Madame Bovary

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ATELIER THÉÂTRE ACTUEL
Label Théâtre & Cie
présente
un spectacle du théâtre du Poche-Montparnasse
Madame Bovary
Un texte de Gustave Flaubert
Adaptation Paul Emond
Mise en scène Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps
Avec
Sandrine Molaro - David Talbot
Gilles-Vincent Kapps - Félix Kysyl ou Paul Granier
Scénographie Barbara de Limburg - Lumières François Thouret
Costumes Sabine Schlemmer
Musique originale Gilles-Vincent Kapps
Collaboration artistique Grétel Delattre
À PROPOS DU SPECTACLE
Sur scène, quatre chaises, à portée de main quelques instruments.
Ce pourrait être la place d’un village, un coin de campagne, ou la dernière table d’un banquet de
noces sous les arbres au fond du verger.
Une comédienne, trois comédiens, tour à tour personnages ou narrateurs, s’adressent à nous pour
conter, chanter, incarner la grande épopée d’Emma Bovary.
Avec leurs corps, leurs voix, leurs gestes d’aujourd’hui, ils s’emparent de ce récit inexorable comme
une tragédie, flamboyant comme un drame, mordant comme une comédie.
BOVARYSME, nom masculin : capacité de l’homme à se concevoir autre qu’il n’est.
Le seul moyen de supporter l’existence,
c’est de s’étourdir dans la littérature comme dans une orgie perpétuelle.
Gustave Flaubert, 1858
L'ADAPTATION
Une écriture spécifique
Qu’auriez-vous fait à ma place ? Vous êtes amoureux d’Emma Bovary depuis qu’adolescent, vous
avez lu ce roman pour la première fois ; vous écrivez des pièces de théâtre ; vous prenez plaisir, de
surcroît, à faire régulièrement des adaptations ; et voilà que des amis acteurs viennent vous
demander une adaptation du grand livre de Flaubert. Vous hésitez ? Oh non ! Vous répondez oui !
Aussitôt ! Vous vous jetez à l’eau !
Bien sûr vous savez tous les risques, bien sûr vous n’ignorez rien du « casse-gueule » de l’entreprise.
Mais quelle importance ? L’envie est trop for te, le désir de vous y colleter vous taraude déjà, l’appel
téléphonique à peine terminé, déjà vous reprenez le roman, cherchez par où y entrer, comment
procéder…
Quatre acteurs ? Vous vous repassez le roman en accéléré sur votre écran intime : tous ces
personnages…
Quatre acteurs et tous ces personnages ? Oui, excellent ! Car cela veut dire qu’il vous faudra trouver
une écriture permettant à tous ces personnages de défiler dans le jeu de ce seul quatuor. Pas
question d’imaginer du roman la moindre reproduction scénique de type « plan-plan ». À vous
d’inventer une dynamique théâtrale spécifique. D ’arrimer l’incomparable écriture flaubertienne à un
rythme qui appartienne à ce seul spectacle. Superbe défi ! Sur tout quand il s’agit en même temps
de faire entendre en quoi cette histoire est toujours actuelle. En quoi la rage de vivre d’Emma est
celle de tant de femmes d’aujourd’hui. En quoi le carcan dans lequel elle se débat est toujours là
pour l’essentiel…
Quatre acteurs ? Bien ! Très bien ! Très très bien ! Plus la contrainte est forte, plus vous voilà poussé à
l’invention. Auriez-vous sans cela imaginé de faire alterner dialogues et monologues ? De multiplier
les adresses au public ? De chercher une succession de scènes qui permette aux acteurs de
superposer les personnages ? D’écrire des chansons qui relient au monde d’aujourd’hui le contexte
de Madame Bovary ?
De trouver encore d’autres façons de faire dont sur tout vous ne direz rien ici ? Tout en ne cessant de
vous répéter : quoi qu’impose ce passage de l’ampleur romanesque au temps si restreint de la
représentation théâtrale, le plus important sera de faire entendre la langue incomparable d’un des
plus grands écrivains de tous les temps…
Dès l’adolescence (comme tant d’autres ! rien de plus banal, en somme !) vous étiez déjà, cher
adaptateur, amoureux d’Emma Bovary ? Gageons qu’à l’âge bien mûr qui est aujourd’hui le vôtre, et
grâce à ce beau travail d’adaptation que l’on vous a proposé, vous l’êtes davantage encore…
Paul Emond, auteur et adaptateur
LA MISE EN SCÈNE
Une révolte romanesque
Madame Bovary est l’histoire d’une révolte romanesque contre l’ordre établi. Le combat instinctif,
isolé, tragique, d’une femme qui refuse de se résigner à sa condition et cherche, quel qu’en soit le
prix, à faire l’expérience sensuelle et exaltante d’une vie où figurent l’aventure, le plaisir, le risque, la
passion et les gestes théâtraux.
Si nous nous emparons de ce « monstre littéraire » qui a nourri tant de fantasmes et de clichés, c’est
pour le porter à la scène en un spectacle contemporain, actuel.
Pour rendre hommage à cette force de vie, cette capacité d’insurrection qui sont les semences de
toute évolution humaine et sociale.
Pour donner chair à la sensibilité, l’ironie et la force poétique de l’écriture de Flaubert, qui nous parle
de nous, hommes et femmes d’aujourd’hui.
Cette œuvre offensive, corrosive, questionne notre propre capacité à l’audace, à l’intégrité. C’est un
miroir tendu à nos propres compromissions : à quel prix trouvons-nous l’équilibre entre l’absolu
anarchique de nos idéaux et la soumission à la norme sociale ?
Avec Emma Bovary, nous interrogerons nos histoires intimes qui parfois se répètent, butent, se
frottent aux mêmes impasses. Avec elle nous voguerons entre rêve et désillusion, entre fantasme et
réalité, entre beauté et laideur, entre trivialité et héroïsme. Avec truculence et fantaisie, nous ferons
le croquis des personnages qui l’entourent, la jugent, l’isolent, toute cette petite société bienpensante, si tristement grotesque, qui se débat avec son époque.
Sur le plateau, lieu de résistance où l’on peut pour une heure « s’imaginer autre que ce que l’on est »,
avec nos instruments de musique, notre imaginaire, nous fabriquerons des paysages avec peu, et
envelopperons notre héroïne de ce vent de fraternité propre aux aventures de théâtre, pour faire
apparaître un cabaret mélancolique et envoûtant où se produira l’illustre créature de Flaubert…
Un univers musical
Le récit de l’épopée d’Emma Bovary sera soutenu par la musique jouée en direct par les
comédiens qui, comme des bateleurs, seront également chanteurs et musiciens. L’adaptation de
Paul Emond intègre en effet plusieurs chansons, parties intégrantes du récit. Les instruments
seront toujours à portée de main, comme autant d’accessoires : guitare, piano d’enfant, violon,
accordéon, harmonica…
La pièce s’ouvre sur la noce campagnarde de Charles et d’Emma, sur une chanson que l’on
reprend en chœur comme un air populaire. Elle se conclut quand, à leur mort, leur fille Berthe est
envoyée dans une filature de coton, à l’aube de la révolution industrielle.
La musique, dans le choix des styles et des sons, suivra cette évolution, de la ruralité à la vie
urbaine, du soc de la charrue aux machines industrielles, tout en gardant toujours des accents
de « road-movie », de grands espaces, comme un appel au voyage, en écho à notre Emma qui
rêve incessamment d’évasion, de grands voyages dans des pays lointains…
Par un travail cinématographique et précis sur l’univers sonore, nous ferons surgir des images
fortes chez le spectateur, en sollicitant son imaginaire, en le projetant, avec une économie de
moyens scéniques, dans le réel des situations : un bal, une fête agricole, une chevauchée en
pleine forêt dans la chaleur de l’été, autant d’expériences sensorielles qui seront soutenues à la
fois par la musique et les ambiances sonores.
