Poèmes sur le thème de L’arbre Catégorie Jeunes de plus de 16 ans et Adultes Concours du 1er septembre 2016 au 18 février 2017 L’arbre qui protégeait les nymphes Les oliviers ondoient sous le mistral, C’est Pan qui vient sur la plaine rugueuse… Les feuilles frémissent comme un signal. Que fredonne la ramée mystérieuse ? C’est Pan qui vient sur la plaine rugueuse, Pan la nargue de son air bacchanal. Que fredonne la ramée mystérieuse ? « Cachons les nymphes du faune jovial ! » Pan la nargue de son air bacchanal Et se rit de l’oliveraie vertueuse. « Cachons les nymphes du faune jovial ! » Souffle tout bas la ramure noueuse. Pan se rit de l’oliveraie vertueuse, Mais l’olivier est arbre minerval… « Tiens bon ! » souffle sa ramure noueuse. Ainsi fut vaincu ce bouc infernal, Puisqu’olivier est arbre minerval. « Sylphes, oréades, vivez heureuses ! Il fut vaincu, Pan, ce bouc infernal ! ». La feuillée déploie son arcade ombreuse. « Sylphes, oréades, vivez heureuses ! », L’olivier défie les temps, triomphal, Sa feuillée déploie son arcade ombreuse, Son tronc s’érige fier en mémorial. L’olivier défie les temps, triomphal, Son écorce est sa cuirasse écailleuse, Son tronc s’érige fier en mémorial, Noble héritier de la terre pierreuse. Son écorce est sa cuirasse écailleuse, De ses fruits l’homme prend un suc cordial, Noble héritier de la terre pierreuse. Les oliviers apaisent le mistral… Florence Ricard Le PDG du futur J’étais soi-disant le PDG modèle, L’homme de l’année… On m’avait couvert d'éloges ; Mais tout ça, C’est du vent. J’ai fait faillite, Et on m’a oublié ; Je ne suis plus rien, Aucune pitié pour les loosers. Le Wall Street Journal Aurait mieux fait De parler de toi. Toi, Dans des usines écologiques, Tu recycles aussi Le moindre déchet. Le brevet Très prometteur Sur la captation de carbone Par Photosynthèse© Amènera, peut-être, La solution durable Au réchauffement climatique. Toi, Heureux, tu fais vivre Toi, plus d’un millier de familles. En bas de l’échelle, Discret, A tes pieds, Personne ne communique Travaillant tous pour toi, Sur ton business. Une myriade d’employés s’active. Pourtant, Les bulldozers Courtilière© Tes affaires sont toujours bonnes. Déblaient, Fier et ambitieux, Les vers tunneliers Tu affiches cette année, Creusent … Malgré la crise, Tu ne limoges jamais personne. Une croissance exceptionnelle. Les bénéfices La production de feuilles, profitant à chacun, Plus qu’encourageante, S’exporte par l’entreprise Vent d’Autan ©. Dans un grand respect De tes subalternes, Avec le bio-concept : graines, Tu t’élèves ainsi vers la lumière. Ce bijoux high-tech, Résistant Aux conditions les plus extrêmes, Homme de l’année, Tes filiales fleurissent La bonne blague ! Arriviste et égoïste, Dans le monde entier. J’étais un requin ; Avec cette progression vertigineuse, Le Pépin-Entreprise demain deviendra Je n’étais même pas un homme. La Forêt-Corporation. Les statistiques prévisionnelles En te regardant, Je me demande si un management Sont des plus optimistes. Humaniste et écologique, Gagnant-gagnant Serait possible ? Arbre, Serais–tu, Le modèle du PDG de demain… Fabrice Deprez Prince de l’élégance Il a la jambe bien faite, Douce comme du velours, Gainée de blanc pour la fête Du printemps et des amours. Son bel habit de fourrure, Sa botte de tigre blanc, Ne doivent qu’à la nature. La brise le voit tremblant. Sa tête oscille et vacille Tout en lui est frémissant Au moindre souffle il pétille De mille éclats bruissants. Sa chevelure légère Se dore sous le soleil. L’oiseau prend pour étagère Ses longs bras de pur vermeil. Ce Prince de l’élégance, Semblant nimbé d’un halo, Dandy, racé de naissance, Quel bel arbre, le bouleau ! Ginette Maur L’hormbre Petite graine pousse et deviendra grande Comme Papa et Maman qui enfantent Branches et feuilles apparaissent nourries par la sève L’innocence de la jeunesse fait de la vie un rêve Les saisons passent, le tronc toujours robuste Avant l’âge adulte, on se croit plein de ruse Cette plante est force, ne craint ni la pluie ni le vent L’humain subit sans aucune emprise sur le temps Ce bois traversera les générations dans cette forêt d’hommes L’être tombera dans l’oubli sauf sur une photo dans un album Indispensable, magnifique, fort, vivant, c’est l’arbre L’Humanité en est liée, c’est gravé dans le marbre Homme, arbre, si différent mais tellement pareil L’un rit, pleure, vit et meurt. L’autre paraît immortel Maxime Lesage L’arbre d’Oc Je répands sous l’humus mes racines profondes Pour goûter les saveurs de la glèbe d’antan Et mon feuillage épris du souffle de l’autan Conte le pays d’Oc aux âmes vagabondes. L’automne me dévêt, quand partent les arondes, Des ors dont se paraient mes membres de Titan, Lors je griffe le ciel, farouche capitan, Condamnant les corbeaux à d’inlassables rondes. Oublieux zélateur de ma splendeur d’été, Quelque passant parfois moque ma nudité, Mais, si le sort me voue au fer d’une doloire, Je ne redoute pas l’aube des lendemains Et contemple, interdit d’une tant vaine gloire, L’éphémère sillon que tracent les humains. Guy Vieilfault Prendre un arbre dans nos bras Sur mon chemin, j'ai rencontré un arbre mort, Totalement blanc et nu, déshabillé de son écorce, Cependant encore debout. Je me suis approchée pour regarder les hiéroglyphes, gravés dans sa chair, Minuscules et vivants tatouages écrits sur son âme, Minuscules et indescriptibles stries, secrètes écritures. J'ai enlacé cet arbre, Enfermé son tronc dans mes bras, Posé ma joue sur ce grand corps, droit et fier dans sa nudité. Alors, j'ai entendu la voix des forêts, émue, je me suis intégrée à l'arbre, J'étais à ma place et pleinement vivante... Vous aussi, essayez....Prenez un arbre dans vos bras. France Vincent A l’ombre du cerisier La terre pleure Le souvenir de tes pas Que tes semelles ont Trop souvent foulé. Le cerisier Ne fleurit pas, Il n’est plus là Depuis tant d’années. … Le chapeau de paille Accroché dans la grange Se repose à jamais. Sandrine Davin Un arbre, un pommier, un automne Pauvres pommes blettes d'êtres tombés, Ridées foutues par le temps, Tordues d'avoir trop vécu. Pommier détruit par le vent d'automne Tu as tant donné même des feuilles d'argent Arbre immobile qui a tout perdu. Te voilà gavroche les pieds dans l’eau Regarde-toi pauvre pommier, pauvre pierrot Tes feuilles et tes fleurs qui se dérobent Tu es bien seul dans le fond du jardin Même l'abeille s'en est détournée Tu paresses dans un dernier soupir. De longs jours avant le printemps Quelques bourgeons pour l'attendre Pour que naissent de nouvelles pommes, Comme avant. Alain Tardiveau L’arbre La forêt est immense De nombreuses feuilles offre un abri Arbres sans âge à l’écorce ridée Automne quand tu viens me chercher Les couleurs changent Elles étincellent Tombent les feuilles Elles craquent sous nos pas Bourgeonne au printemps Les arbres se réveillent La mousse recouvre le tronc Les jonquilles en bordure des forêts Renard sort de son terrier Renard se cache derrière le tronc Il cherche à manger L’hiver, les arbres dorment. Les oiseaux ne chantent plus Les arbres sont tristes l’hiver La neige tombe Le froid abîme les branches La forêt pousse bien l’été Les feuilles vertes grandissent. Les racines sortent de la terre La foudre fend les bois La pluie arrose la verdure Les oiseaux font des nids en haut Les œufs éclosent Les petits sortent du nid La mère nourrit les petits Les corbeaux croassent fort Les petits corbeaux tombent du nid L’arbre vit bien Les branches s’étendent au loin Les feuillus s’écartent dans les directions Quel est l’âge des arbres ? Patrick Renard Arboretum En hiver, dans la terre noire des anciens, Aussi noire que le temps des trop durs labeurs, Dansent les racines de celui qui demeure, Soucieux de ses ancêtres, désireux des siens. L'arbre étend radius, cubitus, et puis sa main, Vaste canopée du temps, jaune feuillage Des siècles qui courent, tournant toutes les pages De notre longue aventure, au sang souverain. Il pointe le ciel, transpire la chlorophylle, Mais, s'il n'évoque pas notre unique ascendance, On le débite en rondelles chaudes qu'on lance Dans les cheminées, au coeur d'un feu viril. L'arbre se fait logis, puis bateau, mais encore, Crosses d'un fusil, manche poli d'un poignard, Torturé dans sa splendeur par l'homme, couard, Qui préfère le verbe tuer, plutôt qu'éclore. Une fine allumette tiédit le tabac, Qui mord nos poumons au feu brûlant de la forge, Alors qu'un arbre sage, dénoue nos gorges, Filtrant pour nous les fumerolles ici-bas. Feuillette les pages de celui qui s'écrit, Mémoire ancestrale, ressouvenance antique, Grave dans l'écorce ces mots, presque rustiques: -Aimante forêt, ma campagne pour la vie. Jean Piet Entre ciel et terre L’arbre