dossier sommaire 1 UN OUTIL INDISPENSABLE POUR LES PROS 2 UN MOYEN SOUS-ESTIMÉ SELON LES EXPERTS DOSSIER HORS MARKETING DIRECT, POINT DE SALUT Maîtrise d’outils de communication numériques, constitution d’une base de données, prise en compte d’une nouvelle segmentation de la clientèle et multiplication des initiatives prises, au juste rythme, à l’intention du client final : cette approche du commerce, dans la pratique, s’annonce désormais comme la seule qui vaille. Des consultants du secteur du 2-RM l’attestent. Des professionnels le confirment. Mais jusqu’où aller ? 28 L’Officiel 3846 - février 2016 4_3846_28a33_DOSSIER Marketing.indd 28 19/01/2016 14:50:28 par François Blanc, photos DR 1 LES PROS ET LE MARKETING DE GRÉ OU DE FORCE ? Le marketing direct fait partie de leur quotidien, parfois depuis longtemps. Les trois professionnels interrogés dans le premier tome de ce dossier nous livrent leur opinion sur la pertinence des actions de communication qu’ils destinent régulièrement à leurs clients actuels et futurs. P résident du village moto de Nantes, vice-président de la branche moto du CNPA et concessionnaire multimarque (huit enseignes), Bertrand Macé fait partie de ces pros qui utilisent quotidiennement, ou presque, des outils de marketing direct. Depuis la vente promotionnelle de véhicules en magasin et/ou d’accessoires, en passant par la vente de VO (annonces), l’organisation d’événements (soirée de présentation de nouveautés, braderie ponctuelle, journées portes ouvertes ou anniversaire) et jusqu’au SAV (invitation à un rendez-vous en atelier – pour un remplacement de pneu par exemple –, message sur la fin de la garantie d’une moto, ou recherche de satisfaction du client), les prétextes à communiquer en direct sont tous légitimes. L’important, c’est d’orchestrer les campagnes en sorte, tour à tour, « d’attirer le client via un événement et de répondre à une demande, qu’elle soit supposée ou avérée, explique Bertrand Macé. Les outils utilisés, variés, doivent être adaptés à chaque objectif visé. Ainsi, nous éditons un catalogue de 32 pages deux fois par an. Le lecteur y découvre à la fois des produits, des services et des animations. Nous en envoyons 20 000. », confie le boss du village moto. Pour rester dans l’imprimé, il ajoute que l’envoi de courriers papier fait également partie de l’arsenal, même s’il est coûteux. « La production et l’expédition d’un catalogue revient à 82 centimes l’unité. Le message de 160 caractères par le SMS, lui, revient à 6 centimes par message. Le courrier électronique reste le moins cher, à 0,4 centime pièce, détaille-t-il. Tous les moyens de créer un lien, une forme d’attachement, entre le produit, le client et nous, doivent être étudiés et pris en compte, reprend-il, attendu que l’avantage du marketing direct, c’est que l’on peut cibler la clientèle à chaque fois. » Une nouveauté dans le catalogue d’un constructeur suscite, par exemple, un message du genre « Venez l’essayer, nous vous invitons autour d’un buffet pour en parler, etc. ». Le SMS, selon lui, reste sans doute le plus intéressant eu égard au rapport entre son coût et son taux d’ouverture, « proche de 100 % », souligne Bertrand Macé. D’autant qu’au fil des années, il a constitué un fichier de quelque « 27 000 numéros de téléphone mobile ». Capter les leaders d’opinion Cependant, le retour sur investissement n’est pas toujours facile à mesurer. Seules les soldes, braderies ponctuelles et propositions formulées à la veille de Noël, par exemple, permettent de comparer les chiffres d’affaires d’une semaine ou d’une année sur l’autre. « Notre force, c’est la culture de la convivialité, le lien sincère tissé avec le client », assure-t-il. À ce titre, la mise à jour régulière des pages Facebook des concessions participe au maintien de ce lien, sans constituer en soi un canal de captation fiable, dans le sens