Terminale Génie Électrotechnique Chapitre 4 LA MACHINE A COURANT CONTINU 1. PRÉSENTATION 1. Définition Une machine à courant continu est un convertisseur d’énergie. Elle peut fonctionner en moteur ou en génératrice, on dit que c’est une machine réversible. Quand elle fonctionne en moteur, l’énergie électrique est transformée en énergie mécanique. Energie électrique fournie Energie mécanique utile Moteur Pertes d’énergie Quand elle fonctionne en génératrice, l’énergie mécanique est transformée en énergie électrique. Energie mécanique fournie Génératrice Energie électrique utile Pertes d’énergie L’énergie mécanique est présente sous la forme d’un couple de moment T tournant à la vitesse angulaire Ω. L’énergie électrique, elle, se manifeste sous forme de tension et de courant continus. La MCC est très utilisée comme moteur à vitesse variable dans une gamme de puissance allant de quelques milliwatts à quelques mégawatts. 2. Composition La machine comporte un stator composé d’un circuit magnétique comprenant une couronne annulaire massive ou feuilletée à laquelle sont fixés des pôles saillants. Ces pôles sont de deux types : - Les pôles inducteurs : Généralement feuilletés portent un ou plusieurs enroulements d’excitation alimentés en continu. 1 Terminale Génie Électrotechnique - Chapitre 4 Les pôles auxiliaires ou de commutation : Feuilletés ou massifs disposés entre les pôles inducteurs selon les axes interpolaires dits axes neutres, ils portent un enroulement connecté en série avec l’enroulement rotorique. Ils servent à compenser la réaction magnétique de l’enroulement rotorique et à améliorer la commutation. Le rotor ou induit comporte un circuit magnétique feuilleté muni d’encoches régulièrement distribuées à la périphérie. Les conducteurs logés dans les encoches sont connectés en série et forment un enroulement fermé sur lui-même. On peut rencontrer deux types de MCC : - la source de champ magnétique est constituée d’aimants permanents → il n’y a qu’un seul bobinage : l’induit. la source de champ magnétique est un courant → il y a deux bobinages : l’inducteur et l’induit. Encoches pour les conducteurs de l’induit Rotor (induit) Bobines d’excitation Stator (inducteur) Collecteur et balais Entrefer rem : une machine est dite bipolaire si elle comporte un pôle nord et un pôle sud (deux pôles) tétrapolaire → 4 pôles hexapolaire → 6 pôles 3. Représentation schématique iex I U MCC uex Induit Inducteur 2 Terminale Génie Électrotechnique Chapitre 4 2. PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT 1. Fonctionnement en moteur L’inducteur crée un champ magnétique constant. L’induit, alimenté par un courant continu et plongé dans ce champ magnétique est donc soumis à une force électromagnétique qui le met en rotation autour de son axe. 2. Fonctionnement en génératrice L’inducteur crée un champ magnétique constant. L’induit n’est pas alimenté. Par contre, il est entraîné dans un mouvement de rotation par un autre moteur couplé sur son axe. Il y a alors apparition d’une force électromotrice (f.é.m.) induite à ses bornes (cf. induction électromagnétique) et donc d’un courant induit. 3. Force électromotrice induite On démontre que la f.é.m. induite qui apparaît aux bornes de l’induit peut s’écrire : E = k.Φ .Ω E en Volts k est une constante qui dépend de la géométrie de la machine. Φ est le flux utile sous un pôle de la machine exprimé en Weber (Wb). Ω est la vitesse de rotation du rotor exprimée en rad.s-1. On peut encore l’écrire sous les formes suivantes : E = N.n.Φ N est le nombre de conducteurs actifs de l’induit. n est la fréquence de rotation du rotor exprimée en tr.s-1. ou p E = .N .n.