LES CHAISES D'EUGÈNE IONESCO MISE EN SCÈNE LUC BONDY THÉÂTRE mardi 15, mercredi 16, jeudi 17 mars à 20 : 30 maison de la culture, salle Jean-Cocteau durée 1 heure 40 réservation au 0473.290.814 www.lacomediedeclermont.com CONTACT PRESSE Céline Gaubert – t. 0473.170.183 [email protected] direction Jean-Marc Grangier « C'est aussi ce que me donne à moi-même, parfois la contemplation du monde : un étonnement pénible, le sentiment que tout est arbitraire et incompréhensible. Si ce texte peut transmettre à certaines personnes ce que j'ai ressenti moi-même je n'en demande pas plus : elles passeront comme moi, de l'étonnement à l'angoisse, car on s'aperçoit que ce monde étrange (et étranger, apparemment) est en fait notre monde au moment où il nous entraîne dans sa perte. Ainsi, si cela produit de semblables réactions, mon texte, mon univers n'est pas fermé : s'il étonne cela veut dire qu'on y accède par cet étonnement même (il nous étonne justement parce qu'il apparaît “ arbitraire ”, “ invraisemblable ”, non nécessaire). » Eugène Ionesco, dans une lettre à Sylvain Dhomme (metteur en scène), 1952 Les Chaises — 3 Pour égayer leur solitude et leur amour désuet, un couple de vieux remâche inlassablement les mêmes histoires aux répliques insensées. Mais le vieil homme détient un message universel qu’il souhaite révéler à l’humanité. Pour ce faire, il convie d'innombrables personnalités de tous ordres, invités imaginaires dont l’absence s’exacerbe à la mesure du nombre de plus en plus fabuleux de chaises vides. Car tel est le sujet de la célèbre pièce d’Eugène Ionesco : l’absence et le vide, l’irréalité d’un monde étrange qui va en s’anéantissant, en même temps qu’il provoque étonnement et éblouissement par son caractère parfaitement arbitraire. L’incompréhension de ce réel s’exprime dans le foisonnement obsédant et angoissant de la matière : autant de chaises que de fantômes, de regrets, de désirs. Le metteur en scène suisse Luc Bondy, l’une des figures les plus reconnues de la scène internationale, confie l’univers de cette farce tragique à un duo rare, dont le parcours marque autant le théâtre que le cinéma français : Micha Lescot, la finesse même, et la rayonnante Dominique Reymond, offrant à ces « gâteux » tendrement cocasses une profondeur sensuelle et éthérée tout à fait singulière. Les Chaises — 4 © Mario Del Curto Les Chaises — 5 7 avec La Vieille Dominique Reymond Le Vieux Micha Lescot L’Orateur Roch Leibovici décor et lumières Karl-Ernst Herrmann costumes Eva Dessecker conseiller artistique Botho Strauss son André Serré maquillage et coiffures Cécile Kretschmar collaborateur artistique Geoffrey Layton création vidéo Thierry Aveline assistant à la mise en scène Roch Leibovici assistant lumière Jean-Luc Chanonat assistantes scénographie Claudia Jenatsch, Anette Hirsch assistant son Pierre Routin assistante maquillage Noï Karunayadhaj accessoires Laurent Boulanger préparation physique Paillette construction décors ateliers du Théâtre Vidy-Lausanne et du Théâtre Nanterre-Amandiers stagiaire à la mise en scène Pénélope Biessy en tournée régie générale Julio Cabrera régie lumières Anna Diaz, Delphine Grandmontagne régie son Denis Hartmann régie plateau Laurent Boulanger, Enrique Mendez Ramallo maquilleuse, perruquière Marie Messien administration de tournée Xavier Munger production Théâtre Vidy-Lausanne coproduction Équinoxe, scène nationale de Châteauroux Wiener Festwochen coréalisation Théâtre Nanterre-Amandiers avec le soutien de la Fondation Leenards création le 29 septembre 2010 au Théâtre Nanterre-Amandiers texte publié aux éditions Gallimard, collection « Folio » Les Chaises — 6 NOTE D’INTENTION Ionesco était très ami avec mon père. Il travaillait pour une revue que dirigeait ce dernier, qui s’appelait Preuves. À 17 ans, je savais déjà que je voulais faire du théâtre et de la mise en scène. Il s’avère que Ionesco mettait en scène pour la première fois une pièce intitulée Victime du devoir à Zürich. Il avait besoin d’un traducteur et c’est ainsi que j’ai pu l’accompagner dans son travail pendant plusieurs semaines. […] J’avais 17 ans mais je savais que je passais mes journées et mes nuits avec une personnalité hors du commun. On côtoie très rarement dans la vie quelqu’un avec une telle liberté de parole, sans aucun a priori. Il était narquois, se fichait des gens qui avaient des idées préconçues. La tradition dit que la plupart des auteurs comiques ont une vision du monde pessimiste. Le comique et l’optimisme ne se marient guère, ils donnent du bonheur sans en avoir forcément. L’humour inclut souvent un don d’observation, d’invention et le « savoir » des systèmes qui se reproduisent, comme l’explique Henri Bergson dans Le Rire… Quand j’ai connu Ionesco, j’avais l’impression d’être comme avec un copain d’internat. Il aimait bien faire des blagues qu’il inventait avec génie, et en même temps sa vision eschatolo- gique du monde le rendait triste et dépressif. Il était très pessimiste, se sentait en permanence menacé par le totalitarisme. À l’époque le totalitarisme c’étaient les pays communistes. Donc il a été… mal perçu en France, parce qu’il était un anti communiste effréné. Cela a irrité beaucoup de gens, en particulier certains intellectuels et artistes français de l’époque. On ne disait rien de désagréable sur le communisme, comme Ionesco pouvait le faire ouvertement à cette époque là, avec une liberté absolue. Il était un artiste et il n’aimait pas les communistes. Voilà. Aujourd’hui c’est tout à fait courant de le dire. J’ai toujours aimé la pièce Les Chaises. À l’époque, elle s’inscrivait dans une forme de théâtre assez novatrice, même si elle a été écrite bien avant les années soixante-dix. Il s’agissait de s’interroger sur comment jouer et jusqu’où aller avec ce qu’on appelle l’imaginaire. Aujourd’hui c’est la solitude de ce vieux couple qui m’intéresse (vu mon âge naturellement !). La dérision de l’écriture me parait soudainement « réaliste » : quoi de plus normal que d’imaginer une fête ? La dernière fête avant de se suicider ? Il est peut être bien difficile d’exprimer l’Orateur aujourd’hui, car d’une certaine manière, nous avons surmonté (ou Photo-Romance — 7 peut-être pas) l’idée didactique du message final. C’est bien sûr l’anti-brechtien Ionesco qui parle à ce moment-là. Il faut donc réfléchir à rendre « l’anti » de cette époque pas trop vieillot et satisfaisant. C’est mon désir de distribuer deux acteurs en France que j’aime beaucoup – Micha Lescot et Dominique Reymond – qui m’a poussé à mettre à nouveau en scène cette pièce. D’abord parce qu’ils correspondent à la didascalie de Ionesco, c’est-àdire de choisir des acteurs jeunes pour jouer des vieux. Enfin, ce sont deux acteurs avec un humour incontestable et une intelligence de jeu nécessaires à faire vivre sur le plateau ceux qui n’existent pas. La proposition de Ionesco doit être complètement crédible dans sa folie : on devrait pouvoir deviner aussi tous les acteurs que j’aimerais distribuer mais qui ne sont ici que les invités imaginaires de la pièce. Ils doivent savoir jouer physiquement ces « autres » qui ne sont pas là. Luc Bondy, mai 2010 LUC BONDY Né à Zurich en 1948, il suit l’enseignement de Jacques Lecoq et de l’Université de Théâtre à Paris, puis s’installe en 1969 à