FAGES J-B. : "Comprendre E.Morin", Pensée Privat, 1980. Edgar

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FAGES J-B. : "Comprendre E.Morin", Pensée Privat, 1980.
Edgar Morin, l'homme et la mort, Éditions Corréa, 1951 et nouvelle édition augmentées, le seuil, Paris,
1970.
Edgar Morin, le cinéma ou l'homme imaginaire, éditions de minuit, 1956, Collection Méditations,
Gonthier, 1965.
Préambule :
Ce chapitre explora le terrain de l'imaginaire du handicap dans la filmographie, le travail du cinéma et de
l'image pour mieux intégrer l'acceptation de la figure la personne handicapée dans la société. Nous
exploiterons par des graphiques les différentes phases d'histoire qui vont de la guerre de 1914 /1918 jusqu'à
nos jours. On partira de l'hypothèse suivante que le travail du cinéma pourra aider à mieux poser le regard sur
la différence, la faiblesse humaine etc. Ecrire, lire, dire écouter l'autre différents pour asseoir une
anthropologie du handicap à travers les médias. Une soixantaine de films seront analysés pour ouvrir ce débat.
Page 9: "nous oeuvrons sur des lectures et des effets de lecture. Nous répondons à une communication
ouverte. Ainsi vont s'équilibrer la distance et la proximité, l'éclaircissement critique et la sympathie du sujet."
Mon analyse : les articles et les entretiens procèdent bien de cela, une dualité entre distance et proximité, pour
faire émerger un éclaircissement critique et faire émerger "l'étrangeté "de certains propos. Au niveau plus
"méta" c'est relier quelques éléments des sciences humaines avec l'histoire , dans une anthropologie
dynamique.
Pages 27 et 28 : " Et l'anthropologue de notre temps élargit à la civilisation industrielle ce constat du hiatus : «
De toute façon nous autres civilisés arrivons à l'âge adulte avec d'énormes carences ; nous portons des plaies à
vif, des zones d'ombre, des épouvantes issues du temps des « cavernes »"... "Nous retrouverons avec les
ouvrages « l'homme et la mort, le cinéma et l'homme imaginaire, le thème des cavernes : l'interférence entre le
moi et des doubles, le réel et la magie, l'authenticité et l'hystérie. L'homme moderne, l'homme de toujours est
un être « double », « duplex »."
Mon analyse : le handicapés de sujets handicapés et s'inscrit bien dans cette citation, avec les plaies à vif, la
caverne sociale, l'enfermement entre « quatre murs » pour des handicaps très lourds, le rejet à la périphérie
etc. le cinéma peut aider à mieux circonscrire et travailler ces ambiguïtés et ces singulières outrances. Il
prépare en quelque sorte un nouveau regard social porté sur le handicap et surtout sur la personne handicapée.
Page 53 : " Une fois de plus l'homme, par le cinéma va pouvoir intérioriser le monde et se répandre partout
dans le monde. Dans une « l'immense parenté fluide » toutes les « métaphores », c'est-à-dire « toutes les
morts- renaissances » sont « possibles est réelles ». [...]. Les traits les plus fondamentaux de la magie ou du
rêve - et au premier chef l'analogie entre l'humain et le monde, le « microcosme » et le « macrocosme » - se
retrouvent comme traits constitutifs du cinéma."
Mon analyse : par son réalisme qui fait place au fantastique et aussi son contraire, par le temps qui se
contracte et se dilate, par l'espace et son ambiguïté, le spectateur va explorer l'espace/ temps du handicap et
mieux s'y projeter. Il va entrer au fond du problème pendant quelques heures . Voilà pourquoi cela m'a paru
intéressant de faire ce détour par la filmographie sur le visage du handicap au cinéma, pour une éducation à, et
de la différence ainsi que l'éducation du regard. Il faut entrer dans ce monde par des portes variées pour
comprendre de l'intérieur les phénomènes. Le banal, l'insignifiant, peut-être une source de données
sociologiques qu'il faut savoir à nouveau regarder puis réobserver et réenquêter , comme le dit Georges Perec
dans l'infra -ordinaire.
