Chap2 : Colonisations et indépendances Loi du 23 février 2005 : L'Assemblée nationale et le Sénat ont adopté, Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit : Article 1 La Nation exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l'oeuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d'Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française. Elle reconnaît les souffrances éprouvées et les sacrifices endurés par les rapatriés, les anciens membres des formations supplétives et assimilés, les disparus et les victimes civiles et militaires des événements liés au processus d'indépendance de ces anciens départements et territoires et leur rend, ainsi qu'à leurs familles, solennellement hommage. Article 4 Les programmes de recherche universitaire accordent à l'histoire de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, la place qu'elle mérite. Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l'histoire et aux sacrifices des combattants de l'armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit. La coopération permettant la mise en relation des sources orales et écrites disponibles en France et à l'étranger est encouragée. Cette loi adoptée par le parlement vise à satisfaire l’électorat « pied noir » (Français d’Algérie qui ont du en partir en 1962 lors de l’indépendance). Elle fait l’impasse sur la face sombre de cette colonisation comme les violences, l’exploitation économique et les tortures. Le terme « rôle positif » de l’article 4 est sujet à controverse. En premier lieu, les Dom Tom ont fait des protestations par leurs dirigeants politiques et ceux des pays anciennement colonisés. La gauche s’engage dans la bataille ainsi que les historiens qui ne veulent pas que la vérité soit dictée par l’Etat. Finalement, le 25 janvier 2006, Jaques Chirac annonce l’abrogation de la loi. L’histoire de la colonisation débute au milieu du XIXe siècle lorsque l’Europe se lance dans une vague de conquêtes pour assurer son développement économique et pour « civiliser » les « races » inférieures. Il faut attendre les lendemains de la seconde guerre mondiale pour que les contestations nationalistes débouchent sur l’émancipation des peuples colonisés et l’émergence difficile d’un nouvel acteur sur la scène internationale, le Tiers-monde. Dans quelle mesure la colonisation européenne et l’émancipation des pays du Sud pèsent aujourd’hui sur leurs difficultés ? I) De la conquête à l’empire : le fonctionnement de la colonisation européenne A) Les raisons de la course aux colonies - Les conquêtes du XIXe siècle : d’abord, des expéditions de protection des missionnaires sont envoyés par Napoléon III et elles sont à l’origine de conquêtes françaises en Asie. Saïgon est prise en 1859 par exemple. Cela va se traduire par la création en 1887 de l’union Indochine représentant la Cochinchine, l’Annam, le Tonkin, le Cambodge et le Laos. Mais cette colonisation a commencé bien avant avec la conquête de l’Algérie entre 1830 et 1848. De plus, entre 1830 et 1880, la France s’installe au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Gabon et à Madagascar. En 1870, l’Empire français occupe 900'000 km² (contre 500’000km² pour la métropole). Les Anglais vont également s’installer en Afrique et notamment en Sierra Leone en 1807 sous l’influence des commerçants et des missionnaires. En 1815, le Cap est cédé par les Pays-bas et devient alors une étape importante sur la route des Indes puisque le canal de Suez n’est pas encore construit. Mais les Anglais se sont surtout implanté en Asie puisqu’en 1857, toutes les Indes sont colonisées. Ce qui est confirmé en 1877 quand la reine Victoria se fait couronner impératrice des Indes à Delhi. Les britanniques, pour protéger les Indes vont alors former un pourtour tampon notamment pour empêcher les Français de prendre les Indes. Ceci va être fait en colonisant le Tibet, la Birmanie et l’Afghanistan. La région de l’Asie est également touchée par la présence des