LA VALEUR AJOUTEE ECONOMIQUE D’UNE ORGANISATION D’ECONOMIE SOCIALE Michel Garrabé [email protected] Octobre 2001 GROUPE DE RECHERCHE EN ECONOMIE SOCIALE 2 SOMMAIRE INTRODUCTION PREMIERE PARTIE : d’évaluation. Valeurs économiques sociale, sociétales et principes 1- Economie sociale, tiers secteur, économie solidaire et OES 2-Valeur ajoutée économique, sociale et sociétale. 3- Problématique de la valeur en économie sociale. 4-Valeur et évaluation économique et sociale. 5-Méthodes d’évaluation de l’utilité d’une OES. DEUXIEME PARTIE : Les surplus ou la valeur sociale d’une OES 1- Identification et mesure des surplus directs. 11-Le surplus de solidarité. 12-Le surplus de flexibilité 13-Le surplus de réversibilité 14-Le surplus d’aménité 15-Le surplus de bénévolat 2- Identification et mesure des surplus directs : Les coûts évités. 21-Le coût public évité. 22-Le coût social évité TROISIEME PARTIE : Evaluation du surplus de solidarité, surplus cognitif et surplus d’aménité : formulation et application à la mesure de la valeur ajoutée d’une association culturelle. 1-Les variables et la formulation 11-Les variables 12-La formalisation 2-Application au cas d’une association. 21-Calcul de la valeur totale du service pour un bénéficiaire (i) 22-Valeur d’une séance pour un adhérent non militant (j) 23-Valeur d’une séance pour un adhérent militant (z) 24-Les contreparties de la production de valeur. QUATRIEME PARTIE : Evaluation des coûts publics et coûts sociaux évites : le cas d’une association intermédiaire. 1-Les variables et la formulation 11-Définition et caractéristiques juridiques d’une A.I. 12-Les variables de la production nette d’une A.I 13-Identification des coûts-avantages du fonctionnement d’une A.I. 14-Identification des composantes de la production d’une A.I. 15-Formulation du coût public évité net complet d’insertion. 151-Les effets de l‘insertion dans le cas du RMI. 152-Les effets de l‘insertion quelque soit la forme d’allocation reçue 16-Les effets du salariat des personnes accueillies 3 17-Formulation du coût social évité. 171-Identification des fonctions d’ASI. 172-Identification des effets et des coûts sociaux évités de l’action d’ASI 173-Formulation 18-Valeur totale de l’action d’une A.I. 2-Application à l’A .I.. PEGASE. 21-Usagers concernés par l’action de l’A.I. en 2000. 211-Les personnes INSEREES 212-Les personnes SALARIES. 213- Les personnes ACCUEILLIS. 22-Conventions, Subventions et Exemptions perçues par l’AI. En 2000. 23-Simulation de base hors CSE. 4 INTRODUCTION. Le capital démocratique et son patrimoine institutionnel et culturel, sont des actifs précieux dans nos sociétés. Leur production et leur préservation résultent d’un long processus de développement dont le coût matériel et humain est incommensurable. Le secteur de l’économie sociale et solidaire participe de façon décisive de la durabilité du capital démocratique. Mais l’action de ce secteur va naturellement très au-delà. Son spectre d’activités est considérable, ce qui en fait un domaine privilégié du développement des méthodes d’évaluation économique, chargées d’en mesurer les effets collectifs. Notre objectif dans ce travail est de réfléchir, d’une part, à la pertinence de l’utilisation des méthodes traditionnelles de l’évaluation économique des activités marchandes et non marchandes, au domaine de l’économie sociale, d’autre part de proposer quelques indicateurs d’évaluation et d’en présenter une première formulation. Il existe trois options d’évaluation classiques, l’une macroéconomique, l’autre microéconomique, la troisième mésoéconomique1. La première ne nous paraît pas permettre de nous interroger sur la nature et la mesure de la valeur ajoutée sociale. Ne retenant que des agrégats de la comptabilité nationale et publique, elle permet d’étudier, au mieux, les modalités et flux de financement ainsi que l’existence d’équilibres financiers d’une partie du secteur. Par contre l’approche microéconomique renseigne sur les composantes, très diversifiées, de la production du secteur et autorise le développement de tentatives de quantification. Nous retiendrons donc cette dernière approche, en proposant une tentative de conceptualisation de cette valeur sociale (sociétale) en termes de surplus directs et indirects enfin de tenter d’appliquer les principes et concepts retenus à des situations complexes concrètes. Nous identifierons dans ce document comme surplus directs quatre modalités de variation de la situation collective, que nous nommerons surplus de solidarité, de flexibilité, de réversibilité et d’aménité. Le surplus indirect concernera ce que nous avons identifié comme le coût évité qu’il soit public ou social. Cette démarche constitue la suite d’une réflexion commencée avec un travail sur la région Languedoc-Roussillon et poursuivie dans le cadre d’un groupe de recherche sur la valeur ajoutée sociale (sociétale) à l’Université de Montpellier. 1 Nous avons retenu cette approche dans notre travail : Evaluation économique du secteur de l’économie sociale en Languedoc-Roussillon Région L.R. Ocobre 1999, (155p). 5 I- VALEURS ECONOMIQUES, SOCIALES, SOCIETALES ET PRINCIPES D’EVALUATION. Il nous a paru nécessaire, préalablement à la proposition de nouveaux instruments d’évaluation, de préciser le sens d’un certain nombre de termes que nous allons utiliser dans ce travail. 1-Economie marchande, non marchande et non monétaire. L’économie marchande monétaire correspond à l’espace occupé par le marché, c’est le lieu des échanges monétaires. L’économie non marchande monétaire serait identifiée à l’économie de la redistribution publique et privée2. L’économie non marchande non monétaire serait l’espace de l’économie solidaire et de l’économie domestique. Cette typologie ne comprend pas une partie importante de ce que les économistes appellent le hors marché, qui comprend ce qui relèvent notamment des marchés de substitution. 2- Economie sociale, tiers secteur, économie solidaire et OES. L’économie sociale est un espace d’activités à lucrativité limitée et à profit non partagé, producteur de biens et de services collectifs ou privés, marchands ou non, à financement marchands ou non. Le tiers secteur est un espace productif, à lucrativité limitée et à profit non partagé délimité par une production de capital social compensée par des financements hors marché (exemptions et subventions). Ses unités de production peuvent être privées ou sociales, et ses productions marchandes ou non. L’économie solidaire est un espace d’activité sans lucrativité, caractérisé par la mise à disposition, intra-communautaire de la part de chacun des membres de ses possibilités de financement et de ses moyens de production. Une organisation d’économie sociale (OES) : « Une coalition d’individu qui s ‘associent afin de s’offrir et de fournir à d’autres des biens ou des services qui ne sont offerts de façon adéquate ni par les organisations lucratives ni par les organisations publiques3 ». 3-Valeur ajoutée économique, sociale, et sociétale. Nous proposons de considérer que la production nette des OES peut être regroupée en trois catégories de valeurs ajoutées. Une valeur ajoutée économique, constituée des flux nets de marchandises et de services issue des productions marchandes. 2 J.L.Laville (2001): Les raisons d’être des associations in Association, démocratie et société civile : La découverte/Mauss/CRIDA (pp61-140). 3 Ben-Ner A et Van Hoomissen T (1993) : Non profit organisations in the mixed economy in Ben Ner in the mixed economy: The University of Michigan Press. 6 Une valeur ajoutée sociale, concernant les effets des activités du secteur affectant les personnes en propre, en quelque sorte le non marchand individualisable. Dans cette catégorie on comprend les valeurs ajoutées écologiques, culturelles... Enfin une valeur ajoutée sociétale qui correspondrait au hors marchand communautaire4, et collectif. Concernant ce dernier cas, on peut considérer le cas de valeur sociétale à effets limités (lien social) et à effets globaux (citoyenneté). Ces catégories recoupent celles des classes de biens privés et collectifs. 