour les entreprises sur ces problématiques.
Il s’agit seulement d’une démarche d’agents décentralisés car, pour autant,
aucun vaste projet de type écologie industrielle n’est à notre connaissance en
préparation sur T3. Elément important de la dynamique économique et du
« développement vert » du thouarsais, le projet TIPER** méthanisation vise la
production d’énergie renouvelable à partir de produits organiques
fermentescibles, en provenance de l’agriculture et des IAA. Il a mobilisé
particulièrement différents acteurs locaux, dont des élus et des fonds publics
(Région, ADEME, FEDER, MAAP), et associe en plus des Apporteurs de
Biomasses du Bassin Thouarsais (association ABBT qui réunit 90
actionnaires) et de l’entreprise Bellanné (par le réseau de chaleur), une
vingtaine d’entreprises au chantier. Sont impliquées 60 exploitations agricoles
et 6 IAA, Methaneo et Séolis (fournisseur d’électricité). La dimension collective
d’un tel projet qui réussit à rassembler des acteurs très différents d’un même
territoire, et parfois même des concurrents dans un secteur d’activité, exerce
un effet mobilisateur plus large, conscientisant du même coup des entreprises
qui n’avaient rien entrepris jusque-là.
La dynamique de verdissement s’ancre donc sur une économie locale qui
existe véritablement hors questions environnementales. Le sentiment
d’appartenir à un tissu économique et social est répandu ; celui-ci est dense et
constitué de différents types d’acteurs répondant aux besoins autant sociaux
qu’économiques, les structures d’insertion en particulier avec lesquelles
travaillent des entreprises. Sur le territoire et dans cette dynamique de
verdissement interviennent aussi des collectivités locales. A partir de 2007, le
Pays Thouarsais34 s’était engagé volontairement dans un plan climat territorial,
33
Technologies Innovantes pour la Production d’Energie Renouvelable. La centrale de biométhanisation, inaugurée le 26 avril 2013, vise à traiter 80 000 tonnes de biomasse par an.
34
Le syndicat est dissous le 31 décembre 2013 suite à l’élargissement de la Communauté
de Communes du Thouarsais.
60
un CLIC (Contrat Local Initiatives Climat) en partenariat avec l’ADEME et le
Conseil régional. Il a offert un Espace Info Energie, lieu d’informations et de
conseils concernant les énergies, à destination des particuliers (public
privilégié), des entreprises et des communes, ainsi que des subventions à
travers Proxima et le Contrat Régional de Développement durable. D’autres
actions ou vastes manifestations menées aussi par des communes ou la
Communauté de communes du Thouarsais montrent que les autorités et les
pouvoirs publics mobilisés sur les questions environnementales participent
ainsi à la dynamique de verdissement et prennent des décisions pour
préserver l’environnement. Certains projets présentent simultanément d’autres
dimensions : économique, touristique, pédagogique dans le cas de TIPER.
Deux remarques enfin à propos de l’économie « verdissante » thouarsaise.
D’une part, il existe une proximité entre ce territoire et la région Pays de Loire
et un certain nombre d’entreprises se tournent naturellement vers le Maine-etLoire voisin, que ce soit dans l’optique de relations interentreprises selon une
logique circulaire, ou pour les services de la CCI 49. Ceci est confirmé par la
chargée de mission hygiène, sécurité, environnement, accessibilité de la CMA
qui intervient peu sur le Thouarsais. D’autre part, pour leur stratégie de
verdissement, la logique d’organisation des groupes, y compris coopératifs,
est extra-territoriale : des solutions générales établies sans tenir compte des
spécificités territoriales et des structures et associations environnementales
présentes localement. La mutualisation est prévue en interne : collecte des
déchets par les camions en même temps éventuellement que livraison,
fournisseurs du groupe, relations minimales avec les autres acteurs
économiques (seulement les clients, la banque). Bien que déclarant ne pas
exclure la participation à un éventuel projet local, la filiale d’un groupe s’en
remet en général au groupe pour toutes les décisions concernant
l’environnement, pour établir des dossiers comme pour être informée.
L’avantage dans l’absolu est qu’un groupe très engagé dans le
développement durable ou la RSE « irrigue » en quelque sorte ses filiales et
leur apporte le nécessaire pour que soient mises en œuvre à leur niveau des
pratiques vertueuses. Sans être a priori incompatibles, ce type de
verdissement microéconomique extra-territorial a besoin à un moment donné
d’être articulé avec la dynamique de verdissement du territoire qui repose,
quant à elle, sur des entreprises reliées entre elles et formant un écosystème.
Comment renforcer la dynamique de verdissement du territoire selon les
entreprises ?
Les entreprises de notre échantillon font part de leurs besoins, des difficultés
qu’elles rencontrent dans leur démarche environnementale et des acteurs sur
qui elles comptent pour favoriser le verdissement du territoire. Elles en restent
61
à des considérations pragmatiques, conformément à la dynamique de
verdissement sur T3 qui se fait sans formalisation préalable ni projet
d’écologie industrielle et territoriale.
Quelques entreprises insistent sur la nécessité de mettre en exergue dans la
communication sur cette question environnementale les arguments
économiques. En respectant des normes environnementales, on peut réaliser
un gain économique surtout si l’aide peut fonctionner par étapes, une première
étape consistant en diagnostics légers offerts par la Région par exemple. Il
s’agit aussi plus concrètement de s’appuyer sur des dispositions
réglementaires, jugées plutôt efficaces, ou des incitations fortes, y compris au
niveau de la Communauté de communes à travers des mesures concernant le
recyclage des déchets ou sa politique du logement (contre l’insalubrité par
exemple). Enfin, cela retentit à un niveau plus élevé de réflexion : le défi est
d’« allier écologie et relance de l’emploi » et d’éviter, comme dans certains
secteurs, que les réglementations ne deviennent, prises ensemble, contreproductives en matière environnementale, parce que déjà trop nombreuses
hors environnement ou parce qu’établies auparavant sans prendre en compte
l’environnement et peu compatibles avec les normes pour préserver celui-ci.
Par exemple, la problématique de verdissement de structures d’accueil des
personnes âgées est très compliquée, à cause des normes déjà existantes,
des coûts et de la prise en charge financière des patients, du fait que l’on
répond en priorité à un besoin social, alors que se développe aujourd’hui ce
secteur des services à la personne.
Pour des résultats, il faut « coupler écologie et économie » ! Mais les
dépenses d’investissement environnemental exigent dans de nombreux cas
beaucoup de temps pour produire le retour attendu ; on s’inscrit donc dans
une vision à moyen terme, à laquelle beaucoup d’acteurs, y compris des
salariés, ne sont pas habitués, sans compter les délais pour certains dossiers.
Ces freins sont plutôt d’ordre culturel. Au sein d’un même secteur les avis
peuvent être très partagés. C’est le cas des transports. Certains transporteurs
affirment que cette activité ne fait pas partie de l’économie verte, et qu’elle
n’est aucunement concernée par ces questions. D’autres, au contraire, la
présentent comme un secteur clé de la transition écologique et se disent prêts
à relever le défi pour que l’activité ait un avenir. Aux dires des entreprises, une
communication et des explications peuvent être apportées aux secteurs
concernés par des acteurs ou un réseau proches des entrepreneurs. Là
encore, la contrainte qui se durcit dans certains secteurs, sous l’effet de
REACH par exemple, doit être, avec un accompagnement adapté,
transformée en opportunité pour l’entreprise sur son territoire.
62
Sont désignés par les entreprises comme les mieux placés pour intervenir
auprès d’elles et favoriser le verdissement du territoire les acteurs suivants :
CCI (par la moitié des entreprises interrogées), Pays thouarsais, Club des
entreprises du Thouarsais, un directeur de site (via le Club d‘entreprises),
CMA, Chimirec (prestataire déchets), DREAL, Région, CDC, UIMM. Les
entreprises ont besoin en outre, et pour répondre à tous les freins mentionnés,
de visibilité à long terme en général. Cela peut inciter celles qui n’ont pas
encore franchi le pas à se lancer. Les microentreprises sont sensibles aussi
aux mesures renforçant l’activité locale en général. Les deux tiers des
entreprises qui ont intégré les préoccupations environnementales dans leurs
activités ont besoin d’être confortées dans leur engagement environnemental,
et que soit encouragé le management environnemental à leur niveau.
Quelques-unes, pionnières sur leur territoire, en sont déjà à ce stade et
peuvent « tirer » les autres. D’autres n’ont pas choisi l’intégration au cœur de
l’activité principale, mais ont introduit des activités vertes (installations
d’énergie renouvelable par exemple) à côté des activités traditionnelles. Grâce
à la dynamique territoriale thouarsaise particulière, tous ces acteurs se
trouvent reliés et s’en apprennent mutuellement sur les stratégies possibles.
63
III.4 Dynamique observable sur le territoire T4
Figure 6 : Entretiens réalisés sur T4 :
Nord-Ouest Charente-Maritime
T4 représente dans notre étude le territoire qui connaît une forte dynamique
de verdissement. Les seize entreprises qui composent l’échantillon sont
situées en Charente-Maritime à proximité du littoral sur le territoire de la
Communauté d’Agglomération de la Rochelle (CdA). Plus précisément elles
sont localisées sur les communes de La Rochelle et Périgny, aucune de celles
contactées sur Aytré n’ayant accepté l’entretien. Neuf sont des
microentreprises ; cinq ont un effectif de plus de 49 salariés. Dans le détail,
trois entreprises ont respectivement 50, 52 et 63 ; l’une comporte une centaine
de salariés sur le territoire, mais 400 dans toute la France, l’autre est une
ETI*+ avec un effectif atteignant 400 localement et 720 dans toute la France.
Sur le total, cinq entreprises appartiennent à un groupe. Les secteurs couverts
par l’échantillon sont variés et se conforment aux objectifs méthodologiques
fixés en amont dans l’étude.
35
Entreprise de Taille Intermédiaire : entre la PME et la Grande entreprise, elle compte de
250 à 4 999 salariés, un CA qui n’excède pas 1,5 Mds d’euros et un bilan n’excédant pas 2
Mds d’euros [définition de l’INSEE] ; seule la variable effectif est prise en compte ici.
64
Tableau 12 : Les secteurs d’activités des entreprises interrogées sur T4
Secteur d’activité
Nombre
d'entreprises
Artisanat ENR
3
Déchets
2
IAA
2
Services aux entreprises
(bureaux d’études)
2
Transport maritime
2
Agriculture
1
Blanchisserie industrielle
1
BTP
1
Imprimerie
1
Industrie du bois
1
Total
16
Outre le fait qu’il se situe au cœur de l’agglomération de la deuxième aire
urbaine de la région Poitou-Charentes, le territoire T4 présente deux
caractéristiques fortes qui le distinguent des autres territoires de notre étude.
La première est sa grande attractivité économique 36 . La seconde tient au
projet d’écologie industrielle Biotop lancé en 2010 par le Club d’Entreprises de
Périgny. Ces deux éléments de contexte jouent fortement dans l’analyse de la
dynamique de verdissement à l’œuvre sur ce territoire. De surcroît, en termes
de perspectives, il convient d’intégrer, d’une part, la stratégie de
développement économique de la CdA, visant à soutenir l’innovation, le
développement des entreprises locales et la création d’entreprises, et, d’autre
part, l’ambition à terme que Biotop se déploie sur l’ensemble des zones
d’activités de la CdA. Le point de vue des entreprises est alors
particulièrement pertinent parce qu’elles restent dans ce contexte les premiers
acteurs du verdissement des activités et les mieux placées pour indiquer
comment le processus peut être soutenu et renforcé sur leur territoire.
36
Le regain d’attractivité de l’aire urbaine de La Rochelle date des années 1990 et se traduit
par un dynamisme à la fois économique et démographique.
65
Première observation : un territoire attractif, d’entreprises dynamiques en
terme de verdissement
Les trois quarts des firmes de l’échantillon, soit 12 au total, ont entrepris des
actions verdissant leurs activités. Trois n’ont rien fait ni projeté, et une
entreprise a un projet. L’attractivité du territoire ne fait aucun doute quand on
observe les raisons de l’implantation de l’activité à cet endroit : venus pour les
études, certains y sont restés pour les facilités offertes par la CdA aux jeunes
diplômés créateurs d’entreprise, notamment à travers l’hôtel d’entreprises à
loyer préférentiel. D’autres y ont trouvé des opportunités de business (contrat
avec la CdA, carnet de clients constitué) ou des avantages en s’installant dans
la zone industrielle : proximité favorable sur le plan de la stratégie industrielle,
proximité des fournisseurs, accès rapide à la rocade. L’espace disponible est
en général très apprécié. La moitié des entreprises ont un attachement familial
localement, certains entrepreneurs ayant choisi de venir vivre ici.
Toutes les entreprises se sentent au minimum concernées par les questions
environnementales et une sur deux se considère même comme faisant partie
de l’économie verte. Toutefois les trois entreprises qui n’ont mené aucune
action sont des microentreprises qui appartiennent à des filières vertes. C’est
principalement la taille de l’entreprise qui est avancée comme constituant un
frein37, mais il est clair aux yeux du dirigeant que « l’entreprise ne souffre pas
d’un problème d’image vu son activité ! ».
En matière de formation, les réponses des entreprises sont partagées entre
celles qui reconnaissent un besoin à ce niveau, et celles qui n’en voient pas ;
et pour les premières, il s’agit surtout d’un besoin de sensibilisation ou
d’information. Il faut dire que certains personnels sont déjà compétents du fait
de leur formation initiale, et que l’on recherche encore beaucoup plus des
compétences transversales (métiers du développement durable, de la QSE),
quand l’entreprise n’a pas déjà ce profil de personnel en poste. Quelques
entreprises expriment des attentes d’ordre éthique ou d’adaptabilité à l’égard
des salariés ou des candidats à l’embauche (déjà sensibilisés au tri des
déchets par exemple).
Les entreprises de l’échantillon ont déjà mené une palette assez vaste
d’actions dans le domaine environnemental. Pour ce qui est de la gestion des
déchets, qui est généralement ce que l’entreprise met en avant parmi ses
actions environnementales, se retrouvent le tri (carton, plastique,
emballages) et le recyclage (bois, papier de bureau) y compris sur les
37
L’effectif de ces entreprises est au plus de cinq personnes.
66
chantiers (câbles, gaines). Des prestataires externes sont sollicités en outre
pour la collecte des métaux et des déchets dangereux, l’incinération de
certains déchets, le traitement des huiles usagées et le recyclage des
batteries. Les entreprises cherchent plutôt à aller plus loin que ce minimum,
par le traitement et la valorisation en interne si possible (déchets de bois
recyclés pour le chauffage par exemple), en étendant à d’autres matières la
valorisation (marc de café, sacs de jute par exemple), ou en adoptant en
amont un comportement visant à réduire les déchets (livraison par les
fournisseurs dans des contenants beaucoup plus grands, mise en place d’un
système de distributeurs rechargeables de produits comme l’encre, de
consignes d’emballages), en privilégiant des solutions meilleures à
l’enfouissement ou à l’incinération si elles existent. Certaines souhaitent limiter
strictement l’utilisation de produits chimiques et composés volatils dangereux
(produits nettoyants, encre) et même, pour l’une, étendre la précaution à
des produits non encore répertoriés dangereux. L’une pratique l’agriculture
raisonnée. Des dirigeants relient vigilance sur les approvisionnements et
origine, française ou européenne, des produits ou matériels qu’ils achètent. Si
une seule firme évoque directement la réduction des gaspillages, trois parlent
d’appliquer la méthode ACV, et parmi elles, l’une recourt à la sous-traitance
d’un bureau d’études et a même acquis l’outil informatique pour faire les ACV
en interne. L’adoption de plaques thermiques en remplacement des
argentiques dans le système CTP (Computer-to-Plate) en imprimerie participe
de cet effort, ainsi que le choix du papier certifié FSC ou le bois PEFC. Pour
deux des entreprises interrogées, le choix de l’éco-conception conditionne
déjà nettement leur offre de produits.
A travers leurs actions environnementales, les entreprises apparaissent
sensibles aussi aux différents rejets et à l’eau. Les premiers peuvent inclure
les fumées et échappements de combustion, les rejets gazeux et liquides.
Outre les efforts pour l’économie de la ressource en eau, les acteurs sont
portés globalement à prévoir, si les coûts ne s’avèrent pas trop élevés, un
système de récupération. Là encore, pour l’eau, l’écart est grand entre
l’entreprise d’un secteur d’activité grand consommateur d’eau qui a investi
pour le traitement et le maintien de son niveau de qualité, et d’autres dont
l’action dans ce domaine peut rester marginale ou se limiter à celle obligatoire
(mise aux normes par rapport aux réseaux de collecte).
En matière d’économies d’énergie, quand les rénovations de bâtiments et
travaux d’isolation n’ont pas encore été entrepris pour diminuer sensiblement
la consommation, l’entreprise est déjà sensibilisée et agit en conséquence :
elle peut aller jusqu’à renoncer à chauffer un local totalement non isolé et/ou
ne pas utiliser un bureau en hiver. Un audit énergétique réalisé est déjà pour
67
un dirigeant l’occasion de sensibiliser ses collaborateurs sur les déperditions
et de les associer à l’objectif d’améliorer leurs conditions de travail dans les
bâtiments. Des efforts d’investissement ont été faits par plusieurs entreprises
pour des matériels moins énergivores et des récupérateurs de chaleur. Et
outre le fait de se fournir davantage en énergie verte, trois entreprises de
l’échantillon ont choisi de produire de l’énergie renouvelable (essentiellement
PV).
Pour ce qui concerne les transports et tous déplacements, les actions sont
diverses et bien réelles : optimisation (géolocalisation, regroupement de
commandes, préparation et organisation des approvisionnements des
chantiers, pas de dispersion géographique des chantiers), éco-conduite, les
transports doux (vélos sur le site), les transports collectifs (train, bus), les
véhicules récents, électriques ou hybrides. Une entreprise a poussé
l’engagement dans ce domaine à travers un PDE (avec la CdA) sur lequel elle
communique, une application informatique pour le co-voiturage, et des actions
auprès des transporteurs (pour des camions à double plancher, pour le bilan
carbone Charte ADEME). Enfin, plusieurs entreprises encouragent leur
personnel à dématérialiser tout ce qui peut l’être.
Pour les deux tiers des entreprises la démarche RSE a déjà du sens en
interne. Toutefois, soit elles l’ont surtout engagée sur certains aspects (pour le
personnel par exemple) et très peu sur d’autres, soit elles n’ont pas encore
formalisé du tout la démarche, soit elles ne communiquent pas ni ne valorisent
leurs efforts dans le domaine.
Deuxième observation : le rôle du Club d’entreprises de Périgny et l’éco-réseau
Biotop
Les acteurs interrogés citent en exemple à proximité pour les actions
environnementales « les entreprises de Biotop », et à de nombreuses reprises
Léa Nature a été mentionnée. Celle-ci, spécialisée dans la conception et la
vente de produits bio et naturels dans les domaines de l’alimentation, la
cosmétique, la santé et la diététique, s’est engagée sur la Labellisation
Ecocert 26000 en RSE niveau Excellence et Engagement Climat. Comportant
environ 700 collaborateurs sur huit sites de production en France dont trois
dans la région Poitou-Charentes, Léa Nature a son siège et son site principal
en effectif à Périgny. Avec 125 millions de chiffre d’affaires, la société offre
l’image de la réussite économique brillante, ayant même un statut de
locomotive bien au-delà de T4, tant ses pratiques en faveur des valeurs
environnementales sont fortes et connues en France. Après vingt années
d’existence de l’entreprise et autant d’engagement de son fondateur-dirigeant
68
Charles Kloboukoff, elle confirme d’abord que le bio et le retour aux produits
naturels relèvent davantage d’un mouvement de fond que d’un phénomène de
mode, et elle prouve aussi, à travers les parts de marché gagnées, que dans
l’alimentation comme pour les produits autres qu’alimentaires, la dynamique
économique de ces produits est favorable, tendance que n’a pas stoppée la
crise. Léa Nature mène une communication externe pour éveiller les
consciences sur les questions environnementales et soutient le tissu
associatif, en plus des innombrables actions en interne tant sur le plan social
qu’environnemental.
