La consommation et l

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LA CONSOMMATION ET L’EPARGNE (10)
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La consommation et l‘épargne sont les deux opérations économiques consistant à utiliser le revenu disponible.
Les agents économiques affectent leur revenu à la consommation ou à l’épargne en vue de satisfaire leurs besoins
immédiats ou futurs.
 La consommation est l’opération économique consistant à acquérir des biens destinés à être détruits
immédiatement ou progressivement à travers leur utilisation.

La consommation finale désigne les acquisitions destinées à satisfaire directement les besoins d’un ménage.
Utilisé seul, le terme consommation désigne généralement la consommation finale des ménages.

On parle de consommation intermédiaire lorsque le bien disparaît dans le processus de production d’un autre
La consommation finale correspond donc à un comportement individuel des ménages. Mais au niveau macroéconomique, elle constitue, en tant que composante principale de la demande, une variable macro-économique
prépondérante. La consommation est en effet considérée comme un moteur de la croissance économique. Par
ailleurs, sa structure reflète l’évolution de la société.
Au sens courant, épargner consiste à faire des économies, à mettre de coté une partie de son revenu.
 L’épargne désigne la partie du revenu qui n’est pas consommée. L’épargne nationale regroupe l’épargne des
ménages, des entreprises et des administrations.
Épargner consiste à renoncer à une consommation immédiate au profit de satisfactions futures liées à des
investissements ou à des consommations. L’épargne peut être placée et permettre alors de financer les besoins
d’autres agents.
I. Le partage du revenu entre l’épargne et la consommation
A. Les différents choix de consommation et d’épargne
1. Les choix de consommation

La consommation finale inclut :
- la consommation marchande, qui correspond à des achats de biens et de services sur le marché ;
- la consommation non marchande, qui regroupe l’autoconsommation et la consommation de services
publics.
La consommation marchande concerne les biens, que l’on peut classer en fonction de leur durabilité, mais
également les services. Elle prend en compte les loyers et les dépenses de santé en valeur brute, c’est à dire y
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compris la part qui n’est pas à la charge des ménages en raison de l’allocation logement et des remboursements
de SS.
L’autoconsommation inclut, par convention, la production des jardins familiaux et le service fictif que se rendent
à eux mêmes les ménages propriétaires de leur logement. La participation des ménages aux services fournis par
les administrations publiques ou privées (enseignement, hospitalisation, action sociale) fait également partie de la
consommation non marchande.
Les achats de logements et les grosses réparations immobilières ne font pas partie de la consommation mais sont
comptabilisés en investissements des ménages et relèvent donc de l’épargne.
La consommation peut être collective, si la consommation par un individu n’exclut pas la consommation par les
autres. Les services publics en font généralement partie, mais cela peut être aussi le cas de services marchands
(autoroutes à péage). Elle est individuelle dans le cas contraire.
2. Les choix d’épargne
Épargner consiste à renoncer à une consommation immédiate pour une satisfaction plus grande ultérieurement.
 Dans l’épargne des ménages, on peut distinguer :
- l’épargne non financière, qui correspond aux investissements des ménages notamment en logements ;
- l’épargne financière, qui peut être placée ou thésaurisée.
L’épargne des ménages est constituée dans différents buts (précaution, revenus supplémentaires, accroissement
du patrimoine, besoin de liquidités pour des transactions futures…).
L’épargne financière peut être thésaurisée (c’est à dire conservée par l’épargnant sous forme de monnaie
fiduciaire, d’or ou de biens précieux) ou au contraire placée, c’est à dire injectée dans les circuits de financement
de l’économie, soit sous forme monétaire (dépôt à vue et placements à court terme), soit sous forme financière
(actions, obligations…)
L’épargne non financière est constituée des investissements des entreprises individuelles et des investissements
immobiliers. Le remboursement des prêts immobiliers (épargne contractuelle) fait partie de cette catégorie.
 On peut distinguer aussi :
- l’épargne volontaire, qui est soumise à une décision autonome de l’agent, déterminée par ses motivations
propres.
– l’épargne forcée correspond à des mécanismes économiques qui réduisent le revenu disponible à la
consommation des ménages. Elle se présente sous deux formes : l’épargne forcée fiscale et l’épargne forcée
monétaire (inflation).
