Paragraphe 3 : La répartition ou aménagement des pouvoirs Dans tous les Etats, on distingue trois fonctions qui vont donner lieu à une classification des pouvoirs. En effet, la souveraineté politique doit s’exercer et les titulaires du pouvoirs disposent de fonctions qui ont un rôle différent. Dans la démocratie classique, la séparation des pouvoirs n’est pas toujours juridique constitutionnellement établi mais un art politique. Mais, cette séparation des pouvoirs peut aussi être inscrite dans les constitutions. Elle est fondée sur la sagesse et l’expérience mais pas seulement. L’article 16 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 dispose que toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminées n’a point de constitution. Le principe veut que qu’aucun organe politique ne puisse détenir la totalité des compétences attachées à la souveraineté en dehors bien entendue de la nation. Il n’y a pas de liberté possible si l’un des organes exerce la plénitude de la souveraineté. La séparation des pouvoirs n’implique nullement une collaboration des pouvoirs mais elle engendre un équilibre des pouvoirs pour garantir la liberté politique. Durant le XVIIIe siècle, les philosophes des Lumières ont beaucoup réfléchi sur cette classifications des pouvoirs pour, d’une part, combattre la monarchie absolue de droit divin et l’absolutisme royal, et, d’autre part, demander l’institution d’un régime plus démocratique où la séparation des pouvoirs est assurée. Montesquieu publie en 1748, De l’esprit des Lois faisant suite aux lettres persanes, où il dénonce les excès de la monarchie française et demande l’instauration d’une véritable séparation des pouvoirs ainsi que d’un nouvel équilibre institutionnel en cette matière. Dans un chapitre intitulé « de la Constitution d’Angleterre, il distingue trois fonctions ou trois pouvoirs qui ont un rôle particulier. une fonction législative : élaboration et vote des lois. Cela implique que le pouvoir législatif pose des règles générales et impersonnelles qui auront force de lois une fonction exécutive : faire appliquer les lois. Mais, ce qui était valable au XVIIIe siècle a profondément évolué. En effet, le pouvoir exécutif assure bien évidemment l’exécution de la loi mais il a en charge l’administration intérieure du pays par le biais des organes administratifs la conduite des affaires étrangères. Toutefois, dans le cadre de la séparation des pouvoirs, on retiendra que le pouvoir exécutif est le pouvoir gouvernemental qui doit avoir pour mission, entre autre, de faire exécuter la loi. une fonction juridictionnelle : trancher les litiges. Le pouvoir judiciaire et juridictionnel en général est terrible pour Montesquieu car il avait le pouvoir d’envoyer à l’échafaud des criminels. Or, il est indispensable qu’il soit bien évidemment séparé et indépendant des deux autres car il est indispensable de fractionner les compétences attachées à la souveraineté pour assurer la liberté politique. Dans les démocratie, la justice doit être indépendante et impartiale. Partant de cette identification de fonction, on peut imaginer deux conceptions : Une première qui voudrait que ces trois fonctions soient exercées plus ou moins par un même organe, c’est la confusion des pouvoirs. Une seconde qui voudrait que ces trois fonctions soient exercées par des organes différents, c’est la séparation des pouvoirs. A : La confusion des pouvoirs ou des fonctions Dans ce cas, on rencontre deux éventualités : une confusion des pouvoirs au profit de l’exécutif ou encore une confusion des pouvoirs au profit de l’organe législatif, c’est-à-dire du Parlement. Cela implique donc qu’un organe détient la totalité des compétences attachées à la souveraineté ou qu’il contrôle étroitement les autres organes au point de neutraliser leur indépendance. 