Huit entreprises sur les seize que comprend notre échantillon sont adhérentes
du Club d’Entreprises de Périgny. Il s’agit donc du réseau le plus important sur
le territoire selon les entreprises. Le Pôle des Eco-industries pourtant présent
est loin derrière, évoqué par trois entreprises seulement. De nombreux autres
réseaux sont mentionnés mais une fois seulement (cf. annexe 5). Et seules
deux entreprises disent n’appartenir à aucun réseau.
Sans être la seule, le rôle joué par le Club d’Entreprises de Périgny constitue
une caractéristique fondamentale du verdissement du territoire T4. Il s’agit
d’un réseau d’échanges s’adressant à toutes les entreprises de la zone
d’activités de Périgny et du territoire de la CdA. Sur la base de problématiques
communes, les adhérents, au nombre de 120, peuvent partager leurs
expériences et développer leur réseau professionnel. Le Club cherche en
outre à faciliter l’intégration des jeunes entreprises localement, et les
rencontres avec d’autres clubs d’entreprises38. Impliqué dans les réflexions
concernant le développement économique local, et notamment
l’aménagement et l’équipement, il est à l’initiative du projet Biotop qui émerge
en 2011. Celui-ci est une démarche d’écologie industrielle visant à réduire les
impacts environnementaux de la zone industrielle de Périgny d’abord, et à
terme de l’ensemble des zones d’activités de la CdA. Dix bénévoles
constituent le bureau du club, mais c’est surtout à travers la présence et
l’implication concrète d’un animateur que les entreprises parlent de cet écoréseau. La majorité d’entre elles relie directement leurs actions
environnementales à la dynamique impulsée par Biotop et surtout son
animateur.
D’abord, précisons ce qu’apporte à l’entreprise a priori et globalement
l’adhésion à Biotop : un accompagnement personnalisé et un pré-diagnostic
environnemental ; des services et solutions mutualisés pour une gestion
environnementale facilitée ; l’appartenance au réseau d’écologie industrielle
38
Il est membre de l’UCER qui est l’Union des 7 Clubs d’Entreprises de l’agglomération
rochelaise.
69
soutenu par l’ADEME, le Pôle des Eco-industries, la Région Poitou-Charentes,
le Conseil Général de la Charente-Maritime et la CdA. Dans le détail, outre les
pré-diagnostics environnement et pré-études en partenariat avec le Pôle des
éco-industries, l’entreprise y trouve concrètement des collectes de déchets
organisées, des ateliers de formation ou d’information sur le développement
durable, des formations intra ou inter-entreprises à tarifs avantageux, des
achats groupés pour des équipements ou des prestations (conseil ou analyse
des risques), et de l’aide aux financements (montage des demandes, veille).
En adhérant 39 , les entreprises disposent donc d’emblée d’un cadre assez
fourni favorisant leur engagement et facilitant la mise en œuvre d’une
démarche environnementale à leur niveau. L’existence d’un tel cadre ressort
nettement des entretiens à travers la présentation que font les entreprises des
actions qu’elles ont menées. Par comparaison, puisque ce ne sont pas les
mêmes, les entreprises appartenant plutôt à un réseau professionnel ou
sectoriel, et soutenues par ce réseau pour leurs actions de verdissement, ont
davantage à prendre en charge et à organiser par elles-mêmes au niveau de
la démarche globale. Par contre, elles bénéficient d’un accompagnement et
d’une veille informationnelle et réglementaire cœur de métier. Notre enquête
montre que l’adhésion au Club d’Entreprises de Périgny n’implique pas
nécessairement un engagement de l’entreprise sur le plan environnemental.
Ensuite, la logique circulaire de l’économie prévaut dans Biotop, et ceci dès
l’origine du projet. En 2008, une commission Achats du Club s’est fixée
l’objectif d’optimiser les coûts, notamment en matière de gestion des déchets.
L’idée du recyclage a incité la commission à rechercher les synergies
possibles entre les entreprises, puis à élaborer la démarche, assistée du Pôle
des Eco-industries, et à s’appuyer aussi par la suite sur les diagnostics
environnementaux réalisés. L’identification de synergies éco-industrielles s’est
faite récemment, et dans nos entretiens quelques entreprises seulement font
référence à la récupération et au recyclage de déchets entre elles (sacs de
conditionnement réutilisés par une autre entreprise par exemple). Au-delà, les
collaborations au sein de Biotop pourront, avec la participation éventuellement
de centres ou structures pour la recherche et l’innovation, donner lieu à de
nouveaux produits ou matières. Il s’agit essentiellement ici des CRITT
horticole et agroalimentaire régionaux ; une entreprise formule des attentes en
particulier à l’égard du CRITT Matériaux.
Enfin, la réussite manifeste de Biotop est dans la mise en relation
d’entreprises qui, bien qu’acteurs de proximité, ne se côtoyaient pas
auparavant, et dans les solutions trouvées ensemble pour que les déchets des
39
Elles sont 55 à s’être engagées en 2012, avec une trentaine de diagnostics
environnementaux réalisés dès cette première année.
70
unes puissent servir de matières premières à d’autres. Sur ce plan, Biotop
réalise, en partie au moins, son objectif de « participer activement, sur le
terrain, au développement durable du territoire ». Une entreprise pose
directement la question de la pérennisation de l’emploi de l’animateur dans la
mesure où, de son point de vue comme selon d’autres, celui-ci joue un rôle
très important dans la dynamique de verdissement de T4, donc non seulement
sur la zone industrielle de Périgny mais potentiellement sur le territoire de la
CdA.
Troisième observation : au-delà du Club d’Entreprises de Périgny : des acteurs
présents et engagés sur ce territoire
La présence d’acteurs dans les services liés à l’environnement constitue un
atout important et les entreprises organisent leurs efforts environnementaux
aussi en fonction de ces services à proximité. Arrivent en tête les bureaux
d’études mentionnés par le tiers des entreprises interrogées sur T4, puis NCI
environnement. Filiale du groupe PAPREC, celle-ci intervient sur toute la filière
déchets (collecte, tri, traitement, recyclage, valorisation, stockage), l’agence
de la Rochelle ayant un effectif de l’ordre de 100 salariés. La déchetterie est
évoquée à deux reprises. D’autres acteurs interviennent dans le domaine des
déchets : Derichebourg à La Rochelle pour les métaux, Adivalor pour la
collecte et l’élimination des déchets phytosanitaires, qui fait également de
l’information et de la prévention en amont. Viennent ensuite des structures et
personnes très variées, signalées à titre de prestataires dans le domaine
environnemental : Apave à Périgny qui propose un accompagnement sur la
maîtrise des risques, Dekra Industrial pour le contrôle et l’inspection des
installations et bâtiments, les fournisseurs, « un stagiaire de l’Université de la
Rochelle », le CRITT agroalimentaire, l’ADEME et la CCI (veille
réglementaire). On retrouve l’ADEME signalée parmi les acteurs ayant
déclenché des actions verdissantes.
Certes en elle-même la zone industrielle de Périgny constitue un pôle
économique dynamique, qui regroupe 250 entreprises sur 300 hectares. Mais
le dynamisme de T4 tient aussi à la présence de nombreux réseaux sur le
territoire de l’agglomération d’une ville qui, très tôt, eut des initiatives relevant
de l’écologie urbaine : vélos en libre service, voitures électriques en libre
service, bus électriques Une des priorités de l’agglomération reste la ville
durable de demain, par le développement de l’éco-mobilité et aussi de l’écohabitat. Et la filière des éco-activités se trouve nettement encouragée par des
structures, infrastructures, dispositifs, soutiens et accompagnement à
l’innovation et la recherche, en faveur de la création et du développement
d’activités innovantes. Des compétences dans les structures de formation
71
supérieure et des laboratoires de recherche liés aux thématiques
environnementales s’offrent à proximité. Des réseaux régionaux entretiennent
également des relations avec les acteurs du territoire. De Poitiers
interviennent le Pôle des éco-industries, en tant que partenaire de Biotop et
directement auprès d’entreprises et de centres de recherches, et le Cluster
Eco-Habitat, ou des Deux-Sèvres Futurobois.
En termes de projets et programmes, les collectivités territoriales sont
impliquées dans la transition écologique : PCET obligatoire lancé en juin 2012,
Agenda 21 lancé en 2010, projet d’aménagement d’un éco-quartier, appel à
projets SoWATT® (pépinière d’entreprises dédiées aux éco-activités), soutien
financier à Biotop, Yélo pour les transports doux Il faut y ajouter la Charte de
développement durable Port Atlantique La Rochelle, le Comptoir du
développement durable (CDD) de l’agglomération (Point Info Environnement
auparavant) qui est un centre de ressources et d’animation, les nombreuses
manifestations en lien avec l’environnement (Salon de la Croissance Verte en
2012, 2ème symposium international de la Chimie Verte en 2013, l’éco-festival
Notes en vert), l’opération « Vague bleue » lancée en janvier 2012 par la
CMA 17, avec la CdA, L’Agence de l’eau Loire-Bretagne et le Port de la
Rochelle pour améliorer la gestion des déchets des professionnels du
nautisme (entretien, réparation et construction de bateaux), le vaste
programme de réhabilitation énergétique des bâtiments, et les formations
initiales et continues sur les énergies renouvelables, les bâtiments BBC, les
déchets ou le management environnemental.
Cet ensemble d’engagements concrets, de dispositifs, d’animations, la
mobilisation et l’action concertée d’un certain nombre d’acteurs sur des
actions, manifestations et opérations de grande envergure font de ce territoire
T4 un cadre propice, stimulant pour le verdissement des activités des
entreprises, l’implantation et la création d’entreprises vertes ou vertueuses.
D’ailleurs, pour le déclenchement de leurs propres actions, les entreprises de
notre échantillon mettent en avant le rôle très important joué par la CdA. Or la
CdA ne conseille pas directement les entreprises sur les questions
environnementales, elle les oriente vers la CCI ou la CMA et s’appuie sur ses
partenaires pour offrir aux entreprises services, compétences et expertise en
général, et sur l’environnement en particulier. Dans l’appel à projets PULPE, le
service Développement économique de la CdA a d’ailleurs prévu un prix
spécial « environnement ».
72
Quatrième observation : quelles perspectives quant à la dynamique de
verdissement ? Eléments apportés par les entreprises
Ce territoire présente un cadre particulier pour la problématique de
verdissement des entreprises en raison notamment du dynamisme du Club
d’Entreprises de Périgny portant un projet de type écoIogie industrielle, de la
présence d’acteurs et de services dans le domaine environnemental et d’un
fort engagement de collectivités territoriales comme la CdA. Dans les
déclarations des entreprises au sujet de leurs motivations, de leurs attentes,
des freins et obstacles qu’elles rencontrent, ainsi que dans leurs remarques
libres, elles fournissent des précisions sur la dynamique de verdissement
créée et sur ses perspectives d’évolution de leur point de vue. Vu la taille de
l’échantillon par rapport à la totalité concernée potentiellement par l’enquête
sur ce territoire, il ne s’agira toutefois que d’indication ou suggestion. Ce sont
des éléments jouant positivement et négativement qui sont mis en évidence.
des entreprises convaincues qu’il faut agir pour l’environnement
Y compris celles qui n’ont rien engagé dans le domaine environnemental, les
entreprises sur ce territoire sont sensibilisées et s’intéressent à la question. Et
parmi celles ayant agi, les motivations principales sont l’avenir de la planète
ou la préservation de l’environnement. Mais la firme n’exprime jamais une
seule motivation : elle combine cette première motivation à la prospérité de
l’entreprise ou à l’amélioration de la qualité de vie ou de la santé, ou à la
conviction du dirigeant. Sans en faire nécessairement une question d’image
de l’entreprise, quelques-unes se présentent comme militantes, convaincues
que cela s’impose à elles comme « le sens de l’histoire » ou que cela justifie et
accompagne le progrès technologique aujourd’hui. L’aspect financier en tant
que tel ne ressort pas parmi les motivations, et ne saurait être déterminant vu
la façon dont se positionnent les entreprises en terme de responsabilité de
chacun à l’égard de l’environnement. Ce sont aussi des opportunités de
compétences qu’elles entendent bien saisir dans ce domaine. Hormis ces cas
et ceux où la réglementation a fait naître une démarche dans l’entreprise,
l’idée de « franchir le pas » peut se concrétiser grâce au réseau d’entreprises
ou à la CdA, et dans une moindre mesure aux différents acteurs mentionnés
précédemment. Une ETI précise son point de vue ainsi : on « préfère être
acteur et pionnier que suiveur et contraint ».
Etre motivée peut signifier chercher à surmonter tout frein ou difficulté qui se
présente et qui pourrait compromettre le projet, et c’est le cas sur le territoire
T4. Les entreprises qui ont mené des actions évoquent de nombreuses
difficultés à l’exception de deux. Ces difficultés sont d’ordres variés, et doivent
73
être reliées aux besoins spécifiques de chacune, et aux aides et soutiens
divers obtenus ou pas. Par rapport au marché, elles tiennent :
- au contexte économique défavorable (bâtiment par exemple) ;
- au fait que nous sommes sur des nouveaux marchés encore
émergents à des prix parfois prohibitifs pour la clientèle potentielle donc
très sensibles aux dispositifs d’incitations financières soutenant lesdits
marchés ou à une réglementation forçant le développement de ces
marchés (véhicules électriques et hybrides par exemple) ;
- au fait que les marchés publics et les appels d’offre en général tiennent
insuffisamment compte des aspects environnementaux et encore trop
souvent exclusivement des prix ;
- au manque de visibilité et de reconnaissance dont souffrent ces
entreprises plutôt vertueuses relativement à leurs concurrents.
Un autre type de difficulté rencontré est l’opacité de l’information et la
complexité du « système sur tout ce qui touche de près ou de loin à
l’environnement ». Il existe un réel besoin de clarifier au niveau
microéconomique « qui fait quoi » et d’orienter de façon efficace vers le
service, la structure ou l’institution compétent autant pour les problèmes
rencontrés que pour les aides auxquelles pourraient prétendre les entreprises.
Entre l’ADEME, la DREAL et la Région, les petites entreprises expriment le
souhait d’avoir un seul interlocuteur, de préférence local, et de pouvoir
bénéficier d’un suivi personnalisé. En lien avec la réglementation que de
nombreuses entreprises jugent par ce côté défavorable aux initiatives dans le
domaine environnemental, les contrôles et les demandes de mise aux normes
ou d’aménagements sont plutôt mal vécus (« police industrielle », « rôle
répressif »), et les pouvoirs publics ont de fait du mal à apparaître comme
pouvant jouer un rôle positif de conseil et d’encouragement auprès de ces
unités. Les plus grandes, au contraire, s’estiment plutôt bien informées, savent
traiter l’information, sont plus à l’aise avec les dispositifs d’aide et avec les
structures d’appui et d’accompagnement, et reconnaissent que des aides
financières « correctes » (50% du montant), sans être déterminantes, facilitent
vraiment la mise en œuvre des actions verdissantes.
Le problème technologique est souligné à plusieurs reprises dans des
secteurs d’activités pourtant différents. L’entreprise fait évoluer dans ce cas
autant que possible à son niveau, et sur la base de ses besoins spécifiques
(qualité, performance, autonomie) les composants et matériaux par
exemple. Elle se tourne vers les centres de recherche ou les structures de
R&D et d’innovation. Mais le problème d’ordre technologique relève le plus
souvent d’un hiatus créé par le caractère très avancé de ce qu’a installé
74
l’entreprise ou de ce qu’elle souhaite mettre en place. Le Réseau de
Développement Technologique Poitou-Charentes fait partie des acteurs qui
jouent un rôle actif à travers notamment la Prestation Technologique Réseau
(PTR) pour les entreprises qui souhaitent innover ou se développer. A
l’inverse, il arrive que l’entreprise se trouve face à des dispositifs qu’elle juge
trop innovants. La présence à proximité d’acteurs de la recherche et de la
formation supérieure stimulant l’initiative en matière d’innovation et
l’entrepreneuriat est un facteur jouant favorablement quand le lien établi
organise véritablement une coproduction entre les deux milieux tenant compte
des conditions concrètes de l’industrie et des activités économiques dans tous
les domaines qui ont un impact sur l’environnement.
Les entreprises mentionnent évidemment le manque de temps et de moyens
financiers pour mener davantage d’actions mais rarement au titre de principal
écueil. Le besoin en matière de communication est par contre souligné, et
explicité même, par plusieurs entreprises : à destination d’un public très large
et divers, devrait être développée une communication pour informer mais
aussi pour présenter l’intérêt de se tourner vers les « bons » produits et les
« bons » marchés, et de s’adresser aux établissements ayant les meilleures
pratiques. Cela ne peut se réduire à des plaquettes ou des discours, il faudrait
montrer concrètement que ces actions (1) sont reconnues, valorisées
(labellisées par exemple) ; (2) vont dans le sens de l’avenir que se fixe la
société dans son ensemble ; (3) sont économiquement opportunes.
Enfin, « mutualiser » ou « mutualisation » sonne comme un maître-mot dans
les déclarations des entreprises quand il s’agit d’envisager l’avenir. L’existence
d’un éco-réseau d’entreprises a certainement contribué à répandre cette
nouvelle vision des relations entre entreprises et à ouvrir l’étendue des
possibilités de coopération et de (re)groupement. Désormais, outre la
mutualisation dans les domaines des déchets ou des transports, certaines
entreprises pensent à l’appliquer pour les aides, pour embaucher une
personne qualifiée pour monter les dossiers des projets liés à l’environnement,
pour la démarche ISO, pour la veille technologique De la même manière
que l’écoconception semble faire son chemin, il semblerait que, plus
largement, la logique de l’économie circulaire soit en train de s’inscrire dans
des pratiques d’entreprises et, à ce stade surtout, dans les modes de pensée
et dans la définition des stratégies possibles. Cela confirmerait que le cadre
offert par les autres acteurs sur le territoire, y compris le Club d’Entreprises de
Périgny, est propice à un processus d’apprentissage des entreprises.
75
quels acteurs pour favoriser la dynamique et la renforcer selon les
entreprises ?
Se pose sur ce territoire le problème des petites entreprises dans les filières
vertes qui éprouvent des besoins particuliers. D’un côté, davantage qu’une
veille réglementaire au niveau d’un réseau ou d’une institution proche des
acteurs microéconomiques, certaines activités devraient, selon leur dirigeant,
être directement informées lorsque la loi ou de nouvelles décisions publiques
affectent directement leur activité : par exemple, lorsqu’est modifié le tarif de
rachat de l’énergie renouvelable et qu’il est certain que leur clientèle
potentielle adaptera en conséquence ses projets d’investissement. D’un autre
côté, ces entreprises souffrent particulièrement du fait qu’elle sont soumises à
la même loi que les grandes entreprises, alors qu’elles ne disposent pas des
moyens équivalents pour démarcher et se faire de la publicité. Elles doivent
s’en remettre à la communication organisée autour de l’Artisanat, dont elles
ignorent l’efficacité.