de mesurable. « Sur les réseaux sociaux, on ne peut cibler le client. Mais montrer qu’on £ « Notre force, c’est la culture de la convivialité, le lien sincère tissé avec le client.» Bertrand Macé, président du village moto de Nantes (44) Les actions de marketing direct nécessitent l’intervention régulière d’un membre de l’équipe en concession. La formation au maniement des outils prend heureusement peu de temps. T, es >> L’Officiel 3846 - février 2016 29 4_3846_28a33_DOSSIER Marketing.indd 29 19/01/2016 14:50:37 dossier « Un magasin moto qui ne communique pas régulièrement, c’est comme une boutique dont le rideau serait baissé. » a v o p s n c c e d f u z t i p p m s l Éric Duminy, gérant de Motoland D £ existe et qu’on organise des événements attire l’attention. Et c’est l’objectif visé ». D’autant que Bertrand Macé, d’une façon générale, cherche à atteindre ce qu’il appelle des « leaders d’opinion » – des clients ou prospects favorablement orientés à l’égard du village moto et qui en parlent volontiers, notamment sur le réseau social précité. Depuis qu’il a ouvert son premier magasin, en 1980, à l’âge de 22 ans, Éric Duminy, aujourd’hui gérant de Motoland à Amiens et à Lille (établissements multimarques), a toujours été sensible à la notion de marketing. « Cela m’a toujours semblé nécessaire, sinon indispensable, de tendre une passerelle entre nos client et nous. » Après, Éric a suivi l’évolution technique, mais pas au point d’éliminer le papier de son plan de communication, simplement parce qu’« il a une certaine durée de vie avant destruction ». Le message par SMS et le courrier électronique, aujourd’hui, font bien sûr partie de sa boîte à outils. Toutefois, il évite d’en abuser. Pour le premier, il estime à quatre par an le nombre de campagnes menées par Motoland. Quant au second, « il est un peu compliqué à travailler, ne serait-ce que parce que la collecte d’adresses électroniques n’est pas évidente ». D’une manière générale, il préfère user d’actions de marketing direct Q r c p v d m s d p c i c d Tout client, dès le premier contact en magasin, doit intégrer le fichier des contacts. Il suffit de lui demander une adresse mail ou un numéro de mobile en lui expliquant ce qui en sera fait. LA PAROLE À… D En quoi la gestion de la relation avec le client (CRM) est-elle indissociable de la notion de marketing direct ? u La solution apportée par le CRM permet à l’entreprise de connaître vraiment son client, de déceler chez lui des besoins, mais aussi des préférences, et de prendre en compte certains de ses comportements d’achat afin de savoir comment communiquer au mieux avec lui, à quel moment le solliciter ou attirer son attention. En résumé, le CRM doit permettre de savoir qui est le client, ce qu’il est venu chercher et comment communiquer avec lui de manière simple et pertinente. En quoi l’analyse du comportement du client peut-elle aider les pros du secteur de la moto ? u Hier, les constructeurs segmentaient le marché par le produit. Aujourd’hui, c’est l’intérêt manifesté par le client qui prime. Avant, on considérait qu’un prospect de la catégorie socioprofessionnelle supérieure était censé investir plus. À l’heure actuelle, on ne raisonne plus du tout comme ça. Beaucoup de cadres supérieurs n’achèteront qu’un scooter de 125 cm3, tandis que des salariés de la classe moyenne sont disposés à s’offrir la moto de leurs rêves, juste parce que le prêt de la maison est enfin soldé… Comment collecter de telles données auprès du client ? u Pour créer une référence-client, il faut capter toute info lors du premier contact, mais aussi des suivants. Cela peut passer par la conversation téléphonique ou de visu, le site internet de la concession, l’atelier, etc. Puis, au fil des actions menées à son intention, affiner son profil en fonction de ses réactions, de ses réponses. Est-il plutôt message papier, téléphonique