Hollandais notamment en Indonésie (îles de Sondes). Les Allemands vont arriver en dernier en Asie et ne peuvent s’installer qu’au Nord de la Nouvelle Guinée. - Le partage du continent africain est la grande affaire des pays d’Europe pendant les années 1880. Jusqu’à cette date, les européens ne s’infiltrent dans ces pays que progressivement et la présence est assez faible. Mais à partir des années 1880, les pays européens cherchent une domination territoriale totale. Par exemple en 1869, Sir Henry Morton Stanley, journaliste américain d’origine anglaise, a été chargé, par son journal, de retrouver le docteur Livingstone en Afrique. Au bout de plusieurs mois de recherche, en 1871, Stanley retrouve le docteur Livingstone dans le Sud du Soudan. Mais Stanley ne va pas s’arrêter là et va quand même poursuivre son exploration et, après avoir atteint le Congo, il découvre un lac qu’il va nommer de son nom, le Stanley Pool. C’est donc le premier occidental à découvrir la région du Congo. Cette nouvelle engendre une compétition intense entre les grandes puissances européennes notamment par la Belgique du roi Léopold II qui rêve d’avoir une région dans cette partie du monde. Pour cela, le roi va demander une internationalisation du problème par la réunion d’une conférence entre les grandes puissances afin de négocier entre 1884 et 1885 à Berlin. Cette conférence a réunis 13 pays d’Europe ainsi que les EtatsUnis. En février 1885, Léopold II parvient à former un Etat du Congo belge. Doc. 4 pages 151 : Lors de la conférence de Berlin, les européens ne font que fixer des règles au partage colonial de l’Afrique tout en faisant respecter la liberté du commerce et de la circulation dans le bassin du Congo. Le principe implicite qui émerge de cette conférence est que le premier arrivé est le premier maître du territoire. En 1914, les positions des grandes puissances en Afrique sont les suivantes : La Grande Bretagne : Nigeria, Sierra Leone, Gold Coast (Ghana) qui sont isolés et entourées de colonies françaises, Afrique du Sud et orientale, Egypte (1882), Soudan, Kenya, Rhodésie du Nord et du Sud et Union Sud-Africaine. La France : Algérie (divisée en 3 départements), le protectorat (tutelle « protectrice » de la France sans intégration à la métropole) : Tunisie (1881), Maroc (1912), Afrique occidentale française (15 millions d’habitants et Dakar, le siège du gouvernement local), Gabon (1849). L’Allemagne : En 1884, les commerçants allemands sont présent sur l’île de Zanzibar mais l’Allemagne va coloniser le Tanganyika et le Sud Ouest africain. L’Italie : Erythrée, mais les italiens sont battu par les éthiopiens qui gardent leur indépendance. Somalie et grâce à la guerre de Libye, ils vont coloniser la Cyrénaïque et la Tripolitaine. Ces appétits de conquête attisent les tensions et les rivalités notamment entre la France et la Grande-Bretagne. Par exemple en 1898, dans la ville de Fachoda (Soudan), lorsque le colonel Marchand, qui veut traverser l’Afrique, doit reculer face à Lord Kitchener, commandant des armées britanniques. - Raisons et justifications de la colonisation : Raisons : Les besoins du capitalisme européens suite à une dépression économique entre 1860 et 1890 avec des nouvelles ressources et des nouveaux marchés. C’est l’avis de Jules Ferry qui est très au courrant des besoins de sa région. C’est également l’avis de Cecil Rhodes qui voit un moyen d’améliorer les conditions de vie des pauvres. Les découvertes minières et les diamants du Transvaal en Afrique du Sud. Les chemins de fer permettent la relance de la sidérurgie. Par exemple, les Anglais rêvent d’une voie de chemin de fer du Nord au Sud de l’Afrique reliant l’Egypte au Cap. De plus, il y a une recherche de nouveaux débouchés pour les produits européens. Cette colonisation pour des raisons économique est appelée « impérialisme » et est donné par Holson en 1902 mais surtout par la doctrine de Lénine en 1916. Les progrès techniques dans la navigation