BIOGRAPHIES
Paul Emond - adaptation
Paul Emond vit à Bruxelles, quand il n’est pas aux abonnés absents. Il est l’auteur de plusieurs romans
(dont La Danse du fumiste, La Visite du plénipotentiaire culturel à la basilique des collines). Il a écrit aussi une
vingtaine de pièces de théâtre publiées essentiellement chez Lansman (parmi lesquelles Inaccessibles
Amours, Malaga, Histoire de l’homme (tome 1), Il y a des anges qui dansent sur le lac) et autant
d’adaptations théâtrales. Cette activité l’a conduit à des compagnonnages artistiques avec des metteurs
en scène et des acteurs d’esthétiques parfois très différentes, une diversité d’expériences qu’il a toujours
recherchée et dont il s’est toujours réjoui.
Sandrine Molaro - metteur en scène et comédienne
Formée au cours Périmony, elle y reçoit le prix Louis-Jouvet. Elle complètera sa formation auprès
d’Élisabeth Chailloux au Théâtre des Quartiers d’Ivry, de Philippe Adrien au Théâtre de la Tempête et de
Philippe Calvario à Théâtre Ouvert. On l’a vue jouer récemment dans Train Train è pericoloso sporgersi de
David Talbot, dont elle cosigne la mise en scène, au festival d’Avignon 2015 (Théâtre des Béliers),
Mécanique instable de Yann Reuzeau à la Manufacture des Abbesses et dans La Rose tatouée de
Tennessee Williams, mise en scène par Benoît Lavigne au Théâtre de l’Atelier. Elle travaille régulièrement
sous la direction de Marion Bierry (La Veuve de Corneille, La Ronde d’Arthur Schnitzler, Si j’étais
femme/Cabaret poétique, Robert le diable/Cabaret Desnos…) et de Christophe Luthringer (Je t’avais dit, tu
m’avais dit ! de Jean Tardieu, Ex-Voto de Xavier Durringer…).
Sandrine Molaro a participé à plusieurs créations collectives avec la compagnie Après-Midi piscine
dirigée par Géraldine Bourgue, notamment au Théâtre de la Commune. Au cinéma et à la télévision, elle
a tourné entre autres avec Sam Karmann, Dominique Farrugia, Philippe Muyl, Igor Sékulic, Dominique
Baron, Joyce Buñuel…
Gilles-Vincent Kapps - metteur en scène, comédien et musicien
Formé au Conservatoire d’art dramatique de Strasbourg, il fait ses armes à la Comédie-Italienne où il joue
pendant trois ans, puis poursuit son parcours de comédien à Paris, en province et en tournées, en intégrant
différentes compagnies avec lesquelles il joue Brecht, Shakespeare, Molière, Marivaux, Tardieu, Sénèque,
Durringer, Visniec, Musset… On l’a vu récemment dans La Colère de Dom Juan de Christophe Luthringer,
Le Tour du monde en quatre-vingts jours de Sébastien Azzopardi, Ex-Voto de Xavier Durringer, La Danse du
fumiste de Paul Emond (mise en sc. C. Luthringer) et dans Le Legs de Marivaux au Théâtre de PocheMontparnasse dans une mise en scène de Marion Bierry. Il a tourné au cinéma et à la télévision avec Michel
Leclerc, Pascal Chaumeil, Alain Choquart, Nicolas Hertz, Xavier Durringer, Édouard Baer…
Après avoir étudié le piano au Conservatoire de Nancy, Gilles-Vincent Kapps choisit la guitare comme
instrument de prédilection et poursuit sa formation musicale à Strasbourg, d’abord au Cedim (Centre
d’enseignement et de développement de l’improvisation musicale) puis au département jazz du
Conservatoire national de région de Strasbourg, où il étudie l’écriture, l’harmonie et l’analyse avec
notamment Jean-Pierre Herzog et Bernard Struber.
Gilles-Vincent Kapps a composé les musiques originales de spectacles comme Je t’avais dit, tu m’avais dit !
(Tardieu) et Pélagos (Jean Lavinal), tous deux mis en scène par Christophe Luthringer, Eaux-les-Bains,
spectacle burlesque et visuel de Jean-Luc Falbriard (pour lequel il obtient une bourse d’écriture du Fonds
musique de scène SACD), et dernièrement Si j’étais femme/Cabaret poétique, de Marion Bierry et Train
Train è pericoloso sporgersi, de David Talbot, Sandrine Molaro et Gaëlle Lebert. Il compose également à
l’image (courts-métrages, documentaires…) et est sélectionné par la Sacem en 2007 pour participer à
l’Université d’été du cinéma d’Émergence.
Félix Kysyl - comédien
Jeune comédien formé au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, Félix Kysyl a travaillé au
théâtre avec Richard Brunel (J’ai la femme dans le sang d’après Feydeau), Jérémie Milsztein (Tartuffe de
Molière), Jean-Pierre Garnier (Les Brigands de Schiller), Geoffrey Dahm (L’Éveil du printemps de Wedekind).
On a pu le voir récemment dans une mise en scène de Lukas Hemleb au Théâtre des Célestins (Les
Arrangements de Pauline Sales) et dans Camiski de Fabrice Melquiot et Pauline Sales, mis en scène par
Guy-Pierre Couleau. Pour la télévision, Félix Kysyl a tourné entre autres avec Rodolphe Tissot.
Paul Granier - comédien
Après sa formation au Conservatoire de Béziers puis dans la Classe libre du cours Florent, Paul Granier a
joué sous la direction de Jean-Pierre Garnier (La Nuit des rois de Shakespeare), Juliette Chillet (La Nuit des
assassins de José Triana), avec le collectif Les Possédés (Stilla Valten de Lars Norén), Philippe Duclos
(Tartuffe de Molière) et Emmanuel Demarcy-Mota (Bouli année zéro de Fabrice Melquiot).
Il tourne également pour la télévision avec entre autres Merzak Allouache, Jean-Philippe Amar, Sandrine
Cohen et au cinéma avec Laurent Tuel et Frédéric Mermoud (Talent Adami Cannes 2015).
David Talbot - comédien
Après sa formation au cours Périmony à Paris, il débute sous la direction de Julien Rochefort dans Ainsi va
la vie de Sylvie Blotnikas, puis joue dans de nombreuses comédies, notamment au Théâtre du Splendid
dans Célibataires qu’il coécrit, dans J’aime beaucoup ce que vous faites de Carole Greep au Café de la Gare,
dans Chat en poche de Feydeau mis en scène par Pierre Laville au Théâtre Saint-Georges ou aussi dans La
Ronde de Schnitzler mise en scène par Marion Bierry. Il suit parallèlement des formations avec Massimo
Furlan (« L’acteur post-dramatique ») ou plus récemment avec Pierre Notte (« Explorer les écritures
d’auteurs vivants ») et se dirige vers d’autres formes de théâtre, moins fondées sur le récit et qui prennent
le risque d’une expérience inédite, convoquant le singulier, le flottant, le bizarre : un travail sur Rêves mis
en scène par Philippe Adrien au Théâtre de La Tempête, une immersion dans les méandres de
l’inconscient familial avec Troubles, féerie familiale de Jean-Marie Galey à la Maison des Métallos ainsi
qu’au Théâtre de la Tempête, et un dialogue entre soi et les forces imaginantes avec Le Frigo de Copi mis
en scène par François Baldassare au Théâtre de la Ville de Luxembourg. Il a aussi mis en scène Meilleurs
Vœux, une pièce de Carole Greep en 2012 au Théâtre Tristan-Bernard, et Train Train è pericoloso sporgersi,
dont il est l’auteur, en collaboration avec Sandrine Molaro et Gaëlle Lebert, au Théâtre des Béliers (festival
d’Avignon 2015).
