LES_ADDICTIONS_SANS_DROGUE_(formation_JEUX)

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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Pr Jean-Luc VENISSE
POLE UNIVERSITAIRE D ADDICTOLOGIE ET PSYCHIATRIE CHU NANTES
1
LES ADDICTIONS SANS DROGUE
« Comme la vie est lente
Et comme l espérance est violente »
G. APOLLINAIRE (Alcools)
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
N e u r o b io lo g y o f A d d ic tio n
P h a r m a c o lo g ic a l a n d N e u r o p h y s io lo g ic a l T r e a t m e n ts
W im v a n d e n B rin k
A m s te r d a m In s titu te fo r A d d ic tio n R e s e a rc h
A c a d e m ic M e d ic a l C e n te r U n iv e r s ity o f A m s te r d a m
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
A d d ic tiv e S u b s ta n c e s a n d A d d ic tio n
A d d ic tiv e S u b s ta n c e s
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
M e d ic in e , D r u g o r D o p in g
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
M e d ic in e , D r u g o r D o p in g
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M e d ic in e , D r u g o r D o p in g
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M e d ic in e , D r u g o r D o p in g
V ia g a ra
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F o o d , D r u g o r D o p in g
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A d d ic tiv e S u b s ta n c e s
S u b s ta n c e s w ith a re w a rd in g
n a tu re th a t m a k e y o u fe e l g o o d
(E U P H O R IA )
S u b s ta n c e re s u ltin g in c ra v in g in
c e rta in p e o p le a fte r re p e a te d u s e
(C R A V IN G )
S u b s ta n c e s th a t le a d to lo s s o f
c o n tro l (L O S S O F C O N T R O L )
H e t w a te r lo o p t in je m o n d
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A d d ic t io n , H a b it o r H o b b y
s u b s t a n c e , r e w a r d , b e h a v io r , m e m o r y
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I
INTRODUCTION
II
VALIDITE SCIENTIFIQUE A PLUSIEURS NIVEAUX DE L APPROCHE
TRANSVERSALE DE L ENSEMBLE DES ADDICTIONS, AVEC OU
SANS DROGUES
1 - niveau clinique et comportemental
2 - niveau neurobiologique
3 - niveau des facteurs de risques et de vulnérabilité
4 - niveau psychopathologique
III
DES CRITERES TRANSVERSAUX
IV
INTERET D UNE EVALUATION TRANSVERSALE
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
V
UN ABORD THERAPEUTIQUE AUX REFERENCES DE BASE COMMUNES
VI - APERCU DE QUELQUES UNES DE CES ADDICTIONS
COMPORTEMENTALES
1 - les conduites boulimiques
anorexiques
2 - les conduites de jeu excessif (jeux de hasard et d argent)
3 - Le problème des jeux vidéos
4 - les autres addictions sans drogues
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
I - INTRODUCTION
Elles occupent une place centrale au sein de l addictologie, oubliées des
pouvoirs publics, mais de moins en moins (cf Plan Addiction 2007-2011)
Mon intérêt est lié à un parcours personnel ayant commencé autour des
Troubles des Conduites Alimentaires pour s élargir progressivement :
anorexie - boulimie - alcoolisations du sujet jeune - SPA illicites jeu
pathologique.
Congrès 1990 « Les Nouvelles Addictions »
Unité Addictions 1990
Service d Addictologie 2003
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Leur prise en compte permet :
de relativiser la place du produit autrefois un peu aveuglante
de s inscrire dans l évolution des idées de ces quinze dernières
années avec le décalage de l approche par produit vers l approche
par comportements.
cf position CN thique, Rapports Roques et Parquet Reynaud
Plan gouvernemental 1999 2002 N. MAESTRACCI
d élargir l angle de vue pour ne pas méconnaître les associations et
relais de conduites si fréquentes et pas seulement chez les
jeunes !
