Les autorités en place ont de nouveau réussi à anéantir l`or

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ÉLU MEILLEUR BULLETIN DE CONSEILS EN PLACEMENT AU MONDE
4 mai 2012
Vol. 44, nº 8
Ce n’est pas le fruit du hasard si Ben Bernanke, président de la Fed, a choisi d’intervenir
publiquement le jour même où l’Europe annonçait un refinancement massif
Les autorités en place ont de
nouveau réussi à anéantir l’or
Par John Embry
L
orchestrée
es prix de l’or
On peut affirmer
et de l’argent
sans détour qu’il s’agit
ont évolué en
d’une mascarade ormontagnes
chestrée avec soin par
russes depuis que les
les autorités des goudeux métaux ont subi
vernements
occidenune raclée le 29 février
taux et les dirigeants de
John Embry
dernier.
leurs banques centrales.
Ce jour-là, l’Europe a
Il semble que tous ces gens
annoncé un refinancement massoient actuellement au bord de
sif à long terme pour venir à la
la panique à propos du véritable
rescousse de ses banques en
état de l’économie mondiale.
difficulté, portant ainsi la notion
Ces individus connaissent
d’assouplissement quantitatif
mieux que John Embry, ou
à sa plus haute expression.
n’importe qui d’autre, le bourLe 29 février est également
bier dans lequel leurs systèmes
la journée où Ben Bernanke,
bancaires sont plongés et la fraprésident de la Réserve fédérale
gilité de la reprise économique.
américaine, a fait les manchettes.
Ils savent trop bien que la
En cette occasion, certaines
seule façon d’éviter un effonde ses remarques à propos de
drement complet est de créer du
l’amélioration de l’économie
nouvel argent à une échelle abaméricaine sous-entendaient que
solument titanesque. En même
la Fed ne ferait pas de nouvelle
temps, ils s’efforcent toutefois
opération
d’assouplissement
de cacher cette réalité au grand
quantitatif, du moins pour le
public qui continue de ne se
moment.
douter de rien.
Ses commentaires et le
Dans une même optique, ils
refinancement européen ont
tentent désespérément de limprovoqué une débandade sur
iter la hausse des prix de l’or et
le marché de l’or, faisant chutde l’argent, car une telle hausse
er son prix de près de 100 $
serait susceptible de les montrer
l’once en une journée seuletels qu’ils sont, soit d’excellents
ment et entraînant du même
manipulateurs.
coup le prix de l’argent vers une
Il en résulte que nous assisbaisse de 3 $ l’once.
tons à des opérations telles que
celle du « Leap Day massacre
Une mascarade bien
» survenue le 29 février dernier.
Ironiquement, j’ai l’impression
que cette date fatidique sera bientôt perçue comme un épisode
anecdotique sur les graphiques
illustrant l’évolution des prix
de l’or et de l’argent.
Je pense que nous verrons
une hausse soudaine et importante de l’or et de l’argent, au
moment où les investisseurs décideront de profiter des prix artificiellement bas de ces métaux
précieux.
Jim Grant, observateur de
longue date des marchés financiers et auteur de sa propre infolettre sur ce sujet, abondait dans
le même sens lors d’un récent
discours prononcé devant la
Banque de la réserve fédérale
de New York (Federal Reserve
Bank of New York).
« Ce qu’on nous présente
comme une saine doctrine dans
l’environnement bancaire du
21e siècle consiste plutôt en
un exercice de répression financière et de manipulation des
taux d’intérêt, accompagnés par
un effet de lévitation du prix
des actions et la création de
nouvel argent, le tout regroupé
sous la notion nébuleuse de l’
« assouplissement quantitatif »
s’est-il insurgé.
Je suis entièrement d’accord
avec lui. Qui plus est, Jim
n’a même pas pris la peine
d’aborder ce qui, à mon avis,
constitue la manipulation la
plus odieuse et évidente, soit
celle des marchés de l’or et
de l’argent.
