Dossier et fiche pédagogiques_La Colere

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La Colère (Frankenstein)
D’après Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley
Mise en scène Julien Aillet
Durée : 1h
Séances scolaires :
Jeudi 11 mai - 10:00 et 14:00
Vendredi 12 mai - 14:00
Au TANDEM Scène nationale – Arras Théâtre
Sommaire
Le spectacle
Note d’intention
Biographie
Pistes pédagogiques
Le spectacle
Au Pôle Nord, un bateau est coincé dans les glaces. Alors que la mutinerie menace, l'équipage recueille un
homme agonisant sur un traineau. Il est suisse et se nomme Victor Frankenstein. Maintenu en vie par un puissant
désir de vengeance, il veut mettre un terme à une histoire qui le poursuit depuis des années. Alors qu'il était
étudiant en médecine, il a insufflé la vie à un géant fait de morceaux de cadavres assemblés. Mais il ne s'est alors
pas soucié du destin de sa création et le géant d'abord naïf, est vite devenu le némésis de son créateur... Ce récit
publié de façon anonyme au début du XIXe siècle est l'oeuvre d'une jeune femme issue d'un milieu intellectuel
féministe et libertaire et fréquentant un cercle de célèbres poètes romantiques dont Percy Shelley et Lord Byron.
Frankenstein est très vite adapté au théâtre puis au cinéma et va connaître un succès incroyable qui fera de la
créature de Frankenstein une icône de la modernité.
Page internet : http://www.tandem-arrasdouai.eu/fr/tandem/programmation/saison/2016-2017/lieu/arras/lacolere-frankenstein.html
Mentions
Mise en scène Julien Aillet
Adaptation Julien Aillet
Avec Julien Aillet et Blaise Cagna
Vidéo Eric Bézy
Création sonore Erwan Henry
Lumière, régie générale Blaise Cagnac
Administration de production Violaine Kalouaz
Note d’intention1
Frankenstein ? - histoire Monstre
Frankenstein est l'un des monstres les plus populaires qui soient. Depuis sa création il y a presque deux cents ans,
Il est apparu dans un nombre impressionnant de films, essais, bandes dessinées, romans, dessins animés et
toutes sortes de productions associées à la pop culture. Il apparaît souvent comme le plus maladroit et le plus
gentil des monstres et il a toujours plus ou moins l'apparence de son incarnation mémorable par Boris Karloff
dans les films des années 30. A l'origine, « Frankenstein » est le nom de famille de l'étudiant en médecine qui
donne vie à la créature dans le roman de Mary Shelley . Pourtant la postérité confond les deux : Ainsi «
Frankenstein »
Si le monstre est si emblématique et s'il peut susciter identification, c'est sans doute qu'en plus d'être une figure
de « l'outcast », du banni, il prend la parole. En donnant la parole au monstre, en évitant le manichéisme, le
roman de Shelley construit un portrait à deux visages, car finalement, Victor Frankenstein et sa créature sont en
quelque sorte les deux faces d'une même pièce. Et c'est bien cet aspect humain de l’œuvre qui en fait le principal
attrait. Frankenstein serait le premier récit de science-fiction. Première œuvre donc, d'un genre protéiforme qui
développe des fictions à partir des hypothèses et des questions que suscite le développement des techniques
1
Source : issue du dossier de la compagnie
employées par les êtres humains (moyens de communication, armements, intelligence artificielle, voyages dans
l'espace, génie génétique, transhumanisme...). La science fiction, genre critique par excellence (parfois libertaire,
parfois réactionnaire...), présente la caractéristique de parler d'aujourd'hui en évoquant les défis et les folies de
demain. C'est donc l'histoire d'un jeune homme qui pense pouvoir réveiller les morts et qui n'anticipe absolument
pas les conséquences humaines de son exploit. Ce portrait va bien au delà de la tragédie qu'il raconte. Mary
Shelley a dix neuf ans quand elle écrit cela mais son livre inspiré par le roman gothique et les découvertes
techniques du moment (l'électricité, le galvanisme), brûle de l'inquiétude et de la révolte politique qui animaient
les penseurs des lumières. Son monstre est un enfant en colère dans un corps d’adulte, un zombie révolté par sa
solitude qui va déchirer le monde à défaut d’y trouver une place. Inutile et impossible de balayer ici le spectre
dantesque de l’exégèse frankensteinienne (en l’occurrence, on peut parler ici d'une bibliographie monstrueuse
tant elle est riche et abondante...). On pourrait également parler de son féminisme refoulé, du rapport à la nature
dans son sens écologique et anthropologique si rousseauiste, mais parlons plutôt de ce que cet histoire peut avoir
à faire sur un plateau de théâtre. Un plateau de théâtre pensé à la fois comme un studio et comme une salle de
cinéma.
Dispositif et mise en scène
Dans cette adaptation, il y a surtout un roman culte, mais aussi l'histoire de son auteure et même quelques
anecdotes tirées de ses plus fameuses adaptations dans les films avec Boris Karloff qu'en a tirés James Whale. Sur
le plateau il y a un écran en format cinémascope, une table où se trouvent des maquettes (banquise, maisons,
intérieur de train, montagnes, personnages...) des lampes et deux caméras. Deux comédiens et deux techniciens
animent un récit calqué sur celui de Shelley avec des inserts consacrés à la mythologie qui lui est associée.
J'ai depuis longtemps envie d'un spectacle de ciné-théâtre comparable au travail de Hotel Modern ou de Michèle
Anne de Mey avec Jaco Van Dormael car ce type de forme est idéal pour traiter du paysage et de l'intériorité sur
un plateau de théâtre. Ces questions sont essentielles dans Frankenstein qui traite avant tout d'inhumanité et de
solitude et qui se déploie en donnant la parole tant au monstre qu'à son créateur. Et il se trouve que cette parole
là prend assez souvent la forme d'une voix off ou de dialogues au milieu d'une nature âpre et superbe.
Julien Aillet.
Avec le schéma qui précède on a un petit aperçu de la façon dont les choses vont être traitées : des maquettes
faites de décors et de petits personnages vont être filmées et projetées sur l'écran. L'équipe au complet fait vivre
le récit en manipulant la caméra qui, du plan large à la vue subjective, en passant par le travelling, nous
emmènera au travers des différentes scènes issues de la tragédie de Frankenstein. On pourra s'immerger dans le
décor de l'action d'une scène projetée sur l'écran (par exemple la caverne où se cache la créature) tout en
écoutant les dialogues, ou la voix off faisant avancer le récit et dite « à vue » par les comédiens manipulateurs.
Finalement, le spectateur est invité à se glisser dans les pas de Frankenstein et de sa créature dans leur voyage à
travers l'Europe, mais également par petites touches, dans ceux de l'équipe artistique qui met en scène cette
histoire, apprenant de-ci de-là telle ou telle chose sur Mary Shelley, ou comment Boris Karloff est devenu le
visage iconique de la créature ou encore pourquoi on a modifié tel aspect de l'histoire. Car si l'on veut proposer
au spectateur un retour aux sources de l'oeuvre romanesque, on a aussi procédé à des modifications assez
importantes qui touchent à l'univers esthétique (très romantique à l'origine), mais aussi à un souhait de raviver la
charge politique du texte en lui-même mais également de son destin dans l'imaginaire collectif.
Une transposition contemporaine
Dans le roman de Mary Shelley, l'action se déroule en Suisse au XVIIIe siècle, sans plus de précision. Elle se place
ainsi dans la continuité du roman gothique dont les histoires ayant pour décors de vieux châteaux pleins de
mystères se passent dans un jadis un peu flou. Plus tard, au fil des adaptations, le cadre du récit se déplace pour
maintenir ce jadis à proximité du temps présent. Ainsi les films de J. Whale des années 30 se déroulent dans une
Europe (plutôt en Angleterre d'ailleurs) post-expressionniste mais antérieure à la première Guerre Mondiale. Le
problème avec ce genre de contexte historique, c'est que le plaisir de la reconstitution fait écran avec le cœur du
propos. C'est pourquoi, les événements de ce Frankenstein auront pour décor un univers plutôt contemporain,
laissant une place importante à la nature, mais marqué par les mutations de l'urbanisme et de la civilisation
occidentale d'aujourd'hui, par exemple des lotissements modernes. Et puisque l'action (qui se déplace du Pôle
Nord à la Suisse en passant par l'Ecosse et l'Autriche) se déroule dans des contextes plutôt montagneux et donc
neigeux, l'atmosphère du spectacle ne sera pas dominée par le noir ténébreux du romantisme gothique, mais tes
par des anoraks, les manoirs par des chalets ou des pavillons et les calèches par des voitures, on obtient une
ambiance voisine du film Fargo de Joel et Ethan Cohen, une influence essentielle pour ce spectacle qui souhaite
substituer aux pathos très chargé du roman, et au cliché du savant fou, une atmosphère « réaliste », parfois
violente mais drôle, finalement humaniste et aussi tendre qu'elle est ironique vis à vis des personnages.
Biographie
Julien Aillet
Quand on a la monstruosité pour thème de prédilection on peut difficilement faire l'impasse sur Frankenstein.
Adolescent, Julien Aillet réalise qu'il lui est bien plus agréable de jouer dans un groupe plutôt que de danser avec
ses petits camarades au bal du lycée. Quelques années auparavant, la Quatrième dimension et H.G. Wells sont à
l'origine de ses premiers chocs esthétiques. Aujourd'hui il se penche avec délectation sur la célèbre créature de
Mary Shelley.
Julien Aillet étudie la philosophie et les Arts plastiques après quoi il est alternativement musicien, marionnettiste,
comédien, assistant à la mise en scène, plasticien et metteur en scène. En 2009, il entame un compagnonnage
avec la Compagnie de l’Oiseau Mouche qui le conduit également à travailler à plusieurs reprises avec Cédric
Orain, auteur et metteur en scène. Il collabore régulièrement aux projets d’autres compagnies (La Traversée,
Tourneboulé, Tantôt, La pluie qui tombe…) pour qui il est interprète ou conçoit des objets et des marionnettes. Il
fonde la compagnie Monotype après quelques spectacles en solo dont Mogrr…, relecture enfantine du Freaks de
Tod Browning. En 2014, il créé Dédale, adaptation souterraine du mythe de Dédale et Icare. Ses créations posent
et reposent les mêmes questions: Quels chemins pour l’émancipation ? Que faire de nos peurs ? Mais surtout :
Qu’est ce qu’un monstre ? Si Monotype ne met pas en œuvre que des créations dédiées au jeune public, les
projets de la compagnie ont toujours à voir avec l’enfance, son soucis d’elle, le désir de traiter du fait de grandir.
Monotype a créé Feux Follets, spectacle pour l’espace public, mêlant théâtre et cinéma d’animation en octobre
2015, dans le cadre de Mons Capitale Européenne de la Culture.
Pistes pédagogiques
proposées par Laetitia Opigez, professeure missionnée au TANDEM Scène nationale
I. Mise en bouche avant le spectacle
©Julien Aillet
a. Un héros…