avec les bateaux à vapeur en 1885 remplaçant les bateaux à voile. Percement du canal de Suez en 1869 ce qui tua 30'000 fellahs. Croissance démographique importante qui, en Europe, est passé de 275 millions en 1813 à 481 millions d’habitants en 1914. Des discours de justification : Discours prétendument « généreux » disant qu’il faut amener la civilisation aux indigènes en assurant la grandeur des pays européens. Ce discours s’appuie sur des théories racistes ou racialistes. Des scientifiques vont même élaborer des théories sur l’inégalité des races et une hiérarchie au sommet de laquelle se trouve l’homme blanc. Le comte e Gobineau va publier un livre entre 1853 et 1855, Essai sur l’inégalité des races humaines. Au sommet, il se trouve les Aryens qui sont voués à dominer le monde. Houston Stewart Chamberlain a publié son livre en 1899, Genèse du XIXe siècle, qui a théorisé les races « nègres » et « juives ». Il se développe donc un racisme anti-noir qui va justifier la colonisation en même temps que le racisme anti-arabe va développer le mythe de la supériorité des Kabyles sur les Arabes pour mieux diriger. Le discours nationaliste. Les possessions outre-mer amènent l’unité et la puissance de la nation. B) Les fonctions de l’ordre colonial 1) L’administration des colonies - C’est une mise en place tardive et complexe. Par exemple en France, les territoires d’outre-mer dépendent de trois ministères comme le ministère de l’intérieur en Algérie, le ministère des affaires étrangères dans les protectorats (Maroc, Tunisie, Laos, Cambodge…). Les gouvernements indigènes sont maintenus mais un résident général représente la métropole. Le dernier ministère est celui des colonies qui fut créé en 1894 avec 146 fonctionnaires pour administrer une partie de l’Indochine, l’Afrique occidentale et équatorial française avec un gouvernement direct dirigé par le gouverneur général qui a quasiment les pleins pouvoirs. L’Empire britannique, remplacé en 1820 par une association d’Etats autonomes et indépendants appelée Commonwealth, est lui administré par deux ministères, le Colonial office et l’Indian office. - Ces administrations fonctionnent selon deux modèles différents qui entraînent un important débat : Le modèle britannique de l’association (doc2 pages 152) : Certaines colonies vont bénéficier d’une très grande autonomie. Ces colonies s’appellent les Dominions et possèdent un parlement entièrement composé d’indigènes. C’est donc le selfgovernment. Mais ce statut privilégié est réservé aux territoires de peuplement blanc (Australie, Nouvelle-Zélande, Canada et Union Sud-africaine). Le modèle français de l’assimilation (doc3) : Il s’agit de nier les spécificités des peuples colonisés pour les amener au niveau de développement de la métropole d’où un gouvernement direct dans ces régions. 2) Mise en valeur ou pillage ? - La colonisation permet d’édifier un vaste marché entre la métropole et les territoires d’outre-mer. Mais pour ceci, il faut construire des ports, des routes, des chemins de fer et des villes nouvelles. (Doc1 pages 154) Dans le cas de la France, la colonisation se traduit par une hausse des importations des produits agricoles. Par exemple, en 1890, seulement 11% du riz importé venait des colonies. En 1938, ces importations venant des colonies atteignent 93n7% des importations de riz. Dans l’autre sens, la construction d’infrastructures nécessite des matériaux (ciment 59,1% en 1929 contre 85% en 1938). La colonisation est un débouché pour l’industrie huilière et l’automobile française. - Durant la période coloniale, les Indes hollandaises vont produire du caoutchouc et du pétrole et vont former le Royal Dutch Shell. Au Congo, les principales ressources exploitées par l’Union minière du Haut Katanga (compagnie belge créée en 1906) qui contrôle 70% de l’économie du Congo. Son activité commence avec la construction du chemin de fer de Benguela qui va rejoindre la côte de l’Angola. On trouve au Congo de