Sion Dynamisme économique et qualité de vie © swiss-image.ch/Franziska Pfenniger La capitale du Valais s’est métamorphosée en quelques années pour passer d’une ville à l’image un peu poussiéreuse à celle d’une cité où il fait bon vivre. Le rôle de la Promotion économique a été prépondérant dans cette évolution et les résultats sont au rendez-vous. 2000 nouveaux postes de travail ont vu le jour ces cinq dernières années. Vincent GILLIOZ E n pleine mutation économique et sociale, Sion change de visage depuis plusieurs années. La ville administrative du Valais est effectivement en train de passer d’une cité de fonctionnaires à une ville au secteur tertiaire privé dynamique. Ses carnotzets, où le Fendant, fromage et viande séchée étaient de mise, laissent petit à petit la place aux bars à vins et autres resto-gastros branchés, à l’image de Genève ou Lausanne. Les dernières élections plaçant un libéral-radical à sa tête ont montré que la Conservatrice n’était pas allergique au changement. Les Sédunois ont même rejeté l’Initiative anti-minarets, prouvant ainsi leur ouverture à la diversité culturelle qui constitue la force de toutes les capitales dignes de ce nom. 68 AFFAIRES PUBLIQUES - 2/2010 Développement économique durable Les raisons de cette transformation sont évidemment complexes et ne sauraient être résumées en une seule explication. Les facteurs qui ont permis à la cité du Valais centrale d’opérer sa mue sont multiples. Et s’il n’est pas le seul responsable, le dynamisme de la Promotion économique municipale n’est cependant pas étranger aux mutations en cours. Nicolas Servageon, délégué économique depuis cinq ans, ne tarit d’ailleurs pas d’éloges sur les avantages de la ville. «Sion est devenue une cité au vrai caractère urbain, avec ses avantages et ses difficultés.» On entend ici que le développement n’a d’intérêt que s’il est envisagé de manière planifiée et réfléchie. Il semble cependant qu’ici, on travaille à développer de la valeur ajoutée, mais pas à n’importe quel prix. «Les entreprises qui s’implantent chez nous doivent trouver un terreau qui leur est propre», mentionne le délégué. Précision qui rappelle que la Promotion économique sédunoise fonctionne avec une vision à long terme. La mise en relation des différents savoir-faire, ainsi que la mise en place de synergies interentreprises et avec les institutions sont prioritaires. Une approche proactive Nicolas Servageon rappelle, par ailleurs, que la promotion et le développement économiques constituent deux axes de travail singuliers. «Même si la différence entre ces deux notions région paraît ténue, elle a son importance.» La promotion est, en effet, une démarche d’acquisition, de recherche de compétence et d’augmentation de la valeur. La fonction du canton est prépondérante dans cette première approche et les outils dont il dispose sont à peu de choses près les mêmes que dans le reste du pays. Le développement a, par contre, la vocation de valoriser et de faire vivre le tissu existant, il a un caractère de proximité évident. «Il s’agit de la plus grande partie de notre activité», explique encore Nicolas Servageon. On apprend donc que Sion tient à jour un inventaire précis des terrains et locaux industriels et commerciaux disponibles. Tous les changements sont soigneusement consignés dans le but de pouvoir répondre promptement à n’importe quelle demande, voire même d’agir proactivement dans certaines situations. «Nous prenons régulièrement des nouvelles de tous les entrepreneurs de la place afin de leur rappeler notre mission et le soutien Un cadre de vie qui ne séduit pas uniquement les acheteurs de résidences secondaires. © Benjamin Cabassot – Fotolia.com que nous pouvons apporter.» Le service positionne son rôle comme celui d’un aiguillage où le conseil et l’orientation sont primordiaux. Des domaines de prédilection Même si les secteurs de la viticulture et l’agriculture