Extrait de la publication Sous la direction de STEPHANE GUAY ET ANDRE MARCHAND LES TROUBLES LIES AUX EVENEMENTS T R A U M A T I Q U E S DEPISTACE, EVALUATION ET TRAITEMENTS Les Presses de I'Universite de Montreal Extrait de la publication Couverture: Lutrecia by Damian Buenaventura Campeny y Estrany, © Ramon Manent/Corbis. La Villette Science Project in Paris, © Yves Forestier/Corbis Sygma. The Human Brain and Spinal Column in a French Dictionary of Natural History from 1849, © Michael Masian Historic Photographs/Corbis. Catalogage avant publication de Bibliotheque et Archives Canada Vedette principale au litre: Les troubles lies aux evenements traumatiques: depistage, evaluation et traitements Comprend des ref. bibliogr. ISBN-10 2-7606-2018-2 ISBN-13 978-2-7606-2018-6 I. Traumatisme psychique — Depistage. 2. Traumatisme psychique — Traitement. 3. Nevroses post-traumatiques. 4. Psychotherapie. I. Quay, Stephane, 1969II. Marchand, Andre, 1951 6 oct- . RC552.T7T76 2006 616.85'21 C2006-940668-5 Depot legal: 2e trimestre 2006 Bibliotheque et Archives nationales du Quebec © Les Presses de 1'Universite de Montreal, 2006 Les Presses de 1'Universite de Montreal remercient de leur soutien financier le ministere du Patrimoine canadien, le Conseil des Arts du Canada et la Societe de developpement des entreprises culturelles du Quebec (SODEC). Imprime au Canada en mai 2006 Extrait de la publication REMERCIEMENTS Ce livre est le resultat d'une collaboration exceptionnelle des auteurs de chacun des chapitres et nous leur en sommes extremement reconnaissants. Nous souhaitons egalement exprimer notre profonde gratitude: • envers la direction du Centre de recherche Fernand-Seguin de 1'Hopital Louis-H. Lafontaine et celle du Departement de psychologic de 1'Universite du Quebec a Montreal pour le soutien qu'elles ont apporte a la redaction de cetouvrage; • a nos conjointes respectives, Josee et Suzanne, pour leur soutien indefectible ; • aux employes des Presses de PUniversite de Montreal; • aux etudiants, assistants et coordonatrices de recherche ainsi qu'aux professionnels et chercheurs avec lesquels nous travaillons en etroite collaboration sur differents projets; • aux victimes d'evenements traumatiques qui acceptent tres genereusement de participer aux recherches permettant de faire avancer les connaissances. Page laissée blanche Extrait de la publication TABLE DES MATIERES CHAPITRE 1 CHAPITRE 2 CHAPITRE 3 CHAPITRE 4 CHAPITRE 5 CHAPITRE 6 CHAPITRE 7 CHAPITRE 8 Depistage et evaluation des troubles lies aux evenements traumatiques Louis JEHEL ET STEPHANE GUAY i Epidemiologie de Petat de stress post-traumatique RICHARD BOYER, STEPHANE GUAY ET ANDRE MARCHAND 23 Facteurs de risque et de protection dans la modulation de 1'etat de stress post-traumatique MELISSA MARTIN, VANESSA GERMAIN ET ANDRE MARCHAND 51 Les modeles cognitivo-comportementaux de 1'etat de stress post-traumatique: considerations theoriques AURORE SEGUIN-SABOURAUD 87 Une theorie neurocognitive des processus impliques dans le developpement et la remission des psychotraumatismes ALAIN BRUNET, KARINE SERGERIE ET VINCENT CORBO 119 L'etat de stress post-traumatique chez les enfants: manifestations et traitement CAROLINE BERTHIAUME, MAXIME BERIAULT ET LYSE TURGEON 137 Psychotraumatismes: strategies d'intervention psychothe'rapique postimmediate ANDRE MARCHAND, ISABEAU BOUSQUET DES GROSEILLIERS ET ALAIN BRUNET 165 Les interventions psychologiques pour 1'etat de stress post-traumatique STEPHANE GUAY, ANDRE MARCHAND, VICKY LAVOIE, FRANCOIS GRIMARD ET SUZIE BOND 191 Extrait de la publication ViH • LES TROUBLES LlfiS AUX fiVENEMENTS TRAUMATIQUES CHAPITRE 9 CHAPITRE 10 CHAPITRE 11 CHAPITRE 12 CHAPITRE 13 CHAPITRE 14 L'EMDR est-elle une intervention efficace pour trailer Petat de stress post-traumatique? MAXIME BERIAULT, SERGE LARIVEE ET PIERRE A. GREGOIRE 215 La pharmacotherapie de 1'etat de stress post-traumatique PIERRE LANDRY, PHILIPPE C6TE ET NICOLE MAINGUY 243 Etat de stress post-traumatique et atteintes neurologiques: etat des connaissances et implications cliniques en neuropsychologie HELENE PINEAU 279 Depression et etat de stress post-traumatique FRANCOIS DUROCQ ET GUILLAUME VAIVA 307 Sommeil et etat de stress post-traumatique SOPHIE DESJARDINS ET ANNE GERMAIN 337 Impact du soutien social sur 1'etat de stress post-traumatique: donnees empiriques, aspects etiologiques et strategies d'intervention STEPHANE GUAY, ANDRE MARCHAND ET VALERIE BILLETTE 369 Extrait de la publication CHAPITRE 1 Depistage et evaluation des troubles lies aux evenements traumatiques Louis JEHEL ET STEPHANE GUAY Table des matieres 1. 2. 3. 4. Diagnostics d'etat de stress aigu et de stress post-traumatique Autres troubles specifiques pouvant decouler d'un evenement traumatique 2.1 Troubles immediats peritraumatiques 2.1.1 La stupeur dissociative 2.1.2 Reaction aigue a un facteur de stress 2.2 Troubles postimmediats constitues 2.3 Sommaire Troubles psychiatriques comorbides frequemment associes 3.1 Depression, comportement de dependance et risque de suicide 3.2 Caracteristiques somatiques et psychosociales Strategies devaluation cliniques 4.1 L'entrevue clinique 4.2 L'utilisation des mesures quantitatives 4.3 Les principaux instruments de mesure valides en langue francaise 4.4 Les instruments de mesure des consequences psychopathologiques specifiques d'un evenement traumatogene 4.4.1 Les instruments disponibles pour Theteroevaluation 4.4.2 Les instruments disponibles pour 1'autoevaluation Extrait de la publication 3 6 6 6 6 6 7 7 7 8 9 9 9 10 10 11 11 4.5 5. 