Grenoble – Revue Etudiante d'éValuation Environnementale ETUDE DU REJET DE CO2 DANS L’ATMOSPHERE DÛ AU TRANSPORT DE LA TOMATE Laville Micaël, L1 Géographie Mainieri Robin, L1 Géographie Rosier Marius, L3 Biologie Générale Abstract One of the most important greenhouse gases is carbon dioxid(CO2), which is released a lot in the atmosphere by human activities, such as transport. One part of it is freight transport, very developed in European Union.One of important markets is tomatoe’s, which we will study to reveal its impact on the environment because of its CO2 released during transport. The study of french’s tomatoe import, and comparison of CO2 quantity released in the case of imported tomatoes, and in the case of tomatoes from local agricultural, will permit us to highlight the climate impact of this market, and the importance to provide ourselves locally. Mots-Clefs : dioxyde de carbone-transport-tomate-comparaison-France un contexte : une personne (M.Dupont) va chercher une tonne de tomates au supermarché. Dans un cas, les tomates sont importées, et dans l’autre, elles ont été produites localement. Nous considérons ici que le trajet de monsieur Dupont et le trajet de l’agriculteur pour amener ses tomates au supermarché sont négligeables, et nous focalisons donc sur le CO2 émis lors des grands trajets d’importation. Nous nous sommes ensuite renseignés sur les pays exportant en France, et sur les modalités de transport (moyen de transport, étapes de l’importation). L’étape suivante a été de trouver un moyen de déterminer la quantité de CO2 rejetée en fonction de la distance parcourue, du moyen de transport, et de la quantité de tomates transportées. Ces données nous permettent de déterminer la quantité de CO2 rejetée dans nos exemples, et rapporter ces résultats à l’échelle européenne en fonction des quantités totales nous permet d’évaluer l’impact de l’importation française de tomates. Enfin, une analyse plus complète peut être réalisée en pondérant les résultats par d’autres données( importation en fonction des saisons, extrapoler à l’échelle mondiale, prendre en compte d’autres facteurs que les chiffres, etc…) 1. Introduction Dans le contexte climatique actuel, il devient urgent de se préoccuper de l’effet de serre, notamment en ce qui concerne le rejet de gaz à effet de serre dans l’atmosphère dû aux activité humaines. En effet, l’effet de serre est un phénomène naturel, dû aux gaz à effet de serre (GES), qui permet de réchauffer la planète. Cependant, l’un des principaux GES, le dioxyde de carbone (CO2), voit sa concentration atmosphérique augmenter en raison des activités humaines, entre autres dans le domaine du transport, qui représente 21% des rejets de CO2 totaux. Au sein des transports, 40% des rejets sont dus au transport des marchandises, soit 8,4% du total, une part non négligeable. L’étude des échanges commerciaux au sein de l’Union Européenne, facilités par la libre circulation des marchandises, peut donner un bon aperçu de l’impact du commerce international sur l’effet de serre. Nous nous sommes concentrés ici sur la quantité de CO2 rejetée due à l’importation de tomates en France, car ce fruit étant consommé par une majorité de la population, sous un grand nombre de formes, il représente une part importante du marché avec 17% du marché mondial des fruits et légumes. Notre étude va se construire autour de la question : réduire la distance parcourue par une tomate entre son lieu de production et notre assiette aura-t-il une conséquence significative sur l’émission de gaz à effet de serre ? Pour cela, nous nous sommes orientés vers une étude comparative sur la masse de CO2 émise par le transport d’une tonne de tomates importée en opposition à une tonne de tomates issues de l’agriculture locale. 3.Etude M. Dupont souhaite acheter une tonne de tomates au supermarché, à 9km de chez lui. Nous souhaitons évaluer la quantité de CO2 produite pour lui permettre de manger ses tomates dans le cas de tomates importées, et dans le cas de tomates locales, en considérant les deux choses suivantes : -la quantité de CO2 émise lors de la production des tomates est la même dans les deux cas -M.Dupont parcourt la même distance pour acheter ses tomates dans les deux cas. 2. Méthodologie Pour répondre à cette question, nous avons défini 1 Grenoble – Revue Etudiante d'éValuation Environnementale 3.1 Importation de tomates en France totales, et le transport aérien est négligé car quasiment nul. On fait ici l’hypothèse que l’exportation espagnole vers la France est exclusivement terrestre, et