ne représentent que 2% de l’économie sédunoise, leur position est fondamentale en termes de terroir ou d’aménagement du territoire. La moitié de la production de vin du canton vient de la région et Sion est le premier producteur suisse de pommes biologiques. Le domaine des énergies reste un des axes de positionnement importants, dans la mesure où les enjeux sont largement concentrés sur le ❯ Un aéroport international au cœur des Alpes Inauguré en 1935, l’aéroport de Sion a d’abord été exploité par la section valaisanne de l’AéroClub avant que l’armée ne rejoigne le site en 1937. Actuellement, Sion reste l’unique aéroport mixte de Suisse, où se côtoient des activités civiles et militaires. Il est aujourd’hui exploité par la Ville de Sion en vertu d’une concession fédérale. S’il n’est pas essentiel dans le développement économique, tout le monde s’accorde cependant pour dire qu’il constitue réel un atout pour la région. La seule ligne régulière qui le dessert vient de Londres Stansted et cette dernière a ouvert de nouvelles perspectives aux habitants de la région qui souhaitent se rendre rapidement en Angleterre sans passer par Genève. Le gain global en temps est de plus de quatre heures sur un trajet aller-retour. Mais l’aéroport de Sion est surtout intéressant pour l’aviation privée qui tend à se développer de manière importante, malgré la crise qu’elle a traversée récemment. Les systèmes de partage ou d’offres forfaitaires ont amené ce moyen de transport à devenir de plus en plus accessible, que ce soit pour les entreprises ou les privés. L’heure d’un jet pouvant accueillir six passagers revient dans certains cas à moins de 4000 francs, ce qui en fait un outil largement concurrentiel des classes affaires dans la plupart des cas. La proximité des grandes stations de ski valaisannes ainsi que la présence de compagnies d’hélicoptères pouvant assurer certains transferts rendent l’aéroport de Sion particulièrement attrayant pour une clientèle aisée en déplacement de loisirs. Le développement est d’ailleurs prévu en ce sens et de nombreux prestataires devraient pouvoir continuer à compter sur une croissance régulière des activités. L’Aéroport de Sion en chiffres 2009 Nombre de mouvements: 44 890 (dont 4167 hélicoptères) Nombre de passagers: 36 277 Capacité: 2600 passagers par jour Effectif global de la plateforme: 270 personnes, dont 45 apprentis Effectif employé par la ville de Sion: 7 employés commerciaux, 2 apprentis, 11 sapeurs pompiers/avitailleurs © DR AFFAIRES PUBLIQUES - 2/2010 69 ❯ Valais central. La question du retour des concessions des ouvrages hydroélectriques nourrit les débats politiques et la plupart des décisions vont se jouer à Sion. Le secteur médical s’implante également de manière de plus en plus remarquable. L’horlogerie vient finalement concurrencer tranquillement la partie jurassienne du pays et de nouvelles usines apparaissent dans le sud de la ville. Un avenir radieux Le futur économique de Sion semble donc se dessiner à l’image d’un conte de fées. Cependant, le dynamisme actuel ne doit pas faire oublier que les défis sont de taille. La ville fait face à une crise du logement sans précédent et le taux de vacance des appartements y est plus faible qu’à Genève. Les nouveaux aménagements planifiés dans le quartier de la Matz et de la gare devraient absorber une partie de la demande, mais les autorités doivent rester attentives à la problématique. Les commerces implantés au centre-ville, recensés au nombre de 635, se confrontent comme partout ailleurs à la difficile concurrence des centres commerciaux. Il leur appartient de positionner leurs offres pour survivre. La qualité de vie que procure la région, avec 300 jours de beau temps par an, un golf 18 trous, un aéroport et la proximité des stations de montagne, lui confère cependant des atouts non négligeables qui devraient lui permettre de prendre avec aisance le virage dans