1. La confusion au profit de l’organe exécutif Il peut s’agir d’une confusion absolue ou totale alors tous les pouvoirs sont concentrés dans les mains d’une même autorité. Dans ce schéma de la dictature de l’exécutif, c’est un homme qui déteint l’essentiel des pouvoirs. Schématiquement, c’est l’exemple de la monarchie absolue de l’ancien régime. Mais il peut s’agir d’une confusion indirecte ou relative. Là les fonctions sont biens reparties entre plusieurs organes distincts. Mais il existe pour ces organes, un tel lien de dépendance, de subordination à l’exécutif qu’il y a en réalité une confusion des pouvoirs. C’est le cas typique de l’époque Napoléonienne. En effet, souvent les dictatures s’efforcent de donner un aspect démocratique et s’appui, en apparence, une assise populaire. Ainsi, Napoléon organisait régulièrement des plébiscites et Hitler alléguait qu’il avait été élu régulièrement. Cependant, c’est parfaitement méconnaître les mécanismes démocratiques. En effet, le peuple doit avoir la possibilité de reprendre la souveraineté à celui à qui il l’a déléguée. Or, la dictature empêche, au moins sur une longue durée, un tel dispositif. De plus, il doit y avoir une liberté d’opinion et d’expression qui est effective ce qui est repris par les dictatures de l’exécutif. 2. La confusion au profit de l’organe législatif Dans ce système, c’est le Parlement qui en fait détient tous les pouvoirs qui est au centre du système politique. L’exécutif, c’est-à-dire le gouvernement est choisi par l’Assemblée en son sein même qui lui est subordonné ; c’est ce que l’on appelle le régime d’assemblée ou régime conventionnel. Dans ce système, il n’y a qu’une assemblée. C’est un régime qui a fonctionné en France entre 1792 et 1795 où la Convention désignait le conseil exécutif qui n’avait que le pouvoir d’exécuter les décisions de l’Assemblée. Le pouvoir législatif absorbe totalement le Gouvernement puisque ce dernier n’a aucune indépendance ni liberté d’action. Les ministres sont révocables à tout moment. Il faut également voir qu’il existe, dans ce régime, une assise démocratique puisque l’Assemblée est élue par le peuple et que l’Assemblée nomme le Gouvernement. Il y a donc un système pyramidale parfait dont le peuple est la base mais il a bien une dictature de l’Assemblée comme une dictature d’un homme. L’assemblée se conduit de manière parfaitement arbitraire vis à vis des libertés publiques et de l’opinion en la bâillonnant comme sous la Terreur. En tout état de cause, il est impératif de retenir que la démocratie est le pouvoir de la majorité dans le respect de la minorité. Il faut garantir la libre détermination des opinions et si la liberté du peuple n’existe pas, le pouvoir du peuple n’existera pas d’avantage. Une opinion publique asservie matériellement et philosophiquement par la dictature d’un homme ou d’une assemblée n’a aucune authenticité ni de valeur véritable si ce n’est que d’être classée en tant que régime dictatorial. B. La séparation des pouvoirs ou des fonctions Cette théorie de la séparation des pouvoirs est issue de réflexions concernant l’articulation entre trois fonctions que Montesquieu a formidablement décrite. Elle est initialement décrite par John LOCKE, dans le traité sur le Gouvernement civil. Il va légitiment la révolution anglaise de 1688, où Jacques II est chassé du trône et sa fille, Marie STUART est appelé à le remplacer avec son mari, Guillaume d’Orange. Mais, ces derniers doivent souscrire au Bill of Right, que les chambres avaient voté et qui vient réduire la portée des pouvoirs royaux. Pour John LOCKE, il existe trois pouvoirs dans un état, le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir fédératif qui est la conduite des relations internationales. Le pouvoir législatif est supérieur au deux autres qui sont, en principe réunis, dans la même main. Le pouvoir législatif et les deux autres doivent être distincts et séparés, le pouvoir exécutif doit cependant mettre en œuvre la volonté exprimée par le pouvoir législatif. MONTESQUIEU, lui, va éclipser la théorie initiée par John LOCKE et reprend, dans l’esprit des lois, cette théorie et va écrire un chapitre qui a pour thème, De la Constitution d’Angleterre. Il croit en la modération des pouvoirs tout comme Aristote et Poybe et prône un harmonieux assemblage des pouvoirs pour préserver la liberté politique. Il souhaite que chaque composante de l’Etat soit représentée à savoir la monarchie par le Roi, l’aristocratie par la chambre haute et la démocratie par la chambre basse. Il part de l’observation du régime absolutiste de droit divin et souhaite le remettre en cause dés 1748. Il écrit, d’ailleurs, que la monarchie dégénère souvent en despotisme de part la crainte qu’elle fait régner sur les hommes en supprimant les libertés individuelles, l’aristocratie se transforme en oligarchie ploutocratique, la démocratie conduit à la dictature quant la vertu