6. 7. Les instruments de mesure des consequences psychopathologiques non specifiques d'un evenement traumatogene 4.5.1 Les instruments disponibles pour 1'heteroevaluation 4.5.2 Les instruments disponibles pour Pautoevaluation Criteres a considerer pour le diagnostic differentiel Identifier les «faux positifs» Perspectives de recherche 7.1 L'evaluation dans le cadre d'une etude 7.2 Particularite du contexte des catastrophes 7.3 Les enquetes epidemiologiques 7.4 Reflexions relevant de la deontologie Extrait de la publication 12 12 13 14 15 15 15 16 17 17 Depistage et evaluation des troubles lies aux evenements traumatiques • 3 Les troubles lies aux evenements traumatiques ne sont habituellement pas tres difficiles a diagnostiquer, a condition que le clinicien les explore avec les questions et les procedures adaptees. Que Pevenement soit recent ou tres ancien, le clinicien doit, avant de definir une strategic de soins, preciser 1'etendue des symptomes et leur severite. Certains professionnels de la sante expriment leur inquietude, considerant que le questionnement trop systematise pourrait avoir un effet suggestif sur la symptomatologie. Cependant, cette crainte n'est pas corroboree par les faits et cette evaluation quantitative n'aura de poids que si elle est coherente avec 1'evaluation globale du clinicien. D'autres redoutent le caractere intrusif de questions precises adressees a un patient souffrant, alors que, dans notre pratique de ces methodes devaluation, nous observons le plus souvent la satisfaction des patients. Us disent etre heureux d'entendre ou de lire des questions qui leur permettent d'exprimer leur douleur, ce qui constitue une premiere etape des soins dans une demarche d'identification des symptomes. Bien entendu, ces outils doivent etre utilises avec le respect ethique necessaire pour ajuster 1'evaluation et le choix des mesures aux circonstances de la rencontre avec le clinicien et a Petat clinique du patient. Cette evaluation est done avant tout une aide pour le clinicien et le patient. 1. Diagnostics d'etat de stress aigu et de stress post-traumatique L'etat de stress aigu (ESA) et Fetal de stress post-traumatique (ESPT) constituent sans aucun doute les troubles les plus frequemment associes a 1'exposition a un evenement traumatique. L'ESA et 1'fiSPT sont des diagnostics relativement recents dans la nomenclature psychiatrique. Afin de poser un diagnostic d'fiSPT (voir le resume des criteres diagnostiques dans le Tableau 1.1), il faut, en premier lieu (critere A), que la personne ait dti faire face a un evenement traumatique, durant lequel son integrite physique ou celle d'autrui a pu etre menacee, et auquel elle a reagi par une peur intense, un sentiment d'impuissance ou un sentiment d'horreur. TABLEAU i .1 A. Etat de stress post-traumatique, adaptation des criteres du DSM-IV (1994) Le sujet a ete expose a un evenement traumatique dans tequet les deux elements suivants etaient presents: (i) Le sujet a vecu ow a ete temoin ou a ete oblige de faire face I un on des evenements durant lesquels des individusont pu mourtr qu etre gravement blesses ou bien ont ete menaces de mort ou de grave blessure ou durant lesquels son integrite physique ou cetle d'autrui 3 pu etre menacee. {2) La reaction de ia personne a revenement doit comprendre une peur intense, un sentiment de d&sespoir ou d'horreur. B« La personne dolt revlvre de maniere persistante I'evinement traumatique par des souvenirs repetftjfs ou des rives. C, La personne doit eviter de mantere persis^inte ce qui est associe au traumatisme, avec emoussement de la reactivite generale (ne preexistant pas au traumatisme). D» La personne doit vivre des symptdmes perslstants traduisant une activation newrovlgetative (ne preexistant pas au traumatisme). Extrait de la publication 4 • LES TROUBLES LIES AUX EVENEMENTS TRAUMATIQUES £. La perturbation (symptomes des criteres B, C et D) dure plus d'un mois. F. La perturbation entrame une souffranee significative ou une alteration du fonctionnement social, professionnel ou dans d'autres domaines tmportants. De plus, il faut specifier que le trouble est: Aigu: si la dur£e des sympt&mes est de mains de trois mois Chronique: si la duree des sympt6mes est de trols mois ou plus. A survenue differee: si le debut des symptdmes survient au rnoins six mois apres le facteur de stress, Source: DSM-IV, American Psychiatric Association, 1994. Les symptomes subsequents doivent etre presents. Us se divisent en trois categories : la reviviscence de 1'evenement traumatique (critere B), Pevitement persistant de stimuli associes au traumatisme et Pemoussement de la reactivite generate (critere C) et,enfin, 1'activation neurovegetative (critere D). Le diagnostic d'fiSPT suppose que ces perturbations se manifestent durant un mois minimum. Les criteres diagnostiques de PESA sont similaires a ceux de PESPT. Toutefois, les symptomes doivent survenir entre 2 jours et 4 semaines suivant 1'evenement et 1'accent est mis sur la presence des symptomes dissociatifs (voir le critere B du diagnostic d'fiSA dans le Tableau 1.2). TA B L E A u 1.2 Critere B de I'etat de stress aigu Durant I'evenement ou apres avoir vecu I'evenement perturbant, Pindividu a presente au rnoins trois des symptdmes dissociatifs suivants: (1) un sentiment subjectif de torpeur, de detachementou une absence de reactivite emotionnelle; (2) une reduction de la conscience de son environnement (par exemple,« etre dans le brouillard »); (3) une impression de derealisation; (4) (5) une