Institutions européennes et intégration européenne. Conférence 7. La citoyenneté européenne. Questions à discuter: 1. Les droits et les libertés des citoyens européens. 2. Les valeurs européennes. Sources • Enjeux et rouages de l’Europe actuelle. SupFoucher. Paris, éd.Foucher, 2012, 400 P. • La construction européenne, ses institutions dans le cadre international. SupFoucher. Paris, éd.Foucher, 2013. • http://www.institutdelors.eu/media/etud48_05.pdf?pdf=ok • http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/eb/eb77/eb77_value_fr.pdf • http://www.voxeurop.eu/fr/content/article/4070891-redecouvrir-lesvaleurs-europeennes • Les pouvoirs de la langue. Chisinau, ULIM, 2014. • http://www.un.org/fr/rights/overview/themes/minority.shtml • http://www.unesco.org/new/fr/social-and-human-sciences/themes/fightagainst-discrimination/promoting-tolerance/ • http://www.coe.int/t/dghl/standardsetting/equality/default_FR.asp L’identité européenne • La question de l’identité européenne, qui avait occupé une place si grande dans les grands débats d’idées dans la période de l’entre-deux-guerres mondiales, et jusqu’au début des années 50, a connu une longue éclipse lorsque la construction de l’Union européenne que nous connaissons aujourd’hui a commencé. Sans doute y a contribué l’approche délibérément pragmatique, non idéologique, antirhétorique, de la méthode fonctionnaliste inventée par Jean Monnet. • Sa méthode est celle des projets concrets, des petits pas, du refus tactique du grand dessein, de la patiente maturation d’intérêts communs. L’identité européenne • Tzvetan Todorov plaide pour une affirmation de l’identité spirituelle européenne, afin de sceller la solidarité entre Européens sur une base plus solide que celle des intérêts communs. • Cette identité européenne est néanmoins paradoxale, puisqu’elle renvoie à des valeurs qui sont, soit trop générales, soit trop particulières. Afin de dépasser ce paradoxe, Tzvetan Todorov nous propose un détour par les penseurs des Lumières, qui ont montré comment la pluralité pouvait donner naissance à une nouvelle unité. L’identité européenne • Selon Ash Amin, l’identité européenne «classique» se caractérise par la nostalgie et l’exclusion de l’étranger. Il argumente en faveur de l’élaboration d’une nouvelle idée de l’Europe, articulée autour des notions d’hospitalité et de réciprocité. Selon lui, seule une éthique de l’engagement vis-à-vis de l’Etranger pourra remettre l’Europe en phase avec les réalités qui la caractérisent aujourd’hui, celles de sociétés devenues essentiellement multiculturelles. L’identité européenne • Pour Henryk Wozniakowski, la recherche et le débat sur les principes identitaires en Europe doivent être encouragés, et nous devons accepter la part de risque que comporte une telle recherche. Le questionnement permanent, l’esprit critique, le refus de l’autoidentification close et durable, sont autant de signes que l'identité européenne n’est pas inconsistante. • Il insiste sur le déficit de représentations symboliques dont souffre l’Europe et appelle les hommes et femmes de charisme à s’engager pour pallier ce déficit. Identité politique européenne • « L’identité politique européenne » désigne aussi la place et le rôle que joue (ou devrait jouer) l’Union sur la scène internationale, l’image qu’elle projette sur le reste monde. A cet égard, les valeurs qu’aimeraient incarner les responsables politiques européens – respect de la démocratie et des droits de l’homme – ne sont pas l’apanage de l’Europe. Petite sœur de la puissance américaine, l’Union européenne tente de s’en démarquer (et certains de ses Etats membres plus que d’autres) en adoptant la posture du sage conseiller qui, ayant vécu et commis des erreurs de jeunesse, est en mesure de mieux appréhender la complexité du monde. • Il y a, dans la conception quelque peu post-moderne de «puissance civile », quelque chose qui rappelle l’esprit viennois – un modèle de civilisation fondé sur le pluralisme, le relativisme, la méfiance envers les absolus. 1. Les droits et les libertés des citoyens européens. • "Est citoyen de l’Union toute personne ayant la nationalité d’un État membre". Instituée par le traité de Maastricht en 1992 et complétée par le traité d’Amsterdam en 1997, la citoyenneté de l’Union complète mais ne remplace pas la citoyenneté nationale (art. 9 TUE). • La définition de la nationalité demeure la prérogative exclusive des États membres. L’UE n’a aucune compétence en la matière. Les instances européennes n’ont donc aucun pouvoir d’octroyer la qualité de citoyen européen. Les États restent maîtres, à travers leur code de la nationalité, de décider qui est européen et qui ne l’est pas. La délivrance du passeport européen, qui permet aux ressortissants de l’UE de se rendre à l’étranger, continue de relever des autorités nationales. 