XVIIIème — XIXème SIÈCLES

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XVIIIème - XIXème SIÈCLES
DÉCADENCE DE LA COURSE.
RÉVOLTES DES POPULATIONS.
FIN DE LA DOMINATION TURQUE.
LES FORCES QUI SOUTIENNENT L'ÉTAT :
LES DEYS.
— Les Deys, élus de l'Odjaq, reçoivent toujours l'investiture du Sultan
de Constantinople. (gravure 13). Sans elle, ils ne pourraient se faire
obéir des Turcs d'Alger, ni recruter leurs Janissaires.
— Un ordre de succession a fini par se dégager au bénéfice du
Khasnadji (ministre des finances) et de l'Agha des Janissaires.
— Une longue période de calme intérieur succède à la fameuse révolte
des Arnaouds (Albanais) (1574) et deux Deys seulement se sont
succédé dans la seconde moitié du XVIIIème siècle. (Lect. 56).
Mohammed Othman Pacha qui régna de 1766 à 1791 est présenté par
les chroniqueurs comme particulièrement intelligent et dévoué au service
de l'État. (Lect. 57-58). Son règne peut être considéré comme une
« modeste renaissance » dont les effets furent compromis par les
guerres de la Révolution et de l'Empire qui redonnèrent une certaine
importance aux corsaires.
— Au début du XIXème siècle, trois Deys périrent victimes de l'Odjaq, et
en 1816, Ali Khodja quitta la Djenina pour s'installer à la Casbah et se
soustraire ainsi aux Janissaires.
Le Dey Hussein régnait depuis 1818 lorsque survint le débarquement
français en 1830.
LES BEYS DES PROVINCES.
— Quant à l'administration des provinces d'Oran, du Titteri et de
Constantine, elle était toujours confiée à des gouverneurs (Beys) dont
certains, malgré leur cruauté, ont à leur actif d'intéressantes réalisations.
— L'un des plus célèbres est sans doute Salah Bey, placé en 1771 à la
tête du Beylik de Constantine (Lect. 59). Sa tragique histoire montre, que
les Beys des provinces étaient étroitement surveillés par leur chef, le
Dey d'Alger, toujours prêt à réprimer durement la moindre velléité
d'indépendance.
— Dans l'Oranais, le Bey de Mascara, Mohammed el-Kébir, esprit
ouvert et énergique favorisa la culture des céréales. Détail curieux, ce
Bey eut pour esclave et Ministre du Trésor, un Français nommé
Thédena qui a laissé une relation de la vie dans le Beylik de l'ouest à la
fin du XVIIIème siècle. (Lect. 60).
LES JANISSAIRES.
— Ces soldats qui constituent toujours la base même du pouvoir de
l'État, ne sont plus que 5.000 environ au début du XIXème siècle.
Comme leurs congénères de Constantinople vers la même époque, ils
semblent quelque peu décadents ; ils tiennent boutique ou vendent sur
les marchés les produits de leurs terres. (Lect. 61).
LES KOULOUGHLIS.
— Devenus plus nombreux avec le temps, ils servent également dans
l'armée. Bien que toujours méprisés des Turcs, ils sont cependant des
auxiliaires précieux.
— En 1830, une ville comme Tlemcen par exemple. était occupée par
une centaine de Turcs seulement, mais les 4.000 Khouloughlis et leurs
familles logés au Méchouar (citadelle), tenaient le pays.
LES TRIBUS MAKHZEN.
— Elles étaient formées de tribus guerrières privilégiées (exemptes de
l'impôt sur la terre) ; et d'un amalgame de guerriers recrutés
individuellement, constituant une « véritable légion permanente ». (Lect.
62).
— Ces forces supplétives permirent aux Turcs de se maintenir dans un
pays hostile, malgré leur petit nombre. On peut citer les H'chem, les
Douaïrs en Oranie, les Douaouda, et les Nemamecha dans le
Constantinois.
LE TRÉSOR DE LA RÉGENCE D'ALGER.