Autre élément, la plupart des entreprises du territoire ont des activités liées au
développement de l’économie verte et donc aux politiques pour soutenir cette
croissance verte (par exemple une part non négligeable de bio dans l’IAA, des
moteurs électriques dans les transports, de l’ENR dans les bureaux d’étude,
de bois dans le BTP). A travers l’évolution récente, elles prennent
conscience de leur dépendance à l’égard des réglementations (dont RT 2012),
et des dispositions fiscales ou des aides incitatives régionales, de l’évolution
des mentalités, et des médias s’ils relaient ces préoccupations ou diffusent
l’information sur les éco-produits ou les éco-technologies. Les perspectives de
développement des activités des entreprises ne sont pas négatives en général
sauf concernant l’énergie solaire photovoltaïque, la collecte des déchets
ménagers ou l’imprimerie.
Les pouvoirs publics en général, et la réglementation particulièrement, jouent
un rôle non négligeable dans la dynamique locale de verdissement. Les
entreprises en sont conscientes, mais c’est le plus souvent sous l’angle négatif
qu’elles l’abordent. Elles mettent en avant les obstacles qu’érige la
réglementation, et les incitations défavorables à l’environnement qu’elle induit,
en les déresponsabilisant dans les faits sur ces questions. Ce résultat tient
dans quelques cas aux coûts financiers importants, parfois non anticipés pour
la mise en conformité d’installations. Des entreprises ne comprennent pas les
contraintes réglementaires sur certaines questions qui leur semblent pourtant
simples, relativement à l’installation de panneaux photovoltaïques ou à la
récupération des eaux de pluie par exemple.
76
Pour l’avenir, les avis divergent sur la question de savoir quel acteur est le
mieux placé pour coordonner les actions de verdissement sur le territoire.
Pour un tiers des unités économiques, le Club des entreprises était bien placé
et l’a très bien fait, donc il faudrait lui conserver ce rôle important et
l’animateur. Pour un autre bon tiers, on considère que c’est un ensemble
d’acteurs qui répond à la question : la CdA, la Région et le Pôle des Ecoindustries, et les CCI, en plus du Club et autres réseaux d’entreprises (dont
CGPME). Les autres entreprises mentionnent des acteurs divers, de façon
parfois imprécise, mais insistent sur la nécessité que l’acteur (ou les) acteur(s)
connaisse(nt) le monde de l’entreprise. Plusieurs acteurs locaux ont eu l’idée
de la création d’une sorte de Pôle des industries nautiques et
environnementales pour la communication (produits, réglementations,
fournisseurs) et pour la mutualisation (veille technologique par exemple). La
CdA pourrait accompagner, selon les mêmes acteurs, ce type de projet.
En dehors des questions ouvertement posées sur les acteurs déclenchant ou
favorisant les actions environnementales au sein des entreprises ou dans
« l’espace mutualisation », celles-ci expriment largement l’importance de
Biotop qui constitue un projet mobilisant ouvrant le champ des possibles pour
des entreprises manquant de moyens, et qui produit un espace réel pour
travailler ensemble : en plus des ateliers thématiques et formations offerts
dans ce cadre, il crée l’opportunité pour que se fassent des échanges et que
puissent exister des groupes de travail ou de réflexion d’acteurs
microéconomiques souhaitant s’engager davantage. Deux souhaits ont été
émis par les entreprises elles-mêmes relativement à Biotop : d’une part, que
cette démarche puisse essaimer vers les autres clubs d’entreprises ; d’autre
part, qu’elle soit soutenue également, l’éco-réseau ayant besoin directement
de moyens pour ce qu’il leur apporte en termes de services et pour avancer
dans le développement durable du site, donc sur le plan du management
environnemental. Cette question du soutien financier et du financement du
poste de l’animateur pour l’avenir du projet, confirmée par le Président du
Club, se pose au moment de notre enquête. En même temps selon celui-ci, la
vitalité du projet, sa réussite et son développement à l’avenir dépendent
largement du dynamisme d’un certain nombre d’entreprises du réseau.
77
III.5 Dynamique observable sur les territoires : essai de comparaison et
synthèse globale
Il ne s’agit pas ici de présenter et développer les constantes qui sont
ressorties de la totalité des entretiens puisque ce sera l’objet de notre partie
suivante. Après l’exposé de la dynamique de verdissement qui caractérise
chaque territoire, on peut s’interroger sur les principaux éléments qui la
différencient quand on passe d’un territoire à l’autre, et tirer quelques résultats
de synthèse sur ce qu’est un territoire en verdissement dans la région PoitouCharentes. Rappelons au préalable, dans le tableau et les schémas suivants,
la répartition des entreprises de l’enquête entre :
A : celles qui ont entrepris des actions dans le domaine du verdissement ;
B : celles ayant un (ou des) projet(s) dans ce domaine ;
C : celles n’ayant rien fait ni projeté dans ce domaine.
78
Tableau 13 : Répartition des entreprises par territoire selon leur verdissement
A l’issue de notre analyse par territoire, il est clair que les dynamiques
observées sur chacun des territoires d’étude ne sont pas exactement
conformes à nos hypothèses posées préalablement quant au degré de
verdissement respectif : le territoire T1 connaît une dynamique de
verdissement certes faible mais bien réelle ; T2 a une dynamique émergente
plus forte que prévue ; T3 et T4 sont deux territoires ayant une dynamique de
verdissement relativement forte. La gradation supposée au départ ne se
retrouve donc pas telle quelle dans les résultats. En même temps, on constate
des constances et des dissimilarités qui permettent d’établir qu’il existe à la
fois une certaine progression et une différenciation visible entre les territoires
en verdissement. Une dynamique plus forte ne signifie pas simplement avoir
79
davantage d’entreprises actives en matière environnementale sur le territoire.
Les quelques observations suivantes synthétisent les principaux résultats.
Première observation : la progression s’apprécie à travers les actions menées
par les entreprises
Les projets ne permettent pas d’établir une hiérarchie de degré de
verdissement. Le territoire T2 arrive en tête avec des projets dans les secteurs
de l’artisanat et l’agriculture, et des acteurs facilitant (Chambre d’agriculture et
CETA) pour le projet de méthanisation. Le contexte de crise économique n’est
pas propice au lancement de nouveaux projets et il a affecté davantage le
secteur industriel, l’artisanat dont le bâtiment, et le petit commerce, moins
représentés sur T4. A l’opposé l’impact de la crise s’est fait durement sentir
sur T1. Pour ces raisons, rien ne peut être déduit sur la base des projets
uniquement.
Par contre, au sein des actions menées s’affiche nettement la différence entre
les territoires, et ceci par le cumul de deux phénomènes : davantage
d’entreprises impliquées et davantage d’actions par entreprise impliquée.
Premier domaine d’actions des entreprises en matière environnementale, la
sensibilisation à la gestion de déchets n’a pas partout atteint ses objectifs.
L’étape de l’internalisation des coûts de gestion des déchets est la première
significative dans le processus de verdissement des activités sur un territoire,
et celle-ci n’est pas encore franchie sur T1. A partir de T2, cette problématique
est internalisée : les bonnes pratiques en matière de tri, collecte et recyclage
peuvent se développer. L’effort de réduction des déchets, le développement
de la récupération et du recyclage ainsi que la recherche de nouvelles façons
et nouvelles techniques de valorisation s’observent quant à eux en T3 et T4.
La sensibilité aux rejets et pollutions de toutes sortes liés à l’activité n’est
acquise qu’en T4.
La conception circulaire sous la forme de flux de matières ou d’énergie entre
entreprises à proximité, et relative à l’efficacité de la consommation de
ressources gagne du terrain en T3 et T4. Les unités microéconomiques y sont
d’ailleurs sensibilisées au cas de la ressource en eau. De façon générale,
alors que la valorisation des externalités (eau, chaleur, déchets) avec
réinjection en interne ou dans le procédé industriel d’autres entreprises locales
est éloignée des réalités de T1 et des préoccupations de ses entreprises, elle
prend aujourd’hui la forme d’un défi à relever pour un certain nombre
d’entreprises de T3 et T4. En lien avec l’objectif d’économie d’énergie et de
réduction de coûts parfois aussi, les actions relevant des transports (durables)
et des déplacements (doux) plus fortes et plus nombreuses sur T4 sont
80
facilitées par les infrastructures et les services à la mobilité durable offerts par
le cadre urbain et la politique de la CdA (PDU).
La sensibilisation à l’efficacité et la maîtrise de la consommation d’énergie
atteint d’autant plus facilement son objectif que les entreprises y voient une
façon de réduire des coûts et, dans une moindre mesure, des risques en
matière d’approvisionnement. Une distinction importante entre les territoires
s’opère cependant au niveau du domaine des possibilités à cause du coût très
élevé de la rénovation et de l’aménagement des bâtiments, et d’une aisance
relative de certaines entreprises par rapport au système d’aides à la décision
et de soutiens financiers. Sur T3 et T4, les entreprises vont plus loin,
sensibilisées pour une partie d’entre elles à l’efficacité énergétique des
process et usages transversaux. Ceci est à mettre en relation de façon plus
générale avec la montée de la démarche ACV, et de la vision en terme de
synergies de secteurs et d’acteurs.
Deuxième observation : la dynamique de verdissement des entreprises est
corrélée à la présence de services à l’environnement et à l’implication de
structures environnementales sur le territoire et de réseaux et organismes
représentant les entreprises
Le tableau 14 rassemble quelques résultats qui suggèrent un lien entre les
actions et projets environnementaux des entreprises d’une part et leurs
principaux réseaux.
Part des entreprises
dans le total de
chaque territoire :
- ayant mené des
actions et des
projets de
verdissement
- n’appartenant à
aucun réseau
Principales
structures
Intervenues dans le
verdissement
Réseau
d’entreprises locales
T1
T2
T3
T4
50%
59%
65%
81%
50%
29%
23%
12%
CAPEB
Agrobio/Chambre
agriculture/CETA
EI2S
Aucun
Groupement des
Entreprises du
Chauvinois
(GEC) :
l’environnement,
une thématique
parmi d’autres
Club des
entreprises du
pays
thouarsais :
l’environnement,
une thématique
parmi d’autres
Pôle des Ecoindustries
Biotop
Club
d’entreprises de
Périgny :
engagement à
travers l’écoréseau Biotop
81
Les entreprises sur T1 se sentent relativement isolées, même celles
appartenant à un réseau. Sur T1 ce sont des réseaux et organisations
professionnels et sectoriels qui relient des entreprises aux autres acteurs
socioéconomiques, et indirectement aux sphères décisionnelles. A partir de
T2, le club ou groupement d’entreprises locales va jouer un rôle dans le
verdissement, mais c’est en T4 seulement que l’environnement n’est plus
abordé comme n’importe quelle autre problématique commune et donne lieu à
un projet mobilisateur au-delà du réseau. Une meilleure connaissance des
entreprises entre elles, avec visites éventuelles de sites, organisées par le
club, apparaît un préalable intéressant. Les organismes consulaires quant à
eux ont une implication en matière environnementale auprès des entreprises
très variable selon les départements.
Soulignons l’importance des services à l’environnement présents à proximité.
Quand cet enjeu n’est pas bien perçu par les autorités sur un territoire, comme
l’illustre la gestion des déchets sur T1, un recul des bonnes pratiques peut être
provoqué par un durcissement des conditions d’accès aux services (tarif,
quantité, nature). Car tant que le seuil de sensibilisation n’est pas totalement
franchi et que l’internalisation de tous les coûts liés à son activité ne va pas de
soi pour l’entreprise, l’intérêt économique prime encore. La gradation observée
en général sur ce plan entre les différents territoires d’étude invite à penser de
plus en plus en terme de management environnemental à l’échelle du
territoire. Dans cette optique, des infrastructures et des services partagés sont
souhaitables pour la mutualisation d’approvisionnement, de traitement, et
même pour l’échange d’informations ou de co-produits. La réponse à ce type
de besoins ne se confine pas au périmètre des entreprises ou de l’action
commune qu’elles peuvent mener ; elle interpelle directement les acteurs qui
ont des responsabilités publiques.
Troisième observation : le rôle des collectivités territoriales
Par rapport aux actions des collectivités territoriales et au constat qu’elles
peuvent jouer un rôle clé dans le verdissement de leur territoire, rappelons les
paramètres qui leur échappent : les grandes orientations nationales en matière
de politique industrielle et environnementale ; les évolutions au niveau des
dispositions réglementaires et des dispositifs de soutien propres à chaque
filière ; les conditions d’application des lois favorables à l’environnement. Elles
disposent malgré cela d’une marge de manœuvre et donc de leviers d’action
sur leur territoire. Leur problématique est alors de pouvoir étendre leur champ
d’interventions à l’intérieur de leur périmètre de compétence. Depuis le point
de vue adopté dans notre étude, nous n’avons que peu d’éléments pour
82
éclairer directement cette question, hormis à travers les exemples fournis par
les entreprises. Quant à ces dernières, certaines sont prêtes à s’engager audelà de leur propre périmètre économique d’action, et le font déjà sur T3 et T4.
Parmi les collectivités jouant un rôle dans le verdissement des activités des
entreprises, quel que soit le territoire, le rôle du Conseil général n’est pas
significatif, excepté peut-être en Charente (sur T1) où il a été mentionné à
deux reprises, et où les entreprises ont très peu d’interlocuteurs par ailleurs.
Quant au Conseil régional, les mêmes dispositifs de soutien existent a priori
partout, mais les territoires les utilisent différemment, voire les sous-utilisent
pour les moins verdissants d’entre eux. Les entreprises sont en général
perdues au milieu de toute l’information en lien avec l’environnement et face à
la complexité des dossiers. La présence d’une interface ou d’un relai sur le
terrain et au plus près des microentreprises se révèle alors indispensable. Ce
peut être une structure associative (Pôle des éco-industries pour T4, EI2S
pour T3) ou un établissement public (ADEME, Chambres consulaires) ou tout
autre prestataire dans le domaine de l’environnement, de la RSE ou du
développement durable. Le territoire T1 semble totalement étanche aux
dispositifs régionaux, alors que T3 et T4 de façon différente parviennent à
mobiliser des fonds régionaux et à bénéficier de services de soutien technique
et d’accompagnement pour des actions ou projets liés à l’environnement. Le
besoin d’interfaces recherche/entreprise se fait plus sentir au niveau
microéconomique quand le territoire est plus verdi (sur T3 et T4).
Quant au rôle des autres collectivités territoriales dans le verdissement, il
transparait comme le montre le tableau suivant quand on compare les
territoires en distinguant quatre niveaux d’engagement : aucun, écoexemplarité, facilitation, politiques actives de développement vert. La
démarche d’éco-exemplarité signifie un minimum d’actions (par rapport à
l’usage des pesticides par exemple) engagées dans ce sens par la collectivité,
connues des entreprises qui les interprètent alors comme un signal. Sur T1, ce
signal semble faire défaut, les entreprises n’évoquant aucune action de la part
des collectivités elles-mêmes dans le domaine environnemental ; sur T2 il
serait trop faible, les entreprises ayant l’impression d’évoluer sur le plan
environnemental pendant que les politiques ont l’air plutôt « figé ». Alors que
sur T4, on va au contraire jusqu’à mettre en œuvre des politiques actives
prenant en compte les différentes dimensions d’un développement
économique respectueux de l’environnement, de type développement durable
du territoire.
83
Tableau 15 : Engagement des collectivités locales (ville centre et
intercommunalité) selon les territoires
T1
-
T2
Ecoexemplarité
T3
T4
. Eco-exemplarité
. Eco-exemplarité
. Actions de facilitation
. Politiques de facilitation
- projet TIPER
(méthanisation)
. Politiques actives sur le territoire
aux niveaux des financements, des
interactions entre les diverses parties
prenantes de projets, réhabilitation et
exploitation du patrimoine,
valorisation du potentiel d’innovation,
stimulation des initiatives et
incubation
Considérons T1 et T2 suite à l’observation des deux derniers tableaux. Bien
qu’ils aient en commun de souffrir d’un manque de valorisation des initiatives
des entreprises locales, une caractéristique qui distingue fortement ces deux
territoires tient aux actions et à l’implication à un niveau plus collectif :
regroupement ou réseau d’acteurs économiques, décideurs publics locaux.
Quatrième observation : deux modes différents de verdissement en présence
Sur différents plans, T3 et T4 ne sont pas comparables. Ils ne le sont pas par
définition, mais aussi en terme de dynamique de verdissement ils décrivent
deux processus engagés différemment. En effet, a priori deux interprétations
sont possibles. Soit on privilégie la question de savoir de quels moyens peut
disposer la puissance publique pour renforcer, intensifier, accélérer la
dynamique de verdissement. L’implication de la collectivité directement dans
le champ microéconomique, en s’appuyant sur une communication adaptée,
permettrait éventuellement l’émergence d’un projet d’économie circulaire ou
d’écologie industrielle. T4 représente alors le stade le plus avancé, le stade
ultérieur du processus de verdissement par rapport à T3. On court toutefois le
risque de stopper ou de contrarier le processus existant, peut-être ancré luimême dans une résilience territoriale. Dans ce cas de figure, on romprait avec
la résistance et l’adaptation qui prévalent dans la philosophie d’un territoire qui
se veut durable et qui a développé à cette fin les contre-forces nécessaires.
Soit on accorde davantage d’importance à la nature des processus à l’œuvre,
et alors le territoire résilient présente des mécanismes jouant de façon
endogène, renforçant par eux-mêmes la dynamique de verdissement
84
enclenchée. Comparant les territoires de l’étude, on est face alors à deux
modalités différentes pour parvenir à un territoire vert.
Dans le cas de T3, il s’agit d’un processus spontané « qui s’ancre » dans une
économie locale d’entreprises reliées et sur un territoire dynamique et
fonctionnant déjà comme un écosystème. Le processus est le résultat d’un
grand nombre d’actions et démarches réellement engagées de façon
décentralisée par des acteurs motivés à leur niveau. Ce sont des initiatives
émanant d’acteurs différents (MEDEF, CCI, Communauté de communes), et
pas seulement des entreprises elles-mêmes, agissant comme des « petites
mains » avec des actions parfois mineures mais participant à créer ce terreau
favorable au verdissement. Le processus ne s’inscrivant pas dans un projet
préalable échappe à la formalisation et atteint un degré de complexité élevé
dû à l’intégration sociale des activités et au caractère diffus des sources de
pression ou d’incitation. Les firmes exemplaires permettent aux autres acteurs
microéconomiques d’avoir une représentation concrète des bonnes pratiques,
ce qui « tire » le processus.
Par contre, T4 est un territoire d’expérimentation in vivo et in situ avec des
réalisations déjà à son actif en matière de verdissement, produit à la fois d’un
projet d’écologie industrielle du Club d’entreprises et d’une politique
volontariste en matière d’environnement, d’innovation, de mobilité, et aussi de
concertation entre acteurs. C’est donc un processus « conduit » par
essentiellement deux types d’acteurs ; il est « conduit » aussi parce qu’il se
produit dans le cadre d’un projet local pensé dans sa globalité et offrant la
possibilité de phase d’extension (spatiale) ou d’intensification (sous la forme
de symbioses industrielles).
Aucun des deux territoires n’est « vert », même si la dynamique de
verdissement est relativement forte sur chacun. Elle gagnerait certainement à
ce que le processus devienne mixte :
- celui qui s’ancre a besoin de décoller, d’être davantage tiré ou accompagné :
par un projet territorial d’écologie industrielle ? Quel rôle peut jouer très
concrètement le club des entreprises ?...
- celui qui est conduit a besoin d’être consolidé, de s’ancrer davantage :
comment le pérenniser, le développer au-delà de la démarche du club des
entreprises ? Comment sensibiliser les entreprises aux enjeux économiques
du verdissement qui sont en même temps des enjeux de territoire ?