Hambourg où il monte plusieurs pièces du répertoire contemporain (Genet, Ionesco), puis classique (Shakespeare, Goethe). En 1979, il réalise son premier long métrage, Die Ortliebschen Frauen. Son travail au théâtre continue à Francfort et surtout à la Schaubühne de Berlin, qu’il co-dirige de 1985 à 1987. En 1984, Patrice Chéreau l’invite à monter Terre étrangère, d’Arthur Schnitzler, aux Amandiers de Nanterre. Il adaptera la pièce au cinéma en 1988 avec Michel Piccoli, Bulle Ogier et Dominique Blanc. Toujours entre opéra et théâtre, entre classiques et contemporains, sa carrière se poursuit à travers toute l’Europe. Luc Bondy dirige actuellement les Wiener Festwochen où il présente en 2008 Les Bonnes de Jean Genet, avant de diriger Cate Blanchett, en 2010, dans Grand et petit de Botho Strauss. Les Chaises — 8 PORTRAITS DOMINIQUE REYMOND MICHA LESCOT Née en Suisse, elle est formée au Conservatoire de Genève et auprès d’Antoine Vitez qui la mettra en scène plusieurs fois. Elle travaille au théâtre auprès de grands metteurs en scène comme Jacques Lassalle, Valère Novarina ou Georges Lavaudant. Luc Bondy la met déjà en scène en 2004 dans Une pièce espagnole, de Yasmina Reza. Au cinéma, elle débute en1984 dans Pinot simple flic. En 1996, sa prestation dans Y aura t-il de la neige à Noël ? de Sandrine Veysset, lui vaut un prix d’Interprétation au Festival du film de Paris. Elle retrouve la réalisatrice en 2006, dans Il sera une fois. Olivier Assayas lui permet de dévoiler l’étendue de son talent dans trois films : Les Destinées sentimentales, Demonlover et L’Heure d’été. En 2009, on la retrouve sur la croisette de Cannes avec Adieu Gary de Nassim Amaouche, présenté lors de la Semaine de la critique. Formé au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, il joue au théâtre sous la direction de Roger Planchon, Denis Podalydès, ou encore Éric Vigner. Luc Bondy le met en scène en 2007 avec La Seconde Surprise de l’amour de Marivaux. À la télévision, il travaille notamment avec Claire Denis, Manuel Poirier ou Denys Granier Deferre. Au cinéma, il joue dans l’adaptation de Musée haut, musée bas de Jean-Michel Ribes, Nenette et Boni et Vendredi soir de Claire Denis, Le Plus Bel Âge de Didier Haudepin ou encore Enfermés dehors d’Albert Dupontel. Pour la danse, il s’est fait l’interprète de Mathilde Monnier dans Frères et Soeurs, chorégraphie présentée dans la Cour d’honneur au Festival d’Avignon 2005. Il obtient le Molière 2005 de la révélation théâtrale pour Musée haut, musée bas de Jean-Michel Ribes. « Il y a quelque chose d’athlétique dans la façon qu’a Dominique de se préparer au théâtre, d’y consacrer le tout de sa personne, corps et âme, de s’y risquer tout entière. C’est d’ailleurs ce qui donne à chacune de ses interprétations leur part d’inouï : son destin semble se jouer dans la courbe d’un geste, dans l’inflexion d’une réplique. Tout est grave et décisif, comme dans le jeu d’un enfant solitaire. Pourtant, infiniment relative, elle dialogue avec ce qui l’entoure, êtres et choses, et fait théâtre de tout ce qui se propose à elle. Sans perdre sa densité, elle rayonne et relie. Elle est de ces comédiens qui donnent du talent à ceux qui les dirigent. » Dominique Janneteau, metteur en scène, scénographe, directeur du Studio-Théâtre de Vitry. « Micha est un artiste de son propre corps, singulier, malléable, souple, élégant, plastique, avec lequel il travaille avec grâce. Il met son talent d’artiste au service d’une oeuvre, celle de l’auteur et du metteur en scène. […] Micha Lescot a la passion et le sens du théâtre, ça ne s’explique pas, c’est inné. Il entre sur la scène et immédiatement