— Comment était-il alimenté ? Parmi les multiples redevances,
signalons ;
- l'impôt sur la terre (kharadj), perçu avec une extrême rigueur (Lect 63).
- les rachats des esclaves,
- les droits de douanes,
- les tributs des provinces (Oran-Constantine) ; (Lect. 64),
- les droits sur la cire, les bêtes abattues en ville, les droits sur les
boutiques,
- la vente de certains emplois, la location d'esclaves à des particuliers,
- les biens de ceux qui mouraient sans descendance, les tributs des
puissances étrangères,
- la taxe (djezya) levée sur les communautés non musulmanes, etc.
— La situation du Trésor, peu brillante durant les périodes de troubles,
s'améliore vers la seconde moitié du XVIIIème siècle. Certains Deys,
Mohammed Othman en particulier, se montrèrent des administrateurs
scrupuleux des finances de la Régence. (Lect. 65).
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SITUATION INTÉRIEURE
LES SOULÈVEMENTS.
— Les Turcs ne contrôlent guère que le 1/6 du pays ; montagnards
kabyles. et nomades des Hauts Plateaux, échappent toujours à leur
autorité. (Lect. 66).
— De 1810 à 1815, razzias, expéditions punitives, exécutions
sommaires viennent difficilement à bout des révoltes qui s'allument dans
les Babors, le Titteri, le Djurjura. Dans l'Oranais, les insurrections se
multiplient à l'appel des prédicateurs religieux de la confrérie
maraboutique des Derqaoua.
— La misère des campagnes et la disette consécutives aux exportations
massives de grains du début du XIXème siècle, suscitent des
soulèvements durement réprimés. « Quand éclata le conflit entre la
France et la Régence, le Dey n'avait pas encore réussi à rétablir son
autorité ». (Julien).
L'AGRICULTURE ET LES EXPORTATIONS DE CÉRÉALES.
— Selon Venture de Paradis. plus de la moitié du territoire de la
Régence était en friche vers 1788.
— Cependant, vers la même époque la culture du blé dur se développa
particulièrement dans les beyliks (Provinces) d'Oran et de
Constantinople (Lect. 67). Les navires européens venaient à Oran,
Arzew, Mers-el-Kébir, et surtout à Bône et La Calle, faire leurs
chargements de blé. (carte 12). C'est ainsi que la Régence contribua de
1793 à 1800 au ravitaillement « des départements méridionaux et des
armées d'Italie et « d'Égypte » (Julien).
— Nous ne savons rien de la répartition des terres à cette époque, car
l'histoire de la période turque progresse très lentement, mais à travers
les « Notes » de Venture de Paradis, on devine, à côté de grands
propriétaires, une masse de paysans misérables. (Lect. 68).
— Autres cultures pratiquées dans la Régence : le tabac (environs
d'Alger et de Bône), le riz (Miliana), le lin, la vigne, l'olivier, etc. «
Bougie fournissait une quantité considérable d'huile qui approvisionnait
la capitale (de la Régence) et les fabriques de savon de Marseille ».
(Dubois-Thainville - 1809).
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DÉCADENCE DE LA COURSE ET FIN DE L'ESCLAVAGE :
Du XVIIIème siècle au début du XIXème siècle, la course a connu des
fortunes diverses en fonction des vicissitudes de l'histoire européenne.
— Dans le courant du XVIIème siècle, la course était progressivement
devenue moins prospère ;
- l'organisation de convois,
- l'armement des navires marchands,
- les croisières à la sortie du Détroit de Gibraltar en particulier, parvinrent
à préserver des pirates les plus riches cargaisons.
— La flotte d'Alger, qui comptait 24 vaisseaux en 1724, tomba à « 8
chébecs et deux demi-galères en 1788 ». Les renégats disparurent des
équipages devant les Turcs et les Albanais.
— Pendant cette période, Alger fut cependant assez puissante, pour
rejeter à la mer une expédition espagnole débarquée près de l'Harrach
en 1775, et imposer à l'Espagne une « paix onéreuse après les
bombardements de 1783-1784 par Angelo Barcelo.