que l’importation depuis le Maroc se fait à 50% par l’Espagne, et à 50% par la mer. La France est actuellement le 2ème importateur européen de tomates, avec plus de 450.000 tonnes importées par an. Ses principaux fournisseurs sont européens (92% des échanges de l‘Union Européenne sont intracommunautaires), et notamment l’Espagne, avec environ 135.000 tonnes exportées par an vers la France. Le Maroc est cependant le premier fournisseur, avec 177.000 tonnes de tomates par an. A eux seuls, Espagne et Maroc représentent plus de 50% de l’importation française. Nous les considérerons ici comme les deux seuls fournisseurs. Ces deux pays étant situés au sud de la France, on considère que les livraisons aboutissent au site du Grand Saint Charles, à Perpignan, plaque tournante du commerce de fruits et légumes (1ère plateforme d’éclatement des fruits et légumes en Europe avec 1,35 millions de tonnes en 2006), qui redistribue ensuite les produits sur le territoire français. Les itinéraires et une approximation des distances parcourues sont résumés sur la carte ci-dessous (figure 1). 3.2.2 Taux de rejet de CO2 Il est possible de calculer le taux de rejet de CO2 d’un véhicule, à partir de sa consommation en carburant, de la densité du carburant, et de l’équation de combustion suivante : CnH(2n+2) + (3n+1)/2 O2 è n CO2 + (n+1) H2O Exemple : Une RENAULT Twingo essence consomme 4,9L aux 100 km, ce qui nous donne : C7H16 + 11 02 è 7CO2 + 8 H2O M(C7H16) = 100g/mol 3.2 Les moyens de transport et leur taux de rejet de CO2 M(CO2) = 44g/mol On a ici 7*44/100 = 3,08 grammes de CO2 pour un gramme d’essence consommé, soit, pour un litre avec une densité de 0,755 : 3.2.1 Les moyens de transport Au site du Grand Saint Charles, 92% des échanges se font par la route, donc par camions. Cependant, le transport maritime représente 27% des importations 3,08*755 = 2325g/L (4,9*2325)/100 = 114g de CO2/km Figure 1 : Importation française de tomates 2 Grenoble – Revue Etudiante d'éValuation Environnementale Soit une marge de 3,39% d’erreur en comparaison de la donnée de 118g/km sur carissimo.com, ce qui valide la méthode. Concernant les transports à longue distance, par poids lourds, nous utiliserons les chiffres de la CRIOC (Centre de Recherche et d’Information des Organisations de Consommateurs), présentés dans le tableau ci-dessous (tableau 1) : 3.3.2 Cas de tomates importées Il y a ici plusieurs possibilités de provenance des tomates. L’exemple de calcul sera donné pour des tomates venant d’Extremadura, en Espagne. Les étapes parcourues par le kilo de tomates sont : -Extremadura è Perpignan (1150 km) -Perpignan è Grenoble (443 km) -Le trajet de M.Dupont La totalité du trajet est parcourue en camion, ce qui nous donne : Tableau 1 : Emission de CO2 des véhicules en fonction de leur chargement (1150+443)*[(210+1430)/2] = 1,3 t de CO2 Ici, le trajet de M.Dupont est négligeable, car rejetant 1000 fois moins de CO2 que l’acheminement des tomates jusqu’au supermarché. Les autres résultats en fonction des différentes provenances sont résumés dans le tableau ci-dessous (tableau 2) : Tableau 2 : Quantité de CO2 émise par l’importation de tomates Les calculs à partir de ces données seront réalisés avec les moyennes de chaque cas (même si, dans le cas des camions, l’écart-type est énorme) 3.3 Exemple : M.Dupont 4. Résultats M.Dupont, vivant à Grenoble, souhaite acheter 1 tonne de tomates au supermarché situé à 9km de chez lui. Sachant que l’on néglige l’émission de CO2 due à la production de la tomate, et les trajets d’acheminement courts(de chez l’agriculteur au magasin, ou du hangar de stockage au magasin, dans le cas de tomates importées), voici les calculs : 4.1 Au niveau national Cette étude simplifiée nous a montré que l’importation française de tomates depuis l’étranger conduit à un taux d’émission de CO2 de l’ordre de 1000 fois supérieur à celui calculé dans le cas de tomates locales. Il convient maintenant de rapporter ces résultats au niveau national. La totalité de l’importation française de tomates s’élève à environ 450.000 tonnes par an, dont environ 300.000 provenant du Maroc et de l’Espagne (177.000 du Maroc, et 135.000 d’Espagne). 