Support du participant - Chaque enfant est unique

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Séminaire
CONNAISSANCE DE L’ENFANT POUR UNE
MEILLEURE PRISE EN CHARGE
PSYCHOSOCIALE DE L’ENFANT EN SITUATION
DIFFICILE
Réalisé et présenté par
André ALIHONOU
Psychologue clinicien
Foyer Don Bosco, octobre 2014
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
1
SOMMAIRE
Préambule
Module 1 : Développement psychoaffectif de l’enfant et de l’adolescent
1-1.
1-2.
1-3.
Les stades de développement de l'enfance et de l’adolescent
La psychologie de l'enfant
La place de l’enfant dans la société béninoise : rôle et statut social (à résumer)
Module 2 : Principaux troubles de comportement chez l’enfant et l’adolescent
2-1.
2-2.
2-3.
Les troubles du développement psychomoteur de l’enfant
Troubles de comportements
Troubles Obsessionnels Compulsifs (TOC)
Module 3 : Techniques d’écoute et de gestion des psychotraumatismes infantiles
3-1.
3-2.
3-3.
Techniques d’ecoute et de l’entretien
Traumatismes infantiles
Techniques de prise en charge et d’accompagnement (à relire)
Module 4 : Personnalité et développement de l’estime de soi de l’enfant en situation difficile
4-1.
4-2.
4-3.
4-4.
4-5.
4-6.
Définitions de la personnalité
Formes cliniques et classifications de la personnalité
Blessures d’enfance :
Développer son estime de soi
Les thérapies cognitivo-comportementales
La psychanalyse
Module 5 : Importance de la prise en charge psychosociale institutionnelle de l’enfant en
situation difficile
5-1.
5-2.
5-3.
Classification des besoins selon la pyramide de Maslow
Importance de l’appui psychosocial dans les structures à vocation sociale
Besoins spécifiques et acteurs psychosociaux
Synthèse
Références
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
2
PRÉAMBULE
Le développement du monde, son avenir et notre prospérité reposent sur la jeunesse. Les jeunes
filles et les jeunes hommes d'aujourd'hui ont un énorme défi à relever pour devenir des adultes
actifs et productifs de demain. Un grand nombre d'individus et d'institutions ont un rôle
important à jouer afin de promouvoir un développement sain des enfants et des adolescents, de
prévenir les problèmes socio sanitaires et d'y faire face lorsqu'ils se présentent. Les praticiens
sociaux et les spécialistes de la prise en charge psychosociale ont là une importante
contribution à apporter dans chacun de leurs domaines.
Les analyses de la situation et l'évaluation des besoins effectuées dans différentes parties du
monde démontrent la nécessité d'améliorer les compétences professionnelles et relationnelles
des professionnels, de façon à ce qu'ils puissent communiquer avec l'adolescent d'une façon
efficace et avec tact et favoriser ainsi, un bon accompagnement psychosocial.
Par ailleurs, l’étude psychogénétique du développement de l’enfant montre qu’il n’y a pas de
différence de nature entre des comportements considérés comme normaux à un certain âge :
actes agressifs, colères, travestissement de la vérité, chapardages, et les troubles du
comportement d'enfants plus âgés.
Ce séminaire à travers ces différents modules, nous donne, à nous, prestataires de services
psychosociaux des informations sur les caractéristiques des enfants et des adolescents et sur la
façon de répondre efficacement à certains de leurs besoins. Car, de toutes les espèces
animales, l'enfant est le plus immature à sa naissance, le plus fragile. Son incapacité à survivre
par ses propres moyens aboutie à une très grande dépendance à l'égard de son environnement.
Il s’agira tout au long de ce séminaire de permettre à chaque participant d’être placé en
situation de diagnostic de sa propre écoute et de pratique d’écoute active et favoriser des
observations, des échanges à partir des jeux de rôle et des analyses de pratiques améliorant les
apports théoriques sur la base de documents concis ou comme synthèse de situations
expérimentées complétant la pratique.
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
3
MODULE 1 :
DÉVELOPPEMENT PSYCHOAFFECTIF DE L’ENFANT ET DE
L’ADOLESCENT
Paul Alexandre OSTERRIETH, psychologue clinicien : « Les joies ou les chagrins de l’enfant
ne sont de petites joies ou de petites chagrins qu’aux yeux de l’adulte. »
Objectifs
Connaître le concept enfant et la représentation universelle de l’enfance;
Connaître les caractéristiques du développement psychologique et affectif de l’enfant et
l’adolescence
Connaître les principaux traits du comportement de l’enfant et de l’adolescence et les
principaux risques d’évolution psychopathologique
Connaître les principales caractéristiques de la crise de l’enfant et de l’adolescence*
Plan
Introduction
1-1.
Définitions
1-2.
Les stades de développement de l'enfance et de l’adolescence
1-2-1. Selon Freud
1-2-2. Selon Henri
1-2-3. Selon Jean
1-2-4. Au-delà du modèle de Piaget
1-3.
La psychologie de l'enfant
1-4.
La place de l’enfant dans la société béninoise : rôle et statut social
1-4-1. Le statut juridique de l’enfant au Bénin
1-4-2. Le mot de la Constitution Béninoise sur l’enfant
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
4
Introduction
L’étude des différents stades du développement psychosocial permet une meilleure
appréhension du développement psychologique humain sain depuis la petite enfance jusqu’à la
vieillesse. À chaque stade, la personne est confrontée à, et peut maîtriser, de nouveaux défis.
Chaque stade se construit sur les bases construites lors des stades précédents. Les défis peu ou
non relevés sont susceptibles de réapparaître sous forme de problèmes dans l’avenir.
Pour une bonne compréhension de cette thématique, nous aborderons les approches de
quelques grands auteurs, pionniers de ce domaine : S. Freud, J. Piaget, H. Wallon, Alfred
Adler, E. Erikson, L.Vygotsky, etc.
1-1.
Définition
Le mot enfant vient du latin infans (in, privatif, et fari, parler) et signifiait, chez les Romains, «
celui qui ne parle pas » en raison de son immaturité, celui à la place duquel on parle.
L’étymologie connote également l'inachèvement qui a pour corollaires l'assujettissement ou la
soumission. L'enfance désigne ainsi la période de vulnérabilité et d'insuffisance durant laquelle
l'adulte va exercer sa protection et son pouvoir.
Un enfant est un être humain dans sa période de développement située entre la naissance et la
puberté (ce qui inclut le nouveau-né, le nourrisson, le jeune enfant…).
Le mot enfant désigne aussi bien un individu féminin que masculin. Un enfant de sexe féminin
peut aussi être appelé fillette, petite fille puis jeune fille, fille puis jeune femme ou
Mademoiselle et de sexe masculin un garçonnet, ou petit garçon, puis un garçon (fils) puis
jeune homme ou Monsieur à l'adolescence.
1-2.
Les stades de développement de l'enfance et de l’adolescence
L’étude des différents stades du développement psychosocial permet une meilleure
appréhension du développement psychologique humain sain depuis la petite enfance jusqu’à la
vieillesse. À chaque stade, la personne est confrontée à, et peut maîtriser, de nouveaux défis.
Les défis peu ou non relevés sont susceptibles de réapparaître sous forme de problèmes dans
l’avenir.
Ces stades dépendent de l'époque, du lieu et de la discipline où ils sont utilisés. En Europe, on
distingue généralement : le nouveau-né (0 à 28 jours) et le nourrisson (28 jours à 2 ans), puis la
petite enfance (2 à 6 ans) et enfance proprement dite de 6 à 13 ans. Aux États-Unis, l'appellation
d'enfant s'applique aux individus de 3 ans à 7 ans, les 8-13 ans étant considérés comme des
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
5
préadolescents (cette définition est parfois employée en Europe également). En Afrique
subsaharienne, de 0 à 7 ans, on parle d’enfant ; de 7 ans (âge d’initiation socioculturelle) à 18
ans, on parle d’adolescence. Au delà, on est adulte si on ne l’avait été depuis 7 ans.
1-2-1. Selon Freud S.
À partir de SIGMUND Freud, médecin psychiatre, on identifie des stades associés au
symbolisme de la sexualité infantile. Ce sont dans l'ordre : le stade oral, le stade anal, le stade
phallique ou génital et le stade de latence.
Ainsi, l’enfant ayant connu une fixation au stade oral, est plus ou moins prédisposée à avoir une
conduite addictive. Le passage de l’individu de la relation duelle, à celle triangulaire est la
formation des désirs amoureux pour le parent du sexe opposé et des sentiments hostiles pour le
parent de même sexe. Ce conflit dont l’homme doit nécessairement ou naturellement en
accepter l’existence dans sa relation interpersonnelle est le sceau du conflit qui particularisera
toutes les relations à venir.
Par conséquent chacun des stades du développement de la sexualité proposé par Freud a pu
être considéré comme l’amorce d’une personnalité, par exemple :
Au stade oral, correspond une personnalité avide, égoïste, dépendante ;
Au stade anal, correspond à une personnalité introvertie, retenant ses affects, avare et
têtue ;
Au stade phallique correspond une personnalité désireuse d’affirmer sa virilité, sa position
dans la société.
Cependant, la conception freudienne fut jugée incomplète par d’autres psychanalystes, en
particulier Alfred Adler qui mit l’accent sur la hiérarchie sociale et le complexe d’infériorité.
Pour ce psychiatre, le sujet est en lutte et cherche à obtenir une position sociale. D’autres
psychologues, Erik Erikson, Harry Starck Sullivan, ont contribué à explorer ce que l’on peut
définir comme l’identité, ou le rôle social. Ainsi, Erikson voit la dynamique à l’œuvre durant
toute une vie, le développement ne s’arrête pas avec l’adolescence (comme cela peut être vu par
la théorie psychanalytique). Il voit également les stades de la vie comme un cycle : la fin d’une
génération voit l’apparition de la suivante. Du point de vue sociétal, les stades de la vie ne sont
plus linéaires comme pour un individu mais font partie du développement cyclique d’une
société.
1-2-2. Selon Henri W.
Henri WALLON (1879–1962), philosophe et médecin, développera une théorie originale du
développement de l'enfant, tentant de rendre compte de ce processus dans toute sa complexité.
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
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Selon lui, le développement de l'enfant est conçu comme résultant des interactions entre les
contraintes neurobiologiques de maturation et d'adaptation d'une part et les conditions sociales
de relation d'autre part. Le développent est appréhendé dans ses composantes affectives,
biologiques, sociales et culturelles. Les facteurs biologiques et sociaux étant nécessaires,
complémentaires et inséparables du développement de l'enfant. Ce développement est un
processus discontinu, fait d'oscillations, de crises et de conflits :
Le stade impulsif et émotionnel : 0 - 1 an, caractérisé par le désordre gestuel. Les réponses de
l'entourage aident l'enfant à organiser ses émotions qui sont au départ indifférenciées. Ces
réactions émotionnelles (joie, douleur, chagrin, colère) sont la source du langage, et de la
conscience.
Le stade sensorimoteur et projectif : 1 - 3 ans, la manipulation d'objets et l'exploration de
l'espace proche permettent le développement d'une intelligence des situations (intelligence
"pratique"). Des postures, des imitations traduisent une pensée naissante qui prend
consistance en s'extériorisant, en se projetant dans le geste imitatif. L'apparition du langage
aide au développement d'une intelligence représentative (intelligence "discursive). L'activité
motrice est tournée vers la connaissance des mouvements extérieurs.
Le stade du personnalisme : 3 - 6 ans, la crise des trois ans (le moment du "non") permet à
l'enfant de s'individualiser de sa famille en s'appuyant sur l'opposition. L'imitation concourt
également à cette différenciation en séparant le pareil et le pas pareil. L'opposition ("l'enfant
se pose en s'opposant") est essentielle à la construction de l'autonomie et de la
différenciation soi - autrui.
Le stade catégoriel : 6 - 11 ans, primat des activités intellectuelles : l'enfant devient capable
d'attention, d'effort, de mémoire volontaire. La représentation abstraite des choses devient
possible.
Le stade de l'adolescence : 11 - 16 ans, le stade de l'adolescence voit le renouveau des
investissements intellectuels. La puberté amène un réajustement du schéma corporel. C'est
un stade de remaniement, de grandes crises et d'achèvement de la construction de la
personnalité.
NB1 : L’adolescence, période de fragilité importante dans la vie d’un individu, constitue
également une période sensible à la délinquance juvénile et /ou à la prise de produits toxiques.
Statistiquement parlant, la majorité des toxicomanes ont débuté leur toxicomanie à
l’adolescence.
1
André ALIHONOU, Le profil épidémiologique des toxicomanes reçus au CNHP de Cotonou à Jacquot, Maîtrise de
psychologie clinique, UAC 2012, 81 pages.
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
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Cette période est celle d’un remaniement et d’une consolidation de l’image de soi. Elle est
encore un sentiment de dépaysement vis
vis-à-vis de soi-même
même et du monde, un sentiment
d’étrangeté, voire de désaccord et d’inquiétude. A cette période se pose aux adolescents
beaucoup de questions à propos de leur corps, qu’ils ne reconnaissent plus, et de leur statut
social, puisqu’ils ne peuvent plus se réclamer d’un statut d’enfant, ni encore de celui d’un
adulte. En effet, l’adolescent se rebelle pour éviter une décompensation dépressive (dépression
pathologique) et se trouve dans un état de dépressivité (variation de l’humeur) et de
dépréciation (sous-estimation
estimation de soi). La normativité de tout fonctionnement institutionnel
peut favoriser l’expression
xpression de cette dépréciation. L’institution a tendance à négativiser la
conduite des adolescents et à la survaloriser
survaloriser dans un deuxième temps ; engendrant ainsi un
processus d’influence de type initiatique, d’aliénation ou de stigmatisation…
stigmatisation
1-2-3. Selon Jean P.
Formé en biologie et en philosophie, Jean PIAGET s’inspire des concepts de ces deux
disciplines pour étudier le développement des jeunes enfants, terrain idéal pour
observer une pensée se constituer. Il en arrive ainsi très tôt à la conclusion que le
développement
veloppement cognitif est le fruit d’interactions complexes entre la maturation
du système nerveux et du langage, et que cette maturation dépend
des interactions sociales et physiques avec le monde qui nous entoure. Pour
Piaget, c’est en agissant sur son environnement que l'enfant construit ses
premiers raisonnements. La théorie piagétienne du développement distingue quatre structures
cognitives primaires
primaires qui correspondent à autant de stades de développement :
•
•
•
• Le stade sensorimoteur (0-2
(0 ans) : Durant cette période, le contact
qu’entretient l’enfant avec le monde qui l’entoure dépend entièrement des
mouvements qu’il fait et des sensations qu’il éprouve.
Lee stade préopératoire (2
(2-7 ans) : Durant cette période qui se caractérise
entre autres par l’avènement du langage, l’enfant devient capable de
penser en terme symbolique, de se représenter des choses à partir de
mots ou de symboles.
Le stade des opérations concrètes (7-12
(7 ans) : Avec l’expérience du monde qui s’accumule
en lui, l’enfant devient capable d’envisager des événements qui surviennent en dehors de
sa propre vie. Il commence aussi à conceptualiser et à créer des raisonnements logiques
quii nécessitent encore un rapport direct au concret.
le stade des opérations formelles (12
(12-16 ans) : Les notions de nombre, de volume de
poids, les structures logiques (classification et sériation) sont acquises. La pensée
formelle, qui se construit à ce stade permet l’établissement de relations entre la réalité et
la possibilité.
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
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Ainsi, pour Jean PIAGET, chaque
haque stade est une structure qui englobe à titre de sous structure le
stade précédent.
La théorie Piagétienne est constructiviste : il s'agit de montrer comment l'intelligence est le
produit d'une construction au travers des interactions que le sujet a avec des objets. Ces
constructions passent par l'action, l'opération puis la représentation grâce aux mécanismes :
- d'assimilation : l'enfant tente d'agir sur le monde en fonction de ses schèmes
sensorimoteurs.
-
d'accommodation : l'enfant modifie se schèmes
schème sensori-moteurs en
fonction de la réalité extérieure.
-
l'équilibration, qui est le jeu dialectique entre assimilation et
accommodation,, assure le développement psychologique.