impression de depersonnalisation; une amneste dissociative {c,-a-d. tncapacite a se souvenir d'un aspect important du traumatisme). Source: DSM-IV, American Psychiatric Association, 1994. Si le clinicien se trouve en presence d'un patient presentant un ou plusieurs des symptomes d'ESA ou d'ESPT, il devrait alors entamer une procedure de depistage. En premier lieu, il est essentiel de le questionner sur la survenue anterieure d'un eVenement traumatique afin d'identifier celle-ci. Pour y arriver, il peut etre souhaitable de fournir des exemples de ce type d'evenements (une agression, un accident, un vol, etc.). Dans l'affirmative, le clinicien devrait continuer de poser des questions dans le but de determiner si le patient a developpe un ESA ou un ESPT. Vous trouverez dans le Tableau 1.3 des exemples de questions que les cliniciens peuvent poser aux patients afin d'identifier les principaux criteres diagnostiques de ces deux troubles selon le DSM-IV. Extrait de la publication Depistage et evaluation des troubles lies aux evenements traumatiques • 5 TABLEAU i .3 Questions utiles pour identifier un trouble lie a un evenement traumatique «At* cours des dernieres semalnes ou derniers mois, avez-vous vecu on Evenement qui a pu mettre votre vie ou votre mt<k}rtts§physique ou celte d'un autre en danger ? » « Pendant ou a ta suite de i'evenement, avez-vous ressenti une peur intense, un sentiment d'impuissance ou d'horreur ?» « Durant l'ev£nement, avez-vous eu ('impression d'etre detache, d'itre moins conscient de votre envtronnement, de ne plus etre vous-meme ou etes-vous incapable de vous souvenir d'un aspect important de I'evenement ? » « Avez-vous eu des flashs-back ou descauchemars au sujet de I'evenement ?» «Depuis I'evenement, evitez-vous des situations ou des endroits relies I I'evenement pa q u'ils vous causent des malaises importants ?» «Oepuis I* evenement, vivez-vous des symptomes tels que difficultes a dormir, irritabilite, difficultes a vous concentrer, surveillance excessive ou sursauts exageres ? » « Les syrnptdmes identifies precedemment durent depuis combien de temps ? » «Aquel degr£ ces symptomes aifectent-ils votre fonctlonnement personnel, social ou profes* sionnel?» Pour favoriser Tidentification d'un ESA ou d'un ESPT, il est important que le patient se sente en securite afin de mieux devoiler les informations concernant son intimite et son etat dysfonctionnel (Meichenbaum, 1994). A cet egard, le premier contact est considere comme un element critique et la relation entre le professionnel et le patient doit avant tout etre chaleureuse et securisante afin d'aider le patient a raconter son histoire et a se sentir compris, accepte", soutenu et non isole (Carlson, 1997). II est done primordial que la formulation des questions ne soit pas utilisee ou percue par ce dernier comme un contre-interrogatoire. L'entrevue doit plutot viser a ce que la victime s'exprime sur le vecu reel du traumatisme, la chronologic des evenements, 1'exposition a la mort ou aux blessures, puis sur son experience e'motive, notamment les sentiments d'impuissance, d'horreur ou de frayeur. Consequemment, il est recommande de prevoir une duree d'entrevue qui permettra au patient de s'exprimer. Neanmoins, de nombreuses victimes eprouvent de la difficulte a exprimer verbalement leurs emotions et leurs sentiments en rapport avec I'evenement traumatique. II peut en etre ainsi soit parce qu'elles veulent eviter d'en parler ou parce qu'elles se sentent honteuses ou coupables de ce qui leur est arrive. Certaines manifestent des affects restreints et d'autres sont plus ou moins conscientes qu'elles ont ete traumatisees, car elles eprouvent de nombreux symptomes dissociatifs. D'autres n'arrivent pas a raconter convenablement ce qui leur est arrive ou ne peuvent pas decrire facilement leur etat emotionnel durant et apres I'evenement traumatique. Aussi, le recit peut etre entache d'amnesie partielle. Finalement, certaines victimes ne font pas le lien entre 1'incident traumatique et les difficultes psychologiques ou physiques pour lesquelles elles consultent un specialiste. Ainsi, un patient ne revelera pas d'emblee qu'il a vecu un evenement traumatisant ni 1'etendue des symptomes qui en decoulent (Guay, Mainguy et Marchand, 2002). 6 • LES TROUBLES LIES AUX EVENEMENTS TRAUMATIQUES 2. Autres troubles specifiques pouvant decouler d'un evenement traumatique 2.1 Troubles immediats peritraumatiques On peut discerner des troubles immediats peritraumatiques qui sont caracterises par une reaction de detresse emotionnelle pouvant etre intense et associee a des symptomes de dissociation. A cette phase, 1'utilisation d'outils psychometriques dimensionnels est seulement possible pour preciser la severite des symptomes. La criteriologie du DSM-IV ne permet pas d'inclure ces troubles et nous pouvons utiliser ceux de la Classification internationale des maladies 10 (CIM-10). 2.1.1 La stupeur dissociative Le diagnostic de stupeur repose sur la constatation d'une diminution importante ou d'une absence des mouvements volontaires et d'une reactivite normale a des stimuli externes qui touchent la vue, 1'ouie ou le toucher, sans que 1'examen clinique et les examens complementaires ne mettent en evidence une cause physique. Par ailleurs, on dispose d'arguments qui demontrent 1'origine psychogene du trouble, dans la mesure ou il est possible de mettre en evidence des evenements ou des problemes stressants recents. De cette definition sont exclus la stupeur depressive, maniaque, ou les troubles catatoniques organiques. 