Concours poèmes plus de 16 ans et adultes

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Poèmes sur le thème de L’arbre
Catégorie
Jeunes de plus de 16 ans
et Adultes
Concours
du 1er septembre 2016 au 18 février 2017
L’arbre qui protégeait les nymphes
Les oliviers ondoient sous le mistral,
C’est Pan qui vient sur la plaine rugueuse…
Les feuilles frémissent comme un signal.
Que fredonne la ramée mystérieuse ?
C’est Pan qui vient sur la plaine rugueuse,
Pan la nargue de son air bacchanal.
Que fredonne la ramée mystérieuse ?
« Cachons les nymphes du faune jovial ! »
Pan la nargue de son air bacchanal
Et se rit de l’oliveraie vertueuse.
« Cachons les nymphes du faune jovial ! »
Souffle tout bas la ramure noueuse.
Pan se rit de l’oliveraie vertueuse,
Mais l’olivier est arbre minerval…
« Tiens bon ! » souffle sa ramure noueuse.
Ainsi fut vaincu ce bouc infernal,
Puisqu’olivier est arbre minerval.
« Sylphes, oréades, vivez heureuses !
Il fut vaincu, Pan, ce bouc infernal ! ».
La feuillée déploie son arcade ombreuse.
« Sylphes, oréades, vivez heureuses ! »,
L’olivier défie les temps, triomphal,
Sa feuillée déploie son arcade ombreuse,
Son tronc s’érige fier en mémorial.
L’olivier défie les temps, triomphal,
Son écorce est sa cuirasse écailleuse,
Son tronc s’érige fier en mémorial,
Noble héritier de la terre pierreuse.
Son écorce est sa cuirasse écailleuse,
De ses fruits l’homme prend un suc cordial,
Noble héritier de la terre pierreuse.
Les oliviers apaisent le mistral…
Florence Ricard
Le PDG du futur
J’étais soi-disant le PDG modèle,
L’homme de l’année…
On m’avait couvert d'éloges ;
Mais tout ça,
C’est du vent.
J’ai fait faillite,
Et on m’a oublié ;
Je ne suis plus rien,
Aucune pitié pour les loosers.
Le Wall Street Journal
Aurait mieux fait
De parler de toi.
Toi,
Dans des usines écologiques,
Tu recycles aussi
Le moindre déchet.
Le brevet
Très prometteur
Sur la captation de carbone
Par Photosynthèse©
Amènera, peut-être,
La solution durable
Au réchauffement climatique.
Toi,
Heureux, tu fais vivre
Toi,
plus d’un millier de familles.
En bas de l’échelle,
Discret,
A tes pieds,
Personne ne communique
Travaillant tous pour toi,
Sur ton business.
Une myriade d’employés s’active.
Pourtant,
Les bulldozers Courtilière©
Tes affaires sont toujours bonnes.
Déblaient,
Fier et ambitieux,
Les vers tunneliers
Tu affiches cette année,
Creusent …
Malgré la crise,
Tu ne limoges jamais personne.
Une croissance exceptionnelle.
Les bénéfices
La production de feuilles,
profitant à chacun,
Plus qu’encourageante,
S’exporte par l’entreprise Vent d’Autan ©. Dans un grand respect
De tes subalternes,
Avec le bio-concept : graines,
Tu t’élèves ainsi vers la lumière.
Ce bijoux high-tech,
Résistant
Aux conditions les plus extrêmes,
Homme de l’année,
Tes filiales fleurissent
La bonne blague !
Arriviste et égoïste,
Dans le monde entier.
J’étais un requin ;
Avec cette progression vertigineuse,
Le Pépin-Entreprise demain deviendra
Je n’étais même pas un homme.
La Forêt-Corporation.
Les statistiques prévisionnelles
En te regardant,
Je me demande si un management
Sont des plus optimistes.
Humaniste et écologique,
Gagnant-gagnant
Serait possible ?
Arbre,
Serais–tu,
Le modèle du PDG de demain…
Fabrice Deprez
Prince de l’élégance
Il a la jambe bien faite,
Douce comme du velours,
Gainée de blanc pour la fête
Du printemps et des amours.
Son bel habit de fourrure,
Sa botte de tigre blanc,
Ne doivent qu’à la nature.
La brise le voit tremblant.
Sa tête oscille et vacille
Tout en lui est frémissant
Au moindre souffle il pétille
De mille éclats bruissants.
Sa chevelure légère
Se dore sous le soleil.
L’oiseau prend pour étagère
Ses longs bras de pur vermeil.
Ce Prince de l’élégance,
Semblant nimbé d’un halo,
Dandy, racé de naissance,
Quel bel arbre, le bouleau !
Ginette Maur
L’hormbre
Petite graine pousse et deviendra grande
Comme Papa et Maman qui enfantent
Branches et feuilles apparaissent nourries par la sève
L’innocence de la jeunesse fait de la vie un rêve
Les saisons passent, le tronc toujours robuste
Avant l’âge adulte, on se croit plein de ruse
Cette plante est force, ne craint ni la pluie ni le vent
L’humain subit sans aucune emprise sur le temps
Ce bois traversera les générations dans cette forêt d’hommes
L’être tombera dans l’oubli sauf sur une photo dans un album
Indispensable, magnifique, fort, vivant, c’est l’arbre
L’Humanité en est liée, c’est gravé dans le marbre
Homme, arbre, si différent mais tellement pareil
L’un rit, pleure, vit et meurt. L’autre paraît immortel
Maxime Lesage
L’arbre d’Oc
Je répands sous l’humus mes racines profondes
Pour goûter les saveurs de la glèbe d’antan
Et mon feuillage épris du souffle de l’autan
Conte le pays d’Oc aux âmes vagabondes.
L’automne me dévêt, quand partent les arondes,
Des ors dont se paraient mes membres de Titan,
Lors je griffe le ciel, farouche capitan,
Condamnant les corbeaux à d’inlassables rondes.
Oublieux zélateur de ma splendeur d’été,
Quelque passant parfois moque ma nudité,
Mais, si le sort me voue au fer d’une doloire,
Je ne redoute pas l’aube des lendemains
Et contemple, interdit d’une tant vaine gloire,
L’éphémère sillon que tracent les humains.
Guy Vieilfault
Prendre un arbre dans nos bras
Sur mon chemin, j'ai rencontré un arbre mort,
Totalement blanc et nu,
déshabillé de son écorce,
Cependant encore debout.
Je me suis approchée pour regarder les hiéroglyphes,
gravés dans sa chair,
Minuscules et vivants tatouages écrits sur son âme,
Minuscules et indescriptibles stries,
secrètes écritures.
J'ai enlacé cet arbre,
Enfermé son tronc dans mes bras,
Posé ma joue sur ce grand corps,
droit et fier dans sa nudité.
Alors, j'ai entendu la voix des forêts,
émue, je me suis intégrée à l'arbre,
J'étais à ma place et pleinement vivante...
Vous aussi, essayez....Prenez un arbre dans vos bras.
France Vincent
A l’ombre du cerisier
La terre pleure
Le souvenir de tes pas
Que tes semelles ont
Trop souvent foulé.
Le cerisier
Ne fleurit pas,
Il n’est plus là
Depuis tant d’années.
…
Le chapeau de paille
Accroché dans la grange
Se repose à jamais.
Sandrine Davin
Un arbre, un pommier, un automne
Pauvres pommes blettes d'êtres tombés,
Ridées foutues par le temps,
Tordues d'avoir trop vécu.
Pommier détruit par le vent d'automne
Tu as tant donné même des feuilles d'argent
Arbre immobile qui a tout perdu.
Te voilà gavroche les pieds dans l’eau
Regarde-toi pauvre pommier, pauvre pierrot
Tes feuilles et tes fleurs qui se dérobent
Tu es bien seul dans le fond du jardin
Même l'abeille s'en est détournée
Tu paresses dans un dernier soupir.
De longs jours avant le printemps
Quelques bourgeons pour l'attendre
Pour que naissent de nouvelles pommes,
Comme avant.
Alain Tardiveau
L’arbre
La forêt est immense
De nombreuses feuilles offre un abri
Arbres sans âge à l’écorce ridée
Automne quand tu viens me chercher
Les couleurs changent
Elles étincellent
Tombent les feuilles
Elles craquent sous nos pas
Bourgeonne au printemps
Les arbres se réveillent
La mousse recouvre le tronc
Les jonquilles en bordure des forêts
Renard sort de son terrier
Renard se cache derrière le tronc
Il cherche à manger
L’hiver, les arbres dorment.
Les oiseaux ne chantent plus
Les arbres sont tristes l’hiver
La neige tombe
Le froid abîme les branches
La forêt pousse bien l’été
Les feuilles vertes grandissent.
Les racines sortent de la terre
La foudre fend les bois
La pluie arrose la verdure
Les oiseaux font des nids en haut
Les œufs éclosent
Les petits sortent du nid
La mère nourrit les petits
Les corbeaux croassent fort
Les petits corbeaux tombent du nid
L’arbre vit bien
Les branches s’étendent au loin
Les feuillus s’écartent dans les directions
Quel est l’âge des arbres ?
Patrick Renard
Arboretum
En hiver, dans la terre noire des anciens,
Aussi noire que le temps des trop durs labeurs,
Dansent les racines de celui qui demeure,
Soucieux de ses ancêtres, désireux des siens.
L'arbre étend radius, cubitus, et puis sa main,
Vaste canopée du temps, jaune feuillage
Des siècles qui courent, tournant toutes les pages
De notre longue aventure, au sang souverain.
Il pointe le ciel, transpire la chlorophylle,
Mais, s'il n'évoque pas notre unique ascendance,
On le débite en rondelles chaudes qu'on lance
Dans les cheminées, au coeur d'un feu viril.
L'arbre se fait logis, puis bateau, mais encore,
Crosses d'un fusil, manche poli d'un poignard,
Torturé dans sa splendeur par l'homme, couard,
Qui préfère le verbe tuer, plutôt qu'éclore.
Une fine allumette tiédit le tabac,
Qui mord nos poumons au feu brûlant de la forge,
Alors qu'un arbre sage, dénoue nos gorges,
Filtrant pour nous les fumerolles ici-bas.