4- Problématique de la valeur en Economie sociale. Se préoccuper de la mesure de la valeur ajoutée économique, sociale ou sociétale5, fournie par ces organisations, nécessite auparavant de préciser la relation Valeurs-ObjectifsFonctions-Actions-Résultats-Evaluation. Ceci du fait que traditionnellement l’évaluation d’efficacité6 correspond à un ensemble de techniques permettant de comparer les résultats obtenus avec les objectifs retenus. D’une façon excessivement schématique, nous utiliserons le cadre des significations suivantes pour chacun de ces concepts. Valeurs= Principes référentiels auxquels nous tentons de faire correspondre nos comportements. Ce à quoi nous obéissons. Objectifs= Cibles de nos actions. Ce que nous voulons. Fonctions= Place et rôle des acteurs dans l’action sociale. Ce à quoi nous servons. Actions= Opérateurs de transformation sociale. Ce que nous faisons. Résultats=Transformations quantitatives et qualitatives des situations d’acteurs : ce que nous obtenons. Evaluation= Techniques de mesure des écarts des situations d’acteurs. a-Les valeurs. Traditionnellement les principales valeurs généralement véhiculée, par les OES, sont la solidarité comprise comme une capacité d’assistance, l’éthique en tant que capacité de respect, la démocratie comprise comme la capacité à former des citoyens, et aussi l’aménité que nous définirons comme la capacité à améliorer la qualité de climat social. Ces valeurs s’incarnent dans un certain nombre de buts principaux parmi lesquels, on trouve, la dénonciation de toutes les violences, la protection des acteurs fragilisés, ainsi que plus généralement la transformation de situations sociales inacceptables au titre des valeurs indiquées. Le caractère inacceptable d’une situation est important dans la mesure ou il justifie potentiellement l’action dans un contexte d’acceptation implicite de cette situation par le marché et les pouvoirs publics. b-La fonction de compromis L’existence de logiques différentes au sein des OES, marchande, domestique, solidaire, et civique le plus souvent, en fait un lieu de compromis où se résolvent les tensions organisationnelles « à partir d’un principe supérieur commun » qui n’est pas dicté par le marché7. Cette fonction de compromis est porteuse de missions différenciées de la part des OES, produisant plusieurs types de valeur ajoutée sociale. 4 Pour reprendre le terme de Lipietz (2001) : Pour un tiers secteur La documentation française (p20). Garrabé, Bastide, Fas (2001) : Identité de l’économie sociale et de l’économie solidaire RECMA N°280 Avril. 6 Distinction entre évaluation ex-post de l’efficacité-efficience, de la pertinence , et de la cohérence d’une action. 7 Demoustier D (2000) :Les théories économiques de l’économie sociale ESEAC (12p). 5 7 Le résultat de toute action contenant une valeur ajoutée sociale est la modification de la situation, positive ou négative d’au moins une personne. Une telle modification est la conséquence d’une variation de production. Les productions du secteur sont des productions de biens et services, de lien social, de savoir-faire, ou de savoir être. Ce bref repérage montre assez que la spécificité de l’économie sociale8 est à la fois dans ses valeurs-principes, dans ses objectifs et dans ses valeurs-résultats ainsi que dans les conditions de leur mise en œuvre (urgence, type de cibles, nature du contrat…). De telle sorte que l’on peut se demander si les principes et les modalités des méthodes d’évaluation qui les concernent se situeront dans la perspective de la théorie générale de l’évaluation. 5-Valeur et Evaluation Economique et Sociale. Evaluer consiste à attribuer de la valeur à un bien ou à un service, (facteur, input ou output), et donc avant de savoir comment et avec quoi on va étalonner cette valeur, encore faudrait-il pouvoir répondre à la question du fondement de la valeur. La grande majorité des économistes ont choisi au plan des principes de rejoindre le point de vue de J.Dupuit9: « Ce qui fonde la Valeur c' est l' Utilité; ce qui mesure l' utilité c' est le sacrifice en monnaie consenti par l' agent."...l' Economie Politique doit prendre pour mesure de l' utilité d' un objet, le sacrifice maximum que chaque consommateur serait disposé à faire pour se le procurer » Sacrifice en monnaie car nous ne disposons pas d' autres étalons de l' intensité du sacrifice.« Il n' y a d' utilité que celle que l' on consent à payer. Les travaux de J.Dupuit sont fondateurs à plus d' un égard, comme l' a souligné M.Allais (1989)10. On constate à travers ces deux citations qu' il convient de lui reconnaître le mérite d' avoir explicitement proposé deux des concepts clé de l' évaluation économique; Le surplus (sacrifice maximum), et la disposition à payer/disposition à recevoir. Ce qui conduit à poser un des principes clés de la théorie de l' évaluation; valeur = utilité = surplus = disposition à payer/à recevoir = prix. Naturellement lorsqu’il n’y a pas de prix observable, il conviendra de mesurer le surplus. a-Approche traditionnelle. On l’aura compris, la relation Valeur-Utilité-Prix est au cœur du débat. Naturellement tous les effets d’une activité ne sont pas forcément monétaires. Le principe cependant est, dans un premier temps, d’utiliser toutes les ressources en information des structures d’échange pour tenter de leur attribuer une valeur. Malheureusement le fonctionnement du marché naturel présente de nombreuses imperfections du fait d’abord de la nature différenciée des biens produits, d’autre part de l’information imparfaite et incomplète.. 1-Il existe en effet, plusieurs catégories de biens et services susceptibles d’être proposées par différentes catégories de projets. 8 Enjolras B (1997) :Associations, concurrence et fiscalité : les fondements économiques de l’utilité sociale. RECMA N°263, pp (61-70). 9 Dupuit (1853) : De l’utilité et de sa mesure Journal des économistes TXXXVI (pp13-14). 10 Allais M (1989): La théorie générale des surplus PUG (716p). 8 Types de biens et services Existence d'un prix Révélation des préférences. de marché observé Biens marchands privatifs à effets privés OUI Directe par le marché observé Biens marchands privatifs à effets privésDirecte par le marché observé pour le bien collectifs OUI/NON Marchés substituts pour le produit joint Biens non marchands collectifs à effets privés-collectifs NON Indirecte : autres marchés substituts Biens non marchands à effets collectifs NON Indirecte : autres marchés substituts Les biens et services produits par les OES relèvent des deux dernières catégories. De telle sorte que l’information sur la valeur de ces biens et services ne pourra résulter que du recours à la simulation de marchés substituts. 2-L’information imparfaite conduit à des situations d’informations asymétriques générant des comportements de corruption, de resquille, d’esquive, d’aléa moral, ou encore de désolidarisation. L’incomplétude des contrats justifie l’existence de contrats implicites fondés sur la confiance. Notamment il est nécessaire de prendre en compte un certain nombre de problèmes relatifs à la qualité de l’information détenue par l’évaluateur et d’identifier les conséquences de cette situation sur les comportements d’acteurs et les méthodes d’évaluation proprement dites. Les principales situations relatives à l’information sont les suivantes11. INDETERMINATION INCOMPLETUDE INCERTITUDE structurelle externe INCERTITUDE structurelle interne RISQUE IMPRECISION qualitative IMPRECISION quantitative Les états de la nature ne sont pas fixés On ne connaît pas tous les états de la nature On connaît les états, pas leur probabilité d’occurrence On connaît les états, pas ses propres préférences On connaît les états et leur probabilité d’occurrence On connaît les états de la nature mais vaguement On connaît les états de la nature mais à l’intérieur d’un intervalle. Ces imperfections sont sources d’effets de surplus qui faussent la valeur de l’information fournie par le système de prix (de plus elles peuvent justifier du soutien financier des OES par l’Etat12). b-Principe de la simulation de marchés substituts. Le comportement des particuliers et celui des décideurs intègrent aujourd’hui leurs implications sur le patrimoine humain, naturel, social. L' élargissement de la responsabilité publique centrale et locale, est au cœur de nouvelles préoccupations, comme celles des conditions d' apparition du développement durable13, et renouvelle la question de la valeur, récurrente en économie. De telle sorte que l' extension du champs du développement et de la régulation, source de nouvelles questions, est surtout à l' origine de nouveaux instruments d' analyse et de nouveaux outils d' évaluation. Le matériel traditionnel de l' évaluation économique de la décision collective, n' est pas pour autant devenu inutilisable, il s' efforce d' intégrer de nouvelles exigences en proposant de nouveaux protocoles. Dès lors pour mesurer, il conviendra, sauf exception, de rechercher une valeur à partir de processus de substitution et de simulation d’une situation plutôt que d’une observation 11 A chacune de ces situations d’information correspond une modalité technique de la prise de décision, concernant l’indétermination et l’incomplétude, il s’agit du principe de précaution. 12 Enjolras B. (1997) op cit. 13 Y compris du développement social durable. 9 directe. Ces procédés cependant, obéiront au cadre exigé par les principes que nous avons rappelés. c-Nouveaux protocoles d’évaluation. Les types de marchés alternatifs au marché naturel, produisant des informations utilisables pour l' évaluation économique et sociale, en cas de défaillance des prix observés, sont les suivants : -Les marchés de substitution -les marchés générés, -les marchés implicites -les marchés théoriques. MARCHÉ DE SUBSTITUTION -Valeur de substitution -Valeur de la production marginale -Valeur d' opportunité MARCHÉ GÉNÉRÉ -Valeur des droits à dégrader une ressource -Valeur des droits d’utiliser des ressources. MARCHÉ IMPLICITE -Valeur des coûts de déplacement. -Valeur Hédoniste -Valeur Dose-effet MARCHÉ THÉORIQUE -Valeur contingente -Valeur expérimentale Dans certains cas, la mesure de l’utilité d’un bien ou service collectif pourra être estimée à partir de la dépense publique. La principale limite des nouvelles techniques est l’imparfaite substituabilité des marchés et des modalités alternatifs au marché naturel. 