l’étain, du cuivre et de l’uranium dont 1500 tonnes vont aider à l’élaboration de la première bombe atomique américaine. Mais cette UMHK va également construire des écoles, des hôpitaux et - des dispensaires. Dans l’agriculture, les cultures vivrières sont sacrifiées au profit des cultures d’exportation. Les puissances coloniales pratiquent à des confiscations de terres. La colonisation n’est pas toujours liée à une volonté d’exploitation. Daniel Lefeuvre, Chère Algérie, La France et sa colonie 1930-1962 montre que l’Algérie est en crise depuis 1930 et est donc un fardeau pour la métropole mais a été maintenue sous « assistance respiratoire » car elle avait besoin des importations de métropole en fruits et en vins et avait également besoin de capitaux pour combler son déficit. 3) L’utilisation de la violence Les puissances coloniales utilisent la violence pour permettre la soumission de la main d’œuvre. Par exemple, en Afrique du Sud, dans la région du Transvaal, les fermes appartiennent à des propriétaires blancs mais sont tenues par des tenanciers noirs qui sont soumis aux propriétaires avec le fouet qui vise à dominer et à infantiliser ces tenanciers. Mais le fouet est associé à des petits cadeaux ce qui permet le développement du paternalisme. Au Congo, le fouet est appelé le « supplice de la chicotte » et est destiné aux indigènes qui se rebellent et qui est administré de 50 à 100 coups pour les rebelles mais également tous les matins à 6h et l’après midi à 14h en tant qu’exemple. Les Africains devaient fournir une certaine quantité d’ivoire et de caoutchouc sous peine de représailles armées. C’est en 1892 qu’est légalisé le travail forcé qui consiste en la construction de pistes, d’équipements collectifs, de portage ou de coupe de bois. En cas de rebellion d’un village entier, les récalcitrants sont tués, on leur coupe la main gauche pour la faire sécher et la montrer comme trophée. Ceci est fait pour prouver la sévérité de la répression. Cette répression oblige à recruter sur place des forces armées comme l’ethnie des Bangala au Congo qui est réputée très agressives et qui vont servir de force supplétive pour les colons. On va leur offrir des privilèges. Au Rwanda, les Belges vont s’appuyer sur les Tutsi par exemple. Le Congo va constituer ainsi, par son système répressif et par son économie de pillage, une référence pour les colonies voisines comme le Congo français. Parfois ces violences n’empêche pas la formation de relations fraternelles entre les colons et les populations locales. II) La flambée de la contestation A) Les faiblesses des puissances coloniales 1) Le rôle des conflits mondiaux Texte 1 pages 166 : L’auteur dénonce le racisme dont sont victimes les Indochinois. Mais il dénonce également l’hypocrisie des européens qui, au moment de la guerre, viennent recruter des troupes pour défendre le droit et la liberté alors que ces droits sont violés constamment dans les colonies. La guerre est l’occasion pour les peuples colonisés de prendre conscience du gouffre entre l’idéal républicain et la réalité coloniale et les incite donc à réclamer leurs droits. La barbarie de la Grande Guerre discrédite totalement l’image d’une Europe civilisatrice. Le Déclin de l’Occident qui est écrit par Osuald Spengler en 1916, témoigne bien du déclin de l’Europe. Les Etats-Unis sont d’anciennes colonies et vont prononcer le droit des peuples à disposer d’eux même. Le programme du président Wilson intitulé Les Quatorze points représente bien le principe de non colonisation des peuples étrangers. Et pour prouver leurs volontés d’indépendance des colonies, ils vont accorder l’indépendance des Philippines en 1946. De plus, la défaite française en 1940 et la facilité de l’implantation des japonais en Asie orientale montre bien la faiblesse des puissances coloniales et détruit le mythe de la supériorité de l’homme blanc. 