Cette approche par les territoires d’étude ne permet pas de rendre compte des
problématiques qui traversent les territoires et ressortent de la totalité des
85
entretiens accordés par les entreprises de la région. La partie suivante adopte
un tel point de vue afin de compléter ces premiers résultats et de dégager de
façon plus précise les besoins des entreprises régionales en matière de
verdissement.
86
IV. Résultats sur la dynamique de verdissement des
entreprises dans leur territoire
Il convient désormais de considérer dans sa totalité l’échantillon d’entreprises
objet de l’étude, et de mettre en évidence les éléments clés des stratégies
environnementales tirés des entretiens. Ils seront exposés ici sous la forme de
moteurs du verdissement puis de freins au verdissement.
En toile de fond se trouvent les dynamiques de verdissement qui caractérisent
les différents secteurs d’activité au niveau macroéconomique, telles que
D&Consultants les a qualifiées auparavant, et qui sont de façon schématique :
- une dynamique exogène, liée aux financements et réglementations dans les
transports, la construction, l’agriculture et l’industrie agroalimentaire ;
- une dynamique volontariste, en lien avec la nature des activités dans
l’industrie du bois, dans l’industrie minérale, et le secteur des mutuellesassurances ESS ;
- une dynamique stratégique due aux grandes entreprises ou à une clientèle
spécifique dans les secteurs suivants : industrie nautique, tourisme, fabrication
d’équipements électriques, sous-traitance automobile et aéronautique ;
- une faible sensibilité des microentreprises de l’artisanat et du commerce,
acteurs économiques subissant surtout des freins au verdissement.
Ce dernier groupe d’acteurs est conformément à nos objectifs très représenté
dans notre échantillon d’entreprises. Notre étude éclaire donc sur ces freins et
en même temps sur les moteurs qui peuvent jouer favorablement y compris
chez les plus petites entreprises de la région. Le premier point à rapporter est
l’ambivalence qui s’exprime dans les entretiens au sujet de la réglementation
en général.
IV.1. La réglementation à la fois source de progrès et de retard
La réglementation exerce un effet ambivalent : elle peut favoriser le
verdissement de l’économie en incitant fortement les entreprises à orienter
leurs comportements de façon à intégrer l’environnement dans leurs
préoccupations et elle est source de difficultés additionnelles qui peuvent être
lourdes de conséquences quand la configuration du moment et la logique
économique de l’activité ne s’y prêtent pas.
87
Première observation : la réglementation favorise le progrès
La réglementation est parfois source de progrès dans le sens où de contrainte
initiale elle devient pour l’entreprise une nécessité associée à sa pérennité,
voire elle est perçue comme une opportunité pour un nouveau développement
de l’activité.
une contrainte heureuse
La réglementation constitue une « contrainte heureuse » dans les contextes
suivants. D’une part, pour le dirigeant intégrer les dispositions
environnementales est un élément positif mais il ne les aurait pas appliquées
sans une contrainte réglementaire car elles se situent hors de ses
préoccupations et de ses priorités actuellement (industrie métallurgique par
exemple). D’autre part, le chef d’entreprise ne souhaite pas se soucier de la
problématique environnementale mais, par le biais de la réglementation, s’en
trouve contraint et l’associe dans l’équation de sa stratégie.
Porter et van der Linde (1995)40 expliquent que la réglementation est source
d’amélioration des performances économiques et écologiques par
l’intermédiaire du développement d’innovations environnementales. Au-delà
de préserver l’environnement, ces actions génèrent de nouvelles opportunités
commerciales, ce que la théorie appelle « win win effects ». Les nouveaux
profits dus à la dynamique d’innovation dépassent alors les coûts engendrés
par la mise en conformité.
un tremplin
L’entreprise peut voir dans la réglementation une opportunité de se
différencier dans une démarche qualitative (BTP par exemple). La volonté de
se conformer aux nouvelles normes vient du fait que l’entreprise a identifié une
corrélation entre respect de l’environnement et performances économiques.
Le client, à travers ses exigences environnementales, conditionne l’offre de
l’entreprise et l’oblige à se positionner sur ce marché. A un second niveau, il
est porté à anticiper lui-même l’évolution de la réglementation et exige, dès sa
commande, les prestations et produits actuellement les plus performants sur le
plan environnemental. Lorsque les deux parties sont dans une telle relation, la
pérennisation de l’activité est favorisée.
L’expérience démontre les bienfaits de la réglementation. Dans l’industrie, de
façon générale, les dispositions réglementaires ont incité très tôt les
40
Porter M.E. et van der Linde C. (1995), « Toward a new conception of the environment
competitiveness relationship », The Journal of Economic Perspectives, vol. 9, n°4, p.97-119.
88
entreprises à faire évoluer leur comportement, surtout vis-à-vis de
l’environnement. Historiquement et avec le renforcement de la réglementation
s’est mis en place un processus d’apprentissage. De nos entretiens il ressort
que les entreprises industrielles sont davantage réceptives à l’évolution
réglementaire que dans d’autres secteurs. Elles reconnaissent, même si elles
soulignent que de nouvelles dispositions sont parfois difficiles à mettre en
œuvre, qu’il s’agit d’un mal nécessaire qui créera un contexte global plus
favorable dont elles tireront profit. Dans tous les secteurs on confirme que du
moment où l’entreprise perçoit un gain potentiel futur lié à son engagement
dans la problématique environnementale elle orientera ses choix stratégiques
en conséquence.
Deuxième observation : la réglementation conditionne un retard
De contrainte sur les décisions microéconomiques, la réglementation
environnementale peut devenir source de handicaps pour l’entreprise
essentiellement pour trois raisons : parce que celle-ci n’a pas les moyens
d’appliquer la réglementation ; parce que se plier à la réglementation induit un
désavantage concurrentiel pour l’unité ; enfin à cause d’une disproportion
entre les exigences réglementaires d’une part et la taille et le fonctionnement
de type atomistique des entreprises en question d’autre part.
l’entreprise n’a pas les moyens d’appliquer la réglementation
Une partie des acteurs de l’échantillon ne respecte pas la réglementation
parce qu’ils rencontrent des difficultés, avant tout d’ordre économique, et que
le contexte actuel défavorable exacerbe. L’entreprise a du mal à respecter les
normes (hors environnement) qui apparaissent comme élémentaires pour son
activité. Il lui est difficile de concevoir qu’elle pourra se mettre à jour quant à la
réglementation environnementale. Le sentiment de ne pas pouvoir investir
domine, et la pérennité de l’activité reste la principale préoccupation (par
exemple dans l’hôtel-restauration). Parmi les raisons avancées en général
figure l’isolement d’un point de vue relationnel sur le territoire par opposition
aux entreprises qui, intégrées dans des réseaux, peuvent bénéficier d’une plus
grande stabilité et d’une certaine capacité à traiter la complexité liée à la
réglementation. Pour les jeunes entreprises (moins de 5 ans d’activité) le
manque de moyens financiers et extra-financiers (technique, humain,
technologique, juridique, etc.) est rédhibitoire ; pour elles, l’environnement est
un luxe auquel elles ne peuvent accéder.
89
la réglementation est assimilée à un désavantage concurrentiel
Pour certaines entreprises interrogées il serait souhaitable d’harmoniser les
normes et la législation environnementales, d’autres pays européens ne
souffrant pas des mêmes exigences. En France la contrainte de la
réglementation est assimilable à un coût, à une perte de compétitivité, pouvant
même favoriser des comportements contraires. Sur un même territoire la
réglementation peut être perçue comme facteur de concurrence déloyale : si
une entreprise s’engage à la suivre il faudrait que toutes le fassent, l’égalité
dans le respect de la réglementation est ouvertement revendiquée par certains
dirigeants. Parfois l’entreprise ne perçoit pas d’avantage(s) à avoir appliqué la
réglementation par rapport à des concurrents qui ne s’y sont pas soumis.
L’entreprise se trouve pénalisée parce qu’elle a engagé des dépenses pour se
mettre aux normes, procurant ainsi un gain relatif à ses concurrents.
Pour contrer ce défaut d’égalité entre les professionnels, il est possible d’agir
via la demande du client, qui est un élément majeur pour l’introduction
d’innovations dans un objectif écologique41, notamment lorsque l’activité est
en phase de maturité sur le marché42. Pour cela il faut que les consommateurs
soient prêts à changer leur mode de consommation 43 , d’où le rôle de la
réglementation et l’enjeu de sa lisibilité.
la réglementation manque de lisibilité pour les TPE
D’un point de vue général les très petites entreprises se plaignent de la
lourdeur administrative. Elles ont le sentiment que les normes sont trop
nombreuses, qu’elles se superposent, se contredisent parfois, entre des
niveaux différents et sur des points plus ou moins précis. D’une part, cela
autorise des entreprises à ignorer certaines dispositions et, d’autre part, elles
affirment que la probabilité est forte de se heurter à des normes contrecarrant
leurs efforts particuliers si elles s’engagent dans une démarche positive allant
dans le sens d’un verdissement de leur activité. Même si, avec le recul, des
entrepreneurs sont fiers d’avoir réalisé un projet ou mené une action de
verdissement, ils soulignent toutefois que, si c’était à refaire et connaissant le
flou avec lequel ils ont dû avancer, ils n’investiraient pas et ne perdraient pas
autant de temps, y compris lorsqu’il s’agit d’initiatives qui relevaient d’une
conviction.
41
Florida R. (1996), « Lean and Green: The move to environmentally conscious
manufacturing », California Management Review, Vol. 39, n° 1, p.80-105.
42
Pavitt K. (1984), « Sectoral patterns of technical change: Towards a taxonomy and a
theory », Research Policy, Vol. 13, n° 6, December, p.343–373.
43
De l’homme B., Filippi M. et Ugaglia A. (2009), « Une approche évolutionniste de la
réduction des pesticides en viticulture », 3ème Journée de la recherche en sciences
sociales, INRA SFER CIRAD, 11 décembre, Montpellier.
90
Après observation des effets positifs et négatifs de la réglementation sur le
comportement des acteurs microéconomiques, il convient d’identifier les
moteurs de l’économie verte et en verdissement au niveau microéconomique
sur le territoire de la Région Poitou-Charentes.
IV.2. Les moteurs de l’économie verte et du verdissement au niveau
microéconomique dans la région
Un certain nombre de moteurs ont été relevés lors des entretiens. Il s’agit tout
d’abord des dispositifs mis en place afin d’inciter les entreprises à adopter une
démarche verdissante dans le cadre de leur activité. Ensuite ont été distingués
des volets spécifiques dans des dispositifs génériques existants, n’ayant pas
principalement vocation à impulser une dynamique de verdissement. Enfin les
entreprises rencontrées ont fait ressortir d’autres facteurs pouvant affecter la
problématique environnementale tels que la personnalité du dirigeant, l’identité
de l’entreprise, ou encore l’influence des réseaux, structures et plateformes
diverses. Cet ordre de présentation des différents moteurs ne traduit pas une
hiérarchie quelconque entre eux.
Premier moteur : les dispositifs incitatifs mis en place
Il est important que les dispositifs mis en place dans le but d’inciter les
entreprises soient évalués par les acteurs qui en bénéficient. Pour rendre
compte de la situation actuelle, l’établissement d’un état des lieux et des
différentes formes d’incitation visant à promouvoir le verdissement des
diverses activités s’impose.
état des lieux
Rappelons auparavant les trois catégories d’entreprises qui se sont dégagées
des questionnaires :
A - L’entreprise a déjà des activités et/ou des actions dans le domaine ;
B - L’entreprise a des projets (pas d’actions réalisées) ;
C - L’entreprise n’a rien fait et ni projeté dans le domaine.
91
Tableau 16 : Le recours à une aide environnementale en fonction du degré de
verdissement
Cas
Aides
Ayant bénéficié
d’une aide
A
B
C
Total
Entreprises
14
4
0
18
En %
39%
80%
0%
28%
Dont pas satisfaites
3
0
0
3
N’ayant pas
bénéficié d’une aide
En %
22
1
23
46
Total Entreprises
36
61%
100%
20%
5
100%
23
100%
100%
72%
64
100%
L’analyse des données récoltées donne les premiers éléments sur la place
des aides, comme déterminant ou non des actions vertueuses des
entreprises. Plus d’un quart des acteurs interrogés ont bénéficié d’une aide,
que des actions soient réalisées ou en projet. La plupart d’entre eux sont
satisfaits. L’insatisfaction proviendrait de difficultés structurelles auxquelles
sont confrontés certains secteurs, comme les professions agricoles
(production, transformation, commercialisation). Dans ce secteur les motifs
d’insatisfaction concernent le montant des aides qui, selon les acteurs,
seraient réduits, ou le retour sur investissement jugé trop long. De plus les
aides leur apparaissent en général peu égalitaires, semblant soutenir
davantage l’activité d’exploitations déjà pérennes. Ces soutiens sont vécus
aussi comme trop contraignants, voire « liberticides ».
Les acteurs qui ont entrepris des actions sans avoir profité d’une aide sont les
plus nombreux. Soit ils ont considéré ne pas avoir besoin d’aide, quelle qu’en
soit la forme ; soit ils ignoraient que des dispositifs étaient en place pour
soutenir les initiatives de verdissement ; soit encore, s’il y a eu aide, c’est au
niveau du groupe auquel appartient l’entreprise que celle-ci a été accordée.
Parmi les cinq entreprises ayant des projets, une seule n’a, pour l’instant, pas
eu recours à un tiers pouvant l’aider. Cet aspect est intéressant car complétant
le point précédent, il suggèrerait qu’aujourd’hui les entreprises ont intégré
l’existence de dispositifs d’aide et ont davantage d’attentes précises pour
soutenir et concrétiser leurs actions.
Les différentes aides identifiées en Région Poitou-Charentes prennent
essentiellement la forme de financements, informations, conseils et
92
formations. Nous présentons ces dispositifs tels que les acteurs rencontrés les
ont mis en avant en raison de leur efficacité pour enclencher une démarche
verdissante.
aides et incitations financières
Parmi les aides et incitations financières l’un des dispositifs qui a su répondre
aux besoins des entrepreneurs est le Fond Régional d’Excellence
Environnementale (FREE). Ce dernier a permis tout d’abord de susciter une
demande des particuliers vers les énergies renouvelables (poêle-chaudière à
bois, solaire thermique et photovoltaïque) par des forfaits, ce qui a redonné
de l’activité aux professionnels producteurs et installateurs spécialisés et
constitué un soutien indirect, par la consommation, aux entreprises du secteur.
Ensuite les entreprises elles-mêmes ont pu profiter d’aides (pour des études
de faisabilité, des certifications, des audits énergétiques). Ce FREE a
réellement impulsé des actions de verdissement et fait émerger des idées de
projets pour l’avenir. La Région Poitou-Charentes et l’Agence de
l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie (ADEME) participent à la
réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) en permettant à
certaines entreprises de mieux maitriser leur consommation d’énergie. Ainsi,
un certain nombre d’acteurs ont pu, grâce au concours de la Région et de
l’ADEME, faire l’acquisition d’équipements plus performants.
Le Fonds Régional de Développement des Eco-Industries et des Véhicules
Electriques a permis à des professionnels d’acheter un véhicule électrique.
Dans leurs exploitations, des agriculteurs ont fait le choix de l’électromobilité,
étant donné leurs nombreux déplacements courts.
Des repreneurs d’activités ont pu bénéficier de la Bourse Régionale Désir
d’Entreprendre (BRDE) et ainsi investir pour développer une attitude
écoresponsable. Car, grâce à ce dispositif, des coûts ont été évités et des
sommes ont ainsi pu être affectées à des actions plus respectueuses de
l’environnement. La BRDE touche des artisans qui ont décidé de se doter
d’énergies renouvelables, des TPE du BTP, des professionnels de
l’impression qui ont choisi d’intégrer une démarche environnementale à
chaque poste de leur activité, des exploitants agricoles...
Une aide aux industries de la région a été fournie par l’Agence de l’Eau. Elle a
concerné des subventions pour des études sur la recherche de substances
dangereuses pouvant être présentes dans l’eau (blanchisserie) ou pour
l’installation de barrières de rétention d’eau en cas d’incendie (industries
chimiques).
Les porteurs de projet relèvent l’efficacité et l’importance de dispositifs tels que
l’Incubateur de la Charente-Maritime qui offre un support technique et financier
93
pour la création d’entreprises innovantes. L’Incubateur a participé à
l’élaboration de projets (par exemple, véhicule décarboné pour le transport de
marchandises, production et installation d’énergies renouvelables). Il s’agit
d’un programme de suivi, étape par étape, de manière personnalisée,
comprenant la prise en charge de certaines prestations (intellectuelles,
techniques, logistiques) jusqu’à la création effective de l’activité.
La Région Poitou-Charentes et OSEO participent au Fond Régional de
Garantie Poitou-Charentes (garantie d’emprunt) dans le but de favoriser la
mise en œuvre des projets de création, de transmission-reprise et de
développement technologique et immobilier d’entreprises régionales.
L’innovation est encouragée par un Fond Régional. Par ce biais les
entreprises qui ont exprimé le souhait de se développer et d’innover ont ainsi
pu obtenir le soutien financier du Réseau de Développement Technologique
de Poitou-Charentes. De jeunes entreprises (TPE ou PME <50 salariés) ont
contacté cette association avec laquelle elles ont pu mener à bien leur projet
que ce soit dans le cadre du dépôt de brevet ou de l’étude de faisabilité par la
Prestation Technologique Réseau.
information, conseil et formation
Outre l’aspect financier, l’aide revêt la forme d’information, de conseil et de
formation en vue d’accompagner les professionnels dans l’intégration de la
problématique environnementale. Différentes organisations participent à cet
effort, qu’il s’agisse d’acteurs institutionnels, de structures porteuses de
l’action régionale ou bien d’associations environnementales.
(1) les acteurs institutionnels
Les acteurs institutionnels mis en avant par les entreprises pour leur action en
faveur de l’environnement sont les Chambres Consulaires en PoitouCharentes.
Pour les professions agricoles, les Chambres d’Agriculture (CA) sont les
intervenants qui arrivent en tête pour leur rôle d’accompagnement. Grâce à la
CA des actions sont initiées, via le « Programme Re-Source » par exemple, et
des soutiens techniques sont apportés à la constitution des projets (étude de
faisabilité, viabilité, formation).
De nombreux artisans (BTP, construction) bénéficient de l’aide des Chambres
des Métiers et de l’Artisanat, le plus fréquemment dans des zones qui se
dévitalisent. Ils sont ainsi informés de la diversité des aides existantes en
matière environnementale proposées par la Région. Ils sont sensibilisés à
l’organisation du tri, au stockage et à l’élimination des déchets et effluents.
94
Dans la Vienne la CMA propose un diagnostic environnemental gratuit aux
professionnels des pressings. En Charente les entreprises artisanales de
l’éco-construction et de l’éco-rénovation sont répertoriées au sein d’un
annuaire. Des réunions d’information ont lieu sur la thématique de
l’environnement et plus largement sur celle du développement durable. Le
problème pointé par les chefs d’entreprises à cet égard est l’horaire inadéquat,
qui ne facilite guère leur venue. Quand l’entreprise formule une demande de
diagnostic, la Chambre des Métiers, après l’étude du cas, est en mesure de
quantifier les émissions de GES et de permettre ainsi aux professionnels
désireux d’agir positivement en interne d’engager des actions de
verdissement.
