Séminaire CONNAISSANCE DE L’ENFANT POUR UNE MEILLEURE PRISE EN CHARGE PSYCHOSOCIALE DE L’ENFANT EN SITUATION DIFFICILE Réalisé et présenté par André ALIHONOU Psychologue clinicien Foyer Don Bosco, octobre 2014 Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 1 SOMMAIRE Préambule Module 1 : Développement psychoaffectif de l’enfant et de l’adolescent 1-1. 1-2. 1-3. Les stades de développement de l'enfance et de l’adolescent La psychologie de l'enfant La place de l’enfant dans la société béninoise : rôle et statut social (à résumer) Module 2 : Principaux troubles de comportement chez l’enfant et l’adolescent 2-1. 2-2. 2-3. Les troubles du développement psychomoteur de l’enfant Troubles de comportements Troubles Obsessionnels Compulsifs (TOC) Module 3 : Techniques d’écoute et de gestion des psychotraumatismes infantiles 3-1. 3-2. 3-3. Techniques d’ecoute et de l’entretien Traumatismes infantiles Techniques de prise en charge et d’accompagnement (à relire) Module 4 : Personnalité et développement de l’estime de soi de l’enfant en situation difficile 4-1. 4-2. 4-3. 4-4. 4-5. 4-6. Définitions de la personnalité Formes cliniques et classifications de la personnalité Blessures d’enfance : Développer son estime de soi Les thérapies cognitivo-comportementales La psychanalyse Module 5 : Importance de la prise en charge psychosociale institutionnelle de l’enfant en situation difficile 5-1. 5-2. 5-3. Classification des besoins selon la pyramide de Maslow Importance de l’appui psychosocial dans les structures à vocation sociale Besoins spécifiques et acteurs psychosociaux Synthèse Références Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 2 PRÉAMBULE Le développement du monde, son avenir et notre prospérité reposent sur la jeunesse. Les jeunes filles et les jeunes hommes d'aujourd'hui ont un énorme défi à relever pour devenir des adultes actifs et productifs de demain. Un grand nombre d'individus et d'institutions ont un rôle important à jouer afin de promouvoir un développement sain des enfants et des adolescents, de prévenir les problèmes socio sanitaires et d'y faire face lorsqu'ils se présentent. Les praticiens sociaux et les spécialistes de la prise en charge psychosociale ont là une importante contribution à apporter dans chacun de leurs domaines. Les analyses de la situation et l'évaluation des besoins effectuées dans différentes parties du monde démontrent la nécessité d'améliorer les compétences professionnelles et relationnelles des professionnels, de façon à ce qu'ils puissent communiquer avec l'adolescent d'une façon efficace et avec tact et favoriser ainsi, un bon accompagnement psychosocial. Par ailleurs, l’étude psychogénétique du développement de l’enfant montre qu’il n’y a pas de différence de nature entre des comportements considérés comme normaux à un certain âge : actes agressifs, colères, travestissement de la vérité, chapardages, et les troubles du comportement d'enfants plus âgés. Ce séminaire à travers ces différents modules, nous donne, à nous, prestataires de services psychosociaux des informations sur les caractéristiques des enfants et des adolescents et sur la façon de répondre efficacement à certains de leurs besoins. Car, de toutes les espèces animales, l'enfant est le plus immature à sa naissance, le plus fragile. Son incapacité à survivre par ses propres moyens aboutie à une très grande dépendance à l'égard de son environnement. Il s’agira tout au long de ce séminaire de permettre à chaque participant d’être placé en situation de diagnostic de sa propre écoute et de pratique d’écoute active et favoriser des observations, des échanges à partir des jeux de rôle et des analyses de pratiques améliorant les apports théoriques sur la base de documents concis ou comme synthèse de situations expérimentées complétant la pratique. Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 3 MODULE 1 : DÉVELOPPEMENT PSYCHOAFFECTIF DE L’ENFANT ET DE L’ADOLESCENT Paul Alexandre OSTERRIETH, psychologue clinicien : « Les joies ou les chagrins de l’enfant ne sont de petites joies ou de petites chagrins qu’aux yeux de l’adulte. » Objectifs Connaître le concept enfant et la représentation universelle de l’enfance; Connaître les caractéristiques du développement psychologique et affectif de l’enfant et l’adolescence Connaître les principaux traits du comportement de l’enfant et de l’adolescence et les principaux risques d’évolution psychopathologique Connaître les principales caractéristiques de la crise de l’enfant et de l’adolescence* Plan Introduction 1-1. Définitions 1-2. Les stades de développement de l'enfance et de l’adolescence 1-2-1. Selon Freud 1-2-2. Selon Henri 1-2-3. Selon Jean 1-2-4. Au-delà du modèle de Piaget 1-3. La psychologie de l'enfant 1-4. La place de l’enfant dans la société béninoise : rôle et statut social 1-4-1. Le statut juridique de l’enfant au Bénin 1-4-2. Le mot de la Constitution Béninoise sur l’enfant Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 4 Introduction L’étude des différents stades du développement psychosocial permet une meilleure appréhension du développement psychologique humain sain depuis la petite enfance jusqu’à la vieillesse. À chaque stade, la personne est confrontée à, et peut maîtriser, de nouveaux défis. Chaque stade se construit sur les bases construites lors des stades précédents. Les défis peu ou non relevés sont susceptibles de réapparaître sous forme de problèmes dans l’avenir. Pour une bonne compréhension de cette thématique, nous aborderons les approches de quelques grands auteurs, pionniers de ce domaine : S. Freud, J. Piaget, H. Wallon, Alfred Adler, E. Erikson, L.Vygotsky, etc. 1-1. Définition Le mot enfant vient du latin infans (in, privatif, et fari, parler) et signifiait, chez les Romains, « celui qui ne parle pas » en raison de son immaturité, celui à la place duquel on parle. L’étymologie connote également l'inachèvement qui a pour corollaires l'assujettissement ou la soumission. L'enfance désigne ainsi la période de vulnérabilité et d'insuffisance durant laquelle l'adulte va exercer sa protection et son pouvoir. Un enfant est un être humain dans sa période de développement située entre la naissance et la puberté (ce qui inclut le nouveau-né, le nourrisson, le jeune enfant…). Le mot enfant désigne aussi bien un individu féminin que masculin. Un enfant de sexe féminin peut aussi être appelé fillette, petite fille puis jeune fille, fille puis jeune femme ou Mademoiselle et de sexe masculin un garçonnet, ou petit garçon, puis un garçon (fils) puis jeune homme ou Monsieur à l'adolescence. 1-2. Les stades de développement de l'enfance et de l’adolescence L’étude des différents stades du développement psychosocial permet une meilleure appréhension du développement psychologique humain sain depuis la petite enfance jusqu’à la vieillesse. À chaque stade, la personne est confrontée à, et peut maîtriser, de nouveaux défis. Les défis peu ou non relevés sont susceptibles de réapparaître sous forme de problèmes dans l’avenir. Ces stades dépendent de l'époque, du lieu et de la discipline où ils sont utilisés. En Europe, on distingue généralement : le nouveau-né (0 à 28 jours) et le nourrisson (28 jours à 2 ans), puis la petite enfance (2 à 6 ans) et enfance proprement dite de 6 à 13 ans. Aux États-Unis, l'appellation d'enfant s'applique aux individus de 3 ans à 7 ans, les 8-13 ans étant considérés comme des Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 5 préadolescents (cette définition est parfois employée en Europe également). En Afrique subsaharienne, de 0 à 7 ans, on parle d’enfant ; de 7 ans (âge d’initiation socioculturelle) à 18 ans, on parle d’adolescence. Au delà, on est adulte si on ne l’avait été depuis 7 ans. 1-2-1. Selon Freud S. À partir de SIGMUND Freud, médecin psychiatre, on identifie des stades associés au symbolisme de la sexualité infantile. Ce sont dans l'ordre : le stade oral, le stade anal, le stade phallique ou génital et le stade de latence. Ainsi, l’enfant ayant connu une fixation au stade oral, est plus ou moins prédisposée à avoir une conduite addictive. Le passage de l’individu de la relation duelle, à celle triangulaire est la formation des désirs amoureux pour le parent du sexe opposé et des sentiments hostiles pour le parent de même sexe. Ce conflit dont l’homme doit nécessairement ou naturellement en accepter l’existence dans sa relation interpersonnelle est le sceau du conflit qui particularisera toutes les relations à venir. Par conséquent chacun des stades du développement de la sexualité proposé par Freud a pu être considéré comme l’amorce d’une personnalité, par exemple : Au stade oral, correspond une personnalité avide, égoïste, dépendante ; Au stade anal, correspond à une personnalité introvertie, retenant ses affects, avare et têtue ; Au stade phallique correspond une personnalité désireuse d’affirmer sa virilité, sa position dans la société. Cependant, la conception freudienne fut jugée incomplète par d’autres psychanalystes, en particulier Alfred Adler qui mit l’accent sur la hiérarchie sociale et le complexe d’infériorité. Pour ce psychiatre, le sujet est en lutte et cherche à obtenir une position sociale. D’autres psychologues, Erik Erikson, Harry Starck Sullivan, ont contribué à explorer ce que l’on peut définir comme l’identité, ou le rôle social. Ainsi, Erikson voit la dynamique à l’œuvre durant toute une vie, le développement ne s’arrête pas avec l’adolescence (comme cela peut être vu par la théorie psychanalytique). Il voit également les stades de la vie comme un cycle : la fin d’une génération voit l’apparition de la suivante. Du point de vue sociétal, les stades de la vie ne sont plus linéaires comme pour un individu mais font partie du développement cyclique d’une société. 1-2-2. Selon Henri W. Henri WALLON (1879–1962), philosophe et médecin, développera une théorie originale du développement de l'enfant, tentant de rendre compte de ce processus dans toute sa complexité. Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 6 Selon lui, le développement de l'enfant est conçu comme résultant des interactions entre les contraintes neurobiologiques de maturation et d'adaptation d'une part et les conditions sociales de relation d'autre part. Le développent est appréhendé dans ses composantes affectives, biologiques, sociales et culturelles. Les facteurs biologiques et sociaux étant nécessaires, complémentaires et inséparables du développement de l'enfant. Ce développement est un processus discontinu, fait d'oscillations, de crises et de conflits : Le stade impulsif et émotionnel : 0 - 1 an, caractérisé par le désordre gestuel. Les réponses de l'entourage aident l'enfant à organiser ses émotions qui sont au départ indifférenciées. Ces réactions émotionnelles (joie, douleur, chagrin, colère) sont la source du langage, et de la conscience. Le stade sensorimoteur et projectif : 1 - 3 ans, la manipulation d'objets et l'exploration de l'espace proche permettent le développement d'une intelligence des situations (intelligence "pratique"). Des postures, des imitations traduisent une pensée naissante qui prend consistance en s'extériorisant, en se projetant dans le geste imitatif. L'apparition du langage aide au développement d'une intelligence représentative (intelligence "discursive). L'activité motrice est tournée vers la connaissance des mouvements extérieurs. Le stade du personnalisme : 3 - 6 ans, la crise des trois ans (le moment du "non") permet à l'enfant de s'individualiser de sa famille en s'appuyant sur l'opposition. L'imitation concourt également à cette différenciation en séparant le pareil et le pas pareil. L'opposition ("l'enfant se pose en s'opposant") est essentielle à la construction de l'autonomie et de la différenciation soi - autrui. Le stade catégoriel : 6 - 11 ans, primat des activités intellectuelles : l'enfant devient capable d'attention, d'effort, de mémoire volontaire. La représentation abstraite des choses devient possible. Le stade de l'adolescence : 11 - 16 ans, le stade de l'adolescence voit le renouveau des investissements intellectuels. La puberté amène un réajustement du schéma corporel. C'est un stade de remaniement, de grandes crises et d'achèvement de la construction de la personnalité. NB1 : L’adolescence, période de fragilité importante dans la vie d’un individu, constitue également une période sensible à la délinquance juvénile et /ou à la prise de produits toxiques. Statistiquement parlant, la majorité des toxicomanes ont débuté leur toxicomanie à l’adolescence. 1 André ALIHONOU, Le profil épidémiologique des toxicomanes reçus au CNHP de Cotonou à Jacquot, Maîtrise de psychologie clinique, UAC 2012, 81 pages. Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 7 Cette période est celle d’un remaniement et d’une consolidation de l’image de soi. Elle est encore un sentiment de dépaysement vis vis-à-vis de soi-même même et du monde, un sentiment d’étrangeté, voire de désaccord et d’inquiétude. A cette période se pose aux adolescents beaucoup de questions à propos de leur corps, qu’ils ne reconnaissent plus, et de leur statut social, puisqu’ils ne peuvent plus se réclamer d’un statut d’enfant, ni encore de celui d’un adulte. En effet, l’adolescent se rebelle pour éviter une décompensation dépressive (dépression pathologique) et se trouve dans un état de dépressivité (variation de l’humeur) et de dépréciation (sous-estimation estimation de soi). La normativité de tout fonctionnement institutionnel peut favoriser l’expression xpression de cette dépréciation. L’institution a tendance à négativiser la conduite des adolescents et à la survaloriser survaloriser dans un deuxième temps ; engendrant ainsi un processus d’influence de type initiatique, d’aliénation ou de stigmatisation… stigmatisation 1-2-3. Selon Jean P. Formé en biologie et en philosophie, Jean PIAGET s’inspire des concepts de ces deux disciplines pour étudier le développement des jeunes enfants, terrain idéal pour observer une pensée se constituer. Il en arrive ainsi très tôt à la conclusion que le développement veloppement cognitif est le fruit d’interactions complexes entre la maturation du système nerveux et du langage, et que cette maturation dépend des interactions sociales et physiques avec le monde qui nous entoure. Pour Piaget, c’est en agissant sur son environnement que l'enfant construit ses premiers raisonnements. La théorie piagétienne du développement distingue quatre structures cognitives primaires primaires qui correspondent à autant de stades de développement : • • • • Le stade sensorimoteur (0-2 (0 ans) : Durant cette période, le contact qu’entretient l’enfant avec le monde qui l’entoure dépend entièrement des mouvements qu’il fait et des sensations qu’il éprouve. Lee stade préopératoire (2 (2-7 ans) : Durant cette période qui se caractérise entre autres par l’avènement du langage, l’enfant devient capable de penser en terme symbolique, de se représenter des choses à partir de mots ou de symboles. Le stade des opérations concrètes (7-12 (7 ans) : Avec l’expérience du monde qui s’accumule en lui, l’enfant devient capable d’envisager des événements qui surviennent en dehors de sa propre vie. Il commence aussi à conceptualiser et à créer des raisonnements logiques quii nécessitent encore un rapport direct au concret. le stade des opérations formelles (12 (12-16 ans) : Les notions de nombre, de volume de poids, les structures logiques (classification et sériation) sont acquises. La pensée formelle, qui se construit à ce stade permet l’établissement de relations entre la réalité et la possibilité. Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 8 Ainsi, pour Jean PIAGET, chaque haque stade est une structure qui englobe à titre de sous structure le stade précédent. La théorie Piagétienne est constructiviste : il s'agit de montrer comment l'intelligence est le produit d'une construction au travers des interactions que le sujet a avec des objets. Ces constructions passent par l'action, l'opération puis la représentation grâce aux mécanismes : - d'assimilation : l'enfant tente d'agir sur le monde en fonction de ses schèmes sensorimoteurs. - d'accommodation : l'enfant modifie se schèmes schème sensori-moteurs en fonction de la réalité extérieure. - l'équilibration, qui est le jeu dialectique entre assimilation et accommodation,, assure le développement psychologique. 