1-2-4. Au-delà
delà du modèle de Piaget
Le concept de stades de développement fixes et séquentiels à travers
lesquels tous les enfants progressent tel que proposé par Piaget a été
l’objet de plusieurs critiques. Ainsi,
Ainsi pour le psychologue russe Lev
Vygotsky,, le développement d’un être humain est trop complexe pour
être défini par des stades. Vygotsky, et d’autres après lui, ont accordé
une importance beaucoup plus grande que Piaget aux influences
sociales et environnementales sur le développement cognitif.
Le développement cognitif de l’être humain était pour Piaget un processus dont la motivation
moti
première provenait de l’intérieur de l’individu. Sa métaphore la plus célèbre pour décrire cette
idée est celle de voir l’enfant comme un «petit
«
scientifique»
» qui expérimente et explore le
monde. Par opposition, la métaphore qui décrit le mieux la source première du développement
pour Vygotsky est celle de voir l’enfant comme un «petit apprenti» qui reçoit de ses professeurs
l’aide et le soutien nécessaire
ire dans les situations d’apprentissage. Le développement de la
cognition provient donc plutôt de l’extérieur de l’individu pour Vygotsky. Il est certain, en effet,
que le développement de l’enfant humain est affecté par la culture dans laquelle il grandit,
grandit et à
plus forte raison par son environnement familial particulier.
Par conséquent, comme la culture au sens large qui entoure
entoure l’enfant est un facteur déterminant
de son développement, considérer le développement de l’enfant isolé comme le fait Piaget ne
traduit pas adéquatement le processus par lequel l’enfant acquiert effectivement de nouvelles
connaissances.
Les principes généraux de l’œuvre de Piaget demeurent néanmoins des références de base dans
l’élaboration des programmes d’éducation scolaire. Par exemple, pour favoriser le
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
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développement des enfants au stade sensorimoteur, on privilégiera les environnements riches
avec plusieurs objets stimulants. À l’opposé, pour un enfant au stade des opérations concrètes,
les activités d’apprentissage devront inclure davantage des problèmes de classification ou de
conservation avec des objets concrets.
Pour conclure, PIAGET, FREUD et WALLON s’accordent à voir le développement de l’enfant
scandé par des moments obligés – les stades – s’appuyant sur des moments antérieurs – des
stades, ou encore la phylogenèse. Les différences résident dans le statut à donner aux stades
dépassés et à leur ordre d’apparition. Il est strict chez PIAGET – un stade ne peut apparaître que
si le stade précédent a été dépassé – dialectique chez WALLON et subverti par l’après coup
chez FREUD. Chez tous, même si cela est accentué chez FREUD, que le passé soit ainsi
présentifié est chose normale.
1-3.
La psychologie de l'enfant
L'enfance et la petite enfance sont réputées être des périodes importantes pour la formation de
la personnalité du futur adulte. Tous les enfants (comme tous les humains) doivent trouver
réponse à quelques besoins vitaux physico-psychologiques et affectifs de base pour pouvoir se
développer. Beaucoup de psychologues vont faire évoluer cette idée. On peut citer René Spitz
qui a mis en évidence le besoin relationnel de l'enfant dès le plus jeune âge, ou encore Donald
Winnicott qui dans la suite de Mélanie Klein sera un des premiers à proposer une théorie du
développement psychique depuis la naissance. On peut citer aussi Françoise Dolto qui a entre
autres médiatisé l'existence de l'enfant en tant que personne (ou sujet) dès sa naissance.
Cependant, comment l'enfant est devenu peu à peu un objet d'étude en psychologie? L'Émile de
J.J. Rousseau, situe les premiers balbutiements de la psychologie de l'enfant. Il n'est pas un
adulte en miniature, mais a ses propres façons de penser, de sentir et d'agir. Rousseau est
aussi l'instigateur de l'observation consignée au quotidien de ses enfants. Il y a également
l'expérience intéressante qui a concerné J.M.G. Itard (1774-1838) et Victor, l'enfant sauvage :
Elle a été conduite à une époque où l'on voulait expérimenter pour démentir la théorie de
Rousseau selon laquelle l'homme est bon à l'état de nature. La découverte de Victor est
devenue un pari. Va-t-on pouvoir le soigner, l'humaniser ou est-ce un idiot incurable? Ainsi
Itard (O.R.L) s'est vu confier l'éducation de Victor. Itard va prétendre que Victor est un
prétendu idiot, et que l'idiotisme fut acquis à la suite de l'isolement. Deux courants vont
s'opposer :
- Selon Pinel : Victor est un idiot incurable, toute tentative d'éducation sera vaine.
- Selon Itard : possible de le socialiser.
En effet, comment le développement de l'enfant est influencé par les objets et les humains qui
l'environnent? Comment peut-on expliquer qu'un être humain soit dans un tel état? Itard se fixe
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
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un certain nombre d'objectifs pédagogiques : attacher son élève à la vie sociale c’est à dire, lui
créer des besoins nouveaux et l'inciter à les satisfaire. N’est pas là, notre noble mission
d’accompagnement psychosocial et / ou d’éducateur?
1-4.
La place de l’enfant dans la société béninoise : rôle et statut social
Les représentations de l’enfant et de son éducation dans la société béninoise divergent des
normes et des instruments internationaux relatifs aux droits de l’enfant, particulièrement en
milieu rural mais aussi chez les personnels travaillant avec des enfants comme les enseignants.
Si on souhaite un changement de comportement de la part des autorités et de la population
dans son ensemble vis-à-vis des droits des enfants, il est important de prendre en compte en
premier lieu les mentalités, voire les croyances, et de considérer les rapports à l’enfant dès sa
naissance.
En effet, plus que leurs droits, les devoirs de l’enfant sont clairement définis, notamment en
fonction des classes d’âge. Les enfants n’ont généralement pas droit à l’expression de leur
opinion ni à la parole mais apprennent leur rôle au sein de la communauté où l’idée
d’épanouissement individuel ou d’émancipation n’existe pas. De plus, l’adolescence est mal
cernée car on est à la fois considéré comme « jeune » jusqu’à la retraite et « adulte » dès
l’âge de 7 ans, quand il s’agit d’effectuer les travaux domestiques, aux champs ou à
l’atelier participant de l’apprentissage et de la socialisation.
D’un point de vue socio-économique, l’enfant aide souvent à supporter la charge des parents
plus que l’inverse. Il représente un investissement et lorsqu’il devient une lourde charge pour la
famille, il est possible de le confier.
Grâce à la sensibilisation par les ONG et avec la participation des acteurs locaux pour
l’identification des enfants en situation difficile ou des enfants à risque ou victime
d’exploitation, d’abus et de violence, la population s’habitue peu à peu à débanaliser la
souffrance des enfants, et change progressivement de regard par rapport à leurs droits. La
scolarisation est davantage admise même pour les filles. Toutefois les loisirs ou l’expression de
son opinion sont peu perçus comme des droits. Un énorme travail de sensibilisation des
populations, de la famille jusqu’aux professionnels en contact avec les enfants, doit se
poursuivre et se développer.
1-4-1. Le statut juridique de l’enfant au Bénin
Comme dans la plupart des ordres juridiques, en droit béninois, l’âge légal de l’enfant diffère
selon les matières. En matière civile, d’après l’article 459 du Code des personnes et de la
Famille, est mineure toute personne qui n’a pas encore atteint l’âge de 18 ans.
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
11
En matière pénale, l’âge de la responsabilité pénale pleine et entière est fixé à 18 ans (article 1 de
l’Ordonnance 69-23 du 10 juillet 1969 relative au jugement des infractions commises par les
mineurs de moins de 18 ans). Néanmoins, dès l’âge de 13 ans un mineur peut voir sa
responsabilité pénale engagée selon des règles et procédures particulières.
En matière d’éducation et de scolarité, l’instruction scolaire est théoriquement obligatoire et
gratuite au Bénin entre 6 et 11 ans. Mais en pratique, l’éducation n’est souvent pas gratuite et de
ce fait, peut difficilement être rendue obligatoire.
Corrélativement, en droit du travail, la Convention 138 de l’OIT sur l’âge minimum d’admission
à l’emploi ratifiée par le Bénin établit l’âge minimum d’accès à l’emploi à 14 ans, âge repris par le
Code du travail béninois qui interdit également le travail de nuit pour les enfants de moins de
14 ans. Par dérogation, l’âge minimum pour des travaux légers est abaissé à 12 ans au Bénin.
L’âge du mariage est de 18 ans pour les garçons aussi bien que pour les filles selon l’article 123
du nouveau Code des personnes et de la famille, sauf pour certaines dispenses légalement
prévues. Cet âge constitue également de fait l’âge minimal de consentement sexuel.
1-4-2. Le mot de la Constitution Béninoise sur l’enfant
Les articles 12 et 13 de la Constitution concernent spécifiquement les enfants et plus
particulièrement l’éducation des enfants. L’article 12 demande la garantie de l’éducation des
enfants et les conditions nécessaires pour y parvenir et l’article 13 pose les principes selon
lesquels l’Etat pourvoit à l’éducation des enfants par les écoles publiques, l’école primaire est
obligatoire et l’enseignement public est gratuit.
Dans le contexte du principe de non discrimination, l’article 26 établit que « l’Etat protège la
famille et particulièrement la mère et l’enfant ». D’autres dispositions, même si elles ne visent
pas spécifiquement les enfants, sont relatives aux droits de l’homme et à certains droits
énumérés dans la Convention relative aux droits de l’enfant.
Conclusion
Concluons avec PIAGET qui affirme : «Le développement psychosocial est subordonné au
développement spontané et psychologique» J. PIAGET : in Problèmes de psychologique
génétique. Donc, l'enfant est une réalité biologique, historique et juridique. Il est au cœur du
système familial.
La famille est le premier lieu de socialisation (= processus par lequel le sujet va devenir un
membre significatif de sa culture et un acteur social significatif), également le lieu où l’enfant tri
entre l'interdit et l'autorisé. Dans les domaines du soin, de l'éducation, de la punition: la
question de l'enfant et de la filiation est au cœur de ces trois axes. D’où la dualité actuelle est le
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
12
possible ou l‘impossible. Il faut donc traiter avec beaucoup de délicatesse cette matière première
à la fois capitale, autonome et fragile: l’enfant.
MODULE 2 :
PRINCIPAUX
TROUBLES
DE
COMPORTEMENT
CHEZ
L’ENFANT ET L’ADOLESCENT
POMMEREAU : « l’adolescent qui va très mal, cache des parents qui vont mal »
Objectifs
Expliquer les caractéristiques comportementales et psychosociales de l’adolescent
normal.
Identifier les troubles du comportement de l’adolescent
Connaître les principes de la prévention et de la prise en charge.
Plan
Introduction
2-1.
Les troubles du développement de
l’enfant
2-1-4. Les troubles de la psychomotricité
2-1-4-1.
Les retards psychomoteurs
2-1-4-2. Le trouble de l’acquisition de
la coordination
2-1-4-3. L’instabilité psychomotrice
2-1-5. Les tics, les Tocs
2-1-6. Les troubles du langage
2-1-7. Les Troubles de l’intelligence
Le retard mental
2-1.
Les troubles de comportements
2-2-1. Les comportements agressifs
2-2-1-1.
Les violences
2-1-1. Les troubles du sommeil
2-1-1.1. L’organisation
normale
du
sommeil
2-1-1.2. L’origine
des
troubles
du
sommeil
2-1-2. Les troubles de l’alimentation
2-1-3. Les
troubles
de
contrôles
sphinctériens
2-1-3-1.
L’énurésie
2-1-3-2. L’encoprésie
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
13
2-2-1-2. Les colères
2-2-1-3. L’opposition
2-2-1-3-1. L’opposition active
2-2-1-3-2. L’opposition passive
2-2-1-4. Les mensonges
2-2-1-4-1. Le mensonge utilitaire
2-2-1-4-2. Le mensonge "névrotique"
2-2-1-5. Les vols
2-2-1-6. Les fugues
Conclusion
Introduction
L’étude psychogénétique du développement de l’enfant montre qu’il n’y a pas de différence de
nature entre des comportements considérés comme normaux à un certain âge : actes agressifs,
colères, travestissement de la vérité, chapardages, et les troubles du comportement d'enfants
plus âgés. C’est leur persistance au-delà d'un seuil qui en font des signes pathologiques,
marquant une absence d’évolution ou une régression du Moi.
Nous appelons donc "troubles du comportement" les symptômes psychopathologiques qui
mettent en cause la relation de l’enfant avec son entourage. Ces troubles provoquent
inévitablement des réactions comportementales dans l’entourage, mettant en cause les parents
dans leurs attitudes éducatives, parfois le groupe social tout entier et en particulier la Loi et le
système judiciaire.
2-1.
Les troubles du développement de l’enfant
2-1-1. Les troubles du sommeil
La qualité du sommeil est très importante tout au long de la vie. Elle participe, dès la naissance,
à l'éveil du bébé, puis du nourrisson et plus tard de l'enfant et de l'adulte.
Les troubles du sommeil sont souvent un indicateur des difficultés de l'enfant et il est
important de les dépister et de les prendre en charge le plus précocement possible. En effet, le
nourrisson a peu de moyens pour manifester son malaise ou sa souffrance et il ne peut
l'exprimer qu'à travers son corps et en particulier les fonctions essentielles que sont le sommeil
et l'alimentation, fonctions physiologiques mais aussi support de la relation mère-enfant. En ce
sens, ces troubles ne doivent pas être banalisés ou minimisés.
2-1-1-1. L’organisation normale du sommeil
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
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Le rythme veille/sommeil est particulier chez le bébé et le nourrisson. Il n'existe pas de
différence entre la nuit et le jour. Les réveils se font toutes les 3 heures environ et les réveils
nocturnes (2 fois par nuit) sont normaux jusqu'à 2-3 mois. Ainsi, les besoins en sommeil sont
schématiquement :
• Nouveau-né et bébé (0 à 3 mois) : en moyenne, 16 heures par 24 heures ;
• Nourrisson (à 6 mois): 15 heures de sommeil dont 2 siestes dans la journée ;
• A partir du 4ème mois : mise en place du cycle nycthéméral (veille / sommeil) ;
• Entre 1 an et 4 ans : 13-14 heures par 24 heures dont 1 sieste dans la journée ;
• Adolescence : stabilisation autour de 8-9 heures par 24 heures.
La valeur du sommeil et son organisation dépendent aussi des conditions de vie de l'enfant
(bruit, calme, température, satiété et confort…) et de la sécurité affective. Cette sécurité
affective repose sur une continuité et une qualité de l'interrelation entre le bébé et son
entourage permettant l'apaisement. C'est dans ce contexte de suffisante et de sérénité que le
nourrisson acquerra la capacité à se séparer, à être et rester seul et qu'il pourra s'abandonner
dans le sommeil, sans risque ni angoisse.
2-1-1-2. L’origine des troubles du sommeil
L'origine des troubles est soit intrinsèque (tensions psychiques internes, angoisses…) soit
extrinsèque (excitations dues à l'environnement, aux conditions de vie…) soit les deux. Le
retentissement des troubles du sommeil est parfois considérable sur la vie familiale. Le climat
d'énervement, voire d'exaspération qui en résulte est lui-même source de conflit et majore, en
retour, les troubles du sommeil du nourrisson.
2-1-2. Les troubles de l’alimentation
Avec les troubles du sommeil, c’est un motif très fréquent de consultation en pédopsychiatrie
avant 1 an. Ils sont générateurs de beaucoup d'inquiétude chez les parents. Leur gravité est
variable, depuis les simples fluctuations de l'appétit aux anorexies graves, avec risque vital.
L'alimentation est au coeur de la relation précoce mère-enfant. L’acte de manger chez l’enfant
est un acte complexe et répond à plusieurs fonctions :
•
•
La faim : besoin instinctuel fondamental, état de tension apaisé par le repas ;
Le plaisir : manger procure de surcroît du plaisir, plaisir de sucer, de mordre et de
croquer, servant d’exutoire à l’agressivité normale ;
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
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15
•
L’échange et l’attachement : l’alimentation met en relation deux êtres. Les relations et la
communication se font sous diverses formes : regards, paroles, toucher… L’adulte, en
faisant don de nourriture à l’enfant, fait don de lui-même, d’amour. L’enfant, en
acceptant la nourriture, accepte sa mère (qui, en retour, se sent aimée et reconnue
comme bonne mère). Etre nourri pour un enfant, c’est aussi être aimé.