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II - VALIDITE SCIENTIFIQUE A PLUSIEURS NIVEAUX DE L APPROCHE
TRANSVERSALE DES ADDICTIONS
1
Niveau clinique et comportemental
Parenté étroite
» des séquences cognitivo-comportementales
» du vocabulaire des patients
» de la position du patient (avec la question du déni
notamment) et de celle de l entourage
» des phénomènes de tolérance et de sevrage
Comorbidités communes
» psychiatriques - Troubles anxieux
- Troubles de l humeur
* dépressifs
* bipolaires
- Notion de personnalité antisociale
» addictives
SPA
alcool - jeu
alcool - boulimie
BZD
psychostimulants - anorexie
boulimie multi-impulsive
autres addictions sans drogues
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Notion de facteurs de risque, de vulnérabilité et de protection identiques
cf ce tableau extrait d un article récent sur les facteurs de risque pour le jeu pathologique
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
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2 - Niveau neuro-biologique avec la mise en action des mêmes voies finales
communes, notamment dopaminergiques mésolimbiques (avec leurs
principales cibles neuro-anatomiques : ATV, noyau accumbens, cortex
préfontal
et leurs marqueurs génétiques. Allele A1 du gêne récepteur
DRD2 et A7 DRD4), étroitement articulées aux systèmes opioïdes
endogènes et cortico-surrénaliens [et également aux structures
noradrénergiques (locus coeruleus) et sérotoninergiques (raphé médian)
chargées en amont de réguler de façon couplée le traitement des signaux
les plus perturbateurs pour notre homéostasie psycho-physiologique
notion de découplage - JP TASSIN]
3
Niveau psycho-pathologique, avec
des fonctions voisines pour toutes ces conduites de recherche de
soulagement/anesthésie
stimulation
reflet fragilité narcissique et difficulté à utiliser les ressources internes
Fragilité narcissique qui se révèle souvent à l adolescence autour des
exigences de séparation - individuation liées à cette période du
développement psycho-affectif (P. BLOS)
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Dans cette mesure les différentes conduites addictives peuvent
avoir valeur
d agirs incorporatifs répétitifs
actes anti-éprouvés avec une fonction défensive vis-à-vis
d affects dépressifs non structurés
Ces conduites addictives représentent un compromis acrobatique
entre revendication d autonomie et nécessité de l esclavage de la
dépendance (au prix d un déni de la réalité et la représentation de
cette dépendance).
On peut parler d auto-traitement de substitution d une dépendance
inélaborable à l entourage le plus proche, de problématique du lien,
et également de processus anti-développemental « panne
d adolescence ».
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
III
DES CRITERES TRANSVERSAUX :
Le modèle d Aviel GOODMAN
Elaboré pour théoriser les pratiques sexuelles addictives
Critères selon les principes descriptifs du DSM voisins des critères de la
Dépendance à une substance
1980 : British Journal of Addiction
1998 : « Sexual Addiction »
Addiction : condition selon laquelle un comportement susceptible de
donner du plaisir et de soulager des affects pénibles est utilisé d une
manière qui donne lieu à deux « symptômes clés »
1) échec répété de contrôler ce comportement («perte du contrôle »
de JELLINEK)
2) poursuite de ce comportement malgré ses conséquences négatives
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Les critères du Trouble Addictif
(A. GOODMAN, 1990)
A) Impossibilité de résister à impulsion de s engager dans le comportement
B) Tension croissante avant d initier le comportement
C) Plaisir ou soulagement au moment de l action
D) Perte du contrôle en débutant le comportement
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
E) Cinq des critères suivants ou plus :
1) Préoccupation fréquente pour le comportement ou l activité qui prépare à
celui-ci
2) Engagement plus intense ou plus long que prévu dans le comportement
3) Efforts répétés pour réduire ou arrêter
4) Temps considérable passé à réaliser le comportement
5) Réduction des activités sociales, professionnelles, familiales du fait du
comportement
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Les critères du Trouble Addictif (3)
6) L engagement dans ce comportement empêche de remplir des
obligations sociales, familiales, professionnelles
7) Poursuite malgré les problème sociaux
8) Tolérance marquée
9) Agitation ou irritabilité s il est impossible de réduire le comportement
F) Plus d un mois ou de façon répétée pendant une longue période
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Les critère de Goodman sont repérés et complétés dans tous les travaux
récents sur l addiction
* Maddox et al. 200
* Schaffer et al. 1999
* West : 2001
* Petry : 2006
* Potenza : 2006
1 Etat de « craving » avant l engagement dans le comportement
2 Altération du contrôle de l engagement dans le comportement
3 Poursuite de cet engagement malgré ses conséquences négatives
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Ces critères rendent préférable le terme d Addiction à celui de Dépendance
(ex. de dépendances pharmacologiques à un produit ou médicamentsans les effets destructeurs et négatifs de l addiction. Exemple de la
Méthadone
dépendance physiologique sans addiction).
Ces critères : inclusion de certains comportements dont le Jeu
Pathologique (mais aussi Achats compulsifs, addiction sexuelle ) dans la
catégorie des Addictions
Recommandations du NIDA aux Etats-Unis,
2002.
