(Suite de la page 3) Il apparaît aussi une différence notable à 18 mois entre les deux groupes : environ 19 participants sur 100 étaient toujours en vie avec le Folfirinox contre 6 sur 100 avec la gemcitabine. La tolérance au traitement Les résultats de l’essai ACCORD 11/0402 montrent que le traitement à l’étude a entraîné plus de neutropénies sans fièvre associée que le traitement standard. La neutropénie, c’est-àdire la baisse des globules blancs, est un effet indésirable fréquent des chimiothérapies. La fréquence de survenue de neutropénies avec fièvre a aussi été plus importante chez les participants traités par Folfirinox que chez les patients traités par gemcitabine (environ 5 sur 100 contre 0,6 sur 100). Cet effet indésirable nécessite parfois La lettre d'information aux patients une prise en charge spécifique, avec le plus souvent hospitalisation et administration d’antibiotiques pour éviter les risques d’infection. Sept. 2010 - n° 17 [Cancer du pancréas métastatique] D’autres effets indésirables ont aussi été plus fréquents avec le protocole Folfirinox, comme les neuropathies périphériques (sensations de fourmillements dans les mains et les pieds), les vomissements, la fatigue ou les diarrhées. Le traitement par Folfirinox a donc été globalement plus toxique que le traitement standard, mais ces effets indésirables sont facilement pris en charge et résolvables. Ceci implique cependant que les patients recevant le Folfirinox soient dans un bon état général avant le début du traitement. En conclusion Les résultats de l’étude ACCORD 11/0402 permettent de recommander le Folfirinox comme nouveau traitement de référence pour les patients atteints de métastases de cancer du pancréas en bon état général et sans jaunisse. Le traitement de référence, la gemcitabine, est appliqué dans les cancers du pancréas depuis 1995. Résultats de l’étude ACCORD 11/0402 Un nouveau traitement de référence Le protocole Folfirinox, déjà utilisé dans le cancer colorectal, est réalisable dans tout service spécialisé de chimiothérapie. Ces résultats constituent donc une avancée majeure dans le traitement du cancer du pancréas. Ces travaux vont être publiés et devraient ouvrir la voie à de nouvelles pistes d’études, en particulier pour évaluer l’intérêt de ce traitement afin d’augmenter les chances de guérison après chirurgie (traitement adjuvant). p Adresses utiles Ligue Nationale Contre le Cancer 14 rue Corvisart 75 013 Paris www.ligue-cancer.net Fédération Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer 101 avenue de Tolbiac 75 013 Paris www.fnclcc.fr Trait d'Union 17_V2.indd 2-3 La lettre d'information aux patients Conception-Réalisation : Franck FONTENAY, RCP Communication Comité Editorial : Pr Thierry Conroy (Nancy) Frédérique GALAS (FCPRCC) Dr Jean GENEVE (FNCLCC) Jean-Pierre GIRARDEAU (FCPRCC) Marie LANTA (LNCC) Anne MALKA (FCPRCC) Anne-Laure Martin (FNCLCC) Dr Françoise MAY-LEVIN (LNCC) Christine Montoto-Grillot (FNCLCC) Impression : IDEM 41 Depuis 15 ans, aucun progrès notable n’avait été obtenu dans le traitement du cancer du pancréas à un stade métastatique. Les résultats d’une étude française ont été présentés en juin dernier lors du congrès annuel de l’American Society of Clinical Oncology, le congrès le plus important au monde consacré à la recherche sur les cancers. Cette étude comparaît, chez des patients en bon état général, le traitement standard à un nouveau schéma thérapeutique, appelé Folfirinox, associant quatre médicaments de chimiothérapie. Les résultats obtenus montrent un allongement de la durée de vie des patients traités avec Folfirinox, une réduction de 43 % du risque de décès et une diminution de 53 % du risque de récidive de la maladie. Il s’agit là d’une avancée majeure pour le traitement des patients atteints d’un cancer métastatique du pancréas. 10/09/10 16:16:57 [ AU CONGRÈS DE L’ASCO ] Les résultats de l’essai ACCORD 11/0402 ont été présentés en communication orale par le Pr Thierry Conroy (Centre Alexis Vautrin, Nancy) lors du congrès 2010 de l’ASCO sous le titre : « Randomized phase III trial comparing FOLFIRINOX (F: 5FU/ leucovorin [LV], irinotecan [I], and oxaliplatin [O]) versus gemcitabine (G) as first-line treatment for metastatic pancreatic adenocarcinoma (MPA): Preplanned interim analysis results of the PRODIGE 4/ACCORD 11 trial » (abstract 4 010). Le cancer du pancréas exocrine touche chaque année plus de 7 000 personnes en France. Les moyens thérapeutiques disponibles pour lutter contre cette forme de cancer sont plutôt limités et leur efficacité modérée. Il existe donc un besoin important de progrès thérapeutiques pour améliorer le pronostic de cette maladie. Cela a conduit la Fédération Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer (FNCLCC), en partenariat avec la Fédération Française de Cancérologie Digestive (FFCD) et le soutien de la Ligue Nationale Contre le Cancer, à lancer l’essai PRODIGE 4 / ACCORD 11/0402 pour évaluer un nouveau schéma de traitement. Les objectifs de l’étude Cet essai clinique a été mené de janvier 2005 à octobre 2009 auprès de 342 participants traités pour un cancer du pancréas métastatique. Il s’agissait de patients en bon état général et ne présentant pas de jaunisse. Ils