des partenaires pour un monde durable

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DES PARTENAIRES
POUR UN MONDE
DURABLE
Les actions de BirdLife pour
les hommes et la planète
RESUMÉ
L’idée qu’il est impossible de dissocier la perte de biodiversité des préoccupations majeures de notre société fait
l’objet d’un consensus de plus en plus large. Nous aurons d‘autant plus de chances d’atteindre des objectifs tels que
la réduction de la pauvreté et l’amélioration de la santé, de la richesse et de la sécurité des générations présentes et
futures que nous accorderons à la biodiversité et aux services éco-systémiques la priorité qu’ils méritent.
La biodiversité est absolument essentielle
pour que nous puissions disposer des
biens et des services sur lesquels reposent
nos vies et nos modes de vie.
Nous n’avons pas atteint l’objectif de réduction significative de la perte de biodiversité en 2010 et il est peu
probable que la plupart des objectifs mondiaux de réduction de la pauvreté soient respectés d’ici 2015. Des pertes
massives de biodiversité s’avèrent de plus en plus vraisemblables et elles auront des conséquences inévitables sur
le bien-être humain, à moins que nous n’agissions sur leurs causes sous-jacentes.
Les divers êtres vivants nous apportent de la nourriture,
de l’eau et des combustibles, c’est cette variété qui permet
le recyclage des nutriments et la formation du sol, dont
dépend la production agricole et qui favorise la régulation
de notre climat et du cycle de l’eau. Apprécier la beauté du
monde naturel contribue également à la santé physique et
mentale des individus et à la diversité culturelle mondiale.
Il s’agit cependant d’importants défis, qui n’ont pas de solutions simples. BirdLife International a mené un nombre
d’actions particulièrement conséquentes dans son travail au niveau local, national et international, pour créer des
conditions environnementales propices au développement durable. De par leur travail avec les communautés, les
gouvernements et leur coopération avec divers acteurs-clés dans des zones d’importance biologique mondiale,
les représentants BirdLife démontrent qu’il est possible de réaliser les changements qui permettront de vivre de
manière durable sur notre planète Terre.
Peter Schei, président de BirdLife Council
Ancien président de WEHAB, président de SBSTTA et chef des délégations norvégiennes à la CITES, à la Convention de Berne, à la CBD, à Ramsar et lors des
négociations sur le Protocole de Carthagène sur la biosécurité
Nous vivons une époque de changements
environnementaux rapides.
Le développement bénéficie à un grand nombre de gens,
mais le progrès est inégalement réparti et il entraîne des
changements sans précédent pour le climat terrestre, la
biodiversité et les services fournis par la biodiversité et les
écosystèmes.
Ces changements nous affecterons tous.
Les pauvres et les plus vulnérables, ceux qui dépendent le plus
directement de l’environnement, sont souvent les premiers à
ressentir les conséquences de la perte de biodiversité et de la
dégradation de l’environnement. Mais en fin de compte, c’est
nous tous que la destruction des ressources naturelles et des
services des écosystèmes menacera.
Pour atteindre l’objectif du développement
durable, il nous faudra changer
profondément notre comportement, notre
mode de vie et nos valeurs.
Nous sommes obligés de reconsidérer nos schémas de
consommation et de repenser le bien-être humain, ce qui
le constitue et ce qui y contribue. Les efforts pour stopper
et inverser l’évolution du climat terrestre, des services
fournis par la biodiversité et les écosystèmes ne peuvent
être dissociés des défis liés à la réduction de la pauvreté,
aux droits humains, à l’équité intra et intergénérationnelle
et aux connexions entre tous ces problèmes.
1
Citation recommandée: BirdLife International (2010) Des Partenaires pour un monde
durable. Les actions de BirdLife pour les hommes et la planète
Rédaction: Nick Langley et David Thomas
Relecture: Boris Barov, Ariel Bruner, Angelo Caserta, John Fanshawe,
Herlinde Herpoel, Maaike Manten, Paul Morling, Rob Munroe, Joanna Phillips,
Rastislav Rybanic, Roger Safford, Alison Stattersfield et Don Stewart
Edition: Martin Fowlie et Nick Langley
Traduction française: Elsa Langrene, et la LPO/BirdLife France
Direction de la fabrication: Ade Long
Conception et mise en page: NatureBureau
Impression: Bluepoint Cambridge Ltd on 130gsm Lumisilk, an FSC-certified paper
Publié avec le soutien de
2010 – Année internationale des Nations
Unies pour la biodiversité
En plus de célébrer la diversité de la vie sur
Terre, un des thèmes majeurs de l’Année de
la biodiversité est : “la biodiversité pour le
développement et la réduction de la pauvreté”.
Ce rapport met en exergue le travail mené dans
le cadre du réseau BirdLife dans le monde entier
en faveur du développement durable et de la
conservation de la biodiversité.
SOMMAIRE
Résumé 1
Introduction 4
Donner à la société civile les moyens d’agir 6
Notre travail avec d’autres secteurs d’activité 10
Vivre en respectant les ressources de la Terre 14
L’impact de la protection de l’environnement 20
RESUME
La vision du réseau BirdLife, c’est “un
monde riche en biodiversité, où l’homme
et la nature vivent en harmonie, dans une
optique d’équité et de durabilité”. En con-
centrant ses efforts sur les oiseaux, les sites et habitats
dont ils dépendent, BirdLife peut à la fois conserver et
restaurer la biodiversité et améliorer la qualité de vie des
individus qui partagent les zones concernées. Les oiseaux
constituent un important sujet fédérateur dans les discussions sur l’environnement et le développement parce
qu’on les trouve presque partout dans le monde, qu’ils
apportent une importante contribution économique
(par exemple, pour la nourriture, le contrôle des espèces
nuisibles et la pollinisation), ils ont une signification culturelle et ils jouent un rôle vital en tant qu’indicateurs de
l’état de santé de l’environnement.
Réseau mondial présent dans plus de 100 pays, doté
d’une structure qui assure la continuité des objectifs
depuis la base locale jusqu’au niveau international, BirdLife est dans une position unique pour s’attaquer à bien
des défis que le monde doit relever.
Le présent rapport comprend de nombreux exemples du
travail de l’Alliance BirdLife avec des communautés, des
entreprises et des gouvernements dans le monde entier,
afin de montrer comment nous favorisons la création
de réseaux basés sur la société civile, de
partenariats intersectoriels et de modèles
sociaux et économiques qui permettront la transition de l’humanité vers un avenir durable.
2
RESUME
1 : Un réseau d’organisations de la société
civile compétentes, qui entretiennent des
liens tant au niveau local qu’international
et qui luttent pour l’équité dans le monde
entier et entre les générations
2 : Des partenariats plus solides entre
la société civile, le gouvernement et les
entreprises, pour promouvoir une action
coordonnée et cohérente en respectant
un programme commun
La transition vers la durabilité doit naître d’un changement social, doit être coordonnée par des organisations
locales susceptibles de susciter une transformation des
attitudes et comportements partout dans le monde. Afin
d’aboutir à ce changement nécessairement de grande
ampleur, BirdLife soutient un mouvement de la société civile investi d’un pouvoir autonome qui lutte pour l’équité,
qui a pleinement conscience de l’importance fondamentale des biens et services que la nature fournit, tout en
reconnaissant la valeur intrinsèque de celle-ci et ses liens
avec les croyances, l’éthique et les traditions profondément ancrées dans toutes les cultures humaines.
Les décisions et les politiques des entreprises et des gouvernements nationaux, ainsi que des organismes intergouvernementaux créés pour gérer les bien communs mondiaux
(la haute mer, l’atmosphère), ont d’énormes conséquences
sur la vie sur terre. Les entreprises mettent essentiellement
en avant la croissance économique durable. Une approche
plus équilibrée doit prendre en compte les autres dimensions de la durabilité (les valeurs socioculturelles et environnementales). Pour susciter les changements nécessaires,
BirdLife travaille avec d’autres secteurs pour chercher des
moyens de créer de la richesse et de l’emploi susceptibles
de protéger et de développer la base de ressources vivantes
dont dépend tout développement économique.
A cette fin, BirdLife s’efforce de :
Favoriser l’éclosion et la mise en réseau de groupes locaux
(page 6).
S’assurer que la protection de l’environnement contribue à
la justice sociale, à l’équité et au respect des droits humains
(page 7).
Développer des stratégies pour une communication efficace
entre les entités locales (page 7).
Créer des réseaux mondiaux qui s’appuient sur la société civile
bien placée pour comprendre les problèmes et y répondre de
façon appropriée au niveau local et au niveau international en
utilisant son réseau (page 7).
Relayer les préoccupations des communautés auprès
d’institutions et d’entreprises puissantes (page 8).
Aider les citoyens et les organisations communautaires à travailler efficacement, tant au niveau local que national, avec les
gouvernements et les municipalités, comme avec les politiciens et les entreprises pour planifier et évaluer les projets de
développement envisagés (page 8).
Intégrer et promouvoir les valeurs matérielles et immatérielles
de la biodiversité en tant que composantes du bien-être humain, de la responsabilité et de la culture humaines (page 8).
Pour atteindre ces objectifs, BirdLife s’efforce de :
Travailler avec les entreprises, pour aboutir à un Impact positif
net sur la biodiversité sur leurs sites d’exploitation (page 10).