• Le dedans et le dehors : au niveau de la bouche, s’opère des échanges entre ce qui est du
dehors (de l’autre) et ce qui est dedans (soi). Plusieurs mécanismes psychiques
inconscients (introjection, incorporation, identification…) font intervenir ces notions de
dedans et de dehors, d’intime et de collectif, de soi et de l’autre…des limites du corps…
• La structuration de la personnalité et la mise en place des relations d’objet (relation avec
l’entourage). Le Moi se forme à partir d’éprouvés corporels. L’enfant établit une relation
objectale dans laquelle s’enracine la fonction alimentaire.
• Significations sociales et culturelles – imaginaires et symboliques : dans chaque culture,
manger revêt des significations particulières qui dépassent le simple fait, le geste de
manger…
Manger ne se limite donc pas au seul fait de s’alimenter et ne constitue pas qu’une simple
fonction physiologique. Manger fait aussi intervenir la psyché, consciemment et
inconsciemment.
2-1-3. Les troubles de contrôles sphinctériens
Dépend à la fois de la maturation neurologique de l’enfant, de la maturité de la personnalité de
l’enfant et de la relation mère (parents)-enfant. Les exigences des parents et de leur enfant
(propreté obligatoire avant l’école, rétention, affirmation de soi) sont sources de conflits
d’autorité. Le contrôle vésical survient après la continence fécale. Normalement, le contrôle
sphinctérien est acquis :
• vers 18 mois pour le contrôle nocturne des selles ;
• vers 24 mois pour la propreté diurne (urines et selles) ;
• vers 36 mois pour la propreté urinaire nocturne.
Les troubles sphinctériens sont donc souvent, au départ, le résultat de l'intrication de plusieurs
facteurs, physiologiques et psychologiques.
2-1-3-1. L’énurésie
C’est un trouble du contrôle de la miction. Ce n’est pas une incontinence. La miction est
normale, active et complète mais involontaire, inconsciente et non contrôlée, avant 4 ans (âge
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de maturité physiologique) mais parfois plus tôt. L’enfant sait qu’il est mouillé vers 18 mois et
peut réclamer le pot avant 2 ans.
Ce comportement est relativement fréquent et doit survenir au moins 2 fois par semaine ou
provoquer une angoisse significative ou une altération sociale ou scolaire. Les énurésies
occasionnelles (diurnes ou nocturnes) sont fréquentes. Environ ¾ des enfants énurétiques ont
un parent ancien énurétique plus tolérant au trouble (importance de l’âge où les parents
consultent pour leur enfant).
Un enfant ne peut être propre la nuit que s’il est propre le jour. Il faut rassurer l’enfant et ses
parents sur un point car l’enfant a souvent peur de s’endormir : la miction ne survient pas au
cours de l’endormissement mais au réveil, le plus souvent en fin de nuit, souvent à l’occasion
d’un rêve. On distingue :
• L’énurésie primaire (sans la moindre période, même très courte, de propreté) ;
• L’énurésie secondaire, l’énurésie nocturne (la plus fréquente), l’énurésie diurne.
L'énurésie est un symptôme et non une maladie. Il n'existe pas de personnalité ou de structure
propre à l'énurésie, mais elle s'intègre dans un tableau qu'il faut apprécier avec soin à travers
l'histoire de l'enfant et de sa famille, pour réintégrer le symptôme dans la dynamique psychique
de l'enfant et de sa famille et comprendre sa place et son sens. Ainsi, d'un point de vue
psychologique, l'énurésie peut être l'expression d'une satisfaction passive (plaisir d'être
mouillé…) ; d'une satisfaction active, agressive, sadique… expression d'un sentiment de
puissance ; d'une satisfaction masochiste (plaisir d'être puni…) ; de fantasmes dans le cadre de
la problématique Œdipienne…
2-1-3-2. L’encoprésie
C’est une défécation involontaire ou délibérée dans la culotte (ou ailleurs) au moins une fois
par mois, pendant plus de 3 mois, chez un enfant de plus de 4 ans. En l'absence de toute
affection organique. Elle est trois fois plus fréquente chez le garçon (3 garçons pour une fille).
Elle est plus souvent secondaire que primaire et presque exclusivement diurne. Enfin, elle est
permanente ou intermittente.
L’encoprésie secondaire est la plus fréquente, succédant ainsi à une période plus ou moins
longue de propreté. Elle survient alors entre 5 et 8 ans. Elle peut-être isolée ou bien associée à
d’autres troubles, telle l'énurésie (dans 1 cas sur 2). Elle peut-être transitoire et ponctuelle à la
faveur d’un événement : naissance dans la fratrie, déménagement…
Il s’agit d’un symptôme à comprendre dans toute la dynamique psychique de l’enfant. Les
encoprésies primaires relèveraient surtout de carences éducatives, alors que les encoprésies
secondaires correspondraient plutôt à des conflits intrapsychiques.
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2-1-4. Les troubles de la psychomotricité
La psychomotricité, le langage et l'intelligence se développent simultanément. Les acquisitions
de l'enfant dans ces 3 secteurs sont étroitement liées au développement affectif. L'importance
de l'affectivité sur le développement moteur a été bien mise en évidence dans les carences
affectives précoces. Les interactions sont donc étroites entre le psychisme et la motricité. On
distingue plusieurs types :
2-1-4-1. Les retards psychomoteurs
Il s'agit d'un retard des acquisitions posturales ou du tonus. Les causes peuvent être somatiques
et nécessitent une consultation spécialisée neuropédiatrique. Après avoir éliminer une cause
organique, une consultation de pédopsychiatrie est indispensable car des causes psychiques
peuvent également se retrouver telle une psychose précoce, une carence affective, des
dysfonctionnements interactifs précoces, une maltraitance.
2-1-4-2. Le trouble de l’acquisition de la coordination
Cette perturbation marquée du développement de la coordination interfère gravement avec la
réussite scolaire ou les activités de la vie courante (maladresse, imprécisions ou lenteur
motrice). Il existe souvent des troubles associés : troubles du langage (articulation), des
apprentissages (écriture), des difficultés relationnelles avec les pairs (jeux). L’enfant peut
présenter un retard dans les différentes étapes du développement moteur (pour s’asseoir,
ramper, marcher). Il convient de rechercher une prématurité, une hypoxie néonatale, une
malnutrition, des anomalies neurologiques… La prise en charge consiste en une rééducation
psychomotrice, perceptivomotrice ou globale.
2-1-4-3. L’instabilité psychomotrice
Il s’agit d’un motif fréquent de consultation pour des enfants en maternelle ou en primaire, où
elle a une fréquence estimée à 3-5 %. Quelques synonymes de l’instabilité psychomotrice sont :
la turbulence, l’hyperactivité, l’agitation, le trouble hyperkinétique,… Mais il convient de
distinguer un comportement pathologique (aux origines très diverses) des enfants "plein de
vie". Par exemple :
•
La distraction : En revanche, l'enfant peut réaliser correctement un travail lorsqu'un
adulte disponible se trouve à ses côtés.
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18
•
Les attitudes de provocation : Conduites d'opposition, de défi, de refus, d'indifférence
aux remontrances. Variations de l’humeur avec passage du rire aux larmes, de
l’excitation à la tristesse, du sentiment de triomphe à l'effondrement dépressif. Faible
investissement du langage, difficultés à verbaliser, notamment ses sentiments de malaise
ou d'insécurité.
2-1-4-4. Les tics, les Tocs
Les tics sont des mouvements moteurs ou des vocalisations involontaires, irrésistibles, rapides,
récurrentes, non rythmiques et stéréotypées. Ils peuvent être simples ou complexes. Ils
apparaissent souvent vers l’âge de 6-7 ans. Ils sont aggravés par le stress et disparaissent
pendant le sommeil.
Le syndrome de Gilles de la Tourette débute entre 7 et 15 ans et se caractérise par des tics
moteurs associés à des tics verbaux comme des grognements ou des jurons voire des obscénités.
Les Tocs ou Troubles Obsessionnels Compulsifs (TOC) de l’enfant sont rares et ont une
symptomatologie globalement comparable aux Tocs de l’adulte. Il existe un pic précoce de
survenue des TOC avant la puberté. Les idées obsessionnelles se développent sur quelques
semaines et engendrent une angoisse importante que l’enfant ou l’adolescent tente de colmater
par des compulsions plus ou moins ritualisées. Les obsessions sont des idées, des pensées, des
impulsions ou des représentations persistantes qui sont vécues comme intrusives et
inappropriées et qui entraînent une anxiété et une souffrance importante. Les compulsions
sont des comportements répétitifs (ex. : se laver les mains, ranger dans un certain ordre,
vérifier…) ou des actes mentaux (ex. : compter, repérer des mots de manière silencieuse…) dont
le but est de prévenir ou de réduire l'anxiété ou la souffrance et non de procurer plaisir ou
satisfaction.
La prévalence du T.O.C. chez les enfants et adolescents est comprise entre 0,5 et 3 %. Les
premiers symptômes d'obsessions et de compulsions apparaissent généralement autour de l'âge
de 10 ans, avec une prédominance masculine dans les formes prépubères. Le trouble
obsessionnel compulsif chez l’enfant et l'adolescent est proche, dans les grandes lignes, de la
sémiologie de celui de l’adulte. Certaines particularités méritent cependant d’être soulignées.
•
Symptomatologie propre a l’enfant et adolescent souffrant de T.O.C.
OBSESSIONS FREQUENTES
COMPULSIONS FREQUENTES
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- Crises de colère, agressivité manifeste (en cas
-
d’interruption volontaire ou non des rituels
ou de refus de participation de l’entourage
familial aux compulsions et rituels).
Crainte de blasphémer, d’insulter un
enseignant.
Se sentir sale, être envahi de microbes.
Attraper une maladie.
Blesser un autre enfant.
Oublier quelque chose, ses devoirs.
Commettre une erreur, une faute.
Faire des erreurs à l’école.
Etre obnubilé par un défaut physique.
Etre préoccupé par la nourriture.
- Gestes,
-
mimiques
particulières
(pseudo-tics).
Arithmomanie (compter sans arrêt)
Lavage des mains, du corps
plusieurs fois par jour.
Superstitions bizarres (éviter de
marcher sur les traits d’un carrelage,
se signer, etc…
Ne pas toucher certains objets (les
poignées de porte, les affaires des
autres élèves…)
Faire de longues listes de
vérification.
2-1-5. Les troubles du langage
Le langage est un moyen d'expression, de contact et de communication. Il prend une part
essentielle dans les relations de l'enfant avec autrui et est intimement lié au développement et à
la structuration du fonctionnement psychique. Les troubles du langage sont un motif fréquent
de consultation de pédopsychiatrie. Près de 5 % des enfants de 5 ans ont des troubles du
langage. Ils sont très variables depuis le simple retard de maturation évoluant spontanément
favorablement au trouble plus grave révélateur d'une psychose. Ce sont : les troubles de
l’articulation ; le retard de parole ; le retard simple de langage ; La dysphasie (ou audimutité) ;
Le mutisme ; le bégaiement. Le retentissement sur la personnalité de l’enfant, sur sa scolarité et
sur ses liens sociaux peuvent être important.
2-1-6. Les Troubles de l’intelligence
L'intelligence est extrêmement difficile à définir. Le développement de l'intelligence fait
intervenir 3 séries de facteurs :
• La maturation neurologique ;
• L'exercice et l'expérience acquise dans l'action effectuée sur les objets ;
• Les interactions et les transmissions sociales.
Piaget a décrit des périodes dans le développement de l'intelligence.
L'exploration des capacités intellectuelles repose sur des tests psychométriques qui ne doivent
jamais être utilisés isolément. Les données qu'ils fournissent doivent être interprétées en
fonction de l'histoire et du contexte de vie de l'enfant. En effet, le développement des capacités
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cognitives, mais aussi du langage, de la motricité et de la socialisation de l’enfant est très
dépendant de son développement affectif.
Le retard mental
Le retard mental apparaît plus comme un symptôme que comme une entité. Ainsi, le retard
mental ne saurait, à lui seul, désigner l'enfant dans son ensemble. Il faut aussi apprécier son
organisation psychique, prise dans sa globalité. Autrement dit, le retard mental est considérer
comme un trouble global du développement dans lequel s'intriquent des perturbations
cognitives, du langage, de la motricité et des conduites sociales. Elle recouvre les anciennes
notions d'arriération et de débilité mentale. La définition du retard associe 3 caractéristiques :
• Un fonctionnement intellectuel général inférieur à la moyenne ;
• Des altérations ou déficits importants du fonctionnement adaptatif ;
• Dont le début est avant 18 ans.
2-2. Les troubles de comportements
2-2-1. Les comportements agressifs
Les comportements agressifs ne sont pas pathologiques en eux-mêmes; ils sont nécessaires à
l’évolution de l’enfant. C’est grâce à l’expression de son agressivité que l’enfant s’affirme face à
autrui comme un sujet, lieu de désirs et de volonté, et qu’il conquiert les limites de son Moi et
de sa propriété (ses jouets, sa chambre, etc.). L’absence de sens de la propriété peut être
pathologique (indistinction entre soi et les autres), comme l’est un sens de la propriété exagéré
(trop grande jalousie fraternelle, vols, etc.).
2-2-1-1. Les violences
Ces comportements en réponse à une frustration sont banaux entre 1 et 4 ans. Ils sont plus
fréquents chez les enfants actifs et hypertoniques et chez les garçons. Malgré leur banalité, il
faut signaler les problèmes d’adaptation qu’ils posent dans les collectivités d’enfants, crèches ou
maternelles (en particulier quand l’enfant mord), alors qu’ils sont en général beaucoup mieux
tolérés dans le milieu familial.
L’erreur la plus couramment commise face à ces comportements est d’y répondre sur un mode
analogue : mordre l’enfant qui mord, frapper celui qui donne des coups. Cela peut entraîner un
cercle vicieux d’agressivité réciproque et de désir de vengeance, ou angoisser l’enfant en
alimentant ses fantasmes de châtiment et de culpabilité.
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Au-delà de 4 ans, l’enfant a habituellement acquis de nouveaux moyens de s’affirmer et de
réagir à la frustration, en particulier grâce à la maîtrise du langage. La persistance de violences
est le signe soit d’une immaturité du Moi - c’est le cas d’enfants ayant souffert d’une carence
affective précoce) soit d’un déficit instrumental ou sensoriel qui empêche l’enfant d’accéder à
de nouveaux modes d’expression - c’est le cas des enfants souffrant de retard de langage, de
surdité, etc. Les enfants psychotiques peuvent avoir de brusques passages à l’acte agressifs, non
motivés et parfois d’une extrême violence, s’adressant à leur entourage du moment, sans
provocation de celui-ci. Ce sont des crises clastiques.
2-2-1-2. Les colères
La rage correspond à un type de réaction de l’enfant très jeune (jusqu’à un an) à une frustration:
décharge de mouvements anarchiques, accompagnés de cris inarticulés et de phénomènes
vasomoteurs (pâleur, rougeur du visage, sécheresse de la bouche). Elle peut persister bien audelà chez des enfants impulsifs qui réagissent ainsi à de trop grandes frustrations, avec une
certaine obnubilation de la conscience et une amnésie partielle de la crise. Les colères
proprement dites sont une expression émotionnelle plus contrôlée et marquée surtout par une
agressivité verbale, des injures, des critiques blessantes. La colère est une manifestation banale
chez l’enfant de 2 à 4 ans, au moment où se développe en lui un besoin d’indépendance et
d’affirmation de soi.
2-2-1-3. L’opposition
On distingue cliniquement deux types d'opposition :
2-2-1-3-1. L’opposition active
Le plus souvent normale, marque une période dans l’évolution psychologique de l’enfant :
apparition du "non !" dans le courant de la 2ème année, crise d’opposition de la 3ème année.
Toutefois, certains enfants vivent en permanence en opposition à leur entourage et tendent à
recréer partout une relation d’opposition sur un mode sadomasochiste.
2-2-1-3-2. L’opposition passive
L’enfant se contente de ne pas faire ce qui lui est demandé ou de traîner pour tout. C’est un
symptôme très souvent rapporté par les mères qui se plaignent de devoir répéter de
nombreuses fois les mêmes choses, du fait que l’enfant met un temps interminable pour faire la
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moindre chose imposée - alors qu’il fait rapidement ce qui l’intéresse. Assez souvent,
l’opposition passive cache des troubles dépressifs latents chez l’enfant.
2-2-2.
Les mensonges
On ne parle pas de mensonge chez l’enfant avant 6 ou 7 ans, l’âge dit "de raison". L’enfant jeune
déforme souvent les faits ou en invente, mais on ne peut attribuer à cela la valeur d’un
mensonge, car il n’a pas encore acquis une notion claire du vrai et du faux, de l’imaginaire et du
réel.
