La dictée négociée ou Atelier de Négociation Graphique (Haas et Lorrot, Brigaudiot) Descriptif de la démarche / Sélection des textes On demande aux élèves, après la phase de dictée habituelle avec révision individuelle de se grouper par trois ou quatre et de ne rendre à la maîtresse qu'une seule dictée : les solutions différentes sont alors discutées, négociées et argumentées. Modalités pratiques et mise en œuvre dans la classe Une fois par semaine pour familiariser les élèves avec cet exercice (modalités du travail de groupe : comparer, choisir et justifier, réécrire). Puis, une fois toutes les trois semaines en alternance avec d’autres tâches-problèmes. Les objectifs de cette dictée sont de : - Faire apparaître les représentations des élèves sur le fonctionnement de la langue. - Les confronter à celles des autres et mutualiser leurs connaissances. - Argumenter leurs propositions, justifier leurs choix en cas d’accord ou de désaccord, expliciter leurs stratégies. La verbalisation permet de dépasser le simple stade de l’intuition. Constitution des groupes Si le groupe est homogène (enfants de même niveau), s’instaure un travail de coconstruction. S’il est hétérogène, il peut relever de la tutelle : le plus « faible » doit écrire et les bons s’arrangent pour être suffisamment explicites. Dans ce cas, le scripteur ne doit pas être le meilleur des deux ou trois sinon la dictée négociée sera proche de celle du bon élève. L’objectif est que le plus faible profite de cette copie guidée et rythmée par les réflexions des uns et des autres. La phase de « négociation » permet quelques explications et met à plat des procédures qui profitent à ceux qui les ont données et à ceux qui les ont reçues. Evaluation Après la correction collective des « dictées négociées » - les seules évaluées- le petit groupe se réunit encore une fois et revient sur les versions individuelles du début. L’évaluation prend en compte autant les réussites que les erreurs, l’enseignant donne à chaque groupe le nombre de mots écrits correctement sur le nombre total de mots de la dictée. Ainsi, chaque groupe peut voir l’évolution de son travail et l’efficacité de la négociation. Réinvestissement Education) (cf Angoujard in « Savoir orthographier », Hachette A l’issue de la mise en commun des dictées négociées, il est intéressant de construire des outils de référence dans lesquels sont classés différents faits de langue. Ils se présentent sous la forme par exemple de « phrases de référence » dans lesquelles on va trouver les accords dans le groupe verbal ou des phénomènes d’homonymie, de « groupes du nom » dans lequel on classera les accords dans le groupe nominal… Ces outils sont la trace d’une étape vers un nouveau savoir, ils sont donc provisoires et évolutifs. Ils seront repris lors d’activités décrochées d’orthographe et pourront faire l’objet d’un classement. Voici un exemple de dictée négociée faite au mois de janvier avec des élèves de CE1: Groupe 1 Flocon et son gros chien joue dans le chateau. Il crie boucoup et le roi nez pas contan. Groupe 4 Flocon et son gros chien jouent dans le château. Ils crie beaucoup et le roi n’est pas contant. Groupe 2 Flocon et son gros chien joue dans le château. Ils crie beaucou et le roi n’ai pas content. Groupe 5 Flocon et son gros chien joue dans le château. Ils crie beaucou et le roi n’ai pas content. Groupe 3 Flocon et son gros chien joue dans le château. Il crie beaucoup et le roi n’est pas content. Groupe 6 Flocon et sont gros chien joue dans le château. Ils cris baucoup et le roi n’et pas content. Les arguments sont divers : - « jouent » il faut mettre « ent » parce que c’est Flocon et son gros chien qui jouent, ils sont deux; - son, il n’y a pas de t à la fin car c’est le sien ; - « Ils », il faut un s car c’est Flocon et son gros chien, ils sont plusieurs ; - « cris » il faut un s car ils sont plusieurs ; - « cris » c’est un verbe, il ne faut pas « s » il faut « ent » ; - beaucoup çà s’écrit comme çà, il est dans notre répertoire ; - « nez » çà s’écrit pas comme çà, çà s’écrit « n’ai » parce que c’est le verbe; - « content », il faut un t à la fin parce qu’on peut dire contente ; - « contant » çà s’écrit an, c’est comme méchant c’est le même [ᾶ].