INFIRMIERE RESSOURCE

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INFIRMIERE RESSOURCE/ REFERENTE DOULEUR : QUI FAIT QUOI ?
Christelle CHAT-GABORIAUD, clinique Pasteur, Royan (17)
Sarah CHAUMON , hôpital Necker, Paris (75)
Christine BERLEMONT, Centre hospitalier, Meaux (77)
Dans nos établissements de santé, de plus en plus, les soignants croisent l’infirmière douleur :
qui est-elle et que fait-elle? Existe-il une ou des différences entre une infirmière ressource
douleur et une infirmière référente douleur ? Il paraît important de clarifier « qui est qui » et
« qui fait quoi » car il peut exister une confusion pour les soignants entre la fonction de
référent et celle de ressource douleur. L’une des principales difficultés est de bien définir le
profil du poste et par conséquent les missions confiées, qui peuvent être différentes selon
l’établissement dans lequel le soignant exerce.
Qu’est-ce qui différencie l’infirmière ressource douleur (IResD) de l’infirmière référent
douleur (IRefD) ?
Nous nous sommes basées sur le « référentiel d'activités de l’infirmière ressource douleur »
établi par la commission professionnelle infirmière de la SFETD, sur le bilan du plan douleur
2006/2010 et ses recommandations et enfin sur l’expérience professionnelle acquise dans nos
différents établissements (CHU, Centre Hospitalier Régional et clinique MCO).
L’infirmière ressource douleur (d’après le référentiel) est une infirmière diplômée d’état,
exerçant depuis au moins 4 ans. Elle doit être titulaire d’un DU douleur car être une
« ressource » requiert un certain niveau de compétences. Elle exerce dans une unité douleur
souvent mobile dont la particularité est d’être en poste dit transversal.
L’infirmière référente douleur est une infirmière diplômée d’état, ayant une expérience
professionnelle. Sur la base du volontariat, elle devient un relais en établissant un lien entre
l’unité dans laquelle elle travaille, le CLUD (dont elle est membre) et l’infirmière ressource
douleur. Les activités qui découlent de ces deux fonctions sont donc différentes.
Quels sont les rôles de l’infirmière référente douleur ?
L’infirmière référente douleur a pour mission de promouvoir les recommandations de bonnes
pratiques en matière de prise en charge de la douleur au sein de son unité. Membre du CLUD,
elle participe activement à l’élaboration des procédures, protocoles, audits, EPP… Elle peut
être amenée à former ponctuellement le personnel paramédical (infirmier, aide-soignant) ou à
animer des groupes de travail.
Ses activités, incluses dans son temps de travail, doivent être reconnues par son cadre de santé
afin de lui libérer le temps nécessaire à l’accomplissement de ses tâches.
Tous les soignants ayant cette mission sont ils nommés référents ? Ont-ils tous une fiche de
poste afin de délimiter leurs actions ? Ce n’est pas sûr et cela reste sûrement variable d’un
établissement à un autre.
Quels sont les rôles de l’infirmière ressource douleur ?
L’infirmière ressource douleur a des activités plus larges :
L’activité clinique :
Le poste est transversal, donc mobile amenant l’IResD à réaliser ou à aider
l’infirmière du service à réaliser les évaluations douleur. L’IResD s’occupe
spécifiquement des prises en charge douleur médicamenteuses (titration de morphine
et pose de pompe PCA sur prescription médicale) et non médicamenteuses
(hypnoanalgésie, TENS, toucher-massage…) des patients hospitalisés dans toutes les
unités de son établissement.
Les unités douleur peuvent avoir des consultations externes. L’IresD peut être amenée
à réaliser des entretiens personnalisés infirmiers pour les techniques non
médicamenteuses : TENS et suivi, éducation thérapeutique, hypnoanalgésie,
sophrologie, toucher-massage…
L’activité de formation :
L’IResD propose une formation continue au personnel soignant, soit sous forme de
cours magistraux, soit directement sur le terrain. Elle intervient également au sein des
instituts de formation en soins infirmiers. Elle participe à l’encadrement des étudiants
stagiaires. Elle peut enfin les accompagner dans leur travail de fin d’étude.