B. Les déterminants du partage du revenu entre la consommation et l’épargne
1. Les analyses théoriques
Pour les néoclassiques, les ménages arbitrent entre l’épargne et la consommation en fonction du taux d’intérêt
proposé pour rémunérer l’épargne. l’épargne est le résultat de l’ensemble des décisions individuelles prises en
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avenir certain et concernant les choix intertemporels des agents économiques. Le taux d’intérêt est donc le prix
de la renonciation à la consommation.
 Dans l’analyse néoclassique, l’épargne dépend du taux d’intérêt. plus il est élevé, moins grande est la
consommation. La consommation est donc considérée comme la partie du revenu non épargnée, c’est un
résidu.
L’analyse keynésienne adopte une position radicalement opposée. Pour Keynes, c’est l’épargne qui est un résidu.
Les ménages effectuent leurs choix de consommation en fonction du revenu disponible et l’épargne est
simplement la partie non consommée du revenu. Le taux d’intérêt détermine uniquement la forme monétaire ou
non de l’épargne, il rémunère la renonciation à la liquidité.
Keynes explique l’évolution de la consommation globale par les variations du revenu global. Selon lui, la
consommation est avant tout fonction du revenu.
La fraction consommée du revenu, qu’il appelle propension à consommer, diminue avec l’augmentation du
revenu. La part consacrée à la consommation est de moins en moins grande car les besoins sont progressivement
satisfaits et les possibilités d’épargne de plus en plus importantes.
 Pour Keynes, la consommation (C) est une fonction du revenu courant (R) des ménages ? l’épargne est un
résidu.
Il distingue :
- la propension moyenne à consommer (C/R), qui diminue quand le revenu augmente ;
- la propension marginale à consommer (C/R), qui est toujours inférieure à la propension moyenne.
La fonction de consommation keynésienne a donc une seule variable, le revenu. Elle peut s’écrire sous la forme
C = C * R + b, avec c<1, et se représente par une droite :
Dans cette formulation, c est la propension marginale à consommer (fraction consommée de l’augmentation du
revenu). La propension moyenne est bien une fonction décroissante du revenu puisqu’elle s’écrit : C/R = c + b/R.
La fonction keynésienne de consommation peut s’interpréter de deux façons :
- Soit on considère les variations du revenu et de la consommation d’une population à un moment donné,
- Soit on considère l’évolution du revenu et de la consommation dans le temps.
Les paramètres de la fonction ne sont alors pas les mêmes. Mais il faut surtout retenir l’importance fondamentale
donnée par Keynes au revenu global comme déterminant de la consommation.
Des politiques économiques s’inspireront de cette analyse pour relancer la consommation en agissant sur le
revenu, particulièrement sur les revenus des ménages les plus modestes, dont la propension à consommer est plus
élevée.
À la suite de Keynes, des théoriciens tenteront d’améliorer le modèle explicatif du partage entre la consommation
et l’épargne.
2. Approfondissement de cette théorie
a) L’effet de démonstration
J.S. Duesenberry introduit un élément supplémentaire dans la démarche keynésienne : l’interdépendance de la
consommation des agents économiques. Un bien est acquis non seulement pour ses caractéristiques, mais aussi
pour ce qu’il symbolise.
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Ce phénomène, qualifié « d’effet de démonstration ou d’imitation », explique pourquoi, sur une longue période,
la croissance du revenu n’entraîne pas une réduction de la propension à consommer, des agents souhaitant imiter
et rattraper la consommation d’autres agents.
b) L’effet de cliquet
T.M. Brown a privilégié « l’effet de cliquet » (ou effet de mémoire). La consommation dépend du revenu actuel
mais également des habitudes de consommation (la consommation passée).
Brown souligne l’inertie à la baisse de la consommation. Elle ne sera réduite que si la chute du revenu se
prolonge et se révèle importante. Jusqu’au début des années quatre vingt dix, les ménages français ont maintenu
leur consommation, mais devant la montée des risques (avenir des retraites, du système de protection sociale), la
persistance du chômage, ils ont réduit leur consommation et privilégient l’épargne.
Les ménages répugnent à réduire leur niveau de consommation passé. En cas de baisse de leur revenu, ils puisent
d’abord dans leur épargne.
c) La prise en compte de l’âge
La théorie du cycle de vie développée par F. Modigliani relie les variations du taux d’épargne à l’âge de l’agent.