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Les critères « du Trouble Addictif » (Goodman 1990) sont calqués sur
ceux de la Dépendance (DSM III, IV)
L addiction (selon Goodman) se situe entre impulsion et compulsion
Impulsion : recherche du plaisir ou d une gratification immédiate
Compulsion : soulagement des tensions et réduction des affects
pénibles
Addiction : partage, selon les moments évolutifs, les caractéristiques
de l impulsion et de la compulsion
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Le Trouble Addictif, défini par Goodman, et repris par de nombreuses études
récentes, est un concept :
Large
Extensif
Incluant les addictions à une substance et à un comportement
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IV
INTERET D UNE EVALUTATION TRANSVERSALE
Une évolution transversale peut être facilitée par un outil simple : cf l outil
de repérage utilisé dans le service
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
IV - UN ABORD THERAPEUTIQUE, QUI MALGRE QUELQUES
SPECIFICITES S APPUIE SUR LES MEMES REFERENCES DE BASE :
Notion d objectifs élargis, au delà de la seule disparition de la conduite
Notion de RDR devenue elle aussi transversale
Notion d engagement dans la durée d une équipe pluridisciplinaire
stable (continuité fiabilité)
Notion de cheminements par étapes (step by step) incluant
» Travail motivationnel
» Prévention et accompagnement des rechutes
Place essentielle dans cette mesure des soins ambulatoires intensifs
Place centrale également des thérapies cognitives et
comportementales, individuelles et de groupe, ainsi que des approches
familiales
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
V
LISTE DE CES ADDICTIONS COMPORTEMENTALES LONGUE ET EVOLUTIVE
Non limitative, dès lors que ce n est pas d abord la nature de l objet qui prime mais le
mode de relation avec lui (et l impact de celui-ci sur le sujet).
Parmi les plus classiques et venant illustrer les différentes figures de cette
problématique du lien
1 Les addictions alimentaires
Dans leurs formes extrêmes opposées, mais souvent associées, de l anorexie et la
boulimie
avec la place centrale de la boulimie
historique de LASEGUE à RUSSEL « Toutes les anorexiques sont des
affamées » (M. SELVINI)
- « La boulimie comme toxicomanie sans drogue dès 1945) (WULFFENICHEL)
« Rester vide mince et dure pour sauvegarder une intégrité, une valeur,
voire une perfection et une puissance excitante qui est venue battre en
brèche le besoin de se gaver comme le besoin de l autre, le premier
n étant que le substitut pervers du second » (B. BRUSSET)
évolution des critères diagnostiques DSM et réalité clinique de
l association
une séquence comportementale évocatrice
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
avec dans l anorexie restrictive la toxicomanie endogène liée à la
restriction et l hyperactivité
avec la fréquence des autres addictions associées, à des SPA et sans
drogues
L anorexie touche 0,9 % des femmes et la boulimie 1,5 % mais en intégrant
les formes subcliniques un adolescent sur 10 est concerné et 5 à 10 % des
formes avérées d anorexie mentale en meurent (cf SANTE DE L HOMME
mars-avril 2008)
Ces addictions alimentaires illustrent tout particulièrement la spécificité du
lien nourricier mère-fille et la question du sevrage (dans son sens premier)
ainsi que les difficultés de la séparation - individuation.
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
2 - Les conduites problématiques de jeux de hasard et d argent (JHA) qui viennent
elles plutôt « titiller » le lien père-fils se sont multipliées à partir d une
augmentation notable d une offre diversifiée des trois opérateurs : Française des
Jeux PMU Casinos et de jeux ayant un potentiel addictif important (lié
notamment à la brièveté du délai entre mise et gain ainsi que fréquence de jeu
possible)
Prévalence jeu pathologique et à risque entre 1 et 3 % de la population en
moyenne partout dans le monde (600 000 à 1 800 000 français) cf rapport
MILDT - Expertise collective INSERM (Ed INSERM 2008)
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Ces conduites de jeu pathologique (et aussi d achats) avec leurs
conséquences (dommages) notamment financières illustrent le fait qu en
l absence d élaboration symbolique et de la dette de filiation (qui nous
permet d assumer notre dépendance à nos ascendants) c est le
comportement (et ici la dette financière) au père qui couvre le découvert
qui tente d éponger celle-ci.
cf éthymologie du terme Addiction
cf aussi Le joueur DOSTOÏEVSKI
et « DOSTOÏEVSKI et le parricide » de FREUD
cf enfin la dimension ordalique de ces conduites (voir addiction au
risque plus loin)
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
L appartenance du Jeu Pathologique au registre des addictions est discutée
par certains. Quels sont les arguments en faveur ?