1-2-4. Au-delà delà du modèle de Piaget Le concept de stades de développement fixes et séquentiels à travers lesquels tous les enfants progressent tel que proposé par Piaget a été l’objet de plusieurs critiques. Ainsi, Ainsi pour le psychologue russe Lev Vygotsky,, le développement d’un être humain est trop complexe pour être défini par des stades. Vygotsky, et d’autres après lui, ont accordé une importance beaucoup plus grande que Piaget aux influences sociales et environnementales sur le développement cognitif. Le développement cognitif de l’être humain était pour Piaget un processus dont la motivation moti première provenait de l’intérieur de l’individu. Sa métaphore la plus célèbre pour décrire cette idée est celle de voir l’enfant comme un «petit « scientifique» » qui expérimente et explore le monde. Par opposition, la métaphore qui décrit le mieux la source première du développement pour Vygotsky est celle de voir l’enfant comme un «petit apprenti» qui reçoit de ses professeurs l’aide et le soutien nécessaire ire dans les situations d’apprentissage. Le développement de la cognition provient donc plutôt de l’extérieur de l’individu pour Vygotsky. Il est certain, en effet, que le développement de l’enfant humain est affecté par la culture dans laquelle il grandit, grandit et à plus forte raison par son environnement familial particulier. Par conséquent, comme la culture au sens large qui entoure entoure l’enfant est un facteur déterminant de son développement, considérer le développement de l’enfant isolé comme le fait Piaget ne traduit pas adéquatement le processus par lequel l’enfant acquiert effectivement de nouvelles connaissances. Les principes généraux de l’œuvre de Piaget demeurent néanmoins des références de base dans l’élaboration des programmes d’éducation scolaire. Par exemple, pour favoriser le Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 9 développement des enfants au stade sensorimoteur, on privilégiera les environnements riches avec plusieurs objets stimulants. À l’opposé, pour un enfant au stade des opérations concrètes, les activités d’apprentissage devront inclure davantage des problèmes de classification ou de conservation avec des objets concrets. Pour conclure, PIAGET, FREUD et WALLON s’accordent à voir le développement de l’enfant scandé par des moments obligés – les stades – s’appuyant sur des moments antérieurs – des stades, ou encore la phylogenèse. Les différences résident dans le statut à donner aux stades dépassés et à leur ordre d’apparition. Il est strict chez PIAGET – un stade ne peut apparaître que si le stade précédent a été dépassé – dialectique chez WALLON et subverti par l’après coup chez FREUD. Chez tous, même si cela est accentué chez FREUD, que le passé soit ainsi présentifié est chose normale. 1-3. La psychologie de l'enfant L'enfance et la petite enfance sont réputées être des périodes importantes pour la formation de la personnalité du futur adulte. Tous les enfants (comme tous les humains) doivent trouver réponse à quelques besoins vitaux physico-psychologiques et affectifs de base pour pouvoir se développer. Beaucoup de psychologues vont faire évoluer cette idée. On peut citer René Spitz qui a mis en évidence le besoin relationnel de l'enfant dès le plus jeune âge, ou encore Donald Winnicott qui dans la suite de Mélanie Klein sera un des premiers à proposer une théorie du développement psychique depuis la naissance. On peut citer aussi Françoise Dolto qui a entre autres médiatisé l'existence de l'enfant en tant que personne (ou sujet) dès sa naissance. Cependant, comment l'enfant est devenu peu à peu un objet d'étude en psychologie? L'Émile de J.J. Rousseau, situe les premiers balbutiements de la psychologie de l'enfant. Il n'est pas un adulte en miniature, mais a ses propres façons de penser, de sentir et d'agir. Rousseau est aussi l'instigateur de l'observation consignée au quotidien de ses enfants. Il y a également l'expérience intéressante qui a concerné J.M.G. Itard (1774-1838) et Victor, l'enfant sauvage : Elle a été conduite à une époque où l'on voulait expérimenter pour démentir la théorie de Rousseau selon laquelle l'homme est bon à l'état de nature. La découverte de Victor est devenue un pari. Va-t-on pouvoir le soigner, l'humaniser ou est-ce un idiot incurable? Ainsi Itard (O.R.L) s'est vu confier l'éducation de Victor. Itard va prétendre que Victor est un prétendu idiot, et que l'idiotisme fut acquis à la suite de l'isolement. Deux courants vont s'opposer : - Selon Pinel : Victor est un idiot incurable, toute tentative d'éducation sera vaine. - Selon Itard : possible de le socialiser. En effet, comment le développement de l'enfant est influencé par les objets et les humains qui l'environnent? Comment peut-on expliquer qu'un être humain soit dans un tel état? Itard se fixe Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 10 un certain nombre d'objectifs pédagogiques : attacher son élève à la vie sociale c’est à dire, lui créer des besoins nouveaux et l'inciter à les satisfaire. N’est pas là, notre noble mission d’accompagnement psychosocial et / ou d’éducateur? 1-4. La place de l’enfant dans la société béninoise : rôle et statut social Les représentations de l’enfant et de son éducation dans la société béninoise divergent des normes et des instruments internationaux relatifs aux droits de l’enfant, particulièrement en milieu rural mais aussi chez les personnels travaillant avec des enfants comme les enseignants. Si on souhaite un changement de comportement de la part des autorités et de la population dans son ensemble vis-à-vis des droits des enfants, il est important de prendre en compte en premier lieu les mentalités, voire les croyances, et de considérer les rapports à l’enfant dès sa naissance. En effet, plus que leurs droits, les devoirs de l’enfant sont clairement définis, notamment en fonction des classes d’âge. Les enfants n’ont généralement pas droit à l’expression de leur opinion ni à la parole mais apprennent leur rôle au sein de la communauté où l’idée d’épanouissement individuel ou d’émancipation n’existe pas. De plus, l’adolescence est mal cernée car on est à la fois considéré comme « jeune » jusqu’à la retraite et « adulte » dès l’âge de 7 ans, quand il s’agit d’effectuer les travaux domestiques, aux champs ou à l’atelier participant de l’apprentissage et de la socialisation. D’un point de vue socio-économique, l’enfant aide souvent à supporter la charge des parents plus que l’inverse. Il représente un investissement et lorsqu’il devient une lourde charge pour la famille, il est possible de le confier. Grâce à la sensibilisation par les ONG et avec la participation des acteurs locaux pour l’identification des enfants en situation difficile ou des enfants à risque ou victime d’exploitation, d’abus et de violence, la population s’habitue peu à peu à débanaliser la souffrance des enfants, et change progressivement de regard par rapport à leurs droits. La scolarisation est davantage admise même pour les filles. Toutefois les loisirs ou l’expression de son opinion sont peu perçus comme des droits. Un énorme travail de sensibilisation des populations, de la famille jusqu’aux professionnels en contact avec les enfants, doit se poursuivre et se développer. 1-4-1. Le statut juridique de l’enfant au Bénin Comme dans la plupart des ordres juridiques, en droit béninois, l’âge légal de l’enfant diffère selon les matières. En matière civile, d’après l’article 459 du Code des personnes et de la Famille, est mineure toute personne qui n’a pas encore atteint l’âge de 18 ans. Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 11 En matière pénale, l’âge de la responsabilité pénale pleine et entière est fixé à 18 ans (article 1 de l’Ordonnance 69-23 du 10 juillet 1969 relative au jugement des infractions commises par les mineurs de moins de 18 ans). Néanmoins, dès l’âge de 13 ans un mineur peut voir sa responsabilité pénale engagée selon des règles et procédures particulières. En matière d’éducation et de scolarité, l’instruction scolaire est théoriquement obligatoire et gratuite au Bénin entre 6 et 11 ans. Mais en pratique, l’éducation n’est souvent pas gratuite et de ce fait, peut difficilement être rendue obligatoire. Corrélativement, en droit du travail, la Convention 138 de l’OIT sur l’âge minimum d’admission à l’emploi ratifiée par le Bénin établit l’âge minimum d’accès à l’emploi à 14 ans, âge repris par le Code du travail béninois qui interdit également le travail de nuit pour les enfants de moins de 14 ans. Par dérogation, l’âge minimum pour des travaux légers est abaissé à 12 ans au Bénin. L’âge du mariage est de 18 ans pour les garçons aussi bien que pour les filles selon l’article 123 du nouveau Code des personnes et de la famille, sauf pour certaines dispenses légalement prévues. Cet âge constitue également de fait l’âge minimal de consentement sexuel. 1-4-2. Le mot de la Constitution Béninoise sur l’enfant Les articles 12 et 13 de la Constitution concernent spécifiquement les enfants et plus particulièrement l’éducation des enfants. L’article 12 demande la garantie de l’éducation des enfants et les conditions nécessaires pour y parvenir et l’article 13 pose les principes selon lesquels l’Etat pourvoit à l’éducation des enfants par les écoles publiques, l’école primaire est obligatoire et l’enseignement public est gratuit. Dans le contexte du principe de non discrimination, l’article 26 établit que « l’Etat protège la famille et particulièrement la mère et l’enfant ». D’autres dispositions, même si elles ne visent pas spécifiquement les enfants, sont relatives aux droits de l’homme et à certains droits énumérés dans la Convention relative aux droits de l’enfant. Conclusion Concluons avec PIAGET qui affirme : «Le développement psychosocial est subordonné au développement spontané et psychologique» J. PIAGET : in Problèmes de psychologique génétique. Donc, l'enfant est une réalité biologique, historique et juridique. Il est au cœur du système familial. La famille est le premier lieu de socialisation (= processus par lequel le sujet va devenir un membre significatif de sa culture et un acteur social significatif), également le lieu où l’enfant tri entre l'interdit et l'autorisé. Dans les domaines du soin, de l'éducation, de la punition: la question de l'enfant et de la filiation est au cœur de ces trois axes. D’où la dualité actuelle est le Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 12 possible ou l‘impossible. Il faut donc traiter avec beaucoup de délicatesse cette matière première à la fois capitale, autonome et fragile: l’enfant. MODULE 2 : PRINCIPAUX TROUBLES DE COMPORTEMENT CHEZ L’ENFANT ET L’ADOLESCENT POMMEREAU : « l’adolescent qui va très mal, cache des parents qui vont mal » Objectifs Expliquer les caractéristiques comportementales et psychosociales de l’adolescent normal. Identifier les troubles du comportement de l’adolescent Connaître les principes de la prévention et de la prise en charge. Plan Introduction 2-1. Les troubles du développement de l’enfant 2-1-4. Les troubles de la psychomotricité 2-1-4-1. Les retards psychomoteurs 2-1-4-2. Le trouble de l’acquisition de la coordination 2-1-4-3. L’instabilité psychomotrice 2-1-5. Les tics, les Tocs 2-1-6. Les troubles du langage 2-1-7. Les Troubles de l’intelligence Le retard mental 2-1. Les troubles de comportements 2-2-1. Les comportements agressifs 2-2-1-1. Les violences 2-1-1. Les troubles du sommeil 2-1-1.1. L’organisation normale du sommeil 2-1-1.2. L’origine des troubles du sommeil 2-1-2. Les troubles de l’alimentation 2-1-3. Les troubles de contrôles sphinctériens 2-1-3-1. L’énurésie 2-1-3-2. L’encoprésie Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 13 2-2-1-2. Les colères 2-2-1-3. L’opposition 2-2-1-3-1. L’opposition active 2-2-1-3-2. L’opposition passive 2-2-1-4. Les mensonges 2-2-1-4-1. Le mensonge utilitaire 2-2-1-4-2. Le mensonge "névrotique" 2-2-1-5. Les vols 2-2-1-6. Les fugues Conclusion Introduction L’étude psychogénétique du développement de l’enfant montre qu’il n’y a pas de différence de nature entre des comportements considérés comme normaux à un certain âge : actes agressifs, colères, travestissement de la vérité, chapardages, et les troubles du comportement d'enfants plus âgés. C’est leur persistance au-delà d'un seuil qui en font des signes pathologiques, marquant une absence d’évolution ou une régression du Moi. Nous appelons donc "troubles du comportement" les symptômes psychopathologiques qui mettent en cause la relation de l’enfant avec son entourage. Ces troubles provoquent inévitablement des réactions comportementales dans l’entourage, mettant en cause les parents dans leurs attitudes éducatives, parfois le groupe social tout entier et en particulier la Loi et le système judiciaire. 2-1. Les troubles du développement de l’enfant 2-1-1. Les troubles du sommeil La qualité du sommeil est très importante tout au long de la vie. Elle participe, dès la naissance, à l'éveil du bébé, puis du nourrisson et plus tard de l'enfant et de l'adulte. Les troubles du sommeil sont souvent un indicateur des difficultés de l'enfant et il est important de les dépister et de les prendre en charge le plus précocement possible. En effet, le nourrisson a peu de moyens pour manifester son malaise ou sa souffrance et il ne peut l'exprimer qu'à travers son corps et en particulier les fonctions essentielles que sont le sommeil et l'alimentation, fonctions physiologiques mais aussi support de la relation mère-enfant. En ce sens, ces troubles ne doivent pas être banalisés ou minimisés. 2-1-1-1. L’organisation normale du sommeil Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 14 Le rythme veille/sommeil est particulier chez le bébé et le nourrisson. Il n'existe pas de différence entre la nuit et le jour. Les réveils se font toutes les 3 heures environ et les réveils nocturnes (2 fois par nuit) sont normaux jusqu'à 2-3 mois. Ainsi, les besoins en sommeil sont schématiquement : • Nouveau-né et bébé (0 à 3 mois) : en moyenne, 16 heures par 24 heures ; • Nourrisson (à 6 mois): 15 heures de sommeil dont 2 siestes dans la journée ; • A partir du 4ème mois : mise en place du cycle nycthéméral (veille / sommeil) ; • Entre 1 an et 4 ans : 13-14 heures par 24 heures dont 1 sieste dans la journée ; • Adolescence : stabilisation autour de 8-9 heures par 24 heures. La valeur du sommeil et son organisation dépendent aussi des conditions de vie de l'enfant (bruit, calme, température, satiété et confort…) et de la sécurité affective. Cette sécurité affective repose sur une continuité et une qualité de l'interrelation entre le bébé et son entourage permettant l'apaisement. C'est dans ce contexte de suffisante et de sérénité que le nourrisson acquerra la capacité à se séparer, à être et rester seul et qu'il pourra s'abandonner dans le sommeil, sans risque ni angoisse. 2-1-1-2. L’origine des troubles du sommeil L'origine des troubles est soit intrinsèque (tensions psychiques internes, angoisses…) soit extrinsèque (excitations dues à l'environnement, aux conditions de vie…) soit les deux. Le retentissement des troubles du sommeil est parfois considérable sur la vie familiale. Le climat d'énervement, voire d'exaspération qui en résulte est lui-même source de conflit et majore, en retour, les troubles du sommeil du nourrisson. 2-1-2. Les troubles de l’alimentation Avec les troubles du sommeil, c’est un motif très fréquent de consultation en pédopsychiatrie avant 1 an. Ils sont générateurs de beaucoup d'inquiétude chez les parents. Leur gravité est variable, depuis les simples fluctuations de l'appétit aux anorexies graves, avec risque vital. L'alimentation est au coeur de la relation précoce mère-enfant. L’acte de manger chez l’enfant est un acte complexe et répond à plusieurs fonctions : • • La faim : besoin instinctuel fondamental, état de tension apaisé par le repas ; Le plaisir : manger procure de surcroît du plaisir, plaisir de sucer, de mordre et de croquer, servant d’exutoire à l’agressivité normale ; Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 15 • L’échange et l’attachement : l’alimentation met en relation deux êtres. Les relations et la communication se font sous diverses formes : regards, paroles, toucher… L’adulte, en faisant don de nourriture à l’enfant, fait don de lui-même, d’amour. L’enfant, en acceptant la nourriture, accepte sa mère (qui, en retour, se sent aimée et reconnue comme bonne mère). Etre nourri pour un enfant, c’est aussi être aimé. • Le dedans et le dehors : au niveau de la bouche, s’opère des échanges entre ce qui est du dehors (de l’autre) et ce qui est dedans (soi). Plusieurs mécanismes psychiques inconscients (introjection, incorporation, identification…) font intervenir ces notions de dedans et de dehors, d’intime et de collectif, de soi et de l’autre…des limites du corps… • La structuration de la personnalité et la mise en place des relations d’objet (relation avec l’entourage). Le Moi se forme à partir d’éprouvés corporels. L’enfant établit une relation objectale dans laquelle s’enracine la fonction alimentaire. • Significations sociales et culturelles – imaginaires et symboliques : dans chaque culture, manger revêt des significations particulières qui dépassent le simple fait, le geste de manger… Manger ne se limite donc pas au seul fait de s’alimenter et ne constitue pas qu’une simple fonction physiologique. Manger fait aussi intervenir la psyché, consciemment et inconsciemment. 