Les Chambres de Commerce et d’Industrie semblent, aux yeux des TPE, très
éloignées de « leur monde ». On souligne de façon générale leur manque de
proximité à l’égard des plus petites structures. Les industriels peuvent
toutefois compter sur le rôle d’information et d’accompagnement des CCI
pour être en conformité avec la réglementation européenne, notamment le
règlement REACH obligeant les industriels à déclarer les substances qu’ils
fabriquent ou importent, à établir quelles sont celles sans danger et à ne plus
les utiliser en cas de risque non maîtrisé. Plusieurs fois les interviewés ont
souligné ce rôle de facilitateur dans un souci de minimiser l’impact
environnemental.
(2) les structures porteuses de l’action régionale
En complément de ses dispositifs propres, la Région Poitou-Charentes a créé
des structures porteuses de son action comme le Pôle des Eco-Industries, le
Cluster Eco-Habitat ou Valagro et collabore avec l’ADEME.
Plusieurs entreprises ont eu recours aux services de l’ADEME pour de
l’information et des conseils dans le domaine énergétique (Bilan Carbone,
gestion des déchets ou offres de communication). De tels échanges favorisent
l’intégration de l'environnement dans leur stratégie de développement comme
facteur de performance globale (exemple : industrie de torréfaction).
Le Pôle des Eco-Industries est connu des entreprises pour son rôle structurant
sur le territoire, par sa participation au montage de l’éco réseau « Biotop » sur
la zone d’activités de Périgny. La plupart du temps les acteurs qui côtoient le
Pôle ont tout d’abord rencontré l’association EI2S (cf. infra). Le Pôle réalise,
auprès de ses adhérents, un suivi grâce à des indicateurs et un travail de
sensibilisation pour un comportement plus vertueux. Son existence est
reconnue de façon très inégale sur le territoire régional.
Des entreprises industrielles ont évoqué la place de Valagro et des recherches
menées en collaboration avec cette plateforme de recherche et
95
développement, qui a pour objectif de promouvoir des plastiques
biodégradables. Valagro accompagne les industriels dans le processus
d’innovation, pour une chimie verte respectueuse de l’environnement (chimie
végétale, carbone renouvelable).
Enfin le Cluster Eco-Habitat regroupe les acteurs de l’éco-construction. Les
professionnels de la construction et du BTP, parmi d’autres adhérents, y
mènent des réflexions pour un développement responsable des matériaux et
une évolution des méthodes de travail dans une optique de durabilité. Cela
permet notamment de se tenir informé des dernières techniques, innovations
et perspectives de développement dans le monde de la construction, et d’être,
de plus, en interaction avec des acteurs économiques locaux. Ce cluster est
davantage représenté au nord de la région, dans les Deux-Sèvres et la
Vienne.
(3) les associations environnementales
Les acteurs économiques de la région peuvent favoriser leur verdissement en
faisant appel à quelques associations dont la mission ou la priorité est
l’environnement.
L’association Veille Environnement Entreprise (VEE) est connue dans la partie
ouest de la région, en Deux-Sèvres et Charente-Maritime. Les entreprises
adhérentes sont en majorité du secteur industriel et ont, dans notre
échantillon, plus de 50 salariés. Les acteurs insistent sur l’accompagnement
réalisé par cette association sur des questions liées à l’environnement et au
développement durable : veille réglementaire pour les Installations Classées
pour la Protection de l’Environnement (ICPE), conseil et information pour l’ISO
14001.
Les entreprises qui connaissent de l’association EI2S se situent presque
toutes dans le département des Deux-Sèvres, et en majorité dans le secteur
industriel. Elles considèrent cette association comme une référence sur la
thématique environnementale. Les adhérents distinguent les différents
services offerts : le conseil et l’accompagnement dans l’optique d’une
certification (ISO 14001, ISO 26000) ; l’apport de son expérience pour des
pré-diagnostics et diagnostics suivis de plans d’action ; le système de collecte
des déchets D3E. Par convention, les adhérents d’EI2S sont aussi adhérents
du Pôle des Eco-Industries. Les entreprises affirment que, via le réseau de
l’association EI2S, elles ont pu intégrer un réseau plus large dans la région,
plus dense et au-delà de leur secteur.
De l’information et du conseil sont fournis par le Centre Régional des Energies
Renouvelables. Les professionnels de ce domaine confirment les actions de
sensibilisation (animation), d’accompagnement (études), de formation et de
96
communication (salons, expositions, conférences). Les installateurs trouvent
en cette association une aide précise et des réponses de qualité.
Deuxième moteur : les volets spécifiques dans des dispositifs génériques
existants
Pour renforcer des dispositifs incitatifs et répondre aux besoins nés de la
pratique, les acteurs régionaux issus de filières spécifiques ont créé des
laboratoires et associations dont le but est de soutenir des entreprises
appartenant à ces filières. La réduction de l’impact environnemental est l’un
des services proposés aux entreprises. Ce qui suit est issu des diverses
remarques émises par les entreprises interrogées au regard de leurs
expériences.
un accompagnement opérationnel des laboratoires indépendants
Trois laboratoires sont sollicités à l’échelle régionale pour leur expertise et la
connaissance des préoccupations concrètes des professionnels dans les
secteurs concernés.
Le secteur de l’agro-alimentaire doit faire face à de nombreux défis dont celui
de l’environnement et les préoccupations se concentrent sur le
conditionnement, les rejets et la conformité réglementaire. Dans ce cadre
certains chefs d’entreprises soulignent le rôle moteur du Centre Régional
d’Innovation et de Transfert de Technologies Agro-Alimentaire (CRITTAA). Au
départ il s’agissait d’être conseillé par rapport à la question des rejets
d’exploitation. Après la réalisation d’un pré-diagnostic le CRITTAA a permis
que soient valorisés des déchets devenus des coproduits. Il a également
participé à l’optimisation des consommations d’énergie et a assuré une veille
réglementaire pour des ICPE.
Les professionnels du nautisme rencontrent de façon similaire des difficultés
dans leur activité quant au recyclage et à l’utilisation de matériaux plus
propres. Souhaitant agir pour une plus grande durabilité, ces entreprises ont
sollicité un laboratoire de R&D, le Centre Régional d'Innovation et de Transfert
de Technologies Matériaux en Poitou-Charentes. Celui-ci a pu donner une
seconde vie aux déchets collectés (composites verre et polyester), revalorisés
par une étape de broyage mécanique suivi d’une préparation spéciale
nécessaire à la fabrication d’un nouveau produit par des moyens de
transformation traditionnels (breveté en 2012). Partant d’une collaboration sur
le thème des éco-matériaux avec des bureaux d’études, cette action collective
de 8 entreprises a ensuite été assortie d’une phase de développement puis
d’accompagnement.
97
Des entreprises industrielles (collecte des déchets et recyclage, impression)
sont en contact avec un autre laboratoire, Ianesco, pour les analyses
environnementales. Celui-ci fournit un ensemble de services : analyses et
essais normalisés, études, conseils, expertises, recherche appliquée,
formations et informations. Les entreprises ont obtenu des analyses relatives à
la qualité de l’eau, de l’air et du sol ainsi que sur des produits d’entretien
utilisés (détergents par exemple).
la proximité des associations professionnelles
La proximité des associations professionnelles s’établit dès lors que les
entrepreneurs estiment que les meilleurs interlocuteurs sont les autres
professionnels de la filière. En fonction des différents secteurs d’activité, ces
associations participent à la plus-value en matière environnementale. Il s’agit
des organismes, fédérations ou groupements professionnels qui, à travers leur
fonctionnement, contribuent à diffuser les enjeux de cette problématique de
verdissement. Sont enregistrées en Poitou-Charentes des associations qui
relèvent de la filière du bois, de l’agriculture, de l’artisanat ainsi que des PMEPMI.
(1) la filière du bois
Le bois étant une énergie renouvelable, les professionnels de cette filière en
Poitou-Charentes se sont regroupés en une association interprofessionnelle
Futurobois. Les entrepreneurs sont convoqués à des réunions d’information,
de sensibilisation (prévention des risques), de formation. Au niveau de la
région, des opérations sont montées de manière dynamique (actions
collectives ou individuelles), et les acteurs sont éclairés par une veille
réglementaire. Malgré la grande variété des métiers concernés, puisque cela
va de l’exploitation forestière jusqu'aux architectes, en passant par les
scieries, les tonneliers, les charpentiers-menuisiers, tous les adhérents sont
soutenus. Cette aide va jusqu’à la commercialisation de produits régionaux à
base de bois, l’organisation de salons professionnels et même l’aide à
l’exportation. Futurobois fédère les entreprises régionales du bois (projets
structurants, ressources humaines) et représente les professionnels du bois
auprès des différentes institutions.
(2) l’agriculture
La filière agricole en Poitou-Charentes est organisée via des groupes
coopératifs pour, d’une part, peser davantage dans les échanges avec
l’extérieur et, d’autre part, créer un esprit de solidarité et de réciprocité. Au
98
sein de ces structures les professionnels disposent d’un appui en matière de
conseil, de réflexions sur l’évolution des démarches et enjeux (exemple :
réduire les molécules chimiques et les intrants), d’accompagnement et de
formation (exemple : développement d’un projet de méthanisation). Les
groupes qui impulsent ces dynamiques dans la Région Poitou-Charentes
sont : Terrena, les Coopératives d’Utilisation de Matériel Agricole (CUMA), la
Fédération Régionale des Centres d'Initiatives pour Valoriser l'Agriculture et le
Milieu Rural en Poitou-Charentes (CIVAM), la Fédération Nationale des
Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA), la Confédération Paysanne, le
Syndicat National des Entreprises Bio (SynaBio). D’autres structures sont
spécialisées en éducation à l’environnement : Vienne AgroBio, le Groupement
Régional pour l’Entretien des Espaces Naturels (GREEN).
(3) l’artisanat et les PME-PMI
Au niveau régional plusieurs groupements artisanaux sont actifs et structurent
les professions. Parmi eux la CAPEB (Confédération de l'Artisanat et des
Petites Entreprises du Bâtiment), l’ACEM79 (Artisans Charpentier Ebéniste
des Deux Sèvres), la CNAIB (Confédération Nationale Artisanale des Instituts
de Beauté), le SNFPSA (Syndicat National de la Fermeture, de la Protection
Solaire et des Professions Associées). Les adhérents de ces différentes
associations ont en commun d’avoir accès à des informations, un
accompagnement, des formations sur demande, dans certains cas autour de
la problématique environnementale (réglementation, choix de matières
premières, minimisation de l’impact). D’autres groupements sont aussi
présents dans des PME et PMI de secteurs d’activité variés comme le
transport et la logistique (Astre), le textile (Groupement des Entreprises
Industrielles de Service Textile), les métiers de la métallurgie (Union des
Industries et Métiers de la Métallurgie), de l’industrie chimique (Union des
Industries Chimiques), de l’imprimerie (Union Nationale de l’Imprimerie et de la
Communication).
Troisième moteur : la personnalité du dirigeant
La personnalité du dirigeant est l’un des principaux moteurs d’une démarche
verdissante. Au chef d’entreprise incombe la responsabilité de faire prospérer
son activité. Il est libre de choisir d’intégrer ou non l’environnement dans la
stratégie de son entreprise. Il peut le faire en ayant à l’esprit la logique
économique avec les forces du marché (répondre à une demande) sur
laquelle peut se greffer une conviction environnementale inébranlable.
99
positionnement de marché
Par son positionnement le dirigeant est animé par la volonté d’être à la tête
d’une entreprise qui évolue en accord avec des préoccupations
environnementales. Il est persuadé qu’en se plaçant sur ce type de marché il
va attirer une clientèle particulière attentive à sa démarche qualitative qui va le
démarquer de la concurrence (exemple de l’activité de rénovation). Il associe
prospérité de l’entreprise et préservation de l’environnement et met en avant,
par ce biais, l’image de l’entreprise.
Le dirigeant espère que ses efforts seront reconnus. En effet la
reconnaissance pousse les entreprises à l’innovation en matière
environnementale et cela est encore plus marqué lorsque l’acteur économique
anticipe une augmentation de la demande de produits respectueux de
l’environnement44.
par conviction
La conviction du dirigeant est à prendre en compte, notamment dans le cas
d’une reprise d’entreprise. Au nouveau dirigeant s’offrent de nouvelles
perspectives : soit celui-ci assure la continuité de la politique conduite jusquelà ; soit il créé une rupture. Parfois la reprise prend tout son sens lorsque le
nouveau dirigeant vient, par exemple, d’un grand groupe et que cette
expérience a fait naître chez lui une prise de conscience des enjeux
environnementaux. Après tant d’années à ne pas y avoir prêté attention, il a
voulu quitter son ancien emploi dans le but de se « mettre dans le sens de la
marche ». Son expérience lui permet de bien en cerner les enjeux et sa
motivation est forte pour faire face à ce nouveau défi.
Quatrième moteur : l’identité de l’entreprise
Au regard de son identité l’entreprise peut devenir une force motrice sur le
plan environnemental. De surcroît l’entreprise agit en minimisant son impact
par son activité elle-même (activité en verdissement) ou en optimisant ses
choix aux différents niveaux de son action (activité à verdir).
changement d’identité, l’environnement comme une seconde nature
Dans le cas d’une activité à verdir, où a priori l’environnement n’est pas la
priorité immédiate, celui-ci peut devenir comme une seconde nature. Par
exemple dans le BTP, la Réglementation Thermique de 2012 exige de
44
Horbach J. (2008), « Determinants of environmental innovation – New evidence from
German panel data sources », Research Policy, Vol. 37, n° 1, February, p.163-173.
100
nouvelles pratiques de la part des artisans. Dans le prolongement certaines
TPE qui jusque-là suivaient la réglementation de façon contraignante vont
alors réaliser des efforts et aller plus loin : au niveau de la formation (ECO
Artisan®) ; dans la stratégie d’achat ; dans un engagement de qualité
(Qualit’EnR) ; dans le choix des matériaux plus propres et plus respectueux
des hommes et de l’environnement. L’idée mise en avant est clairement la
volonté de travailler autrement. Par ailleurs des artisans qui n’avaient pas
spécialement une sensibilité environnementale ou du moins pas appliquée au
sein de leur entreprise se redécouvrent et ont tendance à en parler autour
d’eux, diffusant ainsi de bonnes pratiques et une dynamique de verdissement
même à petite échelle. Cela vient confirmer qu’intégrer les préoccupations
environnementales peut d’une façon ou d’une autre être valorisé
stratégiquement et qu’il existe une relation étroite entre la volonté du dirigeant
et l’identité de l’entreprise.
Oltra et Saint-Jean 45 expliquent que les démarches environnementales
n’échappent pas à la logique économique de l’entreprise. Il doit y avoir une
compatibilité entre d’un côté l’objectif de minimiser les impacts
environnementaux et de l’autre celui d’augmenter les profits et les parts de
marché.
cas du verdissement lié à la nature des activités de l’entreprise
Les entreprises ayant une activité verte ou en verdissement ont des actions en
faveur de l’environnement d’un point de vue général, mais lorsqu’on sort de
l’activité économique de l’entreprise on s’aperçoit qu’elles réalisent moins
d’efforts que d’autres entreprises dont l’activité n’est pas directement liée à
l’environnement et qui pourtant mènent des actions positives.
L’exemple d’une entreprise spécialisée dans la récupération de métaux et le
recyclage illustre ce constat. Celle-ci participe, à travers son activité, à réduire
l’impact environnemental global. Mais l’examen des pratiques pour le transport
de ces déchets met en évidence des incohérences. Ces pratiques ne sont pas
optimisées : les poids lourds ne sont pas complètement chargés, les tournées
ne tiennent pas compte de la localisation des clients. Cela vient donc
contrebalancer les effets positifs attendus de l’activité même de l’entreprise.
A l’opposé on rencontre des professionnels qui a priori ont une activité qui va
à l’encontre des perspectives de verdissement mais qui, par leur action,
tentent au mieux de minimiser leur impact écologique. Par exemple, les
45
Oltra V. et Saint-Jean M. (2011), « Innovations environnementales et dynamique
industrielle », in Belis-Bergouignan M.C. et alii. (coord.), Industries, Institutions, Innovations Eléments de dynamique industrielle, Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, p. 297
346.
101
entreprises de graphisme et d’impression essaient de minimiser l’influence
négative de leur activité sur l’environnement. Les efforts portent tout d’abord
sur les matières premières, avec l’utilisation d’une encre à base végétale, d’un
papier français issu pour une partie du recyclage provenant des collectes
sélectives de la région parisienne, d’un papier certifié (PEFC, FSC). Ensuite,
un tri rigoureux des différents déchets est réalisé. Enfin, de la sensibilisation et
de l’information, en interne et en externe, notamment à destination des
populations jeunes, complètent ces actions. Ces professionnels ont su tirer
profit de leurs efforts dans le domaine environnemental pour qu’ils deviennent
stratégiques pour le développement de leur activité.
La logique économique est vertueuse à partir du moment où l’accroissement
des parts de marché et la réduction des coûts de production conduisent à
innover pour l’environnement46 . Ceci s’illustre quand les forces du marché
poussent les acteurs économiques à des innovations environnementales en
se différenciant par le développement d’un produit dit « vert » et/ou en
rationalisant son process de production dans le but d’afficher des prix
inférieurs aux concurrents47.
Cinquième moteur : place des réseaux, structures et plateformes
Le réseau est indispensable pour l’entreprise qui veut accéder à un certain
nombre de connaissances. Similairement, comment pourrait-elle, en ayant une
marge de manœuvre limitée par son poids ou son envergure, investir dans
une optique de verdissement de son activité ? Si aucune opportunité
technologique ne s’offre à la firme, elle ne sera pas encouragée à intégrer
l’environnement puisque cela requiert un effort de R&D élevé en interne48. Les
opportunités technologiques sont liées à l’accumulation des connaissances au
sein de l’entreprise49 et au degré de diffusion et d’appropriation des réseaux,
structures et plateformes (entre les entreprises, et entre les laboratoires de
recherche et les entreprises)50. Les interactions entre les acteurs jouent le rôle
de diffuseur de connaissances et de savoir-faire, notamment en matière
environnementale.
46
Green K., McMeekin A. et Irwin A. (1994), « Technological trajectories and R&D for
environmental innovation in UK firms », Futures, vol. 26, n° 10, p. 1047-1059.
47
Porter M.E. (1982), Choix stratégiques et concurrence, Economica.
48
Brouillat E. (2008), Dynamique industrielle et innovation environnementale : le cas de la
prévention des déchets, Thèse de doctorat, Université Montesquieu - Bordeaux IV.
49
Rosenberg N. (1974), « Science, innovation and economic growth », Economic Journal,
vol. 84, p. 90-108.
50
Taillant P. (2005), L’analyse évolutionniste des innovations technologiques : l’exemple des
énergies solaire, photovoltaïque et éolienne, Thèse de doctorat, Université de Montpellier I.
102
Après un état des lieux sur le terrain, nous présenterons des exemples de
réseaux, structures et plateformes.
état des lieux sur le terrain
Une perspective de développement s’ouvre à partir des remarques émises au
sujet du rôle moteur des fédérations professionnelles et clubs d’entreprises. Le
relais que constituent ces réseaux est à affirmer et à renforcer. Cela peut être
une opportunité et une réponse possible aux problèmes évoqués par les
entreprises de petite taille.
Tableau 17 : L’appartenance à un réseau selon le verdissement des entreprises
Cas
Total
A
B
C
17
0
5
22
7
0
4
11
8
0
2
10
32
0
11
43
Entreprises
Appartenance à
Un Groupement
d’Achat ou une
Fédération
Professionnelle
Un Club d’Entreprises
A la fois à une
Fédération et à un
Club
Total Entreprises
appartenant à un
réseau
En %
89 %
0%
48 %
67 %
Rappelons les trois catégories d’entreprises :
A - L’entreprise a déjà des activités et/ou des actions dans le domaine ;
B - L’entreprise a des projets (pas d’actions réalisées) ;
C - L’entreprise n’a rien fait ni projeté dans le domaine.