— La cession volontaire d'Oran en 1791 aux autorités d'Alger, mit un
point final à la politique espagnole en Afrique du Nord. Oran devint alors
la capitale du Beylik de l'ouest.
— La Période révolutionnaire et les guerres de l'Empire, contribuèrent à
donner un nouveau départ à 1a course. D'après le consul de Kercy
(1791), les corsaires « enlevaient même les navires au mouillage dans
les rades, contrairement, dit-il, aux engagements pris, selon lesquels ils
ne pouvaient faire des prises en deçà de la portée de canon des côtes
de France ».
— En 1815, avec le Raïs Hamidou, la flotte d'Alger compta jusqu'à 30
navires.
— Quant aux puissances européennes, et aux États-Unis, ils jugeaient
plus expédient de payer tribut dans l'espoir d'acheter la paix.
— Après les guerres de l'Empire, les puissances européennes n'ayant
pu se mettre d'accord sur une attitude commune à l'égard des corsaires
d'Alger, agirent chacune pour son compte :
- 1815 : les États-Unis obtiennent un traité après saisie d'un navire
algérien en Méditerranée.
- 1816 : Lord Exmouth et Van Cappelen écrasent la ville sous 34.000
projectiles et Alger signe un nouveau traité avec l'Angleterre.
- La même année, la France refuse son adhésion à un projet de
suppression de la piraterie, élaboré à Londres, et qu'elle jugeait trop
favorable à l'Angleterre. La guerre de course survivait grâce aux rivalités
européennes.
- En 1830, le port d'Alger n'abritait qu'une dizaine de navires et 32
chaloupes canonnières.
L'ESCLAVAGE.
— Les esclaves ne ramaient plus à bord des navires : la voile avait
remplacé l'aviron et on hésitait à risquer une marchandise qui se
raréfiait.
— Les plus malheureux étaient toujours ceux employés sur les chantiers
publics, le sort des autres était beaucoup moins rigoureux qu'autrefois.
(Lect. 69).
— Si les esclaves étaient moins nombreux, le prix des rançons avait
quintuplé.
— La courbe des effectifs est parallèle à celle de la course :
800 esclaves en 1788 ; 1642 en 1816, et 122 en 1830.
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ALGER AU XVIIIème SIÈCLE
De nombreuses calamités s'abattirent sur Alger dans le courant du
XVIIIe siècles : entre autres, des épidémies de peste (1740-1752-17871798 et 1817) et des tremblements de terre (1755).
« La peste n'est point indigène à Alger, elle est toujours venue de l'Est ».
(c'est-à-dire d'Égypte ou de Syrie), déclare Boutin en 1808, dans son
rapport à l'Empereur. L'épidémie de 1787, particulièrement meurtrière,
enleva le tiers de la population.
QUELQUES CHIFFRES :
— Pour l'ensemble de la Régence : 3.000.000 d'âmes environ selon
Boutin, mais ajoute-t-il, « c'est une estimation de confiance ».
— Pour Alger : 73.000 habitants en 1808, selon Boutin, 30.000 en 1830
(Rozet-Voyage dans la Régence d'Alger). Cette chute verticale n'est
sans doute pas un indice de grande prospérité.
— Vers 1830, les revenus de la course étaient à peu près nuls, et le
trafic du port restait fort réduit : laine cuir et cire, d'ailleurs monopolisés
par le Dey, constituaient toujours l'essentiel des sorties.
— Alger demeurait cependant le centre d'un commerce intérieur actif, et
d'une activité artisanale qui s'est maintenue jusqu'en 1830. (Lect. 70).
— Parmi les constructions importantes de cette époque, on peut citer :
_ La mosquée Ketchaoua (1794), devenue cathédrale après
d'importantes transformations.
- Des maisons mauresques et des Palais comme Dar Mustapha
Pacha (1798) construit par le Dey Mustapha, assassiné en 1805
(gravure 5), le Palais du Bardo, magnifique maison de campagne de la
fin du XVIIIème siècle (gravure 7).