2-1-3. Les troubles de contrôles sphinctériens Dépend à la fois de la maturation neurologique de l’enfant, de la maturité de la personnalité de l’enfant et de la relation mère (parents)-enfant. Les exigences des parents et de leur enfant (propreté obligatoire avant l’école, rétention, affirmation de soi) sont sources de conflits d’autorité. Le contrôle vésical survient après la continence fécale. Normalement, le contrôle sphinctérien est acquis : • vers 18 mois pour le contrôle nocturne des selles ; • vers 24 mois pour la propreté diurne (urines et selles) ; • vers 36 mois pour la propreté urinaire nocturne. Les troubles sphinctériens sont donc souvent, au départ, le résultat de l'intrication de plusieurs facteurs, physiologiques et psychologiques. 2-1-3-1. L’énurésie C’est un trouble du contrôle de la miction. Ce n’est pas une incontinence. La miction est normale, active et complète mais involontaire, inconsciente et non contrôlée, avant 4 ans (âge Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 16 de maturité physiologique) mais parfois plus tôt. L’enfant sait qu’il est mouillé vers 18 mois et peut réclamer le pot avant 2 ans. Ce comportement est relativement fréquent et doit survenir au moins 2 fois par semaine ou provoquer une angoisse significative ou une altération sociale ou scolaire. Les énurésies occasionnelles (diurnes ou nocturnes) sont fréquentes. Environ ¾ des enfants énurétiques ont un parent ancien énurétique plus tolérant au trouble (importance de l’âge où les parents consultent pour leur enfant). Un enfant ne peut être propre la nuit que s’il est propre le jour. Il faut rassurer l’enfant et ses parents sur un point car l’enfant a souvent peur de s’endormir : la miction ne survient pas au cours de l’endormissement mais au réveil, le plus souvent en fin de nuit, souvent à l’occasion d’un rêve. On distingue : • L’énurésie primaire (sans la moindre période, même très courte, de propreté) ; • L’énurésie secondaire, l’énurésie nocturne (la plus fréquente), l’énurésie diurne. L'énurésie est un symptôme et non une maladie. Il n'existe pas de personnalité ou de structure propre à l'énurésie, mais elle s'intègre dans un tableau qu'il faut apprécier avec soin à travers l'histoire de l'enfant et de sa famille, pour réintégrer le symptôme dans la dynamique psychique de l'enfant et de sa famille et comprendre sa place et son sens. Ainsi, d'un point de vue psychologique, l'énurésie peut être l'expression d'une satisfaction passive (plaisir d'être mouillé…) ; d'une satisfaction active, agressive, sadique… expression d'un sentiment de puissance ; d'une satisfaction masochiste (plaisir d'être puni…) ; de fantasmes dans le cadre de la problématique Œdipienne… 2-1-3-2. L’encoprésie C’est une défécation involontaire ou délibérée dans la culotte (ou ailleurs) au moins une fois par mois, pendant plus de 3 mois, chez un enfant de plus de 4 ans. En l'absence de toute affection organique. Elle est trois fois plus fréquente chez le garçon (3 garçons pour une fille). Elle est plus souvent secondaire que primaire et presque exclusivement diurne. Enfin, elle est permanente ou intermittente. L’encoprésie secondaire est la plus fréquente, succédant ainsi à une période plus ou moins longue de propreté. Elle survient alors entre 5 et 8 ans. Elle peut-être isolée ou bien associée à d’autres troubles, telle l'énurésie (dans 1 cas sur 2). Elle peut-être transitoire et ponctuelle à la faveur d’un événement : naissance dans la fratrie, déménagement… Il s’agit d’un symptôme à comprendre dans toute la dynamique psychique de l’enfant. Les encoprésies primaires relèveraient surtout de carences éducatives, alors que les encoprésies secondaires correspondraient plutôt à des conflits intrapsychiques. Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 17 2-1-4. Les troubles de la psychomotricité La psychomotricité, le langage et l'intelligence se développent simultanément. Les acquisitions de l'enfant dans ces 3 secteurs sont étroitement liées au développement affectif. L'importance de l'affectivité sur le développement moteur a été bien mise en évidence dans les carences affectives précoces. Les interactions sont donc étroites entre le psychisme et la motricité. On distingue plusieurs types : 2-1-4-1. Les retards psychomoteurs Il s'agit d'un retard des acquisitions posturales ou du tonus. Les causes peuvent être somatiques et nécessitent une consultation spécialisée neuropédiatrique. Après avoir éliminer une cause organique, une consultation de pédopsychiatrie est indispensable car des causes psychiques peuvent également se retrouver telle une psychose précoce, une carence affective, des dysfonctionnements interactifs précoces, une maltraitance. 2-1-4-2. Le trouble de l’acquisition de la coordination Cette perturbation marquée du développement de la coordination interfère gravement avec la réussite scolaire ou les activités de la vie courante (maladresse, imprécisions ou lenteur motrice). Il existe souvent des troubles associés : troubles du langage (articulation), des apprentissages (écriture), des difficultés relationnelles avec les pairs (jeux). L’enfant peut présenter un retard dans les différentes étapes du développement moteur (pour s’asseoir, ramper, marcher). Il convient de rechercher une prématurité, une hypoxie néonatale, une malnutrition, des anomalies neurologiques… La prise en charge consiste en une rééducation psychomotrice, perceptivomotrice ou globale. 2-1-4-3. L’instabilité psychomotrice Il s’agit d’un motif fréquent de consultation pour des enfants en maternelle ou en primaire, où elle a une fréquence estimée à 3-5 %. Quelques synonymes de l’instabilité psychomotrice sont : la turbulence, l’hyperactivité, l’agitation, le trouble hyperkinétique,… Mais il convient de distinguer un comportement pathologique (aux origines très diverses) des enfants "plein de vie". Par exemple : • La distraction : En revanche, l'enfant peut réaliser correctement un travail lorsqu'un adulte disponible se trouve à ses côtés. Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 18 • Les attitudes de provocation : Conduites d'opposition, de défi, de refus, d'indifférence aux remontrances. Variations de l’humeur avec passage du rire aux larmes, de l’excitation à la tristesse, du sentiment de triomphe à l'effondrement dépressif. Faible investissement du langage, difficultés à verbaliser, notamment ses sentiments de malaise ou d'insécurité. 2-1-4-4. Les tics, les Tocs Les tics sont des mouvements moteurs ou des vocalisations involontaires, irrésistibles, rapides, récurrentes, non rythmiques et stéréotypées. Ils peuvent être simples ou complexes. Ils apparaissent souvent vers l’âge de 6-7 ans. Ils sont aggravés par le stress et disparaissent pendant le sommeil. Le syndrome de Gilles de la Tourette débute entre 7 et 15 ans et se caractérise par des tics moteurs associés à des tics verbaux comme des grognements ou des jurons voire des obscénités. Les Tocs ou Troubles Obsessionnels Compulsifs (TOC) de l’enfant sont rares et ont une symptomatologie globalement comparable aux Tocs de l’adulte. Il existe un pic précoce de survenue des TOC avant la puberté. Les idées obsessionnelles se développent sur quelques semaines et engendrent une angoisse importante que l’enfant ou l’adolescent tente de colmater par des compulsions plus ou moins ritualisées. Les obsessions sont des idées, des pensées, des impulsions ou des représentations persistantes qui sont vécues comme intrusives et inappropriées et qui entraînent une anxiété et une souffrance importante. Les compulsions sont des comportements répétitifs (ex. : se laver les mains, ranger dans un certain ordre, vérifier…) ou des actes mentaux (ex. : compter, repérer des mots de manière silencieuse…) dont le but est de prévenir ou de réduire l'anxiété ou la souffrance et non de procurer plaisir ou satisfaction. La prévalence du T.O.C. chez les enfants et adolescents est comprise entre 0,5 et 3 %. Les premiers symptômes d'obsessions et de compulsions apparaissent généralement autour de l'âge de 10 ans, avec une prédominance masculine dans les formes prépubères. Le trouble obsessionnel compulsif chez l’enfant et l'adolescent est proche, dans les grandes lignes, de la sémiologie de celui de l’adulte. Certaines particularités méritent cependant d’être soulignées. • Symptomatologie propre a l’enfant et adolescent souffrant de T.O.C. OBSESSIONS FREQUENTES COMPULSIONS FREQUENTES Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 19 - Crises de colère, agressivité manifeste (en cas - d’interruption volontaire ou non des rituels ou de refus de participation de l’entourage familial aux compulsions et rituels). Crainte de blasphémer, d’insulter un enseignant. Se sentir sale, être envahi de microbes. Attraper une maladie. Blesser un autre enfant. Oublier quelque chose, ses devoirs. Commettre une erreur, une faute. Faire des erreurs à l’école. Etre obnubilé par un défaut physique. Etre préoccupé par la nourriture. - Gestes, - mimiques particulières (pseudo-tics). Arithmomanie (compter sans arrêt) Lavage des mains, du corps plusieurs fois par jour. Superstitions bizarres (éviter de marcher sur les traits d’un carrelage, se signer, etc… Ne pas toucher certains objets (les poignées de porte, les affaires des autres élèves…) Faire de longues listes de vérification. 2-1-5. Les troubles du langage Le langage est un moyen d'expression, de contact et de communication. Il prend une part essentielle dans les relations de l'enfant avec autrui et est intimement lié au développement et à la structuration du fonctionnement psychique. Les troubles du langage sont un motif fréquent de consultation de pédopsychiatrie. Près de 5 % des enfants de 5 ans ont des troubles du langage. Ils sont très variables depuis le simple retard de maturation évoluant spontanément favorablement au trouble plus grave révélateur d'une psychose. Ce sont : les troubles de l’articulation ; le retard de parole ; le retard simple de langage ; La dysphasie (ou audimutité) ; Le mutisme ; le bégaiement. Le retentissement sur la personnalité de l’enfant, sur sa scolarité et sur ses liens sociaux peuvent être important. 2-1-6. Les Troubles de l’intelligence L'intelligence est extrêmement difficile à définir. Le développement de l'intelligence fait intervenir 3 séries de facteurs : • La maturation neurologique ; • L'exercice et l'expérience acquise dans l'action effectuée sur les objets ; • Les interactions et les transmissions sociales. Piaget a décrit des périodes dans le développement de l'intelligence. L'exploration des capacités intellectuelles repose sur des tests psychométriques qui ne doivent jamais être utilisés isolément. Les données qu'ils fournissent doivent être interprétées en fonction de l'histoire et du contexte de vie de l'enfant. En effet, le développement des capacités Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 20 cognitives, mais aussi du langage, de la motricité et de la socialisation de l’enfant est très dépendant de son développement affectif. Le retard mental Le retard mental apparaît plus comme un symptôme que comme une entité. Ainsi, le retard mental ne saurait, à lui seul, désigner l'enfant dans son ensemble. Il faut aussi apprécier son organisation psychique, prise dans sa globalité. Autrement dit, le retard mental est considérer comme un trouble global du développement dans lequel s'intriquent des perturbations cognitives, du langage, de la motricité et des conduites sociales. Elle recouvre les anciennes notions d'arriération et de débilité mentale. La définition du retard associe 3 caractéristiques : • Un fonctionnement intellectuel général inférieur à la moyenne ; • Des altérations ou déficits importants du fonctionnement adaptatif ; • Dont le début est avant 18 ans. 2-2. Les troubles de comportements 2-2-1. Les comportements agressifs Les comportements agressifs ne sont pas pathologiques en eux-mêmes; ils sont nécessaires à l’évolution de l’enfant. C’est grâce à l’expression de son agressivité que l’enfant s’affirme face à autrui comme un sujet, lieu de désirs et de volonté, et qu’il conquiert les limites de son Moi et de sa propriété (ses jouets, sa chambre, etc.). L’absence de sens de la propriété peut être pathologique (indistinction entre soi et les autres), comme l’est un sens de la propriété exagéré (trop grande jalousie fraternelle, vols, etc.). 2-2-1-1. Les violences Ces comportements en réponse à une frustration sont banaux entre 1 et 4 ans. Ils sont plus fréquents chez les enfants actifs et hypertoniques et chez les garçons. Malgré leur banalité, il faut signaler les problèmes d’adaptation qu’ils posent dans les collectivités d’enfants, crèches ou maternelles (en particulier quand l’enfant mord), alors qu’ils sont en général beaucoup mieux tolérés dans le milieu familial. L’erreur la plus couramment commise face à ces comportements est d’y répondre sur un mode analogue : mordre l’enfant qui mord, frapper celui qui donne des coups. Cela peut entraîner un cercle vicieux d’agressivité réciproque et de désir de vengeance, ou angoisser l’enfant en alimentant ses fantasmes de châtiment et de culpabilité. Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 21 Au-delà de 4 ans, l’enfant a habituellement acquis de nouveaux moyens de s’affirmer et de réagir à la frustration, en particulier grâce à la maîtrise du langage. La persistance de violences est le signe soit d’une immaturité du Moi - c’est le cas d’enfants ayant souffert d’une carence affective précoce) soit d’un déficit instrumental ou sensoriel qui empêche l’enfant d’accéder à de nouveaux modes d’expression - c’est le cas des enfants souffrant de retard de langage, de surdité, etc. Les enfants psychotiques peuvent avoir de brusques passages à l’acte agressifs, non motivés et parfois d’une extrême violence, s’adressant à leur entourage du moment, sans provocation de celui-ci. Ce sont des crises clastiques. 2-2-1-2. Les colères La rage correspond à un type de réaction de l’enfant très jeune (jusqu’à un an) à une frustration: décharge de mouvements anarchiques, accompagnés de cris inarticulés et de phénomènes vasomoteurs (pâleur, rougeur du visage, sécheresse de la bouche). Elle peut persister bien audelà chez des enfants impulsifs qui réagissent ainsi à de trop grandes frustrations, avec une certaine obnubilation de la conscience et une amnésie partielle de la crise. Les colères proprement dites sont une expression émotionnelle plus contrôlée et marquée surtout par une agressivité verbale, des injures, des critiques blessantes. La colère est une manifestation banale chez l’enfant de 2 à 4 ans, au moment où se développe en lui un besoin d’indépendance et d’affirmation de soi. 2-2-1-3. L’opposition On distingue cliniquement deux types d'opposition : 2-2-1-3-1. L’opposition active Le plus souvent normale, marque une période dans l’évolution psychologique de l’enfant : apparition du "non !" dans le courant de la 2ème année, crise d’opposition de la 3ème année. Toutefois, certains enfants vivent en permanence en opposition à leur entourage et tendent à recréer partout une relation d’opposition sur un mode sadomasochiste. 2-2-1-3-2. L’opposition passive L’enfant se contente de ne pas faire ce qui lui est demandé ou de traîner pour tout. C’est un symptôme très souvent rapporté par les mères qui se plaignent de devoir répéter de nombreuses fois les mêmes choses, du fait que l’enfant met un temps interminable pour faire la Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 22 moindre chose imposée - alors qu’il fait rapidement ce qui l’intéresse. Assez souvent, l’opposition passive cache des troubles dépressifs latents chez l’enfant. 2-2-2. Les mensonges On ne parle pas de mensonge chez l’enfant avant 6 ou 7 ans, l’âge dit "de raison". L’enfant jeune déforme souvent les faits ou en invente, mais on ne peut attribuer à cela la valeur d’un mensonge, car il n’a pas encore acquis une notion claire du vrai et du faux, de l’imaginaire et du réel. 2-2-1. Le mensonge utilitaire Il est naturel à l’enfant. Son premier mouvement est de faire correspondre la réalité à ses désirs et au besoin de la fausser, soit pour obtenir un avantage, soit pour éviter un désagrément. Ce n’est que l’intériorisation progressive d’une loi sociale et d’une éthique personnelle qui lui fera respecter la vérité. Un "certain respect" du mensonge de l’enfant jeune est capital : l’adulte doit savoir se laisser berner, abuser ("Ha bon ? Tu crois vraiment ?"). En effet, il importe de ne pas lui donner l’impression que l’adulte lit dans ses pensées, dévoile sa ruse ou sa manipulation. Le risque d’une grande intrusion psychique (mes pensées sont les siennes) est ici très grand. Le mensonge le plus fréquent chez l’enfant plus grand est celui de la dissimulation ou de la falsification de mauvais résultats scolaires. Elles peuvent conduire l'enfant à un enchaînement de mensonges et de falsifications de plus en plus angoissants. 