Il apparait nettement que les entreprises de la catégorie A appartiennent en
majorité à un réseau. En comparaison avec les entreprises qui n’ont rien fait
103
ou projeté (C), l’absence de réseau, et donc l’isolement, semble être l’un des
facteurs de l’inaction. De plus ces réseaux, lorsqu’ils existent, se situent
davantage sur un territoire dynamique économiquement. On recense un plus
grand nombre d’adhérents dans les groupements ou fédérations
professionnelles. Au manque de proximité dû à l’étalement géographique et à
l’inégale répartition des acteurs correspond une présence plus forte de ces
derniers garantissant une solidarité qui s’opère au sein de la filière.
Les clubs d’entreprises sont généralement circonscrits à une zone d’activité
préexistante. Dès lors ils expriment le souhait d’un échange intra- et intersectoriel dans le but d’une collaboration, d’une veille informationnelle sur un
même territoire préalablement défini par leur localisation.
Lorsque les entreprises font partie à la fois d’un Club et d’un Groupement ou
Fédération, elles intègrent davantage les préoccupations environnementales
dans leur activité. Car l’accès à l’information est amplifié et facilité. Et aussi
parce que l’accompagnement et l’expérience du collectif sont perçus comme
plus efficients que s’ils provenaient d’un tiers qui pourrait moins bien
appréhender la situation réelle de l’entreprise.
exemple du Club d’Entreprises de Périgny
En prenant l’exemple du Club d’Entreprises de Périgny, la plupart des acteurs
rencontrés ont évoqué l’influence positive de cette structure sur leur action et
sur leur vision, notamment au travers du projet « Biotop ». C’est un projet
d’écologie industrielle visant à réduire l’impact environnemental. Les
adhérents peuvent profiter alors des services d’un expert pour un prédiagnostic environnemental, d’une pré-étude pour identifier les actions à
mener. Une mutualisation est organisée pour la collecte des déchets, pour
établir une stratégie d’achats groupés. Des ateliers thématiques sur des sujets
prioritaires du développement durable, des formations et des aides au
financement sont également accessibles aux adhérents.
La réflexion menée dans le cadre de ce projet d’écologie industrielle fait son
chemin et mène déjà à quelques applications. Parmi les exemples
prometteurs, mentionnons la récupération des déchets PVC sur la zone
industrielle de Périgny qui, après des échanges entre diverses entreprises, a
pu conduire au broyage et à la revalorisation de ces déchets pour donner vie à
de nouveaux tubes PVC recyclés.
Les entreprises ayant le sentiment d’être engagées dans une démarche en
cohérence avec l’environnement expriment leur souhait d’apporter un soutien
au poste d’animateur du réseau « Biotop », avant même de pouvoir bénéficier
directement d’une quelconque aide. La place de l’animateur économique est à
valoriser car il diffuse une réelle dynamique collective.
104
Il convient de mener des réflexions sur la diffusion de ce type de projet sur des
zones test, de doter de moyens d’action les clubs d’entreprises existants et
d’en étudier les bienfaits étendus à l’ensemble de la Région Poitou-Charentes
et en particulier dans des zones qui semblent se dévitaliser et où règne un
sentiment d’abandon, d’indifférence ou de méfiance à l’égard des acteurs
économiques.
exemple d’une Fédération Professionnelle
Les Fédérations Professionnelles garantissent une intégration des membres
notamment par une offre de formation et un suivi de l’actualité aux niveaux
réglementaire, technique ou technologique. Ce type de formation apporte des
compétences additionnelles en comparaison avec les autres professionnels de
l’activité qui sont hors du champ d’action de ces fédérations.
La Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment joue ce
rôle auprès des TPE du Bâtiment (construction, rénovation) en proposant des
informations, une mise à jour sur les nouveaux enjeux de la profession que le
Grenelle de l’Environnement impose, sur les performances énergétiques, la
Réglementation Thermique, une gestion plus propre des chantiers en
réduisant les nuisances (tri des déchets, choix des matériaux). Pour ses
adhérents elle réalise des formations pour favoriser l’intégration d’un public en
difficulté ; elle conseille sur comment se positionner sur un marché ; elle
apporte une aide à la gestion de l’entreprise, au développement d’une
marque, à la labellisation ou certification (ECO Artisan®) qui sont un gage de
qualité et de performance en terme d’énergie dans la construction de
logements. Les adhérents rencontrés mettent en avant l’accès facile à une
information et une sensibilisation qui leur fait souvent défaut. Une réponse est
apportée à chacune des questions qu’ils se posent, ce qui les incite à
s’engager davantage dans le sens du verdissement de leur activité.
On remarque des différences de comportement importantes selon que les
professionnels adhèrent ou non à un réseau. S’ils sont dans un réseau, ils
seront plus réactifs aux évolutions de la législation et aux innovations, voire les
anticiperont. A l’inverse ne pas appartenir à un réseau conditionne des
difficultés et un certain retard eu égard aux nouvelles réglementations. S’ils
restent isolés, ils perdront des parts de marché et n’auront pas les moyens
d’agir dans des perspectives environnementales, quelle qu’en soit la portée.
Le rôle informel des fournisseurs
L’accent est mis sur le rôle informel d’informateur des fournisseurs puisqu’en
communiquant sur leurs produits, les nouveautés, ce qui va évoluer et dans
quel sens, cela contribue à tisser des liens entre les divers professionnels d’un
105
même secteur d’activité. Ceci est d’autant plus important lorsque les acteurs
sont isolés, notamment en milieu rural où la continuité des dispositifs
informationnels n’est pas assurée.
la place des établissements bancaires
La place des banques est soulignée. Pourquoi ne pas faciliter les emprunts qui
relèvent d’une volonté de minimiser l’impact environnemental (Prêts Verts) ?
Peu importe le secteur et la taille des entreprises. De plus, dans la mesure où
des conditions de garantie seront demandées, pourquoi ne pas fournir une
étude de faisabilité et de viabilité pour ce genre de projet ? Cette étude
pourrait être assurée de façon collaborative entre la puissance publique et un
organisme complémentaire (pour le diagnostic).
On déduit des déclarations des entreprises qu’elles regrettent plutôt que les
banques ne se positionnent pas sur les questions environnementales de par
leur poids dans le financement de l’économie. Mentionné du côté des moteurs
parce que les entreprises le voient comme un facteur susceptible de jouer
positivement en favorisant leurs stratégies environnementales, le rôle des
banques est donc vécu en réalité comme un frein au processus de
verdissement au niveau microéconomique. D’autres freins agissant fortement
méritent d’être soulignés maintenant.
IV.3. Les freins à l’économie verte et au verdissement au niveau
microéconomique dans la région
Les particularités propres aux moteurs de l’économie verte et en verdissement
ont été démontrées mais des difficultés ont aussi été dégagées. Ces freins à
la dynamique de verdissement sont variés : tout d’abord la taille et la structure
de l’entreprise qui confèrent une organisation spécifique aux TPE ; la définition
du rôle de l’entreprise peut générer des incertitudes en fonction des différentes
perceptions possibles ; la méconnaissance et le problème d’identification des
acteurs, réseaux et dispositifs favorisant l’inaction ; les démarches sans suite
qui ont la spécificité d’orienter mais de ne pas concrétiser les projets ; enfin les
difficultés relatives à la communication. Cet ordre de présentation ne traduit
pas rigoureusement une hiérarchie entre les freins.
Premier frein : taille et structure
La taille de l’entreprise et son appartenance ou non à un groupe apparaissent
comme le premier frein au verdissement de son activité.
106
caractéristiques structurelles
Lorsqu’on croise la taille des entreprises aux trois cas (A, B et C) qui se sont
dégagés des questionnaires, on obtient le tableau suivant :
Tableau 18 : Les entreprises selon leur taille et leur verdissement
(en données brutes et en %)
Total
Cas
A
Effectif
B
En %
1à9
En %
17
44 %
10 à 49
10 %
En %
> à 49
31 %
Entreprises
En %
56 %
1
0%
8%
19 %
100 %
23
100 %
8%
12
5%
5
100 %
20 %
100 %
0%
36
13
17 %
0
92 %
Total
4
8%
11
61 %
100 %
20 %
31 %
En %
78 %
1
61 %
39
46 %
22 %
En %
18
80 %
8
Entreprises
En %
4
47 %
En %
C
64
100 %
36 %
100 %
100 %
Alors que 61 % des entreprises rencontrées sont des TPE, ces dernières
représentent plus des trois quarts (78 %) de celles n’ayant rien fait ou projeté
(C). Les TPE se répartissent de la même manière, qu’elles aient ou non une
sensibilité environnementale (44 % dans le cas A contre 46 % dans le cas C).
Par contre, plus l’effectif s’accroit, plus les entreprises sont
proportionnellement nombreuses à intégrer l’environnement dans leurs
préoccupations (cas A : 61 % des entreprises de 10 à 49 salariés, et 92 % de
celles ayant 50 salariés et plus).
A peine une entreprise sur deux (47 %) qui a, ou a eu, des actions positives
sur le plan environnemental est une TPE, alors que celles-ci représentent 61
107
% de l’échantillon. Par contre, les grandes structures, qui ne représentent que
19 % des entreprises interrogées, sont relativement nombreuses (31 %) à se
situer dans le cas A.
Pour des TPE-PME, les principaux arguments mis en avant pour ne pas
enclencher le verdissement reste le manque de temps et de ressources. Il
faudrait créer un poste spécifique (qui peut être commun à plusieurs
entreprises) pour tout ce qui est lié à l’environnement, les doter d’une capacité
de R&D et les mettre en relation avec les bons interlocuteurs d’un point de vue
territorial, notamment des groupements d’entreprises, avec la conviction que,
peu importe l’activité, des efforts peuvent être faits et, par corrélation, des
économies réalisées.
Des disparités existent en termes de possibilités d’innovation selon les
secteurs d’activité et l’effort consacré à la R&D. Des secteurs comme
l’aéronautique, la pharmacie seraient plus enclins à innover tandis que
l’industrie du bois, du papier, le textile ou les matériaux de construction
affichent une plus faible propension à le faire51.
appartenance à un groupe
Sur les 64 entreprises interrogées, 18 appartiennent à un groupe, soit 28%
d’entre elles.
51
Barlet C., Duguet E., Encaoua D. and Pradel J. (1998), « The commercial success of
innovations : an econometric analysis at the firm level », Annales d'Economie et de
Statistique, n°49-50, p. 457-478.
108
Tableau 19 : Les entreprises appartenant à un groupe selon leur taille
et leur verdissement (en données brutes et en %)
Total
Cas
A
Effectif
B
En %
1à9
En %
2
29 %
10 à 49
14 %
> à 49
Total des
entreprises
appartenant à
un groupe
En %
Total des
entreprises
interrogées
En %
56 %
0%
1
6
18
100 %
33 %
5
8%
50 %
100 %
100 %
36
9
0%
6%
11 %
100 %
0%
100 %
61 %
33 %
0
0%
11
2
100 %
0
100 %
100 %
0%
9
39 %
2
0%
82 %
En %
67 %
0
0%
7
57 %
0%
En %
En %
4
100 %
0
Entreprises
En %
1
18 %
En %
C
100 %
100 %
23
36 %
64
100 %
Tout d’abord on observe que les entreprises appartenant à un groupe sont soit
des TPE (39 %), soit des PME de plus de 49 salariés (50 %). On remarque
également que ces dernières ont toutes enclenché une dynamique de
verdissement et qu’elles représentent 82 % des entreprises menant, ou ayant
mené, des actions dans ce domaine (cas A). Un tiers des entreprises
appartenant à un groupe n’ont rien fait ni projeté (cas C) et, parmi elles, les
deux tiers sont des TPE et un tiers des PME de moins de 50 salariés.
Au total, les entreprises participant à la réduction de l’impact environnemental
représentent plus de 60 % de celles appartenant à un groupe. Le fait
d’appartenir à un groupe influence de façon positive le verdissement. En effet,
lorsqu’on considère l’ensemble des entreprises, qu’elles appartiennent ou non
à un groupe, elles ne sont que 56 % à mener des actions dans le domaine de
l’environnement. Inversement, elles sont proportionnellement un peu plus
109
nombreuses à n’avoir rien fait ni projeté (cas C), car les entreprises sous la
gouvernance d’une société mère y sont plutôt sous-représentées.
L’appartenance à un groupe implique un certain nombre d’obligations. En
conséquence, si l’entreprise souhaite conserver le nom de l’enseigne, elle doit
réaliser les investissements que cela impose, et respecter les choix du groupe.
Il est donc logique que l’entreprise mène des actions conformes à la volonté
du groupe, notamment si celui-ci est engagé dans un verdissement de son
activité. A contrario si le groupe n’entreprend rien, il n’est pas évident que
l’entreprise réalise ces mêmes investissements. Au-delà de la politique du
groupe, d’autres enjeux peuvent être pris en considération : le rapport à la
dynamique économique propre au territoire ; un contexte difficile rendant ce
type d’actions non stratégiques, au moins à court terme ; des difficultés à
trouver du personnel qualifié et motivé et des contraintes de mobilité
géographique52.
Le fait d’appartenir à un groupe peut être assimilé à une option afin d’impulser
une dynamique de verdissement. Il est nécessaire d’avoir une vision bien plus
large de l’appartenance à un groupe. Au-delà du point de vue strictement
économique de filiale, le groupe peut être conceptualisé comme un lieu
d’échanges, d’interactions, d’externalités, qui apportent en interne des
possibilités de regard sur ce qui a lieu à l’extérieur et sur son impact,
notamment environnemental.
Le constat, comme l’a présenté Boullet (2006), est le suivant : à partir du
moment où l’entreprise s’organise dans le but de suivre la problématique
environnementale, en créant un poste (technique, sécurité ou juridique) ou en
aménageant une structure nouvelle, alors celle-ci l’intègre dans sa stratégie.
Ce choix stratégique apparaît nettement dans les structures de taille plus
importante, notamment au sein des groupes, où l’environnement devient alors
une composante additionnelle dans l’organisation.
Deuxième frein : définition du rôle de l’entreprise
En temps de crise, l’objectif premier de l’entrepreneur est d’assurer la
pérennité de son activité, voire d’assainir la situation de son entreprise si celleci est confrontée à des difficultés financières. Cet accent mis sur la dimension
économique peut constituer un obstacle à la prise en compte de
l’environnement. Et si l’entreprise émet le souhait d’intégrer de nouvelles
dispositions, celles-ci seront sociales.
52
« Les gens de la campagne veulent travailler à la ville mais pas l’inverse ». Citation
relevée lors d’un entretien avec un professionnel du secteur de l’automobile.
110
la vocation première de l’entreprise reste économique
L’argument que leur vocation première est économique ressort chez les
entreprises qui rencontrent des problèmes de marché, de trésorerie et qui ne
peuvent investir sereinement. Le problème se pose aussi pour des
professionnels qui côtoient de près l’environnement par leur activité. Dans
l’industrie du bois, par exemple, certaines entreprises préfèrent jeter les
résidus plutôt que de les donner ou de les valoriser du fait de la difficulté liée
au stockage. Le coût est plus important (transport, stockage) que le gain.
Lorsqu’une telle une vision à court terme domine, cela est préjudiciable pour la
gestion et l’avenir des forêts : les buissons ne sont pas ramassés, les
machines utilisées détruisent les sols où le potentiel est présent Cette
priorité donnée à l’économique, à travers une vision unidimensionnelle du rôle
de l’entreprise, tend à instaurer une opposition avec les deux autres piliers du
développement durable que sont l’environnement et le social.
si une autre dimension doit être intégrée, elle sera sociale
Le constat d’une dimension sociale négligée peut être fait dans des zones qui
se dévitalisent ou qui perdent en attractivité. Cela montre aussi les difficultés
d’ordre social qui peuvent régner au sein de certaines entreprises, concernant
les conditions de travail, l’attention portée au salarié, les relations
professionnelles, l’épanouissement individuel, le développement du lien
social... Mais lorsque l’entreprise privilégie la dimension économique, est-ce
davantage au détriment de l’environnemental que du social ou l’inverse ? Pour
avoir des éléments de réponse, la question a été posée de savoir si les
entreprises avaient connaissance ou avait déjà entendu parler de RSE
(Responsabilité Sociale/Sociétale des Entreprises), et si elles avaient le
sentiment d’être en accord avec cette démarche après explication.
111
Tableau 20 : Connaissance/pratique de la RSE selon la taille et le verdissement des
entreprises (en données brutes et en %)
Cas
A
Effectif
1à9
En %
B
En %
C
En %
En %
Total des
Total des
entreprises entreprises
dans une
interrogées
démarche
RSE
En %
En %
12
2
4
18
43 %
100 %
57 %
39 %
67 %
11 %
22 %
100 %
10 à 49
6
0
39
61 %
13
20 %
En %
67 %
3
9
0%
43 %
11 %
33 %
100 %
> à 49
10
0
0
10
36 %
0%
0%
50 %
100 %
0%
0%
100 %
12
19 %
21 %
En %
Total des
entreprises
dans une
démarche RSE
En %
Total des
entreprises
interrogées
En %
0%
28
2
100 %
75 %
100 %
5%
36
56 %
5
8%
7
37
100 %
100 %
20 %
100 %
23
36 %
64
100 %
100 %
58% des acteurs (37 sur 64 interrogés), affirment avoir une démarche RSE au
sein de leur entreprise. L’argument social pour avancer que l’action
environnementale n’est pas la priorité tient, mais est à nuancer.
La connaissance ou la pratique de la RSE concerne trois entreprises sur
quatre parmi celles engagées dans une démarche de verdissement (cas A),
ce qui sous-entend que l’entreprise qui est en adéquation avec la RSE est
également, avec une forte probabilité, sensibilisée sur son impact
environnemental. Cela montrerait le lien de complémentarité et non d’éviction
entre ces deux dimensions.
112
la priorité économique met à mal les tentatives de collaboration
Une vision unidimensionnelle pose problème dès lors que l’on mène une
réflexion quant à une éventuelle mutualisation et que se posent des questions
relatives à une collaboration en vue d’établir les bases d’une économie
circulaire. Inévitablement la concurrence rend cette option difficile pour les
TPE car elle soulève des inquiétudes liées à la méfiance à l’égard des voisins,
surtout lorsque la conjoncture économique n’est pas satisfaisante pour ces
entreprises et attise le « chacun pour soi ». Ceci s’observe quand les
entreprises géographiquement proches ne disposent pas d’une personne
morale supérieure (club d’entreprises) pouvant les mettre en relation, afin
qu’elles prennent connaissance de leur existence mutuelle et que soit ouvert
un dialogue entre les chefs d’entreprise. En zone rurale où la dynamique de
verdissement est moins marquée, on relève certaines initiatives qui, dans la
pratique, s’apparentent à des actions de type « écologie industrielle », même
si c’est à une échelle moindre et de façon tacite. Il s’agit, par exemple, de
donner certains déchets de chantier (chute de bois, gravas) à l’exploitant
agricole d’à côté. Plutôt que de les déposer en déchetterie, ce qui entraine
d’ordinaire un coût pour l’entreprise, cette initiative vient ici satisfaire deux
acteurs.