Feuillette les pages de celui qui s'écrit,
Mémoire ancestrale, ressouvenance antique,
Grave dans l'écorce ces mots, presque rustiques:
-Aimante forêt, ma campagne pour la vie.
Jean Piet
Entre ciel et terre
L’arbre est au vent
Ce que la voix est au silence
Une musique légère
Une danse lente
Dans la transparence de l’air…
L’arbre
par son silence
unit le ciel et la terre
C’est lui
Qui m’enracine
Lorsque j’écoute son langage
Dans l’écorce profonde de ses branches noueuses…
Beau langage
De l’arbre vivant
Dans son silence éternel…
Il est
Entre ciel et terre
La force de croire
Que le monde est beau…
Anne-Marie Laporte
Mon arbre
Mon arbre à moi, il a commencé petit,
Replié dedans sa graine,
Mais il a grandi, grandi, grandi,
Malgré l'hiver, la grêle, la peine.
Cet arbre m'a marqué comme le fer,
Lui dont le tronc noueux a poussé sous mes doigts,
Lui dont les bourgeons ont fait éclore des fleurs berruyères,
Laissez-moi vous conter tout ce qu'il est pour moi.
Mon arbre à moi il est musicien,
Tantôt doux, tantôt rapide mais toujours magistral,
Il compose de ces hymnes païens,
Qui raisonne dans l'air comme un chant végétal.
Il est à lui tout seul un ensemble orchestral,
Ses bois ses vents jouent une mélodie,
Et quand le printemps apporte ses notes florales,
Elles viennent couronner cette picturale symphonie.
Mon arbre à moi il est peinture,
Il est fait de mille et une couleurs,
Son écorce, ses feuilles forment une nature,
Qui irradie de paix et de douceur.
Avec toutes ses fines nuances,
Il pourrait faire pâlir un Monet,
Mais vers l’infini toutes il les lance,
Pour qu'elles atteignent un jour l'éternité.
Moi mon arbre il est sacré,
Il est le temple des hirondelles et des mésanges,
Quand l'hiver le recouvre d'un manteau nacré,
Qui le contemple croit y voir les ailes d'un ange.
Ses racines vont au plus profond de la terre mère
Pour aller y puiser de l'ambroisie
Mon Yggdrasil se nourrit de rayons solaires,
Pour continuer à croître vers l’infini.
Mon arbre à moi il est poète,
Il reste de longues heures sur la rive à contempler,
À écrire de ces rimes muettes,
Issues des reflets de l'eau qu'il a tissés.
En son creux avant que n'approche le matin,
Je lui récite les sonnets que j'ai écrit,
En retour il me murmure les siens,
Coule alors les vers d'une arborescente poésie.
Hélas il est des jours où la vie bascule,
Et je fus contraint de quitter mon pays,
Sur mon arbre sont tombés les crépuscules,
Quand je vis partir mon enfance, mon Berry.
Parfois au loin je me sens un peu seul
Je me souviens alors de l'odeur de sa sève,
Je le revois mon arbre, mon ami, mon Saul,
Et sa voix m’accueille dans le pays des rêves.
Z.A.C
D’OCTOBRE ET D’AILLEURS
Sans doute une autre fois,
A repasser par là,
Retourner sur mes pas
Où il y avait un bois.
Un jardin aussi, un square
Des oiseaux, un belvédère,
Des balades sur les sentiers
A jamais rayés.
Arbres absents à mes yeux,
Irrémédiable morne plaine
Qui pleure la nature perdue
Après la coupe barbare
Aucun qui s’étonne
De l’ambition des hommes,
D’en faire un lieu de culture
En réduisant la Nature.
Regret définitif,
Désir du plus fort
L’arbre abattu est mort
Pleurs infinis,
Perte d’un ami.
Fait à Bourges le 16 Octobre 2016
Sur les pentes de seraucourt…
Jacques
Eloges de l’arbre
Des arbres en forme de boule
Des arbres parasols
Des arbres qui tombent en pluie
Des arbres droits comme des I
Des branches qui s’étalent
Des cimes qui s’élancent
Des arbres qui s’épanchent
D’autres qui s’en balancent
Ceux qui donnent des feuilles
Ceux qui donnent des fruits
Ceux qui pleurent sans répit
Tous les arbres tapent à l’œil
Ceux qui font de la gomme
Comme ceux qui donnent des pommes
Nous portons tous vos fruits le toit de vos maisons
Nous ornons vos jardins nous décorons vos places
L’été nous apportons de l’ombre à vos terrasses
Nous nous ornons de feuilles d’or quand vient l’automne
De pétales au printemps Nous les piliers de la terre
Nous vous donnons du bois pour vous chauffer l’hiver
Du bois de chêne massif pour vos armoires à glace
Du bois de merisier pour vos meubles à tiroirs
D’ébène ou d’acajou pour vos meubles à bijoux
Pour vos lits du bois d’orme pour que vos enfants dorment
Du bois d’épicéas pour vos luths vos guitares
Du bois d’érables ou d’hêtres pour vos murs vos fenêtres
Du bois d’osier pour faire des nasses et des paniers
Du bois de peuplier pour en faire du papier
Les arbres le plus souvent de formes circulaires
Ont des racines rampantes des bras tentaculaires
Leurs feuilles de couleurs dansent avec la lumière
Ils ont la grâce d’une divinité hindoue
Et la sérénité d’un dieu qui fait la roue
D’autres sont secs et droits sombres comme les Ifs
Rigides, leur mine austère les rend moins populaires
Sages ténébreux silencieux contemplatifs
Leurs danses dans le vent sont moins spectaculaires
Ils saluent humblement d’un geste pendulaire
Qu’il s’habille d’épines ou de fleurs éphémères
Qu’il chante au bord de l’eau ou côtoie les nuages
L’arbre est un magicien qui à chaque paysage
Compose avec le vent la pluie et la lumière
Alain Hannecart
Le chêne
Le bois crépite dans la cheminée engourdie
Le feu siffle, s’agite dans l’âtre rougeoyant
L’écorce épaisse torturée par les vents
Crie et gronde son humeur dans la pièce froide
Ecoutez la colère du roi de la forêt, moribond
Je ne demandai rien, mais toi tu m’as coupé le tronc
Tu m’as saigné à mort avec une passe-partout édentée
Tu m’as asséné de coups de hache et de coins aiguisés
Alertée, entendant mon cri déchirant la forêt se tenait coite
Blessé, dans une lente agonie, je me suis affaissé
Couché sur la mousse la mort me poignardant
Impudique, j’ai hurlé tout mon soûl en plein mois d’août
Il n’y a plus de saison, il y’a de quoi vous rendre fou
L’homme des bois est dur, rustique et sans entrailles
Acharné sur mes branches, il me laissera d’âpres entailles
Ma ramure démembrée, coupée en morceaux
Sera jetée dans une grange près de vulgaires fagots
J’étais pourtant un chêne dans sa toute puissance
Le plus bel arbre vivant au sein d’un bois élégant
Souvenez-vous de l’ombrage de mon feuillage
Des bruissements d’ailes et des sifflements joyeux
La nuit, Madame vous soupiriez d’étreintes étouffées
Vous m’avez griffé l’écorce de cœurs et de lettres infidèles
Lhomme cruel m’a vendu à la méranderie pour faire des planches
Entravé de chaines j’ai pris la grand’route des vins
Irai-je dans les caves du Médoc me faire réchauffer le corps ?
Offrant au nectar trois siècles de parfums boisés
Je goûterai enfin les vapeurs d’un vin unique valant de l’or
Je serai si heureux d’y retrouver une trogne rouge et luisante
S’accoler à mon bois, s’y tenant les côtes, heureux et titubant
Je remercierai les mains crevassées du sage vigneron
Sachant caresser le verre patiné… humant les effluves d’un roi.
Martine Charron
Écorce d’un temps
Un songe, bruissement d’éternité, rêve éveillé s’étalant sous les
yeux, les percutant, les remplissant, de joie, de beauté et de
splendeur !..
Rien, rien n’approche encore ce rythme de couleurs, de
symphonies s’ébrouant dans les courbes baroques des murs de
marbre, splendeurs de dorures, croire n’est plus à l’heure, foi est
faite de la beauté en tant qu’expérience tangible.
Mourrons donc, rires improbables, mourrons ensemble sur cet
autel de la vie, ce symbole du temps qui passe, et qui dure, et qui
résiste à lui-même, qui résiste à ses propres malheurs, à ses
propres ravines, à ses propres douleurs. Je ne peux que vous
suivre, rires incroyables, dans vos courses fugaces, jouons donc
sur les courbes de la misère, et que l’homme quitte les écrans,
virtualité misanthrope, jouons à être grand, et essayons de voir ce
que peut pour nous la grandeur d’Antiquité !
Quel égard donné aux regards ? Bruissement éveillé, rêve
d’éternité, j’embrase mon être dans les turpitudes de mon
sommeil, dans les inquiétudes de mes jours, dans les certitudes de
mes nuits, tout peut, rien ne vaut !
Fuyons amis, fuyons aux bois, aux arbres, il n’y a que les vestiges
d’une grandeur passée qui nous tiennent haleine au sein des
villes ! Endormons nos peurs dans la valse immortelle des
feuillages, impératrice du chant des champs, reine du chant des
chants.
Jetons nous au cœur de guerres dont l’avenir fera des fresques et
des odes !
Brûlons nous d’amour et de chagrin, vivons !
Toujours, au détour des sentiers un siège au pied d’un symbole
nous sera présenté… Cessons ces craintes vulgaires, j’abhorre vos
lâchetés, j’y vois les miennes en reflet…
Dansons le creux d’arabesques endormies dans le marbre, dansons
nos visions !
Vincent Urban
Souviens-toi
Des heures durant, nous avons marché,
Lourds de nos peines et de nos tourments,
Légers de nos sourires échangés,
Étonnés mais ravis, d’être vivants.
L’ombre d’un chêne au détour d’un chemin,
Nous séduit de mille feuilles agitées,
D’un tronc noueux et chaud contre notre main,
D’une majesté surgie du passé.