ou numérique ? Quelles attentes a-t-il exprimées ? À quoi s’est-il montré sensible ? Un CRM donne ensuite les moyens de bien exploiter ces données. CHRISTOPHE LAHITTE Directeur général de Skilliance Group (les sociétés de fourniture de services informatiques Everlog, Logy One et Select’Up). « Pour créer une référence-client, il faut capter un maximum d’information lors du tout premier contact, mais aussi lors des suivants... » 30 L’Officiel 3846 - février 2016 4_3846_28a33_DOSSIER Marketing.indd 30 19/01/2016 14:50:46 Des vidéos marrantes Quant aux réseaux sociaux, Éric Duminy reconnaît qu’ « il vaut mieux s’y montrer, car c’est un canal incontournable pour faire parler de soi. Mais je doute que cela fasse venir les gens. Cela dit, en six ans, nous avons drainé 13 000 fans. Pour y parvenir, il faut, à mon avis, intervenir au moins deux fois par semaine dessus ; et ne pas hésiter à mettre des vidéos en ligne, y compris des scènes pour faire rire… ». Quoi qu’il en soit, toutes ces actions lui semblent totalement indispensables. « Comme beaucoup de mes confrères, j’ai connu une baisse de chiffre et de fréquentation inquiétante à partir de 2008 – plus de 30 % de baisse. Tout ce que je peux dire, c’est que 2015 sera la première année depuis sept ans où nous remontrons un peu. Et il me paraît évident que tout ce qu’on appelle le marketing direct y est pour quelque chose, même s’il est difficile de mesurer à quel point. Mais je peux le dire autrement : à mon avis, un magasin de moto qui ne communique pas de façon pertinente et régulière, aujourd’hui, c’est comme une boutique dont le rideau métallique serait baissé en permanence. » À Ballainvilliers (91), la directrice de la concession Harley-Davidson, comme tous ses confrères du réseau animé par H-D France, entend la notion de marketing direct d’une façon un peu particulière. Car les initiatives prises par l’importateur, voire le constructeur, conditionnent la vie du réseau de la marque sans doute plus que d’autres. Faut-il rappeler les invitations lancées chaque année par le Harley Owners Group (HOG) au niveau national, européen (voire mondial), l’existence des Chapters (associations d’utilisateurs attachées à une concession), l’Experience Tour (ces campagnes d’essais orchestrées par l’importateur), ou encore le programme Chromes And Roses dédié aux femmes propriétaires de motos Harley-Davidson ? Certes, il serait vain de croire que la seule image des produits, aussi forte soit-elle, et cet ensemble d’animations et événements, suffisent à doper la fréquentation du magasin et de l’atelier réunis. Mais il est clair qu’ils y ? E C A R M T O T UR K E T Y U D B I A R E R DIST Z E N E V DE IBUTEURS URS DISTR T U F E D E ERCH KTM RECH nseignements : .fr vier@ktm t re e edric.bou c Contacts : e n n n parisie r t et régio [email protected] Nord - Es hur.couta rt a r .f : t tm s k E rt@ Sud elly.lambe ktm.fr n : t s e u Sud - O ied.vion@ est : wilfr Nord - Ou Les réseaux sociaux sont devenus un canal incontournable pour faire parler de soi £ « Si l’histoire de la marque est riche, il nous revient de nous adresser à sa communauté. » Sabrina Fournier Lebreton, directrice opérationnelle de la concession Harley-Davidson S-One contribuent largement et constituent, en soi, des actions de marketing direct pilotées magistralement. Relayer, animer, séduire Cela dit, « Nous avons certaines obligations à remplir vis-à-vis du constructeur, rappelle Sabrina Fournier Lebreton, directrice opérationnelle de la concession S-One. Et si la marque bénéficie d’une forte image, fondée sur une longue et riche histoire, il nous revient de relayer beaucoup de choses, d’animer notre point de vente, de nous adresser à une véritable communauté et de capter une nouvelle population, comme n’importe quelle autre marque. Le recours à l’e-mailing, préféré pour certaines campagnes assez