est au vent Ce que la voix est au silence Une musique légère Une danse lente Dans la transparence de l’air… L’arbre par son silence unit le ciel et la terre C’est lui Qui m’enracine Lorsque j’écoute son langage Dans l’écorce profonde de ses branches noueuses… Beau langage De l’arbre vivant Dans son silence éternel… Il est Entre ciel et terre La force de croire Que le monde est beau… Anne-Marie Laporte Mon arbre Mon arbre à moi, il a commencé petit, Replié dedans sa graine, Mais il a grandi, grandi, grandi, Malgré l'hiver, la grêle, la peine. Cet arbre m'a marqué comme le fer, Lui dont le tronc noueux a poussé sous mes doigts, Lui dont les bourgeons ont fait éclore des fleurs berruyères, Laissez-moi vous conter tout ce qu'il est pour moi. Mon arbre à moi il est musicien, Tantôt doux, tantôt rapide mais toujours magistral, Il compose de ces hymnes païens, Qui raisonne dans l'air comme un chant végétal. Il est à lui tout seul un ensemble orchestral, Ses bois ses vents jouent une mélodie, Et quand le printemps apporte ses notes florales, Elles viennent couronner cette picturale symphonie. Mon arbre à moi il est peinture, Il est fait de mille et une couleurs, Son écorce, ses feuilles forment une nature, Qui irradie de paix et de douceur. Avec toutes ses fines nuances, Il pourrait faire pâlir un Monet, Mais vers l’infini toutes il les lance, Pour qu'elles atteignent un jour l'éternité. Moi mon arbre il est sacré, Il est le temple des hirondelles et des mésanges, Quand l'hiver le recouvre d'un manteau nacré, Qui le contemple croit y voir les ailes d'un ange. Ses racines vont au plus profond de la terre mère Pour aller y puiser de l'ambroisie Mon Yggdrasil se nourrit de rayons solaires, Pour continuer à croître vers l’infini. Mon arbre à moi il est poète, Il reste de longues heures sur la rive à contempler, À écrire de ces rimes muettes, Issues des reflets de l'eau qu'il a tissés. En son creux avant que n'approche le matin, Je lui récite les sonnets que j'ai écrit, En retour il me murmure les siens, Coule alors les vers d'une arborescente poésie. Hélas il est des jours où la vie bascule, Et je fus contraint de quitter mon pays, Sur mon arbre sont tombés les crépuscules, Quand je vis partir mon enfance, mon Berry. Parfois au loin je me sens un peu seul Je me souviens alors de l'odeur de sa sève, Je le revois mon arbre, mon ami, mon Saul, Et sa voix m’accueille dans le pays des rêves. Z.A.C D’OCTOBRE ET D’AILLEURS Sans doute une autre fois, A repasser par là, Retourner sur mes pas Où il y avait un bois. Un jardin aussi, un square Des oiseaux, un belvédère, Des balades sur les sentiers A jamais rayés. Arbres absents à mes yeux, Irrémédiable morne plaine Qui pleure la nature perdue Après la coupe barbare Aucun qui s’étonne De l’ambition des hommes, D’en faire un lieu de culture En réduisant la Nature. Regret définitif, Désir du plus fort L’arbre abattu est mort Pleurs infinis, Perte d’un ami. Fait à Bourges le 16 Octobre 2016 Sur les pentes de seraucourt… Jacques Eloges de l’arbre Des arbres en forme de boule Des arbres parasols Des arbres qui tombent en pluie Des arbres droits comme des I Des branches qui s’étalent Des cimes qui s’élancent Des arbres qui s’épanchent D’autres qui s’en balancent Ceux qui donnent des feuilles Ceux qui donnent des fruits Ceux qui pleurent sans répit Tous les arbres tapent à l’œil Ceux qui font de la gomme Comme ceux qui donnent des pommes Nous portons tous vos fruits le toit de vos maisons Nous ornons vos jardins nous décorons vos places L’été nous apportons de l’ombre à vos terrasses Nous nous ornons de feuilles d’or quand vient l’automne De pétales au printemps Nous les piliers de la terre Nous vous donnons du bois pour vous chauffer l’hiver Du bois de chêne massif pour vos armoires à glace Du bois de merisier pour vos meubles à tiroirs D’ébène ou d’acajou pour vos meubles à bijoux Pour vos lits du bois d’orme pour que vos enfants dorment Du bois d’épicéas pour vos luths vos guitares Du bois d’érables ou d’hêtres pour vos murs vos fenêtres Du bois d’osier pour faire des nasses et des paniers Du bois de peuplier pour en faire du papier Les arbres le plus souvent de formes circulaires Ont des racines rampantes des bras tentaculaires Leurs feuilles de couleurs dansent avec la lumière Ils ont la grâce d’une divinité hindoue Et la sérénité d’un dieu qui fait la roue D’autres sont secs et droits sombres comme les Ifs Rigides, leur mine austère les rend moins populaires Sages ténébreux silencieux contemplatifs Leurs danses dans le vent sont moins spectaculaires Ils saluent humblement d’un geste pendulaire Qu’il s’habille d’épines ou de fleurs éphémères Qu’il chante au bord de l’eau ou côtoie les nuages L’arbre est un magicien qui à chaque paysage Compose avec le vent la pluie et la lumière Alain Hannecart Le chêne Le bois crépite dans la cheminée engourdie Le feu siffle, s’agite dans l’âtre rougeoyant L’écorce épaisse torturée par les vents Crie et gronde son humeur dans la pièce froide Ecoutez la colère du roi de la forêt, moribond Je ne demandai rien, mais toi tu m’as coupé le tronc Tu m’as saigné à mort avec une passe-partout édentée Tu m’as asséné de coups de hache et de coins aiguisés Alertée, entendant mon cri déchirant la forêt se tenait coite Blessé, dans une lente agonie, je me suis affaissé Couché sur la mousse la mort me poignardant Impudique, j’ai hurlé tout mon soûl en plein mois d’août Il n’y a plus de saison, il y’a de quoi vous rendre fou L’homme des bois est dur, rustique et sans entrailles Acharné sur mes branches, il me laissera d’âpres entailles Ma ramure démembrée, coupée en morceaux Sera jetée dans une grange près de vulgaires fagots J’étais pourtant un chêne dans sa toute puissance Le plus bel arbre vivant au sein d’un bois élégant Souvenez-vous de l’ombrage de mon feuillage Des bruissements d’ailes et des sifflements joyeux La nuit, Madame vous soupiriez d’étreintes étouffées Vous m’avez griffé l’écorce de cœurs et de lettres infidèles Lhomme cruel m’a vendu à la méranderie pour faire des planches Entravé de chaines j’ai pris la grand’route des vins Irai-je dans les caves du Médoc me faire réchauffer le corps ? Offrant au nectar trois siècles de parfums boisés Je goûterai enfin les vapeurs d’un vin unique valant de l’or Je serai si heureux d’y retrouver une trogne rouge et luisante S’accoler à mon bois, s’y tenant les côtes, heureux et titubant Je remercierai les mains crevassées du sage vigneron Sachant caresser le verre patiné… humant les effluves d’un roi. Martine Charron Écorce d’un temps Un songe, bruissement d’éternité, rêve éveillé s’étalant sous les yeux, les percutant, les remplissant, de joie, de beauté et de splendeur !.. Rien, rien n’approche encore ce rythme de couleurs, de symphonies s’ébrouant dans les courbes baroques des murs de marbre, splendeurs de dorures, croire n’est plus à l’heure, foi est faite de la beauté en tant qu’expérience tangible. Mourrons donc, rires improbables, mourrons ensemble sur cet autel de la vie, ce symbole du temps qui passe, et qui dure, et qui résiste à lui-même, qui résiste à ses propres malheurs, à ses propres ravines, à ses propres douleurs. Je ne peux que vous suivre, rires incroyables, dans vos courses fugaces, jouons donc sur les courbes de la misère, et que l’homme quitte les écrans, virtualité misanthrope, jouons à être grand, et essayons de voir ce que peut pour nous la grandeur d’Antiquité ! Quel égard donné aux regards ? Bruissement éveillé, rêve d’éternité, j’embrase mon être dans les turpitudes de mon sommeil, dans les inquiétudes de mes jours, dans les certitudes de mes nuits, tout peut, rien ne vaut ! Fuyons amis, fuyons aux bois, aux arbres, il n’y a que les vestiges d’une grandeur passée qui nous tiennent haleine au sein des villes ! Endormons nos peurs dans la valse immortelle des feuillages, impératrice du chant des champs, reine du chant des chants. Jetons nous au cœur de guerres dont l’avenir fera des fresques et des odes ! Brûlons nous d’amour et de chagrin, vivons ! Toujours, au détour des sentiers un siège au pied d’un symbole nous sera présenté… Cessons ces craintes vulgaires, j’abhorre vos lâchetés, j’y vois les miennes en reflet… Dansons le creux d’arabesques endormies dans le marbre, dansons nos visions ! Vincent Urban Souviens-toi Des heures durant, nous avons marché, Lourds de nos peines et de nos tourments, Légers de nos sourires échangés, Étonnés mais ravis, d’être vivants. L’ombre d’un chêne au détour d’un chemin, Nous séduit de mille feuilles agitées, D’un tronc noueux et chaud contre notre main, D’une majesté surgie du passé. Couchons-nous, regard perdu dans sa ramure, Et conservons le souvenir précieux, Bercés par l’immense murmure