6-Méthodes d’évaluation de l’utilité des O.E.S. Trois approches de l’évaluation coexistent, comme nous l ‘avons signalé dès l’introduction. La première macroéconomique, la seconde mesoéconomique enfin l’évaluation microéconomique. a-Méthode macro L’approche macroéconomique de l’équilibre du tiers secteur met en correspondance des flux réels, et des flux virtuels. Sur cette question, A.Lipietz14 présente l’approche des responsables du ministère de l’emploi et de la solidarité, concernant les associations intermédiaires. Ils constatent : « Le chômage a un coût. Ce coût est disponible pour financer des activités qui réduisent le chômage. C’est ce qu’on appelle des dépenses passives »15. En situation de chômage : [Manque à gagner pour la collectivité (production non produite)] > [Subventions+Allocations (Assedic, FNE, RMI.. ] + [manque à gagner pour les administrations (cotisations non perçues) + avantages sociaux payés] En valeur : 1000MDF>150MDF + 450MDF. Du point de vue des administrations; 14 15 Lipietz14 op.cit. (2001 p19-20) Lipietz15 (2001 p18) 10 (Les cotisations récupérées + les impôts commerciaux perçus) (assedic,FNE, RMI ..) + avantages sociaux payés ) > (Subventions+Allocations « Ainsi un tiers secteur dont les unités productives seraient dispensées de cotisations sociales et d’impôts commerciaux et seraient subventionnées au niveau d’un RMI par personne employée, ne coûterait rien aux administrations publiques et offrirait à la société un flux de biens et services nouveaux »16. Cette présentation appelle deux remarques : -Le manque à gagner pour les administrations (cotisations sociales non perçues) ne peut être considéré comme tel que si l’on suppose, dans le situation d’emploi, que les cotisations sociales perçues sont égales aux prestations sociales versées (voir tableau suivant). De surcroît ce coût est virtuel, il n’est pas un coût d’opportunité. -Par contre les effets productifs attendus sont probablement supérieurs du fait des effets de dépenses des acteurs percevant des revenus salariaux supérieurs aux prestations et allocations. On peut représenter schématiquement ce que l’on pourrait nommer « le compte financier collectif » de la situations avec emploi. Emploi-Produits Production de biens et services directs (HT) Effets de dépense Cotisations sociales perçues Impôts commerciaux perçus Emploi-Charges Prestations sociales versées On peut également représenter ce compte financier de la situations sans emploi. Néant Chômage-Produits Chômage-Charges Allocations sociales Prestations sociales versées (Cotisations non perçues) Si pour la situation d’emploi, les cotisations sociales perçues sont supposées approximativement égales aux prestations sociales versées, alors nous aurons : Emploi-Produits Production de biens et services directs (HT) Effets de dépense Cotisations sociales perçues Impôts commerciaux perçus Chômage-Charges Allocations sociales Prestations sociales versées (Cotisations non perçues) b-Méthode mésoéconomique. Cette méthode conduit à mesurer la valeur produite par les OES dans l’économie à partir des effets diffusés dans les différentes filières économiques. On pourra ainsi distinguer les catégories suivantes exprimées en valeur annuelle. A- la création nette de richesses des structures qui composent le secteur de l' économie sociale. 16 Lipietz : op.cit p20. 11 -Il s' agit des valeurs ajoutées marchandes directes, indirectes, voire secondaires produites dans le cas des producteurs directs du secteur d' économie sociale, déduction faite des subventions accordées au secteur. -Il peut s' agir également de la valeur nette du capital humain créé par le sous secteur de la formation du secteur d' économie sociale. Cette valeur sera mesurée par le marché du travail déduction faite des subventions. B-Le maintien de richesses nettes. Il s' agit: -de la valeur ajoutée maintenue par des entreprises du secteur qui disparaîtraient avec la disparition de la solidarité, ainsi que celle de leurs fournisseurs éventuellement, déduction faite des subventions. -des effets de maintien des capacités contributives des acteurs productifs. Il s' agit du capital humain préservé pour des productions ultérieures par les actions de solidarité, déduction faite des subventions. C-les créations d' emplois nets directs et indirects. -Les emplois occupés par les entreprises du système d' économie sociale, déduction faite des emplois qui auraient pu être créés par les subventions accordées. -Les emplois crées par les demandes à l' économie du secteur de l' économie sociale, déduction faite des emplois qui auraient pu être créés de façon indirecte par les subventions accordées.. -Les emplois secondaires nets (des effets des subventions), liés aux dépenses des revenus distribués par le secteur de l' économie sociale et ses filières (au prorata pour ces dernières des demandes du secteur d' économie sociale). D-Le maintien d' emplois nets directs et indirects. -Il s' agit des emplois préservés du fait de la solidarité, qui correspondent au maintien de richesses nettes (hors effet des subventions). c-Méthode microéconomique. Au plan microéconomique, la subvention où la dispense de cotisations sociales financent, ce que Lipietz nomme le « halo social »17. Ce terme n’est pas fait pour améliorer la conceptualisation du domaine. Ce qui est ainsi nommé, traduit un certain nombre de surplus perçus par les acteurs du processus de production d’effets économiques, sociaux ou sociétaux. L’évaluation des actions sociales devrait donc, se faire dans le cadre des principes du développement de la théorie de l’évaluation par la mesure des variations des surplus des acteurs concernés. Il conviendra donc tout d’abord d’identifier ces différents surplus, puis d’en mesurer les variations en fonction des circonstances de fonctionnement des OES. Ces variations de surplus pourront être quantifiées à partir: 1-de variations monétaires observables directement, 2-de variations pouvant être mesurées, en certaines circonstances en terme d’équivalent monétaires, lorsque des protocoles réalistes correspondant, notamment à de situations expérimentales pourront être proposés. 17 Lipietz A op cit p20. 12 Naturellement, au-delà de l’intérêt représenter par l’effort de conceptualisation du problème l’approche, n’a comme objectif que de repousser, les limites de la valorisation monétaire des effets de la production globale des OES, pas de prétendre à une quantification monétaire généralisée de ces effets. D’autres approches comme l’élection d’indices socio-éthiques, ou encore l’élaboration de comptes sociaux-sociétaux (bilan sociétal de la FRCA), portent des espoirs intéressants de qualification des résultats obtenus par les OES. C’est cette approche en termes de surplus que nous allons développer dans la suite de ce travail. 13 II- LES SURPLUS OU LA VALEUR SOCIALE D’UNE OES Comme nous l’avons déjà souligné, le surplus se définit comme l’utilité procuré par l’échange, alors qu’un effet externe, est un effet hors échange mesuré en terme de variation d’utilité. La question qui se pose est de savoir si la production hors marché de l’économie sociale et solidaire relève d’une catégorie ou de l’autre. Il apparaît que l’on rencontrera les deux catégories d’effets. Cependant, de nombreux effets de surplus n’ont pas été identifiés explicitement, ou ont été mal circonscrits. Ce qui a souvent conduit les auteurs à souligner la seule présence d’effets externes. Le surplus mesure donc une utilité. Il constitue un avantage/désavantage, pour un ou plusieurs acteurs, d’une action productive d’effets. Dans le cas des actions propres aux OES, nous nous proposons d’identifier la nature de ces surplus. Dans cette perspective, nous ferons une distinction entre surplus directs et surplus indirects. Certains surplus identifiés pourrons être agrégés avec le surplus classique présent lorsque l’OES offre des biens et services marchands, ou susceptibles respectivement d’un équivalent marchand. On peut donc dire que la valeur sociale d’une OES est égale à valeur absolue de : Surplus directs+Surplus indirects +Effets Externes. 1- IDENTIFICATION ET MESURE DES SURPLUS DIRECTS. Nous envisagerons successivement le cas du surplus de solidarité, de flexibilité, de réversibilité, d’aménité, de réseau et de bénévolat. 11-Le surplus de solidarité. 111-Définition. Le surplus de solidarité s’apprécie comme la différence d’utilité, pour un ou plusieurs acteurs, entre la production d’une organisation d’économie sociale et celle de l’administration ou d’une entreprise privée à but lucratif, dont le service est substituable. Il mesure une utilité supplémentaire due à un des quatre cas suivants : - prix inférieur pour une qualité identique; - prix inférieur pour une qualité supérieure; - prix identique pour une qualité supérieure; - prix supérieur pour une qualité plus que proportionnellement supérieure. 