Les fondements du commerce international • Le libre-échange, chacun s'en réclame mais personne ne le pratique. • Dans tous les pays du monde, on veut exporter sans pour autant subir la pénétration des produits étrangers. • Dans le domaine des échanges internationaux, on oscille entre libre-échange et protectionnisme. I. LE LIBRE-ÉCHANGE • Pour Adam Smith, l'échange international présente plusieurs avantages: – écoulement des surplus de production – accentuation de la division du travail – élargissement des marchés – diversité des produits; – baisse des prix ; 1) La théorie classique de l'échange international a)La théorie des avantages absolus • La théorie des avantages absolus a été élaborée par Adam Smith. Elle s'énonce comme suit. • Chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production des biens pour lesquels ses coûts de production sont plus faibles qu'à l'étranger, c'est-à-dire qu'il présente pour cette production un avantage absolu. • Les pays vont importer les biens pour lesquels leurs coûts de production sont supérieurs à ceux des concurrents étrangers. • Ce processus de spécialisation va conduire à la division internationale du travail. • Cette division du travail conduit à un gain économique pour l'ensemble des pays qui participent à l'échange. • Cependant, le raisonnement de Smith peut aboutir à une impossibilité de l'échange si un pays présente un avantage absolu dans la production de tous les biens. • Dans ce cas, le pays le moins bien placé serait amené à importer la totalité des biens sans rien vendre, ce qui aurait pour conséquence de rendre impossible tout échange. Cette impossibilité va être levée par la contribution de David Ricardo. b) La théorie des avantages comparatifs • Nous devons cette théorie des avantages comparatifs à David Ricardo qui a pris pour exemple les productions de vin et de drap réalisés en Angleterre et au Portugal. • Les coûts de production du vin et du drap sont supérieurs en Angleterre par rapport au Portugal. • Pour le vin, ils sont de 120 pour l'Angleterre contre 80 pour le Portugal ; pour le drap, ils sont de 100 contre 90. • Si l'on appliquait la théorie des avantages absolus, on arriverait à une impossibilité de l'échange puisque l'Angleterre est défavorisée par rapport au Portugal dans les deux productions. • Si nous prenons la production de vin, l'écart entre les deux pays est de 120 — 80 = 40. • Avec la production de drap, l'écart entre les deux pays est de 100 — 90 = 10. • Comparativement, l'avantage dans le vin pour le Portugal est plus élevé que pour le drap, le désavantage dans le drap est le plus faible pour l'Angleterre. • On dira que le Portugal possède un avantage comparatif dans le vin et que l'Angleterre en possède un dans le drap. Un pays va posséder un avantage comparatif par rapport à un autre dans la production où l'écart de coût est le plus élevé, l'autre possède un avantage comparatif dans la production du bien où l'écart de coût est le plus faible. • Dans une situation autarcique où il n'existe pas d'échange, les coûts de production totaux sont de 120+80+100+90=390. • Si l'on applique la théorie des avantages comparatifs et que le Portugal se spécialise dans la production du vin et l'Angleterre dans celle du drap, nous obtenons des coûts totaux, pour une même production, de (80 x 2) + (100 x 2) = 360. • L'échange est efficace puisqu'il permet de produire à moindre coût. • Ricardo démontre que, même dans le cas où un pays est moins efficace dans toutes les productions que ses concurrents, son insertion dans le commerce mondial sera rentable pour lui comme pour les autres pays. La spécialisation internationale va constituer un gain pour toutes les nations participantes. 2) La théorie suédoise de l'échange international a)Le modèle HOS • H, 0 et S correspondent respectivement aux initiales de Heckscher, Ohlin et Samuelson, qui ont élaboré cette théorie connue sous le nom de « théorie ou modèle HOS ». • Pour produire, il faut posséder les deux facteurs de production que sont le travail et le capital. • La dotation factorielle d'un pays correspond à l'abondance relative des facteurs de production. Un pays sera plus ou moins doté en capital ou en travail, ce qui signifie que l'intensité factorielle en capital ou en travail sera plus ou moins élevée. • La production d'un bien va nécessiter des quantités relatives de chaque facteur de production. L'intensité factorielle en capital, par exemple, représente l'intensité en capital par rapport au travail. • Les nations ont des dotations factorielles différentes. Certaines sont fortement dotées en travail, d'autres le sont en capital. • Le modèle d'Heckscher et Ohlin énonce que, selon sa dotation factorielle, une nation va se spécialiser dans une production qui requiert le facteur qu'elle possède en abondance. Si un produit nécessite une intensité factorielle forte en capital, par exemple, c'est la nation qui a une dotation factorielle élevée en capital qui va assurer sa production. • Le modèle initial de Heckscher et Ohlin sera complété par les travaux de Stopier, Samuelson et Rybczinski avec l'introduction de la mobilité des facteurs de production, la prise en compte de biens non échangés internationalement... b) Le paradoxe de Leontief • Au moment de l'étude menée par Leontief, fin des années 40, les États-Unis constituent une nation qui a une dotation factorielle où le facteur abondant est le capital. • D'après la théorie HOS, les exportations des États-Unis devraient être composées de biens où l'intensité en capital est élevée et les importations de biens à forte intensité en travail. • Or, les travaux de Leontief montrent des résultats inverses. Il s'agit du paradoxe de Leontief. • L'explication est que le facteur travail n'est pas homogène et qu'il faut intégrer la productivité. • La pénurie américaine n'est plus que relative car compensée par la qualité de la main-d'œuvre américaine. 