Couchons-nous, regard perdu dans sa ramure,
Et conservons le souvenir précieux,
Bercés par l’immense murmure
Ailé, des heureux jours de l’été.
Tout à coup, s’avance l’heure rousse.
Des feuilles tombées entravent nos pas
Traînants, d’où montent les pensées douces
Des morts aimés, que notre cœur pleura.
Erables flamboyants, platanes blonds,
Tous célèbrent en costume de feu,
L’avènement de la morte saison,
Ici, dans les limbes de matins brumeux.
Automne des loups et des sorcières,
Viens avec moi à l’étrange sabbat,
Où tordant les cyprès des cimetières,
Le vent murmure à l’âme : « Souviens-toi ».
À la brune, les forêts se sont tues.
Effeuillés, leurs troncs tâchés de sombre,
Les bouleaux dressent leurs branches nues,
Couvertes de givre, dans la pénombre.
N’oublie pas le malheur des pauvres gens.
Car le froid rend plus dure la misère.
Pour qui compte au feu chaque sarment,
Elle semble bien loin, la fin de l’hiver.
Courtes journées, sur de tristes plaines,
On fuit les champs. C’est la saison des villes,
De lumières et de parfums, où traîne
Un murmure : la promesse d’avril.
Ou de mai, ou de juin, mois jolis.
Aux rayons d’un soleil devenu ardent,
Tout s’éveille, qui était endormi,
Sous les baisers amoureux du printemps.
Sous les peupliers neigeux, du coton,
Où se cachent mille bêtes nouvelles.
Parmi les cerisiers couleur bonbon,
Fragiles, naissent des coccinelles.
Partout, de feuille en feuille, ce murmure :
Quoi ? Tu es encore là, dans la ronde ?
Sois humble. Rends grâce à la Nature,
D’être témoin de la beauté du monde.
Françoise Gries
Splendeur d’un arbre
Se tenant fier et droit
Il puise sa force dans la terre
Ses racines sont ancrées dans le sol
Il ne craint pas le froid
Aussi fort que fragile
Sa sève coule
De son cœur, des odeurs se dégagent
L’instant est tranquille
Il est là, debout, puissant
Fait face à toutes épreuves
En toutes saisons
Qu’il soit petit ou grand
On s’y adosse paisiblement
Lui, a la tête dans les nuages
On grave notre amour dans son tronc
Lui, expose ses branches fièrement
Il se fait chauffage, refuge des familles d’oiseaux
Offre son ombre, ses fruits
Déverse son liquide précieux
L’arbre est essentiel à notre vie.
Eléna Signori
L'olivier de l'espoir
J'ai planté un noyau d'olive
Dans mon jardin d’Éden.
Une colombe inoffensive,
Dans mon ambiance zen
Ses puissants chants de paix a sifflés.
L'espoir j'ai attendu.
Au soleil, le noyau a germé.
Au loin, j'ai aperçu
Le tronc noueux briller, l'air divin.
Il était tout en or.
Puis, j'ai invité les baladins
Afin qu'ils jouent trésors.
Le géant distribuait son or.
A ses pieds, des denrées
Pour affamés, victimes du sort,
Pour tous les va-nu-pieds.
La nature enjouée, souriait.
Le monde avait changé.
De faim, plus jamais on ne mourrait
Grâce à cet olivier.
Ses longues racines dans le sol
Puisaient de l'eau pure.
Dans le firmament, les tournesols
Ondulaient dorure.
Mais déçue, je me suis réveillée...
Adieu rêve, envolé !
Dans mon jardin, je n'avais planté
Qu'une simple orchidée.
Avec tristesse, ce matin-là,
J'ouvris mes blancs volets
Le bel olivier n'était point là
Et l'orchidée dormait.
Les baladins qui ne jouaient plus
Leurs belles histoires,
Étaient hélas tous redescendus
De leurs balançoires.
Je poussai porte de mon jardin
Avec noyau d'olive,
Et une colombe dans ma main
Pour que Monde vive...
Carole Regazzoni
Inventaire ligneux
Des bûches.
Des poutres, des planches,
Un char à bancs,
Un cure dent.
Ponts,
Jolies cabanes, chalets.
Boites diverses:
Buffets,
Berceaux, cageots.
Puis
Les fruits,
Pommes, poires, abricots...
Ceps,
Sarments,
Bouchons et tonneaux.
Habitat
Des écureuils,
Chouettes, mésanges, bouvreuils...
Sans
Occulter,
La pâte à papier, les sirops très sucrés,
La résine,
Hautbois, sculptures,
Hautes futaies.
Un rôle majeur dans l'écologie,
Dans notre vie.
Merci l'arbre !
Serge Coutarel
Mon arbre de cœur
Toi mon arbre de vie, mon arbre de cœur
Laisse-moi toucher ta douceur
Toi mon arbre de vie, mon arbre de cœur
Enivre-moi de tes odeurs
Toi mon arbre de vie, mon arbre de cœur
Éclaire-moi de tes mille couleurs
Toi mon arbre de vie, mon arbre de cœur
Accompagne-moi sur le chemin du bonheur
Toi mon arbre de vie, mon arbre de cœur
Reste près de moi que je profite de ta douce chaleur.
Mélanie Riffault
Un arbre
J’ai planté un arbre dans ton cœur, il fleurira
Comme ton sourire, il germera
Au creux de ton iris abasourdi
Il couvrira tes faiblesses des matins incompris
Il sera ton soleil, ton oasis
Ton odyssée vers des éternités
Sa dance sous les zéphyrs sera catharsis
Il sera ton parapluie des jours ensoleillés
J’ai planté un arbre dans ton jardin secret
Un acacia ou un palmier
Dans ses racines distille la vie
Frotte-toi à son écorce infinie
Il t’apprendra le calme, le sourire silencieux
Le mariage entre le ciel et la terre des aïeux
Il t’apprendra le vent
Arrose-le calmement.
Jocelyn Danga
Racine d'espoir
Au bord de la route qui mène au soir
Se dresse l'arbre de notre espoir
Que des gamins l'ébranlent à coup de sandales
Que les amoureux l'égratignent de leurs initiales
Notre arbre jamais ne s'en plaint
Car l'air du temps toujours l'étreint
Au vain tumulte infernal
Il déploie sa stature boréal
A l'automne il annonce les larmes
L'hiver venant il abandonne les armes
Mais jamais notre arbre ne s'en plaint
Car l'air du temps toujours l'étreint
Force sans fureur
Vie sans malheur
Et jamais ne se plaint
L'air du temps pour toujours l'étreint
L'arbre enfin s'endort
Un monde s'éteint
Martin Vagnoni
La mort d’un arbre
Un matin, m’asseyant près de mon chevalet,
Dans un pré accueillant, je me vis inspirée…
Les Muses, mes complices, doucement chuchotaient :
«Tu seras une artiste, et laisse-toi guider ;
Très harmonieusement, les lignes danseront,
Travaille en t’appliquant, sème tes émotions! »
J’aperçus un pommier, gisant dans la verdure,
Le pauvre était couché, insulte à la Nature !
Ses racines cassées dévoilaient leur visage,
Son écorce saignait, agressée par l’orage…
Ne chantaient plus en chœur, ma main et mon esprit :
Ô ! Festins de couleurs, agapes évanouies !
Le fil de mes pensées, bien vite, se tissa,
Comme une histoire naît, d’un film, au cinéma.
J’imaginais, bientôt, sombre dramaturgie,
Un triste scénario, venu d’un ciel tout gris :
« Le pommier résistait à la force d’Eole ;
Le vent se déchaînait, dans une course folle;
Plus lourdes que ses fruits, les années à porter,
L’avaient tant affaibli, qu’il était épuisé …
Mais les deux adversaires, luttaient champ contre champ,
Se déclarant la guerre, au milieu du grand champ !
L’arbre versa des larmes ; l’ouragan assassin,
Avant qu’il ne désarme, méprisa ce chagrin.
La victime chuta, au cœur d’une rafale,
Vaincue, elle s’effondra loin du tueur en cavale.
Je la vis, par malheur, succomber brusquement,
Expirant dans la peur et sans voir le printemps ! »
Au gré de nos saisons, ornés de fleurs ou fruits,
Vous êtes des fleurons, pommiers de Normandie !
Monique Renault
Arbres, mon jardin
Ton tronc est si grand,
Et impressionnant
Tes feuilles forment un toit
Bien au dessus de moi,
Je viens te voir tous les matins,
Je touche ton écorse, et te donne la main,
Avec le vent tes branches chantent, et c’est beau,
Et les oiseaux font de même, là-haut.
Tes racines poussent loin dans la terre du jardin,
Tu as plus de 100 ans, et je le sais bien.
Tu me donne l’oxygène et aussi ton amour,
Je connais mes arbres et les aime en retour.
Quand dans le voisinage j’entends les scies,
Je pense aux arbres qui vont perdre la vie,
Le tronc si fière est couché tout le long,
Et les branches pleines de feuilles couvrent tout le gazon.
Devant la maison des hommes jeunes et forts,
Te coupe en morceaux et profitent de ta mort.
Vas-tu devenir allumette ou cercueil ?
Moi je suis triste et pour toi porte le deuil.
Je voudrais que pour chaque arbre qui tombe,
D’en planter un de suite nous incombe.
Pour nous faire trouver ces forêts de naguère,
Imagine qu’il n’y ai plus un arbre sur terre,
Quelle triste et désolante perspective,
Moi j’aime les arbres, il faut qu’ils survirent.
Manja Klotz
L’Arbre
En hiver
Avec mes airs de crucifié,
D’écorché vif, de pauvre mime,
Avec mes mains de vieux tendues vers la cime,
Sciées par les bras sans pitié
Des élagueurs.
Au printemps
Je sens que l’acné me bourgeonne
De petits boutons poisseux pleins de merveilles
Fragiles comme des abeilles
Plein de promesses comme des nonnes
Au printemps.
En été
Je me sens sûr et triomphant
Je rayonne de ce qui sort de moi
La sève comme un nectar champenois
Monte à ma tête d’enfant
En été
En automne
Le vent a ses contradictions
Il me met tout nu, et il fait chaque jour plus froid,
Je rêvais d’un destin de roi,
Et je vaux moins qu’un champignon
En automne.