Imaginez le lieu, l’époque, l’identité (nom, prénom, âge, profession) du personnage central.
 Faites de ce personnage central un héros et présentez-le à la classe en précisant :
Ses qualités
Ses défauts
Les valeurs qu’il défend et qu’il incarne
Ses pouvoirs
Sa quête
Enfin, comparez-le à un héros connu ou à un membre de votre famille en expliquant le motif de votre
comparaison.

Puis, inventez le début d’une histoire (la situation initiale) en 5 à 10 lignes (le travail peut être fait seul ou
en groupes).

Exprimez votre ressenti face à ce personnage (ci-dessous) en écrivant une liste de mots ou en créant un
nuage de mots.
©Julien Aillet
Exemple : http://www.nuagesdemots.fr
b. Un lieu…

Dans un premier temps, il convient d’étudier avec précision la constitution du décor.
-

c.
Branches d’arbre
Sable blanc
Un mannequin – un jouet
Un fond gris.
A vous de jouer en créant votre décor (par anticipation, il convient aux élèves d’amener de la matière
pour concevoir des éléments du décor : branches, feuilles, cailloux, bouteilles en plastique, …) dans lequel
évoluera votre personnage. Faites des photos et envoyez-les au tandem.
Une histoire…

Afin de montrer à la classe que l’histoire de Frankenstein relève de la culture commune, lancez cette
phrase à la classe (un mot par élève) :
Si je vous dis Frankenstein, vous me répondez…………………………….
Exemple de réponses récoltées : scientifique, USA, bombe nucléaire, mort-vivant, cadavre, laboratoire, docteur,
célèbre, film, cicatrices, progrès, créature, monstre, limite, ……

De mémoire, résumez en quelques lignes, l’histoire célèbre de Frankenstein. Cette activité a pour but de
corriger la confusion entre le docteur qui est Frankenstein et la créature qu’il a créée.
Les élèves sont invités à lire à voix haute leurs propositions.