2-2-2. Le mensonge "névrotique" Il a pour fonction de compenser, au niveau imaginaire, une infériorité ou une insuffisance que l’enfant ressent. Il s’inventera un père beaucoup plus riche et puissant que la réalité, se vantera d’exploits imaginaires, etc. Cette forme de travestissement de la réalité mérite le nom de fabulation, plutôt que de mensonge. Il ressemble au "roman familial", plus tardif, où l’enfant dissimule sa déception vis à vis de ses parents en imaginant de "meilleurs" et "tout puissants". Les constructions sont parfois riches (cf. le personnage d’Harry Potter, enfant carencé et maltraité dans la réalité, qui se protège en devenant sorcier). Au maximum, c’est le tableau de la mythomanie (rare). Une autre forme de fabulation est l’invention d’un double, en général du même sexe, le plus souvent un frère ou une sœur, parfois un ami. L’invention d’un double est fréquente chez l’enfant de moins de 6 ans, sans trouble psychopathologique notable. Chez l’enfant plus âgé, l’invention d’un double peut signifier un trouble profond de l’identité des personnes et de soiConnaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 23 même et peut prendre une allure inquiétante car elle fait craindre une organisation psychotique ou prépsychotique de la personnalité. 2-2-3. Les vols On ne parle de vol chez l’enfant avant 6-7 ans. Ici ce n’est pas le sens de la réalité qui est en jeu, mais celui de la propriété. Pendant longtemps, ce qui intéresse le plus l’enfant est justement ce qui appartient à l’autre, son intérêt pour les objets passe par l’intérêt de l’autre. Les garçons en sont responsables dix fois plus souvent que les filles. La proportion des délits pour vol augmente avec l’âge. La première personne victime du vol de l’enfant est un membre de la famille, le plus souvent la mère (on parle de vols "domestiques"). Dans certains cas, les trésors du porte-monnaie de la mère représentent les richesses qu’elle renferme dans son corps, son ventre, d’où viennent les enfants. Puis l’enfant vole à l’extérieur de sa famille, mais d’abord des personnes connues, ses camarades ou sa maîtresse d’école, puis des personnes inconnues. L’objet volé est d’abord un objet alimentaire (bonbons…) puis l’enfant vole de l’argent ou divers objets chargés pour lui de signification symbolique. A partir de la puberté, on peut voir des vols fétichistes (vols de lingerie féminine par des garçons, rares), mais aussi vols de véhicules, de portables ou tout autre objet pouvant être revendu (les plus fréquents). C’est à propos du vol que l’on remarque l’influence des perturbations affectives de la petite enfance et en particulier des séparations sur les comportements délinquants. C’est aussi à propos du vol que Winnicott a développé une théorie du "comportement antisocial" : le vol répond à un sentiment précoce de défaillance de l’environnement (un exemple en est une dépression de la mère, alors moins disponible pour son enfant). L’enfant voleur cherche inconsciemment à combler un manque, à prendre quelque chose qui lui était dû et qui lui a été refusé. Les facteurs affectifs (carence ou séparation) sont presque toujours présents dans la genèse des comportements de vols répétitifs. Parfois, le vol de l’enfant s’inscrit dans un devenir caractéropathique, voire psychopathique. C’est le mode d’entrée le plus fréquent dans la délinquance. Il s’associe alors fréquemment à d’autres troubles du comportement telles les fugues. 2-2-4. Les fugues La fugue est le fait pour l’enfant de partir sans autorisation et sans prévenir du lieu où il est sensé être, pour déambuler, le plus souvent sans but pendant plusieurs heures, parfois pendant des journées entières. Là encore, il faut attendre 6-7 ans pour parler de fugue. Les déambulations de l’enfant plus jeune qui s’éloigne de sa mère, sans que celle-ci s’en aperçoive, n’ont pas la valeur ni l’intentionnalité d’une fugue. Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 24 En général, le fugueur n’a pas de but précis, il ne sait où aller et déambule au hasard. Bientôt, il cherche un refuge, ne tarde pas à se faire remarquer par son comportement indécis. Il est très soulagé d’être découvert et ne tarde pas à avouer sa fugue. D’autres fois l’enfant a un but qui est presque toujours le retour à un endroit investi par lui comme sécurisant, voire idyllique. Les fugues de l’école méritent une mention spéciale. L’école buissonnière peut être le fait d’enfants à tendances psychopathiques, peu motivés pour l’école. Mais très souvent, c’est un mécanisme phobique qui sous-tend la fugue, laquelle masque en fait une phobie de l’école. Il en existe deux formes : • • Celle des enfants au début de leur scolarité primaire, vers 6-7 ans, qui sont angoissés par toute séparation d’avec leur mère ; Celle d’enfants plus âgés, vers 10 ans, qui sont spécifiquement angoissés par l’école. Ils partent le matin à l’heure habituelle, se dirigent vers l’école, mais arrivés à destination, ils sont envahis d’angoisse et ne peuvent entrer. La phobie scolaire renvoie aux difficultés de séparation chez un enfant intelligent, qui travaille ses cours à la maison, en présence de sa mère. Une phobie sociale (les camarades de classe) et une agoraphobie (le trajet jusqu’à l’école) peuvent être associées. Conclusion La part psychologique semble prépondérante non seulement à l’origine des troubles de développement et de comportement de l’enfant et de l’adolescent, mais aussi dans le développement et l’entretien de ces troubles. Alors que ces troubles peuvent entraîner d'importantes difficultés scolaires (obligeant souvent à des redoublements), sociales et professionnelles. Un examen psychologique est utile pour confirmer la normalité du développement de l’enfant et de l’adolescent. Car à ce jour, les psychothérapies sont actuellement les principaux axes thérapeutiques et les plus efficaces. MODULE 3 : TECHNIQUES D’ÉCOUTE ET DE GESTION DES PSYCHOTRAUMATISMES INFANTILES Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 25 SUSAN ISAACS : « Les désirs de l’enfant sont plus impulsifs et plus urgents que les nôtres, ses déceptions et ses regrets plus vifs. » Objectifs Connaître et développer ses capacités d’écoute ; S’approprier et maîtriser des techniques et des attitudes d’écoute et de communication ; Savoir répondre à des situations conflictuelles ou difficiles par un comportement adapté ; Plan Introduction 3-1. Les bases de l’écoute et de l’entretien 3-1-1. L’écoute passive 3-1-2. L’écoute active 3-1-3. Le questionnement 3-1-4. La reformulation 3-1-5. La synthèse 3-1-6. L’empathie dans la relation d’aide 3-2. Traumatismes infantiles 3-2-1. L'infantile 3-2-2. L'infantile traumatique 3-3. La prise en charge psychothérapeutique 3-3-1. Les différents courants psychothérapiques actuels Le courant comportementaliste et cognitiviste Le courant systémique Le courant humaniste Le courant «éclectique et intégratif» 3-3-2. Différents niveaux de psychothérapies 3-3-3. Les grandes techniques psychothérapeutiques La psychothérapie psychanalytique La psychothérapie d’inspiration psychanalytique Psychothérapie de l’enfant Psychothérapies individuelles Les psychothérapies comportementales et cognitives Les psychothérapies de soutien Les psychothérapies humanistes La gestalt-thérapie Coaching et Développement personnel Hypnose thérapeutique PNL Les autres psychothérapies Les psychothérapies de groupe Le psychodrame Les thérapies familiales 3-3-4. Situation actuelle des psychothérapiques Conclusion Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 26 Introduction Egalement nommée «écoute bienveillante», celle-ci nous rend disponible à autrui et à son univers de codes et des significations. Par un mouvement réflexe, l’interlocuteur se sent compris et utilise son énergie non pas à se défendre ou à attaquer mais à échanger, réfléchir et trouver des solutions. Cependant, souvent, la confrontation avec notre propre image, ou notre voix, stimule des tensions. Nous pouvons aimer certains aspects de nous, mais nous en rejetons d’autres. Comment être alors capable d’accueillir ce qui se passe en l’autre ? Ce module nous invite à développer un rapport plus bienveillant avec nous-mêmes, en dépassant les idées préconçues que nous avons accumulées sur nous. Car, écouter, c’est s’écouter en apprivoisant les différentes facettes de notre identité et en approfondissant le grand pouvoir d’accueil et de l’auto-empathie. 3-1. Les bases de l’écoute et de l’entretien 3-1.1. L’écoute passive L’écoute passive doit permettre de faciliter l’expression du patient, sans l’interrompre, en adoptant ce que les psychanalystes appellent la « neutralité bienveillante », c'est-à-dire en se gardant de tout jugement, de toute critique. L’écoute dite passive que l’on retrouve dans les entretiens non directifs, nous demande de montrer à l’autre que l’on s’intéresse à lui, qu’il est important pour nous. Nous l’encourageons alors à parler, sans intervenir. Pour cela, nous devons être particulièrement attentif, regarder la personne, ne pas se laisser distraire. L’écoute passive doit être utilisée en alternance et selon le moment, avec l’écoute active, nous permettant alors d’indiquer plus précisément encore, ce qui retient notre attention dans ce qui a été dit. Dans l’écoute passive, nous pouvons en fonction des besoins des patients, marquer verbalement ou par notre attitude, notre attention : « oui … » ; « d’accord.. » ; « C’est intéressant.. » ; « Ah oui… » ; « Je comprends… » ; « Bien sûr…». 3-1.2. L’écoute active L'écoute active est un concept développé à partir des travaux du psychologue américain Carl Rogers1. Elle est également nommée écoute bienveillante. Initialement conçue pour l'accompagnement de l'expression des émotions, elle est opérationnelle dans les situations de face-à-face où le professionnel écoute activement l'autre. Elle consiste à mettre en mots les émotions et sentiments exprimés de manière tacite ou implicite par l'interlocuteur et à décoder la dimension affective généralement non verbalisée. Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 27 L'écoute active est initialement une technique d'accompagnement. L'écoute active permet à l'individu, lors de l'entretien d'aide, de le décloisonner de ses difficultés et de le prendre dans son ensemble. En effet, l'écoute active est bien plus qu'une reformulation. Grâce à la bienveillance du récepteur, elle donne à l'émetteur des outils afin qu'il puisse s'exprimer et se dire en tant que Sujet de sa situation. L'écoute active représente le point de départ de toute intervention d'aide et permet de voir en quoi et comment nous pouvons aider la personne. L’écoute active est une technique bien plus difficile à intégrer qu’on l’imagine, car elle va à l’encontre de notre fonctionnement habituel. Elle implique que chacun des partenaires prenne toute sa place et qu’il soit également totalement disponible à la parole de l’autre. Dans cette technique, on retrouve trois outils indispensables, que sont : le questionnement, la reformulation et la synthèse. 3-1.3. Le questionnement Il aide à préciser, à clarifier, à approfondir ce qui est dit par le patient. Il aide aussi celui qui parle, à faire émerger ce qui peut être latent. Grâce au questionnement, on peut entendre plus précisément, 3 niveaux d’information supplémentaires tout à fait essentiels dans les entretiens liés à l’annonce : • Les faits : permettent de rendre compte de ce qui a été entendu et compris ; • L’émotion : permet de recueillir ce qui a été ressenti ; • L’opinion : ce qui a été pensé, réfléchit par le patient aidant à une mise en action. Exemples : « Qu’avez-vous compris de ce que le médecin vous a dit ce matin ? » ; « A-t-il été assez clair pour vous ? » ; « Pouvez vous me dire comment vous vous êtes senti au moment de cette annonce ?» ; « Que pensez vous faire ?... » 3-1.4. La reformulation C’est redire ce qui a été dit par la personne, au travers des termes plus concis et explicites. Il est nécessaire que le patient nous donne ici son accord. C’est montrer ce qui a bien été compris. Cette technique permet également de lever d’éventuels quiproquos, afin d’être toujours au clair avec ce que l’autre à voulu nous dire. La reformulation aide également le patient à se sentir écouté, compris et respecté dans ses ressentis, favorisant alors un peu plus l’envie de parler. Exemples : « Si je vous comprends bien, vous souhaitez pouvoir rencontrer un spécialiste, car vous n’avez pas bien compris la pathologie de votre bébé ? » ; « Vous pensez que votre état de choc au moment de l’annonce faite par votre médecin, ne vous a pas permis de comprendre la prise en charge qui pourrait être celle de votre enfant ? » Et au patient de pouvoir répondre : « oui, c’est bien cela » ; « oui, voilà c’est ce que je veux dire »… Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 28 3-1.5. La synthèse La synthèse marque toujours un temps particulier dans l’entretien. Elle vient le plus souvent marquer une pause dans le discours et dans l’écoute, avant de passer à la suite de l’entretien. La synthèse permet de faire une sorte de résumé de ce qui a été dit, cherchant ainsi à rendre plus clair et plus compréhensible pour chacun, les propos recueillis. Cela nous permet de montrer à notre interlocuteur que nous l’avons bien compris, ce qui est extrêmement rassurant, surtout dans le cadre très particulier qu’et celui de l’annonce, où aucun malentendu ne peut être possible. Exemples : « Donc, en résumé» ; « en conclusion… » ; « Si je vous ai bien compris… » 3-1.6. L’empathie dans la relation d’aide C’est une forme de compréhension et surtout une qualité de présence, qui se caractérise par la capacité à percevoir et à comprendre les sentiments d’une autre personne. Ressentir de l’empathie, c’est être capable de différencier les émotions du patient, des nôtres, de faire abstraction de notre monde de référence personnel, tout en restant au contact de l’autre. Une question aide à se recentrer : « Qu’est ce qui se passe actuellement pour la personne qui se trouve en face de moi » ? Adopter cette attitude peut se montrer plus difficile dans certaines situations, comme peut l’être l’annonce d’une anomalie ou d’une pathologie grave. Ces situations nous poussent naturellement à nous sentir affectés, tristes, impuissants et cela peut alors mobiliser en nous tout un lot de sentiment d’injustice et d’inquiétude. Or ici justement, l’important est d’avoir pour unique objectif, d’être toujours disponible pour le patient. Nous devons rester présents pour lui, nous le quittons dès que nous nous envolons dans nos pensées intimes, faisant place alors le plus souvent à de la projection « et si c’était moi ? » ; « Qu’est-ce que je ferai moi à sa place ». Le patient a ici besoin que nous puissions rester présent pour lui, afin d’être en mesure de l’écouter jusqu’au bout et de l’aider à donner du sens à ses propos, à ses sentiments. Le patient n’a pas besoin que l’on réagisse à sa place ! L’empathie aide à développer l’estime de soi de la personne : « on peut donc comprendre ce que je ressens, sans me renvoyer que c’est mal ou que j’ai tort ». Elle améliore la qualité de la communication : «Je me sens compris, entendu dans mon ressenti, sans que l’autre ai besoin de me dire en plus comment il se sent lui» et ouvre à l’expression d’émotions plus profondes : « C’est vrai que derrière cette grande colère que j’ai exprimé à votre égard docteur, je reconnais avoir tellement peur… ». 3-2. Traumatismes infantiles Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 29 Aux limites de l'ICS et du système PCS, l'Infantile est le point le plus aigu de nos affects, le lieu de l'espérance et de la cruauté, du courage et de l'insouciance ; il fonctionne la vie durant, selon une double spirale processuelle et signifiante, et l'on peut le retrouver même dans les pathologies les plus lourdes, à condition de ne pas confondre celles-ci avec le mode d'organisation normal de cet Infantile. Comment mieux comprendre cette problématique infantile qui rendre compte de la complexité des liens qui se tissent dans le champ transféro-contre transférentiel entre l'infantile et le traumatique ? 3-2-1. L'infantile La révolution apportée par la découverte freudienne de la sexualité infantile n'a rien à voir avec le fait que les enfants puissent trouver un plaisir pulsionnel dans la tétée et dans les fonctions excrétoires, ni même dans le fait que ces plaisirs demeurent inscrits dans l'organisation sexuelle de l'adulte. Le véritable éclat de cette découverte réside dans la signification génitale de ces plaisirs d'organes et de ces premiers investissements du corps propre et du corps d'autrui. Il importe donc de rappeler avant tout que, dans la découverte freudienne de la sexualité infantile, le sexuel est à la fois primaire et génital : Structure de base aux franges de notre animalité, dépositaire et conteneur de nos pulsions, tant libidinales ou haineuses qu'épistémophiliques, l'Infantile est cet alliage de pulsionnel et de structural « souple », qui fait que l'on est soi et pas un(e) autre. Irréductible, unique et par là même universel, l'Infantile est donc bien ce par quoi notre psychisme va advenir, dans tous les développements de sa bisexualité psychique organisée par l'Œdipe. 