Vianney Déal
Le chêne
Toi le chêne, roi de la forêt
Tu te plies pourtant à tous les caprices du temps
Et après la pluie lorsque chaque feuille
laisse perler une larme
En petite note harmonieuse : comme un archet sur un violon
moi j’écoute la symphonie
que fait le vent dans ta ramure.
Ami des grands espaces
Suivre du regard une feuille d’automne
Se détacher sans bruit,
M’attarder une nuit pour écouter le silence
Et si les oiseaux et les lutins te font fête
Tu restes indifférent à toute heure qui fuit
Quand le soleil s’endort.
ton ombre solitaire apaise le voyageur.
Lorsque de tes branches la bûche fumera
je ne serai pas là.
Vivre sans arbres c’est vivre sans âme
C’est vivre nu.
Solange Magne
Arbor…essence
Dans l’espace des arbres
La vie déploie ses fulgurances
Dans les racines des arbres
La vie ancre sa confiance
Dans le tronc des arbres
La vie érige sa croissance
Dans les branches des arbres
La vie chante ses résonnances
Dans les fruits des arbres
La vie engendre les renaissances
Dans la sève des arbres
La vie irrigue nos existences
Dans l’automne des arbres
La vie dépouille des évidences
Dans l’hiver des arbres
La vie recycle les apparences
Dans le printemps des arbres
La vie replante les semences
Dans l’été des arbres
La vie virevolte dans l’insouciance
Christelle Hauteville-Chadorla
SA MAJESTE L’ARBRE
Il est seul au milieu du champ
Depuis de nombreuses années
Etalant ses branches où il y a des chants
Car ce porte-plumes abrite les oiseaux
Où de nombreuses couvées
Se sont cachées plus ou moins haut.
On voit, en écartant les branches
Qu’il y a beaucoup de fourches
Pour accueillir petits et grands
Qui le réjouisse de leurs trilles ;
Et puis l’ombre qu’il dissipe
Abrite toute la population
De ceux qui viennent paitre dans son entourage
Et qui trouvent bon gîte pour une sieste
Bercés par le vent dont les feuilles
Bruissent au moindre souffle.
Mais il est beau aussi l’hiver
Quand la bise l’a dénudé
Son squelette ajouré accueille le soleil
Et même avec la neige, si elle est légère
C’est une féerie de l’admirer ;
Résistant au frimas parfois rude,
Il arrive aussi que par grand vent
Aquilon lui casse des petites branches
Mais c’est souvent un bien
Qui permettra de renouveler la tige
Pour alimenter au printemps des bourgeons nouveaux
Car les fruits qu’il nous donne
Servent aussi aux gourmets qui le visite
A l’époque du mûrissement.
Comment est-il venu ici ? SEUL, ?
Où avec le concours des oiseaux ;
Toujours est-il que depuis des années
Et pour combien encore
Il comblera tous ceux à qui il donne asile.
Robert Berthommier
Mon homme-arbre
Je taierai son nom, par souci de discrétion.
Cependant, sachez qu’il résonne comme un arbre :
La première consonne l’ancre dans le sol,
Le « L » suivant commence à le déployer,
Se forment le tronc, les premières branches.
Le son qui suit est le dernier,
Il est terrestre et aérien à la fois,
A son image.
C’est un grand arbre, très grand, très fort.
Je peux m’appuyer toute entière contre lui,
Sans aucun risque de tomber.
Il me soutient de toute sa stature,
De toute son énergie.
Une fois, dans le noir,
Alors que j’étais blottie tout contre lui,
Me ré-énergisant à son contact,
J’ai vu une lumière jaune émanant de son cœur.
Je lui raconte mes secrets, au creux de son oreille,
Je sais qu’il les gardera, au creux de son écorce.
J’espère qu’un jour il me donnera un fruit.
Juste un.
Un fruit rosé, gentil, doux et rieur.
J’espère que mon arbre va continuer de grandir,
Devenir toujours plus fort,
Qu’il sera toujours là pour moi,
Que jamais la foudre ne viendra brûler son cœur.
C’est mon ami, mon amant, c’est mon arbre.
Marie-Line Souq
Dans l’ombre d’un éclat
Avez-vous entendu ? Là ! Mais si, n’avez-vous pas entendu l’écho
d’un chagrin ? En tendant l’oreille, on peut percevoir au loin les
larmes silencieuses de Sa Majesté qui règne en ces lieux. Si l’on
s’aventure dans cette clairière parsemée d’une aura d’une richesse
incontestable, on peut apercevoir au loin, dans les rayons de
lumière, un arbre imposant ses feuilles charitables. Il peut décider
du destin de milles créatures juste d’un simple geste qui le
caractérise. Il donne la vie, mais peut tout aussi bien la reprendre
si l’envie lui prend. Son âme est pure et pleines de bonnes
intentions, mais dans l’ombre de son éclatante beauté, la souillure
commence à le gagner. Ses membres se raidissent, ses feuilles
dépérissent, ses racines pourrissent, son écorce tombe en
lambeaux. Une maladie le ronge, lui, l’être le plus pur et noble
existant en ce Bas-Monde. Mais quelle est donc cette malédiction
qui l’attaque de l’intérieur ? Je vais vous le dire et sans retenir mes
mots : c’est l’Homme.
Olivia Morchain
CENTENAIRE EMOUVANT
Je vois souvent là-haut sur la colline,
Centenaire émouvant,
Solitaire effeuillé,
Le mouvant d’un grand arbre
Plein de vent et de larmes.
Tristement là,
Son corps signe l’horizon
D’une bien vieille blessure.
Dans ses bras,
Quelques vies de passage.
C’est ainsi dénudé
Que notre hôte s’expose
Aux froideurs de l’hiver.
Une marque en son cœur,
Cicatrice d’antan,
Comme un coup de sang-froid,
Une folle nervure
Dans le corps de son bois.
Blandine Auger
L'allée des tilleuls à Noirlac
Au fil des ans,
Que de monde, ils ont vu vagabonder sous leurs ramures…
Petites gens ou personnages illustres...
Que de sentiments mêlés…
Joies et peines
Douleurs et passions
Amour et désamour
Calme et ferveur
Fougue et sérénité
Retraite et action
Révolte et méditation
Douceur et tendresse
Odeur et saveur
Fleurs et abeilles…
Écoutons-les-nous raconter…
Venons-nous asseoir sous cette cathédrale de verdure,
Accolons nos oreilles contre leur écorce, là où résonnent
Encore les mots
d'autrefois...
Michèle Hubert
Puisque les arbres meurent aussi…
Les arbres parlent
Mais on ne sait leur langage
Les arbres chantent
Mais on ne sait leur musique
Les arbres savent
Mais on ne sait leur savoir
Les arbres ont peur
Mais on ne sait leur crainte
Les arbres savent l’Univers
Comme on ne le saura jamais…
Si c’est de bois que furent faites les premières
embarcations, radeaux, pirogues, felouques et tartanes,
drakkars, trois-mâts… ce n’est pas un hasard…
Si la demi-coquille de noix ressemble à la coque
[coque, coquille…] d’un bateau… ce ne peut être un
hasard…
Si, naturellement, le bois flotte, … c’est loin d’être un
hasard…
Si les arbres laissent les oiseaux faire des nids de
brindilles dans leurs branches, il y a sûrement une
raison…
Est-ce les arbres qui apprennent à chanter aux oiseaux ?
Et d’où ce chant, ce chant du premier matin du monde,
vient-il ?
Pierre Sureau
L'ARBRE BLEU
ou
JACARANDAS & PAULOWNIAS
Il est sous nos cieux familier
De voir les arbres s'habiller
De teintes pourpres, rouille et jaune
Qu'impose la mode aux automnes.
Lors, se déclinent des palettes
A fair' pâlir d'envie les maîtres
Lorsque les érabl's incendient
Toutes les forêts d'Acadie,
A moins d'avoir l'âm' d'un artiste,
Ou d'être un brin surréaliste
Il parait par contre curieux
D'imaginer un arbre bleu.
Lors, pour ne pas sembler fada,
Parlez donc de jacarandas.
Il est banal et ordinaire
De dépeindre les arbr's en vert
Mêm' si aux temps des floraisons
Bon nombre prennent d'autres tons.
C'est ainsi que tels des soleils
Les mimosas en plein hiver
Jettent leurs boules d'étincelles
En cent mille éclats de lumière.
Il est par contre bien curieux
D'imaginer un arbre bleu
Mais si l'on n'a pas l'âme artiste,
Ou juste un brin surréaliste
Et qu'on ne veuill' sembler fada
Il faut montrer des paulownias.
Quand l' printemps point' le bout d' son nez.
Il ne peut être surprenant
De voir les premiers amandiers
Vêtus d'une aub' de communiant;
Pommiers et arbres de Judée,
En rose ou mauv' peign'nt les vergers
Et pour l'orang', les flamboyants
Nous lancent leurs tons éclatants.
A moins d'avoir l'âm' d'un artiste,
Ou d'être un brin surréaliste
Il parait par contre curieux
D'imaginer un arbre bleu
Sauf si l'on évoque, ma foi,
L'arbre impérial de Paulownia.
Gérard Salert
Frère arbre
Arbre, ton aura est révélatrice de ta grandeur
Arbre, tu danses avec la musique du vent et du temps
Arbre, ton être vibre à l’unisson du monde
Arbre, avec tes branches tu implores le ciel de toute ton âme
Arbre, dont le coeur bat au rythme de la terre et des saisons
Arbre fraternel dans la création de Dieu
Arbre, je te rends grâce pour ce que tu es
Arbre, tu es beauté et stabilité pour tes racines.
Philippe Selmi
L’arbre généreux à l’infini
La force de ton tronc, présence inébranlable,
Traversant les années, repère indispensable,
Immuable, planté comme une certitude,
S’installe dans nos vies, rassurante habitude.
La douceur infinie, subtil frémissement,
De tes feuilles miroir qui caressent le vent,
Longue conversation, murmure universel,
Saupoudre nos amours d’éternité nouvelle.