Lisez ce court passage du roman de Mary Shelley et dites quels sont les points communs et les différences
entre les propositions de la classe et l’extrait.
Une sinistre nuit de novembre, je pus enfin contempler le résultat de mes longs travaux. Avec une anxiété́ qui me
mettait à l’agonie, je disposai à portée de ma main les instruments qui allaient me permettre de transmettre une
étincelle de vie à la forme inerte qui gisait à mes pieds. Il était déjà̀ une heure du matin. La pluie tambourinait
lugubrement sur les carreaux, et la bougie achevait de se consumer. Tout à coup, à la lueur de la flamme
vacillante, je vis la créature entrouvrir des yeux d’un jaune terne. Elle respira profondément et ses membres furent
agités d’un mouvement convulsif. Comment pourrais-je dire l’émotion que j’éprouvais devant cette catastrophe,
où trouver les mots pour décrire l’être repoussant que j’avais créé au prix de tant de soins et tant d’efforts ? Ses
membres étaient, certes, bien proportionnés, et je m’étais efforcé de conférer à ses traits une certaine beauté.́ De
la beauté́ ! Grand Dieu ! Sa peau jaunâtre dissimulait à peine le lacis sous-jacent de muscles et de vaisseaux
sanguins. Sa chevelure était longue et soyeuse, ses dents d’une blancheur nacrée, mais cela ne faisait que mieux
ressortir l’horreur des yeux vitreux, dont la couleur semblait se rapprocher de celle des orbites blafardes dans
lesquelles ils étaient profondément enfoncés. Cela contrastait aussi avec la peau ratatinée du visage et de la
bouche rectiligne aux lèvres presque noires. Bien que multiples, les péripéties de l’existence sont moins variables
que ne le sont les sentiments humains. Pendant deux années, j’avais travaillé avec acharnement dans le seul but
d’insuffler la vie à un organisme inanimé.́ Je m’étais pour cela privé de repos, et j’avais sérieusement compromis
ma santé. Aucune modération n’était venue tempérer mon ardeur. Et pourtant maintenant que mon œuvre était
achevée, mon rêve se dépouillait de tout attrait et un dégoût sans nom me soulevait le cœur.
Ne pouvant pas supporter davantage la vue du monstre, je me précipitai hors du laboratoire. Refugié́ dans ma
chambre à coucher, je me mis à aller et venir, sans pouvoir me résoudre à chercher le sommeil. Mais mon tumulte
intérieur finit tout de même par s’apaiser, vaincu par la lassitude. Je me jetai tout habillé sur le lit, dans l’espoir de
trouver quelques moments d’oubli. Ce fut en vain. Je dormis bien un peu, mais en proie à des rêves terrifiants. Je
voyais Élisabeth, radieuse de santé, cheminer dans les rues d’Ingolstadt. Surpris et charmé, je l’enlaçais, mais
tandis que je posais mon premier baiser sur ses lèvres, elles devinrent livides comme celles d’une morte. Ses traits
semblèrent se décomposer, et j’eus l’impression de tenir dans mes bras le cadavre de ma défunte mère. Un linceul
l’enveloppait, et dans les plis du drap, je voyais grouiller des vers. Je me réveillai, frissonnant d’effroi. Une sueur
froide me mouillait le front, mes dents claquaient et des frémissements secouaient mes membres. À la lueur
jaunâtre des rayons lunaires qui filtraient par les fentes des volets, j’aperçus soudain le misérable, le monstre que
j’avais créé.́ Il avait soulevé́ la tenture de mon lit, et ses yeux, si l’on peut leur donner ce nom, étaient fixés sur moi.
Il ouvrit la bouche et laissa échapper des sons inarticulés ; une horrible grimace lui plissait les joues. Peut-être
parlait-il, mais j’étais tellement terrifié que je ne l’entendais pas. Une de ses mains était tendue vers moi, comme
pour m’agripper, mais je me sauvai et descendis quatre à quatre les escaliers. Je me refugiai dans la cour, devant
ma demeure, et y passai le restant de la nuit à marcher de long en large, profondément agité, l’oreille tendue
guettant le moindre bruit comme s’il devait annoncer l’approche du cadavre démoniaque auquel j’avais si
malencontreusement donné la vie.
Chapitre V, Frankenstein, Mary Shelley
d.
Un topo…
Leçon d’anatomie du docteur Tulp, Rembrandt,
La visite du docteur, Frans van Mieris
1632
1657
La visite du Docteur de Schalken,
XVIIIème siècle


-
Une leçon d’anatomie du docteur Velpeau, François Feyen
Perrin, 1896
Procédez à l’analyse des images ci-dessus (il est possible d’en confier une par groupe, le
rapporteur du groupe propose ensuite son analyse).
S’agit-il de … ???
Nature morte
Paysage
Portrait
Scène de genre
Entourez la bonne réponse.
Image n°
1
2
3
4
Points
communs
Ce que je vois
(Dénotation)
- Qu’est-ce qui
est représenté
(homme,
femme, objet,
instrument,
décor, motif…) ?
- Comment le
sujet
est-il
représenté
(vêtements,
position, action,
regard, …) ?
- Quelles sont
les couleurs ?
Ce que j’en
pense
(Connotation)
- Quelle est la
fonction
du
tableau selon
vous (raconter,
décrire,
expliquer,
persuader,
séduire,
dénoncer,
provoquer,
célébrer, …) ?
- Son usage estil
politique,
culturel,
scientifique ou
religieux ?
e.
L’histoire de Frankenstein résumée pour les plus jeunes (et les moins jeunes).
Il est envisageable de diffuser le très court film d’animation ci-dessous à la classe pour rappeler l’histoire de
Frankenstein.
https://www.youtube.com/watch?v=VRJNhqcIfqU
f.
Au cinéma, une histoire mythique…
Le monstre de Boris Karloff, 1931
-
 Quels sentiments vous inspire cette créature ? Pourquoi ?
De la pitié
De la colère
De la sympathie
Du dégoût
De l’indifférence
…

Des affiches de cinéma à foison

Quelle affiche vous plait le plus ? Pourquoi ?

Quels sont les points communs entre toutes ces affiches ?

Selon vous, pourquoi la femme est-elle si peu présente sur l’ensemble de ces affiches ?