se perd dans les démagogues. Il prône qu’il faut absolument avoir un gouvernement modéré avec des contrepouvoirs effectifs et privilégier les corps intermédiaires comme les cours de justice ou les pouvoirs locaux. Il estime, assez logiquement, que le pouvoir appelle le pouvoir ; que chaque homme souhaite exercer son pouvoir de manière toujours plus étendue, c’est qui a conduit au despotisme royal. Il part du constat que tout homme qui a du pouvoir est naturellement tenté d’en abuser. Il y a donc nécessité de ne pas faire confiance aux personnes titulaires du pouvoir et, c’est pourquoi, il est impératif de trouver une organisation institutionnelle propre à assurer la séparation des pouvoirs. Il faut donc des pouvoirs séparés et distincts mais qui regroupent toutes les composantes de la société. Il trouve en réalité trois pouvoirs à séparer et c’est là, son trait de génie par rapport à John LOCKE. Il cite trois pouvoirs : exécutif, judiciaire et législatif. Pour remédier aux inconvénients de l’absolutisme, il faut que les pouvoirs soient distribués car le pouvoir doit arrêter le pouvoir. Il indique qu’il est nécessaire que « par la disposition des choses, le pouvoir doit arrêter le pouvoir. » La notion de contre-pouvoirs est donc née et elle va irriguer l’ensemble du droit constitutionnel moderne. Les pouvoirs doivent donc être équilibrés et l’essentiel de la séparation des pouvoirs réside dans l’interdiction du cumul direct ou indirect de la totalité des compétences attachées à la souveraineté dans un même organe. Le pouvoir législatif doit être confié à des représentants au sein d’un Parlement qui peut et même qui doit être constitué de deux assemblées qui se contrôleraient. Les deux assemblées sont élus par les aristocrates d’une part, pour la chambre haute, et le peuple pour la chambre basse. Quant à l’exécutif pour MONTESQUIEU, il ne pouvait s’agir que d’un monarque et non pas d’un gouvernement issu du corps législatif mais on peut imaginer que ce pouvoir exécutif soit réparti entre plusieurs organes. Ces trois puissances doivent donc s’équilibrer, ou se neutraliser et se surveiller. Quant à la fonction juridictionnelle, elle peut être confiée à un même ordre de juridiction ou à plusieurs. Montesquieu considère ce dernier pouvoir comme le plus terrible car il a le droit de vie ou de mort sur les hommes. Pour parfaire sa théorie, il est également favorable au jugement par ses pairs qu’il considère comme l’exemple le plus parfait d’une justice impartiale et juste. Il s’appuie sur l’exemple de l’Angleterre qu’il idéalise. En effet, si Montesquieu a raison de trouver trois puissance à séparer, force est de remarquer que ce dernier a fait un pas considérable vers un système nouveau de gouvernement et une organisation constitutionnelle innovante. Il garantie la liberté politique ce qui, dans un contexte de monarchie absolue, était pour le pouvoir en place, un affront terrible. Force est de remarquer que cette théorie a fortement inspiré les révolutionnaires de 1789 et que l’article 16 de la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen du 26 août 1789 dispose « toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assuré, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de constitution. » Montesquieu influence donc directement les révolutionnaires de 1789 et impose deux idées essentielles à savoir l’idée de séparation des pouvoirs et d’autre part, la nécessité d’une constitution. Il faut bien comprendre que ce principe politique d’organisation des pouvoirs constitue l’un des apports fondamentaux du droit constitutionnel actuel avec la conception du régime représentatif. De nos jours, la théorie de la séparation des pouvoirs se caractérise par une séparation institutionnelle mais il est possible de distinguer deux approches de la théorie : Le principe d’une séparation souple des pouvoirs qui est caractérisée dans les régimes parlementaires. Le principe d’une séparation stricte ou rigide des pouvoirs qui est caractérisée dans les régimes présidentiels. 