- Un aqueduc long de 8 km, qui amenait l'eau de l'Aïn Zeboudja, à
travers le ravin d'Hydra, jusqu'à la Casbah. De plus, les Deys
s'attachèrent à augmenter encore le nombre des fontaines publiques.
(Lect. 71).
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LA VIE RELIGIEUSE ET L'ENSEIGNEMENT.
LES CONFRÉRIES.
— Au Maghreb où le culte des saints a toujours été vivace se
constituèrent de véritables ordres religieux. C'étaient des sociétés
secrètes dont les membres, liés par des rites communs, une obéissance
absolue au chef ou Cheikh, se considéraient comme des frères ou
Khouan.
— Certaines de ces confréries avaient seulement une importance locale
: les Rahmania de Kabylie. D'autres rayonnaient sur le Maghreb tout
entier, voire même sur le monde de l'Islam : Taïba. Kadria, Chadelia...
— Les Turcs eurent à combattre leurs insurrections au début du XIXème
siècle
L'ENSEIGNEMENT.
Écoles coraniques.
— Comme en Europe à la même époque. l'Enseignement n'était pas un
service public. La piété des populations favorisa le développement de
nombreuses écoles coraniques. Le taleb ou maître d'école, y enseignait
les versets du Coran, les rudiments de l'écriture arabe et les préceptes
religieux.
Médersas et Zaouïas.
— Un enseignement plus élevé était donné dans les Médersas et les
Zaouïas, établies auprès des mosquées, sous la direction du corps des
Oulémas. (Lect. 72). Ces écoles supérieures auraient compté jusqu'à «
2 à 3.000 élèves par province » (Emerit). On peut citer les Médersas de
M'sila, de Sidi Abd er-Rahman Ilouli (Grande Kabylie), Mazouna
(Oranais), spécialisée dans le Droit musulman, Chellata de Sidi Ali Chérif
(commune d'Akbou). La tradition rapporte que l'Imam de la mosquée de
Sidi Ramdan à Alger, derrière l'actuel boulevard de Verdun, enseignait
les successions, la géométrie et l'astronomie.
— Les étudiants étaient logés et nourris gratuitement sur les revenus de
fondations pieuses, (habous). Ils pouvaient également être hébergés ou
entretenus par des particuliers aisés. A la bonne saison, ils se
répandaient à travers la contrée pour collecter des fonds. A la fin de
leurs études, ils choisissaient la carrière religieuse ou la carrière
judiciaire.
FIN DE LA PÉRIODE TURQUE
— En 1827, l'affaire des céréales exportées de la Régence vers la
France, de 1793 à 1800, n'était toujours pas réglée. Le Dey Hussein
considérait le Consul de France, Deval comme responsable de cette
situation.
— Le 29 Avril 1827, une discussion orageuse entre le Dey et Deval se
termina par un coup de chasse-mouches : le fameux coup d'éventail.
La France exigea des excuses, sur le refus du Dey, elle mit le blocus
devant Alger ; opération onéreuse et inefficace.
— Le 3 Août 1829, les batteries côtières bombardèrent le vaisseau
parlementaire « La Provence », à sa sortie du port d'Alger.
Sans diminuer l'importance de ces événements on doit noter que
l'explication des gestes décisifs qui conduisirent aux hostilités entre la
France et la Régence, peut être également recherchée dans l'évolution
de la politique intérieure française vers 1830.
L'impopulaire Ministère Polignac n'espérait-il pas redresser une situation
difficile par une éclatante victoire militaire ?
- Le 31 Janvier 1830, il fut décidé qu'une action serait entreprise contre
la Régence d'Alger.
- Le 25 Mai 1830, la flotte française quittait Toulon sous les ordres de
l'Amiral Duperré.
- Le 14 juin, le corps expéditionnaire commandé par le Général de
Bourmont débarquait sur la presqu'île de Sidi-Ferruch à 26 km à l'ouest
d'Alger.
- Le 5 Juillet, la capitulation du Dey livra la ville. Quelques jours plus
tard, le Dey Hussein gagnait Livourne.