112- Exemple. On rencontre ce type de surplus dans de nombreuses situations, dans le fonctionnement notamment des institutions suivantes. -Coopératives agricoles -Associations sanitaires et sociales -Intermédiaires financiers coopératifs 14 113- Formalisation Nous retiendrons l’exemple du cas d’un prix inférieur pour une qualité identique. K M P1 P2 N A O Q1 D Q2 Q Si le prix d’un bien ou d’un service proposé par une OES est P2, alors que celui ci serait P1, dans un autre cas de figure, alors un surplus apparaîtra et sera mesurer par P2P1MN. La surface P2P1MA représente ce que les usagers-consommateurs vont "économiser" pour un même nombre d’unités consommées Q1. La surface AMN représente ce qu' ils vont "économiser" en augmentant le nombre d’unités consommées (Q2-Q1) qu' ils vont acquérir au nouveau prix P Notre préoccupation reste. AMN= AMN= Q2 D(q)dq−[(Q2 −Q1)].P2 Q1 Q2 D(q)dq−P2Q2 +P2Q1 Q1 P2P1MA=(P1−P2).Q1=P1Q1−P2Q1 Q2 P2P1MN= D(q)dq+P1Q1−P2Q2 Q1 (II-1) Ce surplus s’ajoute à la valeur ajoutée marchande en t2 de l’OES (P2Q2). 12-Le surplus de flexibilité. 121-Définition. Le surplus de flexibilité mesure l’avantage collectif dû à la capacité de réponse des OES. Celles-ci plus mobiles et plus proches permettent de limiter les effets sociaux de certains déséquilibres. J.Godbout18, distingue pour les associations, les capacités de réponse suivantes : -détection précoce des problèmes sociaux, -proximité, ou capacité de présence, -rapidité, du fait d’une procédure de décision minimisée. -flexibilité innovante ou capacité de s’adapter et d’inventer les solutions nécessaires. 122-Exemple. On rencontre ce type de surplus dans de nombreuses situations, dans le fonctionnement notamment des institutions suivantes. -Associations d’entraides -Associations d’insertion 18 J.GODBOUT (1998) :Liens primaires, associations, tiers secteur. Revue du MAUSS N°11 (pp4456). 15 123-Formalisation. Chômage B A O Exclusion=besoin d’insertion Be=f(ch) Q1 Q2 Qx exclusion Si l’OES intervient lorsque le niveau d’exclusion est Q1, et l’administration seulement lorsqu’il est en Q2, alors le surplus de flexibilité sera mesuré par [Q1ABQ2]. SF= Q2 Q1 Be(Q)dq (II-2) Une telle formalisation suppose l’étude de la relation exclusion/besoin, d’une part et une construction de la fonctionnelle de besoin. 124-Indicateurs. -Temps de réaction 13-Le surplus de réversibilité. 131-Définition. Le surplus de réversibilité mesure l’avantage collectif dû à la différence des coûts de fonctionnement entre une structure administrative caractérisée par une certaine pérennité et une structure OES réversible. Il ne doit pas être confondu avec le surplus de flexibilité, bien qu’il mesure aussi une souplesse des structures OES. On pourrait peut être proposer un indicateur d’efficacité qui serait composé de ces deux surplus. 132-Exemple. On rencontre ce type de surplus dans de nombreuses situations, dans le fonctionnement notamment des institutions suivantes. -Associations d’entraides -Associations sanitaires et sociales 133-Formalisation. Coût A B 16 to tn tf Temps En supposant que le coût pour la durée de l’opération soit identique pour les structures administratives et OES (absence de coût public évité), celui ci est alors mesuré par [to,A,B,tn]. Le surplus de réversibilité sera alors de [tn,B,tf] tf SR = D(t)dt tn (II-3) 134-Indicateurs. -Coût de maintien de structures -Durée de maintien de structures 14-Le surplus d’aménité. 141-Définition. Le surplus d’aménité mesure l’avantage collectif de l’amélioration de la qualité de rapports sociaux du aux OES. Ce type de surplus est à la fois le plus flagrant et le moins évident à formuler précisément. Il relève de la mesure de certaines valeurs communes. 142-Types d’effets Le fonctionnement de la plupart des OES s’accompagne d’une production jointe de convivialité comprise comme une capacité de partage, d’échange dans un milieu de sympathie. Remarque :Le surplus d’aménité ne mesure que l’avantage net résultant de la production de valeurs communes dans le « tissu social ». Dans la plupart des cas les valeurs spécifiques produisent de la valeur ajoutée marchande ou hors marché mais ayant un équivalent marchand. 15-Le surplus de réseau. 151-Définition. On peut définir le surplus de réseau comme l’avantage net de synergie lié au maillage des structures d’économie sociale. Il existe ainsi un certain nombre de niveau de liens, Fédérations (URIOPS, FRCA…), confédérations (CRES), unions (UES), réseau (des scops). Ces liens permettent la circulation d’informations productrices de valeur. 152-Effets de réseau. L’existence de ces liens (analyse de la nature des liens, verticaux, horizontaux,) permet d’identifier les effets de synergie suivants. -Effet de production. La complémentarité des structures permettant d’atteindre un objectif. C’est le cas par exemple de certaines associations et des intermédiaires financiers du secteur (crédit mutuel, crédit coopératif…) qui concourent ensemble aux financements d’opérations impossibles sans cette relation. (développer avec des exemples précis). 17 -Effet de veille. La structure verticale permet de mettre en œuvre des systèmes de veille permettant de COLLECTER de l’information, de la TRAITER et de la METTRE à disposition des acteurs de terrain. C’est le cas du bilan sociétal, de la création de l’ORES etc… -Effet d’articulation. Le réseau de liens entre les OES, et en particulier la présence de structures « coupole » (fédération ou confédération) permet d’articuler les relations entre les structures elles-mêmes, mais aussi entre elles et les pouvoirs publics, conduisant ainsi à FORMULER les problèmes, à leur trouver des REPONSES, et enfin à INSTITUTIONALISER les solutions. (à préciser) 16-Le surplus de bénévolat. Ce type de surplus est fondamental dans la compréhension de la genèse de la valeur ajoutée sociale, mais il a un statut spécial au sens ou sa valeur est incorporée dans celle des autres éléments constitutifs de la valeur ajoutée sociale. Le surplus de bénévolat mesure la différence entre l’utilité nette de l’offre administrative ou privée et celle des OES pour une même fonction technique (valeur ajoutée). Il mesure de ce fait, l’implication (la sur implication ?) des bénévoles. Le manque de qualification/compétence (moindre professionnalisme impliquant des coûts d’erreur) pouvant être compensé par une plus grande disponibilité des acteurs et de moindres coûts d’organisation (coûts de transaction plus faibles). 2- LES SURPLUS INDIRECTS : LES COUTS EVITES Nous distinguerons successivement les coûts publics et les coûts sociaux évités. 21-Le coût public évité. 211-Définition. Le coût public évité mesure la différence entre le coût de production d’une prestation d’économie sociale par l’administration, et la valeur de la subvention proposée aux OES pour la produire. Le coût public évité mesure une partie de la valeur du bénévolat cependant il n’est pas identique au surplus de bénévolat. Dans la mise en œuvre de la mesure du coût évité, il faut faire preuve d’une certaine prudence car l’ensemble du dispositif (et pas seulement les acteurs de terrain) est responsable des effets d’une politique. Il convient donc de mesurer l’écart de résultat entre des acteurs de terrain public, privé ou associatif. 212-Présentation. 1: La production administrative d' une prestation coûterait 60, sa production associative coûterait 50 et la subvention reçue serait de 20. Dans ce cas le coût public évité serait de 40. Administration Coût Utilité 60 60 association Coût Utilité Subv 20 Bénév 30 60 18 Le coût public évité (CPE) est donc de 60-20=40. Si l’utilité AD =utilité ASS, alors le CPE= VBE (valeur du bénévolat) a-Le bénévolat peut avoir un coût d’opportunité nul, dans ce cas : CPE=CAD –SUBV =VBE b-Le bénévolat peut avoir un coût d’opportunité positif (COBE) (perte de BE cellule familiale) CPE=CAD-[SUBV+COBE]=VBE-COBE 2: Une association permet d' éviter par son action un accroissement de la délinquance qui coûterait 100 à la collectivité, pour une subvention de 30, le coût évité serait de 70. Ce coût pourrait être plus élevé encore si cet accroissement de délinquance, faisait l' objet, en l' absence de l' association, d' une politique de répression. 22-Le coût social évité. 221-Définition. Le coût social évité mesure l’écart de coût social, entre deux situations, avec et sans OES. Cet indicateur global, mesure en grande partie l’insuffisance de l’action du secteur public. 222-Présentation L’utilité des prestations publiques ou d’OES correspondent, par exemple, à une réduction de la délinquance dans un quartier sensible. Structures Publiques Coûts Utilité 100 100 Structures Publiques + OES Coûts Utilité 150 200 Le coût social évité sera donc de 200-100=100 Remarque : Ce coût social évité n’est pas une valeur nette mais brute du fait que des moyens sont engagés pour produire la valeur sociale. 3-L’agrégation des indicateurs. L’agrégation des indicateurs nécessite un certain nombre de précautions. Nous l’avons signalé pour le surplus de bénévolat. Les autres catégories de surplus sont en principe agrégeables, entre elles et avec les valeurs ajoutées marchandes si nécessaires. 