2.1.2 Reaction aigueaun facteur de stress II s'agit d'un trouble transitoire, survenant chez un individu ne presentant aucun autre trouble mental manifeste, a la suite d'un facteur de stress physique et psychique exceptionnel et disparaissant habituellement en quelques heures ou en quelques jours. La survenue et la gravite d'une reaction aigue a un facteur de stress sont influencees par des facteurs de vulnerability individuels et par la capacite du sujet a faire face a un traumatisme. La symptomatologie est typiquement mixte et variable, et comporte initialement un etat« d'hebetude » caracterise par un certain retrecissement du champ de la conscience et de 1'attention, une impossibility a integrer des stimuli et une desorientation. Get etat peut etre suivi d'un retrait croissant de 1'environnement (pouvant aller jusqu'a une stupeur dissociative — voir F44.2) ou d'une agitation avec hyperactivite (reaction de fuite ou fugue). Le trouble s'accompagne frequemment des symptomes neurovegetatifs d'une anxiete panique (tachycardie, transpiration, bouffees de chaleur). Les symptomes se manifestent habituellement dans les minutes suivant la survenue du stimulus ou de 1'evenement stressant et disparaissent en 1'espace de deux a trois jours (souvent en quelques heures). II peut y avoir une amnesic partielle ou complete (F44.0) de 1'episode. Quand les symptomes persistent, il convient d'envisager un changement de diagnostic. 2.2 Troubles postimmediats constitues Cette categoric est differente des autres dans la mesure ou sa definition ne repose pas exclusivement sur les symptomes et revolution, mais egalement sur 1'un ou Extrait de la publication Depistage et evaluation des troubles lies aux &v£nements traumatiques • 7 1'autre des deux facteurs etiologiques suivants: un evenement particulierement stressant entrainant une reaction aigue a un facteur de stress, ou un changement particulierement marquant dans la vie du sujet, comportant des consequences desagreables et durables et aboutissant a un trouble de 1'adaptation. 2.3 Sommaire Des facteurs de stress psychosociaux relativement peu severes a travers des evenements de la vie peuvent precipiter la survenue ou influencer le tableau clinique d'un grand nombre de troubles classes dans ce chapitre, mais il n'est pas toujours possible de leur attribuer un role etiologique, d'autant plus qu'il faut prendre en consideration des facteurs de vulnerabilite, souvent idiosyncrasiques, propres a chaque individu. En d'autres termes, ces evenements de la vie ne sont ni necessaires ni suffisants pour expliquer la survenue et la nature du trouble observe. En revanche, on admet que les troubles lies a un evenement traumatique sont toujours la consequence directe d'un facteur de stress aigu important ou d'un traumatisme persistant. Les evenements stressants ou les circonstances penibles et persistantes constituent le facteur causal primaire et essentiel, en 1'absence duquel le trouble ne serait pas survenu. Les troubles reunis dans ce chapitre peuvent ainsi etre considered comme des reponses inadaptees a un facteur de stress severe ou persistant, dans la mesure ou ils interferent avec des mecanismes adaptatifs efficaces et conduisent ainsi a des problemes dans la fonction sociale. Les troubles psychiques post-traumatiques evoluent spontanement avec le temps, le plus souvent vers une reduction du nombre de symptomes (Kessler, Sonega, Bromet, Hughes et Nelson, 1995). La plupart des auteurs, en particulier dans les etudes epidemiologiques rapportees par Kessler, Breslau et leurs collaborateurs (Kessler et al., 1995; Breslau, Davis, Andreski et Peterson, 1991) et MacFarlane et Papay (1992), constatent 1'apparition d'autres symptomes non specifiques. II s'agit principalement de consommation abusive d'alcool, d'episodes depressifs, de symptomes d'anxiete generalisee ou de troubles phobiques et paniques, ainsi que de plaintes somatiques. 3. Troubles psychiatriques comorbides frequemment associes Devaluation des consequences d'un evenement traumatogene doit aussi rechercher les pathologies les plus frequemment associees a 1'ESPT. Ces pathologies peuvent meme dominer la symptomatologie. 3.1 Depression, comportement de dependance et risque de suicide Parmi ces pathologies, nommons en tout premier lieu la depression. Des 1991, Breslau affirmait que la comorbidite se situait entre depression et fiSPT. Elle atteignait 36,6 % pour les personnes exposees a un evenement traumatogene. L'importance de cette comorbidite a ete confirmee par Kessler et al (1995). Apres la depression, le comportement de dependance est le trouble comorbide le plus frequemment associe a 1'fiSPT dans la population generale (Kessler et a/., Extrait de la publication 8 • LES TROUBLES LIES AUXfiVfiNEMENTSTRAUMATIQUES 1995). Le depistage des comportements de dependance est necessaire pour tous les groupes de victimes, notamment lorsque les evenements traumatogenes sont survenus dans 1'enfance, en particulier les agressions sexuelles repetees (Teusch, 2001; Langeland, Draijer et van der Brink, 2004). Au-dela de ces troubles, revaluation du risque de suicide doit etre systematique aupres de personnes souffrant de psychotraumatisme. Oquendo et al. (2005) confirment que les personnes presentant un ESPT ont un risque beaucoup plus eleve de comportement suicidaire, meme en 1'absence de trouble depressif ou autre trouble anxieux. En France, Vaiva et al. (2004) soulignent 1'importance des comportements suicidaires parmi les victimes exposees dans 1'etude « Sante mentale en population generale » (SMPG), pilotee par le CCOMS France, realisee entre 1999 et 2003 chez plus de 36 000 personnes representatives des 45 000 000 de Francais de plus de 18 ans. Cette augmentation du risque suicidaire est associee a 1'ensemble des troubles lies au trauma. 