- Dans le courant d'Août, les janissaires furent embarqués pour l'Asie
mineure. (Lect. 73).
— En quelques semaines, la domination trois fois séculaire d'une caste
militaire s'était effondrée sans même laisser de traces apparentes sur la
société arabe-berbère. (Lect 74-75-76).
— Cependant, la prise d'Alger n'entraîna pas « la soumission spontanée
de la Régence » (Julien).
— Pour désigner cette conquête, la Monarchie de Juillet devait créer un
vocable qui est désormais entré dans l'Histoire: C'est ainsi que la
Régence d'Alger devint l'ALGÉRIE.
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VUES GÉNÉRALES SUR LE MAROC ET LA TUNISIE DU XVIE AU
XIXE SIÈCLE
LE MAROC
FIN DES SAADIENS.
A la mort d'El-Mançour, en 1603 : rivalité de ses fils ; agitation des tribus,
des marabouts, des bourgeois des villes ; intrigues espagnoles et
turques ; le dernier Saadien est seulement roi de Marrakech : il meurt en
1654.
SALÉ : à l'embouchure du Bou Regreg, devient cité de corsaires vers
1610. Des Maures d'Estramadure : les Hornacheros, expulsés par les
Édits de 1609-1610, s'y installent et donnent à la piraterie un essor
extraordinaire.
LES ALAOUIDES.
Des Chérifs du Tafilelt, l'un d’eux, Moulay Rachid, est proclamé Sultan
à Fès en 1666.
MOULAY ISMAIL, 1672-1727.
Frère et successeur du précédent - Remarquable par son intelligence,
son énergie sa vitalité et sa cupidité :
— Il conquiert son royaume au cours de 25 ans de razzias et
d'expéditions punitives : siège de Marrakech (1677), massacre de
Taroudant (Sous 1689).
— Organise une armée : Des troupes noires sans attache avec le
pays. Leurs garnisons installées dans les Casbahs, tiennent en mains
les populations.
— Fait de Meknès, sa capitale. « Le Versailles marocain » est bâti par
des esclaves chrétiens, des prisonniers des tribus, etc.
— S'attaque aux Chrétiens et aux Turcs :
- Les Anglais abandonnent Tanger qu’ils occupaient depuis 1684 ; les
Espagnols ne conservent que Mellila et Ceuta : les Portugais se
maintiennent à Mazagan.
- La flotte de Salé « devient marine d'État », la piraterie se fait au
bénéfice du Sultan.
- Contre les Turcs : il lance des expéditions sans lendemain en liaison
avec l'armée tunisienne.
- La Tafna est reconnue comme frontière entre les deux pays.
— Développement du Commerce : « Fez devient le magasin général de
toute la Berbérie »
- « Meknès demeure le premier marché des grains, cire et cuir ».
- Trafic actif par caravanes avec le Soudan.
- Place prépondérante du commerce français à la fin du XVIIème siècle.
- Échanges d'ambassadeurs entre Louis XIV et Moulay Ismaïl.
LES SUCCESSEURS DE MOULAY ISMAÏL.
— Révolte de ses fils et de tous ceux qui obéissaient sous la contrainte :
tribus berbères, bourgeois des villes, confréries etc.
— Retour à « l'anarchie chronique ». 12 proclamations de Sultans en
20 ans.
— Les Portugais évacuent Mazagan, 1769.
LE MAROC DIVISÉ ET REPLIÉ SUR LUI-MÊME :
Il y a deux Maroc : le Bled el-Makhzen soumis au Sultan, le Bled esSiba à peu près indépendant et en proie aux guerres de tribus à tribus. «
Jalousement fermé à toute influencé extérieure, il (le Maroc) s'absorbe
dans la lutte presque sans répit que mènent les tribus berbères pour
échapper à l'autorité gouvernementale ». (Le Tourneau).
LA RÉGENCE DE TUNIS.
DE LA FIN DES HAFSIDES AU PACHALIK.
— Après la conquête turque (1574), et la disparition des Hafsides, la
Tunisie est organisée sur le modèle des autres provinces ottomanes.