Ailé, des heureux jours de l’été. Tout à coup, s’avance l’heure rousse. Des feuilles tombées entravent nos pas Traînants, d’où montent les pensées douces Des morts aimés, que notre cœur pleura. Erables flamboyants, platanes blonds, Tous célèbrent en costume de feu, L’avènement de la morte saison, Ici, dans les limbes de matins brumeux. Automne des loups et des sorcières, Viens avec moi à l’étrange sabbat, Où tordant les cyprès des cimetières, Le vent murmure à l’âme : « Souviens-toi ». À la brune, les forêts se sont tues. Effeuillés, leurs troncs tâchés de sombre, Les bouleaux dressent leurs branches nues, Couvertes de givre, dans la pénombre. N’oublie pas le malheur des pauvres gens. Car le froid rend plus dure la misère. Pour qui compte au feu chaque sarment, Elle semble bien loin, la fin de l’hiver. Courtes journées, sur de tristes plaines, On fuit les champs. C’est la saison des villes, De lumières et de parfums, où traîne Un murmure : la promesse d’avril. Ou de mai, ou de juin, mois jolis. Aux rayons d’un soleil devenu ardent, Tout s’éveille, qui était endormi, Sous les baisers amoureux du printemps. Sous les peupliers neigeux, du coton, Où se cachent mille bêtes nouvelles. Parmi les cerisiers couleur bonbon, Fragiles, naissent des coccinelles. Partout, de feuille en feuille, ce murmure : Quoi ? Tu es encore là, dans la ronde ? Sois humble. Rends grâce à la Nature, D’être témoin de la beauté du monde. Françoise Gries Splendeur d’un arbre Se tenant fier et droit Il puise sa force dans la terre Ses racines sont ancrées dans le sol Il ne craint pas le froid Aussi fort que fragile Sa sève coule De son cœur, des odeurs se dégagent L’instant est tranquille Il est là, debout, puissant Fait face à toutes épreuves En toutes saisons Qu’il soit petit ou grand On s’y adosse paisiblement Lui, a la tête dans les nuages On grave notre amour dans son tronc Lui, expose ses branches fièrement Il se fait chauffage, refuge des familles d’oiseaux Offre son ombre, ses fruits Déverse son liquide précieux L’arbre est essentiel à notre vie. Eléna Signori L'olivier de l'espoir J'ai planté un noyau d'olive Dans mon jardin d’Éden. Une colombe inoffensive, Dans mon ambiance zen Ses puissants chants de paix a sifflés. L'espoir j'ai attendu. Au soleil, le noyau a germé. Au loin, j'ai aperçu Le tronc noueux briller, l'air divin. Il était tout en or. Puis, j'ai invité les baladins Afin qu'ils jouent trésors. Le géant distribuait son or. A ses pieds, des denrées Pour affamés, victimes du sort, Pour tous les va-nu-pieds. La nature enjouée, souriait. Le monde avait changé. De faim, plus jamais on ne mourrait Grâce à cet olivier. Ses longues racines dans le sol Puisaient de l'eau pure. Dans le firmament, les tournesols Ondulaient dorure. Mais déçue, je me suis réveillée... Adieu rêve, envolé ! Dans mon jardin, je n'avais planté Qu'une simple orchidée. Avec tristesse, ce matin-là, J'ouvris mes blancs volets Le bel olivier n'était point là Et l'orchidée dormait. Les baladins qui ne jouaient plus Leurs belles histoires, Étaient hélas tous redescendus De leurs balançoires. Je poussai porte de mon jardin Avec noyau d'olive, Et une colombe dans ma main Pour que Monde vive... Carole Regazzoni Inventaire ligneux Des bûches. Des poutres, des planches, Un char à bancs, Un cure dent. Ponts, Jolies cabanes, chalets. Boites diverses: Buffets, Berceaux, cageots. Puis Les fruits, Pommes, poires, abricots... Ceps, Sarments, Bouchons et tonneaux. Habitat Des écureuils, Chouettes, mésanges, bouvreuils... Sans Occulter, La pâte à papier, les sirops très sucrés, La résine, Hautbois, sculptures, Hautes futaies. Un rôle majeur dans l'écologie, Dans notre vie. Merci l'arbre ! Serge Coutarel Mon arbre de cœur Toi mon arbre de vie, mon arbre de cœur Laisse-moi toucher ta douceur Toi mon arbre de vie, mon arbre de cœur Enivre-moi de tes odeurs Toi mon arbre de vie, mon arbre de cœur Éclaire-moi de tes mille couleurs Toi mon arbre de vie, mon arbre de cœur Accompagne-moi sur le chemin du bonheur Toi mon arbre de vie, mon arbre de cœur Reste près de moi que je profite de ta douce chaleur. Mélanie Riffault Un arbre J’ai planté un arbre dans ton cœur, il fleurira Comme ton sourire, il germera Au creux de ton iris abasourdi Il couvrira tes faiblesses des matins incompris Il sera ton soleil, ton oasis Ton odyssée vers des éternités Sa dance sous les zéphyrs sera catharsis Il sera ton parapluie des jours ensoleillés J’ai planté un arbre dans ton jardin secret Un acacia ou un palmier Dans ses racines distille la vie Frotte-toi à son écorce infinie Il t’apprendra le calme, le sourire silencieux Le mariage entre le ciel et la terre des aïeux Il t’apprendra le vent Arrose-le calmement. Jocelyn Danga Racine d'espoir Au bord de la route qui mène au soir Se dresse l'arbre de notre espoir Que des gamins l'ébranlent à coup de sandales Que les amoureux l'égratignent de leurs initiales Notre arbre jamais ne s'en plaint Car l'air du temps toujours l'étreint Au vain tumulte infernal Il déploie sa stature boréal A l'automne il annonce les larmes L'hiver venant il abandonne les armes Mais jamais notre arbre ne s'en plaint Car l'air du temps toujours l'étreint Force sans fureur Vie sans malheur Et jamais ne se plaint L'air du temps pour toujours l'étreint L'arbre enfin s'endort Un monde s'éteint Martin Vagnoni La mort d’un arbre Un matin, m’asseyant près de mon chevalet, Dans un pré accueillant, je me vis inspirée… Les Muses, mes complices, doucement chuchotaient : «Tu seras une artiste, et laisse-toi guider ; Très harmonieusement, les lignes danseront, Travaille en t’appliquant, sème tes émotions! » J’aperçus un pommier, gisant dans la verdure, Le pauvre était couché, insulte à la Nature ! Ses racines cassées dévoilaient leur visage, Son écorce saignait, agressée par l’orage… Ne chantaient plus en chœur, ma main et mon esprit : Ô ! Festins de couleurs, agapes évanouies ! Le fil de mes pensées, bien vite, se tissa, Comme une histoire naît, d’un film, au cinéma. J’imaginais, bientôt, sombre dramaturgie, Un triste scénario, venu d’un ciel tout gris : « Le pommier résistait à la force d’Eole ; Le vent se déchaînait, dans une course folle; Plus lourdes que ses fruits, les années à porter, L’avaient tant affaibli, qu’il était épuisé … Mais les deux adversaires, luttaient champ contre champ, Se déclarant la guerre, au milieu du grand champ ! L’arbre versa des larmes ; l’ouragan assassin, Avant qu’il ne désarme, méprisa ce chagrin. La victime chuta, au cœur d’une rafale, Vaincue, elle s’effondra loin du tueur en cavale. Je la vis, par malheur, succomber brusquement, Expirant dans la peur et sans voir le printemps ! » Au gré de nos saisons, ornés de fleurs ou fruits, Vous êtes des fleurons, pommiers de Normandie ! Monique Renault Arbres, mon jardin Ton tronc est si grand, Et impressionnant Tes feuilles forment un toit Bien au dessus de moi, Je viens te voir tous les matins, Je touche ton écorse, et te donne la main, Avec le vent tes branches chantent, et c’est beau, Et les oiseaux font de même, là-haut. Tes racines poussent loin dans la terre du jardin, Tu as plus de 100 ans, et je le sais bien. Tu me donne l’oxygène et aussi ton amour, Je connais mes arbres et les aime en retour. Quand dans le voisinage j’entends les scies, Je pense aux arbres qui vont perdre la vie, Le tronc si fière est couché tout le long, Et les branches pleines de feuilles couvrent tout le gazon. Devant la maison des hommes jeunes et forts, Te coupe en morceaux et profitent de ta mort. Vas-tu devenir allumette ou cercueil ? Moi je suis triste et pour toi porte le deuil. Je voudrais que pour chaque arbre qui tombe, D’en planter un de suite nous incombe. Pour nous faire trouver ces forêts de naguère, Imagine qu’il n’y ai plus un arbre sur terre, Quelle triste et désolante perspective, Moi j’aime les arbres, il faut qu’ils survirent. Manja Klotz L’Arbre En hiver Avec mes airs de crucifié, D’écorché vif, de pauvre mime, Avec mes mains de vieux tendues vers la cime, Sciées par les bras sans pitié Des élagueurs. Au printemps Je sens que l’acné me bourgeonne De petits boutons poisseux pleins de merveilles Fragiles comme des abeilles Plein de promesses comme des nonnes Au printemps. En été Je me sens sûr et triomphant Je rayonne de ce qui sort de moi La sève comme un nectar champenois Monte à ma tête d’enfant En été En automne Le vent a ses contradictions Il me met tout nu, et il fait chaque jour plus froid, Je rêvais d’un destin de roi, Et je vaux moins qu’un champignon En automne. Vianney Déal Le chêne Toi le chêne, roi de la forêt Tu te plies pourtant à tous les caprices du temps Et après la pluie lorsque chaque feuille laisse perler une larme En petite note harmonieuse : comme