lequel elle s’est engagée depuis quelques années. ■ Si les activités agricoles et viticoles restent importantes, Sion connaît un essor économique important ces dernières années. © swiss-image.ch/Franziska Pfenniger Quand le terroir vient à la ville Avec son concept «Sion Terroir Urbain» la capitale valaisanne a mis sur pied un projet audacieux qui favorise sa renommée dans un contexte épicurien. Développé en synergie entre l’Office du tourisme et la Promotion économique, le projet Sion Terroir Urbain est né en 2007 pendant la Semaine du goût. Les différents acteurs de l’événement ont cherché à cette occasion un moyen pour continuer à promouvoir les métiers de bouche 365 jours par an. Plusieurs personnes se sont donc penchées sur le portrait identitaire de leur ville, pour finalement proposer cette notion de terroir urbain. Si la terminologie a un peu interpellé au début, les commerçants, artisans ainsi que les autorités ont fini par y adhérer pleinement. Jean-Marc Jacquod, directeur de Sion Tourisme, rappelle que son rôle est «de faire venir des touristes pour qu’ils dépensent de l’argent et repartent satisfaits». Et d’ajouter: «Pour ce faire, il faut avoir des choses à proposer. La beauté de notre vieille ville ainsi que la richesse du terroir valaisan représentaient une opportunité.» Le principe est donc d’inciter les commerçants et artisans concerné de proposer des produits correspondant à un cahier des charges précis. La ballade des Dix-Vins, qui emmène les participants à travers la vieille ville en leur faisant découvrir dix crus au verre ainsi que des mets gastronomiques dans plusieurs restaurants constitue peut-être un des exemples les plus représentatifs du concept. Sion Terroir Urbain illustre aujourd’hui un positionnement fort de la ville. La marque a été déposée et de nombreux projets sont en cours pour faire perdurer durablement ce label. 70 AFFAIRES PUBLIQUES - 2/2010 Eléments du cahier des charges pour les recettes d’un établissement Pour porter le label Sion Terroir Urbain, une recette doit répondre aux exigences suivantes: - avoir un lien au terroir traditionnel valaisan (utilisation de produits emblématiques) - être innovatrice (il peut s’agir de recette revisitée) - être de qualité (respect législation, traçabilité) - présenter le savoir-faire d’un artisan du goût - avoir un lien avec la ville de Sion région L’économie à Sion Population fin 2009: Sion ville: 29 304 habitants District: 40 894 habitants Agglomération (Ardon, Conthey, Vétroz, Les Agettes, Vex, St-Léonard, Arbaz, Grimisuat, Salins, Savièse, Sion): 58 583 habitants Tissu économique: Nombre d’entreprises: 2600 entités inscrites Nombre de postes de travail: 25 800 (+2000 en cinq ans) Par secteur d’activité: Agriculture: 2,1%; industrie-artisanat-construction: 19,7%; services: 78,2% Les domaines d’activités du tissu économique: - entreprises de services, administrations communales et cantonales - domaine médical: clinique de réadaptation, hôpital de Sion, Institut central des hôpitaux valaisans, Institut de recherche en ophtalmologie - énergie: Hydro exploitation, Alpiq, FMW - horlogerie: ETA, Sodprod, Mimotec, Sigatec,… - entreprises de construction et du second œuvre - sous-traitance dans l’usinage de précision Le quartier de la gare et notamment sa friche font l’objet d’un important projet de réaménagement. © V. Moreillon Les centres de recherche et études supérieures: - HES-SO Valais, filière industrie et technologie du vivant - IUKB (Institut universitaire Kurt Bösch), filière tourisme, droit de l’enfant, médiation - Institut de recherche en ophtalmologie, en lien avec l’EPFL - Institut de recherche en réadaptation et réhabilitation de la SUVA Ils ont choisi Sion ces cinq dernières années: - Nespresso Relationship Center avec 250 collaborateurs - Merck Sharp et Dohm (multinationale américaine de la pharma). Base logistique, avec huit postes de top manager