2-2-1.
Le mensonge utilitaire
Il est naturel à l’enfant. Son premier mouvement est de faire correspondre la réalité à ses désirs
et au besoin de la fausser, soit pour obtenir un avantage, soit pour éviter un désagrément. Ce
n’est que l’intériorisation progressive d’une loi sociale et d’une éthique personnelle qui lui fera
respecter la vérité. Un "certain respect" du mensonge de l’enfant jeune est capital : l’adulte doit
savoir se laisser berner, abuser ("Ha bon ? Tu crois vraiment ?"). En effet, il importe de ne pas
lui donner l’impression que l’adulte lit dans ses pensées, dévoile sa ruse ou sa manipulation. Le
risque d’une grande intrusion psychique (mes pensées sont les siennes) est ici très grand.
Le mensonge le plus fréquent chez l’enfant plus grand est celui de la dissimulation ou de la
falsification de mauvais résultats scolaires. Elles peuvent conduire l'enfant à un enchaînement
de mensonges et de falsifications de plus en plus angoissants.
2-2-2.
Le mensonge "névrotique"
Il a pour fonction de compenser, au niveau imaginaire, une infériorité ou une insuffisance que
l’enfant ressent. Il s’inventera un père beaucoup plus riche et puissant que la réalité, se vantera
d’exploits imaginaires, etc. Cette forme de travestissement de la réalité mérite le nom de
fabulation, plutôt que de mensonge. Il ressemble au "roman familial", plus tardif, où l’enfant
dissimule sa déception vis à vis de ses parents en imaginant de "meilleurs" et "tout puissants".
Les constructions sont parfois riches (cf. le personnage d’Harry Potter, enfant carencé et
maltraité dans la réalité, qui se protège en devenant sorcier). Au maximum, c’est le tableau de
la mythomanie (rare).
Une autre forme de fabulation est l’invention d’un double, en général du même sexe, le plus
souvent un frère ou une sœur, parfois un ami. L’invention d’un double est fréquente chez
l’enfant de moins de 6 ans, sans trouble psychopathologique notable. Chez l’enfant plus âgé,
l’invention d’un double peut signifier un trouble profond de l’identité des personnes et de soiConnaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
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même et peut prendre une allure inquiétante car elle fait craindre une organisation psychotique
ou prépsychotique de la personnalité.
2-2-3.
Les vols
On ne parle de vol chez l’enfant avant 6-7 ans. Ici ce n’est pas le sens de la réalité qui est en jeu,
mais celui de la propriété. Pendant longtemps, ce qui intéresse le plus l’enfant est justement ce
qui appartient à l’autre, son intérêt pour les objets passe par l’intérêt de l’autre. Les garçons en
sont responsables dix fois plus souvent que les filles. La proportion des délits pour vol
augmente avec l’âge. La première personne victime du vol de l’enfant est un membre de la
famille, le plus souvent la mère (on parle de vols "domestiques"). Dans certains cas, les trésors
du porte-monnaie de la mère représentent les richesses qu’elle renferme dans son corps, son
ventre, d’où viennent les enfants. Puis l’enfant vole à l’extérieur de sa famille, mais d’abord des
personnes connues, ses camarades ou sa maîtresse d’école, puis des personnes inconnues.
L’objet volé est d’abord un objet alimentaire (bonbons…) puis l’enfant vole de l’argent ou divers
objets chargés pour lui de signification symbolique. A partir de la puberté, on peut voir des vols
fétichistes (vols de lingerie féminine par des garçons, rares), mais aussi vols de véhicules, de
portables ou tout autre objet pouvant être revendu (les plus fréquents).
C’est à propos du vol que l’on remarque l’influence des perturbations affectives de la petite
enfance et en particulier des séparations sur les comportements délinquants. C’est aussi à
propos du vol que Winnicott a développé une théorie du "comportement antisocial" : le vol
répond à un sentiment précoce de défaillance de l’environnement (un exemple en est une
dépression de la mère, alors moins disponible pour son enfant). L’enfant voleur cherche
inconsciemment à combler un manque, à prendre quelque chose qui lui était dû et qui lui
a été refusé. Les facteurs affectifs (carence ou séparation) sont presque toujours présents dans
la genèse des comportements de vols répétitifs. Parfois, le vol de l’enfant s’inscrit dans un
devenir caractéropathique, voire psychopathique. C’est le mode d’entrée le plus fréquent dans
la délinquance. Il s’associe alors fréquemment à d’autres troubles du comportement telles les
fugues.
2-2-4.
Les fugues
La fugue est le fait pour l’enfant de partir sans autorisation et sans prévenir du lieu où il est
sensé être, pour déambuler, le plus souvent sans but pendant plusieurs heures, parfois pendant
des journées entières. Là encore, il faut attendre 6-7 ans pour parler de fugue. Les
déambulations de l’enfant plus jeune qui s’éloigne de sa mère, sans que celle-ci s’en aperçoive,
n’ont pas la valeur ni l’intentionnalité d’une fugue.
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
24
En général, le fugueur n’a pas de but précis, il ne sait où aller et déambule au hasard. Bientôt, il
cherche un refuge, ne tarde pas à se faire remarquer par son comportement indécis. Il est très
soulagé d’être découvert et ne tarde pas à avouer sa fugue. D’autres fois l’enfant a un but qui est
presque toujours le retour à un endroit investi par lui comme sécurisant, voire idyllique.
Les fugues de l’école méritent une mention spéciale. L’école buissonnière peut être le fait
d’enfants à tendances psychopathiques, peu motivés pour l’école. Mais très souvent, c’est un
mécanisme phobique qui sous-tend la fugue, laquelle masque en fait une phobie de l’école. Il en
existe deux formes :
•
•
Celle des enfants au début de leur scolarité primaire, vers 6-7 ans, qui sont angoissés par
toute séparation d’avec leur mère ;
Celle d’enfants plus âgés, vers 10 ans, qui sont spécifiquement angoissés par l’école. Ils
partent le matin à l’heure habituelle, se dirigent vers l’école, mais arrivés à destination,
ils sont envahis d’angoisse et ne peuvent entrer. La phobie scolaire renvoie aux
difficultés de séparation chez un enfant intelligent, qui travaille ses cours à la maison, en
présence de sa mère. Une phobie sociale (les camarades de classe) et une agoraphobie (le
trajet jusqu’à l’école) peuvent être associées.
Conclusion
La part psychologique semble prépondérante non seulement à l’origine des troubles de
développement et de comportement de l’enfant et de l’adolescent, mais aussi dans le
développement et l’entretien de ces troubles. Alors que ces troubles peuvent entraîner
d'importantes difficultés scolaires (obligeant souvent à des redoublements), sociales et
professionnelles.
Un examen psychologique est utile pour confirmer la normalité du développement de l’enfant
et de l’adolescent. Car à ce jour, les psychothérapies sont actuellement les principaux axes
thérapeutiques et les plus efficaces.
MODULE 3 :
TECHNIQUES
D’ÉCOUTE
ET
DE
GESTION
DES
PSYCHOTRAUMATISMES INFANTILES
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
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SUSAN ISAACS : « Les désirs de l’enfant sont plus impulsifs et plus urgents que les nôtres, ses
déceptions et ses regrets plus vifs. »
Objectifs
Connaître et développer ses capacités d’écoute ;
S’approprier et maîtriser des techniques et des attitudes d’écoute et de communication ;
Savoir répondre à des situations conflictuelles ou difficiles par un comportement
adapté ;
Plan
Introduction
3-1.
Les bases de l’écoute et de l’entretien
3-1-1. L’écoute passive
3-1-2. L’écoute active
3-1-3. Le questionnement
3-1-4. La reformulation
3-1-5. La synthèse
3-1-6. L’empathie dans la relation d’aide
3-2. Traumatismes infantiles
3-2-1. L'infantile
3-2-2. L'infantile traumatique
3-3. La
prise
en
charge
psychothérapeutique
3-3-1. Les
différents
courants
psychothérapiques actuels
Le courant comportementaliste et
cognitiviste
Le courant systémique
Le courant humaniste
Le courant «éclectique et intégratif»
3-3-2. Différents
niveaux
de
psychothérapies
3-3-3. Les
grandes
techniques
psychothérapeutiques
La psychothérapie psychanalytique
La
psychothérapie
d’inspiration
psychanalytique
Psychothérapie de l’enfant
Psychothérapies individuelles
Les psychothérapies comportementales
et cognitives
Les psychothérapies de soutien
Les psychothérapies humanistes
La gestalt-thérapie
Coaching et Développement personnel
Hypnose thérapeutique
PNL
Les autres psychothérapies
Les psychothérapies de groupe
Le psychodrame
Les thérapies familiales
3-3-4. Situation
actuelle
des
psychothérapiques
Conclusion
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Introduction
Egalement nommée «écoute bienveillante», celle-ci nous rend disponible à autrui et à son univers
de codes et des significations. Par un mouvement réflexe, l’interlocuteur se sent compris et utilise
son énergie non pas à se défendre ou à attaquer mais à échanger, réfléchir et trouver des
solutions. Cependant, souvent, la confrontation avec notre propre image, ou notre voix, stimule
des tensions. Nous pouvons aimer certains aspects de nous, mais nous en rejetons d’autres.
Comment être alors capable d’accueillir ce qui se passe en l’autre ?
Ce module nous invite à développer un rapport plus bienveillant avec nous-mêmes, en
dépassant les idées préconçues que nous avons accumulées sur nous. Car, écouter, c’est
s’écouter en apprivoisant les différentes facettes de notre identité et en approfondissant le
grand pouvoir d’accueil et de l’auto-empathie.
3-1. Les bases de l’écoute et de l’entretien
3-1.1. L’écoute passive
L’écoute passive doit permettre de faciliter l’expression du patient, sans l’interrompre, en
adoptant ce que les psychanalystes appellent la « neutralité bienveillante », c'est-à-dire en se
gardant de tout jugement, de toute critique.
L’écoute dite passive que l’on retrouve dans les entretiens non directifs, nous demande de
montrer à l’autre que l’on s’intéresse à lui, qu’il est important pour nous. Nous l’encourageons
alors à parler, sans intervenir. Pour cela, nous devons être particulièrement attentif, regarder la
personne, ne pas se laisser distraire. L’écoute passive doit être utilisée en alternance et selon le
moment, avec l’écoute active, nous permettant alors d’indiquer plus précisément encore, ce qui
retient notre attention dans ce qui a été dit. Dans l’écoute passive, nous pouvons en fonction
des besoins des patients, marquer verbalement ou par notre attitude, notre attention : « oui … »
; « d’accord.. » ; « C’est intéressant.. » ; « Ah oui… » ; « Je comprends… » ; « Bien sûr…».
3-1.2. L’écoute active
L'écoute active est un concept développé à partir des travaux du psychologue américain Carl
Rogers1. Elle est également nommée écoute bienveillante. Initialement conçue pour
l'accompagnement de l'expression des émotions, elle est opérationnelle dans les situations de
face-à-face où le professionnel écoute activement l'autre. Elle consiste à mettre en mots les
émotions et sentiments exprimés de manière tacite ou implicite par l'interlocuteur et à décoder
la dimension affective généralement non verbalisée.
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L'écoute active est initialement une technique d'accompagnement. L'écoute active permet à
l'individu, lors de l'entretien d'aide, de le décloisonner de ses difficultés et de le prendre dans
son ensemble. En effet, l'écoute active est bien plus qu'une reformulation. Grâce à la
bienveillance du récepteur, elle donne à l'émetteur des outils afin qu'il puisse s'exprimer et se
dire en tant que Sujet de sa situation. L'écoute active représente le point de départ de toute
intervention d'aide et permet de voir en quoi et comment nous pouvons aider la personne.
L’écoute active est une technique bien plus difficile à intégrer qu’on l’imagine, car elle va à
l’encontre de notre fonctionnement habituel. Elle implique que chacun des partenaires
prenne toute sa place et qu’il soit également totalement disponible à la parole de l’autre.
Dans cette technique, on retrouve trois outils indispensables, que sont : le questionnement, la
reformulation et la synthèse.
3-1.3. Le questionnement
Il aide à préciser, à clarifier, à approfondir ce qui est dit par le patient. Il aide aussi celui qui
parle, à faire émerger ce qui peut être latent. Grâce au questionnement, on peut entendre plus
précisément, 3 niveaux d’information supplémentaires tout à fait essentiels dans les entretiens
liés à l’annonce :
• Les faits : permettent de rendre compte de ce qui a été entendu et compris ;
• L’émotion : permet de recueillir ce qui a été ressenti ;
• L’opinion : ce qui a été pensé, réfléchit par le patient aidant à une mise en action.
Exemples : « Qu’avez-vous compris de ce que le médecin vous a dit ce matin ? » ; « A-t-il été
assez clair pour vous ? » ; « Pouvez vous me dire comment vous vous êtes senti au moment de
cette annonce ?» ; « Que pensez vous faire ?... »
3-1.4. La reformulation
C’est redire ce qui a été dit par la personne, au travers des termes plus concis et explicites. Il est
nécessaire que le patient nous donne ici son accord. C’est montrer ce qui a bien été compris.
Cette technique permet également de lever d’éventuels quiproquos, afin d’être toujours au clair
avec ce que l’autre à voulu nous dire. La reformulation aide également le patient à se sentir
écouté, compris et respecté dans ses ressentis, favorisant alors un peu plus l’envie de
parler. Exemples : « Si je vous comprends bien, vous souhaitez pouvoir rencontrer un
spécialiste, car vous n’avez pas bien compris la pathologie de votre bébé ? » ; « Vous pensez que
votre état de choc au moment de l’annonce faite par votre médecin, ne vous a pas permis de
comprendre la prise en charge qui pourrait être celle de votre enfant ? » Et au patient de
pouvoir répondre : « oui, c’est bien cela » ; « oui, voilà c’est ce que je veux dire »…
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3-1.5. La synthèse
La synthèse marque toujours un temps particulier dans l’entretien. Elle vient le plus souvent
marquer une pause dans le discours et dans l’écoute, avant de passer à la suite de l’entretien. La
synthèse permet de faire une sorte de résumé de ce qui a été dit, cherchant ainsi à rendre plus
clair et plus compréhensible pour chacun, les propos recueillis. Cela nous permet de montrer à
notre interlocuteur que nous l’avons bien compris, ce qui est extrêmement rassurant, surtout
dans le cadre très particulier qu’et celui de l’annonce, où aucun malentendu ne peut être
possible. Exemples : « Donc, en résumé» ; « en conclusion… » ; « Si je vous ai bien compris… »
3-1.6.
L’empathie dans la relation d’aide
C’est une forme de compréhension et surtout une qualité de présence, qui se caractérise par
la capacité à percevoir et à comprendre les sentiments d’une autre personne. Ressentir de
l’empathie, c’est être capable de différencier les émotions du patient, des nôtres, de faire
abstraction de notre monde de référence personnel, tout en restant au contact de l’autre. Une
question aide à se recentrer : « Qu’est ce qui se passe actuellement pour la personne qui se trouve
en face de moi » ?
Adopter cette attitude peut se montrer plus difficile dans certaines situations, comme peut
l’être l’annonce d’une anomalie ou d’une pathologie grave. Ces situations nous poussent
naturellement à nous sentir affectés, tristes, impuissants et cela peut alors mobiliser en nous
tout un lot de sentiment d’injustice et d’inquiétude. Or ici justement, l’important est d’avoir
pour unique objectif, d’être toujours disponible pour le patient. Nous devons rester présents
pour lui, nous le quittons dès que nous nous envolons dans nos pensées intimes, faisant place
alors le plus souvent à de la projection « et si c’était moi ? » ; « Qu’est-ce que je ferai moi à sa
place ». Le patient a ici besoin que nous puissions rester présent pour lui, afin d’être en mesure
de l’écouter jusqu’au bout et de l’aider à donner du sens à ses propos, à ses sentiments. Le
patient n’a pas besoin que l’on réagisse à sa place !
L’empathie aide à développer l’estime de soi de la personne : « on peut donc comprendre ce que
je ressens, sans me renvoyer que c’est mal ou que j’ai tort ». Elle améliore la qualité de la
communication : «Je me sens compris, entendu dans mon ressenti, sans que l’autre ai besoin de
me dire en plus comment il se sent lui» et ouvre à l’expression d’émotions plus profondes : «
C’est vrai que derrière cette grande colère que j’ai exprimé à votre égard docteur, je reconnais
avoir tellement peur… ».