Troisième frein : méconnaissance et problème d’identification des acteurs,
réseaux et dispositifs
Le problème du relais entre institutionnels et professionnels constitue l’une
des entraves à la dynamique de verdissement. En effet, il ressort des
entretiens qu’un certain nombre de démarches avortent avant même que les
acteurs enclins à apporter des réponses ne se soient rencontrés. Il existe un
flou lié, d’une part, à la multiplicité des acteurs pouvant intervenir et, d’autre
part, à la charge administrative incombant à ce type de démarche.
lourdeur administrative
Le nombre important de normes et de contrôles rend la situation complexe
pour une TPE. Il semble indispensable de simplifier les procédures et de
laisser une marge de manœuvre à ces entreprises. Certains professionnels
ont émis l’idée de créer un type d’entreprise supplémentaire pour celles ayant
4 ou 5 salariés maximum : la TTPE. Les témoignages sont radicaux : « c’est
étouffant, cela pousse à contourner la réglementation ». Il existe une réelle
méfiance. Même si des entreprises sont éligibles à des aides, elles vont faire
le choix de ne pas entreprendre de démarches et préfèrent ne pas en
bénéficier plutôt que de faire face aux contrôles qui en découleront. De la
même manière, des professionnels qui ont pris le temps et investi pour des
113
démarches vertueuses font le bilan et affirment que, s’ils avaient su avant
combien cela leur en aurait coûté en temps à consacrer, ils n’auraient rien fait.
Le constat d’une différence de traitement entre les entreprises selon leur taille
dissuade de faire appel à des acteurs, réseaux ou dispositifs. Les entreprises
expriment un mécontentement relatif à une absence de souplesse et de
liberté, qui seraient pourtant nécessaires, et un manque de clarté. Tout en
étant conscientes qu’il ne faut pas laisser faire n’importe quoi, certaines
soulignent l’erreur de s’enfermer dans un carcan de réglementations, ce qui va
à l’encontre de la logique attendue et a pour conséquence de freiner la
création d’emplois (dans l’industrie). En réaction quelques acteurs ne veulent
pas que l’aide soit systématique, éventuellement par étape, ou selon diverses
tranches en fonction de l’avancée du ou des projets.
problèmes d’identification des acteurs liés aux différents rôles et
niveaux de décision
Par exemple, au sein de la filière du transport de marchandises et de
voyageurs, certains acteurs ont eu le sentiment d’être laissés pour compte car,
lorsqu’ils se sont adressés à une institution locale afin d’être renseignés, ils
n’ont pas obtenu satisfaction, l’institution en question n’étant pas concernée
par cette situation a priori. Cet exemple témoigne du flou que peuvent
rencontrer les entreprises
Le manque d’information et de clarté conduit en réalité à un malentendu. En
Poitou-Charentes, l’ADEME dispose d’un outil clef en main pour apporter un
soutien aux entreprises qui souhaitent réduire leurs émissions de GES. En
effet, la signature d’une Charte CO2 permet aux entreprises d'engager sur 3
ans un plan d'actions concrètes et personnalisées en vue de diminuer leur
consommation de carburant en agissant sur les véhicules, les carburants, les
conducteurs, l’organisation des flux et le management. L’accompagnement
des entreprises dans la réalisation de cette Charte est assuré par l’ADEME et
la DREAL au niveau régional.
Par conséquent se pose la question de savoir si les acteurs institutionnels sont
correctement identifiés ou connus dans leur fonction par les entreprises et
également par d’autres institutions pouvant jouer le rôle de relais.
Il s’agit d’un sujet délicat mais bien réel. Un certain nombre d’entreprises
menant des actions ou ayant pour projet d’en effectuer connaissent la DREAL
d’un point de vue répressif mais pas comme organisme pouvant prodiguer un
conseil ou avoir un quelconque autre apport. Cela crée donc une certaine
distance et diffuse une méfiance vis-à-vis d’acteurs en charge du
verdissement de l’économie locale.
114
Ce problème d’identification (à qui s’adresser ? pour quoi ?) peut être abordé
autrement. Des entreprises ne comprennent pas pourquoi les organismes
spécialisés n’entrent pas en contact avec elles. En effet, si les pouvoirs publics
souhaitent développer un verdissement chez les acteurs microéconomiques,
beaucoup d’entreprises pensent que c’est à eux de les solliciter, de les
contacter personnellement, et non l’inverse. L’angle par lequel le verdissement
est appréhendé est donc une source d’incompréhension. De plus, le
recensement des activités et entreprises sur un territoire donné n’est pas
toujours en adéquation avec la réalité du terrain.
Aujourd’hui il est indispensable de recréer une proximité entre les acteurs
économiques sur le territoire et de rendre visibles et attractifs les outils et
dispositifs pour verdir l’activité des entreprises. L’établissement de liens entre
les différentes Chambres (CCI, CMA, CA) ainsi qu’avec les clubs d’entreprises
pourrait permettre d’assurer une cohésion d’ensemble et de développer les
relations de travail favorables. En parallèle les professionnels attendent des
mesures exemplaires de la part des collectivités, et une éco-conditionnalité à
la fois des soutiens financiers et dans les appels d’offres (au plus
responsable), dans le cadre des marchés publics. Domine l’idée qu’aucun
organisme nouveau ne doit être créé et qu’il faut agir avec l’existant de façon
plus efficace.
Quatrième frein : démarches sans suite
Le problème posé par les démarches sans suite provient de l’absence de
solution apportée en aval du travail de prévention ou de sensibilisation, que
l’entreprise ait ou non agi dans le cadre d’une action verdissante pour son
activité.
rien ne prolonge l’action de sensibilisation
L’entreprise a fait appel à un tiers en vue d’obtenir des éclaircissements sur ce
qu’il serait judicieux de faire pour réduire l’impact de son activité sur
l’environnement. Elle a été sensibilisée sur les postes les plus émetteurs de
GES et informée sur les enjeux du développement durable de façon générale.
Dans le prolongement elle aurait aimé accéder à des audits
environnementaux, un suivi personnalisé, un pré-diagnostic avec un
programme d’actions définissant les premières étapes. Pour poursuivre
l’action de sensibilisation l’entreprise souhaite, à partir d’un état des lieux,
savoir ce qui peut être fait à court terme et quelles petites actions peuvent déjà
favoriser un progrès et des économies d’énergie. Il est également
indispensable de valoriser toutes les actions, notamment au niveau des TPE
afin qu’elles puissent se dire que « c’est accessible, pas très contraignant et
115
qu’il existe des interlocuteurs fiables pour nous accompagner. Si mon voisin le
fait alors je peux le faire »53.
Un point très important s’est révélé très préjudiciable pour certaines
professions. Ce sont les signaux contradictoires des politiques. L’erratisme
dont a souffert l’activité photovoltaïque perdure aujourd’hui encore, notamment
pour les TPE. L’engagement de mettre en place une majoration tarifaire visant
à inciter les producteurs d’énergie solaire à installer des panneaux français a
été abandonné alors que les professionnels de la filière avaient investi et
entrepris des efforts en ce sens. Un grand nombre a déposé le bilan. Depuis,
les entreprises sont face à des difficultés de trésorerie, de confiance par
rapport aux annonces faites par les politiques. Conduire une concertation avec
les acteurs de la filière afin de développer qualitativement un plan d’action54
est un passage obligé en identifiant et valorisant les savoir-faire des TPE
isolées sur le territoire. Les professionnels mettent l’accent sur le manque de
formation en Région Poitou-Charentes. Eux-mêmes se sont formés à
l’extérieur du territoire. A présent le relais (conseil, information, veille) se fait
par des groupements d’acteurs et des interrogations subsistent quant à
pousser l’initiative à travers des projets de SCOP.
Il est nécessaire d’avoir ponctuellement un regard extérieur sur l’activité, par
une antenne, une entité qui connait bien le milieu et les défis auxquels sont
confrontées les entreprises.
de nouveaux freins sont apparus après la mise en place d’actions
Au départ l’engagement a pu être facilité par des diagnostics et les actions les
plus simples à mettre en œuvre ont été réalisées. Si, dans un premier temps,
des obstacles se sont présentés, ils ont été contournés par un
accompagnement. Mais, dans un second temps, de nouveaux freins sont
apparus et l’entreprise ne sait plus quoi faire ni vers qui se tourner pour aller
plus loin.
Dans la poursuite de son engagement le chef d’entreprise a besoin d’un
soutien novateur pour viabiliser sont projet (exemple : transport maritime
décarboné), de s’adresser à des personnes qui sauront apporter des outils
nouveaux, pour répondre à de nouvelles attentes.
Avec le temps et les efforts accomplis dans la dynamique de verdissement
apparait une complexification des actions. Les difficultés s’accroissent avec
les avancées. On note que les entreprises qui ont réalisé des actions n’ont
plus de projet en vue, comme si la dynamique s’essoufflait au bout d’un
certain nombre d’actions.
53
54
Citation relevée lors d’un entretien avec un professionnel de l’Industrie
Alcimed (2012).
116
A cela s’ajoute des complications conjoncturelles liées au contexte
économique actuel. Pour ne pas perdre en compétitivité les entrepreneurs
préfèrent avoir du recul sur leurs actions, et prendre le temps de faire le point
sur l’apport généré par l’intégration du verdissement dans la stratégie de
l’entreprise.
A terme, il convient de valoriser les actions et projets par un effort de
communication pour supplanter le manque de reconnaissance dont souffrent
de nombreux acteurs du verdissement en Poitou-Charentes.
Cinquième frein : la communication
Deux comportements antagonistes ont pu être observés quant à la façon dont
l’entreprise communique relativement à ses actions sur le plan
environnemental. Soit elle mène des actions positives qu’elle ne valorise pas
ou très peu. Soit elle met en avant des actions qui restent relativement
minimes.
l’entreprise réalise des actions mais ne communique pas
Des entreprises intègrent naturellement l’environnement dans leur démarche,
principalement par conviction, et ne voient pas l’intérêt de communiquer. Dans
le cas des TPE, c’est surtout le manque de moyens, en temps et en argent,
qui limite la communication de ces entreprises, quelle qu’en soit la forme, sur
leurs actions dans ce domaine. En outre, certaines entreprises ne savent pas
communiquer, ce qui pose un vrai problème, car, tant qu’aucune action n’est
valorisée en externe, il ne peut y avoir de positionnement stratégique à ce
sujet. Boullet (2006) souligne cependant que la volonté d’une communication
environnementale ne peut se substituer à l’action réelle et qu’une telle
communication ne peut exister sans actions concrètes.
l’entreprise communique beaucoup relativement à ce qu’elle entreprend
Soulevons le cas des entreprises qui se sont engagées a minima sur le fil de
l’économie verte ou du développement durable, par « effet de mode ». Cellesci ont saisi une opportunité d’obtenir un gain économique même si ses actions
sont marginales, voire nocives, sous couvert d’un soi-disant effort sur tel ou tel
type de produit ou action.
Les entreprises ont un besoin de reconnaissance particulier dans les activités
vertes. Pour aller plus loin, il faut dépasser le sentiment d’en faire
suffisamment car l’activité, verte au départ, doit se développer tout en restant
« exemplaire » et en prenant appui sur les différents dispositifs en place. La
communication en externe aura le mérite de sensibiliser d’une part, les clients
117
et, d’autre part, les autres entreprises pouvant être en interaction 55 ,
notamment celles qui ne se sentent pas concernées par la stratégie
environnementale. Différents médias peuvent être utilisés : télévision, presse
locale ou régionale, radio, internet ou autres. Il faut susciter l’intérêt et diffuser
en permanence, même à une petite échelle. Les acteurs de l’économie verte
ont également besoin, pour leur développement économique, d’une
communication faite par l’extérieur (la société).
La communication fait partie des volets qui appellent un abord particulier pour
trois raisons au moins : elle est à lier au besoin de reconnaissance et de
valorisation des actions environnementales et des bonnes pratiques,
fondamental dans la dynamique de verdissement d’une économie ; elle joue
comme un encouragement pour la firme en même temps qu’elle lui renforce
sa clientèle ; elle ne peut être organisée et menée par la TPE elle-même. Les
acteurs économiques ont besoin de signaux clairs et relativement stables, et
peut-être d’une innovation radicale dans la communication sur les questions
d’économie verte.
A travers la totalité des moteurs et des freins qui sont ressortis des entretiens
ainsi que dans les propos tenus à l’égard de la réglementation, s’exprime
largement une double attente des entreprises, augurant un équilibre vertueux
difficile à trouver. Elles souhaitent d’une part conserver leurs marges de
manœuvre et inscrire leurs efforts environnementaux dans une démarche
volontaire. Elles voudraient d’autre part un cadre stable offrant une vision de
l’avenir de leur territoire, fixant les conditions de la prise de décision
microéconomique, et précisant le rôle respectif des différents acteurs et leurs
interrelations. Les intégrer à un projet territorial, relevant par exemple de
l’économie circulaire, peut répondre à la nécessité à leur niveau de se
représenter ce que les différents acteurs pourraient construire ensemble dans
une économie de proximité. On comprend mieux les enjeux de cette coconstruction, de cette « participation construite », en termes de possibilités de
transformations socioéconomiques réelles, à travers ce qui est rappelé ici en
filigrane relativement à la prise de décision en entreprise : la complexité qui
tient à la multiplicité des normes, réglementations, mesures plus ou moins
incitatives diverses, sans compter les signaux et incitations variés horizontaux
(marché, concurrents, fournisseurs, banques) ; la part de créativité, marge
de manoeuvre irréductible, qui est nécessaire au quotidien autant pour les
décisions opérationnelles que stratégiques. Ces deux caractéristiques
générales qui vont de pair puisque la seconde permet de gérer la première,
55
Alcimed (2012).
118
retentissent fortement quand il s’agit de la problématique environnementale.
S’appuyer sur la part de créativité plutôt que de chercher à la réduire, permet
d’éviter que ne s’accroisse la complexité ou que ne diminuent les moyens de
la gérer.
119
V. Conclusions de l’étude
L’objet de cette étude est une meilleure connaissance des démarches et
processus décisionnels des entreprises dans leur territoire en matière
d’économie verte. Elle apporte des précisions sur les besoins des acteurs
microéconomiques, qu’elle a cherché à cerner au mieux en respectant un
cadre méthodologique défini par rapport aux études régionales de 2012 du
programme sur l’économie verte de la DREAL, et exposé dans le présent
rapport. Une série de remarques conclusives générales s’imposent d’abord à
l’issue des résultats développés. Ensuite seulement peuvent être résumés les
principaux facteurs qui conditionnent la mise en œuvre de stratégies
environnementales par les firmes.
remarques conclusives générales
- L’introduction et le développement des actions environnementales dans les
stratégies des firmes dépendent de différents types d’innovation :
. technique et technologique : cet aspect est important mais il est
connu ; l’étude confirme sur ce plan la supériorité des innovations radicales, le
caractère primordial de la relation entre la recherche et le monde
socioéconomique, et la nécessité d’avoir un processus dynamique
(majoritairement) endogène.
. organisationnelle et sociale : au-delà de celles managériales qui
doivent accompagner les précédentes, des outils innovants de gestion ou de
financement, les innovations concernent aussi les interrelations entre
acteurs (nouveaux projets, coopérations et synergies) et désignent ainsi les
nouvelles relations avec les parties prenantes et avec les territoires.
En 2008, Hamdouch et Depret synthétisaient ainsi dans un tableau les
différentes innovations environnementales d’ordre technologique et d’ordre
organisationnel. La prise en compte des innovations sociales élargit encore le
champ des actions et stratégies possibles.
120
- Le comportement des entreprises en réponse aux mesures, dispositifs et
soutiens en faveur de l’économie verte, variable selon le degré de
verdissement du territoire, dépend aussi du seuil de sensibilité, lui même
fonction de la politique environnementale menée auparavant par l’entreprise
elle-même et donc de son apprentissage. Fonctionnant comme un seuil de
réception minimum, si l’entreprise se situe au-delà, elle se positionne en
acteur du verdissement au niveau de ses activités et dans son territoire, et
peut participer donc à dynamiser le processus localement en tant
qu’organisation responsable. En deçà, elle a grand besoin que soit maintenu
un cadre normatif et réglementaire avec des incitations financières, un
accompagnement spécifique et un suivi personnalisé (qui tiendront compte
éventuellement de la difficulté de la mise en œuvre par les microentreprises
par exemple).
- Même si les acteurs microéconomiques semblent diversement concernés à
travers leurs actions et pratiques, un changement de paradigme économique a
bien lieu, et désormais on ne pense plus la contrainte environnementale
imposée de façon exogène à l’entreprise. La protection de l’environnement,
l’avenir de la planète, l’adaptation au changement climatique deviennent des
121
préoccupations réelles y compris chez les dirigeants qui n’agissent pas sur le
plan environnemental. Deux aspects accompagnent ce changement. D’un
côté, la logique de l’économie circulaire et l’ancrage territorial gagnent du
terrain. De plus en plus l’écologie territoriale devient le cadre dans lequel on
pense les changements à réaliser au niveau microéconomique. De l’autre côté
l’évolution du point de vue des entreprises se traduit (sans formalisation) par
(1) le fait qu’elles adoptent, pour un nombre croissant d’entre elles, plusieurs
objectifs, avec pondération différente éventuellement, à poursuivre
simultanément, vecteurs de performance globale, (2) le fait qu’elles se
pensent de plus en plus dans leurs relations aux autres acteurs
socioéconomiques, (3) le fait qu’elles visent davantage des actions à portée
globale (élargissement de l’approche ACV par exemple), des transformations
radicales, souhaitant de plus en plus agir à tous les niveaux, partout où
l’activité et ses conditions le permettent.
- Vu les perspectives qui se sont dégagées des entretiens, les entreprises
intègrent le contexte global dans la définition de leurs stratégies
environnementales. Joue défavorablement le contexte de crise économique,
bien qu’il faille nuancer le poids de la contrainte financière, durcie en temps de
crise, dans la décision environnementale étant donné la complexité de la prise
de décision des sociétés soulignée plus haut. Agissent au contraire de façon
bénéfique des évènements nationaux (Conférence environnementale, création
de l’Institut d’économie circulaire) et régionaux (Salon de la croissance
verte, forums) qui vont dans le sens des besoins exprimés par les
entreprises : la démarche environnementale n’est plus l’affaire d’une
entreprise répondant à une contrainte, isolée sur son territoire ; les efforts
environnementaux (temps, énergie humaine, finance) peuvent être en partie
mutualisés, et cette mutualisation peut porter sur d’autres domaines que
l’environnement.
facteurs conditionnant les stratégies environnementales des entreprises
et leviers d’action possibles
La mise en œuvre d’une stratégie environnementale est conditionnée par
divers facteurs qui interviennent à trois niveaux interdépendants et qui
déterminent ensemble le système incitatif optimal, et le cadre formel et
informel des interrelations le plus favorable pour un verdissement de
l’économie d’un territoire. Ce qui suit peut être considéré comme des pistes à
privilégier pour l’action.
122
- au niveau de l’entreprise elle-même
. Dans l’objectif du verdissement d’un territoire, le désenclavement peut
passer par un décloisonnement entre les diverses activités opérant sur un
même territoire. Au minimum les entreprises ont des relations locales suivant
la chaîne de valeur et leur marché ; en se regroupant, en s’associant au sein
d’un club, elles peuvent se connaître, se faire connaître, et envisager d’autres
actions collectives, ou même un projet commun, sur le territoire répondant à
des besoins collectifs mais aussi individuels. Lieu d’information et d’échanges
entre les entreprises sur la thématique environnementale, il s’agit d’un moyen
facile de rompre la solitude du dirigeant face aux questions environnementales
entre autres.