institutionnelles et au SMS, qui permet de cibler quatre à six fois par an, une frange de clientèle définie, est donc courant, le tout étant cadré par notre budget marketing annuel. Ce dernier concerne nos cinq métiers, qui sont la vente de motos, la location, la réparation, la vente de pièces d’origine et le commerce d’accessoires et d’équipements. », analyse Sabrina. Décliné sur le mode Harley, le marketing direct n’apparaît pas plus contraignant qu’ailleurs, compte tenu du degré d’engagement du constructeur. Mais parallèlement, il induit une batterie de tâches quotidiennes de nature à réveiller n’importe quel gérant de concession, si tant est que les professionnels sous la bannière H-D aient jamais été tentés de lambiner… >> Ne pas imiter cette scène et porter un casque certifié et un équipement complet : gants, blouson, pantalon et bottes. avec parcimonie – essentiellement à la veille de ses deux journées portes ouvertes annuelles (en avril et octobre), pendant la période de Noël, puis celle des soldes. Quant aux présentations de nouveaux modèles, il les gère « dans le cadre des actions montées par les constructeurs ». Comme ses confrères enclins à utiliser le marketing direct pour dynamiser les affaires et stimuler la fréquentation, il cherche aussi à capter une nouvelle clientèle. Conscient que sa zone de chalandise couvre un assez large territoire, d’environ « 70 km de rayon », il mise surtout sur « les bannières publicitaires insérées sur des sites marchands pour attirer l’attention des internautes motards ». À l’occasion, il s’offre aussi un spot de publicité sur quelques radios locales ou régionales. L’Officiel 3846 - février 2016 31 4_3846_28a33_DOSSIER Marketing.indd 31 19/01/2016 14:50:49 dossier 2 DISCOURS ET MÉTHODES DES OUTILS Depuis le début des années 2010, la transmission d’offres par le canal du SMS est une pratique courante et en général appréciée des clients, à condition de ne pas en abuser. QU’IL FAUT MAÎTRISER La conduite d’actions dites de marketing direct se présente comme une nécessité. Face à une clientèle volatile et de plus en plus habituée à être contactée directement, le revendeur d’aujourd’hui se doit de maîtriser certains outils et d’appliquer des méthodes de base. Paroles d’experts. L a définition du marketing direct, en tant qu’action qui vise à établir un contact direct et reconductible entre un commerçant et ses clients (ou prospects) en vue d’un accroissement du chiffre d’affaires, ne suscite aucune divergence de point de vue sur le fond. Et la façon dont il est (ou devrait être) mis en œuvre dans le secteur du deux-roues motorisé ne varie que très peu selon les sources consultées. Interrogés tour à tour sur la question, deux consultants confient à L’Officiel la teneur de leurs observations. Spécialiste du 2-RM agissant pour le compte de la société de conseil Kataption, José Alves note ainsi que l’essentiel des outils mis en œuvre dans les réseaux de la revente « existe grâce à l’impulsion donnée par les constructeurs dans ce domaine. Et si l’idée d’utiliser plus et mieux le marketing direct persiste depuis plusieurs années dans la moto, la crise de 2008 aura mis à mal les budgets alloués à la communication au sein de la plupart des établissements ». Or, en période de reflux, ce sont justement les outils du marketing direct qui, entre autres, restent susceptibles de favoriser la reprise, en magasin comme à l’atelier. Une pratique sous-estimée « Cette nécessité a été bien perçue par certains concessionnaires dynamiques qui ont compris qu’il fallait communiquer, et communiquer autrement. Pour autant, le marketing direct est une pratique encore sous-estimée : elle est loin d’avoir déployé tout son potentiel dans les réseaux », estime José Alves. Jean-Claude Luc, consultant à la tête de la société de conseil JCL Performances, propose une lecture concordante, même si elle ne