Sitôt né, condamné au voyage figé,
Même petit, plus grand que notre vanité,
Tu forces le respect du haut de ta sagesse,
Ralentis notre temps, témoin de tant d’ivresses.
Mort encor tu vivras, comme papier, maison,
Comme bateau, bâton, chaleur, table ou violon,
Si généreux cadeau du passé au futur,
Tes possibles offerts à nos cœurs si peu purs.
Agnès Doligez
ARBRES DE SOLOGNE
Louange à vous, seigneurs de nos belles forêts !
Arbres de vive sève ou de résine blonde,
Princes des bois puissants sur la mousse profonde,
Sologne, ils sont ta vie, admire leurs attraits.
Surplombant les taillis, les bouleaux et clairières,
Se dressent des géants au port majestueux :
Grands chênes, fiers sapins, châtaigniers tortueux,
Les maîtres de la sylve aux ramures altières.
Sologne, sol de sable ou bien terre des eaux,
Qu'étais-tu autrefois ? Un vaste marécage,
Un désert insalubre, une lande sauvage
Livrés aux seuls lichens, maigres joncs et roseaux...
Un décret impérial a changé ta nature,
Des pins verts ont dressé leurs rameaux persistants,
Les marais devenus de superbes étangs,
Bruyères et genêts colorant ta parure.
Désormais grâce à vous, quels décors merveilleux !
Vos feuillages divers, vos branches de dentelles,
Au fil des quatre temps, de beautés se constellent :
Arbres, fils de la terre, engendrés par les cieux !
Liliane Codant
L’éveil
L’air baba, roucoulant sous le doux feuillage de mon hêtre, je
respire.
Enfin, mon esprit se libère, il coule.
Avec le grand bleu, il se confond,
Vers l’étendu du ciel, il oriente mes pensées.
L’air béat, épanouît sous la tendre carapace de mon être, je respire.
Enfin, mon esprit me libère, je m’ouvre.
Avec l’humanité, il me confond,
Vers l’étendu de l'univers, il oriente mes pensées.
La vie prend dès lors tout son sens,
Essence de mon esprit,
Esprit du monde,
Ce monde qui m’a donné naissance,
Est inscrit dans mes gènes,
Est le reflet de l’éternité.
Antoine Volton
Qui es-tu donc?
Tout doucement,
La graine s'enfonce dans le sol.
Elle plonge, s'installe, se love,
Dans une ambiance brunâtre,
Végétale, minérale et grouillante
D'une faune souterraine.
Tout doucement,
Une petite plantule papillonne
Et ses bourgeons émergent
A ciel ouvert.
De temps à autre,
Elle se dresse attirée par le soleil.
Tout doucement,
L'arbrisseau devient vigoureux,
Se balance de ci de là,
Rencontre le champignon,
Ils tiennent conversation,
Pendant que le chevreuil,
Galope sur les feuilles,
Sous l'œil de l'écureuil.
Tout doucement,
Petit arbre devient grand.
Il s'intègre dans un taillis
Qui s'ébranle en futaie.
Claire Jolivet
Tout doucement,
L'arbre s'habille.
De belles ramures prennent place,
Sur son tronc marbré et sinueux,
D'une écorce craquelée.
Son feuillage étincelle,
Aux couleurs des saisons.
Tout doucement,
L'arbre s'étire, s'étoffe, s'ébroue
Au fil des années.
De génération en génération,
Il se fait admirer
Des artistes peintres, photographes,
Visiteurs solitaires où guidés.
Tout doucement,
L'arbre est là,
Magnifique,
Arbre remarquable,
Il se nomme:
Jacques Chevalier, Carré et bien
d'autres encore.
Je vous présente
Le Chêne.
Arbres des forêts
Entre terre et ciel
vous bâtissez des siècles
obstinément
Dans votre élan solaire
vous êtes les phares
et témoignez
d’une paix possible
serrés les uns contre les autres
Jean-Charles Paillet
L’arbr[u]isseau
Accointé aux berges
Du ruisseau
Il s’évase et chavire
Sans quitter l’eau
De l’âme
Puisqu’il n’a pas d’yeux
L’arbr[u]isseau
Est un rêveur
Diaphane
Valère Kaletka
SECRET
Le chien aboie
La branche se balance
Dans un mouvement
Inquiétant
Le chien s'est tu
La branche a chu
Le murmure de l'ombre
M'enchante le soir
Quand la nuit vient
Ton souffle réchauffe mon cœur
Il me berce, avec son chant silencieux
Tourbillonnant, Il laisse place à la nuit
Apaisant, il ouvre la porte
Aux doux rêves enveloppants
Rouge flamboyant habillé de cuivre
Jaune doré, pain doré
Vert basilic, vert anisé
Marron, châtaigne moelleuse
Toi seul
Tu résisteras
Au temps qui passe
Au temps qui détruit
Au temps qui renaît
Au temps qui apaise
Tu te caches dans la forêt
Et nul n'a pu découvrir ton secret.
Martine Duranel
Être un arbre
Entre la feuille et la plume
Je porte depuis l’enfance
L’innocence d’être un arbre
Un arbre qu’on ne coupera jamais
Oublié de la sécheresse, des maladies
Des prédateurs et des intempéries
Oh je sais ce que vous pensez :
« Celui-là, il en demande bien haut à son arbre ! »
Mais je n’en ferai qu’à ma cime
Pour régner hors du temps des hommes
De tous les êtres qui me côtoient
Pour chatouiller les nuages
Avec mes branches qui dansent au vent
Et faire un coucou géant
Au soleil du matin au soir, à la lune du soir au matin
Pour former de beaux anneaux, à l’abri des durs de la feuille
Et de celles qui prennent ombrage
Ou craquent à la moindre bise…
Les lisières certes me soufflent
Que l’heure est aux hostilités
Contre l’arbre de la Liberté
Mais pour ce colosse d’écorce, ce patriarche moussu
Qui croît en moi depuis l’âge meuble
En effet, je suis tout prêt
À doubler l’arbre qui cache la forêt !
À présent, je me demande, n’ai-je pas enraciné
Quelques cœurs tendres dans mes rêveries ?
Si oui, venez-donc pousser avec moi !
Si non, faites-vous greffer une langue de bois !
Car entre la feuille et la plume
Jamais ne meurent les rêves d’enfant !
Denis Berthet
" Autumn trees"
Parcourus d'un long frisson
Les arbres,
En un lent striptease
De feuilles d'or
Qui choient puis flottent
Virevoltent et chutent
Mortes
Sur la terre meuble des sillons,
S'épuisent
A leurs pieds
Deux jeunes femmes venues de l'Est
Vénus lestes
En attente d'être dévêtues
Se prélassent aux derniers rayons
D'un soleil qui s'amenuise
Alors
Du pauvre Lilian
Me revient la chanson
Les sanglots longs des violons......
Jean-Louis Clerc
Mon arbre
Dans mon jardin
Il y un arbre si grand
que je faisais le malin
en grimpant dedans.
Le printemps enfin
Les bourgeons éclataient
C’était doux comme le satin
La sève bouillonnait.
L’été il était magnifique
avec toutes ses petites fleurs
c’en était si magique
toute cette splendeur.
L’automne il était morne
plus de feuilles, de fleurs,
ce n’était pas la grande forme
mais il était si plein d’orgueil.
Fabienne Lavigne
Les poètes
Redites-moi le nom de ces croqueurs de vent
Qui cueillent l’aquillée aux rives des chemins
Des hommes sans mémoire et sans auparavant
Chantent la villanelle et soufflent dans leurs mains
… pour qu’il n’en reste rien.
Redites-moi le nom de ces pêcheurs d’écume
Qui raclent les grands fonds de nos mers intérieures,
Ils ne trouvent jamais que des poissons de brume
Qu’ils rejettent à l’eau des moissons ultérieures
… pour qu’il n’en reste rien.
Redites-moi le nom de ces cœurs étoilés
Qui portent dans la nuit des couronnes de roi,
C’est la haute magie des chariots attelés
Qu’on emplit de diamants couleur de désarroi
… pour qu’il n’en reste rien.
Redites-moi le nom des ces buveurs d’images
Qui caressent un soir la subtile fredaine,
Ils passent le front nu dans le feu des nuages
Et se brûlent les doigts à distiller la peine
… pour qu’il n’en reste rien.
Redites-moi le nom de ces rebelles-nés
Qui se sont égarés dans un autre univers,
Ou costumes parfois d’arbres déracinés
Qu’ils trouvent au hasard des rendez-vous pervers
… pour qu’il n’en reste rien.
Redites-moi le nom de ces voleurs futiles
Qui pressent des trésors à n’en savoir que faire,
Eux qui n’ont de joyaux que des fleurs inutiles
Sur quoi passe l’aveu d’un éternel mystère.
… pour qu’il n’en reste rien
Que l’offrande des mots.
Henri Heinemann
Un arbre
De leurs racines
A leurs cimes
Ils sont de toutes beautés
Et règnent pendant des années
Les arbres sauvegardent la nature
Prêt des rivières d’eau pure
Ils protègent la vie
Et ils ont tout plein d’amis
Il faut les respecter
Pour toute l’humanité
Une promenade en sentier
Sous les arbres en randonnée
Sous cette voute se forme une forêt
Se ballade des animaux en liberté
Et profite des nombreux fruits
De midi à minuit.
Olivier Thomas
POMMIERS EN FLEURS
Pommiers blancs, Pommiers roses
Pommiers de plein champ
A vos pieds vaches tachetées de noir ou de brun
Pommiers de villages à colombages
Pommiers à cidre ou non
Pommiers de Normandie.
Pommiers blancs, Pommiers roses
Pommiers de pleine campagne
Pommiers de plein vent
Pommiers des dairy maids
Pommiers du Somerset
Pommiers du Cheddar cheese.
Et vous petits pommiers
dits démodés
Chassés en La Forêt
De vos gloire d'antan
Avec vos échelles dressées
Par la Golden?
Vous revenez à pas comptés
Sur nos étals et dans nos vergers
Pour un bonheur retrouvé
Chez nos Forêtins:
Vous, Pommiers de la Cravert!