Procéder à une lecture chorale d’un extrait du spectacle
Extraits du texte
(...) Au petit matin, je me trouvais dans le quartier de la gare quand une voiture s'arrêta à ma hauteur. Un homme
en descendit, c'était Henri.
Rien n'aurait pu me rendre plus heureux que de revoir ce vieil Henri. Je l'invitai
immédiatement à prendre un petit déjeuner matinal dans un café que j'aimais bien. Il m'expliqua qu'à son tour, il
venait étudier ici et que tout allait bien au pays mis à part le fait que ma famille s'inquiétait un peu pour moi. Puis
soudainement il s'interrompit pour me regarder attentivement :
– Mais... Tu as une mine affreuse ! – Merci. Toi aussi. – Non, sans blague. Que s'est-il passé Victor ? – Disons que j'ai un peu abusé du travail. Mais ce temps-là est révolu. J'espère sincèrement que
tout ça est terminé et que je vais enfin pouvoir passer à autre chose En arrivant dans ma rue, j'angoissais à l'idée
que la créature puisse encore se trouver chez moi. J'avais horriblement peur de voir ce monstre, mais encore plus
qu'Henri ne le découvre. Je lui ai donc demandé de m'attendre un instant dehors, puis Je me suis précipité en haut
et j'ai ouvert violemment la porte comme le font les enfants lorsqu'ils craignent de trouver un monstre qui les
attendrait de l'autre côté. Mais la maison était vide. Mon cauchemar s'était envolé et je rejoignais Henri, étonné
mais apaisé . La vie repris son cour pendant quelques mois. Mais mon soulagement allait s'effondrer brutalement
avec un appel de mon père. * (...) J'étais presque aveugle à mon réveil et ma mémoire n'en conserve qu'un
fratras confus de sensations. Je n'ai aucun souvenirs de ta maison mais je me souviens de ton hostilité. La lumière
me brulait les yeux, alors j'ai fuis et je me suis réfugié dans la forêt d'Ingolstadt.
Dans la forêt, j'ai découvert la
faim, la soif et la fatigue. Je mangeais des baies et je buvais l'eau des ruisseaux. Je n'avais sur moi que quelques
vêtements et ce manteau trouvés chez toi. Les nuits étaient froides. J'avais peur et quand j'ai voulu gazouiller avec
les oiseaux, les sons affreux qui sont sortis de ma bouche m'ont dégouté. Un matin, alors qu'il avait neigé et que
j'étais affamé, je suis arrivé aux abords d'un village. En me voyant, les enfants ont paniqué, les adultes m'on jeté
des pierres et tiré dessus. J'ai fini par trouver refuge dans une batisse grossièrement murée et située dans une
propriété agricole et je m'y suis étendu, soulagé d'avoir échappé à la barbarie humaine. (...) * (...)il n'y avait rien
ni personne comme moi sur cette terre. J'étais seul : qui donc étaient mes parents et ma famille ? Aucun père
n'avait veillé sur moi durant mon enfance. Aucune mère ne m'avait enchanté de ses sourires et de ses caresses.
Ma vie passée n'était qu'un trou noir, un vide ténébreux. Je n'avais jamais jamais changé de taille. Je n'avais
jamais vu personne qui puisse me ressembler ou avoir un quelconque rapport avec moi. Qu'étais-je donc ? La
réponse à cette question se trouvait dans une poche du manteau que j'avais pris chez toi : j'y ai trouvé un journal
où tu décris en détail chaque étape de ma création. Tu y donnes également de nombreux détails de ta vie
quotidienne. J'imagine que tu te souviens de ces notes. Les voici. Tout ce qui a trait à mon origine sordide y est
raconté et tu y fais une description assez précise de moi, dans un langage qui traduit assez bien le dégoût que je
t'inspire. Sentiment qui apparemment ne t'as pas empêché de mener ton projet à son terme. (...) 
Faire le lien entre cet extrait et la publicité suivante :
https://www.youtube.com/watch?v=0syz8Xoj6zk
Version de Frankenstein de 1931

En quoi, les deux versions ci-dessus ainsi que celle de Julien Aillet sont-elles empreintes d’humanité ?
II.
Après le spectacle

Le spectacle auquel la classe a assisté s’intitule « La Colère ». Qu’est-ce qui vous met en colère ?
Ecrivez une idée sur un post-it.
L’ensemble des post-it est relevé et les élèves par groupe tire au sort l’un d’entre eux et doivent jouer la situation
proposée.
 La compagnie vous contacte et vous demande de créer une affiche pour le spectacle.
Vous pouvez vous servir des documents iconographiques précédemment étudiés (photos du spectacle, tableaux,
affiches du film) ou pas.
Vous pouvez également utiliser l’application suivante : https://www.canva.com
Exemple :

Définissez le mot « monstre ».

Saisissez dans « Google Images », le mot « monstre ». Que remarquez-vous ?

Les portraits du « monstre » au cinéma :
La fiancée de Frankenstein- 1935
Le fils de Frankenstein -1939
Le savant et son protégé- 1974
Frankenstein et le monstre- 1994

Pour chacune des adaptations de Frankenstein, quels points communs et différences observez-vous ?

Sur quel type de relation entre le créateur et sa créature insistent les représentations et celle du
spectacle ?

Quelle créature vous paraît la plus effrayante ? pourquoi ?

Laquelle ressemble le plus à celle du spectacle « La Colère » ?
III.
Le mythe de Prométhée dans les arts
Prométhée enchainé, Rubens – 1611-1612
Prométhée, Moreau – 1868

D’après ces représentations du mythe de Prométhée, comment le sous-titre du roman de Mary Shelley
trouve-t-il sa justification ?
IV.
-
A vous de jouer !
 Interprétez pendant 30 secondes un monstre en prenant soin de faire attention à :
La démarche
Le regard
Les sons émis
La gestuelle adoptée
La voix empruntée

Deux des monstres de la classe se rencontrent. Que se racontent-ils ? Jouez la scène dans
laquelle, ils expliqueront pourquoi ils sont seuls.
 Imaginez le réveil de la créature et la réaction du docteur Frankenstein.
Puis, visionnez la bande annonce du film de Boris Karloff de 1931. Quelles remarques pouvez-vous faire entre vos
propositions scéniques et le jeu des acteurs ?
https://www.youtube.com/watch?v=c4-Dq1I8WH0

La créature du Docteur Frankenstein est victime de solitude. Par équipe de trois, proposez un
cliché qui met en scène la solitude.
Puis, choisissez un décor qui sera projeté dans la classe, représentez la scène de solitude et le troisième élève fait
la voix-off à l’image de la mise en scène utilisée dans le spectacle vu.
Que pensez-vous de ce procédé ?