. L’Environnement ne devrait pas ajouter à la bureaucratie et à la complexité,
et venir renforcer aux yeux des entreprises les occasions de contrôle et
répression via les nouvelles normes et réglementations. Pourquoi ne pourrait-il
pas être au contraire l’opportunité d’alléger les procédures, de gagner en
cohérence (sur l’ensemble des diverses réglementations et des mécanismes
incitatifs), d’établir un accompagnement personnalisé, global ou transversal,
mais surtout avec continuité et suivi pour une réelle démarche
environnementale ? Admettre la complexité de la décision microéconomique
invite à ne pas ramener à un modèle simple le jeu d’acteurs sur un territoire
donné, et partant de l’existant à adopter une vision de type plutôt
évolutionnaire.
. Le choix d’un business modèle (modèle d’affaires ou modèle d’entreprise)
approprié peut orienter l’action et le comportement de l’entreprise dans le sens
du verdissement. Cadre pour la réflexion, il facilite la prise de décision tout en
étant support de créativité. Le modèle de base GRP (Génération de valeur,
Rémunération, Partage) peut être spécialement adapté pour intégrer l’objectif
environnemental et s’appliquer aussi à la microentreprise. La vision qui
domine encore le plus souvent chez les acteurs et institutionnels proches des
entreprises est celle résumée dans le schéma suivant adapté de C. de
Perthuis (2003) : au-delà de la mise aux normes, le positionnement
stratégique amène l’entreprise soit à prévenir des risques, dont celui de
réputation, soit à saisir l’opportunité d’une plus grande création de valeur par
la vente de produits ou la réduction de coûts. La stratégie des entreprises
pionnières a consisté à prendre en compte tous ces aspects à la fois en
misant sur les innovations durables. Elles participent par là-même à la
construction des normes sociales et environnementales.
123
Figure 7 :
Suite à notre enquête, nous proposons un schéma différent, un « triptyque
gagnant », représentant un business modèle fondé aussi sur l’innovation
durable, donc visant à améliorer la performance de l’organisation sur les plans
environnemental, social et économique, et adapté aux petites et moyennes
unités.
Figure 8 : Le triptyque gagnant
#
""
#
"!
#
$
"-
%
Notre représentation suggère d’être proactif, en cherchant à tirer des
avantages à la fois concurrentiels, liés aux ressources et compétences, liés
aux partenariats et réseaux. Les TPE disposent aussi d’avantages liés à leur
taille humaine, dont la flexibilité et la créativité, et peuvent s’appuyer sur les
124
réseaux pour « externaliser » certaines fonctions ou tâches, et bénéficier de
certaines compétences. Elles peuvent chercher de plus à tirer profit de la
tendance éco-localiste.
L’adoption d’un business modèle favorable, et la communication en interne sur
cette base, peut aider à surmonter les difficultés d’ordre culturel et les
réticences des collaborateurs que rencontrent certaines entreprises quand il
s’agit de décisions environnementales. Enfin, les acteurs relais intervenant au
plus près des entreprises (réseaux d’entreprises, organismes consulaires),
eux-mêmes formés à cette approche des performances de l’unité
microéconomique, pourraient la diffuser largement (par des sessions de
formation, ateliers).
. Le cas des entreprises appartenant à un groupe qui n’a pas son siège dans
la région exige une approche particulière. Précisément le cas de figure le plus
courant est celui du groupe engagé dans une démarche RSE qu’il applique de
façon « extra-territoriale ». Les entreprises locales concernées avouent le peu
de marge de manœuvre à leur niveau, bénéficiant de l’organisation en interne
de la politique environnementale du groupe. En terme d’optimisation, cela peut
soulever un double problème localement, car cela peut s’avérer contreproductif sur le plan environnemental (collecte et transport de déchets,
livraisons et approvisionnements organisés sur toute la France), et cela peut
se faire au détriment du développement économique local que favorisent
potentiellement des circuits courts de proximité.
. De façon générale, parmi les facteurs conditionnant les stratégies
environnementales des entreprises, il faut tenir compte de ce qu’apportent les
groupements ou réseaux d’entrepreneurs.
- au niveau du groupement d’entreprises ou sur un site d’activités
. Quand il est créé localement, le club ou groupement d’entreprises est déjà,
selon les objectifs qu’il se fixe, bien placé pour répondre à une partie des
besoins des dirigeants en matière environnementale : rompre l’isolement ;
informer, échanger, partager sur des sujets peu habituels et des
problématiques d’actualité ; favoriser les synergies entre entreprises. Une telle
structure représente, partiellement au moins, l’activité économique d’un
territoire et peut participer à dynamiser le tissu économique local. Différents
types de réseaux oeuvrent en ce sens en réalité, en plus des clubs
d’entreprises et des associations de zones d’activité : pôles de compétitivité,
grappes, clusters et même des réseaux virtuels.
125
. Il arrive que parmi tous les réseaux d’entreprises existants56 (par filières ou
sectoriels, thématiques, territorialisés), aucun ne réponde aux besoins d’un
certain nombre d’entreprises. Le réseau permet de formaliser un projet
d’action collective pour répondre à ces besoins, partant de chefs d’entreprise
mobilisés autour d’un projet qu’ils partagent, et s’appuyant sur une méthode
participative et des échanges collaboratifs. Les CCI peuvent aider à la
structuration et au développement de tels réseaux57.
. Vont compter particulièrement dans l’optique d’un verdissement de
l’économie locale :
- la création de synergies avec les autres acteurs socioéconomiques
locaux impliqués sur les questions environnementales, d’un espace
collaboratif avec les autres structures, associations environnementales
et établissements publics visant l’émergence et le développement de
services à l’environnement répondant aux besoins locaux dans ce
domaine ;
- l’animation locale : un personnel clairement identifié pour
l’accompagnement des entreprises du réseau sur toutes les questions
environnementales, dédié au projet d’économie circulaire s’il y a lieu, et
à la coordination des projets des adhérents, interlocuteur privilégié des
partenaires et jouant un rôle dans la mise en relation des acteurs, des
divers réseaux et des projets qui concernent son territoire ;
- la réalisation d’études préalables, de diagnostics sur le métabolisme
économique territorial par exemple peut mettre en évidence les
interrelations, synergies et mutualisations possibles ; elle permet aussi
de détecter plus précisément les besoins en termes d’infrastructures,
aménagements divers, nouveaux services, ou sous la forme de
soutiens à la R&D ou pour l’accès aux dernières technologies par
exemple.
. Le dernier niveau à préciser quant aux facteurs conditionnant les stratégies
environnementales des entreprises, découlant directement des deux
précédents, n’a pas besoin d’être étayé davantage. Il s’agit de se situer cette
fois au niveau du territoire, posant ainsi plus directement la question de
l’action publique favorable.
56
En 2010, les CCI sont impliquées dans près de 2 000 réseaux d’entreprises en France, cf.
ACFCI (2010), Réseaux d’entreprises : une valeur ajoutée pour les entreprises, une
nécessité pour les territoires, une priorité pour les CCI, novembre.
57
ACFCI (2012), Création et animation de réseaux d’entreprises. Guide méthodologique à
l’usage des CCI, février.
126
- au niveau des territoires
. Au niveau du territoire, il est possible de déduire ce qui pourrait donner lieu à
des pistes pour l’action en considérant simplement toutes les remarques
précédentes transposées à ce niveau. Certaines observations s’imposent
comme une évidence : ne pas délaisser la question environnementale à
propos de secteurs d’activité (dans les services par exemple) ou types
d’entreprises (microentreprises en particulier) ou territoires infra-régionaux
(« forces vives » absentes) ; s’orienter vers un système de guichet unique
pour tous les besoins en matière environnementale (aides, accompagnement,
formation, compétences spécifiques, R&D) surtout pour les très petites
entreprises ; inciter et soutenir les démarches de management
environnemental à tous les niveaux, et dans la gestion des zones d’activités ;
faciliter l’accès aux services liés à l’environnement (gestion et valorisation de
déchets, études et diagnostics ponctuels, compétences spécifiques,
innovations environnementales) ; stimuler la création de synergies entre
acteurs et structures territoriales, et le partage et les mutualisations (déchets,
ressources dont eau, énergie, les biens, services et flux en général) ; renforcer
autant que possible la cohérence de l’ensemble des actions ayant des
conséquences dans les stratégies environnementales des firmes ;
décloisonner et coordonner au mieux tous les acteurs exerçant une influence
sur ces stratégies ; faciliter les processus d’apprentissage collectifs, la
diffusion et les échanges d’informations et retours d’expérience sur le
territoire
. Apparaît comme un point particulier la communication parce que celle-ci doit
être revue pour tout et à tous les niveaux : elle échoue relativement en matière
environnementale pour de multiples raisons du point de vue des entreprises.
Elle véhicule beaucoup d’informations. Difficile de dire qu’elle en diffuse trop
dans la mesure où la veille informationnelle à ce sujet est très importante pour
les entreprises. Elle ne permet pas une identification facile des aides, des
possibilités d’accompagnement et de conseil, ni des structures, organisations,
institutions, collectivités qui interviennent dans « un système » qui pourtant
semble avoir été mis en place pour les soutenir dans leurs démarches
environnementales. Le fait de passer par des acteurs relais sur le terrain
ajoute parfois à la confusion. Qui fait quoi ? Qui offre quoi ? Qui a financé ?
Quel est le nom du dispositif ?... Autant de questions qui illustrent le manque
de lisibilité, de simplicité et qui sont liées aussi au caractère lourd et compliqué
des démarches et dossiers. En matière de communication environnementale,
les entreprises ont besoin aussi que leur engagement et leurs pratiques
vertueuses soient davantage valorisés.
127
. L’existence de stratégies environnementales au niveau des firmes, et la
complexité à laquelle elles font face au quotidien, doivent être prises en
compte dans l’élaboration de projets territoriaux, dans le fond comme dans la
forme. Associer davantage les acteurs microéconomiques est même
souhaitable quand il s’agit de stratégies d’économie circulaire. Il est difficile
d’imaginer à l’issue de cette enquête qu’un projet d’écologie industrielle de
type Top-down, donc de l’initiative publique seule, puisse avoir toutes les
chances de réussite. Participer activement, au même titre que d’autres acteurs
du territoire (population locale, autres acteurs socioéconomiques), à
l’élaboration de ce type de projet, dont elles ont besoin comme cadre pour
leurs activités mais aussi comme perspective pour leur propre vision de
l’avenir, les engage en même temps dans la réalisation des efforts de
verdissement possibles. De leur côté, les autorités publiques territoriales
peuvent à travers cette implication bénéficier d’une meilleure connaissance
des entreprises et de leur point de vue de parties prenantes, certainement
utiles pour définir un projet territorial.
Rappelons enfin que ces conclusions, établies à partir de notre enquête, sont
dépendantes des territoires d’étude choisis, de l’échantillon d’entreprises et du
moment auquel ont été réalisés les entretiens. Aussi, la présente étude
s’inscrit en complément de celles effectuées en 2012 dans le cadre du
programme d’études de l’économie verte de la DREAL Poitou-Charentes.
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Les réseaux évoqués sont les suivants :
- Groupement des Entreprises
du Chauvinois (3)
onfédération Paysanne (2)
- - Ccoopérative
ACEM79
Agrobio
- - VCienne
ETA (Centre d’Etude
Agricole)
Technique
- CIVAM (Centre d’Initiatives
Valoriser l’Agriculture et le
pour
Milieu rural)
- ENR Ouest Coop
- CAPEB
- Construction 86
- Mode Grand Ouest
- Fédération du textile
- groupement d’achat MCD
- CNAIB (fédération esthétique)
- MEDEF
- Sorégies
- Vienne Energie
- Pôle des éco-industries
- CESV (Club des Entreprises du Sud
Vienne)
- association des commerçants
Parmi les dix-sept entreprises interrogées, cinq entreprises disent
n’appartenir à aucun réseau.
- 
- 
- 
- 
- 
- 
Etat (réglementation nationale, crédits d’impôt) (3)
CAPEB (1)
Chambre des métiers (1)
Clients (marchés publics) (1)
Médias (créent une demande potentielle) (1)
Fournisseurs (1)
156
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157
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158
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159
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160
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161
Résumé de l’étude..
1
Sommaire du présent rapport..
3
I. Contexte de l’étude...
4
I.1. Les apports des études sur l’économie régionale verte et en
verdissement du programme2012 de la DREAL..
4
Tenir compte de la présence et du stade de développement différent des
filières vertes dans la région Poitou-Charentes
5
Tenir compte de l’importance des secteurs TPE/Artisanat/Commerce et
BTP dans l’activité économique régionale et donc du rôle majeur qu’ils
peuvent jouer dans le verdissement de l’économie.
6
« Tester » à l’occasion de notre enquête les conclusions en termes de
priorités d’actions établies par D&Consultants pour le verdissement de la
région...
7
I.2. L’état de l’art
7
Sur les notions utilisées
7
Sur les approches mobilisées..
10
1. L’écologie industrielle.
10
2. L’économie de la proximité appliquée à l’environnement
12
3. Les travaux sur les objectifs et la responsabilité environnementale des firmes...
13
II. Méthodologie de l’étude.........................................
17
II.1. La définition des territoires retenus par l’étude.
17
II.2. Recension des acteurs présents sur les territoires préalablement
définis..
20
II.3. Détermination de l’échantillon d’acteurs
22
II.4. Elaboration de la grille d’entretien..
22
II.5. Seconde phase de l’étude : la réalisation des entretiens
24
III. Résultats sur la dynamique de verdissement des
territoires.
27
III.1. Dynamique observable sur le territoire T1
28
1ère observation : des éléments de contexte généraux pesant particulièrement
sur ce territoire.
29
2ème observation : un ancrage fort des activités sur un territoire qui présente
peu d’éléments de dynamisation en général..
30
3ème observation : une réglementation et une gestion des aides éloignées du
terrain
32
ème
4
observation : une innovation concentrée principalement sur l’acquisition de
nouvelles compétences..
33
5ème observation : quelques organismes et acteurs institutionnels présents et
actifs sur le territoire
34
162
Observation finale : la réalité du verdissement du territoire au niveau
microéconomique.................................................................................................
35
à travers les actions
36
à travers les motivations
37
DD et RSE plutôt qu’économie verte...
38
III.2 Dynamique observable sur le territoire T2.
39
ère
1 observation : éléments généraux montrant a priori qu’une dynamique de
verdissement est enclenchée
2
ème
40
observation : des acteurs et réseaux locaux actifs
42
3ème observation : des actions et motivations suggérant un verdissement à la
base...
44
4ème observation : un territoire d’entreprises sensibilisées « qui bouge » .....
45
le point de vue exprimé par les entreprises pour verdir leur territoire
45
l’atout que représente un territoire qui bouge.
46
l’implication des entreprises dans le verdissement du territoire..
47
III.3 Dynamique observable sur le territoire T3.
49
1ère observation : un territoire dynamique d’entreprises reliées...
50
2ème observation : des actions environnementales pluridirectionnelles......
52
ème
3
observation : les entreprises, agents du verdissement à besoin
d’accompagnement
55
des entreprises particulièrement motivées.
55
des besoins majoritairement d’accompagnement.
56
4ème observation : un processus spontané, décentralisé de verdissement de
l’économie locale.
57
des services « à l’environnement » sur le territoire...
58
une économie locale en verdissement avec une orientation spontanément
circulaire...
59
Comment renforcer la dynamique de verdissement du territoire selon les
entreprises ? ...
61
III.4 Dynamique observable sur le territoire T4.
64
1ère observation : un territoire attractif, d’entreprises dynamiques en terme de
verdissement
66
2ème observation : le rôle du Club d’entreprises de Périgny et l’éco-réseau
Biotop
68
3ème observation : au-delà du Club d’Entreprises de Périgny : des acteurs
présents et engagés sur ce territoire
71
ème
4
observation : quelles perspectives quant à la dynamique de
verdissement ? Eléments apportés par les entreprises
73
des entreprises convaincues qu’il faut agir pour l’environnement..
73
quels acteurs pour favoriser la dynamique et la renforcer selon les entreprises ?..
76
III.5 Dynamique observable sur les territoires : essai de comparaison et
163
synthèse globale
78
ère
1 observation : la progression s’apprécie à travers les actions menées par
les entreprises.
80
ème
2
observation : la dynamique de verdissement des entreprises est corrélée à
la présence de services à l’environnement et à l’implication de structures
environnementales sur le territoire et de réseaux et organismes représentant
les entreprises..
81
3
ème
observation : le rôle des collectivités territoriales..
82
4
ème
observation : deux modes différents de verdissement en présence...
84
IV. Résultats sur la dynamique de verdissement des
entreprises dans leur territoire.
87
IV.1. La réglementation à la fois source de progrès et de retard...
87
1ère observation : la réglementation favorise le progrès................................
88
une contrainte heureuse
88
un tremplin
88
2ème observation : la réglementation conditionne un retard......
89
l’entreprise n’a pas les moyens d’appliquer la réglementation
89
la réglementation est assimilée à un désavantage concurrentiel
90
la réglementation manque de lisibilité pour les TPE.
90
IV.2. Les moteurs de l’économie verte et du verdissement au niveau
microéconomique dans la région
91
er
1 moteur : les dispositifs incitatifs mis en place...
91
état des lieux
91
aides et incitations financières..
93
information, conseil et formation..
94
(1) les acteurs institutionnels..
94
(2) les structures porteuses de l’action régionale
95
(3) les associations environnementales
96
2ème moteur : les volets spécifiques dans des dispositifs génériques existants
97
un accompagnement opérationnel des laboratoires indépendants
97
la proximité des associations professionnelles..
98
(1) la filière du bois
98
(2) l’agriculture...
98
(3) l’artisanat et les PME-PMI.
99
3ème moteur : la personnalité du dirigeant..
99
positionnement de marché
100
par conviction..
100
4ème moteur : l’identité de l’entreprise.....
100
164
changement d’identité, l’environnement comme une seconde nature...
100
cas du verdissement lié à la nature des activités de l’entreprise
100
5ème moteur : place des réseaux, structures et plateformes.....
102
état des lieux sur le terrain
103
exemple du Club d’Entreprises de Périgny
104
exemple d’une Fédération Professionnelle
105
Le rôle informel des fournisseurs.
105
la place des établissements bancaires
106
IV.3. Les freins à l’économie verte et au verdissement au niveau
microéconomique dans la région
106
er
1 frein : taille et structure..
106
caractéristiques structurelles.
107
appartenance à un groupe
108
ème
frein : définition du rôle de l’entreprise...
110
la vocation première de l’entreprise reste économique
111
si une autre dimension doit être intégrée, elle sera sociale.
111
la priorité économique met à mal les tentatives de collaboration
113
frein : méconnaissance et problème d’identification des acteurs, réseaux
3
et dispositifs..
113
2
ème
4
lourdeur administrative...
113
problèmes d’identification des acteurs liés aux différents rôles et niveaux de
décision.
114
ème
frein : démarches sans suite..
115
rien ne prolonge l’action de sensibilisation.
115
de nouveaux freins sont apparus après la mise en place d’actions...
116
ème
frein : la communication......
117
l’entreprise réalise des actions mais ne communique pas...
117
l’entreprise communique beaucoup relativement à ce qu’elle entreprend
117
V. Conclusions de l’étude..
120
5
remarques conclusives générales..
120
facteurs conditionnant les stratégies environnementales des entreprises
et leviers d’action possibles..
122
- au niveau de l’entreprise elle-même...
123
- au niveau du groupement d’entreprises ou sur un site d’activités.
125
- au niveau des territoires
127
Références bibliographiques
129
Annexes...
133
165
Annexe 1 – Carte : territoires retenus et répartition géographique des métiers verts
et verdissants dans la région (INSEE) 134
Annexe 2 – Cartes des territoires choisis
136
Annexe 3 – Listes des acteurs relais (début de l’étude) .
141
Annexe 4 – La grille d’entretien
143
Annexe 5 – Résultats bruts par territoire..
154
166
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