Clinique
* Certains critères du J.P sont identiques à ceux de la Dépendance (DSM IV-TR)
- Préoccupation par le jeu
- Besoin de jouer des sommes d argent croissantes pour atteindre l état
d excitation désiré (tolérance)
- Efforts répétés mais infructueux pour contrôler, réduire ou arrêter
- Agitation et irritabilité lors des tentatives de réduction ou d arrêt du jeu
(sevrage)
* Critère communs Dépendance
J.P.
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Clinique (suite)
Autres traits communs J.P.
Addictions
Taux élevés chez adolescents et adultes jeunes
Taux élevé d impulsivité
Le type II (Cloninger) ou Type B (Babor) de l alcoolisme peut être
appliqué au J.P. : relation entre gravité et début précoce (Potenza
2000 ; Lynch 2004)
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Clinique (suite)
Différences comparables du sexe-ratio (plus d Hommes)
Phénomène de « télescopage » avec début plus tardif chez les femmes
et évolution plus rapide vers la dépendance commun à l Addiction et au
J.P. (Potenza et al. 2001 ; Tavarès et al. 2001)
Influence des facteurs socio-culturels et ethniques sur le J.P. et les
abus de substances
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Données sociodémographiques :
L âge jeune, le sexe masculin, le bas niveau socio-économique,
l appartenance à des minorités ethniques favorisent J.P. et abus de
substances et dépendance (Petry 2005 ; National Research
Council 1999)
Mais aucune spécificité de ces facteurs associés à de multiples
troubles psychiatriques
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Comorbidité
Co-occurrence élevée entre J.P. et abus de substances dans toutes les
études.
Etude E.C.A. (Kessler, 1994
joueurs à problèmes non joueurs
consomment plus de tabac et d alcool, ont les critères abus ou
dépendance, mais ont aussi les critères d autres troubles
psychiatriques (pers. Antisociale, troubles anxieux, dépressifs et
psychotiques )
Etude NESARC (43 000 sujets) : co-occurrence fréquente entre J.P. et
nombreux troubles Axe I et Axe II
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Données psychophysiologiques
Dysfonction du lobe frontal chez les J.P. et les Addicts (cortex préfrontal++)
Difficultés d attention, mémoire, fonctions d exécution comparables chez
J.P. et addicts (Regard et al 2003 ; Goldstein et al 2004)
Plusieurs études récentes montrent aux taches de prise de décision
les
choix suivant les pertes sont plus risqués, avec activité cérébrale chez
les J.P. et les addicts, joueurs ou non, comparés aux contrôles (Petry et al
2001 ; Casedini et al 2002, Willonghby et al 2002).
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Données neurobiochimiques
Nombreux systèmes de neurotransmission impliqués à la fois dans le
J.P. et les abus de substances.
Dopamine,
récompense et renforcement dans les addictions
Données contradictoires des études dans le J.P. (Borg et al. 1997 ;
Roy et al. 1989)
Circuit cérébral dans l addiction : voies dopaminergiques
mésolimbiques reliant aire segmentale ventrale et Nac. ou striatum
ventral (Nestler et al. 1997)
Données comparables dans le J.P. (Chamlers et al. 2003)
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Données neurobiochimiques (suite)
Systèmes sérotoninergiques impliqués dans Alcoolisme et J.P. (taux
bas HIAA dans le LCR chez J.P. et Alcoolisques ; Potenza, 2002)
taux MAO plaquettaires des J.P., TCI, Addicts.
Réponses à l agoniste partiel de la sérotonine mCPP distinguent sujets
PG ou addicts des contrôles (Potenza, 2002)
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Données neurobiochimiques (fin)
Modification opiacés endogènes dans l addiction et le J.P. (données
contrastées).
Relativiser les résultats des travaux neurobiochimiques car
Faiblesse des échantillons
Proposants avec comorbidité addictive et psychiatrique
Techniques différentes pour l étude du LCR et la mesure des
métabolites (Pétry, 2006)
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Données génétiques
Etude de jumeaux (Eisen et al. 1998)
Les facteurs familiaux expliquent 62 % variance dans le risque de
développer J.P
Relation linéaire entre Abus d alcool/Dépendance et J.P. dans cet
échantillon
Association Allèle Taq-A1 du récepteur dopaminergique D2 et J.P. Le
même allèle associé aux troubles impulsifs, compulsifs et aux addictions
(Blum et al. 1995)
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Données génétiques (suite)
Gène DRD4 relié aux trouble de l attention, J.P., addictions
Etude de Comings (2001), 139 joueurs et 139 contrôles. Gènes codant
pour DRD2, DRD4, transporteur de la dopamine DA1 associés au J.P.