V.
Quelles sont vos plus grandes peurs ? Interprétez l’une d’entre elles sans la nommer.
Créer avec le théâtre d’objets
- Les participants sont placés en cercle, le meneur choisit un objet parmi ceux présents sur les tables.
Le principe est d'annoncer à tour de rôle ce à quoi l'objet nous fait penser.
Les élèves assimilent les notions: abstrait, concret; et comprennent l'importance du choix des objets sur une
scène.
Exemple: un jouet en plastique représentant deux palmiers; chacun son tour, les élèves annoncent : vacances,
soleil, sable, chaleur, plastique, vert, arbre, jouet etc
- Le principe de l'atelier est de se définir au travers d'un objet.
Les participants choisissent leur emblème, puis à tour de rôle, un élève passe devant les autres et annonce : « Cet
objet me ressemble car …. »
Exemple:
« Cet objet me ressemble car je suis gourmand » (Une fourchette)
« Cet objet me ressemble car j'aime gagner » (Une coupe)
Voici justement un travail que propose Julien Aillet pour de jeunes participants :
Une règle fondamentale du théâtre d’objets consiste à rappeler que le regard du comédien indique au spectateur
ce qu’il doit regarder : donc le comédien doit regarder l’objet qu’il manipule et non le public puisque c’est l’objet
le centre de l’attention du spectacle.
De même, rien n’apparaîtra clairement des actions jouées si les mouvements et les gestes ne sont pas clairement
décomposés : le théâtre d’objets est celui de la rigueur.
Une simple feuille de papier devient objet de jeu : une leçon très simple permet de la transformer en animal… ou
en bateau… que l’on peut ensuite déplacer par le souffle ou la main.
Un gobelet en plastique peut figurer très aisément un personnage.
La consigne peut être très simple : inventer une histoire de bateau avec des personnages. On fait ainsi raconter
les aventures d’Ulysse, d’un pirate, d’un explorateur…
Les élèves ont un petit temps pour se mettre d’accord sur un canevas d’histoires très simples où on leur
demandera de faire intervenir des éléments intéressants sur le plan dramaturgique, par exemple une tempête, et
d’imaginer un début et une fin à leur histoire. Il n’en faut pas plus pour se lancer.
Après ce petit temps de préparation, les élèves improvisent, puis on retravaille la scène, avec les conseils du
groupe, pour améliorer les étapes de l’histoire, ajouter ou développer des paroles, rendre plus visibles et plus
compréhensibles les actions.
Voici maintenant comment le théâtre d’objets peut amener à parler de soi ou de proches :
Exercice de découverte de l’objet :
Une table d’objets, on tourne autour de la table, on observe tout sans toucher, on choisit mentalement un objet,
parce qu’il vous ressemble. On peut choisir un objet pour plusieurs raisons mais au premier tour tous assis autour
de la table d’objets, on dit ou non quel est l‘objet mais on ne donne qu’une raison au choix d’objet.
Les objets ont un grand pouvoir évocateur.
Les objets sont des choses communes à tous ou non / et chacun après pense à ce qui lui est propre, rapport avec
notre vie
Et il y a le monde de l’objet pour lui-même, si on décrit l’objet pour ses caractéristiques.
Les objets peuvent être évoqués pour leur vraie fonction ou pour une fonction symbolique.
L’objet peut devenir comme un être humain puisqu’il peut vous représenter : j’ai pris le soleil car moi je suis le
soleil.
Autre exercice complémentaire :
On prend un objet car il nous fait penser à quelqu’un, on le choisit comme on veut.
Chacun passe devant les autres pour présenter son objet. On utilise la table comme possibilité de montrer l’objet
sans le toucher ou en le touchant mais différemment que si on le tient dans ses mains.
On doit prendre le temps de montrer au public l’objet, de laisser du temps pour le voir.
L’image peut parler d’elle-même, on peut le laisser parler sans tout dire non plus : ex : un livre creux, on l’ouvre,
de lui-même, il veut dire que la personne est creuse alors qu’elle paraît intéressante.
Faire quelque chose avec son objet à partir de ce qu’on en dit : remontrer la douceur d’un objet par exemple dans
la manière de le toucher. Avec l’objet on est dans la métaphore : faire confiance à notre sens de découvrir l’objet
de le comprendre : Si Jacky est un cerf, il n’y a pas besoin de tout dire, les choses se comprennent: les bois sont
piquants comme ses propos parfois, cela peut se comprendre de soi en regardant les bois.
On doit laisser de la place à l’objet et le laisser vivre comme un partenaire de jeu.
Conclusion : les atouts du théâtre d’objets :
Le théâtre d’objets sert à :
- aider à parler de soi.
- aider le jeu, aider à jouer avec son corps.
- aider à raconter une histoire.
- aider à retrouver la poésie.
On peut s’impliquer dans le jeu à la hauteur de ce qu’on peut en fonction des thématiques proposées.
VI.
Le questionnement autour de l’œuvre
La représentation de La Colère est l’occasion de faire réfléchir les élèves autour des problématiques suivantes :


Qui du Docteur Frankenstein et de sa créature est le plus humain ?
Qu’est-ce qu’un homme ?



