LE SILLON BELGE 20/02/2015 des gènes dans les différences entre individus. Elle ne concerne jamais un cheval en particulier mais toujours un ensemble de chevaux dans un environnement donné. Une héritabilité de 0,5, par exemple, signifie que 50% des différences observées entre les individus d'une population donnée sont déterminés par leurs gènes, et 50% par leur environnement. Si l’héritabilité d’un caractère est trop faible, il ne sera pas possible de faire de la sélection sur celui-ci. La corrélation génétique joue également un rôle important dans la sélection. La corrélation est le lien existant, chez un animal, entre deux ou plusieurs caractères affectant des parties différentes de son corps. Plus elle est proche de 1, plus les caractères sont liés; plus elle tend vers 0, moins les caractères sont liés. Par exemple, le saut en liberté et le saut d’obstacles ont une corrélation de 0,93. Un cheval sautant bien en liberté sera donc très probablement un cheval dont les performances seront idéales pour les concours de saut d’obstacles. Méthodes objectives de sélection Une fois que les objectifs ont été fixés et que toutes les informations permettant d’y parvenir sont détenues par l’éleveur, celui-ci peut passer à la sélection à proprement parlér. Plusieurs méthodes existent: de la plus simple, qui se base uniquement sur le phénotype du reproducteur potentiel, à la plus évoluée qui se base sur l’entièreté du matériel génétique. La sélection phénotypique Dans cette méthode de sélection, on ne se base que sur ce que l’on observe (P) chez le reproducteur potentiel et non sur sa génétique (G). On va donc rechercher les animaux qui correspondent au mieux à l’objectif de sélection en se basant sur l’individu lui-même. On pourrait, par exemple, choisir un reproducteur sur base d’une de ses caractéristiques physiques (surface corporelle, rythme cardiaque,...). Mais bon nombre de sélectionneurs se basent sur l’indice individuel de performance (Iso) et achètent les paillettes de chevaux ayant des Iso très élevés. Cependant, cet indice varie en fonction de la discipline, de l’âge, du nombre de sorties et de concurrents,... Il est donc important d’en connaître la fiabilité, estimée par un coefficient de précision. Si celui-ci est supérieur à 0,80, l’Iso est connu avec certitude. La sélection des chevaux de loisir se fait fréquemment sur base phéno- www.sillonbelge.be - Valeurs génome G E P -2 +4 +2 +1 +1 +10 +16 -10 +6 +2 0 -2 +1 +1 +3 +5 +9 +14 -2 0 -2 -1 -1 -4 -10 +20 +10 Sur ce schéma, chaque bloc, représentant un gène du cheval, est quantifié par une «valeur» positive, négative ou nulle. Le génotype G est la somme de ces «valeurs». Les effets non génétiques E, tels que l’influence de l’environnement ou de l’éleveur, sont également évalués par un nombre. Le phénotype P, c’est-à-dire ce que l’on observe, est déterminé par l’équation P = G + E. Cela explique qu’un cheval ayant un très bon génotype mais évoluant dans un environnement qui ne lui correspond pas (ligne 1) peut avoir un phénotype inférieur à un cheval ayant un moins bon génotype mais évoluant dans un environnement qui lui est mieux adapté (ligne 2). typique, par l’observation du comportement des reproducteurs potentiels lors d’épreuves d’évaluation. Cette méthode offre le grand avantage d’être simple. Cependant, sa précision est faible et dépend de la qualité des données disponibles et de l’héritabilité des caractères. De plus, elle ne prend pas en compte les effets non héréditaires (âge, sexe, alimentation, exercices, cavalier,...). La sélection phénotypique généalogique Le Blup n’estime toutefois la valeur génétique d’un cheval que dans une discipline donnée. Ainsi, on peut calculer des Blup pour le saut d’obstacle (BSO), le dressage (BDR), le concours complet (BCC) ou l’endurance (BRE). Chaque Blup est également associé à un coefficient de détermination (cd, variant de 0 à 1) qui dépend de la quantité et de la qualité des informa- 29 tions disponibles (discipline sportive, nombre de sorties, type d’apparentés, héritabilité,...). Il permet d’en estimer la fiabilité. Au fur et à mesure des années, le cd augmente car de plus en plus d’informations sur le reproducteur potentiel sont disponibles. Lorsque l’on choisit un géniteur, il faut donc non seulement être attentif à son Blup mais aussi à son cd. Si le Blup d’un reproducteur potentiel est élevé mais que le cd est faible, choisir ce cheval peut s’avérer risqué car il pourrait ne pas transmettre les caractéristiques pour lequelles il a été sélectionné. Par contre, si le cd atteint des valeurs élevées (0,70 et plus), on peut considérer que l'indice est fiable et significatif de la réelle valeur génétique du cheval, ce qui facilitera la sélection du reproducteur potentiel. Malgré des calculs plus compliqués, cette méthode apporte une meilleure précision que les deux précédentes. Elle dépend toutefois fortement de la qualité et de la quantité des données disponibles et de l’héritabilité des caractères. De plus, elle prend en compte la génétique «globale», sans savoir quels sont réellements les gènes impliqués. $@$BR10085600-102.29M-145M@$@ Cette deuxième méthode est fort proche de la précédente. La sélection de l’individu se base sur les performances de ses ascendants et/ou collatéraux. A nouveau, la génétique n’intervient pas dans cette méthode. Elle possède les mêmes avantages et inconvénients que la précédente mais permet un choix précoce du reproducteur puisqu’on ne se base pas sur le phénotype de ce dernier. L’indexation génotypique Il s’agit de la première méthode de sélection se basant sur la génétique (G). Comme on ne sait pas toujours quels sont les gènes responsables de tels ou tels caractères, ils sont considérés comme un seul ensemble qu’il faut évaluer. Afin de se rapprocher le plus possible du G, on va calculer le Blup (Bilan linéaire universel prévisionnel). Celui-ci prend en compte tous les indices sur les performances du cheval et de tous ses apparentés, quel que soit le degré de parenté. Bien que ce Blup se rapproche du G, il ne faut pas perdre de vue que l’environnement intervient aussi dans l’équation (P = G + E) déterminant le phénotype du poulain que l’on souhaite voir naître. BR10085600