ont été répartis en deux groupes, l’un recevant le traitement de référence (chimiothérapie par gemcitabine), l’autre recevant un protocole expérimental nommé Folfirinox. Ce dernier associe quatre molécules disponibles de longue date : l’oxaliplatine, l’irinotecan, l’acide folinique et le 5-FU. L’analyse de la tolérance repose sur l’étude des effets indésirables. C’est un aspect essentiel car si les effets indésirables sont trop importants, ils peuvent contrebalancer l’efficacité et remettre en question l’intérêt d’un traitement. L’objectif de l’étude ACCORD 11/0402 était de comparer deux traitements : la nouvelle combinaison de chimiothérapie (Folfirinox) par rapport au traitement de référence (gemcitabine) dans le traitement du cancer du pancréas métastatique. Trait d'Union 17_V2.indd 4-5 % de patients en vie après un an de suivi Durée médiane de vie Le premier objectif était de comparer les effets des deux chimiothérapies sur la durée de vie des patients. Le second objectif était de comparer les délais de survenue d’aggravation de la maladie, ainsi que la tolérance des traitements par les patients. La qualité de vie des patients a également été évaluée par le biais d’autoquestionnaires réguliers. Folfirinox Gemcitabine Au total, 342 patients ont participé à l’étude ACCORD 11/0402 dans 48 centres de soin répartis dans toute la France. Il s’agissait de femmes et d’hommes atteints d’un cancer du pancréas métastatique, c’est-à-dire pour lesquels il s’est produit une multiplication de cellules tumorales à distance du site initialement atteint (par exemple dans le foie, en plus du pancréas). Au moment de leur entrée dans l’essai, les participants avaient entre 18 et 75 ans (61 ans en médiane). Ces participants ont été répartis par tirage au sort (randomisation*) en deux groupes recevant chacun l’un des deux traitements évalués et ont été suivis régulièrement dans le cadre de l’essai pendant quatre ans. Les principaux résultats Efficacité des traitements Le pancréas est situé dans l’abdomen, derrière l’estomac. Cet organe est relié au tube digestif. [ * LEXIQUE ] • Médiane : la médiane est la valeur correspondant à l’exact milieu d’un ensemble de données. Une durée médiane de vie de 7 mois signifie que 50 % des patients sont décédés et que 50 % sont vivants au terme de ce délai. La médiane est différente de la moyenne. • Métastase : situation où des cellules cancéreuses provenant d’une tumeur se sont disséminées vers un autre organe et s’y sont développées. Les participants à l’étude Avec le traitement standard (gemcitabine seule), la durée médiane* de vie est de 6 à 7 mois. Lorsque la gemcitabine est associée à un autre médicament de chimiothérapie, l’efficacité n’est généralement pas améliorée. Cependant, les données des études réalisées avec des polychimiothérapies* tendent à suggérer que, chez les patients en bon état général, un traitement associant plusieurs médicaments pourrait être susceptible d’apporter un bénéfice. C’est sur cette base qu’a été lancé l’essai ACCORD 11/0402. La nécessité de mener cet essai était d’autant plus importante que, hormis une étude américaine publiée en 2007 et présentant le bénéfice d’une thérapie ciblée en complément de la chimiothérapie (pour une augmentation de l’espérance de vie de 14 jours), aucun résultat probant n’avait modifié le traitement de référence depuis 15 ans. Le nouveau protocole de chimiothérapie par Folfirinox a donc été évalué pour tenter d’augmenter la durée de vie des patients atteints de métastases* d’un cancer du pancréas. Principaux résultats de l’essai ACCORD 11/0402 L’analyse des informations recueillies au cours du suivi des patients montre que la durée médiane de vie des participants a été allongée de plusieurs mois avec la Folfirinox Gemcitabine nouvelle chimiothérapie (Folfirinox), avec des conséquences acceptables en terme de qualité de vie des patients : environ 11 mois de vie pour les patients traités par Folfirinox par rapport à environ 7 mois de vie pour les patients traités par gemcitabine. C’est la plus importante amélioration de la durée de vie jamais obtenue jusqu’à présent dans ce type de cancer. Le risque de décès est donc réduit de 43 % avec le Folfirinox et les chances d’être en vie à 1 an sont 2,4 fois supérieures. • Polychimiothérapie : traitement reposant sur l’association de plusieurs médicaments de chimiothérapie. • Randomisation : répartition par tirage au sort des participants à un essai dans les différents groupes de traitement. Ce principe méthodologique permet de constituer des groupes comparables et ainsi de s’assurer que la comparaison entre les traitements d’un essai est scientifiquement valide. Le traitement à l’étude apparaît aussi plus efficace que le traitement standard pour prévenir l’aggravation de la maladie. Ainsi, la durée de vie sans rechute chez les participants était de 6 mois avec le Folfirinox contre 3 mois avec la gemcitabine. Le risque de récidive de la maladie est donc réduit de 53 % avec le Folfirinox. De plus, il y avait davantage de patients en vie après 1 an parmi ceux qui ont reçu Folfirinox (environ 48 sur 100) par rapport à ceux qui ont reçu le traitement standard (environ 20 sur 100). (Suite en page 4) 10/09/10 16:16:59