3-2-2. L'infantile traumatique Le traumatisme désigne la représentation de l'événement et son impact sexuel sur l'organisation fantasmatique du sujet (fantasmes originaires). Le trauma désigne l'action, tant positive que négative, du traumatisme sur l'organisation psychique : troubles identitaires, zones psychiques mortes, etc. La conséquence la plus directe et la plus importante du trauma est un clivage qui s'opère dans la personnalité naissante du jeune enfant. Il est très important de comprendre que ce clivage ne suit pas les lignes des clivages normaux et fondateurs propres à l'organisation psychique personnelle de tout sujet, mais il est imposé par la pathologie de la personne, ou de la situation, traumatogène. Pour Ferenczi, le trauma doit être considéré comme résultant d'une absence de réponse de l'adulte face à une situation de détresse de l'enfant. Ferenczi a su qualifier de traumatiques des Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 30 attitudes d'absence psychique de la mère ou de son substitut ou, à l'opposé, d'exigence démesurée et d'insensibilité aux affects de l'enfant. Il y a vu la cause d'un vécu de disqualification, voire de déni de ses affects, ce qui est éprouvé par l'enfant comme un véritable « viol de la pensée ». 3-3-1. Les Psychothérapies C’est un médecin anglais, Tuke, qui créa, en 1872, le terme «psychothérapeutique» mais c’est un médecin français, Bernheim, chef de file de l’école hypnologique de Nancy, qui utilisa le premier, le terme de «Psychothérapie». A son origine, la psychothérapie se définissait «comme ce qui relève de l’influence de l’esprit sur le corps dans la pratique médicale». Elle a aujourd’hui un sens plus restreint et la définition la plus courante affirme que la psychothérapie est «L’aide qu’un psychisme peut apporter à un autre psychisme». Cette affirmation implique le recours à des moyens pour y parvenir et des buts pour en fixer les limites. Les moyens de la psychothérapie sont extrêmement diversifiés et vont de l’utilisation de la parole comme unique vecteur de la guérison jusqu’à l’adjonction de techniques diverses, comme la médiation corporelle, la musique, l’art, le dessin, etc. Dans tous les cas, une bonne relation psychothérapique avec le patient s’avère indispensable. On appelle Psychothérapie, tout traitement, au moyen de procédés psychologiques, de la souffrance psychique d’un individu, que celle-ci se manifeste par une maladie mentale, une difficulté d’adaptation ou un trouble psychosomatique. Cependant, toutes ces variations sont fondées sur trois éléments essentiels : le psychothérapeute doit détenir un savoir-faire spécialisé et avoir une pratique patiente de l’Ecoute du sujet. La psychothérapie est encadrée par des théories sur les causes des troubles et les techniques permettant de les soulager. La relation entre le thérapeute et le patient est bien plus importante que dans les autres traitements médicaux, la communication étant le moyen de guérison privilégié dans la plupart des formes de psychothérapie. Enfin, toute psychothérapie, si elle n’aboutit pas à la guérison, implique du moins un processus de changement. 3-3-2-1. Les différents courants psychothérapiques actuels La pratique de la psychothérapie requiert des connaissances théoriques et pratiques ainsi que des capacités et des aptitudes individuelles. La compétence psychothérapique va s'appliquer lors de la pratique en situation auprès de personnes souffrant de troubles psychologiques et mentaux. Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 31 Le courant comportementaliste et cognitiviste C’est le courant dominant actuellement et celui qui est le mieux validé dans ses résultats thérapeutiques. Il s’inspire de l’application de la psychologie expérimentale au champ de la clinique pour comprendre, évaluer et traiter les troubles mentaux et ceux du comportement. Il applique les données de l’apprentissage répondant, opérant, social et cognitif et cherche à modifier la clinique quotidienne au moyen des mécanismes mis à jour par la recherche expérimentale clinique. De plus, le cognitivisme considère les troubles des conduites et des comportements, de même que les symptômes d’allure névrotique, comme relevant de dysfonctionnements dans les programmes d’apprentissage. Le courant systémique Il repose sur des conceptions théoriques inspirées à la fois de l’anthropologie et de la théorie générale des systèmes. La modélisation systémique s’intéresse en priorité aux interactions familiales et aux indices contextuels sociaux dans lesquels se trouve impliqué le patient plutôt qu’aux facteurs subjectifs de ses troubles. Identifier les dysfonctionnements familiaux permettrait ainsi d’en corriger les effets négatifs et de favoriser les ressorts créatifs du patient et de ses proches. Le courant humaniste La psychothérapie humaniste se centre sur la personne «client-centered psychotherapy» et cherche à promouvoir l’autonomie de celle-ci mais elle a l’ambition de le faire en dehors de toute théorisation préalable. Elle préconise une relation d’aide basée sur une compréhension réciproque et sur l’empathie du thérapeute pour son patient. C’est un psychologue américain, Carl Rogers, qui a défini le premier les concepts de la psychothérapie humaniste et précisé sa technique. En dehors de l’empathie, celle-ci se fonde sur la notion de «congruence», c’est-à-dire sur la coïncidence intuitive des sentiments du thérapeute avec ceux du patient. La congruence s’exprime par la reformulation des affects tels que le psychothérapeute les ressent, c’est-à-dire avec un certain décalage qui permet de valider positivement les sentiments négatifs éprouvés par le patient. La psychothérapie humaniste se pratique aussi en groupe. Elle insiste alors «sur les aspects bénéfiques de la rencontre et sur les espaces de liberté que celle-ci permet d’ouvrir». Les psychothérapies humanistes s’adressent surtout à des individus qui cherchent à «épanouir leur personnalité». Le courant «éclectique et intégratif» Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 32 Il se base sur la constatation de la multiplicité des techniques, le manque de cohérence et la pauvreté de certaines théorisations, le dogmatisme, l'ostracisme de nombreuses écoles divisées et opposées en «chapelles» rivales. Il propose d'introduire plus de rigueur dans ce domaine, sur la base d'études scientifiques. Ne privilégiant a priori aucune théorie, ce courant considère qu'il faut arriver à mieux décrire les indications des différentes techniques et ne pas refuser leurs associations, si elles permettent d'être plus efficace. Cette théorie des facteurs communs a d'importantes répercussions sur ce que l'on peut concevoir comme mode de formation. Le courant éclectique et intégratif relève de la mise en œuvre parallèle ou séquentielle des différents facteurs communs à toutes les techniques psychothérapiques, et vise à utiliser au mieux et à renforcer la qualité de l'alliance thérapeutique avec le patient. 3-3-2-2. Différents niveaux de psychothérapies On peut décrire plusieurs niveaux à savoir : • • • Un premier niveau constitué par l'aide psychologique de la vie courante, sorte de psychothérapie du profane, fondée sur le bon sens et réalisée dans le milieu naturel en utilisant les aptitudes psychologiques spontanées présentes chez toute personne humaine. Un deuxième niveau désigne la mise en place délibérée et active d'un processus relationnel dans un cadre spécifique construit grâce à des «attitudes psychothérapiques» qui sont celles qu'enseigne la psychologie médicale lors de la formation de tout médecin. Ce type d'interventions connaît un développement croissant à l'heure actuelle dans les différentes spécialités médicales en particulier pour la prise en charge des maladies chroniques ou engageant le pronostic vital. Un troisième niveau regroupe les interventions classiquement désignées sous le terme de psychothérapies proprement dites, ou psychothérapies codifiées. Elles sont le fait de techniques psychologiques systématisées fondées sur un corpus de connaissances théoriques et empiriques bien spécifiées et faisant l'objet d'un contrat de soins explicite entre le thérapeute et son patient. Ajoutons qu'ici, contrairement au niveau 2, le contrat, le processus et les techniques relationnelles sont parfaitement congruentes. On ne peut décrire toutes les psychothérapies de niveau 3 et nous venons de voir qu'elles se distinguent par leur référence théorique (psychothérapie d’inspiration psychanalytique, psychothérapie cognitivo-comportementale, psychothérapie systémique, humaniste), par le moyen de communication privilégié (verbale, non verbale, corporelle), ou par le nombre de personnes concernées. Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 33 On peut donc résumer ce qui précède en disant que la psychothérapie fait avant tout partie du domaine du soin ; qu'elle est un outil thérapeutique faisant appel à un ensemble de pratiques dont l'efficacité doit être évaluée dans le traitement des troubles psychiques. Comme tout geste technique en médecine, un temps diagnostique préalable permettant de poser clairement les indications à partir d'éléments diagnostiques et d'établir le projet de soins avec son cadre spécifique et contractuel. 3-3-2-3. Les grandes techniques psychothérapeutiques On distingue les psychothérapies à long terme et les psychothérapies brèves ou à court terme (nombre de séances inférieur ou égal à 40). Elles peuvent être centrées sur un événement ou bien être interprétatives et centrées sur la personnalité. L’objectif du traitement est l’acquisition d’une prise de conscience (insight) ou l’obtention d’un changement de personnalité, et les techniques utilisées mettent l’accent sur le travail d’interprétation et d’analyse du transfert. La psychothérapie psychanalytique Pour Freud, le développement d’une personne comporte des pulsions sexuelles et des pulsions d’agression que le sujet ne peut pas tolérer et qui sont rejetées de la conscience. Ces représentations psychiques des pulsions sont refoulées (elles sont inconscientes), mais cherchent constamment un exutoire ; elles peuvent ainsi se manifester comme symptômes d’une névrose. La psychanalyse postule que ces symptômes peuvent disparaître si on amène au niveau conscient les émotions et les fantasmes refoulés. Freud accorde par la suite une grande valeur au transfert, c’est-à-dire à la réponse émotionnelle du sujet au thérapeute. Dans le cadre de la cure psychanalytique, le transfert est un processus inconscient par lequel les désirs de l’analysant s’actualisent sur des objets extérieurs, soit sur l’analyste, celui-ci ayant une position parentale. La psychothérapie d’inspiration psychanalytique La psychothérapie d’inspiration psychanalytique est une pratique dérivée de la psychanalyse. Dans sa forme la plus commune, elle se pratique en face à face, selon un rythme de séances différent de celui de la cure type (en moyenne une séance par semaine au lieu de trois). Elle se réfère aux concepts de la théorie psychanalytique, et plus particulièrement aux notions d’inconscient, de transfert et d’interprétation dans le transfert. Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 34 Le processus de changement attendu de la cure repose sur la reconstruction de faits inconscients permettant de donner accès à des représentations jusque là réprimées, déniées ou inaccessibles. Le transfert et le contre-transfert sont les moyens sur lesquels repose la dynamique du traitement. Psychothérapie de l’enfant La psychothérapie de l’enfant prend naissance avec Anna Freud (1895-1982) et Mélanie Klein (1882-1960), qui développent des thèses radicalement opposées en matière de psychanalyse des enfants. Pour la fille de Sigmund Freud, la psychanalyse de l’enfant se distingue fortement de celle de l’adulte dans la mesure où, d’un point de vue technique, l’enfant n’est pas capable d’association libre ; il existe également chez l’enfant une impossibilité de transfert. Les théories de Mélanie Klein impliquent au contraire la croyance en une véritable possibilité de psychanalyse des enfants, fondée en particulier sur une technique spécifique, la play therapy. Psychothérapies individuelles À la fois thérapie de soutien et processus de développement, elle offre à l’individu la possibilité de découvrir et d’élaborer progressivement, la voie du changement, de l’autonomie et de l’équilibre. C’est à dire, les Psychothérapies individuelles, le Développement personnel, le Coaching, ou la Gestion du stress, d’un point de vue neurophysiologique, facilitent la communication entre les deux hémisphères gauche et droit du cerveau, (conscient et inconscient, logique et intuitif), permettant ainsi l’accès aux ressources profondes de l’individu et l’ouverture vers des remaniements psychiques. Les psychothérapies comportementales et cognitives Contrairement à la plupart des thérapies proches de la psychanalyse, la thérapie proposée par le behaviorisme ne repose pas sur une théorie des névroses. Elle est plutôt une application de méthodes de la psychologie expérimentale aux problèmes du patient. Elle ne cherche pas à intervenir sur la personnalité globale du patient mais traite directement le symptôme. Les thérapeutes sont souvent des psychologues ; ils ne s’intéressent pas directement aux forces psychologiques sous-jacentes mais au comportement qui engendre le malaise du sujet. Pour eux, tous les types de comportement, normaux ou inadaptés, sont appris en fonction de principes bien précis, qui ont été étudiés en détail, notamment par le Russe Ivan Pavlov et par l’Américain Burrhus Frederic Skinner. Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 35 Les psychothérapies de soutien Ce sont les plus fréquents. La relation médecin/malade est utilisée comme un soutien pour renforcer les capacités d’adaptation du moi et permettre un équilibre épanouissement. Il s’agit donc d’aider le patient à surmonter une crise, à rétablir son équilibre intérieur et d’obtenir la plus grande amélioration symptomatologique. Il s’agit de renforcer les défenses du moi et de ne pas prétendre modifier l’économie de la personnalité du sujet. En principe, par analyse du transfert, les entretiens sont directifs, le thérapeute intervient dans la vie familiale, professionnelle du patient, prend partie par des suggestions, des réassurances, des persuasions, des conseils, etc. mais, il faut éviter d’établir une relation de dépendance. Les psychothérapies humanistes Sont désignées sous le terme de psychothérapies « humanistes » (ou existentielles) une grande variété de psychothérapies dont le point commun est d’être destinées aux individus qui souhaitent parvenir à un épanouissement personnel. L’un des pionniers est Carl Rogers (1902-1987), né à Chicago, ce psychologue américain a développé les notions de « non-directivité » et de thérapie « centrée sur le client ». Selon lui, le thérapeute doit adopter une approche de type empathique, basée sur la confiance. Le potentiel peut être découvert avec l’aide d’un thérapeute. La gestalt-thérapie La gestalt-thérapie est une autre approche humaniste, développée dès les années 1940 aux États-Unis par l’Allemand Friedrich Perls. Pour ce psychanalyste de formation, l’individu doit être considéré comme une totalité en relation avec un environnement – théorie de la gestalt, «forme» en allemand. La civilisation moderne produit immanquablement des névroses, parce qu’elle oblige les gens à refouler leurs désirs naturels. Elle contrarie une tendance profonde de l’homme à ajuster sa biologie et sa psychologie à l’environnement et provoque des névroses d’angoisse. Les soins passent par le rappel à la conscience des besoins insatisfaits (les « gestalts inachevées ») afin de rendre au patient sa totalité, son unité. Perls élabore ainsi une thérapie corporelle et propose notamment au patient des exercices d’amélioration de la perception des émotions, de l’état physique et des besoins réprimés. Conduite individuellement ou en groupe, la gestalt-thérapie comporte généralement une séance hebdomadaire sur une période qui peut aller jusqu’à deux ans. Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 36 Coaching et Développement personnel Un lieu pour l’exploration de soi, à la fois d’objectivation active et de « lâcher prise », dans une optique de développement et d’autoréalisation personnelle. Coaching professionnel Analyser et potentialiser ses compétences, explorer ses motivations et les valoriser, définir et mettre en place un projet, établir des stratégies d’action, déceler et dépasser des obstacles personnels et professionnels, gérer son Stress. Relaxation Autant préventive que curative, grâce à différentes techniques de détente psychocorporelle, elle procure un bien être immédiat et durable pour un confort à la fois physique et mental. Hypnose thérapeutique Processus dynamique d’évolution et de progression personnel qui, par la mobilisation active de l’imaginaire et la mise en route d’un voyage intérieur, permet une plus grande communication entre le corps et la psyché, le conscient et l’inconscient, et libère ainsi la voie d’un travail psychologique profond. Une expérience hypnotique n’est atteinte que si le patient le désire (jamais contre sa volonté). Elle n’a rien de surnaturel car c’est un état que nous vivons naturellement plusieurs fois dans la journée. PNL Utiliser la programmation neurolinguistique pour dévoiler et désamorcer progressivement des stratégies inconscientes qui peuvent bloquer le processus de développement et d’équilibre recherché. Comportements et représentations limitantes peuvent alors évoluer en direction de nouvelles perspectives choisies et désirées. Les autres psychothérapies Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 37 Elles se définissent tantôt par les interlocuteurs auxquels elles s’adressent: groupe, famille, couple, institution, tantôt par le procédé qu’elles utilisent : art-thérapie, musicothérapie, ergothérapie, tantôt par l’utilisation d’une médiation corporelle: relaxation, etc. Mais le critère de classification le plus pertinent reste la théorie psychologique à laquelle le thérapeute se réfère et les modèles conceptuels qu’il utilise pour comprendre la dynamique psychique de son action. C’est en fonction de ce type de choix théorique qu’il peut élaborer ses interventions et modéliser le type de relation qu’il désire avoir avec son patient. Les psychothérapies de groupe Un groupe est constitué par un ensemble de personnes ayant le même objectif thérapeutique. On considère que les principaux changements et progrès observés en thérapie de groupe proviennent des interactions entre les membres du groupe ; le thérapeute est chargé d’encourager ces interactions et de les contrôler. Le psychodrame Il est apparu en Europe et aux États-Unis au début du xxe siècle. Le psychiatre Jacob L. Moreno est le premier à l’utiliser. Il amène ses patients à améliorer la prise de conscience de leurs problèmes en leur faisant jouer leur propre rôle. Le «psychodrame» de Moreno, basé sur la spontanéité des participants et leurs interactions, s’est répandu dans le monde entier. Il est utilisé pour le traitement des patients névrosés et psychotiques et pour la formation de praticiens du domaine psychiatrique. Il est également indiqué dans les cas de conflits familiaux ou professionnels. Les thérapies familiales Les thérapies familiales sont une application particulière des thérapies de groupe. Dès les années 1930, Adler travaille avec des familles, mais il faut attendre le début des années 1950 pour que d’autres thérapeutes commencent à traiter les familles plutôt que les individus et leurs conflits internes. Ce mouvement thérapeutique part du principe que les relations familiales habituelles affectent profondément les problèmes psychologiques d’un membre de la famille, qui les influencent en retour, devenant le symptôme apparent d’un système familial pathologique. Il appréhende la famille comme un système faisant lui-même partie d’un système et composé de sous-systèmes. Ces thérapies, dites «systémiques», s’intéressent aux relations Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 38 entre les individus dans le système et tentent d’agir sur son organisation pour améliorer le bienêtre de chacun. La communication paradoxale (les injonctions contradictoires…), le patient désigné (individu porteur du symptôme familial), la transmission intergénérationnelle sont les principaux concepts de la théorie systémique. Les séances sont collectives, plusieurs thérapeutes sont présents (en général deux). Les séances sont filmées ce qui permet de les étudier par la suite. Durant la séance les thérapeutes observent les relations, la communication des membres de la famille. Les séances sont le plus souvent mensuelles. Les thérapies familiales sont diverses, elles sont indiquées pour les familles de patients schizophrènes et de patients souffrant d’addiction. 3-3-2. Situation actuelle des psychothérapiques Quatre catégories distinctes se réclament actuellement du qualificatif de psychothérapeute: • Des médecins et psychiatres formés de façon variable au cours de leur cursus aux interventions de niveau 1 et de niveau 2, mais dont l'accès aux interventions de niveau 3 relève d'un choix personnel ; • Des praticiens médecins ou non médecins (en général psychologues) qui ont acquis une formation de niveau 3 qu'ils exercent de façon exclusive; • des psychologues cliniciens disposant d'une formation universitaire et paramédicale variable suivant leur cursus au sein des structures de soins psychiatriques; • enfin de nombreuses personnes plus ou moins identifiées qui se prévalent d'une formation personnelle acquise auprès d'écoles psychothérapiques variées et exerçant une activité sur laquelle on doit avoir les plus grands doutes et émettre les plus grandes réserves. La situation est à l’heure actuelle si confuse et l’un des éléments du débat repose sur l’urgence du risque que représente l’utilisation par les sectes des moyens de la psychothérapie. Il faut rappeler que la psychothérapie ne fait, à l’heure actuelle, l’objet d’aucune définition légale et que ni la pratique professionnelle, ni l’usage du «titre» de psychothérapeute ne sont réglementés dans certains pays (en France et au Bénin). Conclusion Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 39 Les psychothérapies font partie du domaine du soin. Elles constituent un outil thérapeutique qui recouvre un ensemble de pratiques dont l’efficacité est et doit être évaluée dans le traitement des troubles mentaux. Elles se différencient des techniques qui visent au développement personnel (amélioration des performances, du bien-être, etc.) et au règlement d’un problème particulier (conseil, conseil conjugal...) en dehors d’une pathologie mentale spécifique. En somme, si la relation singulière entre une personne en souffrance et un thérapeute reste un élément déterminant dans le choix et la conduite d’une thérapie, l’information des usagers et la formation des thérapeutes doivent se faire en relation avec les preuves scientifiques disponibles. Elles sont deux points majeurs pour améliorer l’offre de soin et d’accompagnement. MODULE 4 : PERSONNALITÉ ET DÉVELOPPEMENT DE L’ESTIME DE SOI DE L’ENFANT EN SITUATION DIFFICILE Objectifs Diagnostiquer un trouble de la personnalité et apprécier son retentissement sur la vie sociale du sujet Identifier les situations d’urgence et planifier leur prise en charge Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient. Plan Introduction 4-1. Définitions de la personnalité 4-1-1. Chez l’enfant 4-1-2. Chez l’adolescent 4-2. Formes cliniques et classifications de la personnalité 4-3. Blessures d’enfance Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 40 4-4. Les troubles de l'estime de soi : qu'est-ce-que c'est ? 4-4.1. Les troubles associés à une mauvaise estime de soi 4-4.2. Les signes renvoyant à une mauvaise estime de soi 4-5. Développer son estime de soi 4-5-1. Évaluer l'estime de soi 4-5-2. Comment évaluons-nous ce que nous valons? 4-5-3. Le développement de l'estime de soi depuis l'enfance. 4-5-4. Développer l'estime de soi des enfants. 4-6. Les thérapies de l'estime de soi. 4-6-1. Les thérapies cognitivo-comportementales 4-6-2. La psychanalyse Conclusion Introduction L'être humain ne peut pas être conçu isolé de la société. Or dans cet environnement social, l'élément le plus significatif pour l'être humain, c’est justement ses relations interpersonnelles avec les autres êtres humains. En effet, à la base de nos comportements sociaux, il y a toujours un souvenir des actions gratifiantes et de celles qui ne le sont pas. Mais ce qui est gratifiant et ce qui ne l'est pas est largement tributaire de la culture à laquelle on appartient. Et la culture est un système d’éducation. A l’origine le terme qualifiant la personnalité pathologique est emprunté soit à l’affection dontelle est censée constituer le terrain (personnalité hystérique, schizoïde, cycloïde, paranoïde, etc.), soit à une affection dont les symptômes sont reproduits à minima par la personnalité pathologique (personnalité obsessionnelle ou phobique), soit aux stades de développement ayant fait l’objet de fixations (personnalité orale, anale, phallique). Il est important de savoir qu’en pratique, il s’agit d’un patient qui souffre de troubles isolés de caractère ou de symptômes. 4-1. Définitions de la personnalité Du latin « persona » qui signifie « masque de théâtre », la personnalité désigne la façon de se présenter face aux autres de façon cohérente. Comme l’intelligence, la personnalité est un concept abstrait qui ne peut être vu, touché ou mesuré directement. Pour les psychologues, la personnalité est un élément relativement caractéristique et constant dans la façon de penser, d’agir et de ressentir de quelqu’un. Elle est habituellement définie comme l’organisation Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 41 dynamique des aspects intellectuels, affectifs, volitionnels, physiologiques et morphologiques de l’individu. En outre, la personnalité n’est plus un ornement du tableau clinique. C’est un élément essentiel à la compréhension d’un sujet souffrant et c’est bien souvent un facteur important d’aggravation. En psychiatrie, nous parlerons de trouble de la personnalité uniquement lorsque certains des traits de la personnalité sont stéréotypés, rigides, inadaptés et ont un impact sur la vie relationnelle et sociale du sujet, sur son bien être. 4-1-1. Chez l’enfant Classiquement, on reste prudent avant de parler de « trouble de la personnalité » et de poser une étiquette sur une personnalité encore en pleine évolution et en construction. Certains auteurs ont toutefois décrit des traits de personnalités repérables dès l’enfance, de même que certains modes préférentiels d’entrée en relation avec l’environnement : inhibition, hyperactivité, égocentrisme, … Avec le temps, ces traits de personnalité peuvent devenir rigides, inadaptés et s’accompagner de problèmes d’adaptation, de difficultés à être en relation avec les autres et de sentiments subjectifs de malaise et de souffrance. 4-1-2. Chez l’adolescent Les troubles de la personnalité produisent des perturbations durables et stables des perceptions, des sensations, des pensées et surtout des relations avec autrui, qui correspondent à un ensemble de traits de caractère, qui interfèrent significativement avec l’adaptation relationnelle et sociale et qui sont à l’origine d’une souffrance subjective et parfois considérable. Ils apparaissent au cours du développement dans l’enfance ou l’adolescence et se poursuivent à l’âge adulte. Peut-on parler, avant la fin de l’adolescence, d’une organisation stable et durable ? < 4-1-3. Formes cliniques et classifications La notion de troubles de la personnalité a pris un essor particulier avec les classifications diagnostiques multiaxiales qui prennent en compte, au delà des entités nosographiques psychiatriques classiques, les traits qui caractérisent le fonctionnement psychique au long cours. Le DSMIV valide le diagnostic de troubles de personnalité chez l’enfant, lorsque les manifestations durent plus d’un an. La classification de l’OMS (CIM 10 – ICD 10) retient elle Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 42 aussi plusieurs catégories qui reposent sur l’existence durable de traits de caractère regroupés sans exclusion mutuelle. Ainsi, d’une façon générale nous avons entre autres classifications : d’après le DSM IV sur son axe II, 3 groupes A, B, C. A : personnalités aux comportements bizarre ou originel : Personnalités paranoïaques (sur leur garde, en alerte, ils adoptent une attitude agressodéfensive ; ils épient, généralisent, interprètent de la flagrante des mauvaises fois) ; Personnalités schizoïdes (solitaire, lointain, peu affectif et peu expressif, il paraît indifférent aux sentiments d’autrui. Flegmatique incapable d’aimer et d’haïr, il mène une existence sans intrigues, développant pour lui-même ses propres loisirs et occupations) ; Personnalités schizotypiques (étranger à la société, le sujet est bizarre, lunatique, occupé par ses songes et s’exprime de façon complexe et alambique. Pas forcément timide ou isolé, il est habité par des croyances étranges et des perceptions inhabituelles. C’est le caractère réversible de ses impressions, l’absence de délires vrais et d’automatisme mental qui fait ici la différence avec la schizophrénie) ; B : personnalités aux comportements théâtraux, excentriques, dramatiques. Personnalités narcissiques (hautaines et prétentieuses, ils sont à l’aise, insouciantes et sans scrupules) ; Personnalités hystériques (caractérisées par la quête d’attention, le sujet s’investit et sollicite des réactions des autres) ; Personnalités antisociales ou psychopathe (recouvre un ensemble d’anomalie du caractère et des conduites à début précoce (avant 15 ans), avec non prise en compte des règles sociales – difficultés de l’adaptation ou l’inadaptation permanente aux lois et aux normes de la vie en société. Les termes de « déséquilibré psychique », de « sociopathe », de « antisocial » sont communément utilisés pour désigner cette forme de déviance sociale qui s’observe surtout chez le genre masculin et dans les milieux socio familiaux désorganisés. On notera chez l’antisocial, une instabilité, une impulsivité, une agressivité, une inaffectivité, les troubles de conduites sexuelles ne sont pas rare (sadisme, masochisme, sexualité de groupe, prostitution), une absence d’anxiété. Il a une biographie mouvementée caractérise par un style d’existence marqué par l’instabilité, l’impulsivité et l’inadaptation. A l’adolescence, les troubles s’accentuent : conflits répétés avec l’autorité, fréquentation des groupes marginaux ou délinquances. A l’âge adulte, l’instabilité persiste, Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 43 compromettant l’insertion socio professionnelle, précipitant le déséquilibré dans des entreprises hasardeuses qui tournent court. Le déséquilibré n’exprime ni honte, ni remords, bien au contraire il a tendance à incriminer la malchance, à se poser en victime de la société et surtout à rejeter la culpabilité sur l’entourage qui a pu faire obstacle à la réalisation immédiate de ses désirs. Il est incapable de se projeter dans un avenir à long terme tout comme de tirer leçon du passé. L’appréciation de la responsabilité pénale du déséquilibré délinquant constitue un des problèmes les plus difficiles de l’expertise psychiatrique. Les cas les plus sévères peuvent être assimilés à l’état de démence au sens de l’article 64 du code pénal. Personnalités limites ou borderlines (anxieux, dépressif, impulsif, dépendant, le sujet est caractérisé par l’excès, la passion et l’instabilité de l’humeur, des relations interpersonnelles et de l’image de soi) ; C : personnalités aux comportements anxieux ou craintifs. Personnalités obsessionnelles (fondées sur le perfectionnisme, la méticulosité, le souci de la propreté et des règles strictes) ; Personnalités dépendantes (cherchent une protection qui l’amène à une quête permanente de réassurance sur un ton de pleurnichard, humble, doucereux et insistant) ; Personnalités évitantes (fuyant les regards et les occasions de rencontre, ils rasent les murs ; insignifiant et neutre, la timidité est leur sentiment central et l’évitement leur stratégie majeure) ; Nous nous sommes tous, un jour ou l’autre, sentis tristes, ou seuls, nous avons tous eu des ennuis, nous avons été jaloux ou en colère, il nous est tous arrivé d’avoir peur… 4-2. Les Blessures d’enfance Le terme "blessures d'enfance" renvoie ici à un ensemble d'expériences négatives qui ont marqué l'histoire personnelle… à un point tel que la personne "blessée" en garde des séquelles psychologiques : souvenirs douloureux et répétitifs, perte d'estime de soi, modes de relations conflictuelles, maux physiques, sentiments incontrôlables de tristesse, angoisse, frustration, honte, désespoir etc. Malheureusement, l'enfance a parfois été le théâtre de situations traumatisantes : séparation dramatique des parents, contexte de pauvreté, violence physique ou psychologique, abus sexuel, négligences grave ou mort précoce d'un parent. Ces situations laissent bien souvent des traces profondes. Deplus, l'idée de "blessures d'enfance" peut aussi relever d'un ensemble d'expériences moins spectaculaires, mais qui peuvent néanmoins avoir Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 44 un impact sur l'humeur et sur la personnalité. Les souffrances de l'enfant s'inscrivent alors dans le corps et l'esprit de l'individu. Celui-ci se voit ainsi en proie à des problèmes répétitifs dans sa vie adulte. Il est souvent en détresse et ne comprend pas ce qui lui arrive. Il se sent parfois comme un enfant dans un corps d'adulte. L'origine de telles "blessures d'enfances" relève souvent de certaines dysfonctions ou certains conflits au sein de la famille. Une relation parent-enfant déséquilibrée peut être en cause. Il est bien connu en psychologie que l'expérience des premières années de la vie a un impact très déterminant sur le développement de la personne. On parle particulièrement de la forme de parentage et des types d'expériences d'attachement entre parents et enfants. On sait aujourd'hui qu'une relation dysfonctionnelle entre le parent et l'enfant en bas âge entraîne des problèmes sur le plan du développement socio-émotionnel de celui-ci. On pense ici à des parents dépendants de leur enfant, des parents intrusifs, brusques, désorganisés ou trop centrés sur eux-mêmes. Ou encore, on peut nommer le fait de parents en retrait, indifférents, voire abandonnant ou rejetant leur enfant. Plusieurs parents, eux-mêmes troublés par leur histoire, lèguent ainsi un lourd héritage à leurs enfants. Bien sûr, il n'existe pas de parents parfaits. Même s’ils n’ont pas été "suffisamment bons", un individu "blessé" ne devrait pas juste blâmer ses parents pour les rendre responsables de tous ses malaises personnels. Mais il pourrait être salutaire pour lui de consulter un psychologue ou un psychothérapeute, afin de poser un regard sur les difficultés et les souffrances de l'enfant qu'il a été : Pour comprendre les liens entre son passé et son présent ; pour guérir un ensemble de blessures issues de traumatismes ; pour réparer ou s'affranchir d'une relation marquée par les brisures ; pour faire des deuils nécessaires et trouver un sens aux épreuves qui ont marqué sa vie et pour mieux agir sur ses difficultés actuelles, reprendre confiance et continuer à se développer pour le mieux. 