un archet sur un violon moi j’écoute la symphonie que fait le vent dans ta ramure. Ami des grands espaces Suivre du regard une feuille d’automne Se détacher sans bruit, M’attarder une nuit pour écouter le silence Et si les oiseaux et les lutins te font fête Tu restes indifférent à toute heure qui fuit Quand le soleil s’endort. ton ombre solitaire apaise le voyageur. Lorsque de tes branches la bûche fumera je ne serai pas là. Vivre sans arbres c’est vivre sans âme C’est vivre nu. Solange Magne Arbor…essence Dans l’espace des arbres La vie déploie ses fulgurances Dans les racines des arbres La vie ancre sa confiance Dans le tronc des arbres La vie érige sa croissance Dans les branches des arbres La vie chante ses résonnances Dans les fruits des arbres La vie engendre les renaissances Dans la sève des arbres La vie irrigue nos existences Dans l’automne des arbres La vie dépouille des évidences Dans l’hiver des arbres La vie recycle les apparences Dans le printemps des arbres La vie replante les semences Dans l’été des arbres La vie virevolte dans l’insouciance Christelle Hauteville-Chadorla SA MAJESTE L’ARBRE Il est seul au milieu du champ Depuis de nombreuses années Etalant ses branches où il y a des chants Car ce porte-plumes abrite les oiseaux Où de nombreuses couvées Se sont cachées plus ou moins haut. On voit, en écartant les branches Qu’il y a beaucoup de fourches Pour accueillir petits et grands Qui le réjouisse de leurs trilles ; Et puis l’ombre qu’il dissipe Abrite toute la population De ceux qui viennent paitre dans son entourage Et qui trouvent bon gîte pour une sieste Bercés par le vent dont les feuilles Bruissent au moindre souffle. Mais il est beau aussi l’hiver Quand la bise l’a dénudé Son squelette ajouré accueille le soleil Et même avec la neige, si elle est légère C’est une féerie de l’admirer ; Résistant au frimas parfois rude, Il arrive aussi que par grand vent Aquilon lui casse des petites branches Mais c’est souvent un bien Qui permettra de renouveler la tige Pour alimenter au printemps des bourgeons nouveaux Car les fruits qu’il nous donne Servent aussi aux gourmets qui le visite A l’époque du mûrissement. Comment est-il venu ici ? SEUL, ? Où avec le concours des oiseaux ; Toujours est-il que depuis des années Et pour combien encore Il comblera tous ceux à qui il donne asile. Robert Berthommier Mon homme-arbre Je taierai son nom, par souci de discrétion. Cependant, sachez qu’il résonne comme un arbre : La première consonne l’ancre dans le sol, Le « L » suivant commence à le déployer, Se forment le tronc, les premières branches. Le son qui suit est le dernier, Il est terrestre et aérien à la fois, A son image. C’est un grand arbre, très grand, très fort. Je peux m’appuyer toute entière contre lui, Sans aucun risque de tomber. Il me soutient de toute sa stature, De toute son énergie. Une fois, dans le noir, Alors que j’étais blottie tout contre lui, Me ré-énergisant à son contact, J’ai vu une lumière jaune émanant de son cœur. Je lui raconte mes secrets, au creux de son oreille, Je sais qu’il les gardera, au creux de son écorce. J’espère qu’un jour il me donnera un fruit. Juste un. Un fruit rosé, gentil, doux et rieur. J’espère que mon arbre va continuer de grandir, Devenir toujours plus fort, Qu’il sera toujours là pour moi, Que jamais la foudre ne viendra brûler son cœur. C’est mon ami, mon amant, c’est mon arbre. Marie-Line Souq Dans l’ombre d’un éclat Avez-vous entendu ? Là ! Mais si, n’avez-vous pas entendu l’écho d’un chagrin ? En tendant l’oreille, on peut percevoir au loin les larmes silencieuses de Sa Majesté qui règne en ces lieux. Si l’on s’aventure dans cette clairière parsemée d’une aura d’une richesse incontestable, on peut apercevoir au loin, dans les rayons de lumière, un arbre imposant ses feuilles charitables. Il peut décider du destin de milles créatures juste d’un simple geste qui le caractérise. Il donne la vie, mais peut tout aussi bien la reprendre si l’envie lui prend. Son âme est pure et pleines de bonnes intentions, mais dans l’ombre de son éclatante beauté, la souillure commence à le gagner. Ses membres se raidissent, ses feuilles dépérissent, ses racines pourrissent, son écorce tombe en lambeaux. Une maladie le ronge, lui, l’être le plus pur et noble existant en ce Bas-Monde. Mais quelle est donc cette malédiction qui l’attaque de l’intérieur ? Je vais vous le dire et sans retenir mes mots : c’est l’Homme. Olivia Morchain CENTENAIRE EMOUVANT Je vois souvent là-haut sur la colline, Centenaire émouvant, Solitaire effeuillé, Le mouvant d’un grand arbre Plein de vent et de larmes. Tristement là, Son corps signe l’horizon D’une bien vieille blessure. Dans ses bras, Quelques vies de passage. C’est ainsi dénudé Que notre hôte s’expose Aux froideurs de l’hiver. Une marque en son cœur, Cicatrice d’antan, Comme un coup de sang-froid, Une folle nervure Dans le corps de son bois. Blandine Auger L'allée des tilleuls à Noirlac Au fil des ans, Que de monde, ils ont vu vagabonder sous leurs ramures… Petites gens ou personnages illustres... Que de sentiments mêlés… Joies et peines Douleurs et passions Amour et désamour Calme et ferveur Fougue et sérénité Retraite et action Révolte et méditation Douceur et tendresse Odeur et saveur Fleurs et abeilles… Écoutons-les-nous raconter… Venons-nous asseoir sous cette cathédrale de verdure, Accolons nos oreilles contre leur écorce, là où résonnent Encore les mots d'autrefois... Michèle Hubert Puisque les arbres meurent aussi… Les arbres parlent Mais on ne sait leur langage Les arbres chantent Mais on ne sait leur musique Les arbres savent Mais on ne sait leur savoir Les arbres ont peur Mais on ne sait leur crainte Les arbres savent l’Univers Comme on ne le saura jamais… Si c’est de bois que furent faites les premières embarcations, radeaux, pirogues, felouques et tartanes, drakkars, trois-mâts… ce n’est pas un hasard… Si la demi-coquille de noix ressemble à la coque [coque, coquille…] d’un bateau… ce ne peut être un hasard… Si, naturellement, le bois flotte, … c’est loin d’être un hasard… Si les arbres laissent les oiseaux faire des nids de brindilles dans leurs branches, il y a sûrement une raison… Est-ce les arbres qui apprennent à chanter aux oiseaux ? Et d’où ce chant, ce chant du premier matin du monde, vient-il ? Pierre Sureau L'ARBRE BLEU ou JACARANDAS & PAULOWNIAS Il est sous nos cieux familier De voir les arbres s'habiller De teintes pourpres, rouille et jaune Qu'impose la mode aux automnes. Lors, se déclinent des palettes A fair' pâlir d'envie les maîtres Lorsque les érabl's incendient Toutes les forêts d'Acadie, A moins d'avoir l'âm' d'un artiste, Ou d'être un brin surréaliste Il parait par contre curieux D'imaginer un arbre bleu. Lors, pour ne pas sembler fada, Parlez donc de jacarandas. Il est banal et ordinaire De dépeindre les arbr's en vert Mêm' si aux temps des floraisons Bon nombre prennent d'autres tons. C'est ainsi que tels des soleils Les mimosas en plein hiver Jettent leurs boules d'étincelles En cent mille éclats de lumière. Il est par contre bien curieux D'imaginer un arbre bleu Mais si l'on n'a pas l'âme artiste, Ou juste un brin surréaliste Et qu'on ne veuill' sembler fada Il faut montrer des paulownias. Quand l' printemps point' le bout d' son nez. Il ne peut être surprenant De voir les premiers amandiers Vêtus d'une aub' de communiant; Pommiers et arbres de Judée, En rose ou mauv' peign'nt les vergers Et pour l'orang', les flamboyants Nous lancent leurs tons éclatants. A moins d'avoir l'âm' d'un artiste, Ou d'être un brin surréaliste Il parait par contre curieux D'imaginer un arbre bleu Sauf si l'on évoque, ma foi, L'arbre impérial de Paulownia. Gérard Salert Frère arbre Arbre, ton aura est révélatrice de ta grandeur Arbre, tu danses avec la musique du vent et du temps Arbre, ton être vibre à l’unisson du monde Arbre, avec tes branches tu implores le ciel de toute ton âme Arbre, dont le coeur bat au rythme de la terre et des saisons Arbre fraternel dans la création de Dieu Arbre, je te rends grâce pour ce que tu es Arbre, tu es beauté et stabilité pour tes racines. Philippe Selmi L’arbre généreux à l’infini La force de ton tronc, présence inébranlable, Traversant les années, repère indispensable, Immuable, planté comme une certitude, S’installe dans nos vies, rassurante habitude. La douceur infinie, subtil frémissement, De tes feuilles miroir qui caressent le vent, Longue conversation, murmure universel, Saupoudre nos amours d’éternité nouvelle. Sitôt né, condamné au voyage figé, Même petit, plus grand que notre vanité, Tu forces le respect du haut de ta sagesse, Ralentis notre temps, témoin de tant d’ivresses. Mort encor tu vivras, comme papier, maison, Comme