Soutenir des mécanismes basés sur le marché, comme l’écoétiquetage, en tant qu’instruments qui permettent de changer
le comportement du marché et d’encourager une bonne
gestion environnementale dans la production de biens et de
services (page 11).
Mettre en œuvre des structures (“garde-fous”) pour assister les
gouvernements et les entreprises dans leur transition vers la
durabilité (page 12).
Intégrer la biodiversité dans les politiques sectorielles et les
pratiques des gouvernements nationaux (page 12).
Exprimer ses préoccupations par l’intermédiaire d’institutions
internationales qui traitent des “biens communs” (telles que
la Convention sur la diversité biologique et la Conventioncadre des Nations Unies sur le Changement Climatique), et
par l’intermédiaire de forums régionaux et spécialisés dont les
décisions affectent l’environnement (comme la Banque internationale de reconstruction et de développement et les Organisations régionales de gestion des pêches). Faire le lien entre
les organisations de la gouvernance mondiale (par ex Nations
Unies) et les enjeux environnementaux (page 13).
3 : Un nouveau modèle de développement social et économique compatible
avec la capacité de la Terre à produire des
matériaux et à absorber des déchets
Les écosystèmes terrestres ont une étonnante capacité à
nous fournir en ressources renouvelables et à absorber et
retraiter les déchets que nous produisons. Cependant, ce
“capital naturel” a des limites, que nous dépassons actuellement ; près des deux-tiers des services des écosystèmes
sont en déclin dans le monde. BirdLife travaille à promouvoir des modèles de développement qui tiennent compte
des limites de la biosphère, de la pleine valeur des écosystèmes et des biens et services qu’ils fournissent.
A cette fin, BirdLife travaille pour que :
Les calculs économiques des gouvernements, des entreprises
et des organisations internationales prennent réellement en
compte les services rendus par la biodiversité et les écosystèmes (page 14).
La biodiversité soit complètement intégrée aux politiques et
aux pratiques (page 15).
La protection de la biodiversité et les services environnementaux soient intégrés à des stratégies pour aboutir à des modes
de vie pérennes et à une réduction de la pauvreté (page 15).
L’aide internationale s’oriente vers la gestion et la protection des écosystèmes naturels et reconnaisse leur valeur
économique et culturelle (page 15).
Le savoir local et l’implication des communautés soient utilisés
pour augmenter la résilience des systèmes naturels et sociétaux et apporter des solutions appropriées localement, pour
que les régions s’adaptent aux défis du changement climatique
(page 16).
Le système économique mondial respecte les capacités de la
Terre à absorber le dioxyde de carbone et autres gaz à effet de
serre (page 16).
Les politiques de gestion environnementale favorisent des
écosystèmes sains et opérationnels pour le plus grand bénéfice
des hommes et de la biodiversité (page 17).
La protection de la biodiversité et la santé des écosystèmes soient intégrées à des problèmes plus larges relatifs au bien-être
humain, à la santé humaine et à la qualité de vie (page 18).
Les écoles offrent une éducation à l’environnement et au développement durable (page 18).
3
PHOTOS DE GAUCHE A DROITE
Le Festival Mondial des Oiseaux, qui dure un mois et célèbre la
contribution qu’apportent les oiseaux à la culture et au bien-être,
touche des enfants et des adultes qui n’entrent pas généralement
en contact avec les associations de protection de la nature.
Le travail de BirdLife auprès des flottilles de pêche et des
organisations de gestion de la pêche permet de réduire les
déchets et d’améliorer les prises tout en préservant les oiseaux
marins et le reste de la biodiversité.
Dans les Samoa, la communauté indigène des Matafaa préserve
et développe les mangroves côtières pour se protéger de
cyclones de plus en plus fréquents en raison du changement
climatique.
INTRODUCTION
INTRODUCTION
“Il ne peut y avoir de paix sans développement équitable ; et il ne peut y avoir de développement sans
une gestion durable de l’environnement dans un espace démocratique et pacifique”
Wangari Maathai, lauréate du prix Nobel de la Paix
La biodiversité, à savoir la variété de la vie sur Terre, représentée par la multiplicité des écosystèmes et des espèces, leurs processus, interactions et variation
Pourquoi avons-nous besoin de
génétique, est fondamentale pour tous les aspects de la vie et du développenouveaux modèles de développement ?
ment humain. Elle nous fournit de la nourriture, du combustible, de quoi nous
abriter, nous vêtir, subvenir à nos besoins. Elle régule notre climat et la circulation de l’eau et elle est
à la base des processus tels que le recyclage des nutriments et la formation du sol qui permettent
de maintenir la productivité des surfaces terrestres, marines et des zones humides. Pouvoir jouir du
monde naturel dans toute sa diversité contribue aussi largement à notre santé physique et mentale,
à notre bien-être culturel et spirituel.
Mais la biodiversité décroît rapidement dans le monde, en raison de la transformation et de la
consommation des ressources mondiales par l’humanité, notamment depuis 150 ans. La pensée
économique dominante continue à envisager ces ressources comme illimitées, comme si le monde
était une source inépuisable de matières premières et un puits sans fond où déverser nos déchets.
Nous utilisons les ressources de la Terre plus vite qu’elles ne peuvent se renouveler ; près des
deux tiers des services des écosystèmes sont en déclin de par le monde et on estime que les taux
d’extinction des espèces actuels et projetés sont de 1 000 à 10 000 fois supérieurs aux taux naturels.
(www.birdlife.org/action/science/sowb/state/12)
Le développement a bénéficié à beaucoup d’êtres humains, sur le plan de la santé, de l’alimentation,
du confort et de la qualité de vie. Mais les progrès sont inégalement répartis et entraînent un
changement de l’environnement sans précédent. Il est de plus en plus improbable que nous pourrons préserver des modes de vie durables ainsi que la sécurité et la résilience que favorisent des
écosystèmes sains et biologiquement diversifiés, alors que les forêts et les zones humides sont
transformées pour la production de biens échangeables au niveau mondial. Des pertes irréversibles
de biodiversité sont le prix à payer pour des gains financiers à court terme, dont seule une fraction
atteindra peut-être ceux à qui au départ ils étaient destinés.
Pour inverser des tendances néfastes pour l’environnement, nous devrons modifier en profondeur
nos schémas de consommation, notre compréhension de l’essence du bien-être humain. De nouvelles perspectives sur l’économie mondiale doivent déterminer nos modèles de développement,
par exemple celui qui est proposé par le rapport “Economie des écosystèmes et de la biodiversité”
(TEEB), une initiative conjointe des gouvernements, des économistes et des institutions internationales qui reconnaît la biodiversité comme “la base de la vie et de la prospérité pour l’ensemble de
l’humanité”.
La structure du Partenariat BirdLife,
construite de l’échelon local
jusqu’à l’échelon mondial, favorise
l’essor de nouveaux modèles de
développement
Pour réussir, ces modèles doivent également créer davantage de droits et de
libertés pour les communautés les plus vulnérables, en favorisant une plus
grande prospérité dans le respect de la diversité des cultures humaines et des
limites écologiques.
BirdLife International est une alliance mondiale d’associations pour la protection de la nature qui lutte pour la préservation des oiseaux, de leurs habitats
et de la biodiversité mondiale et qui travaille avec les hommes pour que les ressources naturelles
soient utilisées dans une perspective de durabilité.
BirdLife est représenté au niveau national dans plus de 110 pays. Les Représentants de BirdLife
constituent souvent la principale organisation non-gouvernementale (ONG) dans la protection
de l’environnement de leur pays : ils fournissent des données et des conseils à leurs gouvernements pour influer sur la prise de décision sur des sujets comme la conservation de la biodiversité,
la détermination et la gestion des zones protégées et l’adaptation au changement climatique.
Plus de 60 Représentants sont des pays à faibles revenus, où la protection de l’environnement est
tributaire d’un climat sociopolitique dans lequel la réduction de la pauvreté et la satisfaction des
besoins élémentaires constituent les priorités cruciales.
Le réseau de BirdLife a identifié plus de 10 000 Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO/IBA) dans le monde. Il s’agit de sites clés pour la protection des oiseaux et de la biodiversité et ils sont souvent assez petits pour être intégralement préservés. Nombre de nos projets de
conservation de la nature et de développement sont mis en œuvre au niveau local, dans des centaines de ces ZICO, en alliant des méthodes scientifiques et de bonnes pratiques reconnues mondialement à des connaissances locales. Outre leurs membres et les autres acteurs qui les soutiennent,
de nombreux représentants nationaux disposent d’un réseau de plus en plus dense d’organisations
au niveau local (groupes de conservation locaux) qui s’occupent de leurs ZICO locales.
Nous collaborons également avec d’autres organisations de la société civile et locales pour des
projets qui allient la conservation de la biodiversité avec le développement. Aux niveaux régional
et mondial, nous travaillons avec les sociétés multinationales, sur les conventions internationales
et les mécanismes de la finance internationale.
En mettant en relation nos actions locales, avec notre stratégie et notre programme au niveau
mondial, le réseau BirdLife apporte une contribution substantielle, quantifiable et reconnue à la
réalisation d’objectifs de développement régionaux et mondiaux tels que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en particulier l’OMD 7 (“Assurer un environnement durable”).
“La durabilité environnementale, c’est le socle sur lequel il faut bâtir les stratégies pour atteindre tous
les autres OMD, parce qu’il existe un lien de cause à effet entre la dégradation de l’environnement et les
problèmes de la pauvreté, la faim, les inégalités entre les sexes et la santé.”