3.2 Caracteristiques somatiques et psychosociales Les liens entre pathologies somatique et post-traumatique sont souvent evoques et doivent etre pris en compte, comme le rappellent Schnurr et Green (2004). En effet, les perturbations physiologiques connues, qui font suite a un evenement traumatique, notamment sur le plan cardiovasculaire, et les modifications de comportement ont un impact sur la qualite de la sante. De plus, des consequences sont observees. Le processus engage par la reaction de stress pourrait agir sur des contraintes corporelles et augmenter la survenue de pathologies somatiques; il doit done etre pris en compte. De meme, 1'evolution de certaines pathologies, comme le VIH, est marquee par la survenue d'un evenement traumatogene et d'un ESPT (Leserman, Whetten, Lowe, Stangl, Swartz et Thielman, 2005). D'autre part, plusieurs auteurs ont confirme le retentissement dans la vie relationnelle, pour des militaires ou des civils, de la presence d'un ESPT. La presence de ces symptomes est le plus souvent reliee a la hausse des difficultes relationnelles. Riggs, Byrne, Weathers et Litz (1998), mais aussi Prigerson, Maciejewski et Rosenheck (2001), mettent en parallele le developpement de 1'ESPT dans la societe' et le nombre des divorces qui y prevaut (Prigerson et al., 2001). Le role du soutien social est considere par Shalev, Tuval-Mashiach et Hadar (2004) comme une variable tres importante contribuant a justifier les interventions precoces pour restaurer un soutien social; la faiblesse de celui-ci laisse predire la severite du ESPT ulterieur. Altinda, Ozen et Sir (2005) ont aussi reconnu chez les victimes d'un tremblement de terre le role majeur du soutien social dans la prise en charge immediate des victimes. L'importance des liens entre le soutien social et 1'ESPT est souvent evoquee, mais peu evaluee de fa^on precise (Guay, Billette et Marchand, 2006). Ces auteurs insistent sur la necessite de developper une recherche plus definie dans cette direction du soutien social en analysant les aspects cognitifs et emotionnels sous-jacents et, d'autre part, sur 1'interet des strategies therapeutiques qui mobilisent les ressources du soutien social, dont celles du couple (Guay et al, 2004). Extrait de la publication Depistage et Evaluation des troubles lies aux evenements traumatiques • 9 Enfin, il est essentiel d'evaluer 1'historique ou 1'etat actual des compensations ou indemnisations reclamees. D'une part, un litige avec le tiers payeur peut constituer un facteur de stress qui contribue a exacerber 1'anxiete de la victime. D'autre part, il peut amener 1'individu a exagerer 1'autoevaluation qu'il fait de ses difficulte"s afin d'obtenir gain de cause ou encore d'eviter qu'on mette fin a son indemnisation. Il va sans dire que de tels facteurs sont susceptibles d'influencer sa motivation a changer et ses attentes par rapport a la therapie. 4. Strategies devaluation cliniques Devaluation des troubles lies aux evenements traumatiques demande aux cliniciens de considerer plusieurs aspects, et ce, a 1'aide de diffe'rentes methodes. 4.1 L'entrevue clinique L'entrevue clinique permet de recueillir des informations essentielles sur un bon nombre de dimensions. Selon Brillon (2005), le clinicien devrait tenter d'obtenir des informations sur les reactions post-traumatiques suivantes: une breve description de 1'evenement traumatique, le niveau de fonctionnement depuis 1'evenement, les facteurs pretraumatiques ayant pu disposer 1'individu a developper des difficultes (histoire traumatique anterieure, par exemple), les facteurs de maintien (qualite du soutien social, par exemple) et les attentes de la victime face a la therapie. D'autre part, 1'entrevue constitue 1'occasion d'evaluer 1'experience specifique de la victime. Par le biais d'un echange avec le patient, il est possible de comprendre les effets differentiels d'un type d'evenement traumatique par rapport a un autre (agression sexuelle versus accident de voiture). II est egalement possible d'examiner 1'interpretation que 1'individu fait de 1'evenement et de ses reactions tels la reviviscence, les manifestations d'hyperactivite, les problemes de memoire, etc. Enfin, 1'entrevue constitue aussi 1'occasion d'identifier des aspects emotionnels associes au trauma tels 1'agressivite, la rage, 1'impulsivite, la honte, etc. Notons que des instruments de mesure standardises ne permettent pas de mesurer ces emotions. 4.2 L'utilisation des mesures quantitatives Une approche pouvant fournir une mesure quantitative s'impose aupres des cliniciens et des chercheurs, car elle contribue a structurer 1'evaluation vers des objectifs precis dans une demarche rigoureuse. Elle permet de rendre operationnels les criteres impliques dans le diagnostic clinique ou la severite du trouble et d'en donner une mesure chiffree. A partir de cette information, on peut proposer un diagnostic selon des regies precises et des references donnees, comme le DSMIV ou la CIM-10. Dans ce cas, on parle d'instruments categoriels, car ils attribuent a un sujet une categoric diagnostique. II faut egalement mesurer la place du patient dans la dimension exploree pour en donner un indicateur de severite ou d'intensite. On parle alors d'instruments de mesure dimensionnels. L'approche dimensionnelle etudie les phenomenes Extrait de la publication 10 • LES TROUBLES LIES AUX EVENEMENTS TRAUMATIQUES psychiques, comme des grandeurs non directement mesurables, mais liees au cumul d'indicateurs directement mesurables, les items. Les instruments d'evaluation standardised correspondants sont destines a evaluer la grandeur a partir des indicateurs. La puissance de ces informations quantitatives s'appuie aussi sur la connaissance de leurs limites et des biais dont elles peuvent souffrir, et constitue ainsi une etape dans revaluation du trouble. 