Pommiers blancs ourlés de rose
Pommiers aux pétales roses ourlés de blanc
Pommiers aux branches étalées
Voûte fleurie de l'allée médiane.
Pommiers où s'égaient le merle et le chardonneret
Superbe cliché de printemps
Vous êtes les pommiers de Mon Jardin.
Pommiers roses et Pommiers blancs.
Marie-Madeleine Briand
De toute éternité
Un sombre batifolage qui fait gargouiller et vrombir.
Cela tourne, se grippe, se retourne. Ouvert, exposé et battu aux
vents. En-dehors de tout, mordu par la fraîcheur et caressé par le
ressac.
Et puis, s’effondrant, s’abîmant, ne cherchant à s’animer que dans
les affreux contreforts des océans perclus de froid et de ténèbres.
C’est à la fois dans le vent, dans l’air épais et trouble – et tantôt se
tordant entre deux courants profonds de l’océan. C’est la vie. C’est
une vie qui hésite, qui renâcle, qui remugle par instants un hoquet.
Ils sont énormes, bossus – leurs petites ailes annexes peinent à les
manœuvrer entre les tourbillons fous du ressac et les gros ventres
pleins et glacés des profondeurs.
D’un courant à l’autre en quête d’une source de subsistance,
crachant des bulles et foisonnants de forces.
Puis, échoués par un ressac, rejetés par la mer qui a tout vu naître,
ils roulent sur une plage au gré d’une vague plus forte, en bas
d’une falaise horrible qui les écrase de tous ses pics vides.
Ce mur qui les toise de son horrible hauteur, ce n’est pas une
falaise.
Cela s’ouvre, bat aux vents, se tord, brûle, dévore –
et c’est contenu, écrasé par son propre poids de chape de plomb,
inamovible et imprégné d’une douce tiédeur.
C’est un rêve ancien au poids de plomb, le rêve inamovible et
immuable de la terre.
Cela soupire au creux de la braise, et puise sa substance dans les
profondeurs sableuses, aux odeurs vivantes et musquées.
Feu et terre – c’est un arbre.
Vif et pourtant tâtonnant au ralenti, seul maître possible de cet
espace, l’énorme roseau papillonne de vie en silence.
Il boit le feu du soleil dont, sans jamais s’en aveugler ni peiner à le
suivre, il puise sans s’arrêter les forces sans limites. Et il pointe
vers le fond de la terre, toujours en mouvement si profondément
que ses longs doigts de bois de rose soutiennent le sol comme une
charpente.
L’arbre regarde s’échouer à ses pieds les gigantesques larves de la
mer.
Matthias Tauveron
Jour de noces en forêt
Le chêne chevelu a rencontré un pin pleureur, ils se marient
aujourd’hui.
Le cornouiller sanguin et l’argousier ont claironné, crié, alerté,
tous les amis arrivent. Pour l’apéro le pin parasol et ses copains se
sont installés dans la clairière.
L’arbre aux mouchoirs a prévu tout débordement.
Immaculés, le boulot blanc, le peuplier blanc de Hollande et La
boule de neige parfumée arrivent en majesté.
Les suivent échevelés la vigne vierge vraie poursuivie par le
cornouiller male.
Au loin se profilent le buisson ardent bizarrement accompagné de
l’arbre à perruque et du genêt à balais.
Pour l’occasion le sapin noble a enfin accepté la compagnie de
l’épicéa glauque. Chêne vert, eucalyptus bleu, cerisier rouge,
tilleul argenté et épine noire cheminent sans complexes, heureux
de leurs différences.
Sorbier des oiseaux et laurier cerise trillent une musique de
circonstance.
Le Tremble et l’Oranger amer se forcent à la gaieté.
Enfin en grand apparat, arrivent les délégations :
Glycine de Chine et érable du Japon,
Fusain d’Europe et olivier Bohême,
Marronnier d’Inde et tulipier de Virginie.
Puis alors qu’on y croyait plus, viennent aussi les amis massacrés :
cèdre du Liban et pin d’Alep, Buddleia et Arbre de Judée.
La noce peut commencer, que frissonne la forêt !
Nelly Simon
L'arbre des lendemains
Peuplé de natures diverses et nombreuses
Mes formes inspirent les natures fabuleuses;
Je suis l'arbre des lendemains
En compagnie sur vos chemins,
Et je réveille vos sens et vos consciences
De ma tendre et bucolique présence.
A l'automne, mes chaudes et vives couleurs
Tapissent les décors de nuances en kyrielle,
Et s'ébruite alors sous vos pas solennels
La mémoire agréable des paysages en fleurs.
Ma sève rendue peu enthousiaste
Anticipe la froidure et les cristaux
Contemplés silencieusement bientôt
Dans un style épuré dénué de faste.
Prévenu du vol cadencé des hirondelles
Je prépare l'éclosion nouvelle,
Et il arrive parfois que j'inaugure
La naissance d'oisillons dans ma ramure
Qui entonne la musique éthérée du vent
Accompagnée des gazouillis et des piaillements.
Pour vous faire languir un peu et par pudeur,
Mes bourgeons dévoilent lentement leurs fleurs
Dont les parfums singuliers s'exhalent et voyagent
Jusqu'à imprégner vos êtres de passage.
A la belle saison je fructifie
Afin d'assouvir vos appétits
Et de mes fruits j'en laisse choir certains
Aux mains gourmandes de mes fins.
Capturant les particules toxiques et délétères
Je participe à la pérennité de l'air,
Et si vous atteignez le faîte de ma cime
C'est qu'en amont mes racines intimes
Conduisent la sève jusqu'à mes tiges fières
D'un sol nourricier et d'un ciel de lumière.
La douce brise et les ramages
Apaisent quelque peu ma colère
Quand j'entends parler des victimes de guerre
Balayées froidement par des sauvages,
En même temps que vos ambitions puériles
A me décimer pour des causes mercantiles.
Mais n'oubliez pas quand même
Que l'on récolte ce que l'on sème,
Que nous évoluons communément ensemble,
Et quand mes branches frissonnent et tremblent
C'est dans l'espoir inquiet d'un harmonieux respect
Fleuri de réciprocité, d'amour et de paix.
Sylvain Grivotte
Dans la forêt des mots
Je sais la paix, la majesté et le silence des forêts.
J’ai deviné la sève vert tendre de l’arbrisseau s’échevelant à
travers le brouillard léger,
J’ai senti le vent, le vent gourmand qui secoue les bourgeons
emmiellés,
J’ai rêvé du chemin vert frémissant dans l’ombre des tilleuls
feuillus,
J’ai aimé l’élégance des bosquets d’oliviers, l’abondance des nids
dans les racines aériennes,
J’ai pleuré sur l’arbre mutilé, suant sa sève ambrée dans la chaleur
de l’été,
J’ai suivi en automne l’ombre des rameaux roux vers le parcours
solaire des arbres à perruques, des arbres à soie, des arbres à
papillons,
J’ai heurté, moi si vulnérable dans la tempête, l’axe noir du
squelette rabougri,
J’ai crié avec le gel qui fait craquer les bois et gémir la forêt.
Arbres de toutes mes saisons, déployez vos branches centenaires,
Arbres de toutes mes racines, croissez dans l’ombre verte du passé
fécond
Arbres de mon enfance, étendez vos rameaux joyeux pour
affermir mon éphémère sérénité.
Anne-Marie Tauveron
LA HÊTRAIE DES COLETTES
C’est un long tapis rouillé que l’Automne déroule
Sur un sol bien mouillé où plus rien ne fleurit.
Le ciel est endeuillé, le soleil est banni,
Eteint, perdu, noyé dans une forte houle …
… De nuages pressés qui roulent ou se déroulent
Et s’agitent en tous sens en recherche d’Infinis.
Au sol, les feuilles dansent, frôlent les harmonies,
Retombent sans un bruit quand le vent les refoule.
Il y a comme un regret qui passe sans s’arrêter
Entre ces doux géants sombres et déshabillés,
Devant un tel tableau, les oiseaux se sont tus.
Alors, ces hauts squelettes nus et mélancoliques,
D’un élan vers le ciel, adressent bras tendus
Aux dieux qui les rudoient, une vaine supplique.
Josyane Roussy
Toi mon frère
Tu es né d’une graine et de la même mère notre Terre.
Toi si généreux, je me délecte de tes fruits et tes senteurs
parfumées qui font tourner la tête des amoureux.
Toi si majestueux, le soleil brille à travers tes branches et accueil
une multitude de chant
mélodieux.
Toi qui change ta parure pour nous offrir le plus beau des
spectacles ; le vent fait danser ton flamboyant feuillage.
Toi qui tout au long de l’hiver réchauffe mon cœur aujourd’hui je
te rends hommage.
Régis Philippe
Le vol du papillon.
Le vol d’un joli papillon azuré
Me sort de mon rêve éveillé
Mon regard se pose sur les feuillages
Et me voilà partie en voyage.
A mes pieds, des feuilles lobées
D’un chêne au tronc craquelé.
Plus loin au détour du sentier,
J’aperçois un cornouiller,
Les baies rouges sur le chemin empierré
M’oblige à marcher sur un sol moucheté.
Le vent balaie mon visage
Et flotte sur mon corsage,
Il agite la chevelure
Des bouleaux aux fines ramures
Et fait danser la lumière dans les feuillages.
Monet aurait apprécié cet éclairage.
Au milieu de cette nature rousse
Le vert émeraude des sapins éclabousse,
Et leur épaisse verdure,
Protège les écureuils Tel une couverture.
Tout près, un vieil arbre un peu vouté
Voit ses branches en volute menacées
Par un verdoyant lierre entrelacé.
Le soleil décline un peu,
Un vol d’oiseaux apparait dans un ciel nuageux
Il rejoint les peupliers qui pointent leurs cimes
Comme pour les combattre et en faire leur victime.
Soudain une autre risée,
Elle s’engouffre dans le feuillage et le fait frissonner.
La lumière du soleil traverse l’édifice
Et mille étincelles scintillent en feu d’artifice.