Investing in Development: A Practical Plan to
Achieve the Millennium Development Goals
(New York: United Nations, 2005)
5
4
Nous utilisons les ressources de la Terre
plus vite qu’elles ne peuvent se renouveler
(Thaïlande).
De nombreux représentants de BirdLife
disposent d’un réseau d’organisations
locales (Philippines).
DONNER A LA SOCIÉTÉ CIVILE LES MOYENS D’AGIR
DONNER A LA SOCIETE CIVILE LES
MOYENS D’AGIR
La protection de l’environnement est un pilier fondamental du développement durable. Mais
l’implication de la société civile et l’accès du public à l’information sont tout aussi vitaux.
Outils environnementaux dans le cadre de la coopération au développement de la CE : BirdLife International, FERN, WWF
C’est le changement social qui doit entraîner la transition vers la durabilité. Pour aboutir à un changement si
étendu et profond, il faut le soutien d’un mouvement populaire puissant qui comprenne pleinement combien
nous dépendons des services fournis par la nature. Ce mouvement se composera d’organisations locales de
toutes sortes.
Depuis la fin des années 1990, BirdLife International favorise la constitution et la mise en réseau
de groupes locaux sur des sites clés pour la protection de la biodiversité (Zones Importantes pour la
Conservation des Oiseaux, ZICO).
Bien qu’elles portent des noms différents selon les pays, ces organisations sont globalement appelées des
Groupes Locaux de Conservation (GLC).
Les GLC comptent sur l’expérience et l’enthousiasme des gens. Leurs membres proviennent généralement des
communautés voisines du site, mais peuvent comprendre également des représentants de l’autorité locale, des
entreprises ou d’autres acteurs concernés.
Plus de 80 % des forêts des Fidji appartiennent à des clans appelés mataqalis, qui en tirent l’essentiel de leurs
ressources vitales. Mais la moitié des forêts des Fidji ont déjà été détruites par l’agriculture et l’exploitation
du bois. Sur l’île fidjienne de Vanua Levu, dans la ZICO de Natewa Tunuloa, plusieurs mataqalis ont décliné
les offres des compagnies d’exploitation forestière et ont décidé en revanche de travailler avec BirdLife pour
protéger leurs forêts. Il existe maintenant un GLC et les mataqalis ont accepté de gérer 6 000 ha de terres de
façon durable pendant dix ans. BirdLife a pour objectif de renforcer ce GLC pour qu’il devienne une organisation locale durable. (www.birdlife.org/action/science/sites/pacific_ibas/fiji/)
Les GLC sont très variés et il n’y a pas de modèle ni de structure définis. Même au sein des réseaux nationaux, il
peut y avoir des différences marquées entre les groupes, selon la façon traditionnelle dont chaque communauté
prend des décisions, gère et attribue les ressources naturelles.
Les noms des GLC indiquent souvent à la fois le mode de vie dominant du groupe et le site : par exemple,
l’Association des pêcheurs et agriculteurs à Shenge en Sierra Leone, l’Association des guides forestiers de la
Arabuko-Sokoke au Kenya, Coalition de Carden pour une planification responsable au Canada et la Coopérative
des fermiers des hautes terres de Curry aux Philippines.
A travers son travail avec des groupes locaux, BirdLife fait aussi en sorte que la protection de
l’environnement contribue à la justice sociale, à l’équité et au respect des droits de
l’Homme. Les actions de développement des GLC se concentrent souvent sur la situation des membres les
plus marginalisés des communautés, par exemple, en officialisant les droits de propriété terrienne des peuples
indigènes et en s’assurant que les femmes ou les membres des groupes qui ont un bas statut social puissent
participer et être représentés.
Au Cameroun, le GLC pour la forêt de Ngovayang a renforcé le statut des chasseurs-cueilleurs Bagyeli et Bakola en les informant de leurs droits légaux. La Société pour la conservation de la biodiversité du Cameroun
(BirdLife au Cameroun) a organisé des ateliers pour leur expliquer les systèmes juridiques forestier et foncier
et l’importance des critères d’obtention de la citoyenneté afin de pouvoir revendiquer leurs droits de récolter
et commercialiser les produits de la forêt. C’est ainsi que plus de 350 personnes appartenant aux communautés Bagyeli et Bakola détiennent désormais une carte d’identité nationale. (www.birdlife.org/regional/
africa/pdfs/19th_ebulletin_March_2009.pdf)
La diversité des GLC est une force, mais leur valeur est encore plus grande s’ils font partie de réseaux
nationaux. En développant des stratégies efficaces de communication entre les
groupes locaux, ces réseaux permettent que les groupes partagent des connaissances et des bonnes
pratiques et que l’expérience et la compréhension des particularités locales influencent le travail du
Représentant de BirdLife au niveau national.
Le groupe des Bénévoles pour l’environnement de Kijabe (KENVO) est un GLC qui travaille à protéger la
zone importante pour la conservation des oiseaux (ZICO) Forêt de l’escarpement de Kikuyu au Kenya. Au
niveau local, KENVO travaille avec un certain nombre de groupes issus des communautés locales et avec le
Département des forêts pour réhabiliter la forêt dégradée. KENVO s’est associé à Nature Kenya (représentant de BirdLife au Kenya), au Groupe de travail de la forêt kenyane et à d’autres ONG kenyanes pour plaider
en faveur d’une meilleure gestion de la forêt et il a joué un rôle clé pour faire adopter une loi plus complète
sur les forêts nationales qui donne aux communautés locales le pouvoir de participer à la gestion des forêts.
(www.birdlife.org/news/news/2008/11/kenvo_award)
La structure du réseau de BirdLife permet que les bénéfices tirés de cette expérience puissent être partagés
par différentes nations sur plusieurs continents et qu’ils influencent les activités de BirdLife aux niveaux
régional et mondial. BirdLife s’en trouve renforcé dans son rôle de réseau mondial à même de
comprendre les problèmes et d’y répondre d’une manière appropriée au niveau
local et au niveau mondial en utilisant son réseau.
En 2006, des membres de la Société pour la protection de la nature au Liban (SPNL, Représentant de BirdLife
au Liban) se sont rendus en Jordanie en tant qu’hôtes de la Royal Society for the Conservation of Nature
(RSCN, BirdLife en Jordanie) pour s’informer sur des initiatives des communautés locales visant à développer
des moyens d’existence alternatifs pour que les ressources des Réserves naturelles de Dana et Azraq soient
utilisées de façon durable.
En 2007, des Représentants locaux de Jordanie, de Syrie et du Yémen sont allés au Liban pour s’informer sur
la nouvelle utilisation, sous l’égide de la SPNL de la hima, une approche traditionnelle et basée sur les communautés locales de la gestion et de la conservation des ressources (voir l’étude de cas, page 9).
7
6
Groupes Locaux de Conservation de la
nature fondés sur l’expérience locale et
l’enthousiasme (Forêt de Gola, Sierra Leone).
Le réseau BirdLife permet de partager
des expériences aux niveaux régional et
mondial (Liban).
DONNER A LA SOCIÉTÉ CIVILE LES MOYENS D’AGIR
DONNER A LA SOCIÉTÉ CIVILE LES MOYENS D’AGIR
Par son travail sur le terrain avec les communautés, BirdLife les aide aussi à exprimer leurs
préoccupations auprès d’institutions et de sociétés puissantes.
Les écrivains, artistes visuels et musiciens peuvent nous aider à sensibiliser de nouveaux publics et à leur transmettre le message de BirdLife sur la conservation de la nature. Partout dans le monde, des artistes, performeurs,
peintres, romanciers et poètes de renommée nationale et internationale nous prêtent leur travail et leur voix.
Le GLC de l’Aire protégée du lac Qarun, établi par Nature Conservation Egypt, membre affilié à BirdLife,
est parvenu à stopper le déversement de déchets de chantiers du bâtiment dans la ZICO du lac Qarun.
Des membres du groupe ont apporté des preuves photographiques à l’Agence égyptienne des affaires
environnementales, qui ont conduit le directeur à ordonner l’interdiction de décharger ces déchets.
Les bulldozers qui travaillaient sur un site touristique se sont retirés plus loin de la côte. Le promoteur,
l’une des entreprises les plus puissantes d’Egypte, a également annulé des plans visant à construire un
pavillon de chasse et consacré une zone de marais salants à un sanctuaire ornithologique. (http://www.
birdlife.org/news/news/2009/09/lake_qarun)
BirdLife aide les citoyens et les organisations locales à travailler avec les gouvernements et les col-
lectivités locales, comme avec les politiciens et les entreprises, pour planifier et évaluer les projets de développement envisagés.
La Société bulgare pour la protection des oiseaux (BSPB, BirdLife en Bulgarie) s’est battue avec d’autres
ONG et la population locale contre le tracé de l’autoroute de Struma passant par la gorge de Kresna,
un corridor écologique extrêmement important le long du fleuve Struma. BSPB et ses ONG partenaires
alléguaient que l’on avait mal évalué les impacts sur la biodiversité et ont embauché une équipe
d’ingénieurs routiers pour redessiner la section du Struma, en évitant les sites écologiquement sensibles.
