Qu’est-ce qu’une économie de marché ? (1) Qui a rencontré un homo œconomicus ? 1.1.2. Dès son apparition, la dimension caricaturale de cette notion lui a valu d’être critiqué. Le concept de l’homo œconomicus été critiqué de différentes manières. Une des critiques à été de dire que l’individu ne fonctionne pas ainsi. Certes, mais la seule question est de savoir si le modèle sert à quelque chose, s’il est utile ou non. L’autre critique, plus idéologique : Boukharine (Critique du marginalisme), on est dans la phase de l’opposition entre économistes dit bourgeois et marxistes, et tout cela ne servirait qu’à justifier l’individualisme et à conforter « l’économie des rentiers » (économie d’oppression des uns et de rente des autres). Ce concept a tout de même connu un grand succès, car c'est un outil performant. Il faut se garder de croire qu’un résultat obtenu à l’aide de ce modèle est directement applicable à la société. Il y a un écart entre la réalité et la représentation qu’on en fait (différence entre la carte et le territoire = il y a une différence entre la carte et la réalité du territoire) 1.1. Le cadre d’analyse conçu pour l’homo œconomicus 1.1.1. L’agent économique est pluriel En quoi ce raisonnement est utile ? Tout d’abord, dans tous les comportements, on a un agent économique qui a plusieurs caractéristiques qu’on distingue pour l’analyse et que parfois on oppose : La consommation et la production ; l’individu est à la fois consommateur et salarié, ce sont les mêmes gens dans des fonctions différentes. Ex : le débat sur les délocalisations peut être pris par deux bouts : l’individu pris comme producteur perd son emploi à cause de la délocalisation de la production des tournevis en Chine, mais le consommateur achète moins cher le tournevis quand il vient de Chine. L’individu-producteur perd d’un côté, mais y gagne en temps que consommateur. Le problème est que l’on voit les difficultés du côté de la production, mais que l’on ne mesure pas les gains dans la consommation. Il faut être capable de réconcilier ces deux aspects dans la réalité pour tirer un bilan. Il exerce ces fonctions simultanément ou successivement : simultanément dans le cadre du salarié/consommateur, successivement dans le cadre de la retraite : Ex : On peut être successivement actif puis retraité (à un instant donné on n’est pas actif et retraité). L’individu y perd lorsqu’il cotise quand il est salarié, mais il y gagne une fois retraité. On va regarder notre bonhomme en tranches, lorsqu’il est consommateur, producteur, offreur, demandeur de travail… Ce qui a fait le succès de ce mode d’analyse c'est que ces différents comportements sont étudiés à partir d’un cadre d’analyse formel qui est le même. On applique à la consommation, à la production, à la demande de travail, les mêmes outils. Limites : tentation d’appliquer ces outils hors du cadre économique (cf. école de Chicago : économie du suicide, du mariage) 1.1.2. Cette pluralité de fonctions peut être étudiée au moyen d’un cadre d’analyse unique L’analyse néoclassique utilise des outils novateurs : Chez Beccaria, on trouve les courbes d’indifférence qu’on va beaucoup utiliser : il a fait un raisonnement sur l’équilibre des contrebandiers (ie. si ça vaut le coût ou pas d’être contrebandier). Il introduit l’idée des courbes d’indifférence, qui n’aura de succès que plus tard, lorsque celle-ci sera formalisé avec les outils mathématiques. Pourquoi est-ce que le calcul différentiel se développe au XIXe siècle ? C'est le développement de l’électricité, qui conduit les physiciens à interroger les mathématiciens : l’émergence de ce calcul différentiel conduit à fournir les outils de la formalisation de ces courbes d’indifférence. Maximisation sous contrainte : on a des contraintes, et on va chercher à maximiser son profit, son utilité… C'est Lagrange qui le met au point. Ces outils s’appliquent à l’ensemble des comportements des individus, qu’ils soient producteurs ou consommateurs : Les courbes d’indifférence Pommes C A B Pain Texte de Pareto. Il s’agit de chercher le lieu des points où il y a indifférence. Courbe rouge : tous les points où je suis indifférent (comparaison entre les paniers). Forme : elle est décroissante, et concave : une unité de plus de pain rapporte une satisfaction moindre que la précédente (renvoie à l’utilité marginale). Plusieurs courbes d’indifférence reflètent des niveaux de satisfactions différents : C est supérieur à A et B, elles ne peuvent pas se croiser. Ces différentes courbes s’appellent une carte d’indifférence. Le taux marginal de substitution (TMS) : à un point donné, à quel taux vous échangez le bien Y contre le bien X. Si la pente = -1, une unité de bien X contre une de Y. c'est la pente de la courbe qui me donne le taux de substitution. A la gauche du graphique, perdre une unité de bien X demande beaucoup d’unité de biens Y. Bien Y TMS = (-)dY/dX Bien X TMS : A un endroit donné du graphique, pour monsieur Dupont qui a son panier avec 3kg de pain et 3kg de pommes, à la marge quelle est la substitution qu’il accepte : combien va-t-il vouloir de pain si on lui enlève 100g de pommes ? Biens substituables et biens complémentaires Biens complètements substituables : Je n’ai plus la concavité : les deux m’apportent la même satisfaction, j’ai le même TMS à quelque niveau que je me situe : si on m’enlève une pomme je veux une poire… il n’y a pas de saturation. Pommes Poires Biens parfaitement complémentaires : Lacets Si on m’enlève l’un des deux, l’autre m’est inutile. on ne peut pas les compenser. Chaussures Ces outils s’appliquent de la même manière au producteur : ce sont des isoquantes. Au lieu d’avoir deux biens, on va considérer les deux facteurs de production : le travail (L) et le capital (K). K Isoquante : je produis la même quantité (d’acier) Je produis la même quantité d’acier avec plus de capital et moins de travail (A), plus de travail et moins de capital (B) A B L Taux marginal de substitution technique : Pour rester au même niveau de production, combien il faut de travail en moins quand on augmente d’une unité le capital. Par exemple, pour nettoyer la salle, on a besoin de beaucoup de gens avec des chiffons et des balais, ou une personne