(8 % de la variance). Risque accru, en présence de ces gènes, de
développer des troubles impulsifs et Abus de substance
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Nombreux arguments permettent de considérer le J.P. comme une
addiction :
Critères cliniques : perte du contrôle, poursuite malgré les
conséquences négatives, modification de la tolérance,
phénomènes de sevrage.
Comorbidité élevée J.P./addictions
Données physiologiques, biologiques, génétiques communes
Similarités des approches thérapeutiques
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
LE JEU PATHOLOGIQUE : UNE ADDICTION SANS PRODUIT
Intérêt pour le dépistage du Jeu Pathologique dans les programmes de
traitement des addictions.
Considérer le Jeu Pathologique comme une addiction permet de
focaliser l intérêt sur cette pathologie
Intérêt de la prise en charge du Jeu pathologique dans les services ou
consultations d addictologie
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
« C était le moment de m en aller mais un étrange désir s empara
de moi. J avais comme besoin de provoquer la destinée, de lui
donner une chiquenaude, de lui tirer la langue. J ai risqué la
plus grosse somme permise, 4 000 florins, et je l ai perdue ».
DOSTOIEVSKI (Le Joueur)
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
3
le problème des jeux vidéos est de plus en plus régulièrement soulevé avec
comme toujours de fortes oscillations entre diabolisation et banalisation.
En fait une illustration parmi beaucoup d autres de la place nouvelle prise par
les NTIC révolution culturelle et médiatique mais aussi économique et sociale
(R. DEBRAY)
Nouveau « cordon ombilical numérique » avec téléphones portables, MSN,
blogs
« Hygiaphone sentimental » permettant d échapper à la dictature de
l apparence, en mettant le corps hors jeu (P. LARDELIER « Le pouce et la
souris »).
Mais constituant une vraie fracture générationnelle d où le stress de parents
« obnubilés par quelque chose qui leur échappe » (S. TISSERON)
Les problèmes d addictions aux jeux vidéos concernent très prioritairement
les jeux de simulation en ligne en univers persistant. MMORPG
cf WOW
> 10 millions de joueurs
» 70 % > 2 ans d abonnement
» Hommes jeunes surtout
» Seulement 20 % de mineurs
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Risques addictifs à la mesure des enjeux narcissiques et identificatoires là
encore
Sentiments de puissance (hiérarchie dans la Guilde) mais également
dépendance au groupe.
Identification forte à un avatar paré de beaucoup de qualités rêvées
Développement de possibilités relationnelles insoupçonnées (« frères
d arme »), notamment en cas de difficultés dans la vie réelle (phobie
sociale)
Dans plusieurs études environ 10 % joueurs addicts
Mais aspects positifs, structurants, voire auto-thérapeutiques de ces jeux
espace de socialisation
expérimentation contrôlée du monde et de soi dans le monde (M.
STORA, S. TISSERON)
La place et la responsabilité spécifiques d Internet dans les différents
comportements addictifs constatés, comme vecteur ou objet même
d addiction, est discutée
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
« Un peu d amour, c est comme un peu de bon vin
l un ou de l autre rendent un homme malade ».
Trop de
J. STEINBECK (Tortilla Flat)
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
4) Autres addictions sans drogues
Les conduites d achats compulsifs, souvent rapprochées des JHA
concernent avant tout des femmes d âge moyen, avec une fréquence
remarquable des comorbidités dépressives.
Les dépendances affectives et sexuelles qu il s agisse de la dépendance
à un certain type de relation amoureuse (séduction, passion, fusion )
de la dépendance à l autre ou de la dépendance sexuelle sous
différentes formes
cf F.X. POUDAT La dépendance amoureuse ed. O. JACOB. 2005
La dépendance à l amour passion comme recherche de
sensations fortes
La dépendance à l autre comme recherche de la fusion conjugale
La dépendance à la séduction comme drogue compulsive
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
L appartenance addictive de certaines aliénations sectaires est
également un sujet de réflexion passionnant, avec là encore des
effets de rencontre entre les facteurs de vulnérabilité de l adepte, son
parcours, et les spécificités du discours de la secte.