A chaque âge de la vie correspond un niveau de consommation et des besoins spécifiques. Ainsi, les jeunes
ménages épargnant peu, leur revenu est faible, ils empruntent pour se meubler, acquérir leur logement. La retraite
est souvent le temps de désépargne, les ménages devant satisfaire certaines consommations (soins médicaux)
avec des revenus moindres.
3. Critiques
La théorie Keynésienne peut être critiquée. Milton Friedman isole deux types de revenu :
- Le revenu permanent, ou la consommation s’établit non pas en fonction du revenu courant des ménages,
mais en fonction d’un revenu annuel moyen estimé par l’individu en fonction de ses anticipations (études,
revenus futurs…),
- Le revenu transitoire qui représente la partie « exceptionnelle » du revenu ; elle peut varier de manière
positive (gain au loto) ou négative (impôt exceptionnel).
Le comportement du consommateur des ménages est fonction du revenu permanent et non du revenu perçu à un
moment donné (revenu transitoire).
Une variation du revenu affecte la consommation seulement si elle conduit l’agent à réviser son estimation du
revenu permanent (situation de chômage de longue durée). Seule est stable la fonction de consommation à long
terme : celle qui lie revenu permanent et consommation permanente.
D’après Milton Friedman, les mesures économiques ponctuelles prises par les pouvoirs publics (allocation
exceptionnelle de rentrée scolaire) se révèlent inefficace, car elle constituent un revenu transitoire et ne sont pas
intégrées dans leur comportement de consommation par les agents (lesquels raisonnent en revenu permanent).
4. Le partage consommation-épargne dans la réalité
Les ménages affectent l’essentiel de leur revenu disponible à la consommation. Ainsi, le taux d’épargne des
ménages est aujourd’hui inférieur à 15%, niveau sensiblement inférieur à celui des années soixante-dix. Ainsi, le
ralentissement économique semble avoir, comme le prévoit la théorie du revenu permanent, poussé le taux
d’épargne à la baisse.
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LE PARTAGE CONSOMMATION-EPARGNE (en % du revenu disponible)
Cependant, pendant la première moitié des années quatre vingt dix, on assiste à un ralentissement de la
progression du revenu disponible qui se traduira par un ralentissement de la consommation et une nette remontée
du taux d’épargne, notamment de l’épargne financière. Pour certains, il s’agit d’un phénomène
psychosociologique de saturation, de rejet de la sur consommation. D’autres avancent une explication
économique lié au niveau global du revenu, jugé insuffisant pour assurer un niveau de demande satisfaisant. La
fin des années quatre vingt dix semble marquée par une reprise de la consommation, liée à une accélération des
revenus.
Il apparaît que l’évolution récente du partage consommation-épargne obéit donc, plutôt à une fonction
keynésienne. La consommation semble, plus que par le passé, varier en fonction du revenu disponible des
ménages.
II. La consommation des ménages et sa structure
A. Les comportement des ménages et sa structure
1. Le calcul micro-économique du consommateur
Pour les néoclassiques, chacun effectue ses choix, sous la contrainte de son budget, en vue de maximiser sa
satisfaction globale. Cela suppose que l’individu est rationnel, qu’il peut établir a priori l’ordre de ses
préférences entre les différents types de biens proposés à la consommation.
L’homo oeconomicus qui sert de référence est un être totalement rationnel qui n’agit que sous forme de
maximisation. Ce calcul pose le prix comme un déterminant essentiel des comportements de consommation.
Chaque individu compare l’utilité des biens et la désutilité d’avoir à payer le prix. Le calcul marginaliste le
conduit à consommer tant que l’utilité est supérieure au prix.
La loi de la demande décroissante, selon laquelle la consommation est une fonction décroissante du prix, découle
de l’agrégation des préférences individuelles en une courbe collective de demande : plus le prix est élevé, plus le
nombre de personnes pour lesquelles l’utilité est supérieure au prix est faible.
2. Le dépassement du calcul rationnel
Les choix d’épargne et de consommation ne sont pas toujours libres et rationnels. L’individu tel que le décrivent
les néoclassiques n’existe pas. Chacun obéit aussi à des pulsions qui peuvent déclencher des achats irréfléchis. Le
comportement économique ne peut être entièrement dicté par des calculs.
La théorie de la filière inversée de Galbraith pose les producteurs, grâce à la mercatique et à la publicité, comme
les principaux responsables de l’évolution des préférences des consommateurs.