bateau, bâton, chaleur, table ou violon, Si généreux cadeau du passé au futur, Tes possibles offerts à nos cœurs si peu purs. Agnès Doligez ARBRES DE SOLOGNE Louange à vous, seigneurs de nos belles forêts ! Arbres de vive sève ou de résine blonde, Princes des bois puissants sur la mousse profonde, Sologne, ils sont ta vie, admire leurs attraits. Surplombant les taillis, les bouleaux et clairières, Se dressent des géants au port majestueux : Grands chênes, fiers sapins, châtaigniers tortueux, Les maîtres de la sylve aux ramures altières. Sologne, sol de sable ou bien terre des eaux, Qu'étais-tu autrefois ? Un vaste marécage, Un désert insalubre, une lande sauvage Livrés aux seuls lichens, maigres joncs et roseaux... Un décret impérial a changé ta nature, Des pins verts ont dressé leurs rameaux persistants, Les marais devenus de superbes étangs, Bruyères et genêts colorant ta parure. Désormais grâce à vous, quels décors merveilleux ! Vos feuillages divers, vos branches de dentelles, Au fil des quatre temps, de beautés se constellent : Arbres, fils de la terre, engendrés par les cieux ! Liliane Codant L’éveil L’air baba, roucoulant sous le doux feuillage de mon hêtre, je respire. Enfin, mon esprit se libère, il coule. Avec le grand bleu, il se confond, Vers l’étendu du ciel, il oriente mes pensées. L’air béat, épanouît sous la tendre carapace de mon être, je respire. Enfin, mon esprit me libère, je m’ouvre. Avec l’humanité, il me confond, Vers l’étendu de l'univers, il oriente mes pensées. La vie prend dès lors tout son sens, Essence de mon esprit, Esprit du monde, Ce monde qui m’a donné naissance, Est inscrit dans mes gènes, Est le reflet de l’éternité. Antoine Volton Qui es-tu donc? Tout doucement, La graine s'enfonce dans le sol. Elle plonge, s'installe, se love, Dans une ambiance brunâtre, Végétale, minérale et grouillante D'une faune souterraine. Tout doucement, Une petite plantule papillonne Et ses bourgeons émergent A ciel ouvert. De temps à autre, Elle se dresse attirée par le soleil. Tout doucement, L'arbrisseau devient vigoureux, Se balance de ci de là, Rencontre le champignon, Ils tiennent conversation, Pendant que le chevreuil, Galope sur les feuilles, Sous l'œil de l'écureuil. Tout doucement, Petit arbre devient grand. Il s'intègre dans un taillis Qui s'ébranle en futaie. Claire Jolivet Tout doucement, L'arbre s'habille. De belles ramures prennent place, Sur son tronc marbré et sinueux, D'une écorce craquelée. Son feuillage étincelle, Aux couleurs des saisons. Tout doucement, L'arbre s'étire, s'étoffe, s'ébroue Au fil des années. De génération en génération, Il se fait admirer Des artistes peintres, photographes, Visiteurs solitaires où guidés. Tout doucement, L'arbre est là, Magnifique, Arbre remarquable, Il se nomme: Jacques Chevalier, Carré et bien d'autres encore. Je vous présente Le Chêne. Arbres des forêts Entre terre et ciel vous bâtissez des siècles obstinément Dans votre élan solaire vous êtes les phares et témoignez d’une paix possible serrés les uns contre les autres Jean-Charles Paillet L’arbr[u]isseau Accointé aux berges Du ruisseau Il s’évase et chavire Sans quitter l’eau De l’âme Puisqu’il n’a pas d’yeux L’arbr[u]isseau Est un rêveur Diaphane Valère Kaletka SECRET Le chien aboie La branche se balance Dans un mouvement Inquiétant Le chien s'est tu La branche a chu Le murmure de l'ombre M'enchante le soir Quand la nuit vient Ton souffle réchauffe mon cœur Il me berce, avec son chant silencieux Tourbillonnant, Il laisse place à la nuit Apaisant, il ouvre la porte Aux doux rêves enveloppants Rouge flamboyant habillé de cuivre Jaune doré, pain doré Vert basilic, vert anisé Marron, châtaigne moelleuse Toi seul Tu résisteras Au temps qui passe Au temps qui détruit Au temps qui renaît Au temps qui apaise Tu te caches dans la forêt Et nul n'a pu découvrir ton secret. Martine Duranel Être un arbre Entre la feuille et la plume Je porte depuis l’enfance L’innocence d’être un arbre Un arbre qu’on ne coupera jamais Oublié de la sécheresse, des maladies Des prédateurs et des intempéries Oh je sais ce que vous pensez : « Celui-là, il en demande bien haut à son arbre ! » Mais je n’en ferai qu’à ma cime Pour régner hors du temps des hommes De tous les êtres qui me côtoient Pour chatouiller les nuages Avec mes branches qui dansent au vent Et faire un coucou géant Au soleil du matin au soir, à la lune du soir au matin Pour former de beaux anneaux, à l’abri des durs de la feuille Et de celles qui prennent ombrage Ou craquent à la moindre bise… Les lisières certes me soufflent Que l’heure est aux hostilités Contre l’arbre de la Liberté Mais pour ce colosse d’écorce, ce patriarche moussu Qui croît en moi depuis l’âge meuble En effet, je suis tout prêt À doubler l’arbre qui cache la forêt ! À présent, je me demande, n’ai-je pas enraciné Quelques cœurs tendres dans mes rêveries ? Si oui, venez-donc pousser avec moi ! Si non, faites-vous greffer une langue de bois ! Car entre la feuille et la plume Jamais ne meurent les rêves d’enfant ! Denis Berthet " Autumn trees" Parcourus d'un long frisson Les arbres, En un lent striptease De feuilles d'or Qui choient puis flottent Virevoltent et chutent Mortes Sur la terre meuble des sillons, S'épuisent A leurs pieds Deux jeunes femmes venues de l'Est Vénus lestes En attente d'être dévêtues Se prélassent aux derniers rayons D'un soleil qui s'amenuise Alors Du pauvre Lilian Me revient la chanson Les sanglots longs des violons...... Jean-Louis Clerc Mon arbre Dans mon jardin Il y un arbre si grand que je faisais le malin en grimpant dedans. Le printemps enfin Les bourgeons éclataient C’était doux comme le satin La sève bouillonnait. L’été il était magnifique avec toutes ses petites fleurs c’en était si magique toute cette splendeur. L’automne il était morne plus de feuilles, de fleurs, ce n’était pas la grande forme mais il était si plein d’orgueil. Fabienne Lavigne Les poètes Redites-moi le nom de ces croqueurs de vent Qui cueillent l’aquillée aux rives des chemins Des hommes sans mémoire et sans auparavant Chantent la villanelle et soufflent dans leurs mains … pour qu’il n’en reste rien. Redites-moi le nom de ces pêcheurs d’écume Qui raclent les grands fonds de nos mers intérieures, Ils ne trouvent jamais que des poissons de brume Qu’ils rejettent à l’eau des moissons ultérieures … pour qu’il n’en reste rien. Redites-moi le nom de ces cœurs étoilés Qui portent dans la nuit des couronnes de roi, C’est la haute magie des chariots attelés Qu’on emplit de diamants couleur de désarroi … pour qu’il n’en reste rien. Redites-moi le nom des ces buveurs d’images Qui caressent un soir la subtile fredaine, Ils passent le front nu dans le feu des nuages Et se brûlent les doigts à distiller la peine … pour qu’il n’en reste rien. Redites-moi le nom de ces rebelles-nés Qui se sont égarés dans un autre univers, Ou costumes parfois d’arbres déracinés Qu’ils trouvent au hasard des rendez-vous pervers … pour qu’il n’en reste rien. Redites-moi le nom de ces voleurs futiles Qui pressent des trésors à n’en savoir que faire, Eux qui n’ont de joyaux que des fleurs inutiles Sur quoi passe l’aveu d’un éternel mystère. … pour qu’il n’en reste rien Que l’offrande des mots. Henri Heinemann Un arbre De leurs racines A leurs cimes Ils sont de toutes beautés Et règnent pendant des années Les arbres sauvegardent la nature Prêt des rivières d’eau pure Ils protègent la vie Et ils ont tout plein d’amis Il faut les respecter Pour toute l’humanité Une promenade en sentier Sous les arbres en randonnée Sous cette voute se forme une forêt Se ballade des animaux en liberté Et profite des nombreux fruits De midi à minuit. Olivier Thomas POMMIERS EN FLEURS Pommiers blancs, Pommiers roses Pommiers de plein champ A vos pieds vaches tachetées de noir ou de brun Pommiers de villages à colombages Pommiers à cidre ou non Pommiers de Normandie. Pommiers blancs, Pommiers roses Pommiers de pleine campagne Pommiers de plein vent Pommiers des dairy maids Pommiers du Somerset Pommiers du Cheddar cheese. Et vous petits pommiers dits démodés Chassés en La Forêt De vos gloire d'antan Avec vos échelles dressées Par la Golden? Vous revenez à pas comptés Sur nos étals et dans nos vergers Pour un bonheur retrouvé Chez nos Forêtins: Vous, Pommiers de la Cravert! Pommiers blancs ourlés de rose Pommiers aux pétales roses ourlés de blanc Pommiers aux branches étalées Voûte fleurie de l'allée médiane. Pommiers où s'égaient le merle et le chardonneret Superbe cliché de printemps Vous êtes les pommiers de Mon Jardin. Pommiers roses et Pommiers blancs. Marie-Madeleine Briand De toute éternité Un sombre batifolage qui fait gargouiller et vrombir. Cela tourne, se grippe, se retourne. Ouvert, exposé