19 III : EVALUATION DE SURPLUS DE SOLIDARITE, SURPLUS COGNITIF ET SURPLUS D’AMENITE: Formulation et application à la mesure de la valeur ajoutée d’une association culturelle. Dans cette partie nous allons rechercher des applications de la mesure des indicateurs identifiés précédemment. Cela nous conduira dans le cadre d’un certain nombre de cas à formuler le problème spécifique et à estimer ces indicateurs. Nous retiendrons dans une première application le cas d’un ciné-club. 1-Les variables et la formulation. 11-Les variables. La valeur de la production d’un service proposé par un ciné-club peut être mesurée à partir de l’utilité de ses composantes. Nous en retiendrons trois : l’utilité du film projeté (UF), celle de sa présentation-discussion (UP/D), qui précède et suit la projection et enfin celle de l’ambiance-convivialité (UC ) particulière des séances de ciné-club : V=UF+UP/D+UA/C. (III-1) Les variables retenues ici, ont été choisies à partir d’un protocole expérimental. La question de l’identification de toutes les variables pertinentes pourrait être posée. En remplaçant les utilités par les prix et les surplus correspondants, on peut écrire : V=(PxF+SuF)+(PxP/D+SuP/D)+(PxA/C+SuA/C) (III-2) Le surplus SuP/D sera un surplus cognitif, et SuA/C sera un surplus d’aménité. Le surplus de consommateur correspondant au film, représente l’écart entre ce qui est payé (PX) pour le service et la disposition maximale à payer (DAPmax). SuF= DAPmax- PX (III-3) Si l’on suppose que le spectacle cinématographique offert par le ciné-club a un substitut dans le secteur privé, on considèrera que le prix du spectacle alternatif privé (Px*F), mesure correctement cette DAP. DAPmax =Px*F (III-4) Le surplus de solidarité, définit précédemment, mesurera, ici, l’écart entre le prix payé par un bénéficiaire (PX*F) pour le même spectacle, sur le marché de substitution, celui d’un cinéma privé, et le prix associatif (PXF) : 20 SuSol=[PX*F-PXF]. (III-5) Et donc : SuSol= SuF (III-6) Enfin nous savons que les prix correspondant aux services présentation-discussion, PxP/D, et ambiance-convivialité, PxA/C, sont nuls. Nous devrons enfin prendre en compte éventuellement la cotisation (Ct), lorsque nous distinguerons les bénéficiaires et adhérents dans l’évaluation. 12-La formalisation. a-Pour un individu bénéficiaire i, au temps t nous pouvons écrire : Vit= [PXFit+SuSolit]+[PXP/Dit+SuP/Dit]+[PXA/Cit+SuA/Cit] (III-7) Les variables SuP/Dit et SuA/Cit peuvent être mesurées à partir d’une enquête ou d’un procédé expérimental. Si l’on retient par exemple le cas d’une enquête, le protocole pourrait être le suivant. A partir d’un échantillon représentatif d’une population de bénéficiaires d’un ciné-club, on peut demander aux enquêtés de révéler la distribution relative du plaisir (utilité), qu’ils accordent respectivement aux trois composantes que nous avons retenues. A l’expérience, on observe que l’on obtient ces valeurs relatives sans difficulté. Plaisir /Utilité Film Présentation /discussion Ambiance/Convivialité % α β π A partir de cette information, on peut mesurer la valeur de chacun de ces deux surplus en équivalent prix. Puisque l’on a précisé que la valeur d’opportunité du film du ciné-club était égale au prix du film substitut sur le marché PX*F, nous pouvons établir la valeur des surplus. SuP/Dit = Px*F× (III-8) Et pour l’ambiance-convivialité : SuA/Cit = Px*F×π) (III-9) A partir de là l’équation précédente s’écrit : Vit= [PXFit+ (PX*F-PXFi t)]+[PXP/Dit+Px*Fx ]+[PXA/Cit+ Px*Fx π ]+] (III-10) 21 Les services présentation-discussion et ambiance-convivialité ayant un prix nul l’on écrit ; Vit= PX*F+[ Px*Fx ]+[ Px*Fx π ]+] (III-11) Et donc : Vit= PX*F[1+ +π ] (III-12) L’intérêt de cette formulation, est qu’elle permet de calculer la valeur globale d’un service dont le prix n’acquitte que la composante apparente faisant l’objet d’une substitution possible avec un bien marchand presté par le secteur privé. Pour un individu i au temps t, on peut écrire quelle que soit la nature du service : Vit= PX*F[1+ +π +.... ] (III-13) b-L’extension à m individus ; m=1….i…v, présentant des structures de préférences différentes, pour un même film, ainsi que la prise en compte de k films , k=1…f, proposant des structures de préférences différentes pour un même individu, donnerait l’expression suivante. Vm= k m PX*mk +[1+ +π (III-14) c- sur une période de t années t=1…n, k Vm= m t * +[1+ PXmk +π ] (1+a)t (III-15) d-La question de la cotisation annuelle pour les adhérents doit être évoquée car on pourrait penser qu’elle modifie, à la marge, le calcul de la valeur du service . Soit la cotisation annuelle Cit. Le coût par film de cette cotisation sera : Cikt = Cit . Cette k cotisation doit s’ajouter au prix payé par l’individu i, pour mesurer le coût réel de la séance. Cependant ce montant doit aussi être pris en compte dans le calcul du surplus de solidarité. En conséquence, on doit l’ajouter d’un côté et le retrancher de l’autre. Nous aurions ainsi pour i au temps t : Vit= [PXFit+Cit+[ (PX*F-(PXFi t+Cit)]+[PXP/Dit+Px*Fx Ce qui donne: ]+[PXA/Cit+ Px*Fx π ]+] (III-16) 22 Vit= PX*F[1+ +π ] (III-17) On observe en conséquence que la cotisation n’intervient pas dans la mesure de la valeur du service. Celle ci reste la même, toutes choses égales par ailleurs, que l’usager soit bénéficiaire ou adhérent. 2-Application au cas d’une association. Afin de tester la validité de notre procédure de formalisation, nous avons effectué une enquête auprès d’un échantillon exhaustif de participants à une séance de Ciné-club, composé de bénéficiaires et d’adhérents. Des études complémentaires permettront à leur tour de valider les résultats obtenus en cette circonstance. La procédure a consisté à interroger l’échantillon d’usagers du ciné-club pour connaître la part respective d’intérêt (d’utilité), attribuée aux trois types de service identifiés (par nous) prestés lors d’une séance : le film, la présentation-discution, et l’ambiance-convivialité. Les résultats obtenus ont été les suivants. Production Plaisir /Utilité Production marchande Film Production non marchande Présentation /discussion Production non marchande Ambiance/Convivialité % 75% 10% 15% Nous distinguerons trois cas qui nous semblent intéressants : celui des bénéficiaires, qui sont les usagers qui n’ont pas de carte d’adhérent, celui des adhérents avec pour ces derniers deux modalités différentes de comportement. 21-Calcul de la valeur totale d’un service pour un bénéficiaire (i). On va au ciné-club pour voir un bon film. Donc si on hésite pour y aller, on hésite d’abord entre deux spectacles, le deuxième spectacle étant probablement aussi un film. On peut donc poser que l’utilité du film de ciné-club est au moins égale à celle du film substitut . Ce prix est considéré comme la disposition à payer maximale pour le film substitut, puisqu’on choisit finalement le ciné-club. Le prix demandé aux bénéficiaires est de 30FF pour une séance.. Le prix de la séance sur le marché substituable privé est de 45FF . L’utilité du film est donc mesurée par la valeur du prix du service substitut, soit (UFi)=45FF. Le surplus de solidarité est donc de 45FF-30FF : SuSol =15FF. En appliquant les résultats de l’enquête précédente, nous obtenons respectivement pour la présentation-discussion et pour l’ambiance-convivialité : En posant UP/D= P*Fi x α=0.75 β=0.10 π=0.15 = 45× 0.1 = 6 0.75 23 UA/C =P*Fi x π = 45× 0.15 = 9 0.75 Pour le film on retrouve naturellement la valeur alternative : UFi= P*Fi x π = 45× 0.75 = 45 π 0.75 Vi= (PFi + SuSol )+(Px P/D+ UP/D )l+ (Px A/C+ U A/C) Vi=(30+15)+(0+6)+(0+9) =60FF En utilisant la formulation générale que nous avons établie : +π +.... Vit= PX*F[1+ ] Vit= 45[1+ 0.1+0.15 ]=60 0.75 Vi=60FF SuSoli =15FF UFi/ PFi=45/30=1.5 (III-18) 22-Valeur d’une séance pour un adhérent non militant (j).. Nous considèrerons le cas d’un usager qui acquiert une carte d’adhérent dans le but de profiter des avantages financiers de l’adhésion. La cotisation annuelle des adhérents est de 40FF pour 10 films par an, soit 4FF le film si l’adhérent est assidu. Le coût de non assiduité chez l’adhérent fera l’objet d’une réflexion ultérieure. En échange d’une cotisation annuelle l’adhérent profite d’un prix « adhérent » (PXat), de 25FF. La valeur (utilité) de la séance se décomposera comme nous l’avons formulée précédemment. Nous avons observé auparavant que la formulation de la valeur d’une séance pour un adhérent et pour un bénéficiaire était la même. Donc : Vj=P*Fj 1+ +π [ ] = 45 1+ 0.1+0.15 =60FF 0.75 Par contre des valeurs changent, ce sont le surplus de solidarité et le rapport utilité/prix. VJ = 60FF SuSolJ=45-(25+4)=16 UFJ/ PFJ=45/29=1.55 (III-19) Nous constatons que : SuSolJ> SuSoli , et que UFi/ PFi > UFJ/ PFJ. 24 Si l’individu j n’est pas assidu, c’est à dire s’il n’assiste pas à toutes les séances du ciné-club, le coût de la séance croîtra en proportion inverse de son assiduité. Avec S, le nombre de séances auxquelles il décide d’assister, nous avons : PX*Jt=PXat x Ctj S (III-20) Dans notre cas, on peut calculer le nombre minimal de séances auxquelles j doit assister pour que l’achat de la carte d’adhérent soit rentabilisé. 