4-3. Développer son estime de soi 4-3-1. Les troubles de l'estime de soi : qu'est-ce-que c'est ? L'estime de soi est un concept psychologique qui renvoie au jugement global positif ou négatif qu'une personne a d'elle-même. L'estime que l'on va avoir de soi dépendra de beaucoup de paramètres. L’environnent, l'éducation, la personnalité, les capacités physiques et intellectuelles, etc. se sont là autant de variables qui vont influencer le jugement que nous portons sur nous-mêmes. L'estime de soi se construit durant l'enfance et évoluera au cours de la vie avec les expériences de réussite et d'échec. Une faible estime de soi pourra entraîner un mal-être et des difficultés dans les relations avec les autres personnes. Elle sera également un facteur de risque pour le développement de Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 45 troubles psychologiques. Les personnes qui ont une faible estime d'elles-mêmes ne se trouvent jamais assez bien, jamais à la hauteur et en souffrent terriblement. Au contraire, une estime de soi très haute pourra amener la personne à avoir des comportements et des attitudes souvent mal perçus par les autres qui verront souvent en elle une personne hautaine et un peu trop sûre d'elle. Une estime de soi très haute peut conduire la personne à avoir des conduites à risque se pensant à l’abri de tout. Enfin, une «bonne» estime de soi correspondrait à une estime de soi satisfaisante, ni trop faible ni trop élevée, ce qui favorise l’épanouissement relationnel et le bien être personnel. Depuis quelques temps les chercheurs et les médias s’intéressent de près à l'estime de soi et de nombreuses actions de santé s'organisent pour développer une «bonne estime de soi». Cette démarche permettrait aux enfants et aux personnes de s'épanouir dans de nombreux domaines et leur éviterait de développer des troubles tels que la dépression et certains troubles anxieux. 4-3-2. Les signes renvoyant à une mauvaise estime de soi. Une personne qui a une mauvaise estime d'elle-même pourra : • se faire constamment des reproches intérieurs ; avoir des difficultés à régler les problèmes ; • se sentir incapable d'accomplir des choses (projet professionnel...) ; • se sentir inférieur(e) aux autres ; se déprécier sans même s'en rendre compte ; • s'évaluer d'après ses échecs et les critiques des autres personnes. Un enfant qui a une faible estime de lui va souvent développer des troubles du comportement, il pourra : • avoir du mal à se faire des amis ; être facilement frustré ; se culpabiliser ; • se dévaloriser ; être impulsif ; se rendre malade avant des contrôles ou des examens ; • faire des crises pour attirer l'attention ; développer une timidité excessive. 4-3-3. Les troubles associés à une mauvaise estime de soi. Dans les études, on retrouve plusieurs troubles associés à une faible estime de soi. La dépression est l'une des principales maladies fortement liée à un trouble de l'estime de soi. Les personnes anxieuses présenteraient également une plus faible estime d'elle-même que les personnes ne souffrant pas d'anxiété. De même, les personnes atteintes de troubles du comportement alimentaire tels que la boulimie et l'anorexie, auraient une estime d'elle faible et basée en grande partie sur l'apparence physique. Enfin, lorsqu'on interroge les personnes souffrant d'addictions (alcool, drogue, etc.), on constate qu'elles ont une image très négative d'elles-mêmes. Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 46 4-3-4. Comment évaluons-nous ce que nous valons? Ce jugement est à la fois subjectif et objectif. Il est influencé par les expériences, les capacités (physiques, intellectuelles) et le tempérament général optimiste ou pessimiste de la personne. L'estime de soi est l'ensemble des jugements (être capable, important, digne, etc.) que la personne a d'elle-même dans différents domaines (travail, scolaire, apparence physique, etc.). L'estime de soi dépendrait non seulement de la perception que les individus ont de leurs réussites et de leurs échecs mais également de leurs objectifs de réussite. Lorsqu'une personne dépasse ou atteint les objectifs qu'elle s'est fixée, par exemple la réussite d'un examen après avoir beaucoup travaillé, son estime d'elle-même serait renforcée. Au contraire, lorsque les ambitions fixées dépassent les capacités, comme par exemple courir un marathon en étant peu entraîné(e), l'échec sera souvent effectif et pourra conduire la personne à s'estimer négativement, si elle attachait beaucoup d'importance à la réussite. C'est en connaissant bien ses capacités et en fixant des objectifs réalisables que nous mettons toutes les chances de réussite de notre côté. Il est souvent difficile de bien connaître ses capacités réelles. La vision que nous avons d'elles est fortement influencée par le jugement d'autrui et par nos sentiments. Des personnes auront toujours tendance à se surévaluer ou au contraire se sousestimer. De nombreuses échelles et questionnaires sont utilisés par les professionnels de santé (psychiatre, psychologue, psychologue scolaire, etc.) afin de sonder l'estime de soi des personnes. Ces outils varient quant à leur conception (modèle théorique utilisé), leur forme (questionnaire, inventaire, etc.) et le public visé (enfant, adolescents, adultes). L'échelle d'estime de soi de Rosenberg est une échelle souvent utilisée par les psychologues exerçant avec des adultes. Le patient est invité à répondre graduellement (tout à fait en désaccord, plutôt en désaccord, plutôt en accord, tout à fait d'accord) à une dizaine d'affirmations du type « Je sens peu de raisons d'être fier de moi.», « Parfois, je me sens vraiment inutile.» En fonction des réponses fournies par la personne interrogée, le psychologue pourra déterminer si la personne peut présenter un trouble de l'estime de soi. 4-3-5. Le développement de l'estime de soi depuis l'enfance. Les pédagogues et les psychologues scolaires s’intéressent beaucoup à l'estime de soi des enfants. Avec la maison, l'école est le deuxième lieu important où se met en place l'estime de soi des enfants. L'estime de soi, qu'a l'enfant au départ, dépendra beaucoup de la qualité de la relation qu'il entretient avec ses parents et l'école (institutrice et camarades). Le style éducatif (libéral, permissif ou autoritaire) encouragera ou non l'acceptation de soi et la confiance en soi de l'enfant. Enfin, le discours que les adultes porteront sur les capacités de l'enfant est Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 47 également important. Permettre à l'enfant de connaître ses forces et ses faiblesses et à les accepter est important pour qu'ils développent une bonne estime d'eux-mêmes. Avec le temps, l'enfant se confronte à de nouvelles expériences et se détache de l'image de lui que les adultes (parents, enseignants) lui renvoient. Il s'autonomise petit à petit, pense et émet des jugements sur lui-même même. La vision et le jugement des autres sera toujours un facteur d'influence mais dans une proportion moindre. A l'âge adulte, les bases de l'estime de soi sont déjà en place et les expériences surtout professionnelles et familiales continueront de nourrir l'estime que l'on se porte. Pour développer l’estime de soi chez les enfants, quelques principes assez simples à mettre en place peuvent favoriser le développement d'une bonne estime de soi chez l'enfant. Ces lignes de conduite ont pour but d'encourager l'enfant à avoir confiance en lui tout en lui permettant de développer ses talents. Grâce à des règles éducatives (claires, réalistes, peu nombreuses) qui lui permettent d'évoluer dans un environnement sécurisant, l'enfant sera encouragé à émettre son avis tout en se référant au cadre éducatif défini par ses parents. Il est important de lui apprendre très tôt que si les règles ne sont pas respectées, il y a aura des conséquences : Lui permettre d'émettre son avis et de faire des choix (par exemple : entres 2 activités extrascolaires) afin de lui permettre d'acquérir assurance, confiance et sens des responsabilités. Il est important d'agir de façon à ce que l'enfant ait une vision positive mais tout de même réaliste de lui-même (par exemple : souligner ses forces et évoquer ses difficultés en ménageant sa fierté et en lui donnant les moyens de s'améliorer). L'aider à exprimer ses émotions et sentiments et ne pas hésiter à susciter sa motivation pour les tâches scolaires et de loisirs. Il est important de l'amener à aller au bout de ses projets en respectant son rythme. Enfin, l'encourager à aller à la rencontre des autres enfants et l'aider à trouver sa place dans le groupe de ses pairs en gérant en partie lui-même les conflits. 4-4. Les thérapies de l'estime de soi. L'estime de soi est importante pour être bien dans sa peau. Cela signifie qu'on reconnaît qu'on a une valeur, qu'on est important et unique. Si on s'accepte avec ses qualités et ses limites, on a plus confiance en soi, on s'affirme mieux et on se sent plus autonome. Il est important d'avoir une image positive de soi pour augmenter son estime de soi. Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 48 Ainsi, tout problème lié à l'estime de soi devrait être signalé à un professionnel de santé. Les psychiatres, les psychologues et certains travailleurs sociaux sont formés pour accompagner les troubles de l'estime de soi à l’aide de techniques diverses et diversifiées : Les thérapies cognitivo-comportementales sont largement utilisées pour accompagner les personnes qui souffrent d'un trouble de l'estime de soi. A l'aide d'exercices pratiques et de jeux de rôle, le thérapeute va amener la personne à mieux se connaître, à accepter ses forces et ses faiblesses et à s'affirmer en supportant mieux les situations d'échec. Un travail sur les pensées et les émotions négatives que le sujet porte à son égard va être à la base de cette thérapie. La psychanalyse peut également apporter une aide précieuse pour favoriser l'estime de soi. Guider par un thérapeute dans la cure analytique, la personne aura accès à une meilleure connaissance d'elle-même. Elle pourra affronter différemment ses blocages et remettre plus facilement en question son mode de fonctionnement. Conclusion Aussi, bien qu’il n'existe pas de parents parfaits, même s’ils n’ont pas été "suffisamment bons", un individu "blessé" ne devrait pas juste blâmer ses parents pour les rendre responsables de tous ses malaises personnels. Mais il pourrait être salutaire pour lui de consulter un psychologue ou un psychothérapeute, afin de poser un regard sur les difficultés et les souffrances de l'enfant qu'il a été. Pour comprendre les liens entre son passé et son présent. Pour guérir un ensemble de blessures issues de traumatismes. Pour réparer ou s'affranchir d'une relation marquée par les brisures. Pour faire des deuils nécessaires et trouver un sens aux épreuves qui ont marqué sa vie. Pour mieux agir sur ses difficultés actuelles, reprendre confiance et continuer à se développer pour le mieux. MODULE 5 : IMPORTANCE DE LA PRISE EN CHARGE PSYCHOSOCIALE INSTITUTIONNELLE DE L’ENFANT EN SITUATION DIFFICILE Objectifs Montrer l’importance du volet psychosocial au sein des structures à vocation sociale ; Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 49 Inciter les structures participantes à renforcer ou intégrer le volet psychosocial dans leurs pratiques quotidiennes de prise en charge ; Transmettre des repères théoriques et méthodologiques aux participants. Plan Introduction 5-1. La pyramide de Maslow 5-1-1. La pyramide de Maslow, qu’est-ce que c’est ? 5-1-2. Les 5 niveaux de besoins de pyramide de Maslow : Besoins physiologiques Besoin de sécurité Besoins d’appartenance Besoins d’estime de soi Besoins d’autoréalisation 5-2. L’accompagnement psychosocial 5-2-1. La description du volet psychosocial 5-2-2. Un mode d’intervention interdisciplinaire 5-2-3. Les besoins spécifiques et acteurs psychosociaux Les besoins psychologiques Les besoins éducationnels Les besoins sociaux Les besoins spirituels La situation particulière des besoins psychosociaux Etude de cas : 5-2-4. L’importance de la prise en charge psychosocial Introduction Si se nourrir, s‘abriter, se vêtir et avoir accès aux soins comptent parmi les besoins vitaux de chaque individu, bâtir un équilibre psychologique et émotionnel, construire des relations sociales harmonieuses sont tout aussi indispensables et nécessaires au développement de chacun. Ainsi, les interventions psychosociales sont devenues de nos jours, un outil précieux et une réponse à court et long termes des situations d’urgence. Elles apportent une dimension supplémentaire à l’aide humanitaire traditionnelle (nourriture, eau et abris), en développant l’aspect mental et social. En effet, le travail psychosocial communautaire est fondé sur la croyance qu’une communauté meurtrie peut guérir et sur sa capacité à la résilience : Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 50 toutes les communautés et individus ont les ressources et stratégies nécessaires pour faire face aux difficultés, maladies, blessures morales et situations de détresse. 5-1. La pyramide de Maslow, qu’est-ce que c’est ? Abraham Maslow a établi une règle de priorité concernant les besoins, désirs et motivations. La pyramide de Maslow sert à les identifier et à les hiérarchiser. Cet outil offre une base de réflexion permettant de positionner les personnes et produits. C’est une méthode qui peut aider à mieux cerner un public visé, p.ex. (Métaphore) on ne vend pas une voiture de luxe à une personne n’ayant rien à manger. Cette hiérarchie issue de la pyramide de Maslow s’adapte à chaque environnement spécifique et les 5 niveaux de besoins deviennent plus ou moins importants. A propos, on note : - Hiérarchisation = l’on ne peut satisfaire un besoin supérieur que lorsque les besoins inférieurs sont déjà satisfaits. - Motivation = La motivation est incluse dans les besoins à satisfaire. - Individualité = Chaque personne est concernée par un type de besoin que l’environnement social doit apprendre à reconnaître. 5-1-1. Les 5 niveaux de besoins de pyramide de Maslow Les besoins physiologiques Ces besoins sont ceux qui sont nécessaires à la survie d’une personne. Ils sont obligatoires car boire, manger, respirer, dormir, … sont indispensables. Ce sont donc des besoins/produits reliés au fonctionnement du corps humain. On nomme besoins physiologiques ceux liés au maintien de l'homéostasie de l'organisme : la régulation des grands équilibres biologiques nécessaires au maintien d'un état de santé physique. Nécessaires à la survie de la personne, ils sont impérieux (respirer, boire, faire sesbesoins, manger, dormir, se réchauffer, …) et peuvent l'emporter sur la conscience s'ils ne sont pas satisfaits. La présence à ce niveau du besoin de procréer est sujette à discussion. Celui-ci, utile pour l'espèce, ne semble pas nécessairement présent chez tout individu, ce qui fait que les interprétations divergent. Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 51 Les besoin de sécurité C’est un besoin de se protéger contre les agressions d’ordre physique, psychologique et économique. Se sentir en sécurité et maîtriser les choses. Il s’agit de la sécurité des revenus ou ressources, de la stabilité familiale, de la santé, (Sentiment de confiance) …. On nomme besoins de sécurité ceux qui sont liés à l'aspiration de chacun d'entre nous à être rassuré du lendemain, physiquement comme moralement : sécurité d'un abri (logement, maison), sécurité des revenus et des ressources, sécurité physique contre la violence, délinquance, agressions, sécurité morale et psychologique, sécurité et stabilité familiale ou, du moins, affective, sécurité médicale/sociale et de santé. Les besoins d’appartenance Besoin d’être aimé par les autres, d’être accepté et d’appartenir à un groupe. C’est la peur de la solitude qui apparaît et donc les personnes veulent avoir un statut, être un composante d’un groupe, (Être aimé). Il s'agit de la recherche de communication et d'expression, d'appartenance à un groupe. Ce besoin d'intégration dans le lien social va de pair avec le besoin de reconnaissance et de considération. Le besoin d'amour doit pouvoir être pris en considération : besoin d'identité propre (nom prénom) : besoin d'aimer et d'être aimé (affection), avoir des relations intimes avec un conjoint (former un couple), avoir des amis, faire partie intégrante d'un groupe cohésif, se sentir accepté, ne pas se sentir seul ou rejeté. Ce besoin se manifeste par le comportement parfois atavique (volonté de ressemblance avec les ancêtres) ou grégaire (instinct des individus à se regrouper entre semblables) de l'être humain. Les besoins d’estime de soi C’est le sentiment d’être utile et d’avoir de la valeur. Le besoin de se respecter soi-même et de respecter les autres de se faire respecter et d’être capable d’influencer les autres. Besoin de s'occuper pour être reconnu, avoir une activité valorisante qu'elle soit dans le domaine du travail, ou dans celui des loisirs. Il s'agit en particulier, du besoin de se réaliser, de se valoriser (à ses propres yeux et aux yeux des autres) à travers une occupation. Le Résident a aussi besoin de faire des projets, d'avoir des objectifs, des opinions, des convictions, de pouvoir exprimer ses idées. Les besoins d’autoréalisation Ces besoins sont liés au développement des connaissances. Il s’agit ici de révéler son propre potentiel créateur, la personne cherche à s’accomplir. La personne veut résoudre des problèmes complexes, elle a un besoin de communiquer. Besoin de poursuivre certains apprentissages avec l'implication du goût de l'effort, de connaître de nouvelles techniques et d'avoir des Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 52 activités purement désintéressées. Besoin de communiquer avec son entourage et de participer, fût-ce modestement, à l'amélioration du monde. 5-1-2. Distinction entre besoin et désir Le besoin est exprimé par le cerveau inconscient sous forme d'une émotion qui en signale la présence et la satisfaction ou la non satisfaction; tandis que le désir est exprimé par le cerveau conscient sous forme de mots ou d'actes libres. Par exemple, tout individu a besoin de survivre en cas d'attaque, par la contrattaque, ou la fuite (actions inconscientes ou instinctives). En revanche, vouloir posséder une voiture est un désir. Le besoin est un sentiment de manque ou de privation accompagné d'un désir de le voir disparaitre. 5-1. L’accompagnement psychosocial L’accompagnement psychosocial a pour mission prioritaire d'assurer la prise en charge des bénéficiaires dans leurs démarches administratives, sociales, éducatives, psycho-médicales et de vie quotidienne. Il prend aussi en charge leur réinsertion socioprofessionnelle quand c’est possible. Il vise à court terme, la stabilité de la situation de l'intéressé ; à long terme, un projet de vie individuel soutenu, si nécessaire, par un accompagnement thérapeutique. Ainsi donc, de nos jours, l’appui psychosocial est-elle une nécessité ou un luxe dans la prise en charge des bénéficiaires des structures à vocation sociale ? 5-1-1. La description du volet psychosocial Le psychosocial est un terme qui décrit chez une personne, son développement psychologique et son interaction dans un environnement social. En effet, le psychosocial est un « processus visant à favoriser la résilience des individus, des familles et des communautés. Il aide les personnes touchées par une crise à se rétablir et à mieux gérer ce type d’événements à l’avenir ; dans le respect de l’indépendance, de la dignité et des mécanismes d’adaptation des individus et des communautés, le soutien psychosocial encourage la restauration de la cohésion sociale ». Le rôle et la responsabilité du volet psychosocial au sein d’un organisme constituent un champ important et relativement complexe. Ce volet nécessite donc une approche intégrée. Sa description comprend la présentation du modèle organisationnel, la planification, l’approche et les fondements théoriques, les phases de l’intervention, les catégories de personnes touchées, le type d’intervention, le programme de formation et la trousse d’outils. En effet, ce rôle doit avoir, dans notre projet de service psychosocial, une double finalité d’accompagnement : la Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 53 restauration psychoaffective et l’insertion sociale et professionnelle. Lequel service doit demeurer adaptable c’est-à dire être applicable en toute situation : s’adapter à la mission de la structure mère. 5-1-2. Un mode d’intervention interdisciplinaire Les enfants et les jeunes ont des besoins complexes, et leur statut psychosocial varie à travers les contextes sociaux, économiques et politiques. De plus, les besoins psychosociaux des filles et des garçons selon l’âge et surtout durant la période de transition de l’enfance à l’âge adulte, doivent être pris en compte dans toute conception de programme. Les réponses psychosociales devraient se situer à plusieurs niveaux et prendre en compte un enfant individuellement, sa famille, ses fréquentations, la communauté et la société au sens large. Elles s’inspirent également de plusieurs secteurs parce que le bien-être de l’enfant dépend de ce qui se passe dans une variété de domaines matériels, biologique, émotionnel, cognitif, culturel, spirituel, social, économique et politique. La nécessité de soutien psychosocial est déterminée par la situation individuelle de chaque enfant ou jeune. L’intervention psychosociale préconise une approche respectueuse de la personne, de ses proches et de la communauté, la compréhension globale de ses ressources et de ses besoins. Elle tient compte à la fois des aspects liés à la problématique et de l’expérience subjective des personnes. Elle encourage la promotion de l’autonomie de la personne par la reconnaissance de ses droits, par le respect de ses choix et par son consentement éclairé à la prise en charge psychosociale dans un processus de décisions partagées. L’intervention psychosociale favorise le développement des compétences chez un individu, lui permettant de répondre à ses besoins et de reprendre un pouvoir personnel sur les différentes sphères de sa vie touchées par la problématique. La participation active de la personne et, si possible, de ses proches à la définition des besoins et des problèmes prioritaires, à la formulation des objectifs et des stratégies d’intervention se veut une entreprise de spécialistes travaillant en réseau. La richesse du travail en réseau prend son souffle par la mise en commun des expertises de plusieurs professionnels sur une même situation. Exemple : l’exploitation psychosociale communément appelée phénomène de placement d’enfant, relève d’une problématique multifactorielle qui prend appui dans le quotidien et l’environnement ; elle nécessite un accompagnement en prise avec la réalité de l’enfant ou adolescent et son ressenti. Ainsi, dans le cadre du suivi psychologique, il pourra tout autant être question des éventuels troubles du comportement, de troubles psychopathologiques que de toute autre problématique sans lien apparent avec la situation du bénéficiaire. Le travail social, quant à lui, soutient indirectement le projet de prise en charge en facilitant les conditions fondamentales de son Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 54 exercice. Il se situe ainsi dans l’interaction de l’enfant et de l’adolescent avec son environnement. L’intervention psychosociale soutient que le travail en collaboration interdisciplinaire constitue une voie à privilégier pour répondre efficacement aux besoins diversifiés et complexes des personnes victimes de violences psychosociales et de leurs proches. Elle reconnaît la complémentarité des expertises et le chevauchement des champs de pratique comme une réalité inévitable et souhaitable. Cette pratique de collaboration fait activement appel aux connaissances des autres et à une attitude respectueuse vis-à-vis de la contribution de chacun ; la reconnaissance des cadres de référence de chaque discipline avec leurs cultures et leurs valeurs professionnelles singulières. Ainsi, l’articulation des interventions entre les professionnels doit être guidée par la cible commune, soit celle d’offrir une réponse optimale aux besoins de la personne et de ses proches. < 5-2. Les besoins spécifiques et acteurs psychosociaux Chaque personne a des besoins multiples ; plus encore, une personne victime et vulnérable. Ainsi, six dimensions de besoins sont reconnues : les besoins physiques, éducationnel (pratiques et informationnels), psychologiques, émotionnels, sociaux et spirituels. Quatre d’entre eux sont généralisable : Les besoins psychologiques Les besoins psychologiques incluent notamment l’image corporelle, la sexualité, les relations interpersonnelles, l’adaptation à la maladie et les troubles mentaux (la perte d’identité, la dépersonnalisation, l’anxiété et la dépression étant les plus fréquents). Les besoins éducationnels Les besoins éducationnels prennent en compte les volets pratiques et informationnels de l’individu, la rééducation socioprofessionnelle, la réappropriation de l’environnement pratique (fonctionnel) de l’individu pour créer un environnement d’apprentissage sûr. Les besoins sociaux Les besoins sociaux comprennent, sans s’y limiter, les besoins organisationnels de la vie quotidienne et domestique, les conditions matérielles et juridiques, les liens avec le réseau socioprofessionnel, la famille et la communauté. Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 55 Les besoins spirituels Les besoins spirituels incluent la quête de sens, les relations aux autres, l’ouverture à la vie et à une transcendance (valeurs et croyances), les rituels liés à une pratique religieuse, le cheminement, l’intégration et le dépassement de soi dans la réalité vécue. < La situation particulière des besoins psychosociaux des proches Dans l’environnement de l’individu, l’on retrouve souvent le réseau des aidants naturels et la famille qui représentent pour lui, le premier réseau de soutien pour affronter la problématique. Dans certains cas, même cette composition est absente. Notons cependant, que plusieurs besoins ont été relevés chez les aidants naturels et les membres de la famille : besoins d’information, réaction émotionnelle, etc. Ces besoins peuvent varier selon le sexe, le lien filial ou d’amitié, ou encore la place de la personne dans son rôle d’aidant. La réponse offerte aux besoins mentionnés devra tenir compte non seulement de leur nature, mais aussi de la personne concernée. Etude de cas Les filles X et Y sont deux sœurs (la première (X) âgée de 16 ans en classe de 2nde et la seconde (Y) petite, 14 ans en classe de 5ème) bénéficiaires de votre ONG qui les appuie sur le plan scolaire. Elles vivent dans une grande précarité avec leur mère dame Z. Celle-ci a été abandonnée par son époux qui a quitté depuis quelques années (une dizaine) le domicile familial pour une destination inconnue et ne donnant aucune nouvelle de lui jusqu’à ce jour. Depuis ce temps, elle s’est battue pour subvenir comme elle le peut aux besoins vitaux de ses filles et assurer leur éducation. Au cours d’une visite à domicile, vous retrouvez dame Z gravement malade et alitée. Elle a arrêté son petit commerce et est désespérée. Ses filles vont souvent à l’école le ventre creux car elle n’arrive plus à leur assurer correctement les repas quotidiens. Par ailleurs, elle doit des arriérés de loyer à son propriétaire qui menace de les expulser. Consigne 1 : énumérez explicitement le(s) diagnostic(s) assortis de cette situation (5mn) Consigne 2 : élaborez un plan de prise en charge pluridisciplinaire (les grandes lignes) adapté à cette situation (15mn). Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 56 5-3. L’importance de la prise en charge psychosocial La collaboration interdisciplinaire est essentielle en intervention psychosociale. Elle exige des professionnels, cette capacité à travailler en s’ajustant continuellement aux obligations de la collégialité d’équipe. Elle oblige à considérer à la fois la complémentarité et la singularité des pratiques. La capacité et l’intérêt à travailler en interdisciplinarité sont primordiaux, constituant la pierre angulaire de l’efficience de l’intervention auprès du sujet et de ses proches. Une collecte de données biopsychosociales selon des algorithmes permet de cibler les besoins du sujet et de le diriger vers la ressource professionnelle la plus appropriée pour répondre à ses besoins. Le rôle des professionnels psychosociaux à l’intérieur de l’équipe interdisciplinaire, en plus de la prestation directe des prises en charge, est de faire connaître au sujet et à ses proches les différentes évaluations et les interventions disponibles ou offertes et de les vulgariser. Les professionnels psychosociaux ont aussi le rôle de soutenir les membres de l’équipe interdisciplinaire dans leur relation, notamment par des échanges centrés sur les habiletés de communication de base et les interventions de soutien. Enfin, les réunions interdisciplinaires sont un outil permettant d’évaluer toutes les facettes de la réalité des bénéficiaires et un lieu privilégié de partage et d’intégration des compétences spécifiques de chaque professionnel dans l’optique d’une offre de service adaptée et optimale qui soit organisée selon les besoins du bénéficiaire et de ses proches. Conclusion Pour conclure, nous espérons avoir montré que les approches avaient leur place dans l’abord du risque psychosocial et que chaque discipline (méthode) peut faire des choses dont l’autre est incapable et se combinant l’une à l’autre, elles augmentent leur pertinence respective. Au final, dans une grande entreprise, la clé d’une intervention efficace réside probablement dans une articulation intelligente des différents types d’approches et par une bonne structuration de la globalité de l’intervention. L'objectif étant de faire pleinement adhérer la personne à son projet et ce en respectant son rythme. L'approche, la durée et la méthode sont adaptées à la catégorisation de la problématique. L'histoire de la personne est prise en compte et l'identification des structures sociales qui peuvent répondre à ses besoins est réalisée avec l'usager afin de proposer des solutions réalistes et adaptées. Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014 57 SYNTHÈSE L'enfant est une réalité biologique, historique et juridique. Il est au cœur du système familial. La famille est le premier lieu de socialisation (= processus par lequel le sujet va devenir un membre significatif de sa culture et un acteur social significatif), également le lieu où l’enfant tri entre l'interdit et l'autorisé. De plus, dans les domaines du soin, de l'éducation, de la punition: la question de l'enfant et de la filiation est au cœur de ces trois axes. D’où la dualité actuelle est le possible ou l‘impossible. Par ailleurs, dans une grande entreprise, la clé d’une intervention efficace réside probablement dans une articulation intelligente des différents types d’approches et par une bonne structuration de la globalité de l’intervention. L'objectif étant de faire pleinement adhérer la personne à son projet et ce en respectant son rythme. Son histoire est prise en compte et l'identification des structures sociales qui peuvent répondre à ses besoins est réalisée avec lui afin de proposer des solutions réalistes et adaptées. Enfin, nous espérons avoir montré que les approches avaient leur place dans l’abord du risque psychosocial et que chaque discipline (méthode) peut faire des choses dont l’autre est incapable et se combinant l’une à l’autre, elles augmentent leur pertinence respective. RÉFÉRENCES 1. AGUILERA, D. C., MESSICK, J. M., 1976, Intervention en situation de crise, seconde édition, The C.V. Mosby Company Limited. 2. ALIHONOU André, Le profil épidémiologique des toxicomanes reçus au CNHP de Cotonou à Jacquot, Maîtrise de psychologie clinique, UAC 2012, 81 pages. 3. BARANGER M. & BARANGER W., (1969) Problemas del campo psicoanalitico, Kargieman, Buenos Aires. 4. BICK E., (1961) La psychanalyse infantile aujourd'hui, Rev. franç. Psychanal. XXVIII 1, Paris, P.U.F. 1964. 5. BION W. R., (1963) Eléments de psychanalyse, P.U.F. Paris, 1974. 6. BION W. R., (1970) L'attention et l'interprétation, Payot Paris 1974. 7. C. Rogers ; La relation d’aide et la psychothérapie ; Paris, Ed ESF, 1996. 8. 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