restitue que les grandes lignes d’un examen quasi perpétuel de l’état du réseau national. « Il existe un sous-ensemble que j’appellerais d’“élite”, qui représente de 20 à 30 % des revendeurs ; puis un groupe que je classerais dans la catégorie des “en devenir” ; et enfin les entreprises dont je crois qu’elles sont “en danger”. Celles-là, d’après nos observations, sont trop faibles en structure et en finances pour espérer redécoller rapidement », expose-t-il. Pour redonner des chances de réussite aux professionnels de la seconde catégorie, le consultant souligne la nécessité de « se former à l’outil de gestion de la relation avec le client – le CRM, pour Customer Relationship Management ». Quant au troisième groupe, il doit impérativement « se mettre aux normes », sous peine de £ « Les concessionnaires qui ont joué le jeu du marketing direct ont vu leur volume de vente augmenter de 20 %. » José Alves, Consultant de la société de conseil Kataption La vente et l’atelier doivent s’équiper d’outils de communication modernes £ « Il ne faut pas laisser un client potentiel s’évanouir dans la nature après sa première visite. » Jean-Claude Luc, Consultant de la société de conseil JCL Performances disparaître à plus ou moins brève échéance. Comment en serait-on arrivé là en une poignée d’années seulement ? « Les constructeurs, par contrat, fixent des objectifs à leurs concessionnaires. La marge nette de ces revendeurs, à l’heure actuelle, s’établit à 1,4 % en moyenne. Cela explique en partie que beaucoup de ces établissements de vente et de réparation soient dans le rouge, poursuit Jean-Claude Luc. Si l’on ajoute à cela que le réseau a affaire à une clientèle infidèle et sensible aux effets de mode, on comprend qu’il soit impératif de reprendre la main. » Par chance, le secteur de la moto bénéficie encore de quelques avantages, notamment par rapport à celui de l’automobile : « La proportion de la population composée de passionnés reste élevée. En outre, la pratique de la moto procède à la fois de la recherche d’un certain plaisir et de la volonté de projeter une image de soi », reprend le consultant. À partir de là, il est permis de tabler sur l’intérêt que cette clientèle versatile reste susceptible de manifester à l’égard de certaines offres, surtout si elles lui sont adressées en direct. L’entrepreneur entreprenant Pas à pas, la nécessité de s’adresser au client bien avant qu’il ne passe la porte du magasin (ou après qu’il l’eut fait) se fait jour. « Pendant longtemps, le commerçant attendait le client dans son magasin. S’il veut survivre, il doit maintenant devenir un entrepreneur, dans le sens d’entreprenant, enchaîne Jean-Claude Luc. Il doit donc devenir un gestionnaire, autrement dit planifier le plus possible ; et prospecter. C’est là que le marketing direct entre en jeu ». Les outils de marketing direct dont il est question – le mailing sur papier posté, le message écrit envoyé via le SMS, le courrier électronique envoyé en masse (e-mailing), voire le support personnalisé (alias newsletter) adressé au client – restent a priori pertinents, même s’ils se révèlent « déjà anciens », comme le relève J-C Luc. Ces solutions présupposent l’existence d’une base de données qui, elle, constitue véritablement le socle du dispositif. « Avec les outils de marketing direct mis en place par la plupart des importateurs, la base de données de chaque commerçant devient capitale, reprend-il. Elle devient une liste de gens à contacter, à relancer, à informer, à alerter, à inviter, tout cela moyennant des coûts maîtrisés, au bon moment et à la bonne cadence ». Les légitimes raisons de contacter en direct un client ou un prospect sont bien connues des pros. Les portes ouvertes, les soldes, les promotions de courte durée, les anniversaires, voire les présentations de nouveautés de constructeur, constituent autant de prétextes