45=30 x 40 → 3<S<4 . J devrait donc normalement assister à au moins quatre séances. S En réalité, du fait qu’une séance procure plus d’utilité que n’en mesure le coût monétaire, nous aurons : 60=30 x 40 → 1<S<2, deux séances suffisent. S 23-Valeur d’une séance pour un adhérent militant (z). Il s’agit du cas où la carte d’adhérent est en réalité une carte de militant associatif. Dans ce cas, il n’y a pas lieu de tenir compte de la cotisation par film, dans la mesure ou la contrepartie du coût de la carte est une utilisation indépendante de l’usage des services offerts. Ici encore nous avons pour la valeur du service : Vz=P*Fz 1+ +π [ ] = 45 1+ 0.1+0.15 =60FF 0.75 Les autres valeurs changent. Vz = 60FF SuSolz=45- 25 =2 UFz/ PFz=45/25=1.8 (III-21) Nous constatons que : SuSoli> SuSolJ > SuSolz , et que UFi/ PFi > UFJ/ PFJ> UFz/ PFz (III-22) Le fait d’être adhérent de l’association plutôt que simple bénéficiaire procure un surplus de solidarité et un rapport utilité/coût supérieurs, lorsque l’adhérent est non militant mais assidu, ou lorsqu’il est militant. 24-Les contreparties de la production de valeur. La mesure des contreparties de la valeur suppose que l’on identifie un certain nombre de charges, d’une part mais aussi le montant des subventions reçues, qui sont des charges pour la collectivité, bien qu’elles soient un produit pour les OES. 25 Coûts Location film Location salle Autres coûts Subvention 15 5 1 9 Avantages Prod Marchande Prod Equivalent Surplus SOLID Surplus AMEN 30 6 15 9 Total coûts 30 Total avantages 60 Bénévolat 30 Cette application au cas « du compte d’un bénéficiaire » montre que c’est la production bénévole qui équilibre le total de la valeur produite. Que le bénévolat figure en coût n’est pas surprenant dans la mesure ou il s’agit d’une ressource. Ceci étant la valeur proposée de 30 pour ce bénévolat ne mesure pas son coût d’opportunité mais simplement un équivalent valeur d’avantage. 26 IV-EVALUATION DES COÜTS PUBLICS ET COÜTS SOCIAUX EVITES : le cas d’une association intermédiaire. 1-VARIABLES ET FORMULATION. Nous chercherons dans cette section à identifier premièrement les variables de l’évaluation des coûts évités publics et sociaux, deuxièmement à proposer une représentation formelle de ces coûts, et enfin à les mesurer à partir d’une structure d’insertion particulière : l’association intermédiaire. 11-Définition et caractéristiques d’une A.I. Une association intermédiaire est une structure d’insertion régit par la loi19. Ses fonctions principales sont l’intermédiation sociale vis à vis de catégories sociales exclues (temporairement ou durablement). Ses principales fonctions sont l’accueil, le salariat et l’insertion de ces personnes. Pour réaliser ses missions, elle dispose de ressources contractuelles qui résultent de conventions avec l’Etat et les collectivités locales. Parmi les principaux conventionnements on peut citer les conventionnement ASI, RMI et PLIE. Elles bénéficient également de réductions de charges sociales. A.Lipietz écrit20 : « les associations intermédiaires offrent à la société l’insertion sociale et la mise en forme psychologique et professionnelle de ce public. Pour cet effet sociétal obtenu par un engagement considérable de leur encadrement et des bénévoles, elles sont rémunérées par une dispense de charges sociales. La rédaction de ce texte pourrait induire en erreur pour deux raisons. En effet, il ne s’agit d’abord que de l’annulation des charges patronales, de plus cela ne concerne que les contrats des salariés mis à disposition, pas les salariés assurant le fonctionnement de l’association intermédiaire. 12-Les variables de la production nette d’une A.I. Les associations intermédiaires, par leur activité d’accueil, de salariat et d’insertion permettent à la collectivité d’éviter des coûts publics ainsi que des coûts sociaux. Elles contribuent également, en favorisant salariat et insertion, à accroître la production intérieure brute (surplus). a-Les publics concernés sont les personnes accueillis (A), les salariés (auprès d’entreprises, d’associations ou de particuliers) (S), et les personnes insérées (N), mais aussi les clients (Z) des A.I. La relation entre les trois premières variables est A≥S≥N et P=A+S+N. Chacune des catégories d’acteurs recevra une part du surplus global. b-Les allocations reçues par les personnes accueillies (ALL). Celles ci sont très nombreuses21. c-Les durée d’insertion ou de salariat. Cette variable est imposée par la contrainte d’actualisation, mais aussi par l’effet de substitution allocation-salaire. 19 Sur les A.I. Code du travail 322-4-16-3 A.Lipietz (2001)op cit (p22). 21 Voir les sites internet de la CAF et des ASSEDIC. 20 27 d-Les subventions ou exemptions22 perçues par l’association au titre de son action. Celles-ci viendront en déduction des avantages procurés. D’une façon générale nous considèrerons que les ressources publiques sont contractuelles, et qu’elles lient les A.I. et les organismes allocataires par type d’allocation. 13-Identification des coûts-avantages du fonctionnement d’une A.I. Nous observerons respectivement la situation avec A.I. et la situation sans A.I. afin de mettre en évidence leurs différences du point de vue des effets et des coûts que ces situations représentent. A-Situation coûts-avantages avec A.I. COUTS Consommations intermédiaires Salaires de structure Charges sociales de structure23 Salaires de mis à disposition Autres valeurs ajoutées24 Subvention Convention Exemption AVANTAGES Surplus direct clients Surplus direct insérés Surplus direct des accueillis Effets externes sociaux (>0) de l’insertion Effets externes sociaux (>0) de l’accueil Surplus indirects (coûts publics évités) Surplus indirects (coûts sociaux évités 14-Identification des composantes de la production d’une A.I. Nous pouvons synthétiser les apports d’une A.I. de la façon suivante. A--Elle produit des surplus directs. On peut distinguer les effets suivants. a-Les surplus clients. Il s’agit de l’utilité globale des prestations fournies par l’A.I.. Celle comprend la production vendue plus l’utilité supplémentaire, sans contrepartie monétaire, perçu par le bénéficiaire du fait d’une DAP supérieure au prix pratiqué dans le cadre de la mise à disposition d’un salarié. Il apparaît toutefois que cette valeur supplémentaire est en général assez faible du fait de la médiocre productivité moyenne des salarié mis à disposition. Le niveau de la disposition à payer peut être supérieure pour des raisons altruistes, mais dans ce cas on peut discuter de sa prise en compte, car elle ne correspond plus à une valeur-prix. b-Les surplus des insérés et des accueillis. Il s’agit ici des avantages perçus par les acteurs usagers du système d’insertion. La mesure de ces surplus nécessitera d’évaluer la valeur en monnaie ou en équivalent monétaire de la modification de la situation économique des usagers. Une telle valeur sera considérée comme minimale du fait d’autres avantages de l’insertion et de l’accueil. Au cours d’une phase ultérieure de la recherche, nous proposerons des protocoles d’évaluation par enquête. B Elle produit des surplus indirects : coûts publics évités (CPE). Cet évitement porte sur le financement de RMI et d’allocations pour les personnes insérées ou mises à disposition. Cependant puisque l’A.I. perçoit des subventions, des exemptions ou des revenus de conventions, le coût évité brut sera25 : 22 Exemption totale des charges patronales pour les personnes salariées mis à disposition. Elles constituent un coût financier mais pas un coût économique. 24 Elles constituent également un coût financier mais pas un coût économique. 23 28 CPE=(RMI+ALL)-(SUB+EXE+CONV) C- Elle produit des surplus indirects : coûts sociaux évités (CSE). Les coûts sociaux d’exclusion ne seront pas équivalents à l’utilité sociale de l’insertion, plus l’utilité sociale de l’accueil. Il y a en effet des effets de voisinage. CSE=Coûts d’exclusion IND+ Coûts d’exclusion COLL D-Elle produit des Effets Externes. : effets externes d’insertion et d’accueil. Il s’agit d’effets de voisinage ou d’effets à valeur sociétale. 15-Formulation du coût public évité net complet d’insertion. Nous distinguerons le problème de l’insertion et du salariat. 151-Les effets de l‘insertion dans le cas du RMI. a-Coût public évité brut d’insertion (CPEBI). Nous proposerons une formulation pour le RMI, avant de généraliser à l’ensemble des allocations perçues. Le coût public évité brut se composera du gain représenté par les allocations RMI économisées du fait de l’insertion d’un certain nombre d’acteurs, dont on déduira la valeur des subventions reçues par la structure au titre de son activité. Avec : t=année de référence n=durée probable de l’insertion RMI=la valeur de l’indemnité N=le nombre de personnes insérés ConvRMI=ressource contractuelle nette reçue par l’A .I pour l’insertion des titulaires du RMI. a= le taux social d’actualisation. Dans un premier temps, nous proposerons une formulation non actualisée. CPEBIt= (RMIt ×Nt )−ConvRMIt (IV-1) b-Coûts publics évités nets d’insertion. Le coût public évité net prendra en compte, en plus des variables retenues précédemment, le phénomène de réinsertion « naturel » sur le marché du travail de certains titulaires du RMI ou d’autres allocations. Il faut toutefois souligner que la réinsertion « naturelle », est largement le fruit du travail réalisé au sein de l’A.I. Avec : α = taux de réinsertion naturelle (% de RMIstes insérés par d’autres voies que l’A.I.). [ CPENCIt = RMIt ×Nt (1 - t )]− Conv RMI t (IV-2) Evaluation de α. Lorsqu' une mesure agit sur le volume de l' emploi on cherche à évaluer un effet net sur l' emploi. De telles mesures font en effet jouer des effets de substitution entre embauches 25 Le coût net tiendra compte de la réinsertion « naturelle » . 