La nature prend une teinte sépia,
C’est le soir je presse le pas,
Et me voilà chez moi.
Je regarde le bois se consumer dans la cheminée
Une douce chaleur commence à m’envelopper.
Martine Payraudeau
Isoléus
De mes branches entrelacées,
De mon tronc bien enraciné,
Je surplombe cette immense vallée,
Comme un être malheureusement bien isolé.
Je vous dévoile mon incontournable force,
Entouré de mes innombrables écorces,
Dans une somptueuse harmonie de couleurs,
En vous montrant aussi, parfois de tant de douceur.
Isolé de cette immense forêt entourante,
Je ne crains aucune effroyable tourmente,
Fièrement de mon épais feuillage je me plante,
Bien seul sur cet immense plateau de Charente.
Fred Le Louarne
L’ARBRE
Les arbres nous donnent la vie.
Ils nous donnent à manger comme les fruits du pommier et les
poires du poirier etc… les arbres produisent aussi de l’oxygène
pour que l’on vive, s’il n’y avait pas d’arbres dans le monde, il n’y
aurait pas de vie sur terre.
Il faut arrêter de couper les arbres inutilement.
La forêt amazonienne est un des poumons de la terre.
Au Canada, on récolte la sève de l’érable qui permet la confection
du sirop d’érable.
Aux pieds des arbres poussent les champignons dans la mousse et
l’humus.
L’arbre planté enfonce ses racines dans la terre et grandit au fil des
années.
On dit que l’homme descend du singe mais le singe vit dans les
arbres.
Je sais que l’arbre nous donne du bois pour nous chauffer, faire
des meubles, mais il faudrait en planter de nouveaux pour les
générations futures, pour tous les enfants.
Christophe Chemama
Chêne
Le Bateau soleil
Les avions solaires
L’échauffement mental
Une forêt normale
Vie active
Tallons pointes je masse mon cœur !
Mes poumons respirent
L’essence de l’arbre est en moi
Albert C. Hubeli
La force tranquille
Je lutte mais sans crainte pour ma vie.
Je suis le mât dans un cyclone de démons,
La force tranquille.
Je suis un hêtre solitaire
En toute saison,
Vertèbres vissées à la terre.
Je suis le membre sur le point d'oublier
Comment se débarrasser
De ses fourmis.
Adrien Braganti
Les arbres, nos âmes
Au cœur de la forêt,
Des millions d’arbres,
Comme autant d’âmes,
Enracinées dans la terre.
Les cimes à l’assaut des nuages
Sont pourvoyeuses d’oxygène,
Elles abritent mille et une richesses
Et révèlent leurs secrets à l’homme sage.
Fruitières, toxiques, sauvages,
Les essences se mêlent,
Leurs feuilles protègent
Une faune devenue parfois rare.
Et l’humain dans ce paradis se sert,
Mange, boit et soigne ses misères
Mais sans scrupule aussi dévaste
Dans sa soif de conquêtes.
Hectares après hectares,
Les forêts disparaissent,
Victimes du soi-disant progrès
Pour quelques pétro dollars.
Oubliée la dimension sacrée de l’arbre
Dans un monde où désormais règnent
Une consommation effrénée et la soif de biens matériels.
Oubliés les mythes, les légendes, la sagesse ancestrale.
Pourtant les hommes ont créé les piliers de pierre
Qui soutiennent nos monuments, nos cathédrales.
Les arbres vivants ou stylisés, élèvent nos âmes,
Eternels réceptacles de nos prières.
Florence Semence
Arbre de vie, mon ami
Qui étais-tu à l’origine ?
Je n’ai pas vu tes racines
Y-a-t-il une essence
Qui t’ait donné naissance ?
Je regarde cette terre
Mais l’ombre dissimule ton être
Retrouveras-tu le chemin
Qui te guidera vers demain ?
Ramifications et autres méandres
Croisements et gestes tendres
Ainsi est née ma famille,
Tu es le tronc et je suis la branche.
Tes grappes virevoltantes m’envoûtent,
Leur arôme subtil embaume et m’ensorcelle.
Autour de ton fût je m’enroule,
Ton écorce fusionne avec mon corps
Et vers le ciel je me tends
Tel une liane informelle
Car il est grand temps
Que je m’évade vers l’éternel.
France Bouchaud
La force de l'âge
J'en ai tant entendu des histoires,
J'en ai vu défiler des visages d'enfants
Accroupis à mes pieds ;
Immobile, je suis à moi seul un voyage.
J'étais là au jour du premier homme
Et des premiers émois tatoués sur mon tronc ;
J'en ai vu des victoires et des guerres, des saisons
J'ai vécu tant de vies d'autrefois.
Bien des fois j'ai bravé la tempête,
La nuit sombre, le vent et la pluie ;
J'ai affronté les heures et la Mélancolie,
Bien des fois j'ai pris peur à la vue de mon ombre.
J'ai vu l'homme mourir et la terre trembler
J'ai vu le temps s'éteindre et la vie s'épuiser
Mais je suis resté droit,
Car la force d'un arbre vient de ses racines.
Esther Milon
Les mélèzes
Cette nuit d’automne, brumeuse et froide,
Les mélèzes, grands squelettes roides,
Ont perdu leurs dernières aiguilles rousses
Tombées éparses dans la frileuse mousse.
Ils se sont endormis pour de longs mois d’hiver,
Et à l’abri des frimas et des sapins enguirlandés,
Ils resteront bien sagement recroquevillés
Sous leur carapace grisâtre et crevassée,
Trompant les ignorants qui les croient morts,
Insensibles aux souffles violents, au froid qui mord.
Au printemps, ils ressusciteront plus fiers encore,
Arborant de légères touffes de plumes d’un vert pur,
Ils nargueront les sapins à l’éternelle parure.
Annie Beaubois
L’Arbre demain.
Il est loin le printemps et ses montées de sève
sous les ors des pollens et des amours champêtres
quand viennent de s’enfuir ainsi qu’un trop beau rêve
les chaleurs de l’été et les gosses en trêve.
Sous tant de souvenirs d’où sourdent des intrigues
mais aussi de regrets levant des vies nouvelles
l’arbre va s’endormir sous le poids des fatigues
laissant partir au vent sa verdoyante ombrelle.
Maintenant sous mes pas bruisse un amas de feuilles
comme de vieux papiers pour en faire partage
aux terres du jardin refusant qu’il s’endeuille
car il pense à demain ainsi est son message.
Dans l’hiver sous mes pas quelques graines ronronnent
de toutes les saisons je préfère l’automne.
Jean-Henri Marembert
C’est l’automne déjà
C’est l’automne déjà
Les feuilles se détachent
Et volent dans le vent
Le ciel déverse sa lumière
Sur la nature endormie
Quelques nuages épars
Vagabondent sans bruit
Des sapins argentés
Se dressent impétueux
Sachant que la froidure
Qui va déshabiller
Les arbres alentour
Ne pourra dégarnir
Leur beau manteau frileux
Ils sont fiers de ces feuilles
Qu’ils gardent centenaires
Et semblent se tenir
Tout au long de la route
Pour surveiller le monde
Qui s’agite et qui doute
Sans vous sapins dorés
L’hiver ne serait pas
Cette saison joyeuse
Que chantent les enfants
Autour de l’âtre bleu
Lorsque la nuit descend
Et que des escarbilles
Au fond de leurs yeux brillent
Ainsi que des diamants
Marie-Christine Janier
L’essence humaine
Voluptueux feuillage que la brise caresse
Aux côtés des oiseaux qui sifflent le printemps
Cimes majestueuses, reflet des tendresses
Que la nature de l’homme oublie de temps en temps
La tempête est ce mal qui peut parfois frapper
Soudainement pour faire rompre les branches affaiblies
Mais si des rameaux tremblent jusqu’à en tomber
Demeure cet être, symbole de la vie
Quand l’automne apparait, son corps nu se révèle
Son visage se transforme et ses feuilles flétrissent
Dévoilant ses veines qui se tournent vers le ciel
Il attend la saison où les bourgeons fleurissent
Sa nature est variante selon les climats
Mais qu’importent ses aspects, il reste notre souffle
Source d’inspiration pour nous autres ici-bas
Témoin de l’espoir, de la Terre qui s’essouffle.
Arnaud Battaglia
L'ARBRE
Je me promenais
Dans un parc verdoyant
Ayant beaucoup marché
Je m'assois sur un banc
Je regarde un écureuil roux
À la quête de provisions pour l'hiver
Puis un oiseau qui picore dans un trou
À la recherche d'un ver
Et là, devant
L'arbre
Il était immense, voir géant
J'en restai de marbre
Une nuée d'étourneaux bruyant
Soudain jaillit des feuillages
Et partirent à tiré d'ailes avant
De se poser à côté dans un cafouillage
Il y avait beaucoup d'arbres autour
Celui-là est très différent
Beau avec ses atours
Et tellement grand
Il est haut d'au moins trente mètres environ
Et monté jusque dans le ciel ensoleillé
Il est d'une couleur un peu marron
Avec beaucoup de gris foncé
Ses feuilles ont un bord simple et lobé
Ressemblant à de la dentelle
D'un beau vert en été
Quelle merveille !