valables. Mais il peut évidemment s’agir d’une reprise de contact après une simple visite de prospect : « Il ne faut pas laisser un client potentiel s’évanouir dans la nature après sa première visite. Sans quoi, on risque de se couper d’un vivier de clients dont nul n’a les moyens de se passer », renchérit José Alves. Créer du lien De même, un client dont le VN dépasse les deux ou trois ans d’âge doit être approché – pour le client VO, ce laps de temps moyen avant renouvellement peut-être encore plus court. Tout cela suppose bien sûr un minimum de formation du vendeur, qui « redevient un acteur clé dès lors qu’il organise sa prospection et le suivi de sa clientèle », souligne Jean-Claude Luc. Cette formation est a priori assurée par les constructeurs, dès lors qu’ils mettent une batterie de 32 L’Officiel 3846 - février 2016 4_3846_28a33_DOSSIER Marketing.indd 32 19/01/2016 14:50:53 s À f l m d d m q l L p e e a q c c l t c m v q p c é , l e , . solutions à la disposition de leurs réseaux. À moins qu’elle soit proposée par les fournisseurs de CRM. Quant à l’atelier, il doit lui aussi se doter d’outils de communication modernes pour « faire connaître un barème de temps, planifier des tâches, gérer les prises de rendez-vous, fixer le programme d’un mécanicien, prévenir un client. N’oublions pas qu’un second VN, souvent, se vend à l’atelier… », ajoute le consultant. La cadence à laquelle des actions de prospection en direct peuvent être menées, elle, varie en fonction du motif. José Alves estime toutefois que « six à douze actions par an » constituent une bonne fourchette, en ce qu’elle promet un juste équilibre entre action constructive et harcèlement. « Il ne faut pas se comporter en vendeur de foire, mais créer du lien », résume-t-il, avant de conclure qu’en trois ans, nombre de ses clients concessionnaires qui ont joué le jeu du marketing direct ont vu leurs volumes de vente « augmenter de 20 % ». Une donnée qui donne effectivement à penser que le postulat de départ – le marketing direct comme pratique indispensable – peut être érigé en règle d’or. CODE DE LA CONSOMMATION ET BONNES PRATIQUES Le marketing direct, en France, est une pratique encadrée par la loi. Celle du 17 mars 2014 (2014-344) relative à la consommation, dite Loi Hamon, couvre un large champ thématique. Dans son article 9, elle fixe les règles en matière de « Démarchage et vente à distance ». Or le texte ne concerne que la prospection par téléphone. Les courriels et messages écrits envoyés par le canal du SMS (Short Message Service, service des messages courts), en matière de prospection commerciale, relèvent en revanche de l’article 38 de la loi 78-17 du 6 janvier 1978. Comme le rappelle un document (mis à jour en juillet dernier et téléchargeable) de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF), « La législation française reconnaît à chacun le droit de s’opposer à l’utilisation ou la cession des données nominatives le concernant. Ce droit permet ainsi au consommateur de se protéger contre différentes formes de prospection commerciale de la part de professionnels utilisant ses données personnelles. » Cette disposition crée l’obligation, pour le commerçant qui collecte les coordonnées de son client, de l’informer de l’usage qui en sera fait et de lui permettre, à tout moment, d’être retiré des listes de contacts. Les professionnels du marketing direct, fédérés au sein de l’Union française du marketing direct (UFMD), participent eux aussi à l’encadrement des pratiques. À travers leur « Charte de l’e-mailing », approuvée par la Commission de l’informatique et des libertés (CNIL) en 2005, ils émettent un certain nombre de recommandations, garantes du respect de la loi et propres à harmoniser leur développement (voir sur www.ufmd.org/downloads). L’Officiel 3846 - février 2016 33 4_3846_28a33_DOSSIER Marketing.indd 33 19/01/2016 14:50:55