2) Les contestations internes Pages 147, affiche : L’exposition coloniale est présentée à la porte de Vincennes avec un zoo humain. Les différents pavillons et zoos ont attirés 7 millions de visiteurs et va marquer le triomphe du colonialisme. Cette exposition n’est pas du goût de tous comme le montre le doc. 5 de la page 167 (au cas ou, ça c’est pas à apprendre par coeur) qui est une affiche présentée par les communistes français qui organisent une contre exposition et qui ne va amener que 5000 visiteurs. Le PCF suit les idées de Lénine en 1916 et la ligne de l’International communiste de 1919. Cette condamnation du colonialisme va être reprise par certains intellectuels comme André Gide, écrivain pédéraste, qui va écrire Voyage au Congo en 1927 et qui va engendrer une polémique. Joseph Conrad dénonce lui aussi la colonisation avec Au cœur des ténèbres en 1902 B) Le développement des mouvements nationalistes (indépendantistes) 1) Les mouvements nationalistes en Asie Doc2 page 166 : En Inde, le nationalisme est l’œuvre de Gandhi, le Mahatma (« grande âme »). Il est l’un des dirigeants du parti du Congrès créé en 1886. Il est le théoricien de la non violence qui est une nouvelle méthode révolutionnaire et qui prend plusieurs formes comme le boycott des produits anglais ou des marches pacifiques de protestations ou encore la désobéissance civile (refus de l’impôt). En 1942, Gandhi va lancer un nouveau mot d’ordre adressé aux britanniques : Quit India. En Indochine, le parti communiste indochinois créé en 1930 par Hô Chi Minh va se rebeller en demandant l’autonomie puis l’indépendance. 2) Les mouvements nationalistes en Afrique du Nord Il prend différentes formes : Doc3 page 166 : Au Maroc, Abd-el-Krim, un chef berbère du Rif s’oppose aux armées espagnoles et françaises les armées à la main et parvient, le bougre, a créer une République indépendante du Rif mais battu en mai 1926 et sera exilé à la Réunion. En Tunisie, un jeune avocat appelé Habib Bourguiba lance un parti nationaliste nommé le Néo-Destour. Il va lancer des grèves et des manifestations qui sont durement réprimées. En Algérie, c’est le mouvement de l’étoile Nord Africaine (créée en 1926) dirigée par Messali Hadj qui réclame l’indépendance. Ce dernier est très rapidement arrêté et emprisonné mais ses revendications vont être reprises par Ferhat Abbas qui rédige le Manifeste du peuple algérien en 1943 où il rassemble toutes les forces politiques et musulmanes. En Afrique noire, ben y a pas grand-chose qui se passe. C) La première vague de décolonisation en Asie 1) L’indépendance de l’Inde Après l’essor de la contestation durant la 2nd guerre mondiale, le premier ministre britannique, Attlee, décide de céder mais le mouvement nationaliste indien éclate du fait de querelles religieuses entre musulmans et hindouistes ce qui va engendrer des affrontements sanglants en 1946. (Doc2 page 180) Le vice roi des Indes, Lord Mountbatten décide d’organiser des négociations : D’un côté, Nehru avec Gandhi, fait parti du Congrès et réclame m’indépendance et l’unité indienne. De l’autre côté, Ali Jinnah qui est le leader de la ligue musulmane réclame la création de deux Etats, l’un musulman et l’autre hindouiste. Un plan de partition est adopté en août 1947 qui va créer d’une part l’Union Indienne dirigée par Nehru et de l’autre côté, le Pakistan qui est un Etat musulman et qui est séparé en deux parties éloignées de 1700km (page 175). La partie orientale va devenir le Bengladesh en 1971. Il s’ensuit d’importants transferts de population qui vont se produire dans des accès de violences intenses. Gandhi est assassiné le 30 janvier 1948 par un extrémiste hindou. De cette époque date le contentieux entre les deux pays à propos du Cachemire qui est une région du Nord de l’Inde mais avec une grande importance de l’Islam qui est la religion majoritaire. 