Les addictions sportives, et pas seulement en terme de dopage
puisqu il a été montré que la pratique sportive intensive et en
compétition (pas seulement chez les sportifs de haut niveau) était
susceptible de comporter des risques addictifs, et notamment
l association à des conduites anorexiques-boulimiques dans certains
cas, ou surtout la bascule vers la pharmaco-dépendance après l arrêt
de la pratique sportive (même en l absence de pharmaco assistance
antérieure du type dopage). 20 % des toxicomanes à l héroïne
substitués à la clinique Monte Christo avaient de tels antécédents
sportifs W. LOEWENSTEIN
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
- Les addictions au travail souvent oubliées tant elles peuvent concerner ceux
qui s intéressent aux problématiques addictives. Elles peuvent rendre compte de
certains états de «burn out».
Importance d insister encore sur le fait que ce n est pas l objet qui définit
l addiction mais le mode de relation qui s est construit avec lui, avec ses
conséquences négatives.
Risque de stigmatisation et de médicalisation abusive qui n est souvent
rien d autre qu une forme de jugement moral
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Les conduites à risque répétitives et l addiction au risque vont sous des
formes très diverses également pouvoir s inscrire dans le même registre
Risque recherché activement et non subi, dans certaines
consommations massives de SPA, mais aussi divers comportements à
risque
sur la VP
à distance de toute démarche exploratoire
au niveau sexuel
et autres
Elles permettent de mettre en avant quelques fonctions et dimensions de
personnalité également évoquées à propos d addictions à des SPA comme
la recherche de sensations et l impulsivité ou encore l ordalie
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
1 - la dimension "recherche de sensations"
- dimension de personnalité développée dans les années 1960 par M.
ZUCKERMAN
- définie par la recherche de sensations et d'expériences variées,
nouvelles, intenses, ainsi que par la volonté de prendre des risques
à différents niveaux pour obtenir ces expériences
- Retrouvée beaucoup plus souvent que dans la population générale
chez les toxicomanes
joueurs pathologiques (apparemment surtout en cas
de pratique sur les lieux de jeu même)
autres preneurs de risques
- Associée à la notion d'un niveau d'activation cérébrale insuffisant (avec
ses marqueurs biologiques) mais aussi à une difficulté à mobiliser les
ressources du monde interne, des représentations et des émotions
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
2
La notion de conduites ordaliques
- resitue, elle, la question du risque par rapport à celle de hasard
- faisant de certaines conduites à risques
* une manière de tester le destin ou de consulter les oracles
* de s'en remettre au jugement de Dieu (cf. Ordalie au moyen-âge)
- avancée par A. CHARLES NICOLAS et M. VALLEUR à propos des
toxicomanes, cette référence souligne les difficultés à la séparation/individuation
à nouveau pour ces sujets
* dans une dépendance inélaborable à leur entourage le plus proche
* menacés dans la relation à l'autre de perdre
leur sentiment d'identité
la perception de leurs limites propres
- et dans la nécessité d'aller les vérifier à travers ces conduites extrêmes
et cette confrontation
- au danger
- et à la mort
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Le rôle joué par notre société à ce sujet est indéniable
qui tout en stigmatisant certaines de ces conduites
en valorise beaucoup d'autres
(cf. les héros des temps modernes
et le culte de la performance)
voir notamment les travaux de A. EHRENBERG et D. LEBRETON
qui oblige chacun à se construire lui-même les repères de sa vie là où ils
étaient auparavant plus largement définis par un ensemble de traditions et de
valeurs.
Vertige de cette liberté sans limites qui a à voir avec la problématique du vide
qui habite beaucoup de ses jeunes.
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
« En s'affrontant physiquement au monde,
en jouant réellement ou métaphoriquement avec sa vie,
on force une réponse à la question de savoir
si l'existence vaut ou pas d'être vécue
.
On peut parler de résurgence du sacré
sous une forme inédite
de quête et falsification de sens. »
D. LEBRETON
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LES ADDICTIONS SANS DROGUE
Comment éviter les pièges du jugement moral de la médicalisation
abusive voire de l effet de mode tout en prenant compte la souffrance
et les dommages liés à des addictions qui n ont rien à envier à leurs
homologues plus classiques à des SPA ?
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CHU NANTES
Pôle Universitaire d Addictologie et Psychiatrie
Service d Addictologie
44000 NANTES
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