avec un aspirateur, mais il n’y a pas une infinité de techniques possibles, toutes les situations intermédiaires n’existent pas. La droite de budget J’ai un revenu R, le bien Y et X (PY = prix du bien Y, PX = prix du bien X). Si je consomme tout mon revenu en bien Y, combien de Y puis-je acheter ? = PY/R. Si je suis en dessous du triangle, je n’ai pas tout dépensé, si je suis au-dessus, ce n’est pas atteignable. Si je suis sur la droite, c'est merveilleux, j’ai tout dépensé. Y Pente = -Px/PY X Comme on nous prend pour des êtres au cerveau sous-irrigué, on mettra la courbe d’indifférence plus tard. Les déplacements de la droite de budget Pommes La droite se déplace si j’ai augmenté mon revenu (plus le revenu est élevé, plus elle va se déplacer vers la droite, mais la pente est pareille) Lorsque les prix changent (là, c'est le prix du pain qui a doublé = je peux avoir autant de pommes qu’avant si je n’achète pas de pain) Pain La droite d’isocoût K Pente = -PL/PK Droite : je peux mettre plus de K et moins de L À gauche je n’ai que des robots (du capital, K). À droite je n’utilise que de la main d’œuvre (du travail, L). Entre les deux, j’ai différentes techniques de production possibles L PL (ou w) = salaire, PK (ou i) = prix du capital ou taux d’intérêt. K = PL/PK*L + C/PK K = -(w/i)L + C/i 2. La mise en évidence du comportement de maximisation 2.1. Qu’il soit consommateur ou offreur de travail, l’individu cherche à maximiser son utilité 2.1.1. Le consommateur cherche à maximiser son utilité sous contrainte de revenu : C'est l’équilibre du consommateur : Pomme A Point de contact entre la droite de contrainte et la courbe d’indifférence : je dépense tout ce que j’ai. Ces points sont possibles, mais on n’a pas maximiser son utilité Cette courbe me donnerait un niveau de satisfaction supérieur, mais ne peut être atteinte, car je n’ai pas assez de ressources. Le point A est l’optimum, il est tangent à la courbe d’indifférence. Pain Les questions de fonctions de demande vont être reformulées : On avait vu les fonctions de demandes dans le marché avec les tomates. On l’avait faite à partir de l’hypothèse que c'était un vrai marché avec un commissaire priseur et on était capable de construire la courbe d’offre et de demande. Dans la réalité ce n’est pas le cas. Maintenant, on va pouvoir construire les courbes en joignant les points d’équilibre de cette nature. C'est-à-dire que le consommateur étant rationnel, il va choisir le point A en fonction de son revenu, des prix. Effet de revenu et effet de substitution : Lorsque la demande varie, il y a toujours la combinaison de deux effets, celui de revenu et de substitution : Décomposition de la variation de la demande entre effet de revenu et effet de substitution : Situation de départ, avec point d’équilibre (A). Il y a une modification de prix : le prix des pommes a baissé, nouvelle droite de contrainte budgétaire. Le nouveau point d’équilibre est en C. C'est dans le passage de A à C que j’ai un effet de revenu et un effet de substitution. Pommes C B A Pain Il se passe deux phénomènes : Effet de substitution : les pommes sont moins chères, donc on va avoir tendance à en acheter plus qu’avant. Effet de revenu : le fait qu’un des deux prix a baissé, revient à une augmentation de mon revenu. Cela augmente mon pouvoir d’achat. On va décomposer : On va regarder l’effet de substitution comme si je n’avais pas de changement de revenu : rester sur la même courbe d’indifférence, mais en changeant ma combinaison, à cause du nouveau rapport de prix. Je passe de A à B, j’achète plus de pommes et moins de pain. Deuxième phénomène, l’effet de revenu : je peux passer sur une courbe supérieure puisque mon pouvoir d’achat a augmenté. Deuxième mouvement de B à C, mon pouvoir d’achat ayant augmenté, j’achète plus de pommes et plus de pain en C qu’en B. Si mon effet de revenu est gigantesque, la nouvelle courbe sera plus haute, et peut-être que le point C sera à droite du point A, ce qui conduira à ce que j’achète plus de pommes ET plus de pain. La baisse des prix des pommes pourrait conduire à l’achat de plus de pain. Le déplacement sur la courbe, c'est l’effet de substitution Le déplacement de la courbe, c'est l’effet de revenu L’effet de substitution est toujours négatif : il conduit à acheter moins de pain. L’effet de revenu peut être dans les deux sens selon l’importance qu’il aura. Effet de revenu peut être négatif : paradoxe de Giffen = phénomène sur les variations de prix des biens inférieurs : l’augmentation du prix d’un bien inférieur conduit à l’augmentation de sa consommation => Un consommateur qui a un faible revenu et qui consacre 80% de son revenu à l’achat de pommes de terre et 20% à l’achat de viande, si le prix des pommes de terre augmente, pour survivre, il va devoir consacrer tout son revenu à la consommation de pomme de terre et de fait abandonner la consommation de viande. Effet de substitution de Hicks et effet de substitution de Slutsky Effet de substitution de Hicks : celui qu’on a vu : Y E E2 On a une courbe d’indifférence, une droite de budget, un équilibre au point E. Puis une baisse du prix du bien X (pour varier les plaisirs). On passe du point E au point E2, entre les deux on a l’effet le point E’ qui correspond à l’effet de substitution. E’ X Effet de substitution de Slutsky : E E2 Au départ c'est la même chose. Au lieu de commencer par dire les prix changent, je garde la même utilité et ensuite je fais l’effet de revenu, on fait dans l’autre sens. Les prix ayant changé, je regarde ce que je ferais en ayant le même revenu : quel serait mon panier à même revenu (E’), même revenu qu’en E, mais dans une nouvelle structure de prix. E’ Capacité de distinguer entre effet de revenu et effet de substitution : Raisonnement classique sur le taux d’intérêt : on pourrait dire intuitivement que si le taux d’intérêt augmente, le rendement qu’on peut attendre de son épargne va augmenter, donc les gens vont avoir tendance à plus épargner. Si les taux d’intérêt baissent, les gens vont moins épargner, c'est faire référence à un effet de substitution. En réalité, parfois, lorsque les taux d’intérêt augmentent, l’épargne diminue à cause de l’effet de revenu. Lorsque le taux d’intérêt augmente, le revenu total augmente, dans ces conditions, on a donc moins besoin d’épargner. Complément de retraite : il faut épargner pour compléter la retraite. Il faut verser par exemple 100 euros par mois = repose sur le taux d’intérêt, parce qu’il est placé. Plus le taux d’intérêt est faible, plus il va falloir épargner. Si le taux d’intérêt est fort, j’ai moins besoin d’épargner pour avoir le même complément de retraite. 