1) le régime parlementaire ou la séparation souple des pouvoirs Le régime parlementaire est fondé sur le principe de collaboration des pouvoirs législatifs et exécutifs, on parle aussi de Gouvernement de cabinet. Il est né de l’évolution de la monarchie anglaise et à la fin du XVIII e siècle, il est estimait que ce régime parlementaire pouvait se définir comme celui dans lesquels les organes de l’Etat collaborent et dépendent mutuellement. La collaboration des pouvoirs, conçue comme un système de Gouvernement, se cumule avec le principe de révocabilité mutuelle. On parle de séparation souple des pouvoirs car chaque pouvoirs a des moyens d’actions réciproques et qu’ils doivent collaborer. Il n’y a pas une parfaite césure ou du moins un cloisonnement aigu entre les pouvoirs. En tout état de cause, il est indispensable de voir l’évolution rapide de la monarchie britannique pour comprendre comment s’organise ce régime qui n’a d’ailleurs cessé d’évoluer au fil du temps et des réformes. Histoire du régime britannique : L’origine de ce système se trouve, donc, en Angleterre et s’est installé petit à petit de manière coutumière à partir du 13e siècle. A l’origine, se trouve la conquête normande, par guillaume le Conquérant, en 1066, et l’implantation d’une nouvelle dynastie. Le nouveau roi distribue des terres à ses vassaux et ses chevaliers qui l’ont aidé à conquérir l’Angleterre et s’installe un embryon solide de féodalité. Le roi prenait l’habitude de réunir ses vassaux et son conseil pour leur demander l’avis sur les grandes problématiques du royaume, la curia regis, étant ce conseil. Au XIIIe siècle, Jean sans terre, entre en conflit avec ses barons et la grande charte, Magna Carta, est arrachée au roi. Il reconnaît ainsi certains privilèges à ses barons et on trouve ainsi l’idée première que le roi est soumis à des règles qui viennent limiter son pouvoir absolu. Le roi ne peut plus lever d’impôt sans le consentement de ce conseil des vassaux. Nu ne peut être jugé et puni autrement que par ses pairs ce qui est la reconnaissance d’une première liberté individuelle. Par ailleurs, le Conseil du roi est élargi à deux chevaliers par comté, puis à des représentants des villes et des bourgs. C’est de cette composition de plus en plus nombreuses que naquis les deux chambres, les chevaliers et les barons se réunir dans une première chambre ( chambre des lords) et les représentants des bourgs et des villes dans une seconde ( chambre des communes). Le conseil du roi, lui, se réunissait de manière autonome. On a assisté à un relatif effacement des pouvoirs du Roi et à un rôle grandissant de la Chambre des Communes et celle des lords qui a obtenu en 1688 le pouvoir de voter l’impôt, et le droit de pétition. De plus, les deux chambres agissent de concert pour rédiger des lois et les proposer au roi, le roi gardant toujours un pouvoir de faire la loi à cette période. Au XVIIe siècle, suite aux remous politique, décapitation du roi Charles 1er, la dictature de CROMWELL, restauration des STUART et arrivée d’une nouvelle dynastie, celle des ORANGE, le parlement prend de l’influence. En 1689, le Bill of rights, est accepté, le Parlement dispose du pouvoir législatif de manière monopolistique, ainsi que du droit de consentir à l’impôt. Le roi ne peut plus faire d’ordonnance. Par ailleurs, a été acté, l’Habeas corpus en 1679 qui offre des garanties au citoyens en matière de protection des libertés individuelles, protection du domicile, contre les arrestations arbitraires, pratique du jury, liberté d’expression intervention de juges indépendants. De cela, force est de constater que l’Angleterre a su inventer un nouveau système fondé sur plusieurs piliers : - le système représentatif une dualité des chambres ou le bicamérisme le séparation des pouvoirs la mise en place de libertés individuelles un gouvernement constitutionnel En effet, le Roi a été obligé de tenir compte de la Chambre et de choisir des ministres ayant la confiance de celle-ci. Ces ministres, pour éviter que ce soit le Roi qui endosse la responsabilité de leurs actions, se sont constitués petit à petit en Conseil des Ministres qui est devenu de plus en plus autonome vis-à-vis du Roi. Par ailleurs, ces ministres se devaient de démissionner en cas de refus de la confiance de la Chambre. Encore fallait-il aboutir à ce régime parlementaire et à la démocratie. Sous Charles 1er, puis sous la dynastie de Guillaume d’Orange, des conseillers, proches du roi, vont s’imposer et aller défendre la politique royale devant les chambres. Ces proches vont devenir le cabinet. Mais, il convient que ces hommes disposent aussi de la confiance de la chambre. Lorsque ces personnes n’avaient