2) L’indépendance des Indes néerlandaises Doc5 page 181 : Sakarno proclame en 1945 l’indépendance de la République d’Indonésie. Les Pays-bas déclenchent alors des opérations armées avec des bombardements. Mais cette intervention est condamnée par l’ONU qui devient une tribune de l’anti colonialisme avec les Etats-Unis. Les Hollandais doivent faire des négociations qui débouchent sur l’indépendance en décembre 1949. 3) L’indépendance de l’Indochine En 1941, Hô Chi Minh créé la ligue pour l’indépendance du Vietnam et la contraction de ce terme est Viêt Minh. Le 2 septembre 1945, il proclame à Hanoï, qui est alors la capitale de l’Indochine française, l’indépendance de la République démocratique du Vietnam. En mars 1946, le gouvernement français reconnaît la RDV comme Etat libre et indépendant. Mais sur place, le haut commissaire Thierry d’Argenlieu mène un double jeu. Il fait d’abord traîner les négociations et se constitue un territoire pour lui seul. Il proclame la République de la Cochinchine et fait bombarder le port d’Haïphong au Nord du Vietnam faisant 6000 victimes dont beaucoup de civils. Cela va entraîner une guerre de 8ans entre les troupes françaises aidées des troupes américaines et les troupes du Viêt Minh aidées par la Chine à partir de 1949 et par Moscou. Les troupes vietnamiennes menées par le général Giap réussissent à infliger une défaite humiliante aux troupes françaises lors de la bataille de Diên Biên Phu le 7 mais 1954. En juillet, l’accord de Genève se traduit par l’indépendance du Laos, du Cambodge et du Vietnam séparé en 2 avec au Nord les communistes et au Sud les américains. III) L’émancipation de l’Afrique et l’émergence du Tiers Monde A) La décolonisation de l’Afrique du Nord 1) L’indépendance du Maroc La lutte pour l’indépendance menée par l’Istiqlal (mouvement nationaliste marocain) va s’intensifier après l’initiative du gouvernement français qui décide d’enfermer le sultan du Maroc Mohamed Ben Youssef qui sera exilé à Madagascar. Face aux violences, le gouvernement revient sur sa décision et fait revenir le sultan pour ouvrir des négociations. Ce retour est triomphal lorsqu’en novembre 1955, le sultan revient à Rabat et devient roi du Maroc sous le nom de Mohamed 5 lors de l’indépendance le 2 mars 1956. 2) L’indépendance de la Tunisie Malgré l’emprisonnement de Bourguiba en 1952, les nationalistes tunisiens veulent suivre l’exemple de la Libye qui est devenue indépendante en 1951. Ils sont donc confiants après Diên Biên Phu et la défaite française. Des négociations s’ouvrent grâce à une déclaration de Pierre Mendès France alors président du conseil. L’indépendance est acquise en douceur le 20 mars 1956. 3) L’indépendance de l’Algérie L’Algérie est une colonie intégrée au territoire métropolitain et elle est divisée en 3 départements mais il existe quand même un gouverneur général qui est présent sur le sol algérien. Il y a sur place une forte minorité de français (1 million de pieds noirs sur un total de 10 millions d’habitants en 1954). Jusqu’en 1947, les pieds noirs sont les seuls à avoir des droits politiques. En 1947, les autorités françaises créent une assemblée algérienne avec 120 députés mais 60 places sont pour les pieds noirs et 60 pour les musulmans ce qui n’est pas représentatif de la population. Le gouverneur général, Naegelen va truquer les élections afin de favoriser les candidats de l’administration et seul un très faible nombre de candidats nationalistes sont élus. Les pieds noirs possèdent les meilleurs terres et seulement 2 millions des musulmans ont un niveau de vie comparable à celui des pieds noirs. Seulement 18% des enfants musulmans vont à l’école. Le 8 mai 1945, les Algériens descendent dans les rues pour faire des manifestations indépendantistes ce qui se traduit par un massacre qui fait entre 10'000 et 45'000 morts à Sétif. L’ensemble de ces problèmes explique le déclenchement de l’insurrection le jour de la Toussaint 1954 qui sera appelé Toussaint sanglante et qui se déroule par 70 actions simultanées menées sur des bâtiments militaires. Ceci a été mené par le FLN qui est une nouvelle organisation nationaliste et qui est aidé par l’ALN (armée de libération nationale). Doc3 page 183 : Mitterrand, alors ministre de l’intérieur réagit en disant « l’Algérie c’est la France » et en envoyant 16 compagnies républicaine de sécurité pour réagir avec fermeté. Sur place, les pieds noirs réclament et obtiennent une rude répression. Le FLN entre dans la clandestinité et monte des actions de guérillas et des attentats. C’est donc le début d’une guerre non avouée par la France qui parle de ceci comme d’une pacification des problèmes d’Algérie. Les gouvernements successifs envoient l’armée et multiplient les interventions militaires. La torture systématique est utilisée par l’armée. Le FLN gagne en audience et poursuit ses activités. Un gouffre se creuse entre une opinion métropolitaine gagné par la lassitude et des pieds noirs soutenue par des généraux qui veulent que l’Algérie reste française. Le 13 mai 1958, les généraux d’Alger, Salan et Massu, font un putsch en prenant le pouvoir. Ce putsch engendre le retour de de Gaulle mais celui-ci d’abord sensible à leurs espoirs va rapidement changer d’avis et va lancer un processus de négociations. Des pieds noirs et des militants d’extrêmes droit vont créer l’OAS (organisation armée secrète) qui milite pour une Algérie française et qui va organiser des attentats en métropole comme en Algérie. Mais cela n’empêche pas les accords d’Evian de mars 1962 qui se traduisent par l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet 1962. Ahmed Ben Bella devient alors président de la République algérienne. Le bilan de la guerre est très sanglant : Côté français, 27500 militaires sont tués et 5000 civils (pieds noirs). Côté algérien, la guerre fit 300 à 400'000 morts. Les harkis (algériens combattants aux côtés des français) sont 30 à 100'000 à avoir été massacrés. B) La décolonisation de l’Afrique noire En 1945, l’Afrique noire est le domaine colonial par excellence sauf pour le Liberia et l’Ethiopie (libérée en 1941). Les évènements de l’Afrique du Nord vont inciter les nationalistes africains à remettre en cause cette tutelle. 1) Des décolonisations pacifiques Cette lutte à d’abord pris la forme d’une revendication de l’identité culturelle noire. C’est la notion de « négritude » qui est un terme donné par Aimé Césaire. Les noires revendiquent une identité et une culture envers les puissances coloniales. L’Afrique noire francophone va évoluer vers l’autonomie grâce à une loi mise en place par le maire de Marseille Gaston Defferre en 1956. En 1958, de Gaulle propose aux pays d’Afrique noire de faire un choix. Soit de faire partie de la Communauté française donc en étant autonome mais où la France aurait un rôle important dans la diplomatie et l’économie du pays. Soit il y aura sécession. La Guinée de Sékou Touré sera la seule à faire sécession. En 1960, tous les pays d’Afrique optent pour l’indépendance. En Gold Coast, la décolonisation s’accomplie sans heurts comme au Ghana en mars 1957, au Nigeria en 1960, en Tanzanie en 1961, en Ouganda en 1962 ou au Kenya en 1962. 2) Des indépendances tardives Il faut attendre 1975 et la révolution des œillets pour que les premières colonies portugaises soient décolonisées. En 1980, la Rhodésie du Sud devient le Zimbabwe indépendant. Il faut attendre 1994 en Afrique du Sud pour qu’il y ait les premières élections multiraciales. Entre 1961 et 1994, les afrikaners sont les seuls au pouvoir ce qui changera avec Nelson Mandela. C) Du Tiers Monde aux Suds : Les difficultés de l’ère post-coloniales 1) La volonté de parler d’une même voix En avril 1955 est organisé une conférence des peuples afro-asiatiques qui a eu lieu en Indonésie à Bandung et qui est présidée par Soekarno, le président indonésien et qui rassemble 29 nations représentant la moitié de la population mondiale mais seulement 8% des richesses. Le principe de cette conférence est le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Mais l’objectif est également de se démarquer par rapport aux deux blocs. Enfin, le