créant également 80 postes à la Lonza à Viège. La place de la Planta, un cœur de ville désormais séduisant. © Benjamin Cabassot – Fotolia.com AFFAIRES PUBLIQUES - 2/2010 71 région Marcel Maurer pense Sion comme une ville à vivre Elu en novembre 2008, le libéral-radical a mis fin à cent-soixante années d’hégémonie démocrate-chrétienne. Longtemps directeur de l’Ecole d’ingénieurs, Marcel Maurer connaît ses dossiers sur le bout des doigts. Il mise sur les énergies renouvelables et la compétence pour construire l’avenir d’une ville en pleine mutation. Propos recueillis par Vincent GILLIOZ Affaires Publiques: Après bientôt deux ans de présidence de la ville de Sion, que pouvez-vous nous dire des défis et dossiers prioritaires? Marcel Maurer: Le défi de la gestion des cours d’eau est, même si ces enjeux sont parfois méconnus, capital pour la région. La sécurisation des rivières est une de nos priorités, car, si vous voulez être attractif pour les citoyens et les entreprises, il faut pouvoir proposer un environnement qui ne comporte pas de risques naturels majeurs. Si, à première vue, tout semble bien fonctionner, beaucoup se souviennent des intempéries d’octobre 2000 et des dégâts qu’elles ont générés. Nous devons tirer les conséquences des cartes des dangers qui ont été établies pour ne pas revivre de telles situations. Nous sommes attentifs au traitement du dossier du Rhône qui est, bien entendu, très important, mais des travaux sur d’autres cours d’eau secondaires, comme la Borgne, ont également été mis à l’enquête. Nous travaillons actuellement à lever les dernières oppositions sur les auto- risations déposées. Si l’approche est sécuritaire, elle comporte aussi d’autres aspects environnementaux. Un bon projet doit être équilibré, raison pour laquelle la renaturation est toujours largement intégrée dans chacun des cas. A.P.: Quels sont les autres enjeux d’importance? M.M.: Il y a également la question de la promotion économique en relation à la formation et la création d’emplois. Nous travaillons à stimuler l’économie locale afin de créer des activités à haute valeur ajoutée. Notre objectif est de faire évoluer Sion vers une ville qui n’accueille pas seulement des fonctionnaires, mais aussi des emplois dans tous les secteurs de l’économie. Nous sommes bien placés, avec l’Ecole d’ingénieurs et plus largement la HES du Valais central, pour développer des compétences dans de nombreuses disciplines. Plusieurs entreprises, leaders technologiques dans leur domaine, se sont déjà installées ici. Ce sont des sociétés qui ont de belles perspectives de durabilité. Les jeunes ingénieurs y trouvent des opportunités et tout le tissu économique local profite de ces implantations. Ce type d’entreprises me semblent globalement plus profitables que des start-up qui sont trop souvent des feux de paille. A.P.: Qu’en est-il de l’aménagement du territoire? M.M.: Le développement urbain et territorial est, bien sûr, également prioritaire, en corrélation avec les autres domaines. Un projet Marcel Maurer: «Notre objectif est de faire évoluer Sion vers une ville qui n’accueille pas seulement des fonctionnaires, mais aussi des emplois dans tous les secteurs de l’économie.» © DR AFFAIRES PUBLIQUES - 2/2010 73 ❯ région ❯ d’agglomération est en cours d’élaboration M.M.: Je connais bien ce dossier puisque j’ai système qui intègre le besoin du consommateur avec les communes de l’ARS (Association pour le développement de la région de Sion) dont Hérens et Conthey font partie. Ce dernier comporte un axe de réflexion très important sur la mobilité. En tant que capitale, nous sommes au centre de la problématique. Ensuite, nous pouvons zoomer sur les programmes plus locaux, où différents quartiers font l’objet de projets de réaménagement, comme, notamment, la Matz, la Planta ou le cours de gare, qui sont à différents stades d’avancements. Tout ceci s’insère dans une volonté globale