Les citoyens de Kresna ont soutenu les ONG. Au cours de l’été 2007, après une série de réunions avec le
gouvernement, un accord fut conclu sur le tracé d’un nouveau tunnel de 16 km à travers la gorge pour
éviter de nuire à des habitats et des espèces prioritaires. Ce processus fut accueilli comme une approche
plus ouverte et démocratique de la prise de décision qui respectait les opinions de la société civile. (www.
birdlife.org/eu/pdfs/growth_job_and_biodiversity_2008.pdf)
BirdLife s’efforce d’intégrer et de promouvoir les valeurs culturelles et spirituelles de la
biodiversité en tant que composantes du bien-être humain et de la responsabilité
humaine.
L’objectif de la fête mondiale biannuelle des oiseaux et du monde naturel organisée par BirdLife, le Festival
mondial des oiseaux, est d’impliquer un public qui n’a généralement pas l’occasion d’avoir des contacts avec des
organisations de protection de la nature.
Au Paraguay, la célébration du Festival mondial des oiseaux a commencé dans les rues d’Asunción par
des danses, de la musique et l’exposition de tableaux de jeunes Paraguayens. Dans la vieille Gare Centrale ont résonné des sons d’une harpe paraguayenne qui jouait la célèbre polka Guyra Campana ainsi
que des danses paraguayennes et internationales. Les enfants ont apprécié ces moments, créant des
masques de chouettes, de toucans et de Gua´a hovy (Ara hyacinthe). (www.birdlife.org/action/awareness/world_bird_festival/wbf_2006/americas)
Nous travaillons également avec des groupes confessionnels, car nous sommes sensibles à leurs valeurs et traditions.
En Turquie, le lac Burdur, site d’importance internationale pour les oiseaux d’eau hivernants et migrateurs, est menacé depuis quelques années par la pollution, le développement urbain et l’agriculture
non durable. Pour résoudre ce problème, l’association Doga Dernegi (BirdLife en Turquie) s’est mise à
travailler avec le mufti provincial de Burdur et l’imam de la mosquée d’Ulu dans le centre de la province,
Bursa.
“L’eau est l’une des multiples bénédictions et représente une source de vie pour nous, comme pour toutes
les créatures de la Terre”, a dit le mufti provincial, dans un sermon entendu par plus de 50 000 personnes
dans les mosquées des villes et villages sur les bords du lac. “Nous devrions apprendre des techniques
d’irrigation et des pratiques agricoles adaptées aux caractéristiques de notre sol et les appliquer avec
sagesse.”
Les Représentants de BirdLife au Moyen-Orient ont œuvré pour raviver la tradition islamique de la hima, une façon
de gérer et préserver l’eau, les pâturages et autres ressources naturelles. Ce système de la hima permet d’allier une
protection stricte à un usage durable et elle a notamment pour effet de préserver la biodiversité. Historiquement,
les himas étaient régies par des chefs tribaux ou religieux, mais plus récemment, leur gestion a été transférée aux
municipalités ou à d’autres organismes élus démocratiquement à l’échelon local, pour assurer l’équité et le juste
usage des ressources.
Quand, en 2006, la guerre s’est abattue sur la population du Liban, 120 familles déplacées ont fui dans
la ZICO de Kfar Zabad, dont la communauté locale, avec le soutien de la SPNL (BirdLife au Liban), avait
fait une hima. Les craintes que la pression supplémentaire sur ce fragile site n’y endommage la biodiversité s’avérèrent infondées. Les familles furent logées dans les villages alentours, où l’hospitalité locale et
l’aide internationale permirent de pourvoir à leurs besoins.
Le journal libanais Daily Star commenta que Kfar Zabad faisait maintenant figure d’expérience
“ illustrant la façon dont les stratégies de conservation de la nature permettent des réponses nettement plus efficaces à la gestion des crises et à l’aide humanitaire”. (www.biodiversityinfo.org/casestudy.
php?r=response&id=206)
“De bonnes pratiques de conservation de la nature donnent aux populations locales les moyens d’agir et permettent de bâtir des sociétés durables.
Ce sont les populations locales qui donnent une impulsion aux bonnes pratiques de conservation”
Amener la population locale à soutenir la conservation de la nature :
leçons tirées des Groupes de soutien aux sites de BirdLife au Cambodge et au Vietnam
9
8
BirdLife promeut les valeurs culturelles
et spirituelles de la biodiversité (Festival
mondial des oiseaux, Paraguay)
Trouver un terrain d’entente au niveau
des valeurs et des traditions (lac Burdur,
Turquie)
NOTRE TRAVAIL AVEC LES AUTRES SECTEURS D’ACTIVITÉS
NOTRE TRAVAIL AVEC LES AUTRES
SECTEURS D’ACTIVITÉS
“Nous ne pouvons plus considérer la perte continuelle de la biodiversité et ses changements comme une
question distincte des préoccupations essentielles de la société : lutter contre la pauvreté, offrir une
meilleure santé, davantage de prospérité et de sécurité à nos populations et faire face au changement
climatique… Il faut prendre de meilleures décisions pour la biodiversité à tous les niveaux et dans tous
les secteurs, en particulier les secteurs économiques majeurs, et le gouvernement peut jouer un rôle clé
pour favoriser cette évolution.”
Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique. Perspectives mondiales de la diversité biologique 3.
Les décisions et les politiques des entreprises, gouvernements et organismes intergouvernementaux qui gèrent
les biens communs mondiaux tels que la haute mer et l’atmosphère, sont très lourdes de conséquences pour
la vie sur Terre. La société civile (y compris les ONG) doit travailler avec d’autres secteurs, chercher des façons
de créer des richesses et des emplois qui protégeraient et valoriseraient les ressources de base dont dépend
tout développement économique. Les entreprises internationales en particulier ont un impact croissant sur la
biodiversité à mesure que l’économie mondiale devient de plus en plus interconnectée. Celles qui sont tournées
vers l’avenir prennent conscience qu’elles doivent utiliser les ressources naturelles de façon durable.
Mais alors qu’elles ont tendance à se préoccuper essentiellement de la croissance économique durable,
elles doivent adopter une perspective plus équilibrée, tenant compte d’autres dimensions de la durabilité,
notamment des valeurs socioculturelles et environnementales.
BirdLife travaille avec des entreprises, pour aboutir à un Impact positif net sur la biodiversité au sein de leurs sites d’exploitation.
BirdLife est membre d’une alliance d’organisations de conservation de la nature, d’entreprises et de banques
de développement internationales, bénéficiant du soutien du Département de l’énergie des Etats-Unis et qui a
élaboré l’Outil intégré d’évaluation de la biodiversité (IBAT). Il s’agit d’un outil sur le web qui permet aux sociétés d’intégrer des considérations sur la biodiversité aux premiers stades de la planification de leur projet, alors
que d’autres approches ou emplacements pour établir leur entreprise sont encore économiquement viables.
L’IBAT contribue à identifier des sites qui, bien qu’en dehors des réseaux de zones protégées existants, ont
néanmoins une grande importance pour la biodiversité et ont généralement une valeur sociale, économique
et culturelle significative pour les communautés locales. (www.birdlife.org/news/news/2008/10/ibat_launch)
Il est inévitable que la plupart des exploitations minières aient un impact négatif sur la biodiversité. BirdLife
soutient les efforts du groupe minier Rio Tinto pour atténuer ces impacts grâce à une conception et une planification plus efficaces, en utilisant des informations fiables sur la biodiversité des zones affectées. En développant des indicateurs de performance au niveau de la biodiversité pour le groupe, BirdLife aide Rio Tinto à
rendre compte de l’impact réel de ses opérations. (www.birdlife.org/action/business/rio_tinto)
Orienter le comportement des consommateurs dans le sens de la durabilité, c’est tout aussi important que
de rendre les pratiques commerciales plus vertes. Des mécanismes basés sur le marché, tels que l’étiquetage
écologique, peuvent atteindre les deux objectifs, en indiquant aux consommateurs les produits qui satisfont aux
critères environnementaux les plus élevés et en encourageant les fournisseurs à les leur proposer.
BirdLife soutient des mécanismes basés sur le marché, comme l’étiquetage
écologique, en tant qu’instruments qui permettent de changer le comportement du
marché et d’encourager une bonne gestion de l’environnement dans la production de
biens et de services.
Le Mpingo Conservation Project, une ONG tanzanienne soutenue par le Conservation Leadership
Programme (CLP), un partenariat entre BirdLife et d’autres ONG de protection de la nature, a aidé deux
communautés à devenir des gestionnaires forestiers certifiés par le Forest Stewardship Council (FSC).
L’ébène tanzanien Dalbergia melanoxylon, appelé Mpingo, est apprécié par les sculpteurs sur bois locaux et les fabricants d’instruments à vent partout dans le monde. Même si cet arbre est encore relativement abondant dans le sud-est de la Tanzanie, l’abattage illégal est très répandu et les communautés
pauvres qui dépendent de la forêt tirent peu de bénéfices de cette ressource.
La certification FSC permettra aux communautés de gagner plus de 19.00 $US le rondin, alors qu’ils ne
recevaient que 0.08 $US auparavant. (www.birdlife.org/news/news/2009/06/clp_forest_certification)
BirdLife travaille également avec le Marine Stewardship Council, qui attribue un label au poisson provenant de
pêcheries qui ont pris des mesures pour limiter les dommages occasionnés au reste de la biodiversité. Depuis
2004, le Programme mondial pour les oiseaux marins de BirdLife travaille avec les Organisations régionales de
gestion de la pêche (RFMO) qui assurent la collaboration des pays dans la gestion des réserves halieutiques en
haute mer. Le devoir des RFMO est de limiter les “prises accidentelles” d’espèces non ciblées, comme les oiseaux
marins qui, attirés par les appâts disposés sur les hameçons des palangriers sont pris au piège et finissent le plus
souvent noyés.