et battu aux vents. En-dehors de tout, mordu par la fraîcheur et caressé par le ressac. Et puis, s’effondrant, s’abîmant, ne cherchant à s’animer que dans les affreux contreforts des océans perclus de froid et de ténèbres. C’est à la fois dans le vent, dans l’air épais et trouble – et tantôt se tordant entre deux courants profonds de l’océan. C’est la vie. C’est une vie qui hésite, qui renâcle, qui remugle par instants un hoquet. Ils sont énormes, bossus – leurs petites ailes annexes peinent à les manœuvrer entre les tourbillons fous du ressac et les gros ventres pleins et glacés des profondeurs. D’un courant à l’autre en quête d’une source de subsistance, crachant des bulles et foisonnants de forces. Puis, échoués par un ressac, rejetés par la mer qui a tout vu naître, ils roulent sur une plage au gré d’une vague plus forte, en bas d’une falaise horrible qui les écrase de tous ses pics vides. Ce mur qui les toise de son horrible hauteur, ce n’est pas une falaise. Cela s’ouvre, bat aux vents, se tord, brûle, dévore – et c’est contenu, écrasé par son propre poids de chape de plomb, inamovible et imprégné d’une douce tiédeur. C’est un rêve ancien au poids de plomb, le rêve inamovible et immuable de la terre. Cela soupire au creux de la braise, et puise sa substance dans les profondeurs sableuses, aux odeurs vivantes et musquées. Feu et terre – c’est un arbre. Vif et pourtant tâtonnant au ralenti, seul maître possible de cet espace, l’énorme roseau papillonne de vie en silence. Il boit le feu du soleil dont, sans jamais s’en aveugler ni peiner à le suivre, il puise sans s’arrêter les forces sans limites. Et il pointe vers le fond de la terre, toujours en mouvement si profondément que ses longs doigts de bois de rose soutiennent le sol comme une charpente. L’arbre regarde s’échouer à ses pieds les gigantesques larves de la mer. Matthias Tauveron Jour de noces en forêt Le chêne chevelu a rencontré un pin pleureur, ils se marient aujourd’hui. Le cornouiller sanguin et l’argousier ont claironné, crié, alerté, tous les amis arrivent. Pour l’apéro le pin parasol et ses copains se sont installés dans la clairière. L’arbre aux mouchoirs a prévu tout débordement. Immaculés, le boulot blanc, le peuplier blanc de Hollande et La boule de neige parfumée arrivent en majesté. Les suivent échevelés la vigne vierge vraie poursuivie par le cornouiller male. Au loin se profilent le buisson ardent bizarrement accompagné de l’arbre à perruque et du genêt à balais. Pour l’occasion le sapin noble a enfin accepté la compagnie de l’épicéa glauque. Chêne vert, eucalyptus bleu, cerisier rouge, tilleul argenté et épine noire cheminent sans complexes, heureux de leurs différences. Sorbier des oiseaux et laurier cerise trillent une musique de circonstance. Le Tremble et l’Oranger amer se forcent à la gaieté. Enfin en grand apparat, arrivent les délégations : Glycine de Chine et érable du Japon, Fusain d’Europe et olivier Bohême, Marronnier d’Inde et tulipier de Virginie. Puis alors qu’on y croyait plus, viennent aussi les amis massacrés : cèdre du Liban et pin d’Alep, Buddleia et Arbre de Judée. La noce peut commencer, que frissonne la forêt ! Nelly Simon L'arbre des lendemains Peuplé de natures diverses et nombreuses Mes formes inspirent les natures fabuleuses; Je suis l'arbre des lendemains En compagnie sur vos chemins, Et je réveille vos sens et vos consciences De ma tendre et bucolique présence. A l'automne, mes chaudes et vives couleurs Tapissent les décors de nuances en kyrielle, Et s'ébruite alors sous vos pas solennels La mémoire agréable des paysages en fleurs. Ma sève rendue peu enthousiaste Anticipe la froidure et les cristaux Contemplés silencieusement bientôt Dans un style épuré dénué de faste. Prévenu du vol cadencé des hirondelles Je prépare l'éclosion nouvelle, Et il arrive parfois que j'inaugure La naissance d'oisillons dans ma ramure Qui entonne la musique éthérée du vent Accompagnée des gazouillis et des piaillements. Pour vous faire languir un peu et par pudeur, Mes bourgeons dévoilent lentement leurs fleurs Dont les parfums singuliers s'exhalent et voyagent Jusqu'à imprégner vos êtres de passage. A la belle saison je fructifie Afin d'assouvir vos appétits Et de mes fruits j'en laisse choir certains Aux mains gourmandes de mes fins. Capturant les particules toxiques et délétères Je participe à la pérennité de l'air, Et si vous atteignez le faîte de ma cime C'est qu'en amont mes racines intimes Conduisent la sève jusqu'à mes tiges fières D'un sol nourricier et d'un ciel de lumière. La douce brise et les ramages Apaisent quelque peu ma colère Quand j'entends parler des victimes de guerre Balayées froidement par des sauvages, En même temps que vos ambitions puériles A me décimer pour des causes mercantiles. Mais n'oubliez pas quand même Que l'on récolte ce que l'on sème, Que nous évoluons communément ensemble, Et quand mes branches frissonnent et tremblent C'est dans l'espoir inquiet d'un harmonieux respect Fleuri de réciprocité, d'amour et de paix. Sylvain Grivotte Dans la forêt des mots Je sais la paix, la majesté et le silence des forêts. J’ai deviné la sève vert tendre de l’arbrisseau s’échevelant à travers le brouillard léger, J’ai senti le vent, le vent gourmand qui secoue les bourgeons emmiellés, J’ai rêvé du chemin vert frémissant dans l’ombre des tilleuls feuillus, J’ai aimé l’élégance des bosquets d’oliviers, l’abondance des nids dans les racines aériennes, J’ai pleuré sur l’arbre mutilé, suant sa sève ambrée dans la chaleur de l’été, J’ai suivi en automne l’ombre des rameaux roux vers le parcours solaire des arbres à perruques, des arbres à soie, des arbres à papillons, J’ai heurté, moi si vulnérable dans la tempête, l’axe noir du squelette rabougri, J’ai crié avec le gel qui fait craquer les bois et gémir la forêt. Arbres de toutes mes saisons, déployez vos branches centenaires, Arbres de toutes mes racines, croissez dans l’ombre verte du passé fécond Arbres de mon enfance, étendez vos rameaux joyeux pour affermir mon éphémère sérénité. Anne-Marie Tauveron LA HÊTRAIE DES COLETTES C’est un long tapis rouillé que l’Automne déroule Sur un sol bien mouillé où plus rien ne fleurit. Le ciel est endeuillé, le soleil est banni, Eteint, perdu, noyé dans une forte houle … … De nuages pressés qui roulent ou se déroulent Et s’agitent en tous sens en recherche d’Infinis. Au sol, les feuilles dansent, frôlent les harmonies, Retombent sans un bruit quand le vent les refoule. Il y a comme un regret qui passe sans s’arrêter Entre ces doux géants sombres et déshabillés, Devant un tel tableau, les oiseaux se sont tus. Alors, ces hauts squelettes nus et mélancoliques, D’un élan vers le ciel, adressent bras tendus Aux dieux qui les rudoient, une vaine supplique. Josyane Roussy Toi mon frère Tu es né d’une graine et de la même mère notre Terre. Toi si généreux, je me délecte de tes fruits et tes senteurs parfumées qui font tourner la tête des amoureux. Toi si majestueux, le soleil brille à travers tes branches et accueil une multitude de chant mélodieux. Toi qui change ta parure pour nous offrir le plus beau des spectacles ; le vent fait danser ton flamboyant feuillage. Toi qui tout au long de l’hiver réchauffe mon cœur aujourd’hui je te rends hommage. Régis Philippe Le vol du papillon. Le vol d’un joli papillon azuré Me sort de mon rêve éveillé Mon regard se pose sur les feuillages Et me voilà partie en voyage. A mes pieds, des feuilles lobées D’un chêne au tronc craquelé. Plus loin au détour du sentier, J’aperçois un cornouiller, Les baies rouges sur le chemin empierré M’oblige à marcher sur un sol moucheté. Le vent balaie mon visage Et flotte sur mon corsage, Il agite la chevelure Des bouleaux aux fines ramures Et fait danser la lumière dans les feuillages. Monet aurait apprécié cet éclairage. Au milieu de cette nature rousse Le vert émeraude des sapins éclabousse, Et leur épaisse verdure, Protège les écureuils Tel une couverture. Tout près, un vieil arbre un peu vouté Voit ses branches en volute menacées Par un verdoyant lierre entrelacé. Le soleil décline un peu, Un vol d’oiseaux apparait dans un ciel nuageux Il rejoint les peupliers qui pointent leurs cimes Comme pour les combattre et en faire leur victime. Soudain une autre risée, Elle s’engouffre dans le feuillage et le fait frissonner. La lumière du soleil traverse l’édifice Et mille étincelles scintillent en feu d’artifice. La nature prend une teinte sépia, C’est le soir je presse le pas, Et me voilà chez moi. Je regarde le bois se consumer dans la cheminée Une douce chaleur commence à m’envelopper. Martine Payraudeau Isoléus De mes branches entrelacées, De mon tronc bien enraciné, Je surplombe cette immense