MILIEUX ET PRESSIONS 8 – LES HERBIERS DE POSIDONIES LES HERBIERS DE POSIDONIES UNE PRAIRIE SOUS LA MER La posidonie est une plante marine qui couvre de grands espaces, de la surface à 40 m de profondeur. Elle est donc présente sur une mince frange côtière où elle forme de vastes prairies. ALGUES OU PLANTE ? La posidonie est bien une plante car elle a des racines, une tige appelée rhizome et des feuilles. Ces dernières, longues et vertes, peuvent mesurer jusqu'à 120 cm. A l’automne, elles se détachent et, transportées par les courants marins, sont déposées sur les plages (formant des banquettes) et les fonds de mer où elles se dégradent. La posidonie fleurit et fait des fruits - des olives - mais uniquement à l’automne certaines années. L’herbier croît surtout par ses rhizomes (bouturage) mais très lentement : 1 ou 2 cm par an soit 1 m par siècle. Le saviez-vous ? Deux autres plantes marines à fleurs peuvent être rencontrées dans la zone littorale en Méditerranée : la cymodocée et la -zostère. Sébastien Hasbrouk CPIE Côte Provençale Tout Droit Réservé LA POSIDONIE, UN ECO-SYSTEME CLEF Elle a été choisie comme un indicateur global de l’état de santé de la mer. Depuis 1988, elle est protégée en France. En effet, prés du tiers des espèces vivant en Méditerranée sont directement liées à sa présence et elle possède des rôles multiples Production de grandes quantités d’oxygène, Abri, lieu de reproduction, Source de nourriture importante, Fixation des fonds grâce à ses racines, Protection du littoral grâce aux banquettes qui limitent la force de la houle et diminuent l’érosion des plages. LES HABITANTS DES HERBIERS Saupe, poisson herbivore très facile à observer dans l’herbier car il vit en troupeau et broute l’herbier d’où son surnom de “vache de mer”. Le labre, poisson au corps allongé vert ou vert-gris, se cache dans l’herbier grâce à sa couleur. La seiche, vient pondre ses oeufs en forme de grappes de raisin noir dans l’herbier. La grande nacre, le plus gros bivalve au monde et le plus grand de Méditerranée (jusqu’à 1 m de long), et espèce protégée, est de plus en plus Grande Nacre - Crédit : Arnaud Abadie difficile à observer. Elle est en effet très sensible CC Paternité Partage à l'identique aux impacts mécaniques L’hippocampe, un original, mais c’est bien un poisson. Il se tient en position verticale pour nager. Il utilise les feuilles de posidonies pour s’accrocher et être à l'affût de petits crustacés dont il se nourrit. Contrairement à la plupart des poissons méditerranéens, c’est le mâle qui porte les oeufs. Le syngnathe, cousin du précédent et roi du mimétisme : il ressemble à s’y méprendre à une feuille de Posidonie. La femelle pond ses oeufs sur le ventre du mâle où ils restent collés. FRAGILITES... L’étendue des herbiers de Posidonie a beaucoup régressé en Méditerranée notamment du fait d’aménagements gagnés sur la mer : digues, ports et plages. La prise de conscience de l’importance de cet habitat et de ses nombreux intérêts a permis d’engager une politique de préservation. Aujourd’hui, les efforts réalisés ont permis de constater, sur de nombreux sites, une stabilisation de l’herbier et parfois même une dynamique d’extension. Jérôme Payrot Observatoire Marin CC-BY-NC-SA Outre ces aménagements, la Posidonie est sensible à l’impact mécanique dû à l’ancrage. La plaisance est une activité nautique qui s’est fortement développée depuis 20 ans avec une concentration sur les sites en période estivale. L’impact est dû à l’ancre mais aussi et surtout à la chaîne qui racle le fond dans le périmètre d’évitement. Autres problématiques : Les algues invasives, la Caulerpa taxifolia (longtemps surnommé l’algue tueuse) et la Caulerpa racemosa, découverte plus récemment, sont des algues d’origine tropicale qui ont proliféré en Méditerranée. Un herbier vigoureux n’aura rien à craindre de ces algues. Par contre, un herbier fragilisé, malmené par des ancrages répétés risque de perdre du terrain face à ces caulerpes à la croissance rapide (1 cm par jour en été). Les caulerpes se reproduisent par bouturage et les ancres sont un vecteur de propagation. Caulerpa Taxifolia Crédit : CPIE Côte Provençale ... ET SOLUTIONS : QUE FAIRE ? Choisir de préférence une zone de sable pour le mouillage, facilement repérable depuis la surface par sa couleur claire ; Utiliser un orin ; Utiliser des ancres dites écologiques ; Préférer des zones de mouillages organisées, qui sont équipées de systèmes n’ayant aucun impact de fixation ; Signaler les algues invasives auprès de l’Observatoire sur l’expansion de Caulerpa taxifolia au 04 92 07 6 846 ; En cas d’algues invasives accrochées à son ancre, les récupérer et les mettre dans une poubelle au port. Guide Pratique Ecogestes Méditerranée Source : Ecoguide du bord de mer. Cahier A l’école de la mer, Livret EcoGestes Méditerranée