Les pêcheurs tirent deux avantages des mesures de limitation des prises accidentelles : d’abord, ils gaspillent
moins de coûteux appâts (dans une étude norvégienne, jusqu’à 70 % des appâts ont été perdus) et ils
vendent plus cher leur poisson si leurs pratiques respectent la biodiversité. Dans certaines pêcheries, les
gains économiques cumulés sur une année sont considérables par rapport au coût modique des mesures
d’atténuation.
L’Albatross Task Force (ATF) (groupe de travail sur l’albatros) de BirdLife International collabore étroitement avec des pêcheurs et des pêcheries partout dans le monde pour les aider à élaborer, tester et
promouvoir des mesures évitant les prises accidentelles d’oiseaux marins. En 2008, grâce au travail de
l’ATF et à la bonne volonté des pêcheurs locaux, le nombre d’oiseaux marins morts en raison de la pêche
au thon à la palangre en Afrique du Sud a été réduit de 85 %. Cent pour cent des palangriers pélagiques
du Chili ont désormais adopté une série de mesures d’atténuation qui réduisent sensiblement les prises
accidentelles d’albatros et de pétrels dans la pêche à l’espadon. (www.birdlife.org/news/news/2009/07/
atf_callingcard)
11
10
BirdLife aide les entreprises à minimiser
leur impact environnemental (Pantanal,
Brésil).
Limiter les prises accidentelles d’oiseaux
marins par les palangriers constitue un
succès majeur du réseau BirdLife.
NOTRE TRAVAIL AVEC LES AUTRES SECTEURS D’ACTIVITÉS
NOTRE TRAVAIL AVEC LES AUTRES SECTEURS D’ACTIVITÉS
Dans le monde entier, BirdLife est un acteur puissant qui propose des structures
Dans l’Union européenne, BirdLife veille à ce que les obligations de protection des sites et des espèces prescrites
par les directives Oiseaux et Habitats soient respectées. BirdLife considère la coopération comme la meilleure
approche, donc elle travaille avec les promoteurs et les décideurs pour trouver des solutions.
pour assister les gouvernements et les entreprises dans leur transition vers le
développement durable. Les Représentants officiels de BirdLife reconnaissent que le changement
climatique représente la menace la plus sérieuse pour les hommes et la biodiversité mondiale et qu’il est urgent
de réduire l’utilisation des combustibles fossiles. C’est pourquoi ils travaillent avec les gouvernements nationaux
pour s’assurer, par exemple, que les éoliennes soient placées là où elles causeront le moins de dommages
aux oiseaux et à la faune en général. L’un des Représentants, la RSPB (BirdLife au Royaume-Uni) a établi de
longue date un partenariat avec une importante compagnie d’énergie pour qu’elle fournisse RSPB Energy,
qui approvisionne des foyers privés en électricité générée à 100 % à partir de sources renouvelables. (www.
rspbenergy.co.uk/)
Aux USA, le Représentant de BirdLife, la National Audubon Society, a contribué à convaincre le US Bureau
of Land Management (Bureau d’aménagement du territoire) de changer sa politique de crédit-bail,
pour que la prospection pétrolière et gazière dans l’Etat du Wyoming ne menace plus les zones de haute
valeur en biodiversité. Cette approche basée sur des “zones clés” permet une plus grande prédictibilité
pour planifier l’utilisation des sols ; elle reconnaît l’importance de la vie sauvage et des paysages fragiles,
tout en encourageant l’indépendance énergétique et la croissance économique. (www.birdlife.org/news/
news/2010/01/sage_grouse)
BirdLife se trouvait parmi les premières organisations à mettre en garde contre un enthousiasme infondé pour
les biocombustibles de première génération, qui ont pour effet qu’on alimente les voitures au lieu des gens, et
l’organisation a adopté une position ferme contre la politique de biocarburants de la Commission Européenne.
Le rapport de BirdLife, Fuelling the ecological crisis – six examples of habitat destruction driven by biofuel,
(Alimenter la crise écologique – six exemples de destruction de l’habitat due aux biocarburants) a montré
comment les politiques de l’UE sur les biocarburants contribuent à l’expansion des plantations de palmiers à
huile en Asie du Sud-Est, l’une des principales causes de la destruction des forêts dans la région. La publication
Biofuels – handle with care (Les agrocarburants – à manipuler avec précaution) analyse les défaillances de la
législation de l’UE sur cette question. (www.birdlife.org/eu/EU_policy/Biofuels/eu_biofuels.html)
BirdLife et ses Représentants officiels s’efforcent d’intégrer la biodiversité dans les
politiques sectorielles et les pratiques des gouvernements nationaux. Au cours des dix
dernières années, les Représentants officiels de BirdLife au Brésil, au Paraguay, en Indonésie, à Palau, au Kenya et
en Sierra Leone ont assumé un rôle de plus en plus actif dans le développement d’une politique nationale pour
les forêts.
Au Paraguay, le Représentant de BirdLife Guyra Paraguay est parvenu à remplacer une loi sur les forêts,
établie largement dans l’intérêt de la Fédération des Producteurs de Bois, par une autre qui reconnaît les
droits de toutes les parties impliquées, y compris la Fédération des Producteurs de Bois. Le gouvernement
a désormais demandé à Guyra Paraguay de surveiller toute modification de l’utilisation des sols dans
le pays, à l’aide de la détection à distance par satellite en partenariat avec la NASA. (www.birdlife.org/
news/features/2008/01/guyra_paraguay)
Plus de 320 espèces d’oiseaux vivent dans la Zone de Protection Spéciale (ZPS) du Delta du Danube
en Roumanie. Jusqu’à maintenant, les projets de protection de la nature et de restauration des zones
humides n’ont pas tenu compte de l’évolution sociale et économique dans cette région. SOR (BirdLife en
Roumanie), en partenariat avec l’Institut du Delta du Danube (DDI), le Conseil Général de Tulcea et la
RSPB (BirdLife au RU), a pour objectif de restaurer 1 300 ha de terres dégradées vers la digue de Stipoc
dans le Delta, en alliant la protection de l’environnement, le tourisme, le développement d’entreprises
locales et des créations d’emplois. (www.birdlife.org/eu/pdfs/growth_job_and_biodiversity_2008.pdf)
BirdLife exprime ses préoccupations par l’intermédiaire des conventions
internationales de protection de l’environnement qui traitent des “biens communs”,
comme les Conventions sur la diversité biologique (CDB) et sur les espèces migratrices (CMS), la Convention
sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) et la
Convention de Ramsar sur les zones humides.
BirdLife et ses Représentants ont réussi à persuader les gouvernements de désigner de nombreuses ZICO dans
des zones humides comme sites Ramsar et ont aidé des organisations communautaires locales à obtenir la
désignation des zones humides de leur région.
Entre 1979 et 1996, près de 90 % des mangroves à Kok Kham, dans le Golfe intérieur de Thaïlande, ont
été converties en fermes aquacoles de crevettes. Mais après quelques années de production non durable,
l’industrie de la crevette s’est effondrée et les entreprises d’aquaculture de crevettes se sont orientées
vers d’autres secteurs. La baisse des prises fit comprendre à beaucoup de pêcheurs locaux quelle était
l’importance des mangroves comme zones d’alevinage et comme frayères pour les organismes marins.
Sans la protection des mangroves, les villages subissaient des inondations régulières et une érosion des
terres agricoles.
Les habitants ont alors réagi en prenant leurs propres initiatives pour protéger et replanter les mangroves, avec le soutien de la Bird Conservation Society of Thailand (BCST, BirdLife en Thaïlande). Après
des années de consultations et de réunions entre la BCST, les Groupes Locaux de Conservation et les
différentes parties intéressées, les habitants locaux envoyèrent une pétition au ministre thaïlandais des
Ressources naturelles et de l’Environnement, pour demander que Khok Kham soit désigné comme site
Ramsar, procédure qu’ils considéraient comme une protection contre le développement non durable.
En Thaïlande, pour bénéficier de la désignation Ramsar, les communautés du site doivent s’engager à
sauvegarder leurs zones humides locales, donc cette action fut un premier pas crucial. (www.birdlife.org/
news/news/2010/03/thai_ramsar)
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12
La culture de la canne à sucre pour en
faire un biocarburant a entraîné une
déforestation massive au Brésil.
BirdLife fait en sorte que les obligations
de protection des sites et des espèces
soient respectées (Delta du Danube).
VIVRE EN RESPECTANT LES RESSOUCES DE LA TERRE
VIVRE EN RESPECTANT LES
RESSOURCES DE LA TERRE
“... les sociétés humaines peuvent diminuer les contraintes que nous imposons à la nature sur notre planète, tout en continuant à les utiliser pour élever le niveau de vie de tous les hommes. Pour y parvenir, il
faudra cependant des changements radicaux dans notre exploitation de la nature à tous les niveaux de
décision et de nouvelles façons de coopérer entre les gouvernements, les entreprises et la société civile.”