L’activité institutionnelle :
L’IResD, membre du CLUD, réalise avec le CLUD et la direction qualité des audits,
des projets d’amélioration… Au sein du CLUD, elle participe à l’élaboration et la
réévaluation des protocoles. Elle coordonne et anime des groupes de travail.
L’activité « logistique » :
L’IResD gère les besoins en matériel de l’unité (dans le champ douleur), le secrétariat
et les appels téléphoniques. Elle participe à l’élaboration des statistiques, des bilans
d’activités, des audits de satisfaction…
Quel que soit le lieu ou le mode d’exercice (CHU, CHR, clinique, hôpital pédiatrique ou
gériatrique, EHPAD, centre de rééducation…) l’activité principale de l’IResD est identique.
Seuls les outils utilisés, les techniques thérapeutiques et les façons d’animer seront adaptés à
la population concernée.
Exemples : au CHU Necker et CH Meaux , la population accueillie est différente (population
principalement pédiatrique à Necker et population principalement adulte et âgée à Meaux)
mais nos activités sont identiques : intervenir sur demande à l’évaluation et la PEC de la
douleur, éducation des patients à l’utilisation du TENS, formation des équipes à l’utilisation
du MEOPA etc..
AU MCO Pasteur , à Necker ou au CH Meaux, le poste IResD est intégré dans une équipe
mobile donc transversal. Les IresD sont donc amenées à aller dans tout l’établissement pour
aider à l’évaluation des patients et utiliser des techniques non médicamenteuses spécifiques
(Necker et Meaux = Hypno-analgésie).
Pour être reconnu par le personnel soignant médical ou paramédical, les fonctions de l’IResD
doivent être définies dans un cadre bien délimité. Chacun sachant « qui fait quoi », cela
permet d’éviter les doublons, les missions impossibles, les incompréhensions et autres
freins… Quand chacun connaît sa place et son fonctionnement, le service rendu au patient est
de meilleure efficacité et qualité.
En conclusion
Avec la pratique, les fonctions des IResD et IRefD qui œuvrent à l’amélioration de la prise en
charge de la douleur auprès des patients se dessinent peu à peu.
Il reste néanmoins des questions :
•
De qui dépend médicalement et hiérarchiquement l’IResD ?
Elle est en effet souvent rattachée à un cadre de pôle ou d’unité en fonction de
l’implantation de l’unité douleur. Cela n’est pas toujours bien compris par les infirmiers
des services de soin et cela peut entraîner des dysfonctionnements dans la répartition des
tâches.
•
Qui gère les IRefD et qui les aide dans leur travail au quotidien?
Est-ce le rôle de l’infirmière ressource douleur ou celui d’un cadre référent
douleur spécifique ?
•
La prise en charge de la douleur doit-elle être effectuée seulement dans les services ?
Peut-elle ou doit-elle être déléguée à un service spécifique transversal exclusivement
dédié à la prise en charge de la douleur pour une prise en charge optimale ?
La nécessité d’une évaluation adaptée au patient, la complexité et la diversité des
thérapeutiques médicamenteuses et non médicamenteuses, utilisées dans la prise en charge de
la douleur, requièrent actuellement une spécialisation apportée par les infirmières ressource
douleur et relayée, dans les services de soin, par les infirmières référentes douleur.
Cette évolution dans le métier d’infirmier, dans le cadre de la prise en charge de la douleur,
permet d’envisager ce que seront les nouveaux métiers infirmiers de demain dans le cadre
d’autres prises en charge spécialisées : stomathérapie, diabétologie, plaies et cicatrisation…
GERMAIN M. Que font les IRD ? L'infirmière magazine 2007(228):12.
Références
QUARANTE O.
2007(222):16.
L'infirmière
référente
douleur
dévoilée.
L'infirmière
magazine
Référentiel d’Activité Infirmier Ressource Douleur (IRD) - Novembre 2007 http://www.sfetd
douleur.org/viedelaSFETD/commissionInfirmiers/index.phtml
Évaluation du plan d'amélioration de la prise en charge de la douleur 2006-2010
Rapport du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) 2001: 76-77.
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