Cela me trouble de constater qu’il y a de plus en plus
d’interférence sur tous les marchés alors que les systèmes
économiques et financiers
s’acheminent vers une répétition de la récente crise financière mondiale.
Conséquemment à cette
situation, le grand public est
poussé à investir dans les mauvaises classes d’actif. Au lieu
d’acheter des actifs tangibles
qui lui permettraient d’éviter
d’être aspiré dans le grand tourbillon qui s’en vient, celui-ci
s’agrippe à des actifs financiers,
encouragé à cela par les variations de prix à court terme.
Les plus importantes manipulations – et probablement les
plus dommageables – sont celles
qu’on observe en ce moment sur
le marché des obligations américaines.
On estime que 61 % des bons
du trésor émis par les États-Unis
en 2011 ont été, d’une façon ou
d’une autre, financés par la Fed.
De telles actions – qui
représentent la monétisation à
sa pire expression – ne feront
que provoquer une inflation
galopante, tout en garantissant
presque à coup sûr un effondrement du dollar américain.
Ces pauvres âmes – je parle
ici des gens qui croyaient naïve-
Les citoyens perdent
au change
Les investisseurs ordinaires
voient également leur capital être grugé à la fois par
l’inflation et la dévaluation
des devises.
Ceci force l’entrée d’un
nombre accru d’investisseurs sur
le marché boursier, provoquant
un effet de levier sur les valeurs,
malgré un manque flagrant de
soutien au niveau des données
fondamentales. L’exception à
cette règle demeure bien sûr
Apple
(AAPL-NASDAQ,
629,26 USD) dont l’explosion
du cours repose sur des assises
solides.
Alors que les devises
s’écrasent, je pense que les actions deviendront un choix sécuritaire pour placer son épargne,
étant donné qu’elles s’appuient
habituellement sur des actifs
tangibles. Comme les actions
ont cependant été surachetées
récemment, je crois que nous
sommes tout d’abord mûrs pour
une violente correction.
La
tenue
prochaine
d’élections
présidentielles
américaines, en novembre,
est un autre élément qui affecte l’ensemble de la situation.
À ce sujet, j’estime toutefois
que, tant que le public américain
continuera de croire en la reprise
et à la croissance de l’emploi, le
président Obama sera susceptible d’être réélu.
L’absence
d’un
candidat républicain charismatique
représente également une autre donnée en faveur d’Obama,
même si toute nouvelle débâcle
économique risquerait de miner
ses chances.
Pour ces raisons, je suis
persuadé que les statistiques
économiques
continueront
d’être falsifiées, tandis que les
taux d’intérêts seront maintenus
à des niveaux plus bas que ce
qu’ils devraient être.
Je pense aussi que le groupe
de travail sur les marchés financiers, créé par le président, fera
des heures supplémentaires pour
continuer d’embellir l’image
du marché boursier et de faire
croire aux Américains que tout
va bien.
Malheureusement, tout ne va
pas bien. En vérité, la situation
est horrible. Les États-Unis sont
enfoncés jusqu’au cou, ayant vu
leur dette nationale croître de
5,6 billions de dollars au cours
des trois dernières années et
demie.
Cela représente en gros cinq
fois plus de dettes que ce que
les États-Unis ont accumulé au
cours de leurs 200 premières
années d’existence. En février
seulement, le déficit de Washington s’est notamment élevé au
chiffre record de 230 milliards
de dollars.
Que peut-on conclure de
tout cela? Que si l’économie
américaine était le moindrement
en santé, un tel niveau de stimulation fiscale devrait lui faire
connaître une performance
explosive.
Pendant ce temps-là, les
taux d’intérêt sur les bons du
trésor américains demeurent
dangereusement bas, nullement
influencés par la menace croissante d’un éventuel défaut de
paiement ou d’une dévaluation
extrême des devises.