Φ a p est le nombre de paires de pôles du stator. a est le nombre de voies d’enroulement. Déf. : L’ensemble des conducteurs parcourus pour aller d’un balai à l’autre constitue une voie d’enroulement. 3 Terminale Génie Électrotechnique Chapitre 4 rem : le flux utile sous un pôle Φ dépend du courant d’excitation qui traverse le stator. Dans le cas d’une machine à aimants permanents ou d’une machine dont le courant d’excitation est constant, ce flux est constant et on peut alors écrire : E = K.Ω o u E = K ' n. 4. Moment du couple électromagnétique Si l’induit est traversé par un courant I et qu’il présente à ses bornes une f.é.m. E, il reçoit une puissance électromagnétique : Pem = E.I D’après le principe de la conservation de l’énergie, cette puissance est égale à la puissance développée par le couple électromagnétique tournant à la vitesse angulaire Ω, on a donc : Tem .Ω = E.I avec E = k .Φ .Ω Te m = k.Φ .I d’où (Tem en N.m) 5. Commutation On appelle commutation le processus conduisant au changement du sens de courant dans un conducteur d’induit lorsqu’il franchit l’axe magnétique défini par la position des balais. 6. Modélisation a. Fonctionnement moteur L’induit peut être modélisé par son MET (l’induit est alimenté et reçoit un courant I) : R I On a alors : E U 4 U = E + R.I Terminale Génie Électrotechnique b. Chapitre 4 Fonctionnement génératrice L’induit peut être modélisé par son MET (l’induit produit un courant induit I) : R I U E 3. DIFFÉRENTS MODES D’EXCITATION 1. Excitation séparée Une machine est dite à excitation séparée quand l’excitation est fournie par une autre source que la machine elle-même. iex I U MCC uex Induit Inducteur 2. Auto-excitation Une machine est dite auto excitée quand elle produit elle-même son excitation. Il existe différents types d’auto excitations qui se différencient selon la façon dont l’enroulement inducteur est connecté à celui de l’induit. a. Excitation shunt (en dérivation) Les machines à excitation shunt sont munies d’un enroulement connecté en parallèle avec l’induit. I U MCC Induit 5 iex Inducteur Terminale Génie Électrotechnique Chapitre 4 b. Excitation série Les machines à excitation série sont munies d’un enroulement connecté en série avec l’induit. MCC I U 4. FONCTIONNEMENT EN GÉNÉRATRICE 1. Fonctionnement à vide (I=0A) A vide, I=0A ce qui entraîne que U = E. La caractéristique à vide est la courbe E=f(iex) à vitesse de rotation constante. rem : comme I = 0A, la MCC ne fonctionne ni en moteur, ni en génératrice, cette courbe sera donc utilisable quelque soit le fonctionnement de la MCC. E Ω = cstte iex 2. Fonctionnement en charge R Schéma équivalent : I U E Equations des caractéristiques : MCC → Charge→ U = E – R.I U = RC.I 6 RC Terminale Génie Électrotechnique Chapitre 4 Théoriquement, le point de fonctionnement est le point P de concours de ces deux caractéristiques (cf. courbe). U P Charge MCC P’ I Or la caractéristique réelle de la MCC est celle tracée en rouge sur la courbe. Pour de fortes valeurs de l’intensité du courant d’induit I, il y a apparition d’une diminution de la f.é.m. de la MCC : EC < E0 . Ce phénomène est appelé réaction magnétique de l’induit. rem : on peut atténuer, voire même supprimer cette réaction magnétique de l’induit grâce à un enroulement de compensation placé au stator, au voisinage des pôles inducteurs et parcouru par le courant d’induit. 5. BILAN DES PUISSANCES – RENDEMENT 1. Fonctionnement en moteur a. Bilan des puissances On se limitera au cas du moteur à excitation indépendante. pf P PU Induit pJ pJe Pe Inducteur 7 pm Terminale Génie Électrotechnique Chapitre 4 Le moteur reçoit : - à l’induit : - à l’inducteur : P = U.I Pe = uex.iex rem : Pe est entièrement convertie en chaleur. Le principe de conservation de l’énergie implique donc : P = PU + ∑ p e r t e s PU est la puissance utile fournie à la charge entraînée par la MCC. PU = TU .