Evaluation des écosystèmes pour le millénaire, 2005
Les écosystèmes de la Terre ont une étonnante capacité à nous fournir des ressources renouvelables et
à absorber et traiter nos déchets. Mais ces ressources ont des limites que nous dépassons actuellement.
L’Evaluation des écosystèmes pour le millénaire (EM), publiée en 2005, a montré comment la croissance de la
population humaine et de la consommation épuisent les ressources et endommagent les systèmes écologiques
qui fournissent les éléments fondamentaux pour la vie, tels qu’une eau propre, un air respirable, des sols
productifs et un climat stable.
BirdLife travaille avec des gouvernements, des entreprises et des organisations internationales pour s’assurer que les calculs économiques prennent réellement en
compte les services rendus par la biodiversité et les écosystèmes.
Au niveau mondial, la déforestation et la dégradation des forêts représente entre 15 et 20 % de toutes les
émissions de carbone de source humaine, c’est-à-dire plus que la part imputable au transport dans le monde
entier. BirdLife se sert de son programme, les Forêts de l’Espoir, pour piloter, dans les pays tropicaux, des
systèmes innovants de gestion, de financement et de gouvernance pour la protection des forêts.
L’objectif du programme Forêts de l’Espoir, c’est d’éviter la déforestation et de restaurer les forêts sur
une vingtaine de sites couvrant au moins 5 millions d’hectares de forêt tropicale d’ici 2015. Il est prévu
que le premier site, Harapan à Sumatra, dépasse 101 000 ha. Burung Indonesia (Représentant officiel de
BirdLife), BirdLife International et la RSPB (BirdLife au RU) ont coopéré avec le gouvernement indonésien
pour apporter un changement important à la loi sur l’exploitation forestière. Auparavant, les détenteurs
des droits de jouissance étaient obligés de prélever le bois. Les concessions d’abattage durent 25 ans,
mais la nouvelle catégorie de « concessions de restauration » seront conclues pour au moins 100 ans. Burung Indonesia et l’alliance de BirdLife pensent que cette nouvelle loi permettra que beaucoup d’autres
concessions de restauration soient approuvées. (www.birdlife.org/forests)
De nombreux pays en voie de développement disposent de riches ressources naturelles et écosystèmes qui
fournissent des services essentiels au niveau local et mondial. L’intégration environnementale (intégration des
questions environnementales aux projets et programmes de développement) revêt donc une importance vitale.
BirdLife s’attaque aux principales causes de la perte de biodiversité en prônant
l’intégration de la biodiversité dans les politiques et les pratiques.
La Nigerian Conservation Foundation (NCF), Représentant officiel de BirdLife, s’est fortement impliquée pour veiller à ce que la deuxième Stratégie nationale d’autonomisation et de développement
économique (NEEDS-2) accorde une part importante à la biodiversité, à la gestion des ressources
naturelles, au changement climatique et aux sujets connexes. Etant particulièrement concernée, la NCF
sera consultée à mesure que la mise en œuvre de NEEDS-2 progresse. (www.biodiversityinfo.org/casestudy.php?r=response&id=211)
Depuis plus de 20 ans, BirdLife et ses Représentants veillent à ce que la protection de la
biodiversité et des services environnementaux soit intégrée à des stratégies pour
aboutir à des modes de vie durables et à une réduction de la pauvreté.
Dans le sud de l’Etat de Bahia, au Brésil, le système du cabruca de culture du cacao utilise des arbres originaires de la forêt atlantique pour fournir de l’ombre. Dans les années 1990, cette pratique a cessé d’être
viable à cause de la maladie du cacao et des faibles cours des marchés internationaux, si bien qu’on a
commencé à remplacer les arbres par des pâturages ou du café cultivé en plein soleil. SAVE Brasil (BirdLife au Brésil) a lancé un projet pour restaurer le système du cabruca et apporter une valeur ajoutée au
cacao en utilisant des méthodes qui respectent l’environnement. (www.birdlife.org/news/news/2007/06/
people_and_biodiversity.pdf)
Pour réaliser “l’éradication de la pauvreté dans le cadre du développement durable” (comme l’indique le
Consensus européen pour le développement de 2005), l’aide internationale doit contribuer à la gestion et à
la protection des écosystèmes naturels. BirdLife et ses Représentants veillent à ce que l’aide
internationale s’oriente vers la gestion et la protection des écosystèmes naturels et
reconnaisse leur valeur économique et culturelle.
L’Union européenne est le donateur le plus important dans le monde. En 2009, en coopération avec la
FERN et le WWF, BirdLife a analysé l’efficacité des outils destinés à intégrer les questions environnementales à l’aide au développement. Nous en avons conclu que l’UE avait progressé et rendu plus “verte” son
aide au développement, mais qu’elle avait encore beaucoup d’efforts à faire pour atteindre une réelle
durabilité. Puis nous avons élaboré nos programmes de lobbying pour veiller à ce que l’UE respecte ses
engagements en matière de développement durable. (www.birdlife.org/news/news/2009/05/envi_tools)
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BirdLife œuvre pour protéger et restaurer
cinq millions d’hectares de forêt tropicale
(Pérou).
Les programmes de développement doivent
intégrer l’idée que les ressources naturelles
fournissent des services locaux essentiels (Inde)
VIVRE EN RESPECTANT LES RESSOUCES DE LA TERRE
VIVRE EN RESPECTANT LES RESSOUCES DE LA TERRE
Des écosystèmes sains et variés sur le plan de la biodiversité jouent un rôle vital dans l’adaptation au changement
climatique. BirdLife encourage l’utilisation du savoir local, de l’implication et de l’action
BirdLife encourage des politiques de gestion de l’environnement favorisant des écosystèmes d’eau douce, marins et forestiers sains et opérationnels, pour le plus grand
bénéfice des hommes et de la biodiversité.
des communautés dans les Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux,
pour augmenter la résilience des systèmes naturels et sociétaux. Nous apportons
des solutions appropriées localement pour aider les communautés, les pays et les
économies à s’adapter aux défis du changement climatique.
Les trois quarts de la population indigène des Samoa vivent dans des zones côtières basses, mais
les mesures indiquent que le niveau de la mer monte de 3,8 mm par an. O le Si’osi’omaga Society
Incorporated (BirdLife au Samoa) travaille avec la communauté indigène Matafaa à préserver et étendre
les mangroves côtières. La population locale sait par expérience que les mangroves peuvent protéger
leurs terres des inondations et de l’érosion liées aux cyclones et aux tsunamis, qui devraient devenir
plus fréquents et plus puissants avec le changement climatique. Les habitants estiment qu’ils font
ainsi un bien meilleur usage de l’argent du Mécanisme de développement propre de l’UNFCCC qu’en
construisant une digue coûteuse. Contrairement aux barrières en béton à forte intensité carbone, les
mangroves servent aussi de nursery pour les poissons et les crustacés et fournissent d’autres aliments,
du combustible et du bois, ainsi que des herbes médicinales. (www.birdlife.org/climate_change/pdfs/
Ecosystemsandadaption.pdf)
BirdLife lutte pour un système économique mondial qui respecte les capacités de
la Terre à absorber le dioxyde de carbone et autres gaz à effet de serre, et préconise des
mesures d’atténuation du changement climatique comme la Réduction des émissions résultant du déboisement
et de la dégradation des forêts (REDD) dans les pays en voie de développement. En outre, ces mesures permettent
de préserver la biodiversité, de contrôler l’accès aux ressources et le droit de les utiliser tout en bénéficiant aux
populations locales aussi bien sur le plan social que sur celui du développement.
La RSPB (BirdLife au Royaume-Uni) a orchestré une campagne contre des plans du gouvernement pour
construire une nouvelle génération de centrales thermiques au charbon sans technologies de capture
ni de séquestration du carbone. Selon la RSPB, l’ensemble de ses actions a contribué à faire pression sur
E.ON, le promoteur d’une centrale au charbon qui avait été envisagée à Kingsnorth, dans le Kent. En
octobre 2009, E.ON a ajourné indéfiniment son projet de Kingsnorth.
Les écosystèmes d’eau douce ont une importance vitale. Pourtant, les zones humides sont détruites ou
dégradées plus vite que tout autre écosystème et environ 20 % de l’eau douce utilisée dans le monde n’est pas
employée dans une perspective durable. Le réseau BirdLife a travaillé sur toute une gamme d’enjeux sur l’eau à
travers le monde : il s’agit aussi bien de protéger les zones humides et d’y améliorer des moyens d’existence dans
les pays en voie de développement que de demander la gestion et la mise en œuvre en Europe de la Directivecadre sur l’eau de l’Union européenne.
BirdLife a entrepris un travail de conservation des zones humides à Madagascar en 2002. Depuis
longtemps, ces zones revêtent une grande importance pour les Malgaches qui y pratiquent la pêche,
la chasse et la culture. Mais depuis quelques décennies, l’utilisation de ces zones humides est devenue
plus durable.
En vertu de la loi malgache, les populations locales peuvent constituer des associations et acquérir
le droit de gérer de façon durable les ressources naturelles. En coopérant avec les communautés,
l’administration locale et nationale, BirdLife et Asity Madagascar (Membre affilié de BirdLife à Madagascar) ont aidé à créer ces associations.