29 non aides et embauches aides. Les créations nettes d' emploi sont donc inférieures au volume d' emploi aidé. On calcule ensuite l' impact sur le chômage de ces créations d' emploi, effet en tenant compte des effets d' appel éventuels sur la population inactive, qui font que l' sur le chômage de ces politiques n' est pas aussi fort que l' accroissement d’emploi. Une étude de référence pour la France pour ce type d' approche est celle d' ERMAKOFF !.. TRESMONTANT R., (1990)26. Elle propose de définir un jeu de coefficients d' appel et de coefficients de création-substitution et de calculer l' impact des mesures sur l' emploi et le chômage comme une fraction du nombre de bénéficiaires présents : 1. Pour 100 emplois aidés dans le secteur marchand, seule une part α correspond, à court terme, à des créations nettes d' emploi, soit 100α ; le complément à 100, soit 100(l-α), représente les emplois qui auraient été créés spontanément sans la mesure. α est un coefficient de création nette; (1-α) est le coefficient de substitution. En raison d' un effet d' appel sur la population inactive estimé à π, selon lequel des inactifs rejoignent la population active du fait de l' amélioration du marché du travail, l' effet sur le chômage de la mesure d' aide l' emploi peut très inférieur l' effet emploi: il vaut 100(l-π). En contrepartie la population active est accrue de ( 100 x π x α) 2. Pour une mesure de retrait d' activité qui diminue la population active de 100, l' effet sur le chômage est de même 100 x (1-β) si β est le coefficient d' appel spécifique à cette mesure. 3. On peut donc calculer des effets agrégés sur l' emploi et le chômage en appliquant ces coefficients aux stocks de bénéficiaires ou aux variations de stocks d' une année sur l' autre et en sommant l' ensemble de ces effets, soit : Effet sur l' emploi Σα x ∆ Si i = 1 ...n Si étant le stock de bénéficiaires en fin d' année pour la mesure de création d' emploi marchand i , une fin d' année à l' autre de ce stock de bénéficiaires ; ∆ Si, la variation d' αi, le coefficient de création nette associée à la mesure . Effet sur le chômage Σαi x ( 1 - πi)+ Σ(1-βj) x ∆ Sj avec i= 1...n et j= 1...m. Sj, tant le stock de bénéficiaires en fin d' année pour la mesure de retrait d' activité j (préretraite ou stage) : πi, le coefficient d' appel associé la mesure i. Les estimations effectuées sont particulièrement délicates et ne convergent pas toujours. On peut cependant donner quelques résultats. L' effet d' appel sur les inactifs des dispositifs de la politique de l' emploi serait faible. Il serait de l' ordre de 10 à 20% pour les emplois aidés dans le secteur non marchand, et négligeable dans le secteur marchand. Symétriquement, les effets de déperdition seraient négligeables dans le secteur non marchand mais très importants dans le secteur marchand. Ces effets joueraient d' autant plus que le dispositif se rapproche d' un contrat normal : on estime qu' il est maximum dans le cas des contrats qui bénéficient d' exonération de charges sociales sans aucune contrepartie, notamment en terme de formation. Au total, selon les dispositifs et selon les estimations les effets nets sur l' emploi dans le secteur marchand des politiques d’emploi varieraient de 5 à 40 %. c-Coûts publics évités nets complets d’insertion. 26 ERMAKOFF !., TRESMONTANT R. (1990) cf:V.FAURE: Les politiques d’insertion CEP 2001. 30 Dans le coût évité net complet, nous tiendrons compte de l’évitement de « coûts joints » tels que APL, transport, aides diverses…(supposons l coûts joints, (l=1….w), dont bénéficient les RMIstes. Nous noterons ces coûts par personne : l CJlt Les coûts évités d’insertion nets complets seront donc notés : CPENCIt =CPENIt + l [ CJlt ×Nt ] CPENCIt= RMIt ×(Nt1− t ) + l t CJlt ×Nt (1− t ) −Conv RMI CPENCIt= [Nt (1− t )]× RMIt + l t CJlt −Conv RMI (IV-3) Dans le cas ou tous les RMIstes ne disposeraient pas des mêmes allocations jointes, la formulation serait un peu plus compliquée. 152-Les effets de l‘insertion quelque soit la forme d’allocation reçue. Il existe principalement quatre types d’allocations d’inactivité perçues par les personnes prises en charge par les A.I. En plus du RMI il y a toujours versée par la CAF l’allocation adulte handicapé (AAH). Il y a d’autre part les allocations versées par les ASSEDIC : se sont l’allocation unique dégressive (AUD) et l’allocation spécifique de solidarité (ASS), Soient : -NtRMI, NtAAH, NtAUD, NtASS, les nombres d’insérés de chacune des catégories de prestation. -Pour les subventions et les coûts joints, la distinction par catégorie reste pertinente. -αt, le même coefficient d’insertion naturel quelque soit la catégorie retenue. Nous pouvons écrire pour chacune des catégories la même équation aux indices prés. Ainsi pour l’AUD. CPENCItAUD= [NtAUD(1− t )]× AUDt + l t CJtAUDI −Conv RMI (IV-4) Ainsi nous aurions donc : CPENCIt=CPENCItRM+CPENCItAUD+CPENCItAAH+CPENCItASS En fait, les ressources reçues au titre de l’activité ne sont pas toujours spécifiées par catégories d’allocation27. Considérons les 4 allocations ALLv, v=1…4., et les différentes 27 Voir TINA 31 sources de revenus pour l’A.I. dus aux différentes conventions (z) passées avec des organismes publics. CPENCIt= 4 v =1 [Ntv(1− t )]×[ALLtv + l CJlvt ] − z t ConvINS (IV-5) 16-Les effets du salariat des personnes accueillies. Outre les personnes insérées, les A.I. salarient un certain nombre de personnes accueillies. Cela consiste à procurer du travail « précaire », à une partie de cette population dans le but de faciliter son insertion. L’objectif restant l’insertion, pas le salariat, il existe d’autres associations dont c’est précisément le but. On peut distinguer deux situations -Celle où toute activité salariale28 conduit à la suspension totale ou partielle des allocations d’inactivité, c’est en principe la situation officielle. -Celle où cette activité précaire ne change rien à la perception d’allocations, c’est en réalité la situation de fait. Dans le premier cas, le gain pour la collectivité dépendra de la durée de la suppression des allocations tG avec, tG=b….G..et, 1 ≤ b ≤ G ≤ n. Ce temps est égal au temps travaillé (tS), moins le temps de régularisation de la situation du salarié (tR) plus le temps administratif de retour à perception d’allocation (tA). tG = tS - tR + tA La période moyenne de salariat correspond à la durée moyenne de gain en allocation pour la collectivité. On peut donc écrire que le coût public évité du fait du salariat (S) serait en introduisant l’exemption de charges patronales (Ex). CPESt= 4 v =1 Stv× ALLtv + l CJlvt (IV-6) De telle sorte que le coût public évité net complet d’insertion et de salariat s’écrive : CPENCISt =CPENCIt - CPESt : 4 [Ntv(1− t )]×[ALLtv + v =1 l CJlvt ] + 4 Stv × ALLtv + v =1 l CJlvt _ 4 z t ]+ [ConvINS [Stv ×Ex tv ] (IV-7) v =1 Dans le deuxième cas (l’activité précaire ne change rien à la perception d’allocations), alors le coût public évité net complet insertion et salariat est égal au coût public évité net complet d’insertion. De plus ne sont pas pris en compte les cotisations sociales payées par les salariés parce qu’en échange de celles-ci, les salariés perçoivent des avantages sociaux. Dans un premier temps nous ferons implicitement l’hypothèse que l’effet s’annule. 17-Formulation du coût social évité. Les coûts sociaux évités peuvent être identifiés à partir de ce qui constitue les activités d’accompagnement social individualisé (ASI) des A.I. 28 Voir TINA 32 171-Identification des fonctions d’ASI. Ces activités peuvent être regroupées en trois classes. -le diagnostic social -l’accompagnement social global -le suivi avant et pendant l' emploi a-Diagnostic social : . Accueil de la personne, . Entretien individuel 1-Mise en confiance : explication et recherche de l' intérêt de l' orientation ASI avec la personne, 2-Recueil d' informations : écoute, questionnement, observation..., 3-Identification des besoins de la personne, formulation des priorités par rapport à la situation, définition d' objectifs à plus ou moins long terme avec la personne, 4-Bilan de situation : analyse des informations, de la demande, des motivations, 5-Constitution du dossier d' inscription avec signature du contrat d' engagement, 6-Communication institutionnelle : présentation écrite ou orale du bilan de situation transmission hiérarchisée. b-Accompagnement social global : Elaboration de projet personnel avec l' usager (recherche avec l' intéressé de ses motivations, de ses centres d' intérêt, mise en évidence des compétences et des potentialités, incitation à la formulation objective, aide au choix). 