Ω Où TU est le couple utile. ! ∑ pertes ne tient pas compte de Pe ! b. Nature des différentes pertes - Les pertes par effet Joule dans l’induit : pJ = R.I 2 - Les pertes mécaniques : pm (elles sont notamment dues aux frottements et sont proportionnelles à n) - Les pertes dans le fer : pf (elles regroupent les pertes par hystérésis et par courants de Foucault et varient avec B et n) ⇒ ∑ p e r t= e Rs.I 2 + pm + p f On a donc les relations suivantes : Pe m = P − pJ = U .I − R I² = E.I Pu = Pe m − ( pm + p f ) = TU .Ω 8 Terminale Génie Électrotechnique Chapitre 4 c. Rendement Il est donné par : η = PU P + Pe rem : pour les MCC à aimants permanents, Pe = 0W. 9 Terminale Génie Électrotechnique Chapitre 4 d. Méthode des pertes séparées Les pertes par effet Joule peuvent être calculées pour un courant I donné après avoir mesuré la résistance R de l’induit à chaud. L’ensemble des pertes mécaniques et pertes dans le fer (p m + pf) est fourni par un essai à vide dans lequel ces pertes ont la même valeur que lors du fonctionnement en charge prévu. Pour cela, il faut que les deux essais soient réalisés à la même fréquence de rotation et même excitation. Essai à vide : I0 iex U0 Ω MCC uex TU=0N.m U 0 .I 0 = R.I 02 + pm + p f + PU = R.I 02 + ( pm + p f ) + 0 (TU = 0) ( pm + p f ) = U 0 .I0 − R.I 02 = E0 .I 0 On appelle pertes constantes la somme des pertes mécaniques et des pertes fer : pC = ( pm + p f ) e. Couple de pertes, couple utile On peut écrire : Pem = PU + ( pm + p f ) = PU + pC Tem .Ω = TU .Ω + pC Tem = TU + pC Ω 10 Terminale Génie Électrotechnique Chapitre 4 On fait correspondre à pc un couple de pertes Tp tel que : Tp = pC Ω . On a alors : Tp = Te m − TU 2. Fonctionnement en génératrice I iex U La génératrice reçoit : Elle fournit : Ω MCC uex P = P M + P = T Ω + P e M . e PU = U.I On a alors les relations suivantes : P e m P u = P − ( pm M = P e m − pJ + p f ) = U .I 11 Terminale Génie Électrotechnique 3. Chapitre 4 Caractéristique TU(n) a. Moteur à excitation séparée Tu n 6. MACHINE À EXCITATION SÉRIE 4. Modèle équivalent de Thévenin Il est identique à celui d’une MCC à excitation séparée mais dans la résistance, on tiendra compte de la résistance de l’inducteur : R I R = Rinduit + Rinducteur U E 5. Bilan de puissances pf pJe Pabs pm Inducteur P PU Induit P pJ Pu = Pabs – pje – pj – pf - pm Remarques : - Les formules donnant la f.é.m. et le moment du couple électromagnétique reste identiques mais il faut faire attention au fait que le flux Φ dépend maintenant du courant d’induit I. - D’après la relation U = E + R.I = k.Φ.Ω + R.I , on obtient Ω = U − R.I avec Φ dépendant de I. Donc quand I devient faible, Φ le k.Φ 12 Terminale Génie Électrotechnique Chapitre 4 devient aussi et donc Ω devient très grand : c’est pourquoi on démarre ce moteur en charge pour éviter l’emballement. - De même on a Tem = k.Φ.I avec Φ dépendant de I. Au démarrage (moteur chargé) le courant est important donc le moteur à excitation série possède un couple électromagnétique et un couple utile importants au démarrage. (avantage pour la traction) 6. Démarrage et arrêt Câbler le moteur et sa charge. Démarrage : circuit d’alimentation du moteur hors tension, on charge celui-ci. Augmenter depuis 0 V la valeur de la tension U d’alimentation. Arrêt : - 7. Diminuer jusqu’à 0 V la tension U d’alimentation du moteur et mettre le circuit d’alimentation hors tension, le moteur demeurant chargé. Annuler la charge du moteur. Caractéristique Tu (n) Tu n rem : pour ce moteur, il ne faudra donc pas le démarrer sans lui opposer un couple résistant sous peine d’emballer le moteur. 13