2.1.2. L’offreur de travail cherche à maximiser son utilité sous contrainte de temps. Pour l’individu-offreur de travail, ce sont les mêmes outils. L’offre individuelle de travail : Offre de travail (salarié) et demande de travail (entreprise) = il ne faut pas les confondre. Effet d’âge et effet de génération : ce qui est dû à l’age en tant que vieillissement et en tant que différence de génération : Courbe du revenu des Français selon l’âge : Revenu 2005 2000 Age 45 50 55 60 Erreur traditionnelle : le revenu augmente jusqu’à 50 et baisse après. Le graphique permet juste de dire qu’aujourd’hui, les gens de 60 ans ont en moyenne un revenu inférieur à ceux de 60. Je prends la même courbe 5 ans avant. Ceux qui ont 50 ans en 2000, 55 ans en 2005, leur revenu n’a pas diminué, mais augmenté. Donc c'est faux de dire qu’après 50 ans les revenus baissent. C'est un effet de génération : chaque génération a un salaire supérieur à celle d’avant. À côté il y a l’effet d’âge : dans une génération donnée, quand l’âge augmente, le revenu augmente. Théorie du capital humain et théorie de signal : Becker en 1964 : il faut considérer le capital humain comme capital productif. On peut investir dedans pour l’améliorer. Il y a un rendement du capital humain, il y a un stock. On a le choix de travailler avec l’outil qu’on a, ou bien d’améliorer cet outil en investissant par l’éducation. Est-ce que cela vaut le coût d’investir dans l’éducation ? Certaines études sont rentables, d’autres pas. Coût d’opportunité : pendant que l’on étudie, on perd du revenu. En contestation : théorie du signal : Michael Spence, en 1973, dans la lignée du job search (travail sur la recherche d’emploi). Qu’est-ce qui fait qu’un individu va chercher du travail, va faire des études… Les études servent à rien, elles n’améliorent pas la productivité du travail, ça sert de sélection, c'est un signal pour montrer qu’on est meilleur. En faisant des études, on a juste montré qu’on est meilleur que les autres. Faiblesse de cette théorie sur les disciplines techniques = médecine, droit… On n’apprend pas rien, mais une bonne part du diplôme vient refléter un signe social et pas uniquement un gain de productivité. Si pour la collectivité c'est du signal, investir dans l’éducation, c'est du gâchis. Pour celui qui étudie ça ne change rien pour lui. La somme des comportements microéconomiques ne vaut pas pour le comportement macroéconomique. Le marché du travail est fractionné en des milliers de marchés correspondant chacun à des qualifications différentes, à des localisations géographiques différentes… Il y a assez peu d’échanges entre eux, mais ils ne sont pas indépendants (notamment à cause de la mobilité géographique : un excédent sur un marché du travail peut se déverser sur un autre marché du travail). En réalité, même s’il y a des milliers de marchés, il faut au moins faire la différence entre travail qualifié et travail non qualifié. Le coût total du travail non qualifié (salaire et charges) est sensiblement trop élevé, chez nous particulièrement. D’où les politiques de baisse des charges pour les salariés non qualifiés pour essayer de redresser la hiérarchie salariale. Cette démarche a valu à l’ensemble de l’Europe un marché du travail qui fonctionne comme un véritable marché pour le travail qualifié, mais un marché du travail non qualifié qui lui diffère davantage d’un véritable marché. Coût du travail = salaire direct + salaire indirect (charges). Une part du salaire sert à financer un certain nombre de prestations (assurancemaladie…). Aux USA tout est versé en salaire direct, à charge de chacun de payer une mutuelle (couverture maladie). En Europe elle est souvent collectivisée. Cela relève d’un choix de société (désir de mutualiser ou non les risques de la vie), mais qui trouve ses bases en théorie économique (théorie de l’assurance). Idée de base : on démontre que pour la collectivité l’optimum est atteint lorsque les risques sont assurés (donc répartis sur la collectivité). Exemple : assurance automobile. Des gens ne peuvent pas assumer les coûts occasionnés par un accident ou autre, donc l’assurance automobile est obligatoire. Pour les autres, pas pour eux-mêmes : assurance tout risque non obligatoire. Assurance santé : de la même manière, on peut démontrer que l’optimum est atteint lorsque les frais médicaux sont couverts par une assurance. Les cotisations sont versées par l’entreprise pour être sûr que la couverture maladie a effectivement été payée. C’est dans la tentative de diminution du salaire indirect du travail non qualifié (l’Etat prend une partie des charges à son compte, donc les contribuables paient) pour redonner au travail non qualifié un fonctionnement de marché, sans pénaliser le salarié. On déplace donc le salaire vers l’équilibre. Les charges sont plus élevées en France, mais les salaires directs plus faibles. Le coût total du travail est sensiblement le même que dans les autres pays européens, mais avec une structure différente. C’est donc bien un choix de société, un choix politique, qui alimente le débat sur le travail non qualifié. Dans ce fonctionnement du marché du travail, il y a un choix entre la volonté de constituer pour les enfants un stock de capital humain (études) et le nombre d’enfants. Des stratégies se sont mises en place depuis des années, semblables à celles relatives à l’accumulation de capital physique non humain. Pour une large partie de la population, l’objectif n’est plus d’accumuler des richesses, mais d’investir dans l’éducation de ses enfants et d’élaborer une stratégie intergénérationnelle destinée à assurer à ses enfants un accès privilégié au marché du travail. Qu’est-ce que l’offreur de travail cherche à maximiser ? A1.20 L’offre individuelle de travail On doit choisir