Page 53 : " Un double processus - de psychologie individuelle et collective -rend compte de cette puissance
magique et mythique du cinéma : l'identification et la projection. L'identification et, pour ainsi dire de type
centripète : le sujet absorbe en lui le monde ou les traits d'autrui ; ils les intègre affectivement. La projection,
de type centrifuge, est une manière d'expulsion - vers le monde et autrui - de nos besoins , aspirations, désirs
et obsessions. En vérité les deux processus se tiennent étroitement l'un l'autre en un « complexe de projection identification ».[...] Ainsi le complexe de projection - identification s'opère dans la zone des participations
affectives : une zone mixte, ambivalente comportant aussi bien des résidus de magie que des raffinements des
états d'âme..."
Mon analyse : c'est le processus que j'ai employé pour me nourrir de la connaissance d'un monde et des
savoirs qui s'y rapportent avec un grain de plus en plus fin pour descendre du sens commun sur des
interrogations singulières à chaque handicap pour aller au-delà du banal et du grossier pour entrer dans les
mondes complexes et variés de la situation de handicap.
Page 54 : " Le spectateur s'intègre « dans le flux du film » et le flux du film s'intègre « dans le flux psychique
du spectateur ». La machine... mâche le travail de l'homme. « Le film titille la participation au bon moment,
comme un habile acupuncteur. » Processus de projection-identification, pouvoir d'accélération-identification
vont plus particulièrement s'exercer avec et sur les personnages de l'écran. Le système de vedettes et le culte
de stars se mettent en branle. Le visage humain à lui tout seul, objet privilégié devient un microcosme, une
substantielle condensation de tous les paysages."
Mon analyse : Pierre Gilles de Gennes souligne, dans l'émission des aventuriers de la science (la chaîne
histoire janvier 2004 de 21 heures à 22 heures sur une idée de Pierre Bourdieu, Document audiovisuel), que ce
que dit Edgar Morin est encore trop précoce pour le temps : le fruit est encore trop vert mais il ajoute qu'il faut
les chercheurs qui croquent dans les fruits verts ! Pour notre part ce que dit Edgar Morin sur le cinéma ou sur
la sociologie ne semble pas trop vert au décalage par rapport à notre temps ; le handicap par exemple, lui porte
toujours les fruits trop crus ou trop murs ! Les regards sociaux, les lois et les institutions sont toujours en
avance ou en retard sur lui. Cette personne handicapée peut-être une star, une vedette par exemple au Téléthon
ou dans la presse, on la cite comme exemple mais elle est très vite oubliée, elle aspire à être ordinaire ou
extraordinaire comme disait Bruno mais avec le respect de ces différences. Cette personne banale est une
figure complexe et multiple qui nous renvoie à notre étude microsociologique pour une lecture plus fine de
l'humain dans une réalité sociologique du quotidien. S'il y a un miracle à attendre de la science pour la
guérison c'est certes très utile et valable mais c'est dans le social et au quotidien que l'on a besoin de « petits
miracles » pour banaliser l'ordinaire de la personne handicapée. Pour notre étude cinématographique voir
l'analyse du site Web sur les huit catégories du handicap au cinéma.
Pages 71 : " La publicité « révèle à l'oeil nu pour une sociologie clinique ce processus fondamental de toute
société, de toute culture, qui est de créer des besoins » [...] L'actuelle publicité dévoile donc que « nous
sommes entrés dans un nouvel épisode dans la marche à demi somnambulique de l'homme »."
Mon analyse : analyse du salon parisien "Autonomic", de sa publicité sur les merveilles technologiques et sur
la création de besoin ; le handicap comme la santé qui s'y réfère devient de un marché, c'est ce qui a été dit au
colloque de l'ARITT à Orléans début juillet. Comme le dit Pierre Bourdieu : « tout est économie ! Même le
bonheur ! »
Voir aussi, si la période autour de 1968 a fait de la publicité ou à servi de réflexion sur le handicap par les
films qui ont été produits.
Page 118 : " Mais il ne donne jamais le change comme le font ceux qui construisent de belles cohérences
après coup et couvrent leurs tâtonnements par de savantes stratégies. Pour lui-même comme pour la recherche
autour de lui, Edgar Morin, demeure continuellement convaincu : de la relativité des méthodes ; du grave
danger (mutilant) de l'enquête « unidimensionnelle » ; de la nécessité vitale d'approches «
multidimensionnelles ». Avant que le terme ne se fût galvaudé il aura été le principal artisan - et l'un des
meilleurs théoriciens - du « multidisciplinaire » dans les sciences de l'homme."