Barbara de Limburg - scénographie
Formée à l’École nationale supérieure des arts visuels de Bruxelles, Barbara de Limburg est
scénographe tant au théâtre qu’à l’opéra. Elle a été assistante de Chantal Thomas sur des opéras
comme L’Élixir d’amour et La Fille du régiment de Donizetti (Opéra national de Paris-Bastille, Royal
Opera House-Covent Garden, Vienna State Opera, The Metropolitan Opera à New York). Elle
collabore régulièrement avec Laurent Pelly sur des opéras comme Cendrillon et Don Quichotte de
Massenet, L’Enfant et les Sortilèges de Ravel… Au théâtre, elle a travaillé récemment avec Delphine
Salkin au Théâtre national de Bordeaux sur le spectacle Sous la ceinture de Richard Dresser et avec
Agathe Mélinand pour Tennessee Williams- Short Stories et Erik Satie, mémoires d’un amnésique.
François Thouret - lumières
François Thouret travaille avec Patrice Chéreau (Phèdre, Rêves d’automne, I’m the Wind, Elektra), Luc
Bondy (Macbeth, Hercules, Idoménée, Le Tour d’écrou, Le Retour…), Jérôme Deschamps (Les Frères
Zénith, Les Pieds dans l’eau, C’est magnifique, Mozart Short Cuts, Zampa), Déborah Warner (Maison de
poupée), Emma Dante (Carmen, La Muette de Portici), Jorge Lavelli, Lukas Hemleb, Emmanuelle Bastet
(La Flûte enchantée, Lucio Silla, Orphée et Eurydice, La Traviata)…
Grétel Delattre - collaboration artistique
Après sa formation dans la Classe libre du cours Florent puis au Conservatoire national supérieur
d’art dramatique (promotion 2000 avec Philippe Adrien, Piotr Fomenko, Daniel Mesguich, Jacques
Lassalle), elle a notamment joué au théâtre sous la direction de Jacques Osinski (Orage, Ivanov, Le
Chien, la nuit et le couteau, L’Usine, Dom Juan, Richard II, L’Ombre de Mart), Benoît Lavigne (La Rose
tatouée de Tennessee Williams), Jean-Louis Martinelli, Bruno Bayen, Jean-Pierre Miquel, Volodia
Serre, Philippe Ulysse, Julie Recoing, Daniel Mesguich… Pour le cinéma et la télévision, elle a tourné
avec Jacques Audiard, Mia Hansen-Løve, Sébastien Betbeder, Suzanne Fenn et Gilles Bannier. Elle a
également adapté deux romans pour le théâtre : Le Livre de l’intranquillité de Pessoa et Les Palmiers
sauvages de Faulkner. Titulaire d’un diplôme d’État d’enseignement du théâtre, elle enseigne au
cours Florent.
Sabine Schlemmer - costumes
Après avoir obtenu un diplôme des métiers d’art spécialisé en réalisation de costumes de scène à
Paris, Sabine Schlemmer entre en confection pour le théâtre, la danse et le cirque dans des créations
de commande et des projets personnels. Depuis 2013, elle est costumière et habilleuse pour la
Compagnie du Hanneton, dirigée par James Thierrée. Elle signe et réalise les costumes et la
scénographie de la pièce de Daphné Tesson On a perdu la Lune ! mise en scène par Philippe Fenwick
(Théâtre de Poche, automne 2014) et crée ensuite les costumes d’Aucassin et Nicolette, une
chantefable du XIIIe siècle traduite et mise en scène par Stéphanie Tesson (Théâtre de Poche,
automne et hiver 2014).
PRESSE
Emma brûle les planches au Théâtre de Poche
« Madame Bovary », de Gustave Flaubert (1856), est un monument de la littérature française. Un pari
risqué pour le Théâtre de Poche-Montparnasse, qui en a fait sa nouvelle production. Heureusement,
le défi est relevé avec brio. Les metteurs en scène Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps installent
les héros provinciaux dans un dispositif minimal. Quatre chaises sont installées face au public. En
fond, un champ d'herbes hautes. On est dans un bal de l'arrière-pays rouennais ; le public est invité à
se laisser conter l'histoire d'Emma Bovary, dont l'âme perdue hante encore les esprits. De petits riens
fabriquent l'ambiance : le bruit d'une horloge marque la lourdeur d'un après-midi, un projecteur sur
un groupe ébahi évoque les lumières du bal.
Devant nous défile l'existence d'Emma, son espérance d'une vie meilleure une fois que Charles
Bovary l'aura épousée, l'ennui profond qui succède à l'installation du couple, l'obligation sociale de
tenir le foyer et les romans, qui, seuls, constituent une échappatoire. L'oisiveté se transforme en
perversité. Charles Bovary l'ignore : sa femme a des aspirations bien différentes de la vie qu'il lui
offre. Jouant entre désir libertaire et corruption charnelle, cette création souligne toute la
dichotomie du roman. La femme amoureuse, Emma, devient méchante. L'ennui se transforme en
mépris. Elle attire son entourage dans une perte inéluctable. Les voix de la raison, de l'amour et des
plaisirs coupables s'enchevêtrent dans son esprit lorsqu'elle rencontre d'abord Léon, puis Rodolphe,
puis Léon de nouveau, pour qui elle ruinera son mari. Tout cela afin de vivre sa passion dévastatrice.
Loin des clichés
Subtilement interprétés, les personnages d'Emma, de Charles ou de Léon apparaissent loin des clichés.
L'héroïne est incarnée avec force par Sandrine Molaro : elle fait d'Emma une femme mûre, émancipée,
aussi bien qu'une égoïste, dépassée par ses ambitions sentimentales. On découvre par ailleurs Félix
Kysyl, jeune acteur fraîchement sorti du Conservatoire, qui est tour à tour la mère de Charles et l'amant
d'Emma. Dans un cas comme dans l'autre, il est étonnant de justesse et de profondeur. L'adaptation du
texte de Flaubert par Paul Emond est convaincante. Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps
parviennent à créer un bel équilibre entre tragédie et tendresse, humour et drame, en toute simplicité.
Ainsi « Madame Bovary » se révèle sur scène tout aussi prenant qu'à sa lecture.
Hadrien Volle, 29 décembre 2015
http://www.lesechos.fr/week-end/culture/spectacles/021560718173-emma-brule-les-planches-au-theatre-depoche-1187995.php
™™™™™ Après l'adaptation au cinéma de Sophie Barthes, sortie le 4 novembre, Emma surgit sur
scène dans une version originale et assez Inattendue, mais fidèle à Flaubert. Et puis, quels talents !
Résumé sans précaution, ce spectacle pourrait inquiéter les admirateurs d'Emma Bovary. Ceux qui
aiment le personnage et ceux, bien sûr, qui admirent l'œuvre de Gustave Flaubert et son écriture
magistrale.
En effet, sur la scène du Poche-Montparnasse, on découvre, devant un fond qui représente un
immense champ de blé, quatre chaises au pied desquelles sont posés des instruments de musique.
Une guitare, un violon. Plus tard, on verra surgir un harmonica.