Selon vous, en quoi l’homme de demain sera-t-il différent ?
Faut-il avoir peur des avancées de la médecine ?
Doit-on poser des limites aux progrès scientifiques ?
Pour aller plus loin :
Frankenstein, Marion Mousse, volume 1
-
Mister Hyde contre Frankenstein, La dernière nuit de Dieu, Antonio Marinetti
-
Frankenstein, Fabrice Melquiot (ci-dessous).
Extrait Ballade de Beurk
Beurk
J’ai la tronche de biais
Le sourire de traviole
Je suis pas un minet
C’est pas de bol
Je suis pas un beau gosse
Mate un peu le gogol
C’est c’que disent les sales gosses
C’est pas de bol
Tout le monde m’appelle Beurk
Pourtant j’ai pas d’appareil dentaire
Tout le monde m’appelle Beurk
J’ai pas une gueule d’atmosphère
Tout le monde m’appelle Beurk
Je devrais faire un procès à ma mère
Sauf que je sais pas qui c’est
Tout ce que je sais
C’est pas de bol
Tout le monde m’appelle Beurk
Repoussoir à tourterelles
Évanouisseur de demoiselles
Je suis le boudin de service
Je fais peur à la police
Un tue l’amour, une mocheté
Un monstre, une gueule cassée
Mister Craignos pour les intimes
T’as pas un Mentos ? Mon haleine sent le crime
(…)
Fichepédagogique
LaColère
d’aprèsFrankensteinouleProméthéemodernedeMaryShelley
adaptation,miseenscène,etminiaturesJulienAillet,CieMonotype,Campusdupôle
européendecréation
1 Fiche pédagogique réalisée par Etienne Visinet, enseignant missionné au Phénix scène
nationaleValenciennesparlaDélégationacadémiqueauxartsetàlacultureduRectoratde
Lille
Découvrirl’universdeJulienAillet
PrésentationdeJulienAillet
Comédienetmarionnettiste,JulienAilletécourtedesétudesdephilosophieetd’arts
plastiques pour succomber aux sirènes du plateau, d’abord pour y jouer de la
musique avant de se consacrer au spectacle vivant. En 2002, il découvre que
l‘utilisationdesmarionnettesetdesobjetsouvredegrandespossibilitésauxtimides
etauxbricoleurs.En2006,ilcréeMogrr…,sonpremierspectaclesoloquisejouera
plusieurscentainesdefoisdansunedemi-douzainedepays.
Son parcours est fait depuis, de projets personnels (Casse noisette, Les yeux de la
tête)etdenombreusescollaborationsentantqu’interprète(Enattendantlanuit,Cie
La traversée, texte et mise en scène de Cédric Orain), plasticien (Ooorigines,
Commentmoije?,CieTourneboulé)ouassistantàlamiseenscène(Sortirducorps,
Ciedel’OiseauMouche,textesdeValèreNovarina,miseenscènedeCédricOrain).
IlfondelacompagnieMonotypeenmai2012pourcréerdesspectaclesquidonnent
la part belle aux monstres et qui cultivent un goût pour l’étonnement et les
trouvaillesvisuelles.
Source:sitedelacompagnieMonotype
Mogrr…(2006)
Un petit drame forain pour masques et marionnettes. Mogrr, ce n’est pas le grand
bonhomme élastique qui pousse un étonnant chariot, tel un marchand de glace
improbable.Cen’estpasnonpluslenomd’undesquatrepetitsmonstresquivivent
et travaillent comme lui dans cette minuscule baraque foraine délabrée. Eux, c’est
Crado,labrutesansregard,Thérèselajoliedanseusecyclope,Beutrallecomiquede
chiffonetGaby,culdejattedecirque.Nonnon,Mogrr,c’estlepatron,untoutpetit
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monsieurLoyal,qui,àforced’useretd’abuserdesonautorité,enfaitunpeutrop,en
vientàseprendrepourunogreenexigeantl’inacceptable.
Dédale(2014)
Dédale est le créateur du labyrinthe de Minos et le père d’Icare. Il est aussi un
assassinenfuite,leresponsabledelanaissanceduMinotaure,l’incarnationde«la
sciencesansconscience»etpeut-êtrelepremierdessavantsfous.
è Quelslienspouvez-voustisserentrecesdifférentsdocuments?
è QuelsélémentssemblentcaractériserletravaildeJulienAillet?
DécouvrirFrankenstein,leromandeMaryShelley
On peut commencer par faire réfléchir les élèves au sous-titre du roman: «Le Prométhée
moderne». Les élèves peuvent effectuer une recherche sur Prométhée et, après avoir
découvertl’intrigueduromanàtraversl’exerciceproposéci-dessous,établirdesliensentre
l’histoiredeFrankensteinetlemythe.
Afindefamiliariserlesélèvesaveclafableduromanetsaconstructionnarrative,onpeut
imaginerl’exercicedepratiquesuivant:
♦ Distribuerauxélèveslerésuméduroman(voirannexe)etlelireaveceux:repérerle
caractèreépistolaireduromanetlejeudesrécitsenchâssés.
♦ Répartirlesélèvesencinqgroupesetattribueràchacununepartiedurésumé.
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♦ Demanderauxélèvesd’inventerunecourtepropositionscénique(2-3minutes)afin
demettreenscènelapartiedontilsontlacharge(onpeutalorsutiliserlerésumé
commelecanevasd’uneimprovisationoul’envisagercommelesupportd’untravail
d’écritureetdetransposition).
♦ Voirlespropositionsdesdifférentsgroupes.
♦ Réfléchir au moyen de passer d’une partie à une autre en prenant en compte les
différentesinstancesnarrativesetimaginerlestransitions.
Cetteactivitépratiquepeutégalementêtreréaliséeàpartird’untravaildemanipulation:on
demande aux élèves de modeler des personnages dans un bloc d’argile puis de les faire
évoluerdansundécorconstituédedifférentsobjets.Outreletravaild’appropriationdela
fable,onpourraainsisensibiliserlesélèvesàl’esthétiquedel’adaptationdeJulienAillet.
Enfin, pour saisir les questions philosophiques qui traversent l’œuvre de Mary Shelley, on
peutmettreenscèneleprocèsdeVictorFrankenstein.Lapréparationduprocèspermettra
d’interroger les notions de responsabilité, de principe de précaution, du mal et de
l’ambivalencedesprogrèsscientifiques.
DécouvrirlespectacleLaColère
Noteintention
C'est le premier roman de science-fiction. On le doit à une jeune anglaise qui vivait il y a
deuxcentsans.
C'estunemonstrueusehistoiredemonstre,oùlemonstreestbeletbienunmonstre,mais
oùlesautresnesontpasmalnonplus.Lesmonstresontbeauêtrevieuxcommelemonde,
ilaurafalluattendreMaryShelleypourqu'onleurdonnevéritablementlaparole.Or,que
raconteunmonstrequandilenal'occasion?Quesepasse-t-ilquandunjeunehommede
bonne famille crée un monstre en voulant sauver le monde? Et d'ailleurs, Frankenstein
c'estlacréatureousoncréateur?