3.3.1 Cas de tomates locales La seule source d’émission de CO2 de M.Dupont est ici son trajet de 9 km en voiture. Il roule en RENAULT Twingo, dont l’émission de CO2 a été calculée plus haut et est égale à 114g/km. On a donc, comme totale des émissions de CO2 : 114*9 = 1026 g de CO2 3 Grenoble – Revue Etudiante d'éValuation Environnementale 4.1.1 Tomates importées d’Espagne tonnes consommées par an, seules un peu plus de 450.000 sont importées). Le cas traité est le cas français, mais la France n’est pas le seul pays à importer des tomates, bien au contraire ! Sur 8 millions de tonnes de fruits et légumes échangés en 2004, « seulement » 17% étaient des tomates. Enfin, cette étude ne prenait pas en compte les retours des transport après livraison. Comme montré sur la figure 1, 75% de la production espagnole de tomates est réalisée en Extremadure, 12% dans la vallée de l’Ebre, et 10% en Andalousie. Ainsi, on a, en moyenne, pour une tonne de tomates provenant d’Espagne : 4.2.2 Des émissions lors de la production 0,75*1,3+0,12*0,691+0,1*1,3 = 1,19 t de CO2 Un autre point non traité dans cette étude est la production des tomates. En effet, qui dit tomates importées dit grosses exploitations, donc plus de rejet de CO2 (un exemple frappant est celui d’agriculteurs étatsuniens passant au dessus de leurs champs en avion afin d’y déposer engrais, insecticides etc…). De plus, l’importation est plus importante en hiver (voir figure 4), ce qui montre que les tomates sont disponibles toute l’année, et qu’il y a donc des cultures sous serre très présentes (en France, 95% des cultures de tomates sont effectuées sous serre), ce qui représente une dépense d’énergie considérable, de 10 fois supérieure à une culture en plein air. Soit, par an : 1,19*135.000 = 160.650 t de CO2 4.1.2 Tomates importées du Maroc Ici, la quasi-totalité des tomates sont produites dans la région de Souss Massa, et on considère que 50% des exportations se font par bateaux, et 50% par l’Espagne : (2,1+1,3)/2 = 1,7 t de CO2/T de tomates Soit, par an : 1,7*177.000 = 300.900 t de CO2 4.1.3 Total Figure 2 : Importations mensuelles françaises de tomates en 2003 et 2004 (extrait du mémoire de Stéphanie Desmas) On arrive donc, dans cet exemple simplifié, à un total de 461.550 tonnes de CO2 émises en un an par l’importation française de tomates. Ce chiffre paraît comme étant énorme (d’autant plus qu’il est supérieur à la masse de tomates transportées !!!), mais, si l’on considère ce résultat par rapport au total des émissions mondiales de CO2 en 2007, qui est de 267 milliards de tonnes, il se trouve être négligeable, car plus de 400.000 fois inférieur ! 4.2 Pondération des résultats Tenter de réduire les émissions de CO2 en réduisant la distance parcourue par une tomate avant d’arriver dans notre assiette paraît donc négligeable. Cependant, ces résultats sont à pondérer par plusieurs facteurs. 4.2.2 Résultats finaux 4.2.1 Une part minime des échanges Ces pondérations effectuées ne permettent pas de déterminer un résultat chiffré précis, ils nous montrent juste que les résultats obtenus dans l’exemple de M.Dupont sont minorés, du fait de la simplification effectuée. On peut cependant supposer que les émissions de CO2 dues au transport de la tomate représentent probablement moins de 0,1% des émissions totales de CO2 sur la planète, et se fournir localement en tomates n’a donc pas d’influence significative sur l’émisison globale de CO2. Le cas traité ici est celui de l’importation française de tomates depuis le Maroc et l’Espagne. Cependant, d’autres pays exportent en France, et notamment des pays éloignés, tels que la Chine (1er producteur mondial de tomate avec 25% du total), les Etats-Unis etc… De plus, cette étude ne prend pas en compte le fait que certaines tomates sont importées pour ensuite être exportées (les Pays-Bas, par exemple, exportent plus que leur production, et importent donc en masse pour ensuite exporter), ni le fait que les tomates françaises ne sont pas produites sur le lieu de l’achat, et induisent donc un transport, qui peut s’étendre aisément sur quelques centaines de kilomètres (sur 1556 milliers de 5. Analyse personnelle Si les résultats chiffrés nous donnent ce résultat, ils ne 4 Grenoble – Revue Etudiante d'éValuation Environnementale sont pas la seule chose à prendre en compte. En effet, la situation climatique actuelle n’est pas due à une seule activité qu’il faudrait arrêter pour tout rétablir, mais à des milliers, voire des centaines de milliers ! Ainsi, prêter attention uniquement à sa consommation de tomates ne changerait pas grand-chose, mais la situation est la même pour beaucoup d’actes écologiques. De plus, si une prise de conscience est faite à propos des tomates, cela s’étendra à l’ensemble des produits,et rappelons que le transport de marchandises est responsable de 8,4% des émissions de CO2 mondiales, une part cette fois-ci non négligeable des émissions globales. De plus, le