1-Résolution des problèmes de la vie quotidienne et si nécessaire : -aide à la gestion du budget familial, aide à la constitution de dossiers de surendettement, -conseil en consommation, -aide à l' accès et au maintien dans un logement, recherche d' hébergement, -démarches administratives, -aide en matière de santé (vaccination, hygiène, bilans de santé, -recherche d' une complémentaire santé, constitution dossiers CMU....), -régularisation des droits sociaux, -aide à l' intégration... 2-Aide à l' insertion sociale : -favoriser les échanges grâce à la mise en relation avec notre réseau partenarial. 3-Aide à 1 ' insertion professionnelle : -aide à la construction d' un projet professionnel, -élaboration d' un itinéraire d' insertion individualisé avec l' usager, -aide à la recherche d' une formation ou d' un emploi, -suivi du parcours avec l' usager et aide dans les différentes démarches. c-Suivi. 1-réorientations si nécessaire: autres prestations (ANPE), autres partenaires plus spécialisés dans un domaine, autres dispositifs d' accompagnement, 2-mise à jour des démarches effectuées, sociaux 33 3-suivi des activités, contrôle de la qualité du travail effectué, 4-réajustement des objectifs en cours de parcours en fonction du rythme de la personne, de ses appréhensions, capacités d' adaptation, 5-suivi avec le réfèrent partenarial identifié. En plus de ces prestations « non monétaires », l’association intermédiaire produit 2 services joints qui sont : -le ré encrage dans une structure pour certaines personnes exclues, condition préalable de leur réinsertion -le recouvrement d’une écoute, passeport de la dignité également condition préalable. 172-Identification des effets et des coûts sociaux évités de l’action d’ASI. A partir des fonctions identifiées on peut considérer que les effets des activités des ASI sont principalement les suivants. a-Réduction des comportements d’inhibition -démarches redevenues (devenues) possibles, -prise de responsabilité envisageable b-Recouvrement partiel de l’estime de soi et de sa dignité. -recouvrement de la confiance en soi -mise en valeur de soi c-Meilleure gestion du temps. -repérage temporel -organisation du temps disponible -recouvrement d’un rythme de vie d-Connaissance de ses droits. e-Connaissance des lieux administratifs et de recherche d’emplois. f-Connaissance de méthodes d’investigation. g-Recouvrement de la mobilité. On peut considérer que les avantages liés à ces effets sont les suivants : -Effet d’autonomie.(a) - Effet d’estime de soi (b) - Effet d’organisation (c) - Effet d’information et d’initiative (d,e,f) - Effet de mobilité (g) 173-Formulation. Appelons CSk les coûts sociaux identifiés, de classe k, (k=1…g), par accueillis, évités du fait de l’accueil, de l’aide et du suivi de la population (P). On peut penser que seule une partie (A*) de (P) verrait ses coûts sociaux baisser. A*t × CSkt (IV-8) k L’identification de la population A* posera naturellement des problème. Dans le meilleur des cas A=A*. 174-Valeur des coûts évités nets. Ici encore nous devons considérer la valeur des coûts sociaux nets à partir de leur valeur brute diminuée des revenus du conventionnement annuel qui leur est attaché. 34 A *t × CSkt −Conv tASI (IV-9) k 18-Valeur totale de l’action d’une A.I. : formulation générale. Si on considère que les avantages de production sont des transferts, alors pour la valeur totale de l’action d’une A.I., en introduisant l’actualisation, nous avons : (IV-10) 4 v =1 t [Ntv(1− t )]×[ALLtv + l (1+a)t CJlvt ] + g k =1 4 CSkt ×A*t + G Stv× ALLtv + v =1 t=b (1+a)t l CJlvt z _ t t + ConvINS 4 [Stv×Extv ]+ConvtASI v =1 (1+a)t 2-APPLICATION A L’L’A.I. PEGASE. Nous retiendrons comme année d’évaluation l ‘année 200029. 21-Usagers concernés par l’action de l’A.I. en 2000. Personnes en fichier au 31/12/00=288 Accueillis=343 Salariés=97 Insérés=58 A partir des informations (anonymes) disponibles nous avons opéré une répartition des acteurs en fonctions des allocations perçues. Cette répartition résulte d’une extrapolation de l’information disponible pour une partie d’entre eux. Répartition des services de l’AI. En 2000 RMI AUD ASS AAH Autres Total Accueillis 95 181 31 31 5 343 Salariés 37 41 8 10 1 97 Insérés 14 29 8 7 0 58 AUD=Allocation unique dégressive ASS=Allocation spécifique de solidarité AAH=Allocation adulte handicapé Les autres formes d’aides relèvent de l’AFR (allocation formation reclassement), ACA (allocation chômeurs âgés), ASE (allocation spécifique de conversion),…. Répartition des insérés. Contrat RMI AUD ASS AAH Autres Total CDI 3 15 1 1 0 20 CDD 3* 8 2 2* 0 15 Création entreprise 2 1 0 0 0 3 CES 4** 1 1 2* 0 8 Formation 2 4 4 1 0 11 CAT 0 0 0 1 0 1 TOTAL 14 29 8 7 0 58 *durée 3 mois,**1 contrat durée 4 mois 29 L’information que nous avons utilisée nous a été confiée par la responsable de l’A.I. Mme T.MATTERN sans laquelle ce travail n’aurait pu avoir lieu. 35 Les mises à disposition (salariés) sont hors charges (coût pour la collectivité) Les travailleurs handicapés insérés ne sont pas en général titulaires d’une allocation, l’obtention d’une allocation étant conditionnée par un handicap lourd souvent invalidant. 211-Les personnes INSEREES. La distribution des insérés est répartie de façon homogène sur l’année, ce qui nous permet de considérer qu’en moyenne la durée d’insertion. Insérés CDI N RMI N AUD N ASS N AAH Nb Allocations évitées 3 2610 15 4000 1 2500 1 3700 Coûts joints évités Total CJAPL CJTRA CJAiDi 2000 250 150 12030 2000 250 150 81000 2000 250 150 3900 2000 250 150 5100 Sous-total 122030 Total=sous-total x6 732180 -La durée moyenne retenue pour les CDD est de 6 mois pour 2000. Insérés CDD N RMI N AUD N ASS N AAH Nb Allocations évitées 3 2610 8 4000 2 2500 2 3700 Coûts joints évités CJAPL CJTRA CJAiDi 2000 250 150 2000 250 150 2000 250 150 2000 250 150 Total 15030 51200 9600 12200 Sous-total 88230 Total=sous-total x 3 264690 -La durée moyenne des CRE est de 6 mois pour l ‘année 2000. Insérés CRE N RMI N AUD N ASS N AAH Nb Allocations évitées 2 2610 1 4000 0 2500 0 3700 Coûts joints évités CJAPL CJTRA CJAiDi 2000 250 150 2000 250 150 2000 250 150 2000 250 150 Total 10020 6400 0 0 Sous-total 16420 Total=sous-total x 6 98520 -La durée moyenne pour les CES est de 4 mois pour l’année 2000. 36 Insérés CES N RMI N AUD N ASS N AAH Nb Allocations évitées 4 2610 1 4000 1 2500 2 3700 Coûts joints évités CJAPL CJTRA CJAiDi 2000 250 150 2000 250 150 2000 250 150 2000 250 150 Total 20040 6400 4900 12200 Sous-total 43540 Total=sous-total x 4 174160 -Nous faisons l’hypothèse que les acteurs en formation conservent leurs allocations. -La durée moyenne de la formation n’a donc pas d’incidence sur les avantages. Insérés FOR N RMI N AUD N ASS N AAH Nb Allocations évitées 2 2610 4 4000 4 2500 1 3700 Coûts joints évités CJAPL CJTRA CJAiDi 2000 250 150 2000 250 150 2000 250 150 2000 250 150 Total 0 0 0 0 Sous-total 0 Total=sous-total x 4 0 -La durée moyenne retenue pour les CAT est de 6 mois. Insérés CAT N RMI N AUD N ASS N AAH Nb Allocations évitées 0 2610 0 4000 0 2500 1 3700 Coûts joints évités CJAPL CJTRA CJAiDi 2000 250 150 2000 250 150 2000 250 150 2000 250 150 Total 0 0 0 6100 Sous-total 6100 Total=sous-total x 6 36600 212-Les personnes SALARIES. En 2000 Salariés Insérés Salariés non insérés RMI AUD ASS AAH Autres Total 37 41 8 10 1 97 14 29 8 7 0 58 23 12 0 3 1 39 La durée moyenne de mise à disposition est de 1.5 mois par salariés pour 2000. 37 Salariés Nb Allocations évitées 23 2610 12 4000 0 2500 3 3700 1 3700 SRMI SAUD SASS SAAH Autres Coûts joints évités Total CJAPL CJTRA CJAiDi 2000 250 150 115230 2000 250 150 76800 2000 250 150 0 2000 250 150 18300 2000 250 150 6100 Sous-total 216430 Total=sous-total x 1.5 324645 213- Les personnes ACCUEILLIS. Pour le moment nous ne disposons pas de l’information nous permettant de mesurer les coûts sociaux évités des personnes accueillis. La grille suivante pourrait être retenue. Accueillis Nb A RMI A AUD A ASS A AAH A AUTRES 95 181 31 31 5 CSRCI Coûts sociaux évités CSRES CSMGT CSMOD 22-Conventions, Subventions et Exemptions perçues par l’AI. En 2000. COVPLIE COVASI EXESAL SUB CNASEA 22500 200000 178115 52488 23-Simulation de base hors CSE. Calcul de EXESAL. 97 x (43.72 x 0.28) x 150 = 178115 FF Total des avantages bruts hors insertion spontanée (α). 732180+264690+98520+174161+36600+324645=1630795FF Total des avantages avec α=10%, sauf pour les créateurs d’entreprise pour lesquels on peut penser que α=1. (732180x 0.9) + (264690 x 0.9) +(98520 x 0)+(174160 x 0.9) x (36600 x 0.9) + 324645 = 1411512FF Total des coûts. 22500+200000+178115+52488=453103FF 24-Résultat net hors coûts sociaux évités. 38 1411512 – 453103 = 958409 FF Ce qui signifie qu’une structure A.I. du type de celle que nous avons étudiée permet d’éviter un coût public global de l’ordre de 1MLFF par an. A ceci doit s’ajouter les CSE ainsi que les autres avantages que nous avons précédemment mentionnés. L’inconvénient du calcul du coût évité par l’insertion, est que l’on pourrait penser que n’importe quelle entreprise privée permet de faire économiser des coûts à la collectivité en insérant spontanément des acteurs. En fait les acteurs dont il est question ici, ne sont que très peu insérables spontanément, (dans notre hypothèse 10%).