Virant au rouge magnifique
Quand vient l'automne
Instants magiques
Jamais monotone
Ses feuilles mortes tombent doucement
Tapissant tout le sol
Au gré du vent
Sur l'herbe molle
Dans cette poésie
Tous ces mots à la chaîne
Cet arbre que je vous décris
Est un élégant chêne
Marie-Rose Sautier
L'arbre éternel
tu me ressembles
bien évidemment
différent de moi
par le temps c'est tout
ce tronc en commun
écorces rugueuses
la douce grand-mère
la trop rude mère
toujours te protègent
racines tu les sens
tant de générations
qui vivent en moi
branches solides
tes trois beaux enfants
boris maroussia
et petit oskar
celles fragiles
line antoine
toutes ces feuilles
qui bruissent au vent
inlassablement
générations d'après
pourquoi dire non
aux saisons de la vie
Annie Beauguitte
Une aura sur le chemin
L’arbre envisageant le front de mer
Et l’incessant déferlement de ses flots écumeux
Le colosse gymnospermique audacieux
Est posté là en avant-garde du continent
Arborant sereinement ses bras forts
Soutenus par une colonne presque antique
Il semble s’enraciner au ciel
Notre espace-vide matriciel
Dans ce néant d’azur le vent
Souffle sur les nues placides
Qu’imite le feuillage nuageux
Du géant chlorophyllien
Immobile à son pied l’humain de passage
Entend en murmure son divin message :
Au-delà de toutes formes une essence
Pour la communion de tout, éternellement
Pierre Levert
L’arbre de vie
A chaque naissance
Peu importe l’essence
Un passage de témoin
A chaque génération
Comme un refrain
Une autre régénération
Une arborescence
Ancrée dans les racines
Qui jamais ne meure
Mais qui se transmet
Et au fil des années
Jamais ne s’effeuille
Un arbre généalogique
Et pour toute logique
Vouloir vivre libre
Un seul arbre de vie
Avec une simple envie
Du printemps à l’hiver
Rester droit et vert
Grandir et s’épanouir
Avant de s’évanouir
Pour mieux renaître
Olivier Bernard
Prunes
L’air brûlant d’août pénètre les fruits innocents,
Des myriades de mirabelles dolentes au soleil.
Chaleur dans la chair.
Elles se pressent en essaims blonds sous les feuilles,
Jusqu’en haut des branches exubérantes.
Lumières d’or et de rose.
Le soir ou au petit matin, la main insiste,
Pour vaincre leur résistance ténue.
Souples et douces rotondités.
Elles roulent dans le panier de châtaignier tressé,
L’anse surplombe leur houle menue.
Mirabelles de canicule !
Eliane Moulins
Arborescence2
La neige craque sous le poids de mes pas.
Je suis seule. Le chemin me guide.
L'ardeur à avancer me réchauffe.
Une pellicule blanchâtre harmonise l'horizon.
Des petites sphères d'eau suspendues aux graminées
Semble défier l'impesanteur sans vouloir choir.
Au creux de cette piste l'eau coule enlaçant la pierre,
Caressant la terre, carillonnant de ces rencontres.
Le passage se réduit, monte et zigzag.
La végétation s'intensifie dispersant la route à suivre.
Le cliquetis des gouttes tombantes m'agite.
Une couverture de brume me rattrape.
La nature oscille, mes poils se hérissent.
Quelques clartés ensoleillées invitent les sapins
À défaire leurs manteaux neigeux.
Entraînant des impulsions de par et d'autres.
L'impression de solitude me quitte, mes yeux s'affolent
Guettant inexorablement ce qui pourrait me précéder.
Humain, mammifère, insecte, imagination ?
Mes enjambées se hâtent, mon cœur s’emporte.
Allant jusqu'à vérifier la connectivité du réseau, en vain.
Il me faut regagner la route, en renonçant au chemin?
Cherchant la hauteur pour percevoir la géographie du lieu,
C'est là que je te vis seul, imposant et reposant.
Mes craintes disparaissent.
Tes bras enlacés montre le paysage.
Près de toi une pierre convie à se poser.
Réalisant de ton ampleur la protection engendrée.
De te contempler l'envie naît de te toucher.
Tes habits verdâtres te découvrent de moitié
Ne craignant pas la froideur de la matinée.
Vraisemblablement assoupie, ma main s’égare
Caressant ta peau rugueuse échafauder par le temps.
Ton habit humide contraste de douceur
Une véhémence résonne en moi.
Je finis par t'enlacer autant que je le put
L'envergure de mes bras ne couvrant
Qu'une mince partie de ton tronc.
Une sagesse émane de cet échange,
Me connecte à la simplicité de la vie
Refuge éphémère, du nid à l'invisible
Prenant conscience de ton ancienneté
Dans ce monde assiégé d'humanité.
Cécile Abraham
ORIGINALITE D’UN MONDE
Une nuit debout et des idées originales
La rose des champs, longévité absolue de l’arbre millésimé
La clef des vents, comme unique guide sublimé
Les villageoises, compagnes nocturnes d’une lutte inégale.
Chaque jour qui passe est la fin d’une épopée d’or,
D’un absolu unique et original.
Chaque jour ne sera que le premier d’une longue liste inégale
Le lendemain ne sera que l’augmentation d’hier.
Au détour d’un cri ou d’un sourire de naguère,
Jaillie la vie qui libère enfin nos corps endormis.
Le temps n’endors ni n’apaise
Les multiples questions et les possibles destins
Qui affectent mon être et justifient mes peurs.
Au pied de l’arbre, au seuil de contrées de pures fantaisies
fantasmagoriques,
Je divague sur des vagues de douceur infinies,
Je navigue au gré de l’humeur mutine.
L’arbre est le reposoir du vague à l’âme.
Jean-Philippe Dubost
Respire !
Air respiré à pleines ramures, vent chatouillant des feuilles qui se
dressent,
Glisse sur l'écorce dans une caresse, l'Arbre au milieu a fière
allure.
Danse de fin d'Hiver, de fin de messe, branches nues de la
froidure,
Se faufile, Printanière, une nouvelle parure, fiers et droits,
bourgeons qui apparaissent.
Impression : Magique.
Oui mais violence inouïe.
Fureur banale, d'une Humanité qui déchire,
Déracine et dénigre ses propres poumons.
S'étouffe pour des verts billets.
Impression : Horreur.
Respire ! Pour un vert plus vrai.
Pour une si belle raison,
Que ces odeurs de fleurs qui empirent.
Enivre un monde de Tyrannies et d'Utopies.
Impression : Espoir.
Air respiré à pleins poumons, vent chatouillant les âmes en délire,
Glisse sur la peau dans un rire, l'Arbre n'a plus de bourgeons,
Danse de début d'Eté, de début de sourire, fleurs sorties sur
l'Horizon.
Lumineuse, la Vie et ses rayons. Admire-la ! Admire l'Arbre ! Et :
Respire !
Marion Recher
Les arbres de mon enfance
Mon enfance : une farandole d’arbres.
Des rues me conduisant dans le royaume des senteurs.
Rues des lauriers, des lilas, des acacias, des tilleuls.
Presque tous ces arbres honoraient
Les jardins de leur présence.
Souviens-toi la rue des lilas au mois de mai,
Elle exhalait ses parfums surannés et subtils
Des grappes allant du violet foncé au violet clair,
En passant par le blanc ; fleurs doubles ou simples,
Par brassées elles s’offraient aux passants.
La rue des tilleuls avait ma préférence.
Le tilleul de mon jardin : mon arbre,
Mon refuge, mon confident ;
Compagnon de tous les instants.
Le banc sous le tilleul, havre de réflexion,
Lieu de lectures et d’évasions.
Les soirs d’été animés sous le tilleul,
Après le repas, à la veillée,
Ses fleurs on étalait ;
Pistils dorés parfumant la tisane ;
Bon prétexte pour retarder l’heure du coucher.
Lucette Bomey
DECLARATION A DES GEANTS
Arbre tranché
Arbre coupé
Arbre écorché
Arbre taillé
Comme je vous aime !
Ô vous grands totems !
Les massacrés
Les exploités
Les étêtés
Les dépouillés
Comme je vous aime !
Ô vous grands totems !
Si fiers dans vos guirlandes
Si verts à l’âge tendre
Si frais au soleil de la lande
Si beau au seuil des grises cendres
Je vous enserre fort de mes bras
J’appuie ma joue sur votre écorce rugueuse
Vous me donnez l’énergie ici-bas
Et je vous parle alors cœur léger heureuse
Comme je vous aime !
Pour corbillard arbre de mort
Pour beau jardin arbre de vie
Vous géants fragiles et si forts
Comme je vous aime mes amis
Pour cette force calme, cette puissance
Pieds bien ancrés dans le sol et bras élancés vers le ciel
Le ying comme le yang sont votre essence
Que je capte de vous et reçois comme délicieux miel
Comme je vous aime !
Sylvie Demoulière
Dernier géant,
Dernier géant
qui domine la terre.
Feuillage frémissant permettant
la Beauté.
Parure changeante signifiant les saisons.
Bras souterrains qui soulève l’humus.
Les années toujours plus haut te couronnent,
Pour crier aux humains :
« La poursuite du vent qui m’ébouriffe
ne mène à rien. »
Personne ne t’écoute,
sauf quelques-uns.
Providentiel abri du grand soleil
ou de la pluie,
j’aime te voir
en Majesté
au bord de mes sentiers.
Tu calmes mes orages.
Tu me revitalises.
Contre ton écorce rugueuse
je regarde ton fût.
Pilier de cathédrale
qui monte, monte, monte,
tout droit
vers les étoiles.
Guy Bedu
« Écrire une lettre »
Lettre à … un arbre.
Te souviens-tu,
Quand meurtrie par les épines des souvenirs,
tu me soulevais, fort comme un mât de navire.
J'avais froid, tu enlaçais mes hanches
de tes bras noués de branches.
J'avais soif, tu abreuvais de sève
ma bouche abandonnée au rêve.
J'avais faim, tu m'offrais un croissant de lune
caché dans ta chevelure brune.
Te souviens-tu,
pour me consoler, tu détachais des feuilles de mots
qui s'agrippaient au lierre de tes rameaux ;
Et tu me rassurais en murmurant
les romances dispersées par le vent.
Alors, je somnolais, imprégnée de tes secrets,
t'offrant mon corps nu – creuset de regrets muets.
Puis vint l'heure de partir,
Ton ombre diminua comme mes désirs.
Te souviens-tu,
Dépouillé, élagué, débité, scié,
taillé, raboté, perforé, collé, ciré,
tu devins mon unique bagage,
compagnon de mes vagabondages.
Nous enjambons maints et maints vallons
en dansant, tels des fanfarons,
nous moquant du « qu'en dira-t-on ! »
Ton archet, comme la flèche de Cupidon,
a percé les douleurs de mon cœur
et fait vivre des saisons tout en couleurs.
Chaque soir, dans un état d'ivresse,
étourdie par les vibrations de sons,
je te désire, de te caresse,
mon merveilleux violon.
Nicole Fernandez
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