— Comme Alger, Tunis devient capitale d'un Pachalik (Province) avec à
sa tête un Pacha nommé par le Sultan de Constantinople et assisté d'un
Divan.
— Elle a aussi ses janissaires et ses Raïs qui écument la Méditerranée
orientale.
VERS LA MONARCHIE HÉRÉDITAIRE.
— Dès la fin du XVIème, le Pacha n'est plus qu'un personnage
décoratif. La réalité du pouvoir passe au chef des Raïs, et surtout au
Bey, officier supérieur de la Milice chargé de la levée des impôts, et de
l'administration des tribus. L'un d'eux, Mourad (1612-1631), fonda une
première dynastie turque héréditaire, celle des Mouradides qui
gouverna la Régence de Tunis durant le 17ème siècle.
— 1702 : Ibrahim, Agha des Janissaires fait massacrer les derniers
Mouradides.
— 1704 : Il parvient à cumuler toutes les hautes fonctions de l'État, en
devenant à la fois Bey et Pacha.
Les Algériens le capturent et assiègent Tunis 1705.
— Hussaïn ben Ali, Agha des Janissaires sauve la ville ; la population
le proclame Bey de Tunis. Il obtient du Sultan de Constantinople le droit
de rendre ce titre héréditaire dans sa famille (1710).
Les Hussaïnides subirent des crises intérieures (révolutions de palais) ;
luttèrent contre l'ingérence des Turcs algériens et des Européens.
LES CRISES DE SUCCESSIONS.
Selon une vieille tradition turque, l'héritier du trône n'était pas le fils aîné
du souverain mais le parent mâle le plus âgé. D'où de sanglantes
rivalités.
GUERRES DES DEUX RÉGENCES.
— Les Turcs d'Alger profitaient de cette situation pour appuyer ou
imposer les Beys de leur choix.
— Pour prendre leur revanche, les Tunisiens envahissaient la Province
de Constantine, de concert avec les Chérifs marocains qui pénétraient
dans le Beylik d'Oran.
Ex : 1700 Mourad, Bey de Tunis, assiège Constantine, puis se fait
écraser près de Saint-Arnaud.
- 1756 - Les Algériens imposent un Bey qui accepte de leur payer tribut.
- 1808 - Intensification de la guerre entre les deux Régences ; sur terre,
et sur mer (exploits du Raïs Hamidou). Siège de Constantine. Tunis
entend s'affranchir du tribut.
- 1817 - Une médiation d'un envoyé de la Porte met fin au conflit.
Chacun des deux souverains reconnaît l'indépendance de l'autre.
INGÉRENCES ÉTRANGÈRES.
Elles visent à conserver des Concessions et des comptoirs sur les
côtes : Tabarka - Cap Nègre - Bizerte. etc. ; obtenir des avantages
économiques ou politiques : instructeurs militaires, vente de matériel de
guerre ; imposer des mesures d'ordre général : suppression de
l'esclavage (1819).
L'ŒUVRE DE LA DYNASTIE HUSSAÏNIDE.
— 1811 - Dissolution des Janissaires.
— Développement des Écoles coraniques et des Médersas.
— Travaux publics : Pont à huit arches de Mejez el-Bab, nouvelles
mosquées dont Sidi Mahrez. (Tunis), Nouveaux souks, Palais de la
Manouba, restauration de l'enceinte de Kairouan.
— Sous Hussaïn ben Ali, prospérité économique : exportation des blés,
cires, cuirs, dattes, éponges etc.
DEUX DESTINS.
— Alors que les Turcs d'Alger vécurent en conquérants, isolés du
reste des populations autochtones, les Turcs de Tunis furent finalement
assimilés par le pays qu'ils avaient conquis.
— Et le plus grand mérite de la dynastie hussaïnide, fut sans doute
d'avoir su, dans le courant du XVIIIème siècle, « transformer un État de
corsaires en un État organisé, qui prolongea la politique des Hafsides,
des Almohades et des Sanhadja » (Julien).
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