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L’observation met en évidence de nouveaux comportements de consommation depuis le début des années quatre
vingt dix. Le nouveau consommateur serait plus rationnel, moins sensible à la publicité et plus à la qualité
véritable des biens et services.
En outre, les choix individuels de consommation font intervenir des critères psychologiques, sociaux, culturels.
Au niveau global, la consommation peut aussi être considérée comme un phénomène sociologique, qui s’analyse
comme un processus continu de différenciation des classes supérieures avec homogénéisation ultérieure, la
différenciation se faisant alors sur d’autres produits…
B. Les outils d’analyse
Les données disponibles sur le budget des ménages, la mise en évidence de leur souhaits et priorité, permettent
d’expliquer les traits de leur mode de vie présent, mais aussi de dégager certaines évolutions pour l’avenir.
1. Les lois d’Engel
Dés le XIX° siècle, un statisticien allemand, Ernst Engel, énonça trois lois relatives à l’évolution des différentes
catégories de consommation par rapport au revenu.
 Première loi : la part des dépenses alimentaires dans le budget des ménages diminue au fur et à mesure
que le revenu augmente : par t des dépenses alimentaires dans le budget des années cinquante aux années
quatre vingt dix : 43% => 19% => la loi est vérifié.
 Deuxième loi : la part des dépenses d’habillement et de logement (y compris l’éclairage et le chauffage)
dans le budget des ménages est stable lorsque le revenu augmente :
- part des dépenses d’habillement dans le budget des années cinquante aux années quatre vingt dix : 11% =>
6%
- part des dépenses de logement dans le budget des années cinquante aux années quatre vingt dix : 17% =>
21% => cette loi semble plus contestable.
 Troisième loi : la part des dépenses consacrées aux besoins d’éducation, de distraction, de voyage,
d’hygiène et de santé s’accroît avec la progression du revenu :
- part des dépenses de santé dans le budget des années cinquante aux années quatre vingt dix : 6,5% =>10,3%
- part des dépenses de loisirs-culture dans le budget des années cinquante aux années quatre vingt dix : 7%
=>7,5% => l’extrême hétérogénéité des dépenses concernées et des motivations d’achat qui en découlent rend
cette loi relativement inopérante.
Les besoins vitaux de l’homme (se nourrir, s’habiller…) sont satisfaits prioritairement par des bien qualifiés
« d’inférieurs » (alimentation notamment). Lorsque le revenu s’élève, les dépenses du ménage s’orientent vers
l’acquisition de biens (ou services) « supérieurs », afin de combler des besoins moins essentiels.
Cette modification générale de la structure de la consommation ne se vérifie pas à l’identique pour l’ensemble
des ménages compte tenu des priorités et des moyens de chacun.
2. Les élasticités
La demande d’un bien est liée à son prix et au revenu disponible du ménage. Toutefois, pour une variation de
prix identique, la variation de la quantité demandée se révèle plus ou moins importante selon les produits
(élasticité prix). On constate le même phénomène pour le revenu (élasticité revenu).
a) L’élasticité prix

Elle mesure la sensibilité de la demande par rapport au prix : E(p) = (variation de la demande /demande)
/(variation du prix / prix)
Trois situations peuvent se présenter :
1. La demande est élastique au prix lorsqu’il suffit d’une légère baisse des prix pour provoquer une forte hausse
de la demande. E(p) < -1, cela concerne des produits qui ne sont pas nécessaires à la vie courante (voyage,
produits de luxe…).
2. La demande est inélastique au prix lorsqu’une baisse des prix influe peu sur la demande. E(p) > -1, il s’agit
de produits nécessaires à la vie quotidienne (sucre, sel, essence…).
3. La demande est isoélastique au prix lorsque la variation du prix agit sur la demande dans des proportions
identiques. E(p) = -1.
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Dans le cas de biens substituables (café et thé par exemple) et de biens complémentaires (automobile et essence),
il est possible de calculer comment la demande du premier bien réagit aux variations de prix du second.
