DM- rencontres amoureuses

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DM type bac
Objet d’étude : le roman : vision du personnage, vision du monde.
Corpus :
Texte A – Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves, 1678.
Texte B - Gustave Flaubert, L’éducation sentimentale,
Texte C – Daniel Pennac, Au Bonheur des ogres, 1985.
Texte D – Robert Mc Liam Wilson, Eureka Street, 1996 (traduction de Brice
Mathieussent)
Question : 4 points
En quoi les situations racontées dans ces extraits de roman sont-elles identiques ? En quoi
diffèrent-elles ?
Ecriture : 16 points
Sujet 1 - Commentaire Littéraire :
Vous ferez le commentaire littéraire du texte de Daniel Pennac, extrait de Au Bonheur des
ogres.
Sujet 2 – Dissertations :
Les héros de romans sont-ils des gens comme les autres ?
Sujet 3 – Invention :
Réécrivez l’épisode raconté dans l’extrait du roman de Pennac, Au bonheur des Ogres, en
adoptant un narrateur extérieur et le point de vue de « Tante Julia ».
Texte 1 – Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves, 1678.
Melle de Chartres a fait son entrée dans le monde et a épousé Le Prince de Clèves, homme qu’elle
estime sans brûler pour autant d’une passion dévorante. Elle est maintenant la Princesse de Clèves.
L’épisode qui suit relate un moment durant un bal qui a lieu lors d’un mariage princier, au Louvre.
Elle1 passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer, pour se trouver le
soir au bal et au festin royal qui se faisait au Louvre. Lorsqu’elle arriva, l’on
admira sa beauté et sa parure ; le bal commença et, comme elle dansait avec M. de
Guise, il se fit un assez grand bruit vers la porte de la salle, comme de quelqu’un
qui entrait et à qui on faisait place. Mme de Clèves acheva de danser et, pendant
qu’elle cherchait des yeux quelqu’un qu’elle avait dessein de prendre, le roi lui cria
de prendre celui qui arrivait. Elle se tourna et vit un homme qu’elle crut d’abord ne
pouvoir être que M. de Nemours, qui passait par-dessus quelques sièges pour
arriver où l’on dansait. Ce prince était fait d’une sorte qu’il était difficile de n’être
pas surprise de le voir quand on ne l’avait jamais vu, surtout ce soir-là, où le soin
qu’il avait pris de se parer augmentait encore l’air brillant qui était dans sa
personne; mais il était difficile aussi de voir Mme de Clèves pour la première fois
sans avoir un grand étonnement.
M. de Nemours fut tellement surpris de sa beauté que, lorsqu’il fut proche
d’elle, et qu’elle lui fit la révérence, il ne put s’empêcher de donner des marques de
son admiration. Quand ils commencèrent à danser, il s’éleva dans la salle un
murmure de louanges. Le roi et les reines se souvinrent qu’ils ne s’étaient jamais
vus, et ils trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se
connaître. Ils les appelèrent quand ils eurent fini sans leur donner le loisir de parler
à personne et leur demandèrent s’ils n’avaient pas bien envie de savoir qui ils
étaient, et s’ils ne s’en doutaient point.
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Il s’agit de la Princesse de Clèves.
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- Pour moi, madame, dit M. de Nemours, je n’ai pas d’incertitude; mais
comme Mme de Clèves n’a pas les mêmes raisons pour deviner qui je suis que
celles que j’ai pour la reconnaître, je voudrais bien que Votre Majesté eut la bonté
de lui apprendre mon nom.
- Je crois, dit Mme la dauphine, qu’elle le sait aussi bien que vous savez le
sien.
- Je vous assure, madame, reprit Mme de Clèves, qui paraissait un peu
embarrassée, que je ne devine pas si bien que vous pensez.
- Vous devinez fort bien, répondit Mme la dauphine ; et il y a même
quelque chose d’obligeant pour M. de Nemours à ne vouloir pas avouer que
vous le connaissez sans l’avoir jamais vu.
La reine les interrompit pour faire continuer le bal ; M. de Nemours
prit la reine dauphine. Cette princesse était d’une parfaite beauté et avait
paru telle aux yeux de M. de Nemours avant qu’il allât en Flandres ; mais,
de tout le soir, il ne put admirer que Mme de Clèves.
Texte B – Gustave Flaubert, L’Education sentimentale, 1869.
Frédéric Moreau est un jeune bachelier qui nourrit des ambitions artistiques et mondaines. L’épisode
qui suit se passe sur un bateau qui le ramène chez lui.
Ce fut comme une apparition :
Elle était assise, au milieu du banc, toute seule ; ou du moins il ne distingua personne, dans
l'éblouissement que lui envoyèrent ses yeux. En même temps qu'il passait, elle leva la tête ; il fléchit
involontairement les épaules ; et, quand il se fut mis plus loin, du même côté, il la regarda.
Elle avait un large chapeau de paille, avec des rubans roses qui palpitaient au vent derrière elle.
Ses bandeaux noirs, contournant la pointe de ses grands sourcils, descendaient très bas et semblaient
presser amoureusement l'ovale de sa figure. Sa robe de mousseline claire, tachetée de petits pois, se
répandait à plis nombreux. Elle était en train de broder quelque chose ; et son nez droit, son menton,
toute sa personne se découpait sur le fond de l'air bleu.
Comme elle gardait la même attitude, il fit plusieurs tours de droite et de gauche pour dissimuler
sa manoeuvre ; puis il se planta tout près de son ombrelle, posée contre le banc, et il affectait
d'observer une chaloupe sur la rivière.
Jamais il n'avait vu cette splendeur de sa peau brune, la séduction de sa taille, ni cette finesse des
doigts que la lumière traversait. Il considérait son panier à ouvrage avec ébahissement, comme une
chose extraordinaire. Quels étaient son nom, sa demeure, sa vie, son passé ? Il souhaitait connaître les
meubles de sa chambre, toutes les robes qu'elle avait portées, les gens qu'elle fréquentait ; et le désir de
la possession physique même disparaissait sous une envie plus profonde, dans une curiosité
douloureuse qui n'avait pas de limites.
Une négresse, coiffée d'un foulard, se présenta, en tenant par la main une petite fille, déjà grande.
L'enfant, dont les yeux roulaient des larmes, venait de s'éveiller. Elle la prit sur ses genoux. "
Mademoiselle n'était pas sage, quoiqu'elle eût sept ans bientôt ; sa mère ne l'aimerait plus ; on lui
pardonnait trop ses caprices. " Et Frédéric se réjouissait d'entendre ces choses, comme s'il eût fait une
découverte, une acquisition.
Il la supposait d'origine andalouse, créole peut-être ; elle avait ramené des îles cette négresse avec
elle ?
Cependant, un long châle à bandes violettes était placé derrière son dos, sur le bordage de cuivre.
Elle avait dû, bien des fois, au milieu de la mer, durant les soirs humides, en envelopper sa taille, s'en
couvrir les pieds, dormir dedans ! Mais, entraîné par les franges, il glissait peu à peu, il allait tomber
dans l'eau ; Frédéric fit un bond et le rattrapa. Elle lui dit : "Je vous remercie, monsieur. "
Leurs yeux se rencontrèrent.
" Ma femme, es-tu prête ? " cria le sieur Arnoux, apparaissant dans le capot de l'escalier.
2
Texte C – Daniel Pennac, Au Bonheur des ogres, 1985.
Benjamin Malaussène travaille dans un grand magasin parisien. Il est employé comme bouc
émissaire : dès qu’un client n’est pas satisfait, on le lui envoie : c’est donc lui qui reçoit tout
le mécontentement voire la haine des clients. Dans le passage qui suit, Malaussène est dans
les rayons et il aperçoit une femme.
La fille est très belle. Dans le genre léonin. Une chevelure rousse
tombe en vagues épaisses sur de larges épaules qu’on devine musclées.
Elle a des hanches italiennes qui se balancent paisiblement. Elle n’est plus
si jeune. Elle est dans l’âge des plénitudes sympathiques. Le haut de sa
jupe, plaqué sur ses fesses, révèle la trace d’un slip minimaliste. Comme je
n’ai rien d’autre à faire qu’à attendre un appel de Miss Hamilton, je décide
de suivre ma belle apparition. Elle trifouille par-ci, par-là dans les
étalages. Ses bras demi nus sont cerclés d’une argenterie moyennement
orientale. Elle a de longs doigts nerveux, bruns et souples, qui ne
saisissent qu’en s’enroulant. Je la suis avec l’aisance du poisson que je
suis devenu dans l’eau trouble de ce magasin. Je joue à la perdre pour me
donner le plaisir de la retrouver au croisement de deux allées. Lors de ces
rencontres faussement inopinées, je laisse l’adrénaline dresser tous mes
petits cheveux intérieurs. Une chose me tracasse, je n’arrive pas à
débusquer son regard. Sa crinière est trop fournie. Et trop mouvante.
Quant à elle, il va sans dire qu’elle ne me remarque pas. (Transparence de
mon costume de fonction.) Le petit jeu dure un certain temps, et j’atteins à
un état de désir absolu, quand la chose se produit. Elle flânait depuis cinq
bonnes minutes devant le rayon des shetlands. Tout à coup, ses doigts
jaillissent, s’enroulent, un petit pull est entièrement aspiré dans le creux de
sa main, puis sa main avalée par son sac, lequel déglutit, et recrache une
main vide.
Je l’ai vue. Mais de l’autre côté du comptoir, Cazeneuve, le flic
approprié, l’a vue aussi. Heureusement, je suis plus près d’elle que lui.
Pendant qu’il sort ses crocs en faisant le tour du rayon, je franchis, moi,
les deux pas qui me séparent de ma belle voleuse. Je plonge ma main dans
le sac en la forçant à se retourner vers moi et je retire le pull que je claque
sur ses épaules comme si je le lui essayais. En même temps, je murmure
entre mes dents, avec un air réfléchi :
- Ne faites pas la conne, le mouchard de service est juste derrière vous.
Non seulement elle a le réflexe de ne pas protester, mais elle
s’exclame d’une belle voix rauque :
- Il me va bien, non ? Qu’est-ce que tu en penses ?
Pris de court, je réponds n’importe quoi.
- Très bien avec tes yeux, tante Julia, mais pas avec tes cheveux.
En fait, je ne vois que ses yeux. Deux amandes pailletées d’or,
bordées de cils qui me chatouillent presque le nez. Derrière ses merveilles,
deux autres yeux me fusillent. Ce sont les sabords de Cazeneuve. Je jette
négligemment le pull sur le comptoir, en choisis un autre que je tends
devant la fille, en reculant la tête, avec un air connaisseur. Revenu à lui,
Cazeneuve intervient. Il n’y va pas par quatre chemins.
- Arrête ton cirque, Malaussène, j’ai très bien vu cette fille faucher le
premier pull.
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Texte D – Robert McLiam Wilson, Eureka Street, 1996.
Le roman se passe à Belfast dans les années 90. Jake, catholique et Chuck Lorgan,
protestant, sont amis dans un pays où les deux communautés religieuses s’opposent
fréquemment. Chuck, qui jusqu’à l’âge de trente ans n’avait pas fait grand-chose de sa vie,
vient de faire soudainement et mystérieusement fortune. Tout semble désormais lui réussir, y
compris l’amour. Dans le passage qui suit, il présente à Jake sa nouvelle amie, Max, une
belle américaine, qui n’a pas manqué d’amener une de ses copines.
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