Si les taux d’intérêts
représentaient la réalité – et
ils le feront éventuellement
– leur valeur actuelle serait
aujourd’hui multipliée, ajoutant
des billions de dollars au déficit
fédéral américain au cours des
prochaines années.
En dépit des stimuli monétaires massifs de la Fed,
l’économie américaine demeure
remarquablement anémique.
Les statistiques sur l’emploi
ont notamment pris l’allure
d’une mauvaise blague.
Il est vrai que les États-Unis
ont créé 243 000 emplois en janvier. Ce chiffre tenait cependant
de l’illusion, il ne s’agissait
que d’une fausse accalmie provoquée par les ajustements saisonniers et un calcul erroné du
ratio naissance/décès. En réalité, les États-Unis ont perdu
l’équivalent de 2,7 millions
d’emplois. Ce tour de passepasse a permis à Washington
d’annoncer un taux de chômage
de 8,3 %.
Il s’agissait toutefois d’une
invention pure et simple, résultant d’une décision inexpliquée d’exclure des milliers
d’individus de la population active en mesure de travailler.
Sur son site web shadowstats.com, John Williams analyse les dessous des statistiques
gouvernementales. Selon lui, le
véritable taux de chômage atteindrait plutôt les 20 %.
Je pourrais poursuivre ainsi
longtemps, mais à quoi bon continuer d’enfoncer le même clou.
Un fait est certain, le véritable
élément clé dans le désastre annoncé réside dans l’incapacité
des États-Unis à trouver des
fonds pour payer les programmes Medicare et Medicaid,
de même que la sécurité sociale.
On parle ici d’un manque à gagner avoisinant les 100 billions
de dollars USD. Disons-le tout
simplement, ces engagements
ne seront pas honorés.
En résumé, les États-Unis,
malgré les actuelles prévisions
optimistes, se dirigent à coup
sûr vers de gros problèmes.
Mais la catastrophe annoncée sera-t-elle pire que celles de
l’Europe et du Japon? Qui sait?
Est-ce si important après tout?
Tous les trois sont de véritables
désastres, aussi bien sur le plan
économique que financier.
Je crois sincèrement qu’il
faudra plusieurs décennies
pour remédier à ce gâchis.
Qui plus est, je m’attends à ce
que le prochain problème majeur prenne la forme d’une accélération rapide de l’inflation
accompagnée d’une stagnation
de l’économie. Ceci se produira
lorsqu’on s’apercevra de la véritable ampleur du problème
actuel.
Dans cette éventualité, l’or
et l’argent atteindront finalement de nouveaux sommets
alors que la demande pour ces
métaux dépassera grandement
l’offre.
Quelqu’un a tiré
des ficelles
Au cours des quelque 11 dernières années de marché haussier,
non seulement a-t-on tenté de
freiner sans arrêt la progression
constante de l’or et de l’argent,
mais celle-ci a également été
marquée par des chutes vertigineuses et étourdissantes. Ces
épisodes de baisses étaient visiblement orchestrés.
Malgré cela, le prix de l’or a
été multiplié par six, et celui de
l’argent par huit.
La majorité du grand public
a pourtant continué d’ignorer ce
qui se passait. Un pourcentage
important des gens qui avaient
compris est également sorti du
marché en raison de la nature
irrationnelle des variations de
prix.
Je suis non seulement persuadé que tout cela est à la
veille de changer, mais je crois
aussi que la hausse explosive
du prix de l’or, qui surviendra
bientôt, attirera de plus en plus
d’acheteurs.
Cela aura un impact bénéfique sur les titres aurifères
et argentifères qui constituent actuellement, selon toutes
les données et ratios observés,
des aubaines remarquables.
John Embry est stratège en chef
des investissements au sein de
la firme torontoise Sprott Asset
Management.
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ment que leur gouvernement
– poseraient les bons gestes –
voient désormais leurs épargne
minée par des taux d’intérêt réels
négatifs.
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