la salle est séduite, intriguée par cet acteur au charme magnétique. […] Je le comprends et il me comprend dans le sens où Jouvet aurait pu dire « comprendre c’est sentir, éprouver ». Peu de mots comme échanges, surtout pas d’explication et de commentaire. Micha doit entendre quelque chose dans ce que je ne dis pas, de la passion et du désir de théâtre qui m’animent. Éric Vigner, metteur en scène, directeur du CDDB, théâtre de Lorient. Les Chaises — 9 POUR PROLONGER LE SPECTACLE Bibliographie sélective, à emprunter dans les bibliothèques et médiathèques. Informations pratiques sur les sites des bibliothèques de Clermont-communauté : bibliotheques-clermontcommunaute.net et de la Bibliothèque communautaire et interuniversitaire de Clermont-Ferrand : bciu.univ-bpclermont.fr • Les Chaises : farce tragique (Et autres textes), Eugène Ionesco, Paris, Gallimard, 1995, 178 p. B.U. Lettes Gergovia médiathèques Alexandre-Vialatte (Aubière), Amélie-Murat (Chamalières) et Jaude • Les Chaises, Eugène Ionesco, Le Livre qui parle, 2001, CD Texte lu par l’auteur médiathèques de Jaude et Hugo-Pratt (Cournon) • Journal en miettes, Eugène Ionesco, Paris, Gallimard, 1992, 216 p. BU lettres Gergovia et médiathèque de Croix-de-Neyrat • Notes et contre-notes, Eugène Ionesco, Paris, Gallimard, Genève, A. Skira, 1969, 383 p. BU Lettres Lafayette • Découvertes : illustrations de l’auteur, Eugène Ionesco, 128 p. médiathèques de Beaumont, Jaude et Lempdes ; BU lettres Lafayette • Eugène Ionesco, le rire et l’espérance : une biographie, Gilles Plazy, Paris, Julliard, 1994, 299 p. BU Lettres Lafayette Rendez-vous sur www.lacomediedeclermont.com vous y trouverez des vidéos de spectacles, extraits sonores, photographies, entretiens avec les artistes, articles de presse régulièrement mis en ligne, ainsi que toutes les propositions de stages et de rencontres avec les équipes artistiques de la saison… Et rejoignez-nous sur Facebook ! LES SPECTACLES À VENIR LA TRAGÉDIE DU ROI RICHARD II mise en scène Jean-Baptiste Sastre avec Denis Podalydès du 23 au 25 mars à 20:00 maison de la culture, salle Jean-Cocteau LES RÊVES DE MARGARET de Philippe Minyana mise en scène Florence Giorgetti du 29 mars au 1er avril à 20:30 maison de la culture, salle Boris-Vian AFTERLIGHT chorégraphie Russell Maliphant 30 mars à 20:30ww maison de la culture, salle Jean-Cocteau direction Jean-Marc Grangier www.lacomediedeclermont.com rue Abbé-de-l’Épée 63000 Clermont-Ferrand t : 0473.170.180 / f : 0473.170.196 Licence diffuseur n° 146287, Siret 41389314000017, APE 9001Z EN ÉCHO LECTURE EXCEPTIONNELLE LES SONNETS DE SHAKESPEARE par les comédiens de La Tragédie du roi Richard II mardi 22 mars à 20:00 maison de la culture, salle Boris-Vian la formidable troupe d’acteurs, dont Denis Podalydès, liront Les Sonnets de Shakespeare dans une traduction inédite de Frédéric Boyer, au verbe résolument direct et contemporain « Il y a chez Shakespeare une vision du monde et du langage qui annonce Lewis Carroll. » Frédéric Boyer entrée libre réservation indispensable au 0473.290.814 DO YOU LOVE ME ? lecture-rencontre avec Florence Giorgetti, metteur en scène et comédienne, à l’occasion des représentations des Rêves de Margaret samedi 2 avril à 11:00 La Librairie, 14 rue Pascal – entrée libre Florence Giorgetti lira des extraits de son premier livre, Do You Love Me ?, paru tout récemment aux éditions Sabine Wespieser. Un récit rare, enchanté où l’actrice se met à nu avec une très grande honnêteté, fougueuse, cocasse, hypersensible. S’y croisent, avec une invention jubilatoire, la poésie, la liste de courses, le courrier, la philosophie, la psychanalyse.