d’améliorer la qualité de vie en ville. Les zones de rencontres, la création de parkings d’échanges pour délester le centre du trafic font partie des raisonnements. Là encore, il faut considérer ces aménagements dans une perspective générale. Il s’agit de créer une ville avec une bonne qualité de vie. L’économie, le social, la culture se développent largement mieux dans un lieu où les habitants ont du plaisir à vivre. A.P.: Vous avez évoqué l’Ecole d’ingénieurs comme pôle d’attraction important, pouvez-vous nous en dire plus? dirigé cette institution pendant huit ans. Mes propos ne sont d’ailleurs pas seulement relatifs à cet établissement, mais à l’ensemble de la HES Valais Central qui intègre aussi le volet de la santé et du social. Il faut également rappeler que l’Ecole d’ingénieurs comporte une section de sciences du vivant. Ceci dit, la ville de Sion investit depuis vingt ans dans ces écoles et récolte aujourd’hui le fruit de ce qu’elle a semé. Sion est engagée actuellement pour 20% du fonctionnement et 10% des investissements de l’institution. Notre rôle de politique est de faire le lien entre la formation et l’économie. Un exécutif de ville est là pour faire fructifier ces deux aspects. Nous avons donc réussi à mettre en place de nombreuses synergies entre l’économie locale et les centres de formation. Récemment, une turbine permettant d’exploiter l’énergie des cours d’eau à petit débit a fait la une de la presse locale. Il s’agit typiquement d’un exemple qui a favorisé la collaboration de l’Ecole d’Ingénieurs avec quatre entreprises locales. Ce genre de démarche est exemplaire et il y en a d’autres à différentes échelles, pour l’éclairage public ou ce qu’on appelle «Smart Energie», un dans la gestion de la demande en électricité. A.P.: Avec de nombreuses entreprises de production d’électricité situées en Valais, Sion joue-t-elle un rôle particulier au vu de sa position centrale dans le canton? M.M.: La ville de Sion a, en effet, du capital dans plusieurs sociétés de production et distribution d’électricité. Elle est même fondatrice de quatre aménagements. C’est un marché complexe et avec le développement des énergies nouvelles, nous allons de plus en plus nous trouver en situation de devoir stocker l’énergie dont on ne maîtrise pas la période de production. L’éolien et le photovoltaïque en sont les meilleurs exemples. Le seul moyen actuel de faire des provisions, c’est de pomper de l’eau dans nos bassins d’accumulation. Celle-ci peut ensuite être turbinée aux périodes de forte demande, avec une réactivité de seulement quelques minutes et à un prix intéressant. Il y a donc des réflexions d’ordre stratégique à faire dans le cadre de ces aménagements. En tant que partenaires, nous avons un rôle évident à jouer. A.P.: Quel est le point de politique publique qui vous semble le plus remarquable dans la stratégie globale de la ville? M.M.: Je peux vous citer un exemple dans le domaine de l’énergie. Nous avons fait le choix, depuis plusieurs années, de subventionner plus la compétence que le matériel. Dans cette optique, au lieu, par exemple, de financer des installations solaires, nous avons mis l’accent sur le développement d’un logiciel d’analyse de la qualité énergétique des bâtiments, intégrant un volet sur les travaux à réaliser. L’utilisation d’un tel produit a directement généré des rénovations pour plus de 5 millions alors que nous n’avons investi que 500 000 francs. Le retour dans l’économie privée d’un investissement de la collectivité est excellent. Cette vision de l’action publique me semble vraiment intéressante et produit une réelle valeur ajoutée pour l’économie locale. Le cas précité va, par ailleurs, rayonner bien au-delà de la région et favoriser des rénovations énergétiques à une très large échelle. ■ Marcel Maurer: «Nous travaillons pour créer des activités à haute valeur ajoutée.» © DR AFFAIRES PUBLIQUES - 2/2010 75