4.3 Les principaux instruments de mesure valides en langue francaise Nous avons retenu les principales mesures valides utilisees pour les troubles specifiques comme PESPT et les manifestations peritraumatiques en associant un exemple d'une mesure utile pour identifier des troubles comorbides, mais sans exhaustivite pour cette derniere categoric. Nous distinguons dans ce chapitre, d'une part, les mesures ne"cessitant I'intervention d'un evaluateur pour la realisation d'une heteroevaluation et, d'autre part, les questionnaires visant a une autoevaluation. Deux caracteristiques majeures de la reaction peritraumatique ont ete clairement identifiees et deux questionnaires y repondent. La traduction et la validation du questionnaire sur les experiences de dissociation peritraumatique (PDEQ) ont ete coordonnees par Alain Brunet (Brunet et al, 2002), avec Pautorisation des auteurs Marmar, Weiss et Metzler (1997), a partir du « Peritraumatic Dissociative Experience Scale ». Ce questionnaire est constitue de 10 items, mesures de 1 a 5. 11 mesure Pintensite de Petat dissociatif au cours d'un evenement traumatique. La dissociation est, d'apres les auteurs, un des meilleurs indicateurs de stress aigu et un excellent critere predictif de stress post-traumatique (Marmar et al., 1994). Ces symptomes dissociatifs se caracterisent par une reduction de Petat de conscience, une focalisation ou un emoussement emotionnel, avec un sentiment de detachement par rapport a Penvironnement. Le resultat est obtenu en effectuant la somme ou la moyenne des 10 items. Le « seuil clinique » de cette mesure est de 1,5 pour la moyenne. L'inventaire de detresse peritraumatique (PDI) a ete construit par Alain Brunet et al. (2001) pour mesurer le critere A2 de PESPT dans la classification du DSM-IV. II a ete traduit et valide en langue francaise par Louis Jehel et ses collaborateurs (Jehel, Brunet, Paterniti et Guelfi, 2005). II contient 13 items mesures de 0 a 4. Les resultats vont de 0 a 52. La consigne pour chaque item est de coter sa reponse en fonction de « ce que vous avez ressenti pendant et immediatement apres Pevenement critique ». Le resultat total moyen est obtenu par la somme des items divisee par le nombre d'items. La qualite de ses caracteristiques psychometriques et de sa capacite a predire des troubles post-traumatiques (Brunet, St-Hilaire, Jehel et King, 2003) permet de recommander son utilisation. 4.4 Les instruments de mesure des consequences psychopathologiques specifiques d'un evenement traumatogene Nous citerons en premier lieu les mesures valides pour une heteroevaluation faite par un clinicien forme a cette pratique, puis les outils permettant une autoeva- Dfyistage et Evaluation des troubles lies aux evenements traumatiques • 11 luation des patients, dormant une information sur la severite des symptomes, et non sur le diagnostic. 4.4.1 Les instruments disponibles pour I'heteroevaluation La Clinician Administred PTSD Scale (CAPS; Blake et a/., 1990) mesure la frequence et 1'intensite de chaque symptome en utilisant des questions standardisees. Elle permet d'evaluer la presence actuelle d'ESPT ainsi que des troubles post-traumatiques survenus dans le passe de 1'individu. Elle suit rigoureusement les criteres diagnostiques de 1'ESPT tels qu'ils sont definis par le DSM-IV. La CAPS-1, la plus utilisee, recherche les symptomes au cours d'un mois, mais il existe une version (la CAPS-2) qui se limite a la semaine qui vient de s'ecouler, permettant une evaluation rapprochee, par exemple dans le cadre d'etudes pharmacologiques. Neanmoins, en ce qui concerne la recherche et 1'expertise, la CAPS est 1'instrument de reference pour etablir le diagnostic d'ESPT selon les criteres du DSM-IV. Get instrument a etc utilise dans plus de 200 etudes publiees sur le psychotraumatisme; les qualites psychometriques de la version originale sont excellentes (Weathers, Keane et Davidson, 2001). Une version franchise est disponible. D'autres instruments disponibles pour une heteroevaluation apportent au sein d'une evaluation globale standardised des troubles psychiatriques un module specifique de 1'ESPT. C'est le cas du MINI et du SCID qui sont presentes dans ce chapitre. 