vallée, Comme un être malheureusement bien isolé. Je vous dévoile mon incontournable force, Entouré de mes innombrables écorces, Dans une somptueuse harmonie de couleurs, En vous montrant aussi, parfois de tant de douceur. Isolé de cette immense forêt entourante, Je ne crains aucune effroyable tourmente, Fièrement de mon épais feuillage je me plante, Bien seul sur cet immense plateau de Charente. Fred Le Louarne L’ARBRE Les arbres nous donnent la vie. Ils nous donnent à manger comme les fruits du pommier et les poires du poirier etc… les arbres produisent aussi de l’oxygène pour que l’on vive, s’il n’y avait pas d’arbres dans le monde, il n’y aurait pas de vie sur terre. Il faut arrêter de couper les arbres inutilement. La forêt amazonienne est un des poumons de la terre. Au Canada, on récolte la sève de l’érable qui permet la confection du sirop d’érable. Aux pieds des arbres poussent les champignons dans la mousse et l’humus. L’arbre planté enfonce ses racines dans la terre et grandit au fil des années. On dit que l’homme descend du singe mais le singe vit dans les arbres. Je sais que l’arbre nous donne du bois pour nous chauffer, faire des meubles, mais il faudrait en planter de nouveaux pour les générations futures, pour tous les enfants. Christophe Chemama Chêne Le Bateau soleil Les avions solaires L’échauffement mental Une forêt normale Vie active Tallons pointes je masse mon cœur ! Mes poumons respirent L’essence de l’arbre est en moi Albert C. Hubeli La force tranquille Je lutte mais sans crainte pour ma vie. Je suis le mât dans un cyclone de démons, La force tranquille. Je suis un hêtre solitaire En toute saison, Vertèbres vissées à la terre. Je suis le membre sur le point d'oublier Comment se débarrasser De ses fourmis. Adrien Braganti Les arbres, nos âmes Au cœur de la forêt, Des millions d’arbres, Comme autant d’âmes, Enracinées dans la terre. Les cimes à l’assaut des nuages Sont pourvoyeuses d’oxygène, Elles abritent mille et une richesses Et révèlent leurs secrets à l’homme sage. Fruitières, toxiques, sauvages, Les essences se mêlent, Leurs feuilles protègent Une faune devenue parfois rare. Et l’humain dans ce paradis se sert, Mange, boit et soigne ses misères Mais sans scrupule aussi dévaste Dans sa soif de conquêtes. Hectares après hectares, Les forêts disparaissent, Victimes du soi-disant progrès Pour quelques pétro dollars. Oubliée la dimension sacrée de l’arbre Dans un monde où désormais règnent Une consommation effrénée et la soif de biens matériels. Oubliés les mythes, les légendes, la sagesse ancestrale. Pourtant les hommes ont créé les piliers de pierre Qui soutiennent nos monuments, nos cathédrales. Les arbres vivants ou stylisés, élèvent nos âmes, Eternels réceptacles de nos prières. Florence Semence Arbre de vie, mon ami Qui étais-tu à l’origine ? Je n’ai pas vu tes racines Y-a-t-il une essence Qui t’ait donné naissance ? Je regarde cette terre Mais l’ombre dissimule ton être Retrouveras-tu le chemin Qui te guidera vers demain ? Ramifications et autres méandres Croisements et gestes tendres Ainsi est née ma famille, Tu es le tronc et je suis la branche. Tes grappes virevoltantes m’envoûtent, Leur arôme subtil embaume et m’ensorcelle. Autour de ton fût je m’enroule, Ton écorce fusionne avec mon corps Et vers le ciel je me tends Tel une liane informelle Car il est grand temps Que je m’évade vers l’éternel. France Bouchaud La force de l'âge J'en ai tant entendu des histoires, J'en ai vu défiler des visages d'enfants Accroupis à mes pieds ; Immobile, je suis à moi seul un voyage. J'étais là au jour du premier homme Et des premiers émois tatoués sur mon tronc ; J'en ai vu des victoires et des guerres, des saisons J'ai vécu tant de vies d'autrefois. Bien des fois j'ai bravé la tempête, La nuit sombre, le vent et la pluie ; J'ai affronté les heures et la Mélancolie, Bien des fois j'ai pris peur à la vue de mon ombre. J'ai vu l'homme mourir et la terre trembler J'ai vu le temps s'éteindre et la vie s'épuiser Mais je suis resté droit, Car la force d'un arbre vient de ses racines. Esther Milon Les mélèzes Cette nuit d’automne, brumeuse et froide, Les mélèzes, grands squelettes roides, Ont perdu leurs dernières aiguilles rousses Tombées éparses dans la frileuse mousse. Ils se sont endormis pour de longs mois d’hiver, Et à l’abri des frimas et des sapins enguirlandés, Ils resteront bien sagement recroquevillés Sous leur carapace grisâtre et crevassée, Trompant les ignorants qui les croient morts, Insensibles aux souffles violents, au froid qui mord. Au printemps, ils ressusciteront plus fiers encore, Arborant de légères touffes de plumes d’un vert pur, Ils nargueront les sapins à l’éternelle parure. Annie Beaubois L’Arbre demain. Il est loin le printemps et ses montées de sève sous les ors des pollens et des amours champêtres quand viennent de s’enfuir ainsi qu’un trop beau rêve les chaleurs de l’été et les gosses en trêve. Sous tant de souvenirs d’où sourdent des intrigues mais aussi de regrets levant des vies nouvelles l’arbre va s’endormir sous le poids des fatigues laissant partir au vent sa verdoyante ombrelle. Maintenant sous mes pas bruisse un amas de feuilles comme de vieux papiers pour en faire partage aux terres du jardin refusant qu’il s’endeuille car il pense à demain ainsi est son message. Dans l’hiver sous mes pas quelques graines ronronnent de toutes les saisons je préfère l’automne. Jean-Henri Marembert C’est l’automne déjà C’est l’automne déjà Les feuilles se détachent Et volent dans le vent Le ciel déverse sa lumière Sur la nature endormie Quelques nuages épars Vagabondent sans bruit Des sapins argentés Se dressent impétueux Sachant que la froidure Qui va déshabiller Les arbres alentour Ne pourra dégarnir Leur beau manteau frileux Ils sont fiers de ces feuilles Qu’ils gardent centenaires Et semblent se tenir Tout au long de la route Pour surveiller le monde Qui s’agite et qui doute Sans vous sapins dorés L’hiver ne serait pas Cette saison joyeuse Que chantent les enfants Autour de l’âtre bleu Lorsque la nuit descend Et que des escarbilles Au fond de leurs yeux brillent Ainsi que des diamants Marie-Christine Janier L’essence humaine Voluptueux feuillage que la brise caresse Aux côtés des oiseaux qui sifflent le printemps Cimes majestueuses, reflet des tendresses Que la nature de l’homme oublie de temps en temps La tempête est ce mal qui peut parfois frapper Soudainement pour faire rompre les branches affaiblies Mais si des rameaux tremblent jusqu’à en tomber Demeure cet être, symbole de la vie Quand l’automne apparait, son corps nu se révèle Son visage se transforme et ses feuilles flétrissent Dévoilant ses veines qui se tournent vers le ciel Il attend la saison où les bourgeons fleurissent Sa nature est variante selon les climats Mais qu’importent ses aspects, il reste notre souffle Source d’inspiration pour nous autres ici-bas Témoin de l’espoir, de la Terre qui s’essouffle. Arnaud Battaglia L'ARBRE Je me promenais Dans un parc verdoyant Ayant beaucoup marché Je m'assois sur un banc Je regarde un écureuil roux À la quête de provisions pour l'hiver Puis un oiseau qui picore dans un trou À la recherche d'un ver Et là, devant L'arbre Il était immense, voir géant J'en restai de marbre Une nuée d'étourneaux bruyant Soudain jaillit des feuillages Et partirent à tiré d'ailes avant De se poser à côté dans un cafouillage Il y avait beaucoup d'arbres autour Celui-là est très différent Beau avec ses atours Et tellement grand Il est haut d'au moins trente mètres environ Et monté jusque dans le ciel ensoleillé Il est d'une couleur un peu marron Avec beaucoup de gris foncé Ses feuilles ont un bord simple et lobé Ressemblant à de la dentelle D'un beau vert en été Quelle merveille ! Virant au rouge magnifique Quand vient l'automne Instants magiques Jamais monotone Ses feuilles mortes tombent doucement Tapissant tout le sol Au gré du vent Sur l'herbe molle Dans cette poésie Tous ces mots à la chaîne Cet arbre que je vous décris Est un élégant chêne Marie-Rose Sautier L'arbre éternel tu me ressembles bien évidemment différent de moi par le temps c'est tout ce tronc en commun écorces rugueuses la douce grand-mère la trop rude mère toujours te protègent racines tu les sens tant de générations qui vivent en moi branches solides tes trois beaux enfants boris maroussia et petit oskar celles fragiles line antoine toutes ces feuilles qui bruissent au vent inlassablement générations d'après pourquoi dire non aux saisons de la vie Annie Beauguitte Une aura sur le chemin L’arbre envisageant le front de mer Et l’incessant déferlement de ses flots écumeux Le colosse gymnospermique audacieux Est posté là en avant-garde du continent Arborant sereinement