Des accords de gestion qui intègrent une gestion et des systèmes de protection des ressources à la fois
scientifiques et traditionnels sont maintenant appliqués dans deux importantes zones humides, les
complexes de Mahavavy-Kinkony et de Mangoky-Ihotry. Chaque site est géré par sa propre organisation
“parapluie”, comprenant des représentants des associations locales, du Gouvernement, des chefs traditionnels et des entreprises, Asity Madagascar agissant comme facilitateur et conseiller technique. (www.
birdlife.org/action/ground/madagascar)
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En campagne pour une économie qui
respecte les limites des ressources de la
Terre.
Des écosystèmes sains pour défendre
la vie et les moyens de subsistance
(Madagascar).
LIVING WITHIN THE EARTH’S CAPACITY
LIVING WITHIN THE EARTH’S CAPACITY
L’Union européenne comprend elle aussi des pays pauvres en ressources financières mais riches en biodiversité. Les
agriculteurs et les sylviculteurs européens, tout comme les communautés des pays en voie de développement, ont le
droit de recevoir une compensation pour les services d’écosystèmes qu’ils fournissent et les opportunités économiques
auxquelles ils renoncent. Le Bureau européen de BirdLife fait en sorte que ces coûts et bénéfices soient reconnus et
intégrés aux instruments financiers appropriés de l’UE, tels que le Fonds européen agricole pour le développement rural.
Différentes activités de BirdLife, créatrices de revenus, permettent aux communautés de payer pour la première fois
les frais de transport et les frais scolaires de leurs enfants. Il est également arrivé que BirdLife intervienne de façon plus
directe pour que des enfants puissent aller à l’école.
Riet Vell est une société détenue par l’association SEO/BirdLife (BirdLife en Espagne), qui l’a fondée pour
produire et commercialiser des aliments biologiques issus d’activités agricoles qui respectent la nature
dans les Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux en Espagne. Elle est née grâce à un projet
LIFE de l’Union Européenne visant à cultiver du riz de façon durable dans les zones humides vulnérables
du delta de l’Ebre en Catalogne. En raison de la sensibilité de l’écosystème et de sa biodiversité, il était
impossible d’utiliser des méthodes de culture normales avec des pesticides.
Riet Vell fut constituée comme coopérative avec 200 partenaires et elle acheta 54 ha de zones humides, dont
42 ha furent consacrés au riz et les 12 autres à la restauration de la zone. La coopérative produit de bonnes
récoltes de riz, alors que le nombre d’oiseaux d’eau a augmenté. En octobre 2009, la Fondation Biodiversité
espagnole attribua la qualification “L’innovation en action” à ce projet de plantation de riz. Vu le succès de sa
marque de riz, Riet Vell a commencé à produire des pâtes biologiques à base de blé cultivé dans les fragiles
steppes sèches de la vallée de l’Ebre. (ec.europa.eu/environment/life/news/newsarchive2009/december)
Nous devons aussi reconnaître qu’en plus des avantages matériels quantifiables que nous en tirons, la biodiversité
possède une valeur intrinsèque qui doit être préservée pour elle-même, et qui apporte également des bienfaits à
l’homme. En effet, le seul fait de savoir que les grands écosystèmes du monde sont en bonne santé contribue au
bien-être mental des gens qui ne visiteront peut-être jamais la forêt amazonienne ou ne verront jamais une baleine.
De même, les informations que nous recevons sur la perte de biodiversité, même dans des régions lointaines,
peuvent accroître notre sentiment d’aliénation et d’impuissance. BirdLife souhaite que la protection de
la biodiversité et la santé des écosystèmes soient intégrées à des préoccupations plus
larges et relatives au bien-être humain, à la santé humaine et à la qualité de vie.
Le plus grand potentiel qui permettra d’effectuer les changements sociaux et économiques profonds nécessaires
pour mener des vies enrichissantes dans la sécurité, et dans le respect des ressources de la Terre, se trouve
peut-être dans l’éducation de la prochaine génération de politiciens, d’entrepreneurs, d’agriculteurs et de
défenseurs de l’environnement. BirdLife encourage l’éducation à l’environnement et au
Depuis 2007, BirdLife travaille avec la Société Audubon Haïti (SAH) pour développer des modes de vie
durables dans la zone tampon au sud du Parc national de Macaya. En raison de leur grande pauvreté, les
communautés isolées de cette zone utilisent les ressources naturelles de façon non durable.
L’école de Formon, le village principal, a fermé en 2000. Or c’était la seule à moins de six kilomètres de
marche, si bien que la majorité des enfants, notamment des filles, a cessé de recevoir une éducation
formelle.
SAH, avec l’aide de l’ONG locale Fondation Macaya et de la communauté locale, a rénové l’école, l’a
meublée et a recruté huit enseignants. Les enfants de Formon sont retournés à l’école en 2009. BirdLife
International et son Représentant canadien Nature Canada coopèrent maintenant avec SAH et d’autres
associations pour fournir davantage de lieux d’hébergement aux enfants déplacés lors du tremblement
de terre de janvier 2010.
La réouverture de l’école de Formon, qui s’inscrit dans une initiative plus large de protection de la
nature et de développement, a eu un énorme impact positif sur les parents comme sur les enfants. On
ne voit plus vers Formon cette fumée bien connue due à la production de charbon de bois et au déboisement, et une nette régénération de la végétation naturelle est déjà visible. (www.birdlife.org/news/
news/2010/02/haiti_school)
“Les tendances actuelles nous rapprochent de plusieurs points de non-retour qui signifieraient une
réduction catastrophique des capacités des écosystèmes à fournir ces services essentiels. Ce sont les
pauvres, ceux qui en général en dépendent le plus, qui en pâtiraient les premiers et le plus durement.
Les enjeux sont les principaux objectifs résumés dans les Objectifs du Millénaire pour le développement : la sécurité alimentaire, la réduction de la pauvreté et l’amélioration de la santé.”
Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations unies
développement durable dans les écoles, dans le but de former des citoyens avertis
capables de prendre des décisions éclairées.
Faire le lien entre les enfants africains et la communauté mondiale des défenseurs de la nature implique
des organisations de BirdLife dans 17 pays d’Afrique. Ce projet reliera près de 400 000 membres des Clubs
nature africains (African Wildlife Clubs) entre eux et avec le reste du monde, par le biais d’un réseau électronique régional qui donnera accès, pour la première fois, à beaucoup d’entre eux à l’information et aux
technologies de la communication. Il fera prendre conscience aux enfants des liens entre la durabilité de
l’environnement et l’amélioration de la qualité de vie, contribuant à réaliser les objectifs OMD 7 (assurer
un environnement durable) et OMG 2 (assurer l’éducation primaire pour tous d’ici 2015). (www.birdlife.
org/news/news/2009/09/ghana_wca_workshop)
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SEO/BirdLife cultive du riz durable
dans le delta de l’Ebre en Espagne.
En Zambie, les enfants partagent un
réseau éducatif avec 400 000 autres
enfants.
L’IMPACT DE LA PROTECTION DE
L’ENVIRONNEMENT
Les nouvelles règles du Bureau of Land Management (Aménagement du territoire), élaborées sur les conseils de la National
Audubon Society (Représentant de BirdLife aux USA), limitent l’exploitation des ressources énergétiques à 20 % des terres du
Wyoming qui sont désignées comme zones clés pour le Tétras des armoises Centrocercus urophasianus (“Quasi-menacé”).
Le travail que nous avons présenté fait partie intégrante de la mission du réseau BirdLife, qui consiste à protéger les
oiseaux et les autres composantes de la biodiversité. Nos projets sont souvent centrés sur les Zones Importantes pour
la Conservation des Oiseaux (ZICO), sites particulièrement riches en biodiversité.
La ZICO de la péninsule de Natewa/Tunuloa, sur l’île de Vanua Levu, aux Fidji, renferme l’essentiel des restes de la forêt
primaire sur la péninsule. Elle abrite des espèces et sous-espèces d’oiseaux endémiques à Vanua Levu ainsi que beaucoup
d’autres espèces endémiques aux Fidji. Le GLC (Groupe local de conservation) est en train de créer une zone de plus de 6 000
ha protégée par la communauté locale.
La ZICO du Massif forestier de Ngovayang, au Cameroun, abrite 156 des 215 espèces d’oiseaux du biome forestier GuinéeCongo, notamment le Picatharte à cou gris Picathartes oreas mondialement menacé. On y trouve aussi le Chimpanzée
commun Pan troglodytes, le Pangolin géant Manis gigantea et la Grenouille goliath Conraua goliath, la plus grosse espèce de
grenouille au monde.
La ZICO forestière de l’Escarpement de Kikuyu abrite une riche avifaune, caractéristique des hautes terres du centre du
Kenya. Selon une étude du Représentant de BirdLife, Nature Kenya, la forêt s’est nettement régénérée, en grande partie grâce
au travail du GLC KENVO.
En Egypte, la ZICO Aire protégée du lac Qarun héberge beaucoup d’oiseaux d’eau en hiver et au moins dix espèces s’y
reproduisent. Il est apparu que le GLC avait changé les attitudes locales envers les oiseaux : auparavant, on soupçonne que les
pêcheurs du lac avaient empoisonné 3 000 oisillons de Goéland railleur Larus genei.
La ZICO de la gorge de Kresna, en Bulgarie, est importante pour nombre d’espèces d’oiseaux dont la distribution est restreinte à la Méditerranée. Différents niveaux de protection sont en vigueur dans toute la ZICO, le pâturage et la sylviculture étant
autorisés mais réglementés dans certaines zones.