3) Les nouvelles théories de l'échange international • Selon la théorie classique et néoclassique du commerce international, les pays sont hétérogènes et procèdent à des échanges interbranches. Or, on observe, avec le développement du commerce international, que des pays proches procèdent à des échanges interbranches. • Les pays économiquement proches procèdent à des échanges interbranches, c'est-à-dire qu'ils font des échanges croisés de produits similaires (automobiles contre automobiles). Ce phénomène s'observe tout particulièrement dans le commerce intrarégional comme, par exemple, à l'intérieur de l'Union européenne. • Les principales causes de l'échange intrabranche constituent les conclusions de ce qu'il est convenu d'appeler « la nouvelle économie internationale » : – les échanges se font sur des produits similaires entre pays semblables. En fait, les produits rendent les mêmes services mais sont différents. Les biens ne sont pas homogènes ; – la spécialisation internationale s'explique parla nécessité pour les entreprises de réaliser des économies d'échelle. Une firme doit limiter le nombre de modèles fabriqués ; – la concurrence est imparfaite alors que l'hypothèse de la théorie des avantages comparatifs est que la concurrence est pure et parfaite. 4) Les effets négatifs du libre-échange • Les principaux effets négatifs du libre-échange : – il existe entre nations des conditions inégales de concurrence car les États interviennent par des subventions, des normes, le contrôle des changes... ; – la concurrence est inégale si l'on prend en compte l'aspect salarial, les différences de coûts salariaux entraînent des délocalisations d'industries et des transferts d'emplois ; – les marchés domestiques sont « envahis » par des fournisseurs étrangers, ce qui peut mettre en péril le développement futur de pays; • les suppressions d'emplois du fait de la concurrence internationale ne compensent pas ceux qui seraient créés du fait de l'ouverture économique (suppressions d'emplois peu ou pas qualifiés et créations d'emplois qualifiés ou très qualifiés) ; • pour un pays donné, il n'est pas certain que les gains l'emportent sur les pertes, essentiellement en termes d'emplois, avec aussi la destruction à terme des systèmes sociaux, l'externalisation d'une partie importante de la production du fait des firmes multinationales. Il. LE PROTECTIONNISME 1) Le protectionnisme éducatif • F List a prôné le protectionniste éducatif, qui a pour objectif de protéger les industries naissantes. • Les premiers producteurs d'une jeune nation ont des coûts plus élevés, ils ne bénéficient pas d'économies d'échelle. • S'ils n'étaient pas protégés, ils subiraient la concurrence des nations aux industries arrivées à maturité et disparaîtraient. • Avec le protectionnisme éducatif, il ne s'agit pas de remettre en cause le bien-fondé du libre-échange, cette protection ne peut être que transitoire dans l'attente d'une égalisation des conditions internationales de concurrence. • Mais la tentation peut être grande de transformer une mesure transitoire en mesure permanente. 2)Définition du protectionnisme • Le protectionnisme se caractérise par la mise en place, par un pays, d'obstacles au développement des échanges extérieurs. • Le protectionnisme ne doit pas être confondu avec l'autarcie, qui correspond à l'absence totale d'échanges d'une nation avec l'extérieur. Avec le protectionnisme subsistent des échanges. 3)Les pratiques protectionnistes • Les pratiques protectionnistes apparaissent sous forme de barrières tarifaires et non tarifaires. • Les barrières tarifaires comprennent les droits de douane qui sont constitués d'un impôt prélevé sur un bien lors de son passage à la frontière, le prix se trouve augmenté de ces droits au détriment des consommateurs. • Les barrières non tarifaires sont des restrictions quantitatives non tarifaires comme – les barrières non tarifaires techniques ou réglementaires ; – le contingentement qui correspond à un plafonnement du volume d'importations d'un ou de plusieurs produits ; – la protection paratarifaire qui consiste à accorder des subventions et des crédits à l'exportation aux entreprises nationales. • On peut ajouter également le protectionnisme monétaire (la monnaie chinoise) quand une monnaie est durablement sous-évaluée • Les accords régionaux comme l'Union européenne ou l'ALENA (accord de libre-échange nord-américain entre le Canada, les États-Unis et le Mexique). Ces accords régionaux assurent le libre-échange entre pays signataires mais constituent une forme de protectionnisme vis-à-vis des pays tiers. • On peut classer les mesures protectionnistes en deux catégories : celles qui relèvent d'un protectionnisme défensif et celles qui sont plus offensives. • Protectionnisme défensif : droits de douane, barrières non tarifaires, techniques ou réglementaires, contingentement. • Protectionnisme offensif: protectionnisme monétaire, protection paratarifaire, accord régional. 4) Les effets négatifs du protectionnisme • Le protectionnisme présente plusieurs effets négatifs pour l'économie nationale, les consommateurs nationaux et constitue une menace pour la paix internationale : • il empêche l'exploitation des avantages comparatifs et les gains de la spécialisation internationale ; • une moindre concurrence entraîne un faible dynamisme de l'économie, la constitution de rentes de situation, des prix plus élevés, un choix de produits limité, des ententes entre producteurs nationaux ; • une innovation moindre à cause d'un progrès technique qui pénètre plus lentement et plus difficilement ; • des échanges internationaux faibles encouragent les replis sur soi, les nationalismes, facteurs de tensions.