Voici les interprètes. Ils sont quatre. Ils seront tour à tour narrateur ou interprète. Un garçon qui a l'air
vraiment très jeune - et qui l'est ! - Félix Kysyl, le benjamin qui joue notamment Léon. Deux hommes,
Gilles-Vincent Kapps qui cosigne la mise en scène et a composé la musique, à la fois discrète et
essentielle dans cette production, et incarne, entre autres, Rodolphe, assez cynique et très fuyant. Et
puis David Talbot, qui est Charles Bovary, aimant, maladroit, dominé, dépassé. Voici Emma, pulpeuse
et heureuse beauté, Sandrine Molaro. Une brune épanouie au sourire éclaboussant que l'on
applaudit également chaque lundi soir (lire nos éditions du Figaro du 17 novembre) dans Robert le
diable, cabaret littéraire élaboré par Marion Bierry en hommage à Robert Desnos.
Dans une forme légère
L'auteur de l'adaptation de Madame Bovary est un écrivain belge, Paul Emond. Il est l'auteur de
pièces et d'adaptations littéraires. Il avoue lui-même avoir eu quelques scrupules à transposer le
roman magnifique sur scène, dans une forme légère, elliptique, qui ne sacrifie pas les faits, mais ne
peut rendre compte de la densité et de la transparence de l'écriture de Gustave Flaubert.
«Qu'auriez-vous fait à ma place ?», interroge-t-il, vaguement inquiet. Quatre acteurs, et tous ces
personnages ! «À vous d'inventer une dynamique théâtrale spécifique», dit Paul Emond, prudent !
Ne le cachons pas, on ne retrouve pas sur le plateau la complexité du roman qui orchestre les faits et
les pensées, les descriptions et les analyses. L'alternance du récit et du dialogue donne une couleur
plaisante à la représentation. Jusque dans la légèreté avec laquelle les quatre interprètes s'emparent
et du matériau narratif et des personnages. Ce qui est plaisant, ici, ce n'est pas l'esprit de sérieux qui
pourrait présider à pareille entreprise, donnant une allure solennelle à l'adaptation. Non, au
contraire, l'insolence et la gaieté et même une certaine désinvolture donnent un ton très
convaincant à la représentation.
Gilles-Vincent Kapps et Sandrine Molaro signent une mise en scène volontiers blagueuse qui
n'étouffe ni l'émotion, ni les larmes, ni la cruauté. Ils aiment les porte-à-faux et font jouer les
personnages des parents par le tout jeune Félix Kysyl, tout à fait épatant, encore élève du
Conservatoire ! Gilles-Vincent Kapps et David Talbot dessinent avec fermeté les différentes figures
qu'ils incarnent.
Dans le rôle d'Emma, débordant de rayonnante énergie, vivante et rêveuse mais ligotée par l'ennui,
malmenée par les hommes, Sandrine Molaro est d'une délicatesse aussi subtile qu'une phrase de
Flaubert.
Armelle Héliot, 24 novembre 2015
http://www.lefigaro.fr/theatre/2015/11/24/03003-20151124ARTFIG00161-madame-bovary-version-cabaret.php
HHHH
Tirer – sans le mutiler – un spectacle d'une heure et demie du chef d'œuvre de Flaubert avec
quatre chaises et un peu de verdure en toile de fond pour tout décor, c'est la prouesse
accomplie par Sandrine Molaro, Gilles-Vincent Kapps, David Talbot et Félix Kysyl – excellent
acteur dont les yeux tombants et le visage chiffonné évoquent le jeune Serge Reggiani.
L'adaptation de Paul Emond est futée. La mise en scène de Sandrine Molaro et Gilles-Vincent
Kapps ne l'est pas moins, qui oscille entre dire et jouer. Ceux qui ne connaissent pas le roman
auront envie de le lire; les autres, grand plaisir à en feuilleter le souvenir.
Jacques Nerson, 2 décembre 2015
Quatre chaises, une table et quelques instruments de musique : il n’en faut pas plus à Sandrine
Molaro et Gilles-Vincent Kapps pour vous proposer leur version du roman de Flaubert.
« Madame Bovary » en mode cabaret… Diantre, il fallait quand même oser ! Mais quand on a du
talent et de l’audace à revendre, on aurait bien tort de se priver. Après tout, quitte à revisiter un
classique, autant ne pas le faire à moitié et proposer une vraie relecture. Que les puristes soient donc
prévenus, les deux metteurs en scène et leur adaptateur, Paul Emond, se sont accordés bon nombre
de libertés sur la forme. Le fond, lui, demeure, à sa façon. Emma, ses déceptions, ses tourments, ses
délicieuses attentes et ses espoirs déçus sont toujours bien là, mais la complexité du personnage
s’offre sous un prisme beaucoup plus terrien, loin de tout romantisme évaporé. Pas de langueur ici,
du nerf, du rythme et de la vie par contre. Tout file au son des guitare, violon, harmonica et
bandonéon. L’univers sonore et les créations musicales du spectacle ont été particulièrement
soignés et c’est sans mal que le spectateur entre dans cet étrange bal. Les têtes tournent, mais on ne
ralentit jamais la cadence, bien au contraire, on accélère encore et encore jusqu’au tragique
dénouement. Sur scène, les comédiens, tous excellents, passent d’un rôle à l’autre, tantôt
protagonistes, tantôt narrateurs, avec jubilation. Sandrine Molaro parvient à glisser un souffle de
fraîcheur et de feu dans le regard plus que centenaire d’Emma et lui offre une modernité aussi
éclatante que troublante. David Talbot est tout aussi formidable dans la partition du mari naïf et
dépassé. Dans celle du cynique Rodolphe, Gilles-Vincent Kapps se révèle redoutable. Félix Kysyl,
cocasse en odieuse belle-mère, ou plus touchant quand il enfile le costume du jeune Léon, n’est pas
en reste…
Un bonheur de spectacle que vous n’avez décidément le droit de manquer sous aucun prétexte !
Dimitri Denorme, 9 décembre 2015
Bovary fantaisie
Rien de classique dans cette adaptation du chef-d'œuvre de Gustave Flaubert, mais quelle beauté,
quelle intelligence, quelle fantaisie ! Que reste-t-il, ici, de Madame Bovary ? Un portrait bouleversant,
celui d'une femme avide de liberté, amoureuse de l'amour et bientôt terrassée par le chagrin. Mais
voilà le roman transformé en un récit virevoltant, qui, en quatre-vingt-dix minutes rondement
menées, nous embarque de Paris à la campagne normande, du morne intérieur des Bovary aux
échappées belles que s'offre Emma, cii dans un petit nid où elle retrouve son amant, là sur une
colline, à dos de cheval. En toile de fond, une gigantesque image en noir et blanc, ciel aux nuages de
coton, champ de blé fouetté par les vents. Un formidable quatuor d'acteurs jour les bateleurs.
Sandrine Molaro est Emma, David Talbot, Gilles-Vincent Kapps, Rodolphe Boulanger et le
pharmacien Homais, et Félix Kysyl incarne le jeune Léon Dupuis, mais aussi la mère Bovary. Tous
passent d'un rôle à l'autre, d'un registre à l'autre avec maestria, et jouent même de la musique.
Violon, guitare, harmonica distillent rock, blues, mélodies mélancoliques. On se laisse séduire et
émouvoir, avec l'envie immédiate de replonger dans Flaubert sitôt le rideau baissé.
Anna Nobili, 24 décembre 2015
Quatre chaises, quelques instruments de musique éparpillés sur une petite table et en toile de fond,
la photo d'un champ en noir et blanc : voilà planté le décor de cette Madame Bovary version cabaret.
Loin d'une reconstitution fidèle du roman de Flaubert, la version de Paul Emond, sans rien trahir de
l'intrigué, prend quelques libertés avec la lettre, mais nous livre un condensé original et rythmé de
cette légendaire épopée féminine. Autour de la figure de Madame Bovary, incarnée par l'intense
Sandrine Molaro, trois comédiens se partagent tous les rôles, avec une liberté de jeu et une subtile
légèreté de ton qui emportent l'adhésion. Adresses à la salle et chansons entrecoupent quelques
dialogues authentiques : on est pris dans la danse infernale de cette séduisante déchéance, et on le
laisse délicieusement bovariser !
