Psychothérapie

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Psychothérapie
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Présentation
L'effet dodo : toutes les psychothérapies fonctionnent
Pourquoi ça marche?
Pourquoi et quand, une thérapie?
Choisir son psy
En pratique
Livres, etc.
Références
Présentation
Pour quiconque se sent psychologiquement vulnérable ou fragile, se lancer à la recherche
d'une psychothérapie ou d'un psychothérapeute peut paraître une entreprise particulièrement
éprouvante. Parmi toutes les psychothérapies (plus de 200 officiellement répertoriées), y en at-il de plus efficaces que d'autres? Est-ce que certains problèmes s'y prêtent mieux? Quand et
comment devrait-on y avoir recours?
C'est à ces questions que cette fiche tentera de répondre, même si les réponses ne seront ni
définitives, ni absolues. Le domaine est encore jeune, en constante évolution, et beaucoup de
controverses subsistent1,2,28. Plusieurs écoles de pensée s'affrontent. D'ailleurs, les chercheurs
ne s'entendent pas sur la notion même d'efficacité; que signifie précisément s'améliorer, être
guéri, rechuter?
Heureusement, on retrouve aussi de très nombreux points d'accord. Dans l'état actuel des
connaissances, trois conclusions principales semblent s'imposer :
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La majorité des psychothérapies bien menées donnent de bons résultats.
La réussite de la thérapie dépendrait d'abord et avant tout de la motivation et de
l'engagement du sujet.
L'alliance thérapeutique qui s'établit entre le patient et son thérapeute serait beaucoup
plus déterminante pour prédire l'issue du traitement que la technique particulière
utilisée par l'intervenant.
L'effet dodo : toutes les psychothérapies fonctionnent
Des centaines de recherches menées depuis quelques dizaines d'années, et
regroupées en synthèses d'études et en méta-analyses, ont démontré sans équivoque que la
psychothérapie peut contribuer à traiter efficacement plusieurs problèmes psychologiques
comme la dépression, le trouble panique, l'anxiété, les troubles de l'alimentation et divers
troubles de la personnalité1,3-7,20,27.
Qui plus est, le recoupement de ces études a permis de conclure que toute psychothérapie bien
menée, peu importe la technique particulière utilisée, a de fortes chances de donner de bons
résultats. Cette hypothèse a été présentée pour la première fois en 1976 dans une étude
intitulée Comparative studies of psychotherapies : is it true that "everybody has won and all
must have prizes"? (Études comparatives des psychothérapies : est-ce vrai que « tout le
monde a gagné et que chacun doit recevoir un prix »?)8. Le sous-titre de l'étude provient du
livre Alice au pays des merveilles, de Lewis Caroll, dans lequel le dodo, l'oiseau-juge, déclare
que tous ceux qui ont participé à la course ont gagné.
Cliquez ici pour connaître l'histoire originale.
L'étude concluait que toutes sortes de thérapies, très différentes les unes des autres,
démontraient pourtant une efficacité comparable face à des problèmes semblables; on a alors
émis l'hypothèse que des « facteurs communs » présents dans la majorité des psychothérapies
pouvaient être à l'origine de ce qu'on appelle désormais « l'effet dodo ».
Depuis, plusieurs synthèses d'études, méta-analyses et ouvrages scientifiques se sont penchées
sur le phénomène, et bien qu'il reste certaines dissensions, la plupart des chercheurs
conviennent aujourd'hui de la validité de l'effet dodo. On a toutefois remarqué que les
diverses approches pouvaient effectivement s'équivaloir à condition qu'elles soient bona fide,
une expression latine qui signifie littéralement « de bonne foi ». Pour qu'une thérapie soit
bona fide, il faudrait que le thérapeute détienne au moins une maîtrise universitaire ou une
formation équivalente, que le traitement repose sur des principes psychologiques valables et
que le problème du client puisse raisonnablement être traité par une approche
psychothérapeutique9.
Pourquoi ça marche?
Que la majorité des psychothérapies bien menées puissent être efficaces ne signifie pas pour
autant que toutes les psychothérapies soient équivalentes pour tout le monde. On a effectué
beaucoup de recherches pour savoir quels pourraient être les fameux « facteurs communs »
présents dans l'ensemble des psychothérapies, et dans quelle mesure ils en déterminaient le
succès. La plupart des experts s'entendent aujourd'hui sur les quatre éléments qui seraient
primordiaux pour prédire l'issue d'une thérapie, et sur leur importance relative10-15 :
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L'implication et la détermination du patient : dans une proportion de 40 %.
La qualité de l'alliance thérapeutique entre le patient et le thérapeute : 30 %.
La confiance en l'efficacité du traitement (incluant l'effet placebo) : 15 %.
La spécificité de l'approche thérapeutique privilégiée : 15 %.
Les facteurs communs semblent donc plus importants que les facteurs propres à une approche
ou à une autre. Cela ne signifie pas que le choix de la technique soit secondaire. En effet, si
celle-ci ne correspond pas aux attentes du patient, cela pourra avoir une incidence négative sur
son implication personnelle, sur la qualité de l'alliance thérapeutique et sur la confiance
ressentie, réduisant d'autant les chances de succès.
Une étude étonnante
Trente personnes souffrant de dépression ont été traitées par une thérapie cognitive. Le taux
de succès de la thérapie a été évalué en fonction de trois variables, la première spécifique à
l'approche cognitive (l'accent mis sur les liens entre les modes de pensée et la dépression), et
les deux autres communes à toutes les psychothérapies : l'alliance thérapeutique et
l'implication du client. On a constaté une nette corrélation entre ces deux facteurs communs et
les chances de réussite de la thérapie, tandis que l'élément propre à la thérapie cognitive n'était
pas un bon prédicteur de succès. Les chercheurs ont même émis l'hypothèse que de trop
s'attacher à une technique particulière pouvait nuire à la qualité de l'alliance thérapeutique et à
l'issue de la thérapie16,17.
Le patient
L'implication et la détermination du patient : 40 %. Il semble que l'aspect le plus
important de « l'implication » du client (une notion qui englobe à la fois engagement et
action) soit son intention sincère de collaborer au processus thérapeutique. La bonne volonté,
les efforts consentis et l'ouverture d'esprit seraient déterminants. Une étude18 a d'ailleurs
démontré la forte corrélation entre « l'ouverture » initiale du patient et le succès à court et
long termes de la thérapie.
Dans une vaste synthèse d'études, publiée en 200319, on a constaté que le rôle du patient est
déterminant pour que se constitue une bonne alliance thérapeutique. On y faisait aussi
remarquer que la confiance et l'esprit de collaboration démontrés par le thérapeute peuvent
avoir une influence positive sur l'implication du client. De plus, si le thérapeute explique
clairement à son client que le processus exigera, de part et d'autre, de travailler avec vigueur
et détermination, cela peut influencer favorablement les résultats du traitement.
Parmi les responsabilités du patient, évoquées dans une publication de la Harvard Medical
School12, on mentionne qu'il doit être motivé, participer activement au traitement et être prêt à
faire face à d'intenses émotions.
Le lien patient/thérapeute
La qualité de l'alliance thérapeutique : 30 %. On décrit généralement l'indispensable
alliance thérapeutique de la façon suivante13,14,20-22 :
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Dans un esprit de collaboration, le client et le thérapeute s'entendent sur leurs tâches
respectives, et les considèrent comme importantes et pertinentes.
Les objectifs de la thérapie sont clairs, bien compris et endossés par les deux parties.
Un lien affectif basé sur la confiance, l'implication, l'acceptation ainsi qu'une grande
empathie de la part du thérapeute relient les deux personnes.
Le Dr Michael Craig Miller, l'éditeur de la Harvard Mental Health Letter de septembre 2004,
a bien résumé l'importance de l'alliance thérapeutique12. Il affirme qu'elle est essentielle au
succès de toute psychothérapie et, comme l'ont démontré nombre de synthèses d'études11,13-15,
qu'elle serait plus déterminante que n'importe quel autre aspect spécifique du traitement. La
recherche démontre que plus l'alliance est forte, meilleurs seront les résultats. Toutefois, le
fait que l'intervenant soit amical, ouvert ou accueillant n'est pas suffisant; le patient doit
également sentir qu'il est vraiment compris et que le thérapeute est digne de confiance et tout
à fait compétent.
Dans une synthèse d'études19 portant sur les liens thérapeute-alliance thérapeutique, on a
constaté que les principales qualités que devrait démontrer un thérapeute pour susciter une
solide alliance sont d'être souple, honnête, respectueux, digne de confiance, chaleureux,
intéressé et ouvert. L'utilisation de diverses techniques comme le soutien à l'expression des
émotions, l'exploration et la réflexion sur le passé du patient ainsi que l'interprétation juste de
ces observations contribueraient également à l'alliance.
La confiance
La confiance en l'efficacité du traitement (incluant l'effet placebo) : 15 %. Ce facteur
dépend en partie de l'alliance thérapeutique - qui est entre autres basée sur la confiance -, mais
également d'une bonne compréhension de l'approche thérapeutique. En effet, si l'on connaît
bien la voie sur laquelle on s'engage, si des gens crédibles nous l'ont recommandée, si l'on
s'est assuré de la compétence du thérapeute, tous ces éléments contribueront à générer une
plus grande confiance. Et la recherche a démontré que cette confiance pouvait être, en ellemême, une composante de la thérapie, au même titre que la technique privilégiée.
L'approche elle-même
La spécificité de l'approche thérapeutique privilégiée : 15 %. Dans l'état actuel des
recherches, il est difficile d'établir clairement si certaines approches thérapeutiques seraient
plus efficaces que d'autres face à des affections particulières. Il se peut qu'au lieu de choisir
une approche en fonction d'un problème spécifique, il soit préférable d'en rechercher une qui
correspond à qui on est, à nos attentes, et même à nos convictions et à nos valeurs. Par
exemple, pour un même problème de dépression, une personne désirant avant tout redevenir
rapidement fonctionnelle pourrait choisir une approche cognitivo-comportementale, tandis
qu'une autre de nature plus introspective, et qui voudrait en profiter pour envisager son
problème dans un contexte plus vaste, pourrait se tourner vers une approche analytique.
Pourquoi et quand, une thérapie?
Généralement, on entreprend une psychothérapie pour :
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Cesser de souffrir psychologiquement (phobies, angoisses, anxiété, panique, déprimes
récurrentes...).
Régler des problèmes affectifs ou relationnels (obsessions, timidité, estime de soi,
échecs amoureux...).
Modifier des comportements qui nuisent au bien-être (stress post-traumatique,
dépendances diverses, maux imaginaires, dysfonctions sexuelles...).
Faire face à une crise existentielle (après quoi je cours?, réorientation de carrière...).
D'autres y ont également recours, non pas tant pour régler des problèmes spécifiques,
mais pour acquérir de nouveaux outils afin de se réaliser pleinement ou pour améliorer
l'adéquation entre leurs valeurs et la réalité de leur vie.
Dans l'ouvrage The Heart & Soul of Change - What Works in Therapy, publié par l'American
Psychological Association, on explique que les gens font surtout appel à la psychothérapie
quand ils n'arrivent plus à régler eux-mêmes des problèmes, apparemment solubles, qui leur
empoisonnent la vie. Cette difficulté serait attribuable, études à l'appui, à des facteurs comme
les « pensées ruminantes », le manque de perspective ou de vision d'ensemble, les habitudes
trop bien ancrées et la déficience du soutien social20.
De façon générale, on peut dire que les problèmes psychologiques (excluant les maladies
mentales) relèvent de la rencontre de facteurs personnels (bagage génétique, tempérament,
mode de vie, etc.) et sociaux (expériences affectives de la petite enfance, éducation, classe
sociale, culture, événements ponctuels, etc.).
Dans sa brochure intitulée La psychothérapie offre un regard nouveau sur la vie23, l'Ordre des
psychologues du Québec évoque plusieurs éléments qui peuvent engendrer des problèmes
psychologiques : avoir subi une épreuve ou un traumatisme (deuil, maladie, congédiement,
agression), avoir une vie de couple ou familiale insatisfaisante, éprouver une dépendance
(drogue, tabac, nourriture, alcool, jeu), se trouver dans un environnement de travail trop lourd
à porter, etc. Face à de telles situations, des personnes réagiront de façon efficace en puisant
dans leurs ressources intérieures, en prenant des vacances ou en se mettant au jogging;
d'autres trouveront du soutien chez leurs amis ou leurs proches; malheureusement, certaines
se sentiront complètement démolies malgré tous leurs efforts pour s'en sortir; elles n'arriveront
pas à s'activer et à mettre en branle des solutions qui - et elles ne le savent que trop bien s'avéreraient pourtant gagnantes.
On recommande de recourir à une aide professionnelle quand :
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On n'est plus en mesure d'exécuter les tâches quotidiennes telles qu'aller travailler,
prendre soin de soi et des enfants ou s'occuper de la maison.
On a l'impression que plus personne ne nous comprend, que les gens nous évitent ou
que leurs conseils sont inutiles.
On ne réussit pas à surmonter une épreuve ou un traumatisme et on constate que les
solutions connues sont inefficaces.
On se sent constamment déprimé, angoissé, tendu, en colère ou irrité.
On a de plus en plus de difficulté à dormir.
On a peur d'affronter des situations qui semblent banales pour les autres.
On a une boule dans la gorge et on pleure plus souvent qu'à son tour.
On estime que la vie n'a plus de sens et on n'a pas d'espoir de changement.
Dans nos sociétés, la santé mentale est devenue un enjeu de santé publique. En France, 40 %
des affections de longue durée chez les enfants et les adolescents sont des troubles
psychiatriques. La première cause d'hospitalisation chez les adolescentes y est la tentative de
suicide24. Aux États-Unis, de 1967 à 1980, la proportion de la population ayant déclaré avoir
recours à la psychothérapie est passée de 1 % à 10 %25.
Par contre, certains auteurs se demandent si l'on n'assiste pas à une dérive exagérée. Le
psychiatre Jean Cottraux, auteur de Les Visiteurs du soi - À quoi servent les psy?29 croit que le
marché de la psychothérapie sans effet thérapeutique grandit de jour en jour. Il se demande s'il
faut simplement voir dans le triomphe actuel des psychothérapies le contrecoup d'une crise de
l'ego généralisée. Selon lui, non seulement on peut vivre sans psy, mais c'est parfois mieux.
Choisir son psy
On définit généralement la psychothérapie comme « un processus interpersonnel conçu pour
produire des modifications dans des sentiments, des pensées, des attitudes et des
comportements qui se sont avérés pénibles pour la personne requérant l'aide d'un
professionnel compétent » 26. On doit la distinguer d'autres types d'approches :
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La psychiatrie vise le traitement des maladies mentales (problèmes dans la structure
de la personnalité [ex. : schizophrénie et paranoïa], troubles graves du comportement
[ex. : violence], anomalies neuropsychologiques [ex. : dyslexie]). Elle utilise
généralement des médicaments, mais aussi la psychothérapie.
La relation d'aide s'apparente plutôt à un soutien émotif et respectueux; il s'agit d'une
attitude, mais pas d'un traitement.
Le développement personnel (ou croissance personnelle) se sert des mêmes outils
que la psychothérapie, mais généralement pour répondre au besoin de mieux se
connaître, à une quête existentielle ou à un désir d'épanouissement affectif, relationnel,
sexuel, social, humain, spirituel et parfois professionnel.
Voici une brève description des principales familles de psychothérapies. À la suite, un tableau
indique de quelles familles font partie une cinquantaine de psychothérapies différentes, et
celles qui possèdent une fiche sur PasseportSanté.net.
Analytiques et psychodynamiques
Qui fait quoi?
Différents intervenants, qu'ils soient psychiatres, psychologues, psychothérapeutes ou encore
infirmiers, travailleurs sociaux ou éducateurs, peuvent utiliser une des nombreuses approches
psychothérapeutiques. Certains s'affichent clairement comme pratiquants d'une discipline
particulière (spécialiste de la Gestalt, de l'art-thérapie ou de la programmation
neurolinguistique par exemple), d'autres ont plusieurs cordes à leur arc (un psychologue
pourra utiliser tantôt la psychosynthèse, tantôt la psychanalyse plus classique, par exemple).
Fortement influencées par la psychanalyse (qu'elle soit de Freud, de Jung ou
d'autres), ces approches font appel à la notion d'inconscient et focalisent leurs efforts sur la
recherche des liens entre les difficultés actuelles et les expériences passées, dont les conflits
refoulés et non résolus. La personne est amenée à prendre conscience de l'influence de ces
conflits sur son fonctionnement afin de les comprendre et de s'en dégager progressivement.
On vise des changements profonds et durables chez le patient. Généralement, les
psychothérapies psychanalytiques durent au moins un an, à raison d'une ou plusieurs séances
par semaine.
Ces démarches peuvent mener très loin du symptôme le plus apparent : on commence une
thérapie à cause d'un problème au travail et on se retrouve à traiter un manque affectif.
Certains des outils classiques des thérapies psychanalytiques sont l'association verbale libre,
l'analyse des rêves, la tenue d'un journal personnel ainsi que la prise en compte des
phénomènes de transfert, c'est-à-dire la projection de désirs ou de situations inconscientes du
client vers son thérapeute.
Depuis quelques années, des psychothérapies psychodynamiques brèves ont fait leur
apparition. Elles s'échelonnent sur une période plus courte (de 10 à 40 séances) et sont le plus
souvent centrées sur un événement ou un comportement bien circonscrit.
Cognitivo-comportementales
Certaines difficultés psychologiques peuvent être liées, entre autres, à des pensées ou à des
comportements inadéquats qu'on a appris ou adoptés - souvent malgré soi. Ils peuvent
s'apparenter à des réactions « incontrôlables » qui surgissent automatiquement en certaines
circonstances (dès que je vois un policier, je me sens fautif; si je n'ai pas d'amoureux, je ne
vaux plus rien, etc.) Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) proposent
d'observer objectivement et d'analyser avec détachement ces comportements et ces pensées,
d'apprendre de nouveaux comportements et de remplacer les pensées ou les émotions non
désirées par d'autres qui sont davantage adaptées. On cherche des problèmes concrets à
résoudre et une démarche thérapeutique est établie en commun (déconditionnement
progressif, clarification des mécanismes de défense, modifications des croyances, etc.).
Généralement, on segmente la difficulté à affronter en ses diverses composantes et on valorise
les nouvelles attitudes et les comportements positifs à mesure qu'ils s'installent. Selon les cas,
on travaillera davantage sur la dimension cognitive (la pensée) ou sur la dimension
comportementale (les actions). Quand les TCC travaillent avec l'inconscient, le cadre n'est pas
celui de la psychanalyse (fantasmes, désirs, pulsions, etc.), mais celui des schémas cognitifs
qui donnent du sens aux émotions et aux comportements. Ce sont ces schémas qu'on tente
d'assouplir ou de modifier. Un traitement comprend habituellement de 10 à 25 séances
hebdomadaires.
Brèves
On peut considérer que des approches comme les thérapies brèves, les thérapies orientées vers
les solutions et la psychothérapie neurolinguistique font partie des approches
comportementales. Toutefois, un de leurs objectifs fondamentaux est de réduire la durée du
traitement (au plus dix séances). Pour y parvenir, on tente de définir le problème avec un
maximum de précision et de s'attaquer à des problèmes circonscrits le plus précisément
possible. On ne cherche pas les causes, on met plutôt l'accent sur ce qui est changeable, sur les
solutions, les habiletés et l'action.
Existentielles et humanistes
Ces approches se fondent sur les capacités intrinsèques de l'être humain à maîtriser son
existence et à se réaliser pleinement. Le thérapeute entre en relation avec un client plutôt que
de soigner un patient. L'accent est mis sur les prises de conscience des difficultés et des
forces de la personne, et sur l'ici-maintenant. Le thérapeute favorise l'exploration de soi et
l'expérimentation de nouvelles façons d'être ou d'agir.
On peut diviser cette famille thérapeutique en quatre sous-groupes : les thérapies
psychocorporelles, les thérapies transpersonnelles, les thérapies créatives ou expressives et les
thérapies par la parole.
Psychocorporelles
Comme leur nom l'indique, les thérapies psychocorporelles agissent sur le
psychisme par l'intermédiaire du corps. Elles y parviennent de différentes façons, soit en
utilisant l'énergie de la respiration (ex. : respiration holotropique); soit par un toucher de la
part du thérapeute (ex. : intégration posturale); soit en se servant du corps comme déclencheur
d'une verbalisation de type analytique (ex. : bioénergie); soit enfin en permettant au
mouvement d'aider le psychisme à se rééquilibrer (ex. : EMDR).
Dans toutes ces approches, on se sert du corps pour entrer en contact avec ses états intérieurs
ou pour intervenir sur le psychisme. Par exemple, les touchers doux de la synergie Rubenfeld
sur une partie particulière du corps pourront faire remonter certaines émotions à la surface. Un
massage plus profond à cet endroit pourra raviver des mémoires cachées et susciter une
intense libération d'émotions. Une fois les émotions libérées, il devient plus facile de faire des
choix conscients et d'éviter certains comportements nuisibles dictés par des habitudes trop
bien ancrées.
Transpersonnelles
La psychologie transpersonnelle s'intéresse aux « états non ordinaires » de conscience :
l'extase, le sentiment de connexion avec l'Univers, la conscience aiguë de son être profond, le
mysticisme, etc. Ayant pour objet la « pleine réalisation » de la personne, elle se préoccupe
des perturbations résultant de l'enfermement des potentiels illimités de la conscience dans les
structures limitées de l'ego - comme cela peut se manifester au moment de crises existentielles
ou de ce que l'on appelle des crises d'émergence spirituelle.
Si, dans la psychologie classique, les modèles sont des êtres performants, motivés, efficaces et
bien intégrés socialement, ceux de la transpersonnelle sont des saints, des sages et des héros
de l'humanité. Ce qui ne veut pas dire que cette approche nie l'importance d'un ego sain, au
contraire : c'est à partir d'assises solides et équilibrées que l'être humain pourrait atteindre
d'autres dimensions.
Créativité
Ces thérapies font appel aux capacités créatives inhérentes à chacun. Que ce soit par le dessin,
la danse, la musique, etc. - et sans devoir posséder le moindre talent artistique - la personne
est appelée à laisser émerger ce qui se cache au fond d'elle-même. De là, elle pourra envisager
ses problèmes dans une perspective inédite, découvrir des solutions inusitées, et les appliquer
de façon originale. Ces approches font appel aux multiples dimensions de l'être et sollicitent à travers le corps - l'imagination, l'intuition, la pensée et les émotions.
Parole
Elles se déroulent de manière relativement classique, thérapeute et client dialoguant face à
face. La relation de confiance, d'intimité et de sécurité avec le thérapeute est fondamentale.
Elle permet des prises de conscience et des découvertes qui peuvent ensuite mener à des
changements de comportement et d'attitude. On fait aussi parfois appel à divers exercices :
visualisations, jeux de rôles, dessin, analyse des rêves, etc.
Systémiques ou interactionnelles
L'approche systémique considère qu'il n'y a pas d'individus malades en soi, mais que les
malaises proviennent plutôt des interactions avec l'entourage (famille, amis, équipe de travail,
etc.). On ne se demande pas pourquoi le problème existe ou subsiste, mais bien comment il
se maintient. L'objectif est de modifier les relations entre l'individu et son entourage. Les
rencontres se font donc fréquemment avec plusieurs personnes (en couple, avec les enfants,
entre employés, etc.). On s'attardera alors aux divers modes de communication, aux habitudes
de vie, aux attentes respectives, aux rapports sociaux, etc. C'est à partir d'eux que les
changements pourront être initiés. Le psychodrame, où chacun joue un rôle (qui peut être le
sien propre ou celui d'un autre membre du groupe), est un des outils utilisés dans le cadre de
ces approches.
Cliquez ici pour voir le tableau des psychothérapies
En pratique
Si vous envisagez d'entreprendre une psychothérapie, voici quelques pistes qui pourraient
vous aider à en tirer le maximum de bénéfices.
Soyez prêt. Clarifiez vos objectifs, vos attentes, vos espoirs. Sont-ils à court ou à long terme?
Le malaise est-il précis ou diffus? Demandez-vous ce que vous êtes prêt à investir, en temps,
en argent et en engagement personnel.
Facilitez l'établissement d'une solide alliance thérapeutique. Recherchez une approche, un
cadre et un style de thérapeute qui correspondent au genre de personne que vous êtes et à vos
valeurs. Vous pouvez consulter le tableau récapitulatif et aller voir plus en détails les fiches
des psychothérapies qui vous intéressent.
Demandez conseil. N'hésitez pas à demander des références à des personnes en qui vous avez
confiance : des amis qui sont déjà passés par là, votre médecin, un professionnel de la santé,
etc. De plus, plusieurs ordres professionnels et associations de thérapeutes offrent des services
de référence. Vous pourrez discuter avec eux du genre d'intervenant que vous recherchez, et
ils pourront vous proposer différents choix parmi leurs membres.
Assurez-vous de choisir un thérapeute compétent. S'il n'est pas membre d'un ordre
professionnel, fait-il partie d'une association reconnue qui possède des normes de pratique, un
code d'éthique, qui offre des recours, etc.? Quelle est son expérience? Peut-il vous fournir des
références?
Évaluez la qualité de l'alliance thérapeutique dès les premières rencontres. Si elle ne
vous paraît pas satisfaisante, envisagez rapidement une alternative. Et osez vous faire
confiance : les études démontrent que les clients sont bien meilleurs que les thérapeutes pour
juger de la qualité de l'alliance thérapeutique12. Gardez toutefois à l'esprit que vous ne
recherchez pas un ami, mais un professionnel compétent qui pourra vous aider, vous faire
avancer, vous confronter si nécessaire.
Et ensuite, plongez. Souvenez-vous que votre implication et votre collaboration sont
primordiales.
Livres, etc.
Angel Pierre et Angel Sylvie. Comment bien choisir son psy, Robert Laffont, France, 1999.
Une intéressante présentation des différents courants thérapeutiques, mais malheureusement,
on y traite peu du concept d'alliance thérapeutique.
Cottraux Dr Jean. Les visiteurs du soi - À quoi servent les psy?, Odile Jacob, France, 2004.
Les courants thérapeutiques, les recherches sur leur efficacité. et leur remise en question.
Les deux imposants livres suivants présentent en détail les diverses psychothérapies, font état
des plus récentes recherches et abordent largement les facteurs de réussite des thérapies :
implication du patient, alliance thérapeutique, etc.
Hubble Mark, Duncan Barry, Miller Scott. The Heart & Soul of Change - What Works in
Therapy, American Psychological Association, États-Unis, 2003.
Roth Anthony, Fonagy Peter. What works for whom? - A critical review of psychotherapy
research, Guilford Press, États-Unis, 2005.
Recherche et rédaction : Léon René de Cotret
Fiche mise à jour le : 29 novembre 2004
Références
Note : les liens hypertextes menant vers d'autres sites ne sont pas mis à jour de façon
continue. Il est possible qu'un lien devienne introuvable. Veuillez alors utiliser les outils de
recherche pour retrouver l'information désirée.
Bibliographie
Bordin E. S. The generalizability of the psychoanalytic concept of the working alliance.
Psychotherapy: Theory,Research and Practice, 16, 1976, p. 252-260.
Charest, Rose-Marie, présidente de l'Ordre des psychologues du Québec. Entrevue
téléphonique le 3 novembre 2004.
Cottraux Dr Jean. Les visiteurs du soi - À quoi servent les psy?, Odile Jacob, France, 2004.
Craig Miller Dr Michael. How important is the therapeutic alliance, Harvard Mental Health
Letter, Harvard Medical School, septembre 2004. [Consulté le 15 novembre 2004].
www.health.harvard.edu
Drisko James W. Common Factors in Psychotherapy Outcome: Meta-Analytic Findings and
Their Implications for Practice and Research, Families in Society: The Journal of
Contemporary Social Services, Vol. 85, No. 1, January-March 2004. [Consulté le 15
novembre 2004]. www.familiesinsociety.org
Falissard Bruno. Les psychothérapies au banc d'essai, Cerveau et Psycho, no 6, juin-août
2004.
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[Consulté le 15 novembre 2004.] http://pb.rcpsych.org
Gaston L. The concept of the alliance and its role in psychotherapy: Theoretical and empirical
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Hubble Mark, Duncan Barry, Miller Scott. The Heart & Soul of Change - What Works in
Therapy, American Psychological Association, États-Unis, 2003.
Lambert M. J. The Handbook of Psychology Integration, Basic Books, États-Unis, 1992.
Hunsley John, Di Giulio Gina. Dodo Bird, Phoenix, or Urban Legend? - The Question of
Psychotherapy Equivalence, The Scientific Review of Mental Health Practice, Vol. 1, No. 1,
Spring-Summer 2002. [Consulté le 15 novembre 2004]. www.srmhp.org
La psychothérapie offre un regard nouveau sur le vie, Ordre des psychologues du Québec.
[Consulté le 15 novembre 2004]. www.ordrepsy.qc.ca
Psychothérapie, trois approches évaluées, Institut national de la santé et de la recherche
médicale (INSERM), Éditions Inserm, France, 2004. [Consulté le 1er novembre 2004].
www.inserm.fr (Étude complète gratuite sur le site.)
PubMed - National Library of Medicine. [Consulté le 19 novembre 2004].
http://www.ncbi.nlm.nih.gov
Roth Anthony, Fonagy Peter. What works for whom? - A critical review of psychotherapy
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L., Handbook of psychotherapy and behavior change, Wiley, États-Unis, 1978, 2e édition.
The Efficacy of Psychotherapy, American Psychological Association, États-Unis, 1994.
[Consulté le 15 novembre 2004.] www.apa.org
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Notes
1. Goldbeck-Wood S, Fonagy P. The future of psychotherapy in the NHS, BMJ. 2004 Jul
31;329(7460):245-6. Texte complet disponible au http://bmj.bmjjournals.com
2. Fonagy Peter. Psychotherapy meets neuroscience, Psychiatric Bulletin (2004), 28, 357-359.
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