entre plus de loisirs et plus d’argent. Cela dépend des individus et donc des formes des courbes d’indifférence. Pour une courbe d’indifférence donnée pour un individu donné, on retrouve le graphique habituel. On va dire que l’individu en question travaille 16 heures. Il y a arbitrage entre travail et loisirs. Le l est le temps de loisir, égal à 16h de travail moins L heures de loisirs. La droite verte est la contrainte de budget temps, qui est affecté entre travail et loisirs. Là-dessus on a une courbe d’indifférence, je choisis la plus élevée vers le Nord-Est, tangente à cette contrainte de temps. Dans la réalité, les individus ne peuvent pas choisir leur temps de travail à la minute près. Même si c’était le cas, ce ne serait sans doute pas le même choix tous les jours. De la même manière qu’il fait des choix de consommation entre plusieurs biens, il essaie de trouver l’équilibre optimal, le revenu permettant la consommation et le temps de loisir optimaux. On peut ainsi mener beaucoup d’études sur les comportements individuels, et regarder comment les études modifient le taux de salaire (donc la pente de la droite verte).→Un élément important de l’analyse individuelle : Avant d’effectuer des choix de consommation, l’individus fait un choix entre avoir du revenu supplémentaire ou avoir plus de temps de loisirs. La réalité n’est pas une réalité à deux postes (on travaille ou non) mais à trois positions (actifs employés= actifs occupés, actifs au chômage= actifs inoccupés et inactifs). L’évolution du nombre de chômeurs à la hausse ou à la baisse peut venir d’une augmentation du nombre de gens qui travaillent ou d’une évolution entre ceux des actifs cherchant un emploi (donc au chômage) qui se transformeraient en inactifs. L’évolution du chômage selon l’un de ces deux éléments n’a pas du tout la même signification. Pour ces trois catégories, l’instrument dont on vient de parler se situe entre les actifs d’un côté et les inactifs de l’autre. On n’est pas sûr que ce bonhomme ayant choisi de travailler 9h va trouver un emploi compatible avec son souhait. Identification entre le nombre de ménages et le nombre de logements par l’INSEE. Dès lors que des enfants quittent le foyer parental, ils créent un nouveau ménage. Il n’y a pas une similitude entre foyers fiscaux et ménages. UN ménage est une unité de production te de consommation. Cf. Becker et Lancaster : ils nous disent que le ménage est l’entité qui cherche à satisfaire les besoins des membres du ménage, c’est donc produire un certain nombre d’utilité. Deux manières de satisfaire ces besoins : production interne ou achat de services extérieurs. Exemple : l’alimentation. 1ère hypothèse : on fait livrer une pizza (service extérieur) 2e hypothèse : on achète des biens (farine sauce tomate oignons) et on utilise le temps disponible à l’intérieur du ménage pour fabriquer la pizza. Ces deux façons de faire n’entraînent pas la même répartition du travail à l’intérieur du ménage. Autre exemple : la garde d’enfants, possible en garderie ou par une femme au foyer. Considérer le ménage comme entité de production conduit à une succession de choix entre travail interne et travail externe. Cela est à l’origine de la plupart des modèles de consommation qu’utilisent les entreprises et les études de marché. Ce type de construction de comportements est aujourd'hui le cœur de ce qu’est une étude de marché finement faite sur ce que sont les services à la personne ou au ménage. Dernier instrument : la courbe d’offre de travail va parfois avoir une forme bizarre. Jusqu’à présent elle était croissante en fonction du prix. Pourquoi ? A prix très faible, on a peu de producteurs. A mesure qu’il augmente, plus d’offreurs rentrent sur le marché. Problème : mon offreur sur le marché du travail est le salarié potentiel, et la courbe d’offre n’a pas obligatoirement l’allure aussi simple que l’on a sur le marché des biens. On pourrait croire que le marché du travail est un marché comme un autre, mais non, et ce pour plusieurs raisons. A1.22 La courbe d’offre de travail renversée (ou inversée) Idée : voir la courbe d’offre sur le marché du travail. Comme tout marché, on a la quantité (nombre d’heures de travail offertes) en abscisse et le prix (salaire) en ordonnée. Plus le taux de salaire est élevé, plus la pente de la droite change, plus on a de personnes se présentant sur le marché du travail. En fait on a une forme totalement différente. Pour le taux de salaire correspondant aux pointillés, on a une offre de travail égale à L1. De L1 à L2 l’offre de travail est croissante, mais de L2 à L3 elle est décroissante. Pourquoi ? Quand on passe de L1 à L2, on a un effet de substitution classique. Le travail est mieux rémunéré, cela vaut plus la peine de travailler, donc je substitue du travail à du loisir. Mais après, je finis par avoir un revenu suffisant pour mes besoins. Je préfère donc consacrer plus de temps à mes loisirs et moins à mon travail, dont la rémunération me sera moins utile voire inutile. La satisfaction supplémentaire apportée par du revenu supplémentaire a une utilité marginale décroissante, après L2 elle devient négative. C’est un raisonnement à la marge, différent selon les individus. On a un effet classique de substitution au démarrage, sur lequel finit par prendre le pas l’effet de revenu. Au sein du ménage, on a à côté de la fonction de consommation celle d’offre de travail. 2.2. La fonction d’utilité et la fonction de demande peuvent être reformulées à partir de la notion d’homo oeconomicus 221. L’opposition entre cardinalité et ordinalité des préférences rend délicate la construction d’une fonction d’utilité La cardinalité n’aurait aucun sens pour mesurer l’utilité. Elle impliquerait qu’on puisse sommer ces utilités pour mesurer l’utilité totale d’un individu. Cela paraît improbable et a été assez rapidement abandonné. La version ordinale (« je préfère cela à cela »), permettant une hiérarchie, pose elle aussi des problèmes compliqués… Parce qu’il y a interdépendance des utilités. Cela veut dire que le choix ordinal (« je préfère ce panier à ce panier ») fait abstraction du reste du monde. Je fais comme si le monde se réduisait au choix entre deux pommes et trois poires et l’inverse. Je peux préférer deux pommes et trois poires dans une certaine substitution et l’inverse dans une autre… Si je me limite au panier qu’on me propose, on peut admettre que l’ordinalité des choix se fasse sans trop de difficultés. Au total, même le problème de la construction d’une ordinalité est très difficile parce qu’il faut avoir tout. La réalité nécessite une infinité de choix. On ne construit donc plus les fonctions de demande à partir de la fonction d’utilité mais à partir des courbes d’indifférence. Avec Pareto, on va chercher à construire directement les fonctions de demande. Fonction de demande de deux manières : par rapport aux prix et par rapport aux revenus (les élasticités s’intéressent au prix mais aussi au revenu). Comment aboutir directement à la fonction de demande à partir des courbes d’indifférence ? Prix relatif des deux biens : pente de la droite verte (-Px/Py). Le point E dit ce qu’il en est de la demande si le rapport des prix est celui-là. Je passe de la courbe verte à traits pleins à la courbe verte à pointillés (le prix de X a baissé). Entre le rouge et le bleu, le prix de X a baissé, on a un nouveau point d’équilibre E’, plus élevé (j’en ai plus pour le même prix). Troisième droite verte, troisième équilibre, de nouveau lié à une baisse de Px. On a l’équilibre à E’’. Je peux transposer cela sur un graphique lié à la courbe de demande. Je fixe arbitrairement le prix de Y à 1. Je m’intéresse à la demande de X en fonction de ce prix. Cela me trace la courbe de demande de X, dans une économie où il y a deux biens, Y servant de numéraire. Objectif : construire une courbe de demande, soit de façon théorique (ce que l’on vient de faire), soit de façon empirique. De façon théorique : j’obtiens en E la quantité X1, en E’ la quantité X2, en E’’ la quantité X3, à mesure que le prix de X baisse. J’ai donc la demande de X en fonction du prix de X pour un prix de Y fixé de façon arbitraire. D’un point de vue théorique, cela veut dire que l’on peut se passer de la fonction d’utilité qui comprend beaucoup de difficultés conceptuelles. On pourrait faire cela de la même manière sur la courbe d’offre. La traduction concrète dans les comportements suffit à partir des courbes d’indifférence. 3. De l’extension du comportement de l’homo oeconomicus au producteur individuel découle par ailleurs une reformulation de la fonction de production Le consommateur, que ce soit pour acheter des pommes et des carottes ou pour son offre de travail a un comportement un peu bestial : maximiser sa satisfaction. Le producteur va essayer de maximiser son profit en utilisant la même mécanique. 311. Le producteur individuel cherche à maximiser son profit sous contrainte de coût Il est dans la même situation : une contrainte l’empêche de maximiser a l’infini. On avait maximisation sous contrainte de temps, de budget, maintenant c’est sous contrainte de coût de production. A1.23 L’équilibre du producteur : la combinaison optimale des facteurs de production On raisonne avec deux facteurs de production (cela correspond largement à la réalité, et c’est plus simple pour les graphiques), capital et travail. Même type de raisonnement que ce que l’on a connu jusqu’à maintenant. La droite verte est tracée avec les points extrêmes C/Pk et C/Pl. Si j’utilise C entièrement pour K ou L, je peux tracer la droite d’isocoût (j’ai deux points). La droite représente la combinaison entre les deux sous contrainte de coût. C’est la frontière de l’utilisation de mes ressources. Face à cela j’ai des isoquantes. Ma situation optimale est le point de tangence entre la droite d’isocoût et l’isoquante la plus élevée possible. Je peux en-dessous, mais ce n’est pas optimal (je n’utilise pas tout mon budget et/ou je ne maximise pas mon profit). La productivité et les coûts en courte période : J’ai un produit (le produit total X, quantité produite, qui va apparaître dans mes différents calculs). Ensuite, j’ai le produit moyen (production moyenne par unité de travail PMl=X/L et par unité de capital PMk=X/K), ce qui est produit par une unité (la productivité). On voit bien que cette productivité dépend du capital utilité. C’est la productivité apparente du travail (si tout n’était obtenu que par du travail…), et la productivité apparente du capital (si tout n’était obtenu que par du capital…). La plupart du temps ce sont des productivités apparentes que l’on appelle les productivités du travail. Ces études reposent sur un concept, celui de productivité globale des facteurs. Ils ont une productivité globale, on fait le partage entre part due au travail et part due au capital. La quantité totale de produit divisée par le nombre d’heures de travail donne un certain chiffre. On a une mesure moyenne et aussi une mesure marginale (la productivité à l’équilibre d’une unité de plus) : de combien augmenterait la production pour une augmentation infinitésimale du travail (dL) ou du capital (dK) ? Je vais relier cela au salaire : combien suis-je prêt à payer une unité de plus ? En fonction de ce qu’elle va me rapporter. Si j’embauche un gars de plus, de combien va augmenter ma production ? Si la productivité marginale du travail est supérieure au salaire que je lui dois, ça vaut la peine. Je vais m’arrêter au moment où les deux sont égaux. Une bonne part des raisonnements, c’est la comparaison entre les taux de salaire et la productivité marginale du travail. Le raisonnement est symétrique sur le lien entre la productivité marginale du travail et le taux d’intérêt. A1.24 Les rendements décroissants : L’idée est très intuitive. 1er cas de figure : je double L, je double la quantité X. Rendements constants. 2e cas de figure : rendements décroissants (les machines fatiguent, les paysans se gênent sur le même champ… phénomènes de saturation, d’usure, dans le système productif. Le facteur d’échelle ne suffit pas). 3e cas de figure : rendements croissants (cela arrive quand on a un stock de capital donné). Dans la réalité, on a une combinaison de ces trois courbes : au début les rendements sont croissants (dans une usine avec beaucoup de machines, où l’on met un homme, puis deux, puis trois…), ensuite constants pendant une phase puis décroissants.→ on a une courbe en « S ». Les textes de Turgot et de Stuart Mill dans le recueil illustrent ce problème de la loi des rendements décroissants. Pourquoi est-ce si ancien ? C’est apparu dans l’agriculture. On pourrait concevoir que la productivité marginale du travail devienne négative (si on avait deux bonshommes par mètre carré sur un champ ce serait un bordel sans nom et on ne produirait plus rien), et donc que la productivité commence à baisser lorsque l’on ajoute des unités de travail ou de capital. A1.25 Coûts et productivité On a des coûts fixes (qui ne dépendent pas de la production) et des coûts variables (qui dépendent de la production : nombre de gens que l’on fait travailler dedans, etc…). Coût total : C = C fixe ( ex : location de bâtiments) + C variables (salaires). Coûts fixes : courbe croissante concave. Loi des rendements décroissants : chaque unité supplémentaire produite me coûte plus cher. A partir de là je peux définir le coût moyen CM=C/X (coût total divisé par la quantité produite) et son petit frère, le coût marginal Cm=dC/dX. Produire une unité de plus quand on produit déjà beaucoup va occasionner un coût marginal très élevé. La fonction de coût marginale est la dérivée de la fonction du coût total. Au début CM décroît. Il devrait continuer à décroître jusqu’à la nuit des temps, l’influence du coût fixe devenant infinitésimale. Seulement, la diminution du coût fixe par tête est compensée par le fait que Cm augmente. A mesure que Cm augmente, cette augmentation finit par l’emporter sur la diminution du coût fixe, le coût moyen finit donc par augmenter. Quand Cm<CM, chaque unité produite coûte moins cher que la moyenne du coût des unités précédentes. Produire plus diminue le coût moyen. Mais quand Cm devient supérieur à CM, CM augmente : chaque nouvelle unité produite coûte plus cher que la moyenne des précédentes et augmente donc la nouvelle moyenne. Si j’ai un magasin (coût fixe) et que je ne vends qu’une seule chemise par semaine, le coût moyen CM de vente de la chemise reste très élevé. Si j’en vends énormément, CM diminue très vite. En bas, raisonnement sur les coûts, en haut, sur la productivité. Rouge : à la marge, bleu : moyenne. Ces courbes nous disent la même chose que ce qui a été dit précédemment. Chaque unité supplémentaire a une productivité supérieure à la précédente : Pml est croissante. Pendant un certain temps, produire plus fait baisser les coûts moyens et améliore la productivité moyenne. En restant uniquement du côté de la production, on constate que la productivité et les coûts sont liés. C’est un raisonnement en courte période. Comment définit-on courte période et longue période en économie ? Jusqu’ici, j’ai une usine, je fais varier la quantité de travail. J’ai raisonné à stock de capital donné. Sur la longue période, on est capable de faire varier par l’investissement le stock de capital. Dans des secteurs peu capitalistiques (locaux uniquement), la courte période est très longue. Dans les secteurs très capitalistiques elle est beaucoup plus longue : on n’est pas capable de faire varier le stock de capital facilement et rapidement. En général on considère que la courte période fait environ deux ans, deux ans et demi. L’analyse keynésienne est une analyse sur courte période : elle considère que le stock de K est fixe. La productivité et les coûts en longue période : D’abord voyons les coûts : il va y avoir des coûts fixes et des coûts variables. Une part des coûts fixes en courte période va devenir variable en longue période, par exemple la location d’un magasin. Le coût marginal de long terme : Il est un peu différent par sa forme coudée. Au début il est plat : il y a en fait deux périodes. Au départ la capacité de production est excédentaire, ensuite on a une période de pleine utilisation des ressources. Imaginons une industrie pour laquelle les changements dans le capital nécessitent un an. La courte période est la 1ère année, la longue période commence au-delà d’un an. Pour autant, sur la longue période, on peut rester assez longtemps sur des stocks de capital excédentaires. Dans ces conditions, pendant la période où on est en capacité excédentaire, on peut produire tant que l’on veut, ça ne change rien. On a le stock de capital nécessaire. Pendant un temps, on a une capacité excédentaire, des locaux en trop, le coût marginal de court terme ne change pas. A1.27 Rendements d’échelle et rendements de substitution La différence entre les deux est introduite par la longue période. En longue période, que se passe-t-il ? Avec un certain stock de capital, on a cette courbe de coût moyen CM1. Deuxième période : je rajoute du capital (c’est ce qui définit la transition entre les deux périodes). Une technologie nouvelle est apparue, qui va me permettre de produire moins cher. Je peux produire plus avec des coûts moyens moins élevés : introduction du progrès technique. Je peux en avoir une troisième, etc… La succession de ces courbes de CM à court terme, représentant des techniques de production de plus en plus différentes, me permet de définir la courbe de coût moyen à long terme, qui est l’enveloppe des courbes de coût moyen à court terme. Elle correspond aux différentes techniques de production disponibles à un moment donné. Pour comprendre cela, prenons l’exemple du paradoxe du voyageur de Calais. Elle porte sur le coût marginal de long terme. On a un train qui part de la gare du Nord pour aller à Calais. Dix wagons, à moitié pleins. Un gars, M. Dupont, arrive sans billet juste avant le départ. Il est contrôlé, le contrôleur veut lui mettre une amende. Mais Mr Dupont lui dit : « vous devez me tarifer au coût marginal : ma présence ne change rien, vous ne pouvez pas me faire payer plus que ce que je vous coûte ». Il veut faire payer le coût marginal de son transport, quasi nul. Quelque chose ne tourne pas rond : pourquoi lui faire payer plus cher que ce qu’il ne coûte ? A cause de la comparaison entre coût marginal de long terme et de court terme. A court terme, il est quasi nul. De toute façon le train part et n’est pas plein. Mais à long terme, selon le nombre de voyageurs, la SNCF est amenée à changer la quantité de capital utilisée : elle utilise plus ou moins de wagons. Donc, si à cause de plusieurs M. Dupont du même genre, la SNCF est amenée à changer la quantité de capital utilisée, le coût marginal devient explosif. Il faut donc considérer le coût marginal de long terme et non celui de court terme. Parce qu’il faut rajouter un wagon, le Cm de long terme n’a rien à voir avec le Cm de court terme. C’est le Cm de long terme qui est pris en compte par la SNCF, c’est cette tarification qui est juste. C’est là que je reviens à mes rendements d’échelle et à mes rendements de substitution. La courbe de coût moyen de long terme, telle que je peux l’imaginer aussi, comprend différentes techniques de production possibles. Dans ces conditions, j’aurai à un moment donné cette courbe de long terme et à un autre moment celle de court terme, etc… Dans mon train du voyageur de Calais, je change d’échelle (rendement d’échelle) à cause de M. Dupont, et je change de technologie (rendement de substitution). L’amélioration du rendement, qui découle de l’utilisation de la même technique à une autre échelle, est un rendement d’échelle. La maximisation du profit : Recette/Coût Coût total Recette Profit maximum Q Profit : écart entre la recette et le coût. Le profit est maximum lorsque l’écart entre la droite et la courbe est le plus grand. À ce point là, la tangente à la courbe du coût total a la même pente que la droite de recette. D’autre part, la tangente à la courbe de coût total, c'est le coût marginal (façon dont le coût total varie unité par unité). Ça veut dire que le coût marginal a la même pente que la droite de recette. La recette est la même pour chaque unité vendue, donc la recette marginale a la même pente. Donc puisque la droite et la tangente sont parallèles, le profit maximum est atteint lorsque la recette marginale égale au coût marginal. Tant que la recette marginale est supérieure au coût marginal, on continue à vendre. Vrai jusqu’à ce que le coût fini par rattraper la recette marginale. Si on continue à vendre au delà, chaque unité nous coûtera plus qu’elle ne nous rapporte. Profit comptable et profit économique Différence d’approche entre un comptable et une entreprise : problème du coût du capital ou du coût d’opportunité du capital. Dans une comptabilité : on crée une entreprise de100€ de capital, on achète 70€ de machines, 30€ de main d’œuvre. On produit un bien et on vend 110€, la comptabilité va faire apparaître un profit de 10€. Pour l’économiste, on aurait pu faire autre chose avec les 100€ (il avaient un coût d’opportunité). Quel est le taux d’intérêt du marché ? Disons 20%. Si on avait placé sur le marché à 20%, on aurait gagné 20€, on a donc perdu 10€. Il y a des tas d’entreprises pas rentables au plan économique mais rentable au plan comptable. Beaucoup d’activités perdurent parce qu’elles sont comptablement bénéfiques, mais pour l’ensemble de la collectivité, il y avait des affaires plus rentables à faire. Le profit nul Quand le marché est parfait, le profit est nul : Sur un marché parfait et dans le cas d’un produit homogène, la concurrence conduit à un profit nul. Dans le marché parfait, il est nécessaire qu’il y est une information transparente, sans coût, tout le monde peut s’établir sur le marché, CPP… S’il y a un secteur où il y a un profit (économique), quelqu’un va dire pourquoi pas moi ? Mais si tout le monde le fait, ça augmente l’offre, donc ça fait baisser le prix jusqu’au profit nul. Dès qu’il y a un endroit où apparaît du profit, il y a entrée de nouveaux producteurs qui augmentent l’offre, qui font baisser les prix, et qui conduit finalement à un profit nul. Mais on est pas toujours sur un marché parfait. Marché de marque : pas la même chose, il y a un effet de marque État normal revenir à un profit nul grâce à la concurrence. Comment sont rémunérés les facteurs de production ? Le travail est rémunéré par le salaire, le capital est rémunéré par le taux du marché. Le profit : pas toute la rémunération du capital, c'est la rémunération du capital qui vient après la rémunération normale du capital au taux du marché. Dans un marché parfait, il n’y a pas de profit pur : une fois qu’on a rémunéré les salariés au taux de salaire du marché, et le capital au du marché, il ne reste plus rien, le profit est nul. Alors cela veut-il dire que personne ne va investir puisque le profit est nul ? Ca dépend de la signification du mot « profit ». Profit = profit qui existe une fois les facteurs de production rémunérés. En temps normal le profit est nul, il n’y a pas d’excédent. Du coup, ça conduit à introduire un concept nouveau : la rente La rente Apparaît avec Ricardo : Principes de l’économie et de l’impôt. Facteurs de production : terre et le travail. On met en culture des terres autour du village en commençant par les plus rentables (toutes les terres ont la même qualité, donc les plus rentables, ce sont les plus proches). Puis la population augmente, on est amené à mettre en culture les champs plus éloignés, de moins en moins rentables (à cause du transport) mais prix du quintaux de blé est le même (marché du blé = un seul prix), prix sera suffisant pour couvrir le coût de production de la dernière terre. Si le prix convient à la terre marginale, il est intéressant pour la terre proche = bénéfice supplémentaire de la terre proche puisque prix est sur l’éloignée (rente différentielle) Cette rente est un profit pur puisque le capital investit en travail sur la dernière terre est rentabilisé sur la dernière terre, donc le capital a été rémunéré sur la dernière terre. Ce profit ne disparaît pas = le marché agricole n’est pas parfait : on ne peut pas entrer comme on veut dans ce marché, puisqu’on ne peut pas créer une nouvelle terre. La rareté du facteur de production qui est la terre fait qu’on n’est pas dans un marché parfait, il peut y avoir un profit pur. Sur un marché parfait, il n’y a pas de profit pur. Utilisation des rentes : rente pétrolière dans la production de pétrole, car ce n’est pas marché parfait (on ne peut pas créer d’autres gisements) s’introduit une rente : prix du pétrole vendu c'est le prix du plus difficile à exploiter. Apparaît une rente pour le pétrole facile à acquérir. Débat sur l’utilisation de la rente pétrolière. Procès Microsoft : occupe une large place et donc empêche l’innovation : le prix du produit pourrait être moins cher si on laissait entrer sur le marché d’autres produits. Du coup, le prix est fixé, il y a une rente. Microsoft dit : il faut une rente pour investir dans l’innovation. Facteurs fixes et rente économique : Facteur fixe non-augmentable qui explique la rente. Existence d’une réserve donnée de pétrole qui crée la rente. Facteur fixe : on ne peut augmenter (ou c'est un peu compliqué) du coup les gens ne peuvent pas y rentrer. Microsoft, facteur fixe qui explique la rente : base installée, l’histoire de l’informatique fait qu’il y a une base de PC installés – chasse gardée de Microsoft. 3.1.2 La décision d’offre d’une entreprise individuelle doit être examiné à la lumière de ce comportement maximisateur La décision d’offre d’une entreprise individuelle (=isolée) Le producteur cherche à maximiser son profit. Il va choisir une quantité jusqu’à ce que le coût marginal soit égal à la recette marginale coût Cm p quantité q2 q2 Ma recette marginale, c'est le prix auquel je vends mon produit (p). Ca coupe deux fois : on a le profit maximum dans la partie ascendante du Cm (q2). Ce qui m’intéresse, c'est que pour mon entreprise, le prix n’est pas une donnée sur laquelle je peux jouer, elle est fournie par le marché. Nos décisions n’influent pas sur le marché. L’entreprise est preneuse de prix. Entrée et sortie du marché Coûts Cm CM courbe d’offre Quantité On ne va tracer que la partie du coût marginale qui est au-dessus du coût moyen, parce que je cherche à tracer la courbe d’offre de l’entreprise. Tant que le prix est inférieur au coût moyen minimum, je produis zéro. À mesure que le prix monte, j’ai intérêt à produire. Je suis capable d’entrer sur le marché si le prix s’établit à un niveau tel qu’il me permet de ce début de la courbe d’offre. La courbe d’offre, ça n’est pas la courbe de Cm quand elle est en dessous de CM. Point d’entrée sur le marché quand le prix atteint le coût moyen. Dans la réalité, il faut tracer deux courbes : CM et CVM (coût variable moyen : une fois retiré les coûts fixes) Coûts Cm CM CVM Quantité Les coûts fixes, de toute façon je les paie : location d’un local par exemple. Si le prix des vêtements chute, si j’arrête totalement de vendre des vêtements, je devrais payer la location du local et je perdrais plus que si je vendais même un peu pour couvrir une partie des coûts fixes. On entre dans le marché que si on peut gagner, on y reste même si on en perd pour en perdre moins. La courbe d’offre à long terme d’une entreprise : Coûts Quantité À long terme on a un profit nul, équilibre se situe quand elles se coupent. Dans le court terme il peut y avoir un profit pur, sur le long terme, on a un profit nul car entrée sur le marché de nouveaux offreurs. Tout ce que j’ai voulu vous montrer depuis une heure, c'est que dans un marché parfait, le principe c'est qu’il y a profit nul (rémunération du capital à la moyenne du marché, pas de rente). Parce que pour une raison ou une autre se crée dans un secteur une avance de certains (progrès technique) qui ne profite pas à d’autres, il va se créer un profit pur. Le profit pur va disparaître car des investisseurs vont entrer sur le marché (augmente l’offre>baisse le prix>profit nul). 3.2. Les tentatives de construction d’une fonction de production agrégée ne sont pas exemptes de critiques 3.2.1. Les économistes néoclassiques ont tenté de construire une fonction de production agrégé Tentative de construire la fonction de production de tout un pays. Facteur de production : Classique : terre entraîne une rente. Après il y a le salaire : minimum qui permet de survivre (au sens large). Parfois profits purs exceptionnels. Néoclassiques : il y a le travail, mais aussi le capital : la terre n’est qu’une destination possible du capital. On va construire une fonction de production agrégée, dans théorie des salaires de Hicks (1932) : comment représenter la fonction de production d’une économie. 3.2.2. Ces tentatives ont donné lieu à des critiques mettant l’accent sur les difficultés d’agrégation des facteurs de production. Fonctions de production agrégée et critique de Joan Robinson Tentation d’agréger également au niveau collectif. En réalité, quand on construit une fonction de production macroéconomique, pour un pays, on a une fonction de production en fonction de la quantité de travail et de capital. à partir de la on démontre facilement que l’optimalité c'est la rémunération de chacun de ces deux facteurs de production à leur productivité marginale. On va utiliser du capital jusqu’à ce que sa productivité marginale soit égale au coût de cette utilité marginale de capital. Pareil pour le facteur travail : on va employer des gens jusqu’au moment ou sa productivité marginale sera égale à son salaire. Il y a une rémunération naturelle de l’employée : sa productivité marginale. C'est là qu’intervient Robinson : erreur logique dans la construction des fonctions de production agrégée : le capital, ça n’existe pas, ce qui existe c'est son utilisation. Ce sont la valeur des machines qu’il faut agréger pour avoir le capital. Valeur des machines = leur capacité à produire / Prix du capital = taux d’intérêt Raisonnement circulaire : Pour pouvoir agréger les différents éléments composites du capital, on ne peut pas additionner une pelleteuse et une machine à faire du pain, il faut passer par leur expression monétaire, il faut avoir le prix du capital, et donc du taux d’intérêt. Or on a le taux d’intérêt qu’une fois la fonction des production agrégée construite et qu’on est capable de calculer à l’équilibre la productivité marginale du capital, qui nous donne le taux d’intérêt. Raisonnement circulaire On a besoin du taux d’intérêt au départ. Même chose pour le travail. Comment passer de la micro à la macro ? Les raisonnements qui valent pour l’entreprise ne marchent pas pour l’agrégé. Conclusion : L’homo œconomicus est une fiction nécessaire pour comprendre un certain nombre de phénomènes. Permet de schématiser des comportements économiques. Certes c'est illimité, mais c'est efficace. Les comportements réels des agents diffèrent notablement de ceux prêtés à l’homo œconomicus.