1. Les droits et les libertés des citoyens européens. • • • • • Les citoyens européens disposent de droits liés à leur citoyenneté et garantis par les traités(art. 20-25 du TFUE) : le droit de circuler et de séjourner, de travailler et d’étudier sur le territoire des autres pays membres, reconnu aux actifs et aux « inactifs » (étudiants, retraités, etc.) ; des droits civiques et politiques : droit de vote et d’éligibilité (être élu) aux élections municipales et aux élections du Parlement européen dans l’État membre où ils résident ; droit de pétition devant le Parlement européen ; un droit d’initiative citoyenne créé par le traité de Lisbonne (art. 11 TUE): un comité de citoyens (ONG, association, parti politique, etc.), composé d’au moins sept ressortissants de sept États membres différents, a la possibilité, depuis le 1er avril 2012, de présenter une initiative citoyenne européenne (ICE), invitant la Commission à exercer son droit d’initiative, en vue de l’adoption d’un texte qu’ils estimeraient nécessaire. Cette initiative doit être soutenue par un million de citoyens ressortissants d’au moins un quart des États membres et représentant une proportion significative de la population de chacun des États concernés (par exemple : 3 750 signataires pour Malte, 74 250 pour l’Allemagne, 54 000 pour la France, etc.) ; certaines garanties juridiques : la protection diplomatique et consulaire par un autre État membre sur le territoire d’un pays tiers, non membre de l’Union européenne (UE), si le leur n’y est pas représenté ; le droit d’adresser au Médiateur européen une plainte contre un acte de mauvaise administration commis par une institution européenne. 1. Les droits et les libertés des citoyens européens. • L’exercice de ces droits est assorti de limitations et de conditions. Ainsi : • les citoyens de l’UE peuvent, dans un autre État que celui d’origine, être élus conseillers municipaux mais pas maires ou adjoints ; • ils peuvent être fonctionnaires dans leur État de résidence mais uniquement pour des emplois ne mettant pas en jeu sa souveraineté ; • ils doivent justifier de ressources suffisantes pour s’installer dans un autre État. En matière de citoyenneté européenne, le traité de Lisbonne crée un "Corps volontaire européen d’aide humanitaire" (art. 214 TFUE). • Aucun traité n’énumère les devoirs du citoyen européen. Seul le préambule de la Charte des droits fondamentaux pose le principe que "la jouissance de ces droits entraîne des responsabilités et des devoirs". 1. Les droits et les libertés des citoyens européens. • Les citoyens de l’UE disposent de moyens juridictionnels (tribunaux) et non juridictionnels (médiateur) pour défendre leurs droits face aux actes des institutions européennes. • Le traité de Lisbonne (2007) a modifié l’organisation des moyens juridictionnels: le tribunal de première instance (TPI) et la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) sont remplacés par un ensemble, appelé Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), formé par la Cour de justice, le Tribunal et des tribunaux spécialisés (art. 19 TUE). • Le Tribunal traite tous les recours des particuliers contre les actes des institutions européennes dont ils sont les destinataires ou qui les concernent: • recours en annulation : contre des actes juridiques qui les affectent directement et individuellement ; • recours en carence : contre l’inaction des institutions européennes dans un domaine ; • recours en réparation : lorsque les particuliers ont subi des dommages provoqués par des institutions ou des agents de l’UE. 1. Les droits et les libertés des citoyens européens. • Le médiateur européen constitue le principal moyen non juridictionnel dont disposent les citoyens. Il reçoit et enquête sur les plaintes des citoyens contre les actes de mauvaise administration des institutions européennes. • En cas d’illégalité constatée, il saisit l’institution mise en cause et lui adresse un projet de recommandation que celle-ci reste cependant libre de suivre. Il est indépendant et est élu par le Parlement européen. Son existence est consacrée par le traité de Lisbonne (art. 228 TFUE). 2. Les valeurs européennes. • L'Union se fonde sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d'égalité, d'État de droit ainsi que de respect des droits de l'homme, y compris les droits des personnes appartenant à des minorités. • Ces valeurs, qui sont énoncées dans l'article I-2, sont communes aux États membres. De plus, les sociétés des États membres sont caractérisées par le pluralisme, la nondiscrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l'égalité entre les femmes et les hommes. • Ces valeurs jouent un rôle important, notamment dans deux cas concrets. Premièrement, le respect de ces valeurs est une condition préalable pour toute adhésion d'un nouvel État membre à l'Union selon la procédure énoncée à l'article