Mon analyse : voilà inscrit les trois axes du multi ou pluri/inter/transdisciplinaires et les approches multiples
et variées dans mon enquête sur les cas singuliers. Malgré la variété et l'hybridation je reste dans une
démarche scientifique car je critique et j'argumente par le biais d'une enquête en deux temps. C'est la force «
libératrice la communication » que j'utilise en microsociologie sur les traces de Jürgen Habermas, d'Edgar
Morin de Théodore Zeldin, etc. je tisse et je croise le quantitatif au qualitatif pour faire sortir une sociologie
du handicap au quotidien de la personne, autour des quatre "C".
Pages 119 et 120 : " La sociologie se trouve soumise à des exigences contradictoires : elle doit être « exacte
» d'une part, « vivante » de l'autre ; en chambre et sur le terrain ; fondée en théorie , et empirique en la
recherche, etc. Une sociologie universitaire de type spéculatif s'oppose à une sociologie technique de type
technocratique. Il y a risque grave de dissocier la réflexion de l'action techno-politique, tentation de refouler le
droit à la réflexion « dans des îlots universitaires ». Trois types de sociologues tendent de se différencier :
l'universitaire, le scientifique (CNRS), le technicien. Mais situation présente serait plutôt celle d'une
hybridation entre méthodes sinon entre statuts de sociologues. La réflexion permet alors non de subir
l'hybridation mais de l'assumer : « la conjonction de l'esprit de réflexion et l'esprit d'hypothèse constitue sans
doute la sève de la recherche."
" Trois séries des méthodes vont permettre le caractère multidimensionnel de l'enquête :
- l'observation phénoménale : le sociologue saura prendre intérêt aux idées générales comme aux
réalités singulières ; voilà qui ravive en lui le sens perceptif trop souvent atrophié ;
- l'entretien avec choix des enquêtés pour leur significativité maxima : pilotes, personnalités clefs ,
déviants, cas extrêmes vibrants au conflit, etc. Tantôt cet entretien sera une interview approfondie, tantôt une
« pseudo -- conversation » ;
-- les diverses démarches qui mettent en rapport aux groupes et praxis : le « meeting -- bar », la
projection d'un film à des jeunes, la mise en place d'un comité pour l'été, etc.
Edgar Morin parle volontiers de « maïeutique sociale », de Socratisme psycho-sociologique. Il admet
volontiers le non directif, n'hésite pas à parler « d'expérimentation sauvage ».
Une dimension de l'enquête lui tient spécialement à coeur : la « déontologie de l'échange » par l'utilité
commune aux enquêteurs et enquêtés. [...] La relation d'échange entre le chercheur et le terrain met en oeuvre
une dialectique de la « distanciation » et de la « participation » : « nous pensons que la relation optimale
requiert à la fois d'une part détachement et objectivation à l'égard de l'objet de l'enquête, d'autre part
participation et sympathie à l'égard du sujet enquêté. Comme le sujet enquêté et objet de l'enquête ne font
qu'un, nous sommes amenés à être doubles. »"
Mon analyse : toutes ces citations je prends pour mienne, pour justifier mon enquête multidimensionnelle avec
une approche par le tact et le soins dûs à la personne handicapée et surtout la construction de l'hybridation des
méthodes pour recueillir les les paroles et les réflexions dans des situations de dialogue et de communication
bien souvent difficiles. La sociologie doit-elle se priver de ces outils à la marge, de mes ces méthodes
hybrides, de ses de ses approches multiples critiquables, améliorables certes mais tellement respectueuses de
la relation enquêteur/ enquêté. Le travail d'un historien est-il vraiment épuré de toute sociologie, de toute idée
philosophie et de toute technique hybride ?
Pages 123 et 124 : " Cette sociologie doit d'abord être « phénoménologique », « adaptée aux phénomènes »,
au lieu de rester discipline pliant le réel à son carcan. Or le réel est ici événement singulier : « l'événement qui
signifie l'irruption à la fois du vécu, de l'accident, de l'irréversibilité, du singulier concret dans le tissu de la vie
sociale est le monstre de la sociologie. » Tout le travail d'un sociologie clinique sera d'élaborer des théories « à
partir de phénomènes et situations extrêmes, paroxystiques, « pathologiques », qui jouent un rôle révélateur
»."
"L'événement éruptif défit les régularités statistiques, mais en bonne théorie de l'information, c'est la
nouveauté qui comporte que la plus riche information. [...] L'événement est enfin doublement riche de par le
caractère « perturbateur - modificateur » de « l'accident » : celui -ci provoque à la fois une « involution » ou
régression vers un fond archaïque et une « évