FAITS SAILLANTS DE l’OCDE – EXAMEN PAR PAYS Octobre 2005 Examen des politiques agricoles de la Chine Série: Note d’information sur les travaux de l’OCDE ayant un intérêt pour le Canada La Chine : un acteur dominant de l’économie mondiale En juin 2005, des hauts fonctionnaires du secteur de l’alimentation et de l’agriculture de la Chine et des pays de l’OCDE se sont réunis à Paris pour discuter des questions concernant la politique commerciale nationale. On a évalué les défis auxquels font face les secteurs agricole et agroalimentaire de la Chine, comme acteur de plus en plus important dans le système des échanges commerciaux mondiaux. Un dialogue permanent avec la Chine sur les questions liées à la politique agricole et ses orientations futures favorisera une meilleure compréhension de l’ensemble des défis et des possibilités qui pointent à l’horizon. La présente note d’information donne un aperçu des principales conclusions de l’examen par pays qui sera publié bientôt pour la Chine. Réformes fondamentales, résultats impressionnants Grâce à la réforme fondamentale amorçée en 1978 sur le plan de ses politiques économiques, la Chine est passée graduellement d’une économie planifiée centrale à une économie de marché. Sa performance économique pendant la période de réforme a été remarquable. La croissance du PIB réel a été en moyenne de plus de 9 % entre 1990 et 2004, et s’est accompagnée d’une croissance encore plus rapide des échanges commerciaux et des investissements. Certains facteurs ont contribué à cette croissance, dont le transfert de ressources de sociétés d’État à des sociétés privées (activités ayant une productivité plus élevée), l’urbanisation, parallèlement à la libéralisation des échanges commerciaux. Les réformes commerciales ont porté notamment sur : • la transition d’un régime planifié d’échanges commerciaux à un régime axé sur des tarifs; • la restriction du rôle des entreprises commerciales de l’État; • la réduction importante des tarifs à l’importation; • l’abolition des contrôles quantitatifs à l’importation et à l’exportation; • le droit, pour un plus grand nombre de sociétés, de s’engager dans des échanges commerciaux avec l’étranger; • la réforme du régime de change des devises. L’accession de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001 est un jalon important des réformes entreprises au cours des vingt-cinq dernières années. Appréciation du yuan La Chine a réévalué le yuan récemment et a mis fin à la parité fixe qu’elle entretenait depuis une décennie avec le dollar américain. Elle a introduit un taux de change plus souple lié à un panier de monnaies nationales flottantes. Cet important changement aura des répercussions positives en Chine et pour les producteurs canadiens également. L’appréciation du yuan rend les exportations chinoises moins concurrentielles sur les marchés mondiaux. Elle a également pour effet d’augmenter les revenus en Chine et de diminuer le prix des importations. L’étendue de l’incidence sur les importations est appelée à varier, néanmoins, d’un produit à un autre. À moyen terme, d’autres rajustements importants des échanges commerciaux auront probablement lieu dans d’autres marchés d’importation asiatiques, puisque les pays visés réalignent leur monnaie sur le yuan. Le yuan plus élevé favorisera une augmentation de la demande pour les produits agroalimentaires dans la région. Les producteurs canadiens bénéficieront de prix plus élevés, mais l’avantage variera selon le secteur et en fonction de la fluctuation des prix. FAITS SAILLANTS DES EXAMENS DES PAYS DE L’OCDE L’importance de l’agriculture pour l’économie de la Chine Le territoire de la Chine est vaste. Néanmoins, les terres agricoles (terres cultivées) représentent seulement 130 millions d’hectares, soit 13,5 % des terres émergées de la Chine. Les terres cultivées sont situées principalement dans l’Est, tandis que les prairies se situent au Nord et dans l’Ouest de la Chine. Avec 10 % des terres agricoles mondiales, l’agriculture chinoise nourrit 21 % de la population mondiale. À l’heure actuelle, il y a environ 200 millions de ménages agricoles en Chine et chaque ménage possède en moyenne 0,65 ha de terres. La Chine possède un avantage comparatif dans la production de cultures à forte intensité de maind’œuvre telles que les fruits et les légumes, et un désavantage dans la production de cultures axées sur une utilisation intensive des terres, telles que les céréales et les oléagineux. La quantité d’eau disponible par habitant en Chine représente seulement entre le tiers et le quart de la moyenne mondiale. L’agriculture est la principale consommatrice d’eau, puisqu’elle accapare plus de 70 % de la consommation totale en Chine, ce qui représente environ 40 milliards de mètres cubes. Afin de soutenir la production agricole, la Chine assure un approvisionnement à bas prix lorsque l’eau est destinée à un usage agricole. La croissance rapide a profondément changé l’agriculture Dans les années 90, l’objectif fondamental de la politique agricole de la Chine était d’augmenter la production agricole et en particulier celle des céréales comestibles. Dans le cadre de la réforme de ses politiques, la Chine a remplacé le système des communes par des exploitations agricoles familiales, et elle s’est assurée que presque tous les ménages ruraux aient accès aux terres. Octobre 2005 Depuis 2000, l’amélioration du revenu des agriculteurs et la diminution de l’écart entre le revenu rural et le revenu urbain ont été des priorités absolues pour le gouvernement chinois. Cela représente une transformation fondamentale du programme de la politique agricole du gouvernement, tandis que la sécurité alimentaire demeure un objectif important en matière de politiques. À la suite de la réforme et de la mise en oeuvre des politiques, la production agricole de la Chine a augmenté énormément, les industries rurales ont absorbé une partie importante de la main-d’œuvre agricole, l’incidence de la pauvreté ainsi que le niveau et la qualité de la consommation alimentaire se sont améliorés considérablement. En suivant les changements qui se produisent sur le plan de la demande, la production en Chine continue de s’orienter vers des cultures à l’industrie de l’élevage. Les cultures ont représenté 65 % de la valeur totale de la production primaire en 1990, mais la part a chuté à 50 % en 2003. Pendant la même période, la part de la production de bétail a augmenté, passant de 26 % à 32 %. Des contraintes politiques auront une incidence sur les orientations futures. C’est le cas par exemple de l’accent que doit mettre la Chine sur l’autosuffisance de la production céréalière et sur sa capacité à faire face à d’autres défis, comme l’établissement de systèmes de traçabilité afin d’améliorer la salubrité des aliments et les normes de qualité. La performance économique de la Chine a également été favorable au développement de l’agriculture en stimulant la demande de produits agroalimentaires et en favorisant d’autres rajustements structurels. La consommation alimentaire a augmenté considérablement, tandis que les secteurs en amont et en aval ont commencé à fonctionner selon les règles du marché. 2 FAITS SAILLANTS DE l’OCDE – EXAMEN PAR PAYS Octobre 2005 Encadré 1 – Marchés des importations agricoles : la Chine, un marché en croissance La Chine est devenue le plus important importateur d’oléagineux au monde, en s’accaparant quelque 30 % des échanges mondiaux. L’OCDE prévoit que les importations de la Chine auront plus que doublé d’ici 2014. Les prix des céréales de la Chine ont augmenté récemment, ce qui laisse entrevoir des signes de rareté sur les marchés intérieurs. Entre février 2003 et février 2004, par exemple, les prix du blé ont augmenté de 36 %. Si cette tendance se maintient et que la Chine continue d’épuiser les stocks intérieurs, on s’attend à que la situation commerciale de la Chine passe d’exportateur net (7 millions de tonnes en 2003-2004) à importateur net (34 millions de tonnes en 2014). En Chine, la demande d'oléagineux et de produits dérivés a augmenté considérablement Production et marché des oléagineux en Chine 90 75 Prévisions Production Millions tonnes 60 Importations 45 30 14/15 13/14 12/13 11/12 10/11 09/10 08/09 07/08 06/07 05/06 04/05 03/04 02/03 01/02 00/01 99/00 98/99 97/98 96/97 0 95/96 15 94/95 Les revenus à la hausse des 1,3 milliard de consommateurs en Chine suscitent une forte demande pour les produits agricoles, en particulier les oléagineux et le blé. Traditionnellement, la politique d’autosuffisance de la Chine était considérée comme la clé de la sécurité alimentaire. À la suite des réformes du système de commercialisation des grains et des oléagineux au début des années 90, on a retiré la plupart des oléagineux et des huiles végétales du régime national d’approvisionnement et d’établissement des prix des contingents. Au milieu des années 90, la Chine s’est transformée, passant de pays exportateur net à pays importateur net de soya, et le volume des importations de soya a augmenté rapidement. Source : OCDE Performance des contingents tarifaires en Chine pour certains produits Volume contingentaire 2002 2003 Milliers de tonnes (% remplissage) Soya 2 518 (35) 2 818 (67) Huile de palme 2 400 (71) 2 600 (90) Huile de canola 878 (7) 1 018 (15) Blé 8 468 (7) 9 052 (5) Maïs 5 850 (0) 6 525 (0) Riz 3 990 (6) 4 655 (6) Source : OCDE Depuis que la Chine a adhéré à l’OMC, ses importations de produits agroalimentaires sont passées de 12 milliards de dollars US en 2001 à 19 milliards de dollars US en 2003. Néanmoins, les contingents tarifaires de la Chine n’ont pas été atteints en général et, dans le cas des céréales, les taux de remplissage sont très faibles. 3 FAITS SAILLANTS DES EXAMENS DES PAYS DE L’OCDE Soutien équilibré pour l’atteinte des objectifs de développement La Chine a atteint une croissance agricole rapide malgré des niveaux de soutien très faibles. Depuis 1997, le niveau de soutien aux producteurs est demeuré faible. L’estimation du soutien aux producteurs a atteint 9 % en 2003, mais il est encore nettement inférieur à la moyenne de 30 % de l’OCDE. À 3,5% du PIB, l’estimation du soutien total de la Chine peut sembler relativement élevée par rapport à la plupart des membres de l’OCDE, mais cette estimation reflète les dépenses liées aux services d’intérêt général, en particulier les investissements dans l’infrastructure agricole. % de de la la valeur valeur rajustée rajustée de de la la production production % uu L'estimation L'estimation du du soutien soutien aux aux producteurs producteurs de de la la Chine Chine est est faible faible par par rapport rapport àà d'autres d'autres pays pays de de l'OCDE l'OCDE Japon 50 50 40 40 UE 30 30 Canada 20 20 É.-U. Chine 10 10 00 198619861988 1988 199119911993 1993 199719971999 1999 2001 2001 2002 2002 2003 2003 susceptibles d’influencer la décision des producteurs en matière de production que les autres formes de soutien. Les services d’intérêt général ont également l’avantage de rehausser la productivité du secteur et sa capacité de soutenir la concurrence. Répercussions sur le marché et les politiques La Chine se développe comme un pays de plus en plus prospère. On prévoit que la croissance se poursuivra à un rythme accéléré et que les taux réels dépendront de la conjoncture économique mondiale. L’économie chinoise est de plus en plus axée sur les échanges commerciaux et ouverte aux investissements étrangers. Comme les marchés intérieurs de la Chine s’intègrent de plus en plus aux marchés mondiaux, l’élaboration des politiques agricoles aura une incidence mondiale. En raison de l’importance de sa taille, le marché chinois est extrêmement sensible aux changements de régime commercial qui découlent même de petits rajustements de l’offre et de la demande nationales. 70 70 60 60 Octobre 2005 2004p 2004p Source : OCDE Depuis le début des années 90, le processus de transition de la Chine se dirige rapidement vers une économie de marché. Pour demeurer concurrentielle sur ses marchés intérieurs, la Chine a mis énormément d’emphase sur l’amélioration de l’efficacité de sa production agricole. La part élevée des services d’intérêt général est une caractéristique positive de la politique de la Chine, puisque ces services sont moins Les questions relatives à la sécurité alimentaire demeureront importantes pour la grande population de la Chine, et continueront d’influencer énormément l’élaboration des politiques agricoles chinoises. De même, l’existence d’organismes de salubrité des aliments, la prestation de renseignements sur les prix agricoles et les services qui offrent des avantages d’envergure aux producteurs et aux consommateurs à travers toute l’économie prendront une grande importance. Il sera par ailleurs essentiel de recueillir et de fournir des statistiques fiables pour évaluer les résultats des réformes et adopter des mesures stratégiques ciblées. Voir le rapport à l’adresse URL suivante : OCDE : Examen des politiques agricoles — Chine http://www.sourceoecd.org/agriculture/9264012605 Pour de plus amples renseignements, communiquer avec : AAC Hugh Deng Tél. : 1 613 715 5145 OCDE Andrzej Kwiecinski Courriel : [email protected] Courriel : [email protected] 4