but est de devenir autonome dans les relations internationales. C’est ainsi qu’ils vont être appelés « pays non-alignés » à partir de la conférence de 1961 qui se déroula à Belgrade en Yougoslavie sous la présidence de Tito. Zhou En-Laï et Nehru prononcent des discours importants à la tribune en se prononçant pour la coopération des peuples afro-asiatiques. Les anciens pays colonisés peuvent se faire entendre à l’assemblée générale de l’ONU où ils sont majoritaires. Mais ils vont aussi créer leurs propres organisations pour d’avantage peser dans les relations internationales. Doc5 et 6 page 189 : Ils vont ainsi créer l’OPEP en 1960 qui va réunir principalement les pays arabes. Cette organisation leurs permet de gérer eux-mêmes leurs ressources et de contrôler les exportations et donc de fixer les cours mondiaux. C’est ce qu’ils vont faire à la suite de la guerre de Kippour de 1973. Il existe également l’OUA (organisation de l’unité africaine) créée en 1963. Son but est la lutte contre le colonialisme et l’aide aux mouvements indépendantistes. L’OUA va également tenter de régler les conflits entre ses membres. 2) Les difficultés du Tiers Monde Les séquelles du colonialisme pèsent d’un poids important sur les problèmes du Tiers Monde. L’expression « Tiers Monde » a été inventé en 1952 par Alfred Sauvy, célèbre démographe français, en référence à la situation du royaume de France avant la révolution de 1789. La domination des multinationales occidentales mais aussi la dégradation des termes de l’échange avec l’effondrement des cours des produits de bases comme le cacao et le café engendre le fait de parler de néocolonialisme. Les pays du Tiers Monde n’ont pas pu maintenir leur unité car ils ont connu des taux de croissance extrêmement différents. Par exemple, en Afrique noire, 12% de la population mondiale, ne représente que 2% du PIB et 1,7% des exportations mondiales ce qui réunit énormément de PMA (pays les moins avancés). Au contraire, les 4 dragons (Taiwan, Singapour, Hong Kong et la Corée du Sud) ont eu un grand développement. 3) Des conflits en héritage ? - Tous les conflits ne sont pas liés à la décolonisation. En effet, la corruption des gouvernement existe, le poids de l’armée est très important, les extrémistes religieux et le maintient de la dictature sont également des facteurs en cause. - Il y a cependant une répercussion du colonialisme car les colons ont fait des tracés arbitraires pour les frontières et les relations entre ethnies différentes sont très tendues. Par exemple, pour le conflit du Rwanda, qui était une colonie belge jusqu’en 1962 : Les Belges vont s’appuyer sur la minorité Tutsi qui vont être privilégiés au dépend de la majorité Hutu. En 1962, une fois que les Belges ont quitté le Rwanda, les Hutu vont se retourner contre les Tutsi. Beaucoup d’entre eux vont partir même si 1 million restent au Rwanda. En 1990, les Tutsi veulent revenir dans leur pays natal ce que refusent les Hutu. Les Tutsi vont donc créer le FPR qui va lancer des attaques contre le gouvernement de Kigali. Des négociations vont être ouvertes mais le traité de paix n’est pas respecté par le président rwandais. Mais le 6 avril 1994, un attentat est fait contre ce dernier qui décède sur le coup. A partir de cette date, des milices Hutu qui sont entraînées par les Belges et les Français et qui sont galvanisés par l’appel au meurtre vont être formées. Dans les jours qui suivent le 6 avril, entre 800'000 et 1 million de Tutsi vont être massacrés à la machette. De nos jours, le Rwanda a été repris par les Tutsi qui s’étaient réfugiés en Ouganda et les Hutu ont fuit vers la République démocratique du Congo. Conclusion L’idée de bilan de la colonisation positif-négatif est dépourvu de sens car les situations sont toutes spécifiques et les répercutions sont différentes selon les domaines. On peut le dire cependant, la colonisation pèse d’un poids important, qu’il soit négatif ou positif sur les pays du Sud.