On calcule alors une élasticité prix croisé :
E(p)c = (Di/Di)1 / (Pj/Pj)2
b) L’élasticité revenu

Elle représente la sensibilité de la demande d’un bien par rapport aux variations du revenu :
E(r) = (variation de la demande/ demande) / (variation du prix/ prix)
La notion d’élasticité revenu permet une classification des biens :
- Des biens inférieurs, ceux pour lesquels la consommation diminue avec l’accroissement du revenu tels que
les produits alimentaires de base
E(r) < 0
- Des biens supérieurs, ceux pour lesquels un revenu croissant induit une augmentation de la demande plus que
proportionnelle (il en est ainsi pour les loisirs)
E(r) > 1
- Des biens normaux, ceux pour lesquels toute augmentation du revenu implique une hausse de la demande
moins que proportionnelle.
0 < E(r) < 1
Les économistes supposent que les besoins sont strictement identiques pour tous les hommes. Or les différences
de structure constatées dans les budgets des ménages s’expliquent non seulement par des raisons économiques
(inégalité des ressources), mais aussi par des raisons sociologiques et culturelles (aspirations individuelles,
appartenance à une classe sociale, âge…).
3. Les indicateurs de mesure de la consommation

La structure de la consommation désigne la répartition des dépenses de l’ensemble des ménages ou de
certaines catégories (employés, monoménages…).
Un certain nombre d’indicateurs permettent de l’analyser.
a) Les postes de consommation
La consommation est répertoriée et ventilée entre plusieurs postes principaux, tels que l’alimentation, le
transport, le logement… On peut signaler l’importance du poste logement aujourd’hui.
b) Les coefficient budgétaires
Ils représentent la part d’une certaine consommation dans l’ensemble des dépenses.
 Coefficient budgétaire du bien x = dépenses pour x / dépenses totales de consommation
c) Le taux d’équipement des ménages
Il concerne les biens durables et indique la proportion des ménages possédant ce bien.
 Taux d’équipement du bien x = Nbre de ménages possédant x / Nbre total de ménages
Les indicateurs reflètent les profonds bouleversement de la consommation des français en cinquante ans,
notamment la place budgétaire importante de la santé, des loisirs et de la communication.
C. L’évolution du mode de consommation
Les profondes mutations économiques et sociales enregistrées par la société française ont indéniablement rejailli
sur le mode de consommation des ménages.
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2
Di = variation de la demande du produit i
Pj = variation du prix du produit j
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1. Une demande qui stagne
La consommation nationale, après avoir connu une très forte croissance pendant les trente glorieuses (elle a été
multiplié par trois en volume), plafonne depuis 1991. Différents facteurs expliquent cette stagnation : un pouvoir
d’achat qui progresse peu, un fort taux de chômage restreignant les possibilités d’achat, une inflation faible.
L’inquiétude face à l’avenir et des taux d’intérêts élevés sont propices à l’épargne.
2. Un mode de consommation transformé
L’observation de la réalité confirme les lois d’Engel : la structure de consommation des français s’est modifié.
 La part de la consommation alimentaire et celle de l’habillement régressent dans le budget des ménages.
Toutefois, se développent l’utilisation de plats alimentaires préparés et la restauration à l’extérieur du
domicile.
 À l’inverse, les français dépensent davantage en santé, transport et communication : l’urbanisation,
l’éloignement grandissant entre le domicile et le lieu de travail, justifient l’acquisition d’automobiles et
l’utilisation des transports collectifs.
 Les postes budgétaires voyages, restaurants, loisirs demeurent stables.
3. Esquisse d’un nouveau modèle de consommation
La norme de consommation de l’après guerre, centrée autour de l’acquisition de biens durables et homogènes,
semble remise en cause: la demande se porte surtout sur les services et sur des biens personnalisés.
a) Une différenciation des consommations
L’élévation du niveau de vie, un certain resserrement des classes sociales, le développement de l’information,
entraînent une diversification des modes de consommation. Ceux ci sont moins codifiés et changent très
rapidement (modes dans le sport, l’alimentaire, les vêtements…)
L’offre s’est d’ailleurs diversifiée afin de répondre à cette demande : les fabricants de mobilier, comme ceux de
l’automobile, multiplient les versions, les coloris, les options. Les typologies de styles de vie (ou sociostyles),
élaborées par les professionnels de la mercatique, permettent de cerner et de mieux satisfaire ces consommateurs
multiples.
b) Une consommation accrue de services
Les français consomment toujours plus de services (notamment en matière de loisirs) et surtout des services
collectifs (santé, éducation, justice…).
 En trente ans, la part consacrée par les ménages aux dépenses de santé est passé du simple au triple.
 La demande de sécurité à l’égard des pouvoirs publics ne cesse également de croître.