ses bras forts Soutenus par une colonne presque antique Il semble s’enraciner au ciel Notre espace-vide matriciel Dans ce néant d’azur le vent Souffle sur les nues placides Qu’imite le feuillage nuageux Du géant chlorophyllien Immobile à son pied l’humain de passage Entend en murmure son divin message : Au-delà de toutes formes une essence Pour la communion de tout, éternellement Pierre Levert L’arbre de vie A chaque naissance Peu importe l’essence Un passage de témoin A chaque génération Comme un refrain Une autre régénération Une arborescence Ancrée dans les racines Qui jamais ne meure Mais qui se transmet Et au fil des années Jamais ne s’effeuille Un arbre généalogique Et pour toute logique Vouloir vivre libre Un seul arbre de vie Avec une simple envie Du printemps à l’hiver Rester droit et vert Grandir et s’épanouir Avant de s’évanouir Pour mieux renaître Olivier Bernard Prunes L’air brûlant d’août pénètre les fruits innocents, Des myriades de mirabelles dolentes au soleil. Chaleur dans la chair. Elles se pressent en essaims blonds sous les feuilles, Jusqu’en haut des branches exubérantes. Lumières d’or et de rose. Le soir ou au petit matin, la main insiste, Pour vaincre leur résistance ténue. Souples et douces rotondités. Elles roulent dans le panier de châtaignier tressé, L’anse surplombe leur houle menue. Mirabelles de canicule ! Eliane Moulins Arborescence2 La neige craque sous le poids de mes pas. Je suis seule. Le chemin me guide. L'ardeur à avancer me réchauffe. Une pellicule blanchâtre harmonise l'horizon. Des petites sphères d'eau suspendues aux graminées Semble défier l'impesanteur sans vouloir choir. Au creux de cette piste l'eau coule enlaçant la pierre, Caressant la terre, carillonnant de ces rencontres. Le passage se réduit, monte et zigzag. La végétation s'intensifie dispersant la route à suivre. Le cliquetis des gouttes tombantes m'agite. Une couverture de brume me rattrape. La nature oscille, mes poils se hérissent. Quelques clartés ensoleillées invitent les sapins À défaire leurs manteaux neigeux. Entraînant des impulsions de par et d'autres. L'impression de solitude me quitte, mes yeux s'affolent Guettant inexorablement ce qui pourrait me précéder. Humain, mammifère, insecte, imagination ? Mes enjambées se hâtent, mon cœur s’emporte. Allant jusqu'à vérifier la connectivité du réseau, en vain. Il me faut regagner la route, en renonçant au chemin? Cherchant la hauteur pour percevoir la géographie du lieu, C'est là que je te vis seul, imposant et reposant. Mes craintes disparaissent. Tes bras enlacés montre le paysage. Près de toi une pierre convie à se poser. Réalisant de ton ampleur la protection engendrée. De te contempler l'envie naît de te toucher. Tes habits verdâtres te découvrent de moitié Ne craignant pas la froideur de la matinée. Vraisemblablement assoupie, ma main s’égare Caressant ta peau rugueuse échafauder par le temps. Ton habit humide contraste de douceur Une véhémence résonne en moi. Je finis par t'enlacer autant que je le put L'envergure de mes bras ne couvrant Qu'une mince partie de ton tronc. Une sagesse émane de cet échange, Me connecte à la simplicité de la vie Refuge éphémère, du nid à l'invisible Prenant conscience de ton ancienneté Dans ce monde assiégé d'humanité. Cécile Abraham ORIGINALITE D’UN MONDE Une nuit debout et des idées originales La rose des champs, longévité absolue de l’arbre millésimé La clef des vents, comme unique guide sublimé Les villageoises, compagnes nocturnes d’une lutte inégale. Chaque jour qui passe est la fin d’une épopée d’or, D’un absolu unique et original. Chaque jour ne sera que le premier d’une longue liste inégale Le lendemain ne sera que l’augmentation d’hier. Au détour d’un cri ou d’un sourire de naguère, Jaillie la vie qui libère enfin nos corps endormis. Le temps n’endors ni n’apaise Les multiples questions et les possibles destins Qui affectent mon être et justifient mes peurs. Au pied de l’arbre, au seuil de contrées de pures fantaisies fantasmagoriques, Je divague sur des vagues de douceur infinies, Je navigue au gré de l’humeur mutine. L’arbre est le reposoir du vague à l’âme. Jean-Philippe Dubost Respire ! Air respiré à pleines ramures, vent chatouillant des feuilles qui se dressent, Glisse sur l'écorce dans une caresse, l'Arbre au milieu a fière allure. Danse de fin d'Hiver, de fin de messe, branches nues de la froidure, Se faufile, Printanière, une nouvelle parure, fiers et droits, bourgeons qui apparaissent. Impression : Magique. Oui mais violence inouïe. Fureur banale, d'une Humanité qui déchire, Déracine et dénigre ses propres poumons. S'étouffe pour des verts billets. Impression : Horreur. Respire ! Pour un vert plus vrai. Pour une si belle raison, Que ces odeurs de fleurs qui empirent. Enivre un monde de Tyrannies et d'Utopies. Impression : Espoir. Air respiré à pleins poumons, vent chatouillant les âmes en délire, Glisse sur la peau dans un rire, l'Arbre n'a plus de bourgeons, Danse de début d'Eté, de début de sourire, fleurs sorties sur l'Horizon. Lumineuse, la Vie et ses rayons. Admire-la ! Admire l'Arbre ! Et : Respire ! Marion Recher Les arbres de mon enfance Mon enfance : une farandole d’arbres. Des rues me conduisant dans le royaume des senteurs. Rues des lauriers, des lilas, des acacias, des tilleuls. Presque tous ces arbres honoraient Les jardins de leur présence. Souviens-toi la rue des lilas au mois de mai, Elle exhalait ses parfums surannés et subtils Des grappes allant du violet foncé au violet clair, En passant par le blanc ; fleurs doubles ou simples, Par brassées elles s’offraient aux passants. La rue des tilleuls avait ma préférence. Le tilleul de mon jardin : mon arbre, Mon refuge, mon confident ; Compagnon de tous les instants. Le banc sous le tilleul, havre de réflexion, Lieu de lectures et d’évasions. Les soirs d’été animés sous le tilleul, Après le repas, à la veillée, Ses fleurs on étalait ; Pistils dorés parfumant la tisane ; Bon prétexte pour retarder l’heure du coucher. Lucette Bomey DECLARATION A DES GEANTS Arbre tranché Arbre coupé Arbre écorché Arbre taillé Comme je vous aime ! Ô vous grands totems ! Les massacrés Les exploités Les étêtés Les dépouillés Comme je vous aime ! Ô vous grands totems ! Si fiers dans vos guirlandes Si verts à l’âge tendre Si frais au soleil de la lande Si beau au seuil des grises cendres Je vous enserre fort de mes bras J’appuie ma joue sur votre écorce rugueuse Vous me donnez l’énergie ici-bas Et je vous parle alors cœur léger heureuse Comme je vous aime ! Pour corbillard arbre de mort Pour beau jardin arbre de vie Vous géants fragiles et si forts Comme je vous aime mes amis Pour cette force calme, cette puissance Pieds bien ancrés dans le sol et bras élancés vers le ciel Le ying comme le yang sont votre essence Que je capte de vous et reçois comme délicieux miel Comme je vous aime ! Sylvie Demoulière Dernier géant, Dernier géant qui domine la terre. Feuillage frémissant permettant la Beauté. Parure changeante signifiant les saisons. Bras souterrains qui soulève l’humus. Les années toujours plus haut te couronnent, Pour crier aux humains : « La poursuite du vent qui m’ébouriffe ne mène à rien. » Personne ne t’écoute, sauf quelques-uns. Providentiel abri du grand soleil ou de la pluie, j’aime te voir en Majesté au bord de mes sentiers. Tu calmes mes orages. Tu me revitalises. Contre ton écorce rugueuse je regarde ton fût. Pilier de cathédrale qui monte, monte, monte, tout droit vers les étoiles. Guy Bedu « Écrire une lettre » Lettre à … un arbre. Te souviens-tu, Quand meurtrie par les épines des souvenirs, tu me soulevais, fort comme un mât de navire. J'avais froid, tu enlaçais mes hanches de tes bras noués de branches. J'avais soif, tu abreuvais de sève ma bouche abandonnée au rêve. J'avais faim, tu m'offrais un croissant de lune caché dans ta chevelure brune. Te souviens-tu, pour me consoler, tu détachais des feuilles de mots qui s'agrippaient au lierre de tes rameaux ; Et tu me rassurais en murmurant les romances dispersées par le vent. Alors, je somnolais, imprégnée de tes secrets, t'offrant mon corps nu – creuset de regrets muets. Puis vint l'heure de partir, Ton ombre diminua comme mes désirs. Te souviens-tu, Dépouillé, élagué, débité, scié, taillé, raboté, perforé, collé, ciré, tu devins mon unique bagage, compagnon de mes vagabondages. Nous enjambons maints et maints vallons en dansant, tels des fanfarons, nous moquant du « qu'en dira-t-on ! » Ton archet, comme la flèche de Cupidon, a percé les douleurs de mon cœur et fait vivre des saisons tout en couleurs. Chaque soir, dans un état d'ivresse, étourdie par les vibrations de sons, je te désire, de te caresse, mon merveilleux violon. Nicole Fernandez