3-2. Traumatismes infantiles
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Aux limites de l'ICS et du système PCS, l'Infantile est le point le plus aigu de nos affects, le lieu
de l'espérance et de la cruauté, du courage et de l'insouciance ; il fonctionne la vie durant, selon
une double spirale processuelle et signifiante, et l'on peut le retrouver même dans les
pathologies les plus lourdes, à condition de ne pas confondre celles-ci avec le mode
d'organisation normal de cet Infantile.
Comment mieux comprendre cette problématique infantile qui rendre compte de la complexité
des liens qui se tissent dans le champ transféro-contre transférentiel entre l'infantile et le
traumatique ?
3-2-1. L'infantile
La révolution apportée par la découverte freudienne de la sexualité infantile n'a rien à voir avec
le fait que les enfants puissent trouver un plaisir pulsionnel dans la tétée et dans les fonctions
excrétoires, ni même dans le fait que ces plaisirs demeurent inscrits dans l'organisation sexuelle
de l'adulte. Le véritable éclat de cette découverte réside dans la signification génitale de ces
plaisirs d'organes et de ces premiers investissements du corps propre et du corps d'autrui.
Il importe donc de rappeler avant tout que, dans la découverte freudienne de la sexualité
infantile, le sexuel est à la fois primaire et génital : Structure de base aux franges de notre
animalité, dépositaire et conteneur de nos pulsions, tant libidinales ou haineuses
qu'épistémophiliques, l'Infantile est cet alliage de pulsionnel et de structural « souple », qui fait
que l'on est soi et pas un(e) autre. Irréductible, unique et par là même universel, l'Infantile est
donc bien ce par quoi notre psychisme va advenir, dans tous les développements de sa
bisexualité psychique organisée par l'Œdipe.
3-2-2. L'infantile traumatique
Le traumatisme désigne la représentation de l'événement et son impact sexuel sur
l'organisation fantasmatique du sujet (fantasmes originaires). Le trauma désigne l'action, tant
positive que négative, du traumatisme sur l'organisation psychique : troubles identitaires, zones
psychiques mortes, etc. La conséquence la plus directe et la plus importante du trauma est un
clivage qui s'opère dans la personnalité naissante du jeune enfant. Il est très important de
comprendre que ce clivage ne suit pas les lignes des clivages normaux et fondateurs propres à
l'organisation psychique personnelle de tout sujet, mais il est imposé par la pathologie de la
personne, ou de la situation, traumatogène.
Pour Ferenczi, le trauma doit être considéré comme résultant d'une absence de réponse de
l'adulte face à une situation de détresse de l'enfant. Ferenczi a su qualifier de traumatiques des
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attitudes d'absence psychique de la mère ou de son substitut ou, à l'opposé, d'exigence
démesurée et d'insensibilité aux affects de l'enfant. Il y a vu la cause d'un vécu de
disqualification, voire de déni de ses affects, ce qui est éprouvé par l'enfant comme un véritable
« viol de la pensée ».
3-3-1. Les Psychothérapies
C’est un médecin anglais, Tuke, qui créa, en 1872, le terme «psychothérapeutique» mais c’est un
médecin français, Bernheim, chef de file de l’école hypnologique de Nancy, qui utilisa le
premier, le terme de «Psychothérapie».
A son origine, la psychothérapie se définissait «comme ce qui relève de l’influence de l’esprit
sur le corps dans la pratique médicale». Elle a aujourd’hui un sens plus restreint et la définition
la plus courante affirme que la psychothérapie est «L’aide qu’un psychisme peut apporter à
un autre psychisme». Cette affirmation implique le recours à des moyens pour y parvenir et
des buts pour en fixer les limites. Les moyens de la psychothérapie sont extrêmement diversifiés
et vont de l’utilisation de la parole comme unique vecteur de la guérison jusqu’à l’adjonction de
techniques diverses, comme la médiation corporelle, la musique, l’art, le dessin, etc. Dans tous
les cas, une bonne relation psychothérapique avec le patient s’avère indispensable.
On appelle Psychothérapie, tout traitement, au moyen de procédés psychologiques, de la
souffrance psychique d’un individu, que celle-ci se manifeste par une maladie mentale, une
difficulté d’adaptation ou un trouble psychosomatique. Cependant, toutes ces variations sont
fondées sur trois éléments essentiels : le psychothérapeute doit détenir un savoir-faire
spécialisé et avoir une pratique patiente de l’Ecoute du sujet. La psychothérapie est encadrée
par des théories sur les causes des troubles et les techniques permettant de les soulager. La
relation entre le thérapeute et le patient est bien plus importante que dans les autres
traitements médicaux, la communication étant le moyen de guérison privilégié dans la plupart
des formes de psychothérapie. Enfin, toute psychothérapie, si elle n’aboutit pas à la guérison,
implique du moins un processus de changement.
3-3-2-1. Les différents courants psychothérapiques actuels
La pratique de la psychothérapie requiert des connaissances théoriques et pratiques ainsi que
des capacités et des aptitudes individuelles. La compétence psychothérapique va s'appliquer
lors de la pratique en situation auprès de personnes souffrant de troubles psychologiques et
mentaux.
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Le courant comportementaliste et cognitiviste
C’est le courant dominant actuellement et celui qui est le mieux validé dans ses résultats
thérapeutiques. Il s’inspire de l’application de la psychologie expérimentale au champ de la
clinique pour comprendre, évaluer et traiter les troubles mentaux et ceux du comportement. Il
applique les données de l’apprentissage répondant, opérant, social et cognitif et cherche à
modifier la clinique quotidienne au moyen des mécanismes mis à jour par la recherche
expérimentale clinique. De plus, le cognitivisme considère les troubles des conduites et des
comportements, de même que les symptômes d’allure névrotique, comme relevant de
dysfonctionnements dans les programmes d’apprentissage.
Le courant systémique
Il repose sur des conceptions théoriques inspirées à la fois de l’anthropologie et de la théorie
générale des systèmes. La modélisation systémique s’intéresse en priorité aux interactions
familiales et aux indices contextuels sociaux dans lesquels se trouve impliqué le patient plutôt
qu’aux facteurs subjectifs de ses troubles. Identifier les dysfonctionnements familiaux
permettrait ainsi d’en corriger les effets négatifs et de favoriser les ressorts créatifs du patient et
de ses proches.
Le courant humaniste
La psychothérapie humaniste se centre sur la personne «client-centered psychotherapy» et
cherche à promouvoir l’autonomie de celle-ci mais elle a l’ambition de le faire en dehors de
toute théorisation préalable. Elle préconise une relation d’aide basée sur une compréhension
réciproque et sur l’empathie du thérapeute pour son patient. C’est un psychologue américain,
Carl Rogers, qui a défini le premier les concepts de la psychothérapie humaniste et précisé sa
technique. En dehors de l’empathie, celle-ci se fonde sur la notion de «congruence», c’est-à-dire
sur la coïncidence intuitive des sentiments du thérapeute avec ceux du patient. La congruence
s’exprime par la reformulation des affects tels que le psychothérapeute les ressent, c’est-à-dire
avec un certain décalage qui permet de valider positivement les sentiments négatifs éprouvés
par le patient. La psychothérapie humaniste se pratique aussi en groupe. Elle insiste alors «sur
les aspects bénéfiques de la rencontre et sur les espaces de liberté que celle-ci permet d’ouvrir».
Les psychothérapies humanistes s’adressent surtout à des individus qui cherchent à «épanouir
leur personnalité».
Le courant «éclectique et intégratif»
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Il se base sur la constatation de la multiplicité des techniques, le manque de cohérence et la
pauvreté de certaines théorisations, le dogmatisme, l'ostracisme de nombreuses écoles divisées
et opposées en «chapelles» rivales. Il propose d'introduire plus de rigueur dans ce domaine, sur
la base d'études scientifiques. Ne privilégiant a priori aucune théorie, ce courant considère qu'il
faut arriver à mieux décrire les indications des différentes techniques et ne pas refuser leurs
associations, si elles permettent d'être plus efficace. Cette théorie des facteurs communs a
d'importantes répercussions sur ce que l'on peut concevoir comme mode de formation.
Le courant éclectique et intégratif relève de la mise en œuvre parallèle ou séquentielle des
différents facteurs communs à toutes les techniques psychothérapiques, et vise à utiliser au
mieux et à renforcer la qualité de l'alliance thérapeutique avec le patient.
3-3-2-2. Différents niveaux de psychothérapies
On peut décrire plusieurs niveaux à savoir :
•
•
•
Un premier niveau constitué par l'aide psychologique de la vie courante, sorte de
psychothérapie du profane, fondée sur le bon sens et réalisée dans le milieu naturel en
utilisant les aptitudes psychologiques spontanées présentes chez toute personne
humaine.
Un deuxième niveau désigne la mise en place délibérée et active d'un processus
relationnel dans un cadre spécifique construit grâce à des «attitudes psychothérapiques»
qui sont celles qu'enseigne la psychologie médicale lors de la formation de tout médecin.
Ce type d'interventions connaît un développement croissant à l'heure actuelle dans les
différentes spécialités médicales en particulier pour la prise en charge des maladies
chroniques ou engageant le pronostic vital.
Un troisième niveau regroupe les interventions classiquement désignées sous le terme
de psychothérapies proprement dites, ou psychothérapies codifiées. Elles sont le fait de
techniques psychologiques systématisées fondées sur un corpus de connaissances
théoriques et empiriques bien spécifiées et faisant l'objet d'un contrat de soins explicite
entre le thérapeute et son patient. Ajoutons qu'ici, contrairement au niveau 2, le contrat,
le processus et les techniques relationnelles sont parfaitement congruentes.
On ne peut décrire toutes les psychothérapies de niveau 3 et nous venons de voir qu'elles
se distinguent par leur référence théorique (psychothérapie d’inspiration
psychanalytique,
psychothérapie
cognitivo-comportementale,
psychothérapie
systémique, humaniste), par le moyen de communication privilégié (verbale, non
verbale, corporelle), ou par le nombre de personnes concernées.
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On peut donc résumer ce qui précède en disant que la psychothérapie fait avant tout partie du
domaine du soin ; qu'elle est un outil thérapeutique faisant appel à un ensemble de pratiques
dont l'efficacité doit être évaluée dans le traitement des troubles psychiques. Comme tout geste
technique en médecine, un temps diagnostique préalable permettant de poser clairement les
indications à partir d'éléments diagnostiques et d'établir le projet de soins avec son cadre
spécifique et contractuel.
3-3-2-3. Les grandes techniques psychothérapeutiques
On distingue les psychothérapies à long terme et les psychothérapies brèves ou à court terme
(nombre de séances inférieur ou égal à 40). Elles peuvent être centrées sur un événement ou
bien être interprétatives et centrées sur la personnalité. L’objectif du traitement est l’acquisition
d’une prise de conscience (insight) ou l’obtention d’un changement de personnalité, et les
techniques utilisées mettent l’accent sur le travail d’interprétation et d’analyse du transfert.
La psychothérapie psychanalytique
Pour Freud, le développement d’une personne comporte des pulsions sexuelles et des pulsions
d’agression que le sujet ne peut pas tolérer et qui sont rejetées de la conscience. Ces
représentations psychiques des pulsions sont refoulées (elles sont inconscientes), mais
cherchent constamment un exutoire ; elles peuvent ainsi se manifester comme symptômes
d’une névrose. La psychanalyse postule que ces symptômes peuvent disparaître si on amène au
niveau conscient les émotions et les fantasmes refoulés.
Freud accorde par la suite une grande valeur au transfert, c’est-à-dire à la réponse émotionnelle
du sujet au thérapeute. Dans le cadre de la cure psychanalytique, le transfert est un processus
inconscient par lequel les désirs de l’analysant s’actualisent sur des objets extérieurs, soit sur
l’analyste, celui-ci ayant une position parentale.
La psychothérapie d’inspiration psychanalytique
La psychothérapie d’inspiration psychanalytique est une pratique dérivée de la psychanalyse.
Dans sa forme la plus commune, elle se pratique en face à face, selon un rythme de séances
différent de celui de la cure type (en moyenne une séance par semaine au lieu de trois). Elle se
réfère aux concepts de la théorie psychanalytique, et plus particulièrement aux notions
d’inconscient, de transfert et d’interprétation dans le transfert.
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Le processus de changement attendu de la cure repose sur la reconstruction de faits
inconscients permettant de donner accès à des représentations jusque là réprimées, déniées ou
inaccessibles. Le transfert et le contre-transfert sont les moyens sur lesquels repose la
dynamique du traitement.
Psychothérapie de l’enfant
La psychothérapie de l’enfant prend naissance avec Anna Freud (1895-1982) et Mélanie Klein
(1882-1960), qui développent des thèses radicalement opposées en matière de psychanalyse des
enfants. Pour la fille de Sigmund Freud, la psychanalyse de l’enfant se distingue fortement de
celle de l’adulte dans la mesure où, d’un point de vue technique, l’enfant n’est pas capable
d’association libre ; il existe également chez l’enfant une impossibilité de transfert. Les théories
de Mélanie Klein impliquent au contraire la croyance en une véritable possibilité de
psychanalyse des enfants, fondée en particulier sur une technique spécifique, la play therapy.
Psychothérapies individuelles
À la fois thérapie de soutien et processus de développement, elle offre à l’individu la possibilité
de découvrir et d’élaborer progressivement, la voie du changement, de l’autonomie et de
l’équilibre. C’est à dire, les Psychothérapies individuelles, le Développement personnel, le
Coaching, ou la Gestion du stress, d’un point de vue neurophysiologique, facilitent la
communication entre les deux hémisphères gauche et droit du cerveau, (conscient et
inconscient, logique et intuitif), permettant ainsi l’accès aux ressources profondes de l’individu
et l’ouverture vers des remaniements psychiques.
Les psychothérapies comportementales et cognitives
Contrairement à la plupart des thérapies proches de la psychanalyse, la thérapie proposée par le
behaviorisme ne repose pas sur une théorie des névroses. Elle est plutôt une application de
méthodes de la psychologie expérimentale aux problèmes du patient. Elle ne cherche pas à
intervenir sur la personnalité globale du patient mais traite directement le symptôme.
Les thérapeutes sont souvent des psychologues ; ils ne s’intéressent pas directement aux forces
psychologiques sous-jacentes mais au comportement qui engendre le malaise du sujet. Pour
eux, tous les types de comportement, normaux ou inadaptés, sont appris en fonction de
principes bien précis, qui ont été étudiés en détail, notamment par le Russe Ivan Pavlov et par
l’Américain Burrhus Frederic Skinner.
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Les psychothérapies de soutien
Ce sont les plus fréquents. La relation médecin/malade est utilisée comme un soutien pour
renforcer les capacités d’adaptation du moi et permettre un équilibre épanouissement. Il s’agit
donc d’aider le patient à surmonter une crise, à rétablir son équilibre intérieur et d’obtenir la
plus grande amélioration symptomatologique.
Il s’agit de renforcer les défenses du moi et de ne pas prétendre modifier l’économie de la
personnalité du sujet. En principe, par analyse du transfert, les entretiens sont directifs, le
thérapeute intervient dans la vie familiale, professionnelle du patient, prend partie par des
suggestions, des réassurances, des persuasions, des conseils, etc. mais, il faut éviter d’établir une
relation de dépendance.
Les psychothérapies humanistes
Sont désignées sous le terme de psychothérapies « humanistes » (ou existentielles) une grande
variété de psychothérapies dont le point commun est d’être destinées aux individus qui
souhaitent parvenir à un épanouissement personnel.
L’un des pionniers est Carl Rogers (1902-1987), né à Chicago, ce psychologue américain a
développé les notions de « non-directivité » et de thérapie « centrée sur le client ». Selon lui, le
thérapeute doit adopter une approche de type empathique, basée sur la confiance. Le potentiel
peut être découvert avec l’aide d’un thérapeute.