Toutefois, certaines consommation collectives sont satisfaites par le secteur privé ‘enseignement), voire associatif
(sport, aides pour la réinsertion). L’instauration de l’État providence, après guerre, explique néanmoins la grande
place du secteur public dans ce domaine.
Il semble que la consommation de masse ait vécu et que se mette en place une consommation plus économe,
réfléchie et personnalisée.
III. Le rôle de l’épargne
L’épargne est une variable essentielle au financement de l’économie. Toutefois, selon les comportements des
agents, elle prend des formes différentes qui n’ont pas le même impact sur l’activité.
A. Le financement de l’économie
En fournissant les capitaux nécessaires au financement de l’investissement, elle contribue à assurer la poursuite
de la croissance de la production et la modernisation des entreprises.
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Pendant longtemps, le rapprochement entre agents à besoin de financement (disposant d’une épargne
insuffisante) et agents à capacité de financement (disposant d’un excédent d’épargne) s’est opéré par
l’intermédiaire du système bancaire. Celui ci, d’une part, recevait l’épargne de certains agents et d’autre part,
prêtait à d’autres.
Depuis la fin des années quatre vingt, l’épargne s’est davantage orientée directement vers les marchés financiers.
Le financement de l’économie est ainsi passé d’une économie d’endettement à une économie de marché
financier.
La capacité de financement des différents agents s’est sensiblement modifiée depuis 1991. Plusieurs évolutions
sont à souligner :
- Augmentation du taux d’épargne des ménages (de 11% à 13%),
- Autofinancement élevé des entreprises (supérieur à 100%),
- Réduction de l’investissement des ménages et des entreprise,
- Réduction de la demande de crédits des ménages et des entreprises,
- Dégradation de la situation financière des administrations publiques.
Malgré de réelles capacités de financement, les entreprises ont donc peu investi, préférant se désendetter ou
effectuer des placements financiers plus rémunérateurs. La poursuite d’une telle situation nuirait à une évolution
dynamique de l’économie, ce qui explique les mesures prises par l’État pour relancer l’investissement et la
consommation (primes automobiles, prêt à taux zéro pour l’achat de logement…).
La baisse des taux d’intérêt favorise également la reprise des investissements (c’est un critère de convergence
prévu par la traité de Maastricht).
En revanche, l’aggravation des déficits publics (4% du PIB) et, de fait, des besoins de financement de l’État, ne
sont pas soutenables à terme. Ils accroissent les charges d’intérêt supportées par le budget et provoquent « un
effet d’éviction » des capitaux, qui ne sont plus disponibles pour le financement des entreprises.
B. L’évolution de l’épargne
Situé entre 18% et 20% du revenu disponible des ménages pendant les années soixante dix, le taux d’épargne
chute pendant la première moitié des années quatre vingt pour atteindre 11% en 1987. Plusieurs facteurs
expliquent cette évolution :
- Le ralentissement de l’inflation,
- La faible progression du pouvoir d’achat,
- Le partage de la valeur ajoutée favorable aux entreprises (à l’inverse des ménages, elles vont accroître leur
épargne et leur taux d’autofinancement).
Le taux d’épargne se redresse régulièrement depuis 1989 et se situe à plus de 13% en 1993. Deux motifs
justifient cette reprise :
 Motif de précaution :
=> dégradation du climat économique,
=> accroissement du chômage,
=> incertitudes sur le financement des retraites.
 Motif de placement :
=> création de nouveaux produits financiers incitatifs (SICAV, FCP, assurance vie, PEP…),
=> taux d’intérêt élevés.
Les faveurs des français les portent vers des placements sans risques : plan d’épargne logement, livret de caisse
d’épargne. On constate aussi un engouement certain pour les produits d’assurance vie et les placements en
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valeurs mobilières de long terme. Cette allocation de l’épargne s’explique par un fort désir de liquidités, la
volonté de percevoir une rémunération et de bénéficier de faveurs fiscales.
ÉVOLUTION DU TAUX D’EPARGNE DES MENAGES (en % du revenu disponible brut)
ÉVOLUTION DES CAPACITES ET DES BESOINS DE FINANCEMENT (en milliards de francs)
Sociétés
Ménages
Administrations
Nation
1992
- 42
+ 309
- 287
+ 10
1994
+ 80
+ 360
- 441
+ 41
1996
+ 135
+ 345
- 356
+ 119
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