plus la confiance des assemblées, elles ont pris l’habitude de les traduite pénalement par la procédure d’impeachment. Cette simple menace contraignait les ministres à démissionner. La responsabilité, initialement pénale, s’est transformée en une responsabilité politique et en 1804, cette révocabilité est acquise. Peu à peu, les ministres vont se sentir solidaires de leur collègue et pour contraindre la chambre à réfléchir avant de poser une responsabilité politique de tel ou tel membre du cabinet. Le gouvernement deviendra peu à peu solidaire. Avec la dynastie des Hanovre, le Premier ministre voit le jour. Dans le même temps, les pouvoirs royaux s’efface au profit des organes démocratiquement élus. En effet, au XIXe siècle, plusieurs réformes électorales affirment le caractère démocratiques du régime, notamment celle de 1832 avec une rénovation des circonscriptions électorales, la fin des bourgs pourris, l’élargissement de l’électorat, en 1918, suffrage universel masculin et 1928, le droit de vote est accordé aux femmes. Deux camps s’opposent, les WHIGS et les tories qui deviendront les libéraux et les conservateurs avec aujourd’hui, un autre parti, le Labour. En France, le système parlementaire s’est installé par mimétisme sous la 1re restauration de 1815 mais surtout à partir de 1830 (Louis Philippe). Le régime parlementaire présente une certaine organisation des pouvoirs et des caractéristiques fondamentales particulières : une égalité de principe de l’exécutif et le législatif une collaboration des pouvoirs des moyens d’actions réciproques (la motion de censure, la dissolution de l’Assemblée). A) Les organes du pouvoir Le bicéphalisme de l’exécutif : Le régime parlementaire se caractérise par un exécutif à deux têtes. Il y a donc une distinction entre le chef de l’Etat et le Gouvernement. Le chef de l’Etat est irresponsable politiquement ce qui implique qu’il est assuré d’aller au terme de son mandat. Nul organe constitutionnel ne peut le renverser politiquement. Il possède une influence morale sur les affaires politiques et doit en principe être discret. Il a principalement un rôle contemplatif mais doit nommer le chef du Gouvernement. Le Gouvernement, avec à sa tête, le premier ministre, est l’organe qui voit sa responsabilité politique mise en cause. C’est l’organe de décision au sein de l’exécutif. Il gouverne avec l’assentiment du Parlement. Il est solidaire ce qui implique qu’en cas de vote d’une motion de censure, l’ensemble du ministère est contraint à la démission. Par ailleurs, il est collégial ce qui traduit le fait que les décisions sont prises en conseil des ministres où siège l’ensemble des ministres qui assument les orientations gouvernementales. Le gouvernement constitue donc un corps organisé avec « un chef » (exemple : Premier Ministre) commun il est homogène en ce qu’il présente un projet gouvernemental c’est un organe collégial et ses décisions engagent la responsabilité collégiale du gouvernement Parlement. enfin, il est politiquement et solidairement responsable devant le La structure du Parlement Le régime parlementaire est un régime représentatif. On trouve donc un Parlement qui dispose de la fonction législative mais le Parlement peut être organisé en une seule ou deux assemblées. Le monocaméralisme rend la fonction législative en principe plus rapide et plus efficace mais en contrepartie, il peut favoriser la main mise de l’Assemblée sur l’exécutif. Il n’y alors qu’une seule et unique assemblée. Le bicaméralisme lui permet d’équilibrer le pouvoir législatif. C’est le système le plus répandu de nos jours. C’est bien évidemment l’Angleterre qui est à l’origine de ce système. Le bicamérisme est aujourd’hui le système le plus répandu. B) Les caractéristiques fondamentales Léon BLUM disait que le régime parlementaire, c’est la vie de ménage. Il convient donc que s’établisse une confiance réciproque entre les pouvoirs qui ont la capacité à collaborer pour mener et conduire les affaires du pays mais aussi qui doivent pouvoir se sanctionner. 