La gestalt-thérapie
La gestalt-thérapie est une autre approche humaniste, développée dès les années 1940 aux
États-Unis par l’Allemand Friedrich Perls. Pour ce psychanalyste de formation, l’individu doit
être considéré comme une totalité en relation avec un environnement – théorie de la gestalt,
«forme» en allemand. La civilisation moderne produit immanquablement des névroses, parce
qu’elle oblige les gens à refouler leurs désirs naturels. Elle contrarie une tendance profonde de
l’homme à ajuster sa biologie et sa psychologie à l’environnement et provoque des névroses
d’angoisse. Les soins passent par le rappel à la conscience des besoins insatisfaits (les « gestalts
inachevées ») afin de rendre au patient sa totalité, son unité. Perls élabore ainsi une thérapie
corporelle et propose notamment au patient des exercices d’amélioration de la perception des
émotions, de l’état physique et des besoins réprimés. Conduite individuellement ou en groupe,
la gestalt-thérapie comporte généralement une séance hebdomadaire sur une période qui peut
aller jusqu’à deux ans.
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Coaching et Développement personnel
Un lieu pour l’exploration de soi, à la fois d’objectivation active et de « lâcher prise », dans une
optique de développement et d’autoréalisation personnelle.
Coaching professionnel
Analyser et potentialiser ses compétences, explorer ses motivations et les valoriser, définir et
mettre en place un projet, établir des stratégies d’action, déceler et dépasser des obstacles
personnels et professionnels, gérer son Stress.
Relaxation
Autant préventive que curative, grâce à différentes techniques de détente psychocorporelle, elle
procure un bien être immédiat et durable pour un confort à la fois physique et mental.
Hypnose thérapeutique
Processus dynamique d’évolution et de progression personnel qui, par la mobilisation active de
l’imaginaire et la mise en route d’un voyage intérieur, permet une plus grande communication
entre le corps et la psyché, le conscient et l’inconscient, et libère ainsi la voie d’un travail
psychologique profond. Une expérience hypnotique n’est atteinte que si le patient le désire
(jamais contre sa volonté). Elle n’a rien de surnaturel car c’est un état que nous vivons
naturellement plusieurs fois dans la journée.
PNL
Utiliser la programmation neurolinguistique pour dévoiler et désamorcer progressivement des
stratégies inconscientes qui peuvent bloquer le processus de développement et d’équilibre
recherché. Comportements et représentations limitantes peuvent alors évoluer en direction de
nouvelles perspectives choisies et désirées.
Les autres psychothérapies
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Elles se définissent tantôt par les interlocuteurs auxquels elles s’adressent: groupe, famille,
couple, institution, tantôt par le procédé qu’elles utilisent : art-thérapie, musicothérapie,
ergothérapie, tantôt par l’utilisation d’une médiation corporelle: relaxation, etc. Mais le critère
de classification le plus pertinent reste la théorie psychologique à laquelle le thérapeute se
réfère et les modèles conceptuels qu’il utilise pour comprendre la dynamique psychique de son
action. C’est en fonction de ce type de choix théorique qu’il peut élaborer ses interventions et
modéliser le type de relation qu’il désire avoir avec son patient.
Les psychothérapies de groupe
Un groupe est constitué par un ensemble de personnes ayant le même objectif thérapeutique.
On considère que les principaux changements et progrès observés en thérapie de groupe
proviennent des interactions entre les membres du groupe ; le thérapeute est chargé
d’encourager ces interactions et de les contrôler.
Le psychodrame
Il est apparu en Europe et aux États-Unis au début du xxe siècle. Le psychiatre Jacob L. Moreno
est le premier à l’utiliser. Il amène ses patients à améliorer la prise de conscience de leurs
problèmes en leur faisant jouer leur propre rôle. Le «psychodrame» de Moreno, basé sur la
spontanéité des participants et leurs interactions, s’est répandu dans le monde entier. Il est
utilisé pour le traitement des patients névrosés et psychotiques et pour la formation de
praticiens du domaine psychiatrique. Il est également indiqué dans les cas de conflits familiaux
ou professionnels.
Les thérapies familiales
Les thérapies familiales sont une application particulière des thérapies de groupe. Dès les
années 1930, Adler travaille avec des familles, mais il faut attendre le début des années 1950
pour que d’autres thérapeutes commencent à traiter les familles plutôt que les individus et leurs
conflits internes. Ce mouvement thérapeutique part du principe que les relations familiales
habituelles affectent profondément les problèmes psychologiques d’un membre de la famille,
qui les influencent en retour, devenant le symptôme apparent d’un système familial
pathologique. Il appréhende la famille comme un système faisant lui-même partie d’un système
et composé de sous-systèmes. Ces thérapies, dites «systémiques», s’intéressent aux relations
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
38
entre les individus dans le système et tentent d’agir sur son organisation pour améliorer le bienêtre de chacun. La communication paradoxale (les injonctions contradictoires…), le patient
désigné (individu porteur du symptôme familial), la transmission intergénérationnelle sont les
principaux concepts de la théorie systémique. Les séances sont collectives, plusieurs
thérapeutes sont présents (en général deux).
Les séances sont filmées ce qui permet de les étudier par la suite. Durant la séance les
thérapeutes observent les relations, la communication des membres de la famille. Les séances
sont le plus souvent mensuelles. Les thérapies familiales sont diverses, elles sont indiquées pour
les familles de patients schizophrènes et de patients souffrant d’addiction.
3-3-2.
Situation actuelle des psychothérapiques
Quatre catégories distinctes se réclament actuellement du qualificatif de psychothérapeute:
•
Des médecins et psychiatres formés de façon variable au cours de leur cursus aux
interventions de niveau 1 et de niveau 2, mais dont l'accès aux interventions de niveau 3
relève d'un choix personnel ;
•
Des praticiens médecins ou non médecins (en général psychologues) qui ont acquis une
formation de niveau 3 qu'ils exercent de façon exclusive;
•
des psychologues cliniciens disposant d'une formation universitaire et paramédicale
variable suivant leur cursus au sein des structures de soins psychiatriques;
•
enfin de nombreuses personnes plus ou moins identifiées qui se prévalent d'une formation
personnelle acquise auprès d'écoles psychothérapiques variées et exerçant une activité sur
laquelle on doit avoir les plus grands doutes et émettre les plus grandes réserves.
La situation est à l’heure actuelle si confuse et l’un des éléments du débat repose sur l’urgence
du risque que représente l’utilisation par les sectes des moyens de la psychothérapie. Il faut
rappeler que la psychothérapie ne fait, à l’heure actuelle, l’objet d’aucune définition légale et
que ni la pratique professionnelle, ni l’usage du «titre» de psychothérapeute ne sont
réglementés dans certains pays (en France et au Bénin).
Conclusion
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
39
Les psychothérapies font partie du domaine du soin. Elles constituent un outil thérapeutique
qui recouvre un ensemble de pratiques dont l’efficacité est et doit être évaluée dans le
traitement des troubles mentaux. Elles se différencient des techniques qui visent au
développement personnel (amélioration des performances, du bien-être, etc.) et au règlement
d’un problème particulier (conseil, conseil conjugal...) en dehors d’une pathologie mentale
spécifique.
En somme, si la relation singulière entre une personne en souffrance et un thérapeute reste un
élément déterminant dans le choix et la conduite d’une thérapie, l’information des usagers et la
formation des thérapeutes doivent se faire en relation avec les preuves scientifiques disponibles.
Elles sont deux points majeurs pour améliorer l’offre de soin et d’accompagnement.
MODULE 4 :
PERSONNALITÉ ET DÉVELOPPEMENT DE L’ESTIME DE SOI
DE L’ENFANT EN SITUATION DIFFICILE
Objectifs
Diagnostiquer un trouble de la personnalité et apprécier son retentissement sur la vie
sociale du sujet
Identifier les situations d’urgence et planifier leur prise en charge
Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient.
Plan
Introduction
4-1.
Définitions de la personnalité
4-1-1. Chez l’enfant
4-1-2. Chez l’adolescent
4-2. Formes cliniques et classifications de la personnalité
4-3. Blessures d’enfance
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
40
4-4.
Les troubles de l'estime de soi : qu'est-ce-que c'est ?
4-4.1. Les troubles associés à une mauvaise estime de soi
4-4.2. Les signes renvoyant à une mauvaise estime de soi
4-5. Développer son estime de soi
4-5-1. Évaluer l'estime de soi
4-5-2. Comment évaluons-nous ce que nous valons?
4-5-3. Le développement de l'estime de soi depuis l'enfance.
4-5-4. Développer l'estime de soi des enfants.
4-6. Les thérapies de l'estime de soi.
4-6-1. Les thérapies cognitivo-comportementales
4-6-2. La psychanalyse
Conclusion
Introduction
L'être humain ne peut pas être conçu isolé de la société. Or dans cet environnement social,
l'élément le plus significatif pour l'être humain, c’est justement ses relations interpersonnelles
avec les autres êtres humains. En effet, à la base de nos comportements sociaux, il y a toujours
un souvenir des actions gratifiantes et de celles qui ne le sont pas. Mais ce qui est gratifiant et ce
qui ne l'est pas est largement tributaire de la culture à laquelle on appartient. Et la culture est un
système d’éducation.
A l’origine le terme qualifiant la personnalité pathologique est emprunté soit à l’affection dontelle est censée constituer le terrain (personnalité hystérique, schizoïde, cycloïde, paranoïde,
etc.), soit à une affection dont les symptômes sont reproduits à minima par la personnalité
pathologique (personnalité obsessionnelle ou phobique), soit aux stades de développement
ayant fait l’objet de fixations (personnalité orale, anale, phallique). Il est important de savoir
qu’en pratique, il s’agit d’un patient qui souffre de troubles isolés de caractère ou de symptômes.
4-1.
Définitions de la personnalité
Du latin « persona » qui signifie « masque de théâtre », la personnalité désigne la façon de se
présenter face aux autres de façon cohérente. Comme l’intelligence, la personnalité est un
concept abstrait qui ne peut être vu, touché ou mesuré directement. Pour les psychologues, la
personnalité est un élément relativement caractéristique et constant dans la façon de penser,
d’agir et de ressentir de quelqu’un. Elle est habituellement définie comme l’organisation
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
41
dynamique des aspects intellectuels, affectifs, volitionnels, physiologiques et morphologiques
de l’individu. En outre, la personnalité n’est plus un ornement du tableau clinique. C’est un
élément essentiel à la compréhension d’un sujet souffrant et c’est bien souvent un facteur
important d’aggravation.
En psychiatrie, nous parlerons de trouble de la personnalité uniquement lorsque certains des
traits de la personnalité sont stéréotypés, rigides, inadaptés et ont un impact sur la vie
relationnelle et sociale du sujet, sur son bien être.
4-1-1. Chez l’enfant
Classiquement, on reste prudent avant de parler de « trouble de la personnalité » et de poser
une étiquette sur une personnalité encore en pleine évolution et en construction.
Certains auteurs ont toutefois décrit des traits de personnalités repérables dès l’enfance, de
même que certains modes préférentiels d’entrée en relation avec l’environnement : inhibition,
hyperactivité, égocentrisme, … Avec le temps, ces traits de personnalité peuvent devenir rigides,
inadaptés et s’accompagner de problèmes d’adaptation, de difficultés à être en relation avec les
autres et de sentiments subjectifs de malaise et de souffrance.
4-1-2. Chez l’adolescent
Les troubles de la personnalité produisent des perturbations durables et stables des
perceptions, des sensations, des pensées et surtout des relations avec autrui, qui correspondent
à un ensemble de traits de caractère, qui interfèrent significativement avec l’adaptation
relationnelle et sociale et qui sont à l’origine d’une souffrance subjective et parfois considérable.
Ils apparaissent au cours du développement dans l’enfance ou l’adolescence et se poursuivent à
l’âge adulte.
Peut-on parler, avant la fin de l’adolescence, d’une organisation stable et durable ?
<
4-1-3. Formes cliniques et classifications
La notion de troubles de la personnalité a pris un essor particulier avec les classifications
diagnostiques multiaxiales qui prennent en compte, au delà des entités nosographiques
psychiatriques classiques, les traits qui caractérisent le fonctionnement psychique au long
cours. Le DSMIV valide le diagnostic de troubles de personnalité chez l’enfant, lorsque les
manifestations durent plus d’un an. La classification de l’OMS (CIM 10 – ICD 10) retient elle
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
42
aussi plusieurs catégories qui reposent sur l’existence durable de traits de caractère regroupés
sans exclusion mutuelle.
Ainsi, d’une façon générale nous avons entre autres classifications : d’après le DSM IV sur son
axe II, 3 groupes A, B, C.
A : personnalités aux comportements bizarre ou originel :
Personnalités paranoïaques (sur leur garde, en alerte, ils adoptent une attitude agressodéfensive ; ils épient, généralisent, interprètent de la flagrante des mauvaises fois) ;
Personnalités schizoïdes (solitaire, lointain, peu affectif et peu expressif, il paraît
indifférent aux sentiments d’autrui. Flegmatique incapable d’aimer et d’haïr, il mène une
existence sans intrigues, développant pour lui-même ses propres loisirs et occupations) ;
Personnalités schizotypiques (étranger à la société, le sujet est bizarre, lunatique, occupé
par ses songes et s’exprime de façon complexe et alambique. Pas forcément timide ou
isolé, il est habité par des croyances étranges et des perceptions inhabituelles. C’est le
caractère réversible de ses impressions, l’absence de délires vrais et d’automatisme mental
qui fait ici la différence avec la schizophrénie) ;
B : personnalités aux comportements théâtraux, excentriques, dramatiques.
Personnalités narcissiques (hautaines et prétentieuses, ils sont à l’aise, insouciantes et
sans scrupules) ;
Personnalités hystériques (caractérisées par la quête d’attention, le sujet s’investit et
sollicite des réactions des autres) ;
Personnalités antisociales ou psychopathe (recouvre un ensemble d’anomalie du
caractère et des conduites à début précoce (avant 15 ans), avec non prise en compte des
règles sociales – difficultés de l’adaptation ou l’inadaptation permanente aux lois et aux
normes de la vie en société. Les termes de « déséquilibré psychique », de « sociopathe »,
de « antisocial » sont communément utilisés pour désigner cette forme de déviance
sociale qui s’observe surtout chez le genre masculin et dans les milieux socio familiaux
désorganisés. On notera chez l’antisocial, une instabilité, une impulsivité, une agressivité,
une inaffectivité, les troubles de conduites sexuelles ne sont pas rare (sadisme,
masochisme, sexualité de groupe, prostitution), une absence d’anxiété. Il a une
biographie mouvementée caractérise par un style d’existence marqué par l’instabilité,
l’impulsivité et l’inadaptation.
A l’adolescence, les troubles s’accentuent : conflits répétés avec l’autorité, fréquentation
des groupes marginaux ou délinquances. A l’âge adulte, l’instabilité persiste,
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
43
compromettant l’insertion socio professionnelle, précipitant le déséquilibré dans des
entreprises hasardeuses qui tournent court.
Le déséquilibré n’exprime ni honte, ni remords, bien au contraire il a tendance à
incriminer la malchance, à se poser en victime de la société et surtout à rejeter la
culpabilité sur l’entourage qui a pu faire obstacle à la réalisation immédiate de ses désirs.
Il est incapable de se projeter dans un avenir à long terme tout comme de tirer leçon du
passé.
L’appréciation de la responsabilité pénale du déséquilibré délinquant constitue un des
problèmes les plus difficiles de l’expertise psychiatrique. Les cas les plus sévères peuvent
être assimilés à l’état de démence au sens de l’article 64 du code pénal.
Personnalités limites ou borderlines (anxieux, dépressif, impulsif, dépendant, le sujet est
caractérisé par l’excès, la passion et l’instabilité de l’humeur, des relations
interpersonnelles et de l’image de soi) ;
C : personnalités aux comportements anxieux ou craintifs.