problème traité ici est celui du CO2, un des gaz à effet de serre les plus présents sur la planète . Mais il en existe beaucoup plus (vapeur d’eau, de loin le premier GES de la planète (non influencé par les transports), méthane (CH4), protoxyde d’azote (N2O), ozone (O3),etc…) dont certains voient leur émission restreinte si l’on utilise moins les transports. et des comportements, ce qui n’est pas au goût de la majorité des personnes (pour reprendre notre exemple, combien se soucient du trajet qu’a pu effectuer une tomate avant d’arriver dans son assiette ?). Au-delà vient s’ajouter l’enjeu économique. Car si toutes ces activités sont apparues pour le confort, celles qui se sont maintenues y ont réussi du fait de leur rentabilité. L’économie est le moteur du système dans lequel nous vivons. Sachant cela, toutes les sociétés dont l’activité a comme conséquence des émissions de GES vont-elles stopper leur activité par bonne conscience, ou la motivation de l’argent sera-t-elle la plus forte ? De même pour les gouvernements, qui peuvent tenter de faire évoluer les consciences à travers des messages, des lois, des campagnes etc… Tous ces organismes qui font fonctionner le monde donnent-ils le meilleur d’eux-même dans un but écologique ou dans un but lucratif ? 6. Conclusion Réduire la distance parcourue par une tomate depuis sa production jusque dans notre assiette a une influence sur la quantité de CO2 émis, mais cette influence est négligeable par rapport à la quantité pharamineuse de CO2 rejetée dans l’atmosphère par l’ensemble des activités humaines mondiales. Mais que cette influence soit négligeable n’est pas surprenant, compte tenu de la grande quantité d’activités humaines produisant du CO2, et bien que très minime, les conséquences de cet acte n’en sont pas pour autant négligeables ! Il suffit de faire attention à d’autres actes de notre vie quotidienne pour que chaque attention ait une ampleur significative (ici aussi, l’union fait la force). L’idéal, en ce qui concerne les produits agroalimentaires, serait que chacun puisse aller acheter ses produits à pied ou à vélo, directement chez le producteur qui, lui, cultiverait uniquement des produits de saison, donc à ciel ouvert, tout cela pour des émissions de GES nulles, si l’on excepte les émissions dues à la culture. Cependant, toutes ces activités humaines rejetant des GES dans l’atmosphère, et notamment le transport international de marchandises, sont apparues dans le but d’augmenter le confort de la population (possibilité de manger tous les fruits et légumes du monde, et ce à n’importe quelle saison, si l’on reste dans la branche des fruits et légumes, mais ces avantages, ces conforts, se comptent par milliers, à commencer par internet, symbole par excellence de la mondialisation). Se pose alors le problème de la conscience collective : est-elle suffisamment développée pour que les humains se détachent de tout ce confort, de toutes ces possibilités qu’offre la mondialisation ? Car si la solution à l’effet de serre ne vient pas par les progrès techniques et scientifiques, il viendra par un changement des valeurs 5 Grenoble – Revue Etudiante d'éValuation Environnementale 7. Références bibliographiques -www.econologie.com -www.forums.futura-sciences.com -www.carissime.com -www.econo-ecolo.org -www.eltomoil.com/docs/Le_guide_des_carburants_.pdf -www.ale08.org/IMG/pdf/Fruits_Legumes.pdf -www.ecoconso.be -www.goodplanet.info - « La consommation d’énergie dans le secteur du transport », Georgia Plouchart (2005) -Etude « Fret dans les Pyrénées Orientales » (http://www.languedoc-roussillon.developpementdurable.gouv.fr/IMG/pdf/Fret_PO_synthese_cle19ffcb.pdf) (Juilllet 2008) -Mémoire de fin d’études d’Agronomie Approfondie, mention Economie-Gestion, de Stéphanie Desmas : « Analyse comparative de compétitivité : le cas de la filière tomate dans le contexte Euro-méditerranéen » (2005) (http://eumed-agpol.iamm.fr/html/publications/on_subject/desmas_memoire.pdf) -Article de Mars 2010 dans Le Monde Diplomatique : « Et pour quelques tomates de plus » -«Place de la Méditerranée dans la production mondiale de fruits et légumes » de Roberta Giove (Institut Agronomique Méditerranéen de Bari-Centre International de Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes) (http://portail2.reseau-concept.net/Upload/ciheam/fichiers/NAN23.pdf) (Août 2007) - « Les industriels alimentaires : des métiers à votre goût », AGEFAFORIA (http://www.decouverte-industries-alimentaires.com/data/pdf/agefaforia-jeune-marche-des-fruits-et-legumes-37.pdf) -Wikipedia 6