1. L’égalité entre l’exécutif et le législatif Pour qu’il y ait effectivement un équilibre des pouvoirs, il ne faut pas que l’un l’emporte sur l’autre et il y a donc l’exigence d’une collaboration équilibré. Aucun des deux pouvoirs ne doit être en mesure de prendre l’ascendance sur l’autre. Il doit y avoir compatibilité entre les fonctions parlementaires et les fonctions exécutives ou gouvernementales pour en assurer l’unité. Il existe aussi des compétences concurrentes impliquant, en l’absence d’une étanchéité entre les fonctions, une gestion harmonieuse du dialogue entre les pouvoirs. La loi est à la fois l’œuvre du Gouvernement et du Parlement même si le vote est réservé au pouvoir législatif. Dans cette configuration, le bicéphalisme de l’exécutif prend toute son importance car en face du législatif élu, le gouvernement doit disposer d’une légitimité certaine. Il faut, par ailleurs, au sein de l’exécutif un organe que le Parlement ne puisse pas atteindre d’où l’importance d’avoir un Chef d’Etat irresponsable politiquement. C’est là aussi que l’on se rencontre de l’importance du mode de désignation du Chef de l’Etat. 2. La collaboration des pouvoirs Cette collaboration se caractérise par certaines règles de fonctionnement : le partage de l’initiative des lois entre le Parlement et le gouvernement la participation des membres du gouvernement aux discussions sur les projets et proposition de loi par un accès au Parlement et un droit d’amendement il existe un contrôle de la politique du gouvernement par le Parlement, ce contrôle s’exerce par la motion de censure. 3. Les moyens d’action réciproque La sanction de la responsabilité politique du gouvernement d’une part, la dissolution d’autre part. Le gouvernement est responsable politiquement devant le Parlement, soit devant les deux assemblées, soit devant une seule (chambre des députés ou chambre basse). Pour mener son action, le gouvernement ou le cabinet doit disposer de la confiance du Parlement ou en tout état de cause, de celle qui a le pouvoir de le renverser. Le gouvernement peut toujours demander la confiance à l’Assemblée par le vote de confiance. En cas de réponse négative, celui-ci sera contraint de démissionner. Ceci a pour conséquence que si la politique menée par le gouvernement n’est plus considérée comme conforme à la majorité de l’assemblée, celle-ci dispose de moyens pour forcer le gouvernement à la démission. C’est la motion de censure. C’est pourquoi, le Chef de l’Etat a tout intérêt à nommer un Premier Ministre ou gouvernement disposant de la confiance du Parlement. En contrepartie de ce droit d’obtenir la démission du gouvernement et pour parvenir à l’équilibre, l’exécutif dispose du pouvoir de dissolution qui vise une des deux chambres (la chambre des députés ou chambre basse). Cela revient à mettre un terme anticipée au mandat parlementaire et de demander au peuple la désignation d’une nouvelle chambre. C’est un moyen de rétorsion à la disposition de l’exécutif, en général, confié au Chef de l’Etat en cas de conflit entre le gouvernement et l’assemblée. On peut dire que les électeurs sont appelés à trancher le différent. C) Les dénaturations du régime parlementaire Cette dénaturation se caractérise par une prééminence du législatif sur l’exécutif ou l’inverse. Dans le premier cas, c’est un régime que la France a connu sous la 3me et 4me République. Il se caractérise par le fait que l’exécutif ne dispose pas ou n’est plus en mesure d’utiliser des moyens efficaces pour limiter le pouvoir du législatif soit parce que les institutions, la Constitution, ne lui donne pas ce moyen, soit parce que des raisons idéologiques ou factuelles. Ces moyens ne sont plus utilisés, c’est ce qui s’est passé sous la 3me République où le droit de dissolution n’a plus été utilisé depuis 1877. Dans le deuxième cas de figure, le régime parlementaire peut être dénaturé lorsque le Chef du gouvernement dispose d’une majorité très confortable au Parlement. Le phénomène majoritaire conduit aujourd’hui les exécutifs nationaux à posséder une ascendance véritable sur les parlementaires et l’on voit que les chambres hésitent véritablement à utiliser ce droit qui est à leur disposition. C’est le cas également lorsque la Constitution elle-même prévoit des dispositions donnant une certaine primauté à l’exécutif (le 49-3). d) Le caractère dualiste ou moniste Il faut distinguer le régime parlementaire dit dualiste et le régime parlementaire dit moniste. Dans le premier cas, le gouvernement est politiquement responsable devant le Parlement mais également devant le Chef de l’Etat. Dans le second cas, le gouvernement n’est politiquement responsable que devant le Parlement.