4.4.2 Les instruments disponibles pour I'autoevaluation L'echelle d'impact de 1'evenement — revisee (IES-R) — est citee le plus souvent sous son nom anglais «Impact of Event Scale-Revised ». La traduction a ete realisee a partir de la forme revisee de 1'echelle d'Horowitz (Weiss et Marmar, 1997). L'etude de sa validite en fran^ais (Brunet et al, 2003) a montre sa bonne qualite psychometrique. Get instrument propose en 22 items, avec 5 niveaux de eolation, un resultat de severite des symptomes post-traumatiques, a partir des 3 sous-resultats dont il faut faire la somme ou la moyenne: intrusion, evitement, hyperactivite neurovegetative. L'lES-R ne permet pas de poser un diagnostic. Get instrument a le merite d'etre non seulement un des instruments les plus largement utilises — et le plus ancien —, mais aussi de proposer une Evaluation de 1'dtat de stress aigu (ESA) et de rfiSPT, selon la periode oil il est utilise. II a ete retenu pour les essais cliniques, parmi les echelles de severite valides, par un comite d'experts (Montgomery, 1999). La Posttraumatic Check List Scale (PCLS) est une echelle d'evaluation de la severite du stress post-traumatique. Elle est composee de 17 items et respecte les criteres du DSM-IV. La validite de la version en langue anglaise a ete verifiee (Weathers, Litz et Herman, 1993) ainsi que les proprietes de la traduction franchise (Ventureyra, Yao, Cottraux, Note et Mey-Guillard, 2002; Bouvard et Cottraux, 2002). Pour chaque item, 1'intensite est evaluee par rapport a I'evenement traumatogene decrit au cours du dernier mois sur une echelle de 1 (pas du tout) a 5 (tres souvent). Le resultat total represente la somme obtenue a chacun des 17 items. 12 • LES TROUBLES LIfiSAUX EVfiNEMENTS TRAUMATIQUES Trois sous-echelles peuvent etre recherchees, qui correspondent aux criteres B, C et D du DSM-IV, avec la dimension de repetition pour les items de 1 a 5, d'evitement pour les items 6 a 12 et la dimension d'hyperactivite neurovegetative pour les items 13 a 17. Une particularite notable de cette mesure est 1'existence d'une note seuil, identified le plus souvent a 44, pour considerer la presence d'un ESPT. L' Echelle modifiee des symptomes traumatiques (EMST; Falsetti, Resnick, Resick et Kilpatrick, 1993) est un instrument de mesure autoadministre permettant d'evaluer la severite et la frequence des symptomes diagnostiques d'ESPT selon les criteres du DSM-IV. II contient 17 items repartis dans les sous-echelles frequence et severite. La version canadienne-francaise de ce questionnaire possede de tres bons indices de consistance interne pour Fechelle globale (a = ,97) et les echelles de frequence (a = ,95) et de severite (a = ,95); Guay, Marchand, lucci et Martin, 2002). De plus, elle presente un bon indice de stabilite temporelle sur un intervalle de temps de 5 semaines (r = ,71). Un resultat seuil de 50 permet de depister les individus a risque d'avoir un ESPT (Guay et al, 2002). 4.5 Les instruments de mesure des consequences psychopathologiques non specifiques d'un evenement traumatogene La plus forte comorbidite est retrouvee avec les troubles de 1'humeur et des troubles anxieux comme les phobies et les troubles paniques (Lopez, Colle et Catin, 1992; Kessler et al, 1995; Darves-Bornoz, 1997; Shalev et al, 1998). 4.5.1 Les instruments disponibles pour I'heteroevaluation Le Structured Clinical Interview for DSM (SCID; Spitzer, Williams, Gibbon et First, 1990), surtout dans sa version DSM-IV de 1990, est 1'outil structure le plus utilise pour le diagnostic en psychopathologie generale. II reprend systematiquement tous les criteres et symptomes des tableaux cliniques, comme ils ont ete definis par le DSM-IV, et joint pour chacun d'eux une question que le clinicien ou le chercheur doit poser au patient. II ne se limite pas a 1'axe I du DSM puisqu'une version (le SCID II) evalue les troubles de 1'axe II (troubles de la personnalite). Un module est consacre a PESA, un autre a 1'ESPT. Son evaluation generale permet done d'analyser la comorbidite psychiatrique et les troubles de la personnalite. Son caractere dichotomique ne permet pas une evaluation en termes de severite. II a ete utilise dans plusieurs etudes aupres de populations de victimes de troubles post-traumatiques (Keane, Kolb et Kaloupek, 1998; Darves-Bornoz, 1997). La version francaise du module consacre a 1'ESPT presente de tres bons indices d'accords interjuges (Marchand et al, sous presse). Le Mini International Neuropsychiatric Interview French Version 5.0.0 (MINI) a ete elabore grace a une collaboration coordonnee par Yves Lecrubier pour la version francaise (Lecrubier et al, 1997) et David Sheehan (Sheehan et al 1998) pour la version en langue anglaise. II a pour objectif de mettre a la disposition des professionnels de la sante un outil permettant d'etablir des diagnostics des principaux troubles psychiatriques selon les criteres du DSM-IV (Guelfi, Gaillac et Dardennes, 1995). II s'agit d'un entretien structure comportant plusieurs Depistage et Evaluation des troubles lies aux evenements traumatiques • 13 modules. Les principaux diagnostics sont proposes, en particulier le module A pour P« episode depressif majeur », le module E pour le «trouble panique », le module F pour P« agoraphobic » et le module L pour l'« etat de stress posttraumatique». Ces informations permettent une evaluation categorielle standardised. 4.5.2 Les instruments disponiblespour I'autoevaluation Le General Health Questionnaire 28 (Bolognini, Bettschart, Zehndergubler et Rossier, 1989) est un instrument qui parait tres pertinent dans 1'evaluation prospective du retentissement psychologique des victimes (Mullen, Romans-Clarkson, Walton et Herbison, 1988). Darves-Bornoz et ses collaborateurs (1998) ont demontre la validite de cette mesure dans une population de femmes victimes d'agressions sexuelles. II propose, par les quatre facteurs qu'il constitue, une mesure valide de la depression, du dysfonctionnement social, de Tintensite des troubles somatoformes et de la somatisation, ainsi qu'une symptomatologie anxieuse. Le GHQ en 28 items permet en effet d'identifier 4 facteurs ayant chacun 7 items: symptomes somatiques, anxiete et insomnie, dysfonctionnement social et depression severe. La encore, ces resultats