Décembre 2015
•••••
Un dispositif scénique minimal et des faux airs burlesques de comédie musicale servent une
incandescente et passionnante Emma Bovary.
De deux choses l’une : soit vous étiez décrocheur scolaire assigné au dernier rang à
l’incandescence du radiateur, et ce monument de la littérature française (1857) vous est inconnu,
soit il est pour vous inoubliable. Adolescent, l’auteur-adaptateur Paul Emond a succombé à la
belle Emma Bovary, puis aux sollicitations d’amis l’exhortant à porter à la scène le roman de
Flaubert. Une gageure. En s’attelant à ce monstre littéraire porteur de tant de fantasmes, il ose
une version originale d’une heure trente : un mix de farce normande et de cabaret brechtien
irrigué par la langue acérée de Flaubert. L’idée : faire entendre en quoi la rage de vivre de cette
provinciale du XIXe siècle est actuelle. Souffreteuse et éthérée Madame Bovary ? Non, une force
brute, terrienne, ivre de littérature, d’évasion et de passion.
Bousculant les codes, les metteurs en scène Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps installent
les protagonistes dans un dispositif minimal : quelques chaises, un fond champêtre, quatre
comédiens bateleurs chargés de conter, incarner et chanter la grande épopée d’Emma Bovary
avec quelques instruments à portée de main (guitare, piano jouet, violon, accordéon,
harmonica…). Sans plus de cérémonial, on est prié d’entrer dans cet implacable traité des
passions humaines ponctué d’intermèdes musicaux truculents. Alternant dialogues et
monologues, multipliant les adresses au public, superposant les personnages, les saynètes se
bousculent qui composent un formidable électrocardiogramme d’une société corsetée avec en
bonus, une belle révolte romanesque contre l’ordre établi.
L’affaire est si alertement articulée et les comédiens-narrateurs si enthousiastes (Gilles VincentKapps, Félix Kysyl ou Paul Granier, Sandrine Molaro, David Talbot) que l’attention ne retombe
jamais. Madame Bovary questionne toujours notre propre capacité à l’audace.
Myriem Hajoui, 8 janvier 2016
LES SITES
Emma à l’accordéon, Charles au violon, Rodolphe à la guitare, Léon à l’harmonica : pourquoi pas !
C’est le pari plutôt réussi par Paul Emond pour l’adaptation et Sandrine Molaro et Gilles-Vincent
Kapps pour la mise en scène du chef d’œuvre de Flaubert. Les puristes chercheront vainement le
texte original ; les autres se diront que les principaux nœuds de l’intrigue sont là. Le tout servi par un
quatuor d’acteurs aussi enjoués que généreux.
Emma, Sandrine Molaro, réussit à convoquer une palette d’émotions. Elle est rieuse et passionnée,
extravagante et gourmande, mélancolique et rêveuse. Elle passe de la joie de se marier à celle d’avoir
un amant avant d’être plongée dans la désillusion, parce que non, sa vie ne ressemble
définitivement pas à un beau roman qu’elle se plairait à lire au coin du feu. Et pour cause, la
pesanteur sereine de Charles l’étouffe. Ce dernier est interprété par David Talbot qui joue avec un
enthousiasme divertissant le benêt cocu et suffisamment naïf pour pousser Emma dans la gueule du
loup. Félix Kysyl et Gilles-Vincent Kapps, quant à eux, se glissent dans la peau de plusieurs
personnages. Le premier passe aisément de la belle-mère revêche au Léon romantique et timide,
tandis que le second est irrésistible en Rodolphe, le séducteur lâche.
Le décor est d’une sobriété efficace : quatre chaises de bois et en fond de scène, l’immense
photographie d’un champ qui nous plonge de manière allusive dans l’ambiance somme toute
bucolique du roman. C’est la façon dont l’histoire est racontée qui nous maintient en haleine : les
acteurs sont tantôt personnages, tantôt narrateurs, tantôt musiciens. Monologues, dialogues,
apartés, chansons alternent, ce qui surprend de prime abord tant le ton peut apparaître décalé par
rapport au roman.
Pourtant, cette pièce est une bien jolie façon de (re)découvrir une des grandes amoureuses de la
littérature. Elle constitue un prélude agréable à la lecture de Flaubert, dans le texte cette fois-ci.
Ivanne Galant, 23 novembre 2015
http://www.regarts.org/Theatre/madame-bovary.htm
Madame Bovary, pièce de théâtre de Flaubert, écrivain du 21e siècle
L’enjeu n’est pas si simple de nous emmener dans l’histoire classique et hyper connue de Madame Bovary
et pourtant de nous surprendre. Le pari est gagné par quatre acteurs fantastiques.
Note de la rédaction : ★★★★★
Nous sommes entraînés par quatre comédiens, quatre instruments de musique, un jeu joyeux et une
mise en scène inventive dans la vie de l’épouse de Monsieur Bovary. […]
L’adaptation de Paul Emond est réussie, la mise en scène est si bien faite qu’on se met à croire que
Madame Bovary a été écrit en pièce de théâtre par un Flaubert né à la fin du 20e siècle. Les
comédiens jouent une partition drôle et décalée (vue avec Félix Kysyl)
On retrouve avec gourmandise la description de la bêtise égoïste, sadique, vénale et crasse de la
petite bourgeoise rouennaise, entre collusion de notables, mesquinerie corrompue et jalousie
infâme mais contrite. Au milieu de l’ennui général, Emma est une femme moderne avec une hystérie
moderne, finement interprétée par une géniale Sandrine Molaro. En miroir, l’hystérie masculine est
tenue entre autres par Rodolphe (extraordinaire et drôle Gilles Vincent Kapps). Emma incarne le
bovarysme du 21e siècle, entre recherche d’un maître et tristesse agressive de ne jamais être
satisfaite, entre manipulation et soumission. La dimension moralisatrice du roman est abandonnée,
nous sommes en 2015. Mais reste cette insatisfaction fondamentale. Madame Bovary en 2015
éprouve le vertige de vouloir être quelqu’un d’autre. Elle ne cédera pas sur son désir sauf à se
suicider.
La pièce, très drôle, est une réécriture magnifique et contemporaine du roman de Flaubert, une
révision non de l’intrigue, non des conflits psychiques, mais du contextuel. C’est une réussite qui
rend hommage à l’esprit du texte et à ce que Flaubert voulait rendre compte de l’âme humaine. Un
hommage à la beauté du texte aussi. Dans le roman l’énoncé six mois et le mot souffle sont chacun
écrit plus de quinze fois. Dans la pièce, Paul Emond fait dire à Emma dans une respiration triste : six
mois passent comme un souffle. Si moi [Emma, je ne] passe [que] comme un souffle. C’est le souffle de
l’hystérie féminine qui aura tenu le personnage d’Emma. Jusqu’à son dernier souffle.
David Rofé, 23 novembre 2015
http://toutelaculture.com/spectacles/theatre/madame-bovary-piece-de-theatre-de-flaubert-ecrivain-du-21e-siecle/
Attention ! Il ne s’agit pas d’une transcription sage et pondérée du chef-d’œuvre mais d’une fantaisie
légère dans sa forme, enlevée dans son rythme, audacieuse dans son esprit et qui doit beaucoup au
talent des quatre interprètes, qui sont aussi musiciens.
C’est une version pour tréteaux à tendance cabaret.
[…] il y a tant de bonne humeur dans cette entreprise et tant de talents virtuoses sur le petit plateau
du Poche-Montparnasse, à Paris, que l’on est certain que même les dévots de Gustave Flaubert en
accepteront le principe et seront emballés par la représentation.