En Turquie, la ZICO du lac Burdur revêt une grande importance pour les oiseaux d’eau et c’est le site d’hivernage le plus important pour l’Erismature à tête blanche Oxyura leucocephala dont elle abrite les deux-tiers de la population mondiale. Cette ZICO
est presque entièrement classée comme Réserve naturelle permanente et site Ramsar.
La ZICO de Kfar Zabad est un petit marais dans la vallée de la Bekaa, au Liban, sur la principale route de migration des oiseaux d’eau africains et eurasiens à travers le Proche-Orient. Quand l’association SPNL a commencé son travail, le marais était
menacé par le drainage, par la chasse, le pâturage et la décharge incontrôlés ainsi que l’abus de substances agrochimiques.
Grâce à la mise en place du GLC et d’un comité local de gestion, les principales menaces ont disparu.
La ZICO du delta du Danube fait partie d’une des plus grandes zones humides au monde et abrite plus de 320 espèces
d’oiseaux. L’Administration du delta du Danube, avec le soutien de SOR (BirdLife en Roumanie), essaie régulièrement
d’harmoniser les lois régissant le delta avec la législation européenne sur les oiseaux et les habitats.
Il subsiste moins de 1 600 ha de mangroves dans la ZICO du Golfe intérieur de Thaïlande. Elles ont été remplacées par au
moins 10 600 ha de salines et au moins 80 000 ha de bassins à crevettes, dont beaucoup sont à l’abandon. Cette ZICO est l’un
des sites les plus importants pour les oiseaux d’eau migrateurs en Asie du Sud-Est continentale. Il faut engager des actions de
protection de la nature sur tout le site, pour contrôler la surexploitation des ressources naturelles et favoriser des méthodes
d’utilisation des sols appropriées.
Outre 235 espèces d’oiseaux, dont six mondialement menacées au niveau mondial, la forêt d’Harapan à Sumatra héberge
une vingtaine de Tigres de Sumatra, qui sont désormais entre 100 et 300 à l’état sauvage, ainsi que beaucoup d’autres espèces
de mammifères mondialement menacées.
Dans une zone de forêt relativement petite, la ZICO de la Serra das Lontras, dans l’Etat de Bahia, au Brésil, comporte des
populations de 11 espèces d’oiseaux mondialement menacés. Quatre de ces espèces sont nouvelles pour la science et une
cinquième, décrite il y a plusieurs années, représente un nouveau genre et dépend des arbres de la canopée dans les cabrucas.
Parmi les espèces qui bénéficieront de la restauration des mangroves par la communauté du village indigène matafaa dans
la ZICO où il se trouve, on compte le Canard à sourcils Anas superciliosa, l’Aigrette sacrée Egretta sacra, le Martin-chasseur des
Samoa Todiramphus recurvirostris, le Cardinal Myzomela Myzomela cardinalis et le Méliphage foulehaio Foulehario carunculatus.
Historiquement, la ZICO Mahavavy-Kinkony comptait toutes les espèces d’oiseaux des zones humides de l’ouest de Madagascar, nombre d’entre elles étant endémiques. Plusieurs espèces clés, notamment le Pygargue de Madagascar Haliaeetus
vociferoides, classé « En danger critique » et le Râle d’Olivier Amaurornis olivieri, classé « En danger » ont probablement disparu du
lac Kinkony du fait de la sédimentation excessive, de la chasse et de la destruction de l’habitat.
La pollution due aux substances agrochimiques provenant de la production de riz « conventionnelle » n’est que l’une des
nombreuses menaces qui pèsent sur la ZICO du delta de l’Ebre en Espagne, l’un des plus importants sites méditerranéens de
reproduction, de passage et d’hivernage des oiseaux d’eau.
Le Parc national de Macaya, à Haïti, dans la zone clé pour la biodiversité du massif de la Hotte, abrite l’une des quelques
colonies reproductrices connues du Pétrel diablotin Pterodroma hasitata, espèce menacée, et divers oiseaux, amphibiens et
mammifères mondialement menacés et à distribution restreinte.
Le Mpingo Conservation Project travaille en coopération avec le District Forestry Office à Kilwa, dans le sud-est de la Tanzanie,
près de la ZICO des forêts côtières du district de Kilwa. Parmi les espèces d’oiseaux importantes dans cette région, il y a le
Circaète barré Circaetus fasciolatus et le Souimanga de Reichenow Anthrepes reichenowi. Ce projet permet de développer une
Gestion forestière participative (GFP), qui implique de garder une zone de forêt comme réserve forestière villageoise (VLFR).
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DONATEURS
Accord sur la conservation des
oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique
et d’Eurasie (AEWA)
Agence canadienne de développement international (ACDI)
Agence espagnole de coopération
internationale pour le développement
Agence européenne pour
l’environnement
Agence finlandaise pour le développement international (FINNIDA)
Arcadia Fund
Art for Nature Foundation
ASEAN Regional Centre for Biodiversity Conservation
Ashden Trust
Austrian Lebensministerium
Banque Mondiale
Big Lottery Fund
Bureau des Nations Unies pour
les services d’appui aux projets
(UNOPS)
Comic Relief
Commission européenne
Community Empowerment Fund
(IFAD) Council of Agriculture (COA),
Forestry Bureau, Taiwan
Conseil de l’Europe
Coutts Environment Donor Advised Fund
David Webster Trust
Department for International
Development (DFID), Gouvernment
du RU
Disney Worldwide Conservation
Fund
Ernest Kleinwort Charitable Trust
Flemish Fund for Tropical Forests,
Administré par la Division of Forests (AMINAL, The Ministry of the
Flemish Community) & Groenhart
vzw
Fondation Prince Albert II de
Monaco
Fondation Aage V Jensen
Fondation A G Leventis
Fondation David & Lucile Packard
Fondation John et Catherine T
MacArthur
Fondation Lannan
Fondation Loro Parque
Fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques (CEPF)
Fonds Marshall allemand
Fondation MAVA
Fonds pour l’environnement mondial (FEM)
Forestry Bureau of the Council of
Agriculture – Taiwan
Garfield Foundation
Golden Bottle Trust
Gouvernement turc
Greek Ministerium on Natura 2000
HRH Prince Bernhard of the Netherlands Trust
HSBC Fund for Nature – Singapore
International Institute for Environment & Development
J Aron Charitable Foundation
James Gibson Charitable Trust
Japan Fund for Global Environment
Keidanren Nature Conservation
Fund
March Foundation
Marshall- Reynolds Foundation
Ministère de l’Agriculture, de la Nature et de la Qualité des Aliments,
Gouvernement néerlandais
Ministère des Affaires étrangères
danois (Danida)
Ministère des Affaires étrangères
de Taiwan
Ministère des Affaires étrangères,
Gouvernement néerlandais
Ministère de l’Environnement,
Gouvernement du Japon
Mitsubishi Corporation Fund for
Europe and Africa
Moore Charitable Trust
N2K
Nando Peretti Foundation
NAYAMLAP Foundation
Norwegian Agency for Development
Cooperation (NORAD)
Postcodeloterij, Pays-Bas
Regional National Heritage
Programme (Gouvernement
australien)
Simpson Education &
Conservation Trust
Programme suédois pour la biodiversité
(SwedBio), Gouvernement suédois
Tasso Leventis Foundation
The Bromley Trust
The Darwin Initiative, Gouvernement du RU, Department for
Environment,Food and Rural Affairs
(DEFRA)
The Tolkein Charitable Trust
Programme des Nations Unies pour
le développement (PNUD)
Programme des Nations Unies pour
l’environnement – Centre mondial
de surveillance de la conservation
de la nature (PNUE–WCMC)
Programme des Nations Unies pour
l’environnement (PNUE)
United States Fish & Wildlife
Service
Wallace Global Fund
Wallace Research Foundation
Wetlands Trust
PHOTOGRAHIES
Couverture : Martin Fowlie
Deuxième de couverture : Murray
Cooper
Page 1 : Wil Meinderts/
FotoNatura
Page 2 : SPNL
Page 3 : ATF (gauche)
Singes à l’étranger ; flickr (à droite)
Page 4 : UWEBKK; flickr
Page 5 : Haribon
Page 6 : Guy Shorrock; rspbimages.com
Page 7 : Jiro Osee; SPNL
Page 8 : Guyra Paraguay
Page 9 : Jonathan Barnard
Page 10 : Jonathan Stacey
Page 11: Meidad Goren; ATF
Page 12 : L C Marigo
Page 13 : Daniel Petrescu
Page 14 : Murray Cooper
Page 15 : photographie Michael
Foley ; flickr
Page 16 : David Levenson; rspbimages.com
Page 17 : Paolo Volponi/BirdLife
Page 18 : J.C. Cirera; SEO/BirdLife
Page 19 : Société zambienne
d’ornithologie
Page 20 : www.JamesWarwick.co.uk
BirdLife International est la plus grande alliance mondiale d’organisations de protection de la nature
et la première organisation en termes de conservation de l’avifaune. L’approche unique de BirdLife
qui allie dans un même mouvement le local et le global, permet une protection de l’environnement à
long terme pour le plus grand bénéfice des hommes et de la nature.
www.birdlife.org
BirdLife International est une association à but non lucratif enregistrée au Royaume Uni sous le no 1042125
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