I-58. Deuxièmement, le non-respect de ces valeurs peut mener à la suspension des droits d'appartenance d'un État membre à l'Union (article I-59). Etat de droit • L’État de droit peut se définir comme un système institutionnel dans lequel la puissance publique est soumise au droit. Cette notion, d’origine allemande (Rechtsstaat), a été redéfinie au début du vingtième siècle par le juriste autrichien Hans Kelsen, comme un État dans lequel les normes juridiques sont hiérarchisées de telle sorte que sa puissance s’en trouve limitée. • Dans ce modèle, chaque règle tire sa validité de sa conformité aux règles supérieures. Un tel système suppose, par ailleurs, l’égalité des sujets de droit devant les normes juridiques et l’existence de juridictions indépendantes. Respect de la dignité humaine • Après la Seconde Guerre Mondiale la dignité humaine ne pouvait, voire ne devait plus être pensée simplement comme un concept théologique ou philosophique; il lui fallait maintenant reposer sur une base plus solide, à savoir un socle juridique. • Aussi, après avoir été niée, bafouée, souillée, la dignité humaine a été consacrée par la communauté internationale repentante comme le fondement des droits de l’homme. • A ce titre, les références les plus significatives à cette expression se retrouvent inscrites dans les préambules de la Charte des Nations-Unies du 26 Juin 1945 ou encore de la Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948 qui, pour cette dernière, énonce avec vigueur “ la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine ”. Liberté “Le premier des droits de l'homme c'est la liberté individuelle, la liberté de la propriété, la liberté de la pensée, la liberté du travail.” (Jean Jorès) “Nous n’avons qu’une liberté : la liberté de nous battre pour conquérir la liberté...” (Henri Jeanson) “La liberté, c'est toujours la liberté de l'autre.” (Rosa Luxembourg) “Dans la plupart des pays, les citoyens possèdent la liberté de parole. Mais dans une démocratie, ils possèdent encore la liberté après avoir parlé.” (André Guillon) Démocratie • Du grec ancien – « souveraineté des peuples » • Selon la célèbre formule d'Abraham Lincoln la démocratie est « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». • Etant donné la multiplicité des critères invoqués par les régimes pour revendiquer une appartenance à la démocratie, on retient un faisceau d'indices (établissant un « Policy score »), pour évaluer la qualité des institutions et des processus politiques. Ce sont en particulier : • la manière dont est recruté l'exécutif (élection, nomination, pouvoir héréditaire, liberté des électeurs…) ; • les moyens de contrôle sur l'action de l'exécutif (autres pouvoirs : législatif et judiciaire…); • la manière dont est traitée la concurrence politique (opposition des partis politiques, contre-pouvoirs comme la presse ou l'opinion publique…). Respect des droits de l’homme • Les droits de l’homme, en tant que notion essentiellement politique, sont apparus en Europe, puis en Amérique, avec des différences nationales marquées. Les citoyens acquièrent aux XVII-e siècle (Habeas corpus de 1679 et Bill of Rights de 1689 en Angleterre) et XVIIIe siècle (Déclaration de 1789) des droits civils et politiques : liberté individuelle, droit de propriété, droit de résistance à l’oppression, liberté de pensée. Les droits de l’homme, conquête des États démocratiques modernes, ont été au cœur de l’affrontement avec les régimes totalitaires au XX-e siècle. • Au XX-e siècle, ces droits s’élargissent aux domaines économique, social et culturel, en même temps qu’ils se diffusent dans le reste du monde. La Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, élaborée dans le cadre des Nations unies, ajoute aux droits civils et politiques des principes économiques et sociaux, comme le préambule de la constitution de 1946 le fait pour la France. Sont notamment reconnus le droit au travail, à la protection de la femme et de la famille, au respect de la vie. Droits des minorités • Environ un milliard de personnes dans le monde appartiennent à des groupes minoritaires, dont beaucoup sont victimes de diverses formes de discrimination, de l’exclusion et, souvent, de conflits violents. • Tenir compte des aspirations des groupes minoritaires nationaux, ethniques, religieux et linguistiques, et garantir les droits des personnes appartenant à des minorités, c’est reconnaître l’égalité de tous les individus et favoriser leur participation à la société; cela contribue également à réduire les tensions sociales. • • • “ARTICLE 14 de la CEDH Interdiction de discrimination La jouissance des droits et libertés reconnus dans la présente Convention doit être assurée, sans distinction aucune, fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, la langue, la religion, les opinions politiques ou toutes autres opinions, l’origine