Au commencement, il y a la complicité de Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps avec le Belge Paul
Emond, auteur de pièces et d’adaptations littéraires.
Sandrine Molaro, qui est ici Emma et que l’on peut applaudir aussi (le lundi soir) dans Robert le Diable
superbe hommage de Marion Bierry à Robert Desnos, a passé commande de la transposition de
Madame Bovary
[…] Une toile de fond (une photographie monumentale ?) qui représente un champ de blé, des
chaises sagement alignées, quelques instruments de musique.
Il n’en faut pas plus au quatuor pour nous raconter sinon le roman, du moins ce que raconte
Madame Bovary.
Gilles-Vincent Kapps (qui a composé la musique et incarne notamment Homais et Rodolphe) et
Sandrine Molaro signent une mise en scène enjouée.
On passe d’un rôle à l’autre, on fait son miel des décalages - le très jeune Félix Kysyl joue les parents
rigides mais aussi cet énamouré de Léon -, on s’empare d’une guitare, d’un harmonica, d’un violon et
l’on se met à chanter, voire à danser ! Il faudrait être bien chagrin pour s’offusquer.
On est sous le charme.
Sans doute ceux qui aiment le livre s’amuseront-ils à en retrouver les épisodes marquants. Ceux qui
ne le connaissent pas suivront l’action au fil des événements, des humeurs des protagonistes. Ce que
l’adaptation ne peut rendre, le jeu le donne.
David Talbot est un Charles Bovary aveuglé et dépassé, Gilles-Vincent Kapps un Rodolphe cynique et
fuyant, Félix Kysyl est cocasse ici, touchant là. Dans la partition d’Emma, pulpeuse, sensuelle, ligotée
par l’ennui, Sandrine Molaro enchante et bouleverse.
Applaudissez ! Mais aussi, relisez Flaubert !
Armelle Héliot, Le Grand théâtre du monde, 13 novembre 2015
http://blog.lefigaro.fr/theatre/2015/11/madame-bovary-version-cabaret.html
L'épais roman se distinguait par la technique de la variation des points de vue, les longues
descriptions et la critique de la bourgeoisie normande du 19e siècle. Paul Emond recentre le propos
essentiellement autour des intrigues amoureuses d'Emma.
Le souci de modernisation de l'œuvre pour la scène, malgré les costumes des acteurs et les dialogues
extraits du texte, gomme l'ironie du texte original et oublie son caractère provocateur. Ainsi la
version adaptée par Paul Edmond donne un éclairage différent sur le parcours d'Emma qui tourne
alors plus à un drame du surendettement qu'à la narration du désespoir amoureux d'une bourgeoise
de province au romantisme exacerbé par la lecture de romans d'amour.
Portés par la mise en scène dynamique de Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps, qui interprètent
respectivement les rôles d'Emma et de son amant Rodolphe Boulanger, les acteurs ont toute latitude
de développer leur jeu.
La longue silhouette de David Talbot l'aide à camper un Charles apathique mais rendu sympathique
par sa naïveté. Tour à tour dans les rôles d'Homais, le pharmacien, et de Rodolphe Boulenger, GillesVincent Kapps affiche une belle aisance en scène et met son charme au service du personnage.
Le jeune Félix Kysyl, dont le visage rappelle celui de Charlie Sheen, offre de très beaux numéros dans
le rôle du clerc Léon Dupuis, et surtout dans le rôle de la mère de Charles qui régulièrement
réprimande sa bru.
Excellente actrice débordante d'énergie, Sandrine Molaro, plus exposée que ses partenaires
masculins, se retrouve néanmoins parfois confrontée à des difficultés dans son jeu lors des sautes
d'humeur de son personnage.
Passée la première surprise pour le spectateur de voir les comédiens interpréter en direct des
intermèdes musicaux afin d'annoncer les changements de lieu de l'action, ce procédé de mise en
scène apporte à la fois légèreté et modernisme aux mots de Flaubert.
Cette adaptation contemporaine de Madame Bovary constitue donc une agréable introduction à
l'œuvre de Gustave Flaubert et donne envie de se plonger à nouveau dans les romans de l'écrivain
rouennais.
Laurent Coudol, 2 décembre 2015
http://www.froggydelight.com/article-16904-Madame_Bovary.html
« Madame Bovary », c’est eux !
Une adaptation séduisante du classique de Flaubert, mise en bouche par quatre formidables
comédiens.
Une jeune femme mal mariée s’ennuie dans sa vie médiocre. Elle prend des amants, accumule des
dettes, puis finit par se suicider. Présentée comme cela, l’histoire de Madame Bovary est intemporelle.
On ne s’étonne pas, en ce sens, que le roman de Flaubert ait fait l’objet de multiples adaptations
cinématographiques, de Jean Renoir à Vincente Minnelli. Le théâtre ne fut d’ailleurs pas en reste,
puisque Gaston Baty « dramatisa » Bovary dans les années trente, déjà à Montparnasse. Plus près de
nous, Elle brûle de Mariette Navarro, mis en scène par Caroline Guiela Nguyen, proposait une écriture
de plateau fondée sur le texte de Flaubert. C’est désormais au Théâtre de Poche que
Sandrine Molaro et Gilles‑Vincent Kapps ont monté leur Madame Bovary, dans une adaptation signée
Paul Edmond.
Le dispositif adopté est minimal, et presque antithéâtral : trois acteurs, une actrice, quelques chaises,
un fond champêtre qui change de temps en temps de couleur, peu d’accessoires, mais des
instruments de musique. Point de bal à la Vaubyessard, évidemment, mais le souvenir chatoyant du
film de Minnelli, reproduit par la diffusion de la valse névrotique de Miklós Rózsa. Dans cette Bovarylà, la bande-son est d’ailleurs omniprésente. Elle propose des citations parodiques (un soupçon de
Rina Ketty, des airs à la Dolce Vita quand Emma se prend à rêver d’Italie, ce qui restitue idéalement
l’ironie flaubertienne ; un clin d’œil à Francis Lai et au « Cinéma de minuit » quand les « héros »
s’embrassent, comme dans un film – on voit donc que ce Madame Bovary intègre et digère
intelligemment les précédentes adaptations). Elle fait aussi entendre des créations originales (la
chanson provocatrice de Mme Bovary qui veut danser la polka, l’aubade séductrice de
Rodolphe Boulanger, sorte de Jean‑Patrick Capdevielle perdu dans le bocage depuis trop
longtemps). Ces courants d’air musicaux sont autant de respirations dans une mise en scène qui
insiste à l’envi sur la sujétion qui accable Emma, présentée comme une jeune femme qui a le tort de
vouloir vivre libre.
Dans sa version de poche, la Mme Bovary de Molaro et Kapps est enfermée dans la cage de scène.
Elle est « encagée », également, par ces hommes qui la pressent et l’oppressent – un Lheureux
multiplié par trois que font heureusement surgir les metteurs en scène quand le drame se resserre.
Emma se dessine aussi dans un carré qui semble avoir été tracé par terre, et qu’elle parcourt de
temps à autre, telle une jeune fille au bal exécutant bravement ses pas de danse, ou une bête de
somme qui sans cesse martèle le sol, sans bien savoir pourquoi. Antithéâtral, au sens
d’antispectaculaire, le dispositif n’en est en effet pas moins très habilement orchestré : pas un geste
en trop, déplacé ou mal placé, mais une chorégraphie soignée, sans ennui, qui assure une transition
fluide entre les scènes, et qui, surtout, fait résonner à la perfection chaque mot de Flaubert, lui
donnant même un relief inattendu.