Pourrépondreàtoutescesquestions,laCieMonotypeapréparéunspectaclequis'appelle
La Colère. Mais alors pourquoi ce titre-là, alors que cette histoire aborde des quantités
d'autreschosescommelecourage,lasolitude,lafiliation,l'altéritéouledeuil?Peut-être
parcequelafoudreestaucœurdetoutça,maissurtout,parcequeFrankensteinappartient
àcettefamilled'histoiresquimélangentdefaçonexplosivelethèmedelapeurdel'autre
avecceluidelarévolte.
Avec La Colère, Julien Aillet réanime le mythe fondateur de la science-fiction dans une
adaptation du monument de Mary Shelley qui fait la part belle aux émotions et aux
paysages grâce à un dispositif qui entremêle un diaporama vidéo animé et les maquettes
quiontserviàsaréalisation.Leplateauduthéâtresemeutenunlaboratoireoùserejoue
lanaissancedumonstre.Unatelieroùlemytheserefabriqueétapeparétape.
Source:sitedelacompagnieMonotype
Ø Images©EricBézy
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D’aprèscesdocuments(noted’intentionetphotographies),quelslienspouvez-vous
établirentrecespectacleetlesprécédentescréationsdeJulienAillet?
Quelleatmosphèresedégagedecesimages?
Quellesdisciplinesartistiquespouvez-vousidentifier?
Comment interprétez-vous la présence de Julien Aillet sur le plateau? Quel
pourrait-êtresonrôledanslespectacle?
Pour aller plus loin dans le travail autour du spectacle, on pourra lire avec les élèves
l’entretienavecJulienAilletproposéenannexe.
Enprolongement…
-
Lienversleroman(texteintégral).
Larichesseetladiversitédesquestionssoulevéesparlespectaclepeuventdonnerlieuàdes
travauxplusapprofondis:
♦ Autourdelacréationd’unAutrequiinterrogelesfrontièresdenotrehumanité.On
peutalorsétudierdesextraitsdeL’EvefuturedeVilliersdeL’Isle-Adam,desfilmsLa
PielquehabitodePedroAlmodovaretEdwardauxmainsd’argentdeTimBurton.Le
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filmd’animationFrankenweenieégalementréaliséparTimBurtonpeutêtreunbon
moyendemeneruntravailenéchoauspectacleavecdesélèvesdupremierdegréet
descollégiens.
Une recherche autour de la transhumanité permet par ailleurs d’explorer
concrètementlaquestiondesprogrèsscientifiquesetlequestionnementéthiquequi
lesaccompagne.
♦ Dans le cadre du parcours d’éducation artistique et culturel qui repose sur trois
piliers(les connaissances, la pratique artistique et la rencontre avec l’artiste et
l’œuvre),onpeutmeneruntravaildepratiquequireprendraitcertainsélémentsde
LaColère.Onproposealorsauxélèvesdecréer«àlamanièredeJulienAillet»,c’està-dire en utilisant la projection vidéo et la manipulation d’objets, l’adaptation d’un
romanétudiéenclasse.
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Annexe1:résuméduroman
Introduction:récit-cadredeRobertWalton
Lepremieretprincipalcorrespondant,RobertWalton,raconteàsasœur,MargaretWalton
Saville,lesaventuresqu'ilvitlorsdesonexpéditionmaritimeverslepôleNord.Ilaperçoitun
traîneau conduit par un géant, puis rencontre un homme et son traîneau, identique au
précédent, à la dérive sur un bloc de glace. C'est Victor Frankenstein qui, désespéré et
désabusé,luiracontelaraisondesesmalheurs.
RécitenchâssédeVictorFrankenstein
VictorFrankensteinestissud'unefamillerelativementnombreusequis'estfixéeàGenève.
D'abord étudiant en philosophie naturelle, il s'est découvert une passion pour la pierre
philosophale et est parti poursuivre ses travaux à Ingolstadt. Ses progrès lui ayant
rapidementpermisdedécouvrirlemoyendedonnerlavie,ilseconsacrecorpsetâmeàce
projet qui l'occupe pendant des mois, et réussit à assembler un être surhumain mais
d'aspecthideux.Lorsquecettecréatureaccèdeàlavie,Frankenstein,horrifié,prendlafuite.
Lelendemain,ilrencontresonamid'enfance,Clerval,ettombegravementmalade.Terrassé
parlemalpendantdelongsmois,ilfinitparrecouvrerlasantéet,alorsqu'ilseprépareà
retourneràGenève,ilapprendquesonfrèreWilliamaétéassassinéparunvoleur.Ilserend
surplaceet,prèsdulieuducrime,aperçoitsonmonstre.JustineMoritz,laservantedela
famille Frankenstein, est accusée du meurtre et, bien que Victor soit convaincu de son
innocence, condamnée à mort et exécutée. En proie au plus grand désarroi, Frankenstein
partàChamonixoùilrencontresonmonstre,enverslequeliléprouveunehaineféroce.
C'estalorsquelacréatureluicontesonhistoire.
Histoiredansl'histoire:récitdumonstre
Livré à lui-même, le monstre a appris seul à survivre. Il est vite entré en contact avec des
humains,maiss'estvurepousséetchassétantsonaspectdifformelesaeffrayés.Ilenvient
àobserverunefamilleoùl'éducationd'uneétrangèrenouvellementarrivéeetladécouverte
deslivresluipermettentd'apprendreàparleretàlire.Auboutdequelquetemps,ilentreen
contact avec le père, aveugle, mais se trouve chassé par le reste de la famille. Il s'enfuit,
décidedeserendreàGenèvepourrencontrersoncréateur,dontilsaitqu'ill'aabandonné;
mûrissantunesourdevengeancecontrel'espècehumainequilerejette,ilycroiseWilliam,
lejeunefrèredeVictorFrankenstein,quilemoquepoursalaideuretluiapprendqu'ilest
lui-même un Frankenstein; sur quoi il le tue et camoufle la scène de façon qu'une tierce
personne,enl'occurrenceJustineMoritz,puisseêtreaccuséedumeurtredeWilliam.
ReprisedurécitenchâssédeVictorFrankenstein
LemonstredemandeàFrankensteindeluiconcevoirunecompagneaveclaquelleilpourrait
vivre à l'écart de la société dans l'isolement et le bonheur. Frankenstein accepte à
contrecœuret,sachantquelemonstrealeprojetdelesuivreetdelesurveiller,partpour
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l'Angleterre avec Clerval qui choisit de résider chez des amis. Lui se rend aux Îles Orcades
pours'yinstallerunlaboratoireetmettresonnouveauprojetenœuvre.Alorsqu'ilesten
plein travail et que sa deuxième créature est en voie d'achèvement, il prend soudain
consciencequ'ilestentraindegénérerunelignéemonstrueusereprésentantungravepéril
pourl'espècehumaine.Aumomentmêmeoùils'acharneàdétruiresacréationinachevée,
lemonstreapparaîtet,avantdeprendrelafuite,luiannoncequedésormais,ilvas'employer