ne font que refleter des aspects dimensionnels de la symptomatologie, mais ne correspondent pas necessairement a des diagnostics psychiatriques. La sensibilite du GHQ 28 varie de 44 a 100 % dans les etudes, et sa specificite de 74 a 93 % (mediane 82 %). Si Ton desire detecter des cas, differents resultats seuils ont e"te proposes. Pour le GHQ-28, celui couramment retenu est de 4 ou plus (Pariente, Lepine et Lellouch, 1992). Le Beck Depression Inventory (BDI) est le questionnaire le plus utilise dans les populations adultes pour mesurer Pintensite de la depression. La version revisee (c'est-a-dire BDI-II, 1996) repond mieux aux criteres du DSM-IV. La validite de la version francaise a ete verifiee et des resultats seuils ont etc determines. Ce questionnaire est constitue de 21 items. Chaque item est note de 0 a 3; le resultat global est obtenu par la somme des items. Le BDI dans sa version initiale a ete utilise par Mezey et Taylor (1988), dans une etude aupres de femmes victimes de viol. L'echelle Hospital Anxiety and Depression (HAD) est un autoquestionnaire structure de 14 items, etabli par Zigmond et Snaith (1983) afin de depister les manifestations psychopathologiques les plus courantes. Son but est de detecter 1'existence d'une pathologic anxieuse et d'en evaluer la severite. II a comme caracteristique de ne pas tenir compte des symptomes somatiques pour eviter les confusions avec des pathologies somatiques; il est pour cela tres utilise dans des populations de patients en consultation generate ou hospitalises dans un service medical, chirurgical ou psychiatrique. Chaque symptome est cote de 0 a 3 sur Pintensite des symptomes au cours de la semaine ecoulee. La sous-echelle d'anxiete contient 7 items, de meme que celle de la depression. L'intervalle des notes possibles s'etend de 0 a 21 pour chaque sous-echelle. Pour certains auteurs (Barczack et al, 1988), une note de 8 constituerait le seuil optimal pour chacune des sousechelles. Pour d'autres (Razavi, Delvaux, Farvacques et Robaye, 1989), la note seuil Extrait de la publication 386 • LES TROUBLES LIES AUX EVENEMENTS TRAUMATIQUES Sophie DESJARDINS, Ph.D. Psychologue clinicienne et stagiaire postdoctorale, Departement de psychologic, Universite du Quebec a Montreal et Centre d'etude sur le trauma, CRFS, Hopital Louis-H. Lafontaine, Montreal, Quebec Fran9ois DUCROCQ, MD Psychiatre et coordinateur regional, Cellule d'urgence medico-psychologique Nord-Ouest, SAMU regional de Lille, CHRU de Lille, France Anne GERMAIN, Ph.D. Psychologue clinicienne et chercheure, Departement de psychiatric, University of Pittsburgh School of Medicine, Etats-Unis Vanessa GERMAIN, M.Ps. Etudiante au doctoral, Departement de psychologic, Universite du Quebec a Montreal Pierre A. GREGOIRE, Ph.D. Psychologue clinicien, Centre universitaire de sante McGill; professeur adjoint, Departement de psychologic, Universite McGill, Montreal, Quebec Fran9ois GRIMARD, M.Ps. Psychologue clinicien et etudiant au doctoral, Fxole de psychologic, Universite Laval, Quebec, Quebec Stephane GUAY, Ph.D. Directeur, Centre d'etude sur le trauma, CRFS, Hopital Louis-H. Lafontaine; chercheur adjoint, Departement de psychiatric, Universite de Montreal; chercheur, Centre national pour le stress operationnel (Anciens Combattants Canada), Sainte-Anne-de-Bellevue, Quebec Louis JEHEL, MD, PhD. Psychiatre et responsable d'unite, Unite de psychiatric et psychotraumatologie, Hopital universitaire TENON, AP-HP; coordonateur des diplomes universitaires de psychotraumatologie et victimologie, Universite Rene Descartes, Paris, France Pierre LANDRY, MD, Ph.D. Chef, Module de psychopharmacologie, Hopital Louis-H. Lafontaine; chercheur, Centre de recherche Fernand-Seguin, Hopital Louis-H. Lafontaine; professeur adjoint, Departement de psychiatric, Universite de Montreal Serge LARIVEE, Ph.D. Professeur titulaire, Ecole de psychoeducation, Universite de Montreal Lesauteurs • 387 Vicky LAVOIE, M.Ps. Psychologue clinicienne et etudiante au doctorat, Ecole de psychologic, Universite Laval, Quebec, Quebec Nicole MAINGUY, MD Psychiatre, Module d'evaluation-liaison, Hopital Louis-H. Lafontaine; professeure de clinique, Departement de psychiatric, Universite de Montreal Andre MARCHAND, Ph. D. Professeur titulaire et directeur du Laboratoire d'etude sur le trauma, Departement de psychologic, Universite du Quebec a Montreal; chercheur, Centre de recherche Fernand-Seguin, Hopital Louis-H. Lafontaine; codirecteur, Centre d'etude sur le trauma, CRFS, Hopital Louis-H. Lafontaine, Montreal, Quebec Melissa MARTIN, B.A. Etudiante au doctorat, Departement de psychologic, Universite du Quebec a Montreal Helene PINEAU, M.Sc. Neuropsychologue clinicienne, Programme pour les personnes ayant subi un traumatisme cranio-cerebral, Centre de readaptation Lucie Bruneau; etudiante au doctorat, Departement de psychologic, Universite du Quebec a Montreal Aurore SEGUIN-SABOURAUD, MD. Psychiatre, Centre du psychotraumatisme, Institut de victimologie, Paris, France Karine SERGERIE, M.Sc. Etudiante au doctorat, Departement de psychiatric, Universite McGill, Montreal Edith ST-JEAN-TRUDEL, B.Sc. Etudiante au doctorat, Departement de psychologic, Universite du Quebec a Montreal Lyse TURGEON, Ph.D. Professeure agregee, Ecole de psychoeducation, Universite de Montreal; chercheure, Centre de recherche Fernand-Seguin, Montreal Guillaume VAIVA, MD, Ph.D. Psychiatre, Centre d'accueil et de crise, Clinique universitaire de psychiatric et INSERM U513, CHRU de Lille, France Extrait de la publication