Le plaisir du texte
Cette Madame Bovary version théâtre ne change en effet pas un mot de l’original, et en restitue
même toute la splendeur. On réécoute Flaubert en se disant qu’il luttait décidément en vain contre
sa pente poétique, tant ses phrases « sonnent bien » – surtout en comparaison avec ce fadasse Lac
de Lamartine que l’on peut réentendre ici, comme dans le roman, par contraste. Soucieux de se
guérir de son « cancer lyrique », Flaubert coupait chaque phrase de façon chirurgicale – mais, sur
scène, dans la voix haute et claire des comédiens, c’est bien un vrai poème qui se donne à entendre.
Le texte de Flaubert s’évade grâce à eux de la gangue ironico-réaliste dans laquelle on le cantonne
parfois : quand « Charbovari », ainsi, exprime sa détresse d’avoir perdu sa femme, ce n’est plus un
imbécile qui s’en prend bêtement à la « fatalité », mais un humble qui parle avec ses mots de
l’inhumaine douleur de la perte.
Si Sandrine Molaro compose la seule Emma (et Berthe, sa fille, dans ce qui constitue l’unique « écart »
par rapport à Flaubert, variation dont on peut d’ailleurs questionner la pertinence), les autres
personnages (Charles, Léon, Rodolphe, Homais, Lheureux, la mère de Charles, le vicomte, le suisse de
la cathédrale…) sont distribués entre les trois acteurs masculins, qui prennent à leur compte les
phrases de Flaubert, ou se font les narrateurs-chœur de l’histoire. Ainsi, la mère de Charles raconte
l’épisode de la cravache perdue, ce qui lui donne un tour tout particulier. Le comique, le tragique, le
pathétique, registres différents qui colorent subtilement le texte de Flaubert, sont de cette manière
mis en valeur de façon extrêmement fine et intelligente.
Sandrine Molaro, dans sa composition d’Emma, fait le choix d’une interprétation habitée, hystérique,
zulawskienne. À ses côtés, les trois autres déploient un jeu plus sobre, presque désincarné,
extrêmement précis. Ces deux « jeux » ne jurent pas, mais mettent sans doute en évidence
l’étrangeté intrinsèque de Madame Bovary, femme de passion égarée au milieu de monstres lucides
et froids. La diction des acteurs, formés aux « grands textes » chez Périmony et au Conservatoire
(de Paris ou de Strasbourg), est absolument impeccable, et on entend parfois les spectateurs
flaubertophiles réciter en même temps les phrases du maître. David Talbot campe donc le Simple,
bête à manger du foin, personnage à la Bourvil qui laisse entrevoir de tragiques abîmes – c’est sans
doute le rôle le plus difficile. Gilles‑Vincent Kapps prête vie – entre autres – à la fois à l’affreux Homais
et au non moins ridicule Rodolphe – son côté hâbleur fait merveille dans les deux cas, on est prêt à
opérer un pied bot, ou à monter en selle avec lui pour une folle chevauchée ; quant à Félix Kysyl, jolie
révélation du soir, il a la faculté vertigineuse d’incarner l’acariâtre belle-mère et, l’instant d’après, le
rougissant puceau clerc de notaire.
Ennuyeux, long, indigeste, Madame Bovary ? Prenez votre adolescent ingrat sous le bras, avec sa
lecture prescrite, et imposez-lui ce Madame Bovary-là. Gageons que, comme Emma, il en viendra
avidement au livre, sinon aux livres. ¶
Corinne François-Denève, 5 décembre 2015
http://lestroiscoups.fr/madame-bovary-de-gustave-flaubert-theatre-de-poche‑montparnasse-a-paris/
Emma Bovary au théâtre : beaucoup plus intéressant qu'au cinéma
Après une version récente, trop classique, au cinéma, du chef d’œuvre de Flaubert, Le Théâtre
de Poche nous en propose une, aussi passionnante qu'audacieuse.
Points forts
1/ Quand on arrive dans le théâtre, une certaine inquiétude nous saisit. Quatre chaises en enfilade,
une sorte de champs de blé naïf dessiné en fond de scène, on se dit : "Aïe, qu’est-ce qu’est-ce qu’ils
en ont fait !" Quatre personnages, qui vont en jouer une multitude, entrent. Ils sont à la noce. A la
noce d’Emma. Ils jouent du violon, de l’harmonica, de l’accordéon, ils chantent… Seule, Emma
Bovary ne jouera que son propre rôle. Mais quelle belle nature ! Quelle générosité ! Quelle
incandescence ! Et qu’elle est bien entourée par ces trois merveilleux comédiens !
2/ Excellente adaptation, très osée, du roman de Gustave Flaubert. On y trouve une galerie de
caractères sinistres; tous les défauts de la nature humaine sont concentrés là ! On cherche vainement
un peu de probité, un personnage sympathique… Même cette pauvre Emma est pitoyable !
3/ Cela se passe probablement de nos jours, mais qu’importe. D’ailleurs, rien ne rappelle le milieu du
19e siècle ! Ni les costumes, actuels, pauvres et province, ni la musique ! On se croirait à une fête
folklorique, au milieu de nulle part… Ce qui est important, ce n’est pas quand ça s’est passé car c’est
intemporel. C’est ce que l’on ressent. Et ce que l’on ressent, c’est qu’un drame se prépare. Emma vit
dangereusement. Elle est charnelle à l’excès, elle est crédule, facile à approcher et à duper…
4/ La mise en scène est efficace. C’est créatif, c’est truculent, ça va vite, on passe d’une situation à
l’autre, entraînés par la musique, on sent qu’on va basculer dans la tragédie avec Emma. C’est très
bien mené.
5/ Excellent casting. Chaque personnage est remarquablement incarné par ces 4 comédiens et ce
sont, en plus, de bons musiciens…
Points faibles
Puristes, s’abstenir et encore… Un peu d’intelligence et d’ouverture ne nuisent pas !
En deux mots
On ne voit pas le temps passer. L’esprit de Flaubert est là. Sa belle langue aussi. On est content de
voir qu’une adaptation, un peu dangereuse, d’un texte classique, peut ne rien trahir du fond, tout en
réinventant la forme. C’est réjouissant… Voilà une version théâtrale, réalisée avec une économie de
moyens, mais beaucoup plus intéressante que la version, très classique et sans surprises, proposée
récemment au cinéma.
Recommandation
Excellent
Chantal de Saint Remy, 5 décembre 2015
http://www.culture-tops.fr/critique-evenement/theatre-spectacles/madame-bovary
Du roman à l’écran, du texte inspiré à la scène, Madame Bovary ne cesse de nourrir la création,
d’inspirer auteurs et metteurs en scène contemporains qui lui rendent ainsi grandement
hommage. Au théâtre de Poche-Montparnasse, l’adaptation musicale de ce chef-d’œuvre sans
âge, écrite par Paul Emond, sublime Emma, tour à tour conteuse, danseuse et désespérément
en quête de vie.
On ne compte plus les adaptations ou inspirations du célébrissime roman de Gustave Flaubert,
Madame Bovary. Mais la mise en scène de Sandrine Molinaro et Gilles-Vincent Kapps ont l’originalité
d’alterner passages narratifs, scènes de jeu et pauses musicales ; une variété de mouvements qui
laissent part aux multiples adresses au public autant qu’aux échanges directs entre les personnages.
Le rythme est dynamique, entraînant, et l’histoire, que l’on sait déjà intemporelle, prend des allures
de contemporanéité retentissantes. La guitare électrique accompagne l’harmonica et le violon de
ses vibrations rock. Emma, incarnée par la douce Sandrine Molinaro, saisit volontiers une cigarette
pour la consumer dans une danse nonchalante et ne cache pas son appétit charnel : alors qu’elle ne
fait qu’effleurer les lèvres de son mari, elle embrasse avec avidité ses amants. La sensualité, retenue
et dissimulée dans le roman, s’exhibe avec grâce dans la pièce de Paul Emond.