àfairedesonexistenceunenfer.Frankensteinjettesesinstrumentsdechimieàl'eau,mais
est entraîné vers le rivage irlandais où il apprend le meurtre de Clerval, son meilleur ami,
forfaitdontilsevoitàtortaccusé.
À nouveau terrassé par une grave maladie, il finit par prendre le chemin de la guérison et
soninnocenceestreconnuegrâceàl'actiondesonpèrevenulesoutenirenAngleterre.De
retourensapatrie,ilseprépareàépousersasœuradoptive,Elizabeth.Cependant,ceprojet
est connu du monstre déterminé à poursuivre sa vengeance qui assassine la jeune femme
danslanuitsuivantlacérémonie.Horrifié,Frankensteins'envaapprendrelanouvelleàson
pèrequi,souslechoc,s'effondreetmeurt.Désormais,ildédiesavieàlatraqueàmortdu
monstre qu'il a créé et qui, s'amusant de ce jeu morbide et tout à fait conscient de sa
supériorité,l'emmèneversleNorddontlefroidglacén'apasdeprisesurlui.Frankenstein,
malgrél'aidedesespritsdesvictimes,perdsatraceets'égare.
Conclusion:récit-cadredeRobertWalton
Forcé par l'équipage à rebrousser chemin, Walton assiste, impuissant, à la mort de son
nouvel ami, trop affaibli pour poursuivre sa traque. Le monstre se présente peu après et
apprenant la disparition de son créateur, exprime son dégoût de lui-même. La vengeance
qu'il a perpétrée envers un créateur irresponsable, père indigne ayant abandonné son
enfant, lui a répugné car il a été doté d'une aspiration innée au bien dont la méchanceté
humaine a fini par avoir raison. Désormais, la gravité des crimes commis lui devient
insoutenableetilannoncesonprojetdesedonnerlamort,puisdisparaîtdanslebrouillard.
Source:Pagewikipédiaconsacréeauroman
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Annexe2:EntretienavecJulienAillet
Pourquoiavez-vouschoisid’adapterceromanauthéâtre?
Laquestiondelamonstruositémetravailledepuistoujours.Figuremiroirourepoussoir,elle
ouvre un champ d'exploration immense, un monde pour tout dire. Au théâtre comme
ailleurslemonstrepolitiqueledisputeaumonstrecommefiguredel'altérité.
DansmonspectacleprécédentconsacréauxfiguresdeDédaleetIcare,j'abordaislaquestion
del'usagedelapeurenpolitiqueetenéducation.AvecFrankenstein,ils'agissaitencorede
se confronter à la question de la responsabilité, mais surtout de donner la parole au
monstre,carc'estçalarévolutionqu'opèreMaryShelley.
Disons que j'avais envie d'aborder le glissement de l'innocence à l'horreur, mais aussi
d'aborder le paysage sur un plateau de théâtre. Je ne cache pas non plus ma fascination
pour le caractère définitif de cette première œuvre de la science fiction capable de poser
tous les enjeux du genre dès sa création. Ils tournent tous autour de problématiques
anthropologiquesetpolitiquesquipeuventserésumeràceci:quellessontlesconséquences
delarelationd'objetqu'entretientl'êtrehumainavecsonenvironnementetaveclui-même?
Dernières choses.Frankenstein nous dit qu'une société qui ne prend pas soin de TOUS
sesenfantscourtàsaperte.Jenevousfaispasundessin.
Commentavez-vouschoisideraconterl’histoiredeFrankensteinaupublic?
C'est un spectacle essentiellement narratif. Au plateau, je suis un énième amoureux de ce
texte qui le raconte à sa façon. Frankenstein est une oeuvre de choix pour aborder les
questionsdiégétiques.C'estl'histoired'uneoeuvredevenuemythe,racontéeparunartiste
quiracontecommentunecapitainedebateaurecueilleunfouhirsutequivaluiracontersa
propre existence au cours de laquelle il aura crée un monstre. Monstre qui lui même
raconterasonexpérienceexistentielle...
Lanarrationestàlatroisièmepersonneetauprésent.C'estmoiquiparle(àl'exceptiond'un
passagebiographiqueconsacréàMaryShelleynarréparunepetitefille).Àladifférencedu
roman où il est très bavard et de façon très délibérée le monstre a la parole plutôt
"empêchée".J'ailargementéludél'aspectplaintifdutexteoriginal,auprofitd'unregardun
peu distancié, parfois ironique, parfois trèscollé auxévénements, aux paysages, aux
sentiments.
J'airecentrélerécitautourdel'itinérairedespersonnagesprincipaux(VictorFrankensteinet
sacréature)pourquelecœurdecetextetrèsrichetienneenuneheure.J'aidoncchoiside
couperoudefusionnercertainesscènes.Cependant,j'aiconservétoutelatramedutexte
original (très différente de ce qu'on a pu voir au cinéma),notamment le prologue et
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l'épilogue enArctique, tout en gardant sans cesse à l'esprit la puissance évocatrice de la
versioncinématographiquedeJamesWhale(avecB.Karloff).
Quelaétéletravaild’adaptationpourpasserduromanauplateau?
J'ai tout réécrit. J'ai modifié certains événements (qui relèventgénéralement du deus ex
machina) et féminisé le personnage du capitaine du bateau quirecueilleFrankenstein. Le
spectacle se permet parfoisaussides moments de distance avec les événements du récit
(notammentpardeséchangesavecletechnicienquisetrouveauplateau)etuneséquence
quisertdenoticebiographiquedumytheetdesonauteur.
Quellesontétévosinfluencesetvossourcesd’inspirationpourcréercespectacle?
Ellessontdiversesethétéroclites!Jeneciteraiaucunauteur(e)enparticulierpourcequiest
de la langue, même si le texte s'inscrit probablement dans le mouvement permanent
d'actualisationdelaparolethéâtrale,aveclesoucidu"naturel"quecelasuppose.
Pour la mise en scène, on est dans uneapproche toute brechtienne: on montre l'artifice,
lescâbles,lamachinerie...toutencréantlesconditionsdelasuspensiondel'incrédulité.Et
puis c'est un spectacle de bricoleur, comme le sont parfois les spectacles de l'Amicale de
production,deJulienMellanooudePhilippeQuesne.
Pour l'aspect visuel, c'est le grand écart, mais l'univers esthétique des maquettes et leur
mise en scène photographiqueemprunte autant à Gregory Crewdson qu'à Panique au
VillagedePataretAubier.
Aucinéma,legrandécartestencorederigueur,puisquelà,c'estLeFilmeurd'AlainCavalier
etleFargodesfrèreCohenquim'ontaccompagné.
MerciàJulienAilletpourletempsconsacréàcetentretien.
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