nationale ou sociale, l’appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance ou toute autre situation. » Tolérance L'éducation à la tolérance doit viser à contrecarrer les influences qui conduisent à la peur et à l'exclusion de l'autre et doit aider les jeunes à développer leur capacité d'exercer un jugement autonome, de mener une réflexion critique et de raisonner en termes éthiques. La diversité des nombreuses religions, langues, cultures et caractéristiques ethniques qui existent sur notre planète ne doit pas être un prétexte à conflit; elle est au contraire un trésor qui nous enrichit tous. A la suite des attentats terroristes qui ont visé dernièrement Bruxelles, Paris et Copenhague, des militants de mouvements de jeunesse de tout le continent se joindront aux représentants de haut niveau des 47 Etats membres du Conseil de l’Europe, le 8 mai, à Bruxelles, pour examiner les meilleurs moyens de lutter contre l’intolérance et le discours de haine tout en protégeant les droits de l’homme et la démocratie. Pluralisme • Le pluralisme est un cadre d'interaction dans lequel différents groupes montrent suffisamment de respect et de tolérance pour coexister et interagir dans un climat plus harmonieux que conflictuel et sans volonté d'assimilation. • Le terme « pluralisme » est d'usage récent. C'est le philosophe allemand Christian Wolff qui l'aurait utilisé pour la première fois vers 1720. Il n'apparaît dans les dictionnaires français qu'en 1932 cependant. L'idée pluraliste, pour sa part, est déjà présente dans la Grèce antique. • • • • • • • • • • Le pluralisme comme principe d'organisation sociale se caractérise comme suit : La perméabilité des frontières, la valorisation des échanges, la libre circulation des personnes, des idées, etc. Un préjugé favorable à l'égard du principe du changement. La société se définit par la réciprocité entre l'initiative individuelle et la sauvegarde collective des valeurs. La liberté de l'individu constitue la valeur suprême. La propriété privée constitue un appui essentiel à l'expression de l'individu. L'État de droit doit être ni trop fort, ni trop faible. Il y a acceptation de la persistance de tensions et de conflits. Il y a une reconnaissance et un respect des différences. On y voit un idéal d'un équilibre des rapports de force. Egalité entre les hommes et les femmes • • • • Combattre les stéréotypes de genre et le sexisme ; Prévenir et combattre la violence faite aux femmes; Garantir aux femmes l’égalité d’accès à la justice ; Assurer une participation équilibrée des femmes et des hommes à la prise de décision politique et publique; • Intégrer dans toutes les politiques et dispositions une démarche soucieuse d’égalité entre les femmes et les hommes. • (Le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, Thorbjørn Jagland, s’engage à « Pour un monde 50-50 en 2030 : Franchissons le pas pour l’égalité des sexes ») « La violence à l’égard des femmes est une conséquence directe des inégalités. Notre « modèle d’excellence », la Convention d’Istanbul, fournit une réponse complète pour prévenir la violence, protéger les victimes et poursuivre les auteurs de violence. Son mécanisme de suivi vient tout juste d’être établi et nous attendons avec intérêt de recevoir les données qui permettront aux Etats parties de mieux prioriser leurs actions et de renforcer l’efficacité de leurs réponses pour lutter contre cette violation ignoble des Solidarité • La solidarité est un lien social d'engagement et de dépendance réciproques entre des personnes ainsi tenues à l'endroit des autres, généralement des membres d’un même groupe liés par une communauté de destin (famille, village, profession, entreprise, nation, etc.). • • • • Dans son acception générale, la solidarité caractérise des personnes qui choisissent ou ressentent une moralité d'assister une autre personne et réciproquement. La solidarité se distingue de l'altruisme: l'altruiste peut souhaiter aider autrui sans pour autant se sentir concerné par ce qui lui arrive, et inversement on peut se rendre solidaire d'autrui simplement par intérêt bien compris (attente d'une réciprocité) et non par altruisme. Très souvent, on présente sous cette forme positive des formes de solidarité plus ambiguë: une forme d'échange mutuel, où chaque membre se rend solidaire des autres parce que les autres se rendent solidaire de lui. C'est donc un calcul (économique) et non une démarche généreuse; une forme de solidarité imposée, où chaque membre se trouve obligé d'adhérer au groupe sous peine de perdre certains bénéfices (frais de copropriété,...), voire sous la menace de sanctions (partie socialisée du salaire, impôts, conscription). Devoir • Choisissez une des valeurs européennes et appliquez-la à une étude de cas concrète en base de la réalité nationale ou internationale. Devoir à envoyer à [email protected]