De la littérature avant toute chose
La place accordée au texte est primordiale. Le décor minimal, constitué de quatre chaises, suggère
successivement l’apparence d’un salon, d’un café, d’un opéra, d’une fête. L’image projetée sur le mur
de fond de scène est un paysage de champ de blé qui rappelle le cadre rural du roman, la
Normandie de Flaubert. On est donc à la fois dehors et dedans, en intérieur autant qu’en extérieur.
Le mime et le texte priment sur le manque de repères spatiaux. On raconte ce qu’il se passe, on le
joue et on le chante. Les acteurs se glissent avec flexibilité dans la peau de différents personnages et
ce, sans changement de costume. Félix Kysyl passe de la mère de Charles Bovary à l’amant d’Emma,
de même que chaque comédien fait entendre la voix du mercantile M. Lheureux. Tout repose bien
sur le jeu, les expressions corporelles, la gestuelle ; une authentique théâtralité qui s’équilibre avec
des ressorts propres au cinéma tels que les bruitages et la musique. Par ailleurs, le textocentrisme de
la pièce est aussi une manière de montrer le caractère originellement littéraire d’Emma Bovary et
donc non voué à être représenté, si ce n’est dans l’imaginaire propre de chaque lecteur. Lorsqu’une
subjectivité détermine et donc impose l’image d’un personnage romanesque, l’aventure est toujours
risquée. Cependant, le fait que l’histoire de Madame Bovary ne soit pas interprétée dans son
intégralité permet de nuancer l’identification à l’héroïne et d’accepter sa représentation, même si
elle diffère sûrement de celle que l’on s’était figurée.
Quelques détails
La robe bleu ciel que porte Sandrine Molinaro est fidèle à la description flaubertienne :
Emma est vêtue d’une « robe de mérinos bleu garnie de trois volants ». Cette couleur est le fil rouge du
roman : on trouve plusieurs fois son occurrence dans le choix des habits, des accessoires mais aussi
dans les objets, notamment lorsque Charles Bovary reçoit en cadeau « une belle tête phrénologique
toute martelée de chiffres jusqu’au thorax et peinte en bleu », jusqu’à caractériser une ambiance : « Elle
(Emma) allait donc posséder enfin ces joies de l’amour, cette fièvre du bonheur dont elle avait désespéré.
Elle entrait dans quelque chose de merveilleux où tout serait passion, extase, délire ; une immensité
bleuâtre l’entourait (…) ». Ce détail n’a pas échappé aux deux metteurs en scène car, de manière
récurrente, un halo bleu illumine la scène comme un avertissement énigmatique.
Ainsi, grâce à des indices disséminés ça et là et avec peu de moyens, la mise en scène de Madame
Bovary renvoie implicitement à l’écriture de Flaubert – d’une apparence simple, épurée et
paradoxalement chargée de symboles -, au même titre que les mélodies jouées par les comédiens
sur scène suscitent l’analogie à la mélomanie d’Emma. Tout est là pour penser un passage du texte à
la scène réussi.
Jeanne Pois-Fournier, 28 novembre 2015
http://zone-critique.com/2015/11/28/madame-bovary-de-paul-emond/
Madame Bovary est le titre que donne Gustave Flaubert à son roman réalisé en 1856 et condamné un
an plus tard pour « Outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs ». En littérature,
au cinéma ou au théâtre, le roman profite d’une résonance temporelle immuable. S’il est considéré,
encore aujourd’hui, comme un chef-d’œuvre, c’est à l’esprit réaliste et visionnaire de Flaubert qu’il le
doit.
Inspirée de Don Quichotte de Cervantès, le personnage d’Emma Bovary serait le double d’Alonso
Quichano. Emma est une femme qui se refuse une résignation insensée à la condition sociale établie
et qui se perd dans la poursuite des illusions et des chimères idéalistes inspirées par les lectures
romanesques et rêveuses qui causent, très vite, son désenchantement, sa ruine et enfin sa mort.
Au théâtre de Poche, la salle est truffée d’un public venu assister à une mise en scène bien fruste et
inattendue de Madame Bovary. Le décor se compose de quatre chaises, quelques instruments de
musique et un arrière-plan de champs de blé. Le côté pastoral et rustique de l’œuvre est mis en
avant. Mêmement, quatre acteurs occupent la scène : Sandrine Molaro dans un jeu fougueux et
enflammé du personnage d’Emma Bovary ; David Talbot incarnant talentueusement son époux,
l’innocent Charles Bovary; Gilles-Vincent Kapps dans le rôle de d’un Rodolphe exalté et enfin, Félix
Kysyl interprétant plusieurs personnages tels que la belle-mère aigrie ou encore le jeune et doux
Léon.
Le jeu des personnages est versatile et balaie l’aspect effronté de l’œuvre flaubertienne. Il se fait dans
une atmosphère conviviale où ces derniers ne sont pas seulement acteurs mais aussi musiciens,
maniant des instruments tels que l’harmonica, la guitare ou le piano. Cette fraicheur musicale
apporte un côté festif et joue le rôle d’une appréciation des passages joyeux ou tristes.
[…] Ce choix de mise en scène de l’épopée de Madame Bovary au théâtre de Poche rompt avec nos
prévisions de la représentation et propose une originalité certaine du jeu qui saura convaincre et
séduire les amateurs des mises en scènes décalées et inattendues des textes classiques.
Lynda Meghara, 23 novembre 2015
http://www.la-galerie-du-spectacle.fr/810/
Si Madame Bovary m’était contée
La nouvelle coproduction du Théâtre de Poche-Montparnasse est l’adaptation du roman de Gustave
Flaubert : Madame Bovary. On redécouvre ce texte splendide dans une mise en scène narrative et
très prenante.
Quatre chaises au milieu d’un champ… La scénographie plonge immédiatement le spectateur dans
l’arrière pays rouennais, si ennuyeux qu’il sera cause première de la chute d’Emma Bovary.
L’adaptation de Paul Emond est fidèle au roman de Flaubert, se concentrant sur quelques figures et
sans chercher à multiplier les personnages : on est dans l’essentiel. Une poignée de chansons,
interprétées par les acteurs, voient des moments clés mis en vers. Cela ne nuit en rien à l’intrigue et
cette « Madame Bovary » s’écoute comme un joli conte en-chanté.
La scène, réduite, du Poche et un dispositif de mise en espace minimal ont conduit les acteurs à se
concentrer sur les expressions. Aucune ne manque et l’évolution est perceptible. Sandrine Molaro,
qui interprète l’héroïne, traverse tous les stades et parvient à les faire vivre au public : l’espérance
goulue d’un mariage fantasmé, la gène, puis la tromperie et la luxure. Elle exagère, jusqu’à abuser
son mari débonnaire, et son désir de liberté lève toutes ses limites en matière d’égoïsme. Si tous les
comédiens sont justes, on notera la performance de Félix Kysyl, passant sans encombre de la mère
envahissante au jeune Léon, amant d’Emma.
Sur scène, l’ambiance pesante est faite de petits riens : une horloge à balancier qui résonne, une
lumière, un groupe qui observe un grand bal par une fenêtre : on est sans cesse surpris. Si l’on
partage la douleur et le désir d’émancipation libératrice d’Emma Bovary l’ennui, lui, ne reste que son
apanage : du public, on ne voit pas le temps passer.
Hadrien Volle, 25 novembre 2015
http://www.sceneweb.fr/madame-bovary-de-flaubert/
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