Personnalités obsessionnelles (fondées sur le perfectionnisme, la méticulosité, le souci de
la propreté et des règles strictes) ;
Personnalités dépendantes (cherchent une protection qui l’amène à une quête
permanente de réassurance sur un ton de pleurnichard, humble, doucereux et insistant) ;
Personnalités évitantes (fuyant les regards et les occasions de rencontre, ils rasent les
murs ; insignifiant et neutre, la timidité est leur sentiment central et l’évitement leur
stratégie majeure) ;
Nous nous sommes tous, un jour ou l’autre, sentis tristes, ou seuls, nous avons tous eu
des ennuis, nous avons été jaloux ou en colère, il nous est tous arrivé d’avoir peur…
4-2. Les Blessures d’enfance
Le terme "blessures d'enfance" renvoie ici à un ensemble d'expériences négatives qui ont
marqué l'histoire personnelle… à un point tel que la personne "blessée" en garde des
séquelles psychologiques : souvenirs douloureux et répétitifs, perte d'estime de soi, modes de
relations conflictuelles, maux physiques, sentiments incontrôlables de tristesse, angoisse,
frustration, honte, désespoir etc. Malheureusement, l'enfance a parfois été le théâtre de situations
traumatisantes : séparation dramatique des parents, contexte de pauvreté, violence physique ou
psychologique, abus sexuel, négligences grave ou mort précoce d'un parent. Ces situations
laissent bien souvent des traces profondes. Deplus, l'idée de "blessures d'enfance" peut aussi
relever d'un ensemble d'expériences moins spectaculaires, mais qui peuvent néanmoins avoir
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
44
un impact sur l'humeur et sur la personnalité. Les souffrances de l'enfant s'inscrivent alors
dans le corps et l'esprit de l'individu. Celui-ci se voit ainsi en proie à des problèmes répétitifs
dans sa vie adulte. Il est souvent en détresse et ne comprend pas ce qui lui arrive. Il se sent
parfois comme un enfant dans un corps d'adulte.
L'origine de telles "blessures d'enfances" relève souvent de certaines dysfonctions ou certains
conflits au sein de la famille. Une relation parent-enfant déséquilibrée peut être en cause. Il est
bien connu en psychologie que l'expérience des premières années de la vie a un impact très
déterminant sur le développement de la personne. On parle particulièrement de la forme de
parentage et des types d'expériences d'attachement entre parents et enfants. On sait
aujourd'hui qu'une relation dysfonctionnelle entre le parent et l'enfant en bas âge entraîne des
problèmes sur le plan du développement socio-émotionnel de celui-ci. On pense ici à des
parents dépendants de leur enfant, des parents intrusifs, brusques, désorganisés ou trop centrés
sur eux-mêmes. Ou encore, on peut nommer le fait de parents en retrait, indifférents, voire
abandonnant ou rejetant leur enfant. Plusieurs parents, eux-mêmes troublés par leur histoire,
lèguent ainsi un lourd héritage à leurs enfants.
Bien sûr, il n'existe pas de parents parfaits. Même s’ils n’ont pas été "suffisamment bons", un
individu "blessé" ne devrait pas juste blâmer ses parents pour les rendre responsables de tous
ses malaises personnels. Mais il pourrait être salutaire pour lui de consulter un psychologue ou
un psychothérapeute, afin de poser un regard sur les difficultés et les souffrances de l'enfant
qu'il a été : Pour comprendre les liens entre son passé et son présent ; pour guérir un ensemble
de blessures issues de traumatismes ; pour réparer ou s'affranchir d'une relation marquée par
les brisures ; pour faire des deuils nécessaires et trouver un sens aux épreuves qui ont marqué sa
vie et pour mieux agir sur ses difficultés actuelles, reprendre confiance et continuer à se
développer pour le mieux.
4-3. Développer son estime de soi
4-3-1. Les troubles de l'estime de soi : qu'est-ce-que c'est ?
L'estime de soi est un concept psychologique qui renvoie au jugement global positif ou négatif
qu'une personne a d'elle-même. L'estime que l'on va avoir de soi dépendra de beaucoup de
paramètres. L’environnent, l'éducation, la personnalité, les capacités physiques et
intellectuelles, etc. se sont là autant de variables qui vont influencer le jugement que nous
portons sur nous-mêmes. L'estime de soi se construit durant l'enfance et évoluera au cours de la
vie avec les expériences de réussite et d'échec.
Une faible estime de soi pourra entraîner un mal-être et des difficultés dans les relations avec
les autres personnes. Elle sera également un facteur de risque pour le développement de
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
45
troubles psychologiques. Les personnes qui ont une faible estime d'elles-mêmes ne se trouvent
jamais assez bien, jamais à la hauteur et en souffrent terriblement.
Au contraire, une estime de soi très haute pourra amener la personne à avoir des
comportements et des attitudes souvent mal perçus par les autres qui verront souvent en elle
une personne hautaine et un peu trop sûre d'elle. Une estime de soi très haute peut conduire la
personne à avoir des conduites à risque se pensant à l’abri de tout.
Enfin, une «bonne» estime de soi correspondrait à une estime de soi satisfaisante, ni trop
faible ni trop élevée, ce qui favorise l’épanouissement relationnel et le bien être personnel.
Depuis quelques temps les chercheurs et les médias s’intéressent de près à l'estime de soi et de
nombreuses actions de santé s'organisent pour développer une «bonne estime de soi». Cette
démarche permettrait aux enfants et aux personnes de s'épanouir dans de nombreux domaines
et leur éviterait de développer des troubles tels que la dépression et certains troubles anxieux.
4-3-2.
Les signes renvoyant à une mauvaise estime de soi.
Une personne qui a une mauvaise estime d'elle-même pourra :
• se faire constamment des reproches intérieurs ; avoir des difficultés à régler les problèmes ;
• se sentir incapable d'accomplir des choses (projet professionnel...) ;
• se sentir inférieur(e) aux autres ; se déprécier sans même s'en rendre compte ;
• s'évaluer d'après ses échecs et les critiques des autres personnes.
Un enfant qui a une faible estime de lui va souvent développer des troubles du comportement,
il pourra :
• avoir du mal à se faire des amis ; être facilement frustré ; se culpabiliser ;
• se dévaloriser ; être impulsif ; se rendre malade avant des contrôles ou des examens ;
• faire des crises pour attirer l'attention ; développer une timidité excessive.
4-3-3. Les troubles associés à une mauvaise estime de soi.
Dans les études, on retrouve plusieurs troubles associés à une faible estime de soi. La
dépression est l'une des principales maladies fortement liée à un trouble de l'estime de soi. Les
personnes anxieuses présenteraient également une plus faible estime d'elle-même que les
personnes ne souffrant pas d'anxiété. De même, les personnes atteintes de troubles du
comportement alimentaire tels que la boulimie et l'anorexie, auraient une estime d'elle faible et
basée en grande partie sur l'apparence physique. Enfin, lorsqu'on interroge les personnes
souffrant d'addictions (alcool, drogue, etc.), on constate qu'elles ont une image très négative
d'elles-mêmes.
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
46
4-3-4.
Comment évaluons-nous ce que nous valons?
Ce jugement est à la fois subjectif et objectif. Il est influencé par les expériences, les capacités
(physiques, intellectuelles) et le tempérament général optimiste ou pessimiste de la personne.
L'estime de soi est l'ensemble des jugements (être capable, important, digne, etc.) que la
personne a d'elle-même dans différents domaines (travail, scolaire, apparence physique,
etc.). L'estime de soi dépendrait non seulement de la perception que les individus ont de leurs
réussites et de leurs échecs mais également de leurs objectifs de réussite. Lorsqu'une personne
dépasse ou atteint les objectifs qu'elle s'est fixée, par exemple la réussite d'un examen après
avoir beaucoup travaillé, son estime d'elle-même serait renforcée.
Au contraire, lorsque les ambitions fixées dépassent les capacités, comme par exemple courir
un marathon en étant peu entraîné(e), l'échec sera souvent effectif et pourra conduire la
personne à s'estimer négativement, si elle attachait beaucoup d'importance à la réussite. C'est
en connaissant bien ses capacités et en fixant des objectifs réalisables que nous mettons toutes les
chances de réussite de notre côté. Il est souvent difficile de bien connaître ses capacités réelles. La
vision que nous avons d'elles est fortement influencée par le jugement d'autrui et par nos
sentiments. Des personnes auront toujours tendance à se surévaluer ou au contraire se sousestimer. De nombreuses échelles et questionnaires sont utilisés par les professionnels de santé
(psychiatre, psychologue, psychologue scolaire, etc.) afin de sonder l'estime de soi des
personnes. Ces outils varient quant à leur conception (modèle théorique utilisé), leur forme
(questionnaire, inventaire, etc.) et le public visé (enfant, adolescents, adultes).
L'échelle d'estime de soi de Rosenberg est une échelle souvent utilisée par les psychologues
exerçant avec des adultes. Le patient est invité à répondre graduellement (tout à fait en
désaccord, plutôt en désaccord, plutôt en accord, tout à fait d'accord) à une dizaine
d'affirmations du type « Je sens peu de raisons d'être fier de moi.», « Parfois, je me sens
vraiment inutile.» En fonction des réponses fournies par la personne interrogée, le psychologue
pourra déterminer si la personne peut présenter un trouble de l'estime de soi.
4-3-5.
Le développement de l'estime de soi depuis l'enfance.
Les pédagogues et les psychologues scolaires s’intéressent beaucoup à l'estime de soi des
enfants. Avec la maison, l'école est le deuxième lieu important où se met en place l'estime de soi
des enfants. L'estime de soi, qu'a l'enfant au départ, dépendra beaucoup de la qualité de la
relation qu'il entretient avec ses parents et l'école (institutrice et camarades). Le style éducatif
(libéral, permissif ou autoritaire) encouragera ou non l'acceptation de soi et la confiance en soi
de l'enfant. Enfin, le discours que les adultes porteront sur les capacités de l'enfant est
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
47
également important. Permettre à l'enfant de connaître ses forces et ses faiblesses et à les
accepter est important pour qu'ils développent une bonne estime d'eux-mêmes.
Avec le temps, l'enfant se confronte à de nouvelles expériences et se détache de l'image de lui
que les adultes (parents, enseignants) lui renvoient. Il s'autonomise petit à petit, pense et émet
des jugements sur lui-même même. La vision et le jugement des autres sera toujours un facteur
d'influence mais dans une proportion moindre. A l'âge adulte, les bases de l'estime de soi sont
déjà en place et les expériences surtout professionnelles et familiales continueront de nourrir
l'estime que l'on se porte.
Pour développer l’estime de soi chez les enfants, quelques principes assez simples à mettre en
place peuvent favoriser le développement d'une bonne estime de soi chez l'enfant. Ces lignes de
conduite ont pour but d'encourager l'enfant à avoir confiance en lui tout en lui permettant de
développer ses talents. Grâce à des règles éducatives (claires, réalistes, peu nombreuses)
qui lui permettent d'évoluer dans un environnement sécurisant, l'enfant sera encouragé
à émettre son avis tout en se référant au cadre éducatif défini par ses parents. Il est
important de lui apprendre très tôt que si les règles ne sont pas respectées, il y a aura des
conséquences :
Lui permettre d'émettre son avis et de faire des choix (par exemple : entres 2
activités extrascolaires) afin de lui permettre d'acquérir assurance, confiance et sens
des responsabilités.
Il est important d'agir de façon à ce que l'enfant ait une vision positive mais tout de
même réaliste de lui-même (par exemple : souligner ses forces et évoquer ses
difficultés en ménageant sa fierté et en lui donnant les moyens de s'améliorer).
L'aider à exprimer ses émotions et sentiments et ne pas hésiter à susciter sa
motivation pour les tâches scolaires et de loisirs. Il est important de l'amener à aller
au bout de ses projets en respectant son rythme.
Enfin, l'encourager à aller à la rencontre des autres enfants et l'aider à trouver sa
place dans le groupe de ses pairs en gérant en partie lui-même les conflits.
4-4. Les thérapies de l'estime de soi.
L'estime de soi est importante pour être bien dans sa peau. Cela signifie qu'on reconnaît qu'on a
une valeur, qu'on est important et unique. Si on s'accepte avec ses qualités et ses limites, on a
plus confiance en soi, on s'affirme mieux et on se sent plus autonome. Il est important d'avoir
une image positive de soi pour augmenter son estime de soi.
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
48
Ainsi, tout problème lié à l'estime de soi devrait être signalé à un professionnel de santé. Les
psychiatres, les psychologues et certains travailleurs sociaux sont formés pour accompagner les
troubles de l'estime de soi à l’aide de techniques diverses et diversifiées :
Les thérapies cognitivo-comportementales sont largement utilisées pour
accompagner les personnes qui souffrent d'un trouble de l'estime de soi. A l'aide
d'exercices pratiques et de jeux de rôle, le thérapeute va amener la personne à mieux se
connaître, à accepter ses forces et ses faiblesses et à s'affirmer en supportant mieux les
situations d'échec. Un travail sur les pensées et les émotions négatives que le sujet porte
à son égard va être à la base de cette thérapie.
La psychanalyse peut également apporter une aide précieuse pour favoriser l'estime de
soi. Guider par un thérapeute dans la cure analytique, la personne aura accès à une
meilleure connaissance d'elle-même. Elle pourra affronter différemment ses blocages et
remettre plus facilement en question son mode de fonctionnement.
Conclusion
Aussi, bien qu’il n'existe pas de parents parfaits, même s’ils n’ont pas été "suffisamment bons",
un individu "blessé" ne devrait pas juste blâmer ses parents pour les rendre responsables de
tous ses malaises personnels. Mais il pourrait être salutaire pour lui de consulter un
psychologue ou un psychothérapeute, afin de poser un regard sur les difficultés et les
souffrances de l'enfant qu'il a été. Pour comprendre les liens entre son passé et son présent.
Pour guérir un ensemble de blessures issues de traumatismes. Pour réparer ou s'affranchir
d'une relation marquée par les brisures. Pour faire des deuils nécessaires et trouver un sens aux
épreuves qui ont marqué sa vie. Pour mieux agir sur ses difficultés actuelles, reprendre
confiance et continuer à se développer pour le mieux.
MODULE 5 :
IMPORTANCE DE LA PRISE EN CHARGE PSYCHOSOCIALE
INSTITUTIONNELLE DE L’ENFANT EN SITUATION DIFFICILE
Objectifs
Montrer l’importance du volet psychosocial au sein des structures à vocation sociale ;
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
Réalisé par André ALIHONOU, Psychologue clinicien, Octobre 2014
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Inciter les structures participantes à renforcer ou intégrer le volet psychosocial dans leurs
pratiques quotidiennes de prise en charge ;
Transmettre des repères théoriques et méthodologiques aux participants.
Plan
Introduction
5-1.
La pyramide de Maslow
5-1-1. La pyramide de Maslow, qu’est-ce que c’est ?
5-1-2. Les 5 niveaux de besoins de pyramide de Maslow :
Besoins physiologiques
Besoin de sécurité
Besoins d’appartenance
Besoins d’estime de soi
Besoins d’autoréalisation
5-2. L’accompagnement psychosocial
5-2-1. La description du volet psychosocial
5-2-2. Un mode d’intervention interdisciplinaire
5-2-3. Les besoins spécifiques et acteurs psychosociaux
Les besoins psychologiques
Les besoins éducationnels
Les besoins sociaux
Les besoins spirituels
La situation particulière des besoins psychosociaux
Etude de cas :
5-2-4. L’importance de la prise en charge psychosocial
Introduction
Si se nourrir, s‘abriter, se vêtir et avoir accès aux soins comptent parmi les besoins vitaux de
chaque individu, bâtir un équilibre psychologique et émotionnel, construire des relations
sociales harmonieuses sont tout aussi indispensables et nécessaires au développement de
chacun. Ainsi, les interventions psychosociales sont devenues de nos jours, un outil précieux et
une réponse à court et long termes des situations d’urgence. Elles apportent une dimension
supplémentaire à l’aide humanitaire traditionnelle (nourriture, eau et abris), en développant
l’aspect mental et social. En effet, le travail psychosocial communautaire est fondé sur la
croyance qu’une communauté meurtrie peut guérir et sur sa capacité à la résilience :
Connaissance de l’enfant pour une meilleure prise en charge de l’enfant en difficulté
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toutes les communautés et individus ont les ressources et stratégies nécessaires pour faire face
aux difficultés, maladies, blessures morales et situations de détresse.
5-1.
La pyramide de Maslow, qu’est-ce que c’est ?
Abraham Maslow a établi une règle de priorité concernant les besoins, désirs et motivations. La
pyramide de Maslow sert à les identifier et à les
hiérarchiser. Cet outil offre une base de réflexion
permettant de positionner les personnes et produits.
C’est une méthode qui peut aider à mieux cerner un
public visé, p.ex. (Métaphore) on ne vend pas une
voiture de luxe à une personne n’ayant rien à manger.
Cette hiérarchie issue de la pyramide de Maslow
s’adapte à chaque environnement spécifique et les 5
niveaux de besoins deviennent plus ou moins
importants. A propos, on note :
- Hiérarchisation = l’on ne peut satisfaire un
besoin supérieur que lorsque les besoins inférieurs
sont déjà satisfaits.
- Motivation = La motivation est incluse dans les besoins à satisfaire.
- Individualité = Chaque personne est concernée par un type de besoin que
l’environnement social doit apprendre à reconnaître.
5-1-1.
Les 5 niveaux de besoins de pyramide de Maslow
Les besoins physiologiques
Ces besoins sont ceux qui sont nécessaires à la survie d’une personne. Ils sont obligatoires car
boire, manger, respirer, dormir, … sont indispensables. Ce sont donc des besoins/produits reliés
au fonctionnement du corps humain. On nomme besoins physiologiques ceux liés au maintien
de l'homéostasie de l'organisme : la régulation des grands équilibres biologiques nécessaires au
maintien d'un état de santé physique. Nécessaires à la survie de la personne, ils sont impérieux
(respirer, boire, faire sesbesoins, manger, dormir, se réchauffer, …) et peuvent l'emporter sur la
conscience s'ils ne sont pas satisfaits. La présence à ce niveau du besoin de procréer est sujette à
discussion. Celui-ci, utile pour l'espèce, ne semble pas nécessairement présent chez tout
individu, ce qui fait que les interprétations divergent.
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Les besoin de sécurité
C’est un besoin de se protéger contre les agressions d’ordre physique, psychologique et
économique. Se sentir en sécurité et maîtriser les choses. Il s’agit de la sécurité des revenus
ou ressources, de la stabilité familiale, de la santé, (Sentiment de confiance) …. On nomme
besoins de sécurité ceux qui sont liés à l'aspiration de chacun d'entre nous à être rassuré du
lendemain, physiquement comme moralement : sécurité d'un abri (logement, maison),
sécurité des revenus et des ressources, sécurité physique contre la violence, délinquance,
agressions, sécurité morale et psychologique, sécurité et stabilité familiale ou, du moins,
affective, sécurité médicale/sociale et de santé.
Les besoins d’appartenance
Besoin d’être aimé par les autres, d’être accepté et d’appartenir à un groupe. C’est la peur de la
solitude qui apparaît et donc les personnes veulent avoir un statut, être un composante d’un
groupe, (Être aimé). Il s'agit de la recherche de communication et d'expression, d'appartenance
à un groupe. Ce besoin d'intégration dans le lien social va de pair avec le besoin de
reconnaissance et de considération. Le besoin d'amour doit pouvoir être pris en considération :
besoin d'identité propre (nom prénom) : besoin d'aimer et d'être aimé (affection), avoir des
relations intimes avec un conjoint (former un couple), avoir des amis, faire partie intégrante
d'un groupe cohésif, se sentir accepté, ne pas se sentir seul ou rejeté. Ce besoin se manifeste par
le comportement parfois atavique (volonté de ressemblance avec les ancêtres) ou grégaire
(instinct des individus à se regrouper entre semblables) de l'être humain.
Les besoins d’estime de soi
C’est le sentiment d’être utile et d’avoir de la valeur. Le besoin de se respecter soi-même et de
respecter les autres de se faire respecter et d’être capable d’influencer les autres. Besoin de
s'occuper pour être reconnu, avoir une activité valorisante qu'elle soit dans le domaine du
travail, ou dans celui des loisirs. Il s'agit en particulier, du besoin de se réaliser, de se valoriser (à
ses propres yeux et aux yeux des autres) à travers une occupation. Le Résident a aussi besoin de
faire des projets, d'avoir des objectifs, des opinions, des convictions, de pouvoir exprimer ses
idées.
Les besoins d’autoréalisation
Ces besoins sont liés au développement des connaissances. Il s’agit ici de révéler son propre
potentiel créateur, la personne cherche à s’accomplir. La personne veut résoudre des problèmes
complexes, elle a un besoin de communiquer. Besoin de poursuivre certains apprentissages
avec l'implication du goût de l'effort, de connaître de nouvelles techniques et d'avoir des
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activités purement désintéressées. Besoin de communiquer avec son entourage et de participer,
fût-ce modestement, à l'amélioration du monde.
5-1-2.
Distinction entre besoin et désir
Le besoin est exprimé par le cerveau inconscient sous forme d'une émotion qui en signale la
présence et la satisfaction ou la non satisfaction; tandis que le désir est exprimé par le cerveau
conscient sous forme de mots ou d'actes libres. Par exemple, tout individu a besoin de survivre
en cas d'attaque, par la contrattaque, ou la fuite (actions inconscientes ou instinctives). En
revanche, vouloir posséder une voiture est un désir. Le besoin est un sentiment de manque ou
de privation accompagné d'un désir de le voir disparaitre.
5-1.
L’accompagnement psychosocial
L’accompagnement psychosocial a pour mission prioritaire d'assurer la prise en charge des
bénéficiaires dans leurs démarches administratives, sociales, éducatives, psycho-médicales et de
vie quotidienne. Il prend aussi en charge leur réinsertion socioprofessionnelle quand c’est
possible. Il vise à court terme, la stabilité de la situation de l'intéressé ; à long terme, un
projet de vie individuel soutenu, si nécessaire, par un accompagnement thérapeutique.
Ainsi donc, de nos jours, l’appui psychosocial est-elle une nécessité ou un luxe dans la prise en
charge des bénéficiaires des structures à vocation sociale ?
5-1-1. La description du volet psychosocial
Le psychosocial est un terme qui décrit chez une personne, son développement psychologique
et son interaction dans un environnement social. En effet, le psychosocial est un « processus
visant à favoriser la résilience des individus, des familles et des communautés. Il aide les
personnes touchées par une crise à se rétablir et à mieux gérer ce type d’événements à
l’avenir ; dans le respect de l’indépendance, de la dignité et des mécanismes d’adaptation
des individus et des communautés, le soutien psychosocial encourage la restauration de
la cohésion sociale ».
Le rôle et la responsabilité du volet psychosocial au sein d’un organisme constituent un champ
important et relativement complexe. Ce volet nécessite donc une approche intégrée. Sa
description comprend la présentation du modèle organisationnel, la planification, l’approche et
les fondements théoriques, les phases de l’intervention, les catégories de personnes touchées, le
type d’intervention, le programme de formation et la trousse d’outils. En effet, ce rôle doit
avoir, dans notre projet de service psychosocial, une double finalité d’accompagnement : la
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restauration psychoaffective et l’insertion sociale et professionnelle. Lequel service doit
demeurer adaptable c’est-à dire être applicable en toute situation : s’adapter à la mission de la
structure mère.
5-1-2.
Un mode d’intervention interdisciplinaire
Les enfants et les jeunes ont des besoins complexes, et leur statut psychosocial varie à travers
les contextes sociaux, économiques et politiques. De plus, les besoins psychosociaux des filles et
des garçons selon l’âge et surtout durant la période de transition de l’enfance à l’âge adulte,
doivent être pris en compte dans toute conception de programme. Les réponses psychosociales
devraient se situer à plusieurs niveaux et prendre en compte un enfant individuellement, sa
famille, ses fréquentations, la communauté et la société au sens large. Elles s’inspirent
également de plusieurs secteurs parce que le bien-être de l’enfant dépend de ce qui se passe
dans une variété de domaines matériels, biologique, émotionnel, cognitif, culturel, spirituel,
social, économique et politique. La nécessité de soutien psychosocial est déterminée par la
situation individuelle de chaque enfant ou jeune.
L’intervention psychosociale préconise une approche respectueuse de la personne, de ses
proches et de la communauté, la compréhension globale de ses ressources et de ses besoins.
Elle tient compte à la fois des aspects liés à la problématique et de l’expérience subjective des
personnes. Elle encourage la promotion de l’autonomie de la personne par la reconnaissance de
ses droits, par le respect de ses choix et par son consentement éclairé à la prise en charge
psychosociale dans un processus de décisions partagées.
L’intervention psychosociale favorise le développement des compétences chez un individu, lui
permettant de répondre à ses besoins et de reprendre un pouvoir personnel sur les différentes
sphères de sa vie touchées par la problématique. La participation active de la personne et, si
possible, de ses proches à la définition des besoins et des problèmes prioritaires, à la
formulation des objectifs et des stratégies d’intervention se veut une entreprise de spécialistes
travaillant en réseau. La richesse du travail en réseau prend son souffle par la mise en commun
des expertises de plusieurs professionnels sur une même situation. Exemple : l’exploitation
psychosociale communément appelée phénomène de placement d’enfant, relève d’une
problématique multifactorielle qui prend appui dans le quotidien et l’environnement ; elle
nécessite un accompagnement en prise avec la réalité de l’enfant ou adolescent et son ressenti.
Ainsi, dans le cadre du suivi psychologique, il pourra tout autant être question des éventuels
troubles du comportement, de troubles psychopathologiques que de toute autre problématique
sans lien apparent avec la situation du bénéficiaire. Le travail social, quant à lui, soutient
indirectement le projet de prise en charge en facilitant les conditions fondamentales de son
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exercice. Il se situe ainsi dans l’interaction de l’enfant et de l’adolescent avec son
environnement.
L’intervention psychosociale soutient que le travail en collaboration interdisciplinaire constitue
une voie à privilégier pour répondre efficacement aux besoins diversifiés et complexes des
personnes victimes de violences psychosociales et de leurs proches. Elle reconnaît la
complémentarité des expertises et le chevauchement des champs de pratique comme une
réalité inévitable et souhaitable. Cette pratique de collaboration fait activement appel aux
connaissances des autres et à une attitude respectueuse vis-à-vis de la contribution de chacun ;
la reconnaissance des cadres de référence de chaque discipline avec leurs cultures et leurs
valeurs professionnelles singulières. Ainsi, l’articulation des interventions entre les
professionnels doit être guidée par la cible commune, soit celle d’offrir une réponse optimale
aux besoins de la personne et de ses proches.
<
5-2. Les besoins spécifiques et acteurs psychosociaux
Chaque personne a des besoins multiples ; plus encore, une personne victime et vulnérable.
Ainsi, six dimensions de besoins sont reconnues : les besoins physiques, éducationnel
(pratiques et informationnels), psychologiques, émotionnels, sociaux et spirituels. Quatre
d’entre eux sont généralisable :
Les besoins psychologiques
Les besoins psychologiques incluent notamment l’image corporelle, la sexualité, les relations
interpersonnelles, l’adaptation à la maladie et les troubles mentaux (la perte d’identité, la
dépersonnalisation, l’anxiété et la dépression étant les plus fréquents).
Les besoins éducationnels
Les besoins éducationnels prennent en compte les volets pratiques et informationnels de
l’individu, la rééducation socioprofessionnelle, la réappropriation de l’environnement pratique
(fonctionnel) de l’individu pour créer un environnement d’apprentissage sûr.
Les besoins sociaux
Les besoins sociaux comprennent, sans s’y limiter, les besoins organisationnels de la vie
quotidienne et domestique, les conditions matérielles et juridiques, les liens avec le réseau
socioprofessionnel, la famille et la communauté.
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Les besoins spirituels
Les besoins spirituels incluent la quête de sens, les relations aux autres, l’ouverture à la vie et à
une transcendance (valeurs et croyances), les rituels liés à une pratique religieuse, le
cheminement, l’intégration et le dépassement de soi dans la réalité vécue.
<
La situation particulière des besoins psychosociaux des proches
Dans l’environnement de l’individu, l’on retrouve souvent le réseau des aidants naturels et la
famille qui représentent pour lui, le premier réseau de soutien pour affronter la problématique.
Dans certains cas, même cette composition est absente. Notons cependant, que plusieurs
besoins ont été relevés chez les aidants naturels et les membres de la famille : besoins
d’information, réaction émotionnelle, etc. Ces besoins peuvent varier selon le sexe, le lien filial
ou d’amitié, ou encore la place de la personne dans son rôle d’aidant. La réponse offerte aux
besoins mentionnés devra tenir compte non seulement de leur nature, mais aussi de la
personne concernée.
Etude de cas
Les filles X et Y sont deux sœurs (la première (X) âgée de 16 ans en classe de 2nde et la seconde
(Y) petite, 14 ans en classe de 5ème) bénéficiaires de votre ONG qui les appuie sur le plan
scolaire. Elles vivent dans une grande précarité avec leur mère dame Z. Celle-ci a été
abandonnée par son époux qui a quitté depuis quelques années (une dizaine) le domicile
familial pour une destination inconnue et ne donnant aucune nouvelle de lui jusqu’à ce jour.
Depuis ce temps, elle s’est battue pour subvenir comme elle le peut aux besoins vitaux de ses
filles et assurer leur éducation. Au cours d’une visite à domicile, vous retrouvez dame Z
gravement malade et alitée. Elle a arrêté son petit commerce et est désespérée. Ses filles vont
souvent à l’école le ventre creux car elle n’arrive plus à leur assurer correctement les repas
quotidiens. Par ailleurs, elle doit des arriérés de loyer à son propriétaire qui menace de les
expulser.
Consigne 1 : énumérez explicitement le(s) diagnostic(s) assortis de cette situation (5mn)
Consigne 2 : élaborez un plan de prise en charge pluridisciplinaire (les grandes lignes) adapté à
cette situation (15mn).
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5-3.
L’importance de la prise en charge psychosocial
La collaboration interdisciplinaire est essentielle en intervention psychosociale. Elle exige des
professionnels, cette capacité à travailler en s’ajustant continuellement aux obligations de la
collégialité d’équipe. Elle oblige à considérer à la fois la complémentarité et la singularité des
pratiques. La capacité et l’intérêt à travailler en interdisciplinarité sont primordiaux,
constituant la pierre angulaire de l’efficience de l’intervention auprès du sujet et de ses proches.
Une collecte de données biopsychosociales selon des algorithmes permet de cibler les besoins
du sujet et de le diriger vers la ressource professionnelle la plus appropriée pour répondre à ses
besoins. Le rôle des professionnels psychosociaux à l’intérieur de l’équipe
interdisciplinaire, en plus de la prestation directe des prises en charge, est de faire
connaître au sujet et à ses proches les différentes évaluations et les interventions
disponibles ou offertes et de les vulgariser.
Les professionnels psychosociaux ont aussi le rôle de soutenir les membres de l’équipe
interdisciplinaire dans leur relation, notamment par des échanges centrés sur les habiletés de
communication de base et les interventions de soutien. Enfin, les réunions interdisciplinaires
sont un outil permettant d’évaluer toutes les facettes de la réalité des bénéficiaires et un lieu
privilégié de partage et d’intégration des compétences spécifiques de chaque professionnel dans
l’optique d’une offre de service adaptée et optimale qui soit organisée selon les besoins du
bénéficiaire et de ses proches.
Conclusion
Pour conclure, nous espérons avoir montré que les approches avaient leur place dans l’abord du
risque psychosocial et que chaque discipline (méthode) peut faire des choses dont l’autre est
incapable et se combinant l’une à l’autre, elles augmentent leur pertinence respective. Au final,
dans une grande entreprise, la clé d’une intervention efficace réside probablement dans une
articulation intelligente des différents types d’approches et par une bonne structuration de la
globalité de l’intervention.
L'objectif étant de faire pleinement adhérer la personne à son projet et ce en respectant son
rythme. L'approche, la durée et la méthode sont adaptées à la catégorisation de la
problématique. L'histoire de la personne est prise en compte et l'identification des structures
sociales qui peuvent répondre à ses besoins est réalisée avec l'usager afin de proposer des
solutions réalistes et adaptées.
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SYNTHÈSE
L'enfant est une réalité biologique, historique et juridique. Il est au cœur du système familial. La
famille est le premier lieu de socialisation (= processus par lequel le sujet va devenir un membre
significatif de sa culture et un acteur social significatif), également le lieu où l’enfant tri entre
l'interdit et l'autorisé. De plus, dans les domaines du soin, de l'éducation, de la punition: la
question de l'enfant et de la filiation est au cœur de ces trois axes. D’où la dualité actuelle est le
possible ou l‘impossible.
Par ailleurs, dans une grande entreprise, la clé d’une intervention efficace réside probablement
dans une articulation intelligente des différents types d’approches et par une bonne
structuration de la globalité de l’intervention. L'objectif étant de faire pleinement adhérer la
personne à son projet et ce en respectant son rythme. Son histoire est prise en compte et
l'identification des structures sociales qui peuvent répondre à ses besoins est réalisée avec lui
afin de proposer des solutions réalistes et adaptées.
Enfin, nous espérons avoir montré que les approches avaient leur place dans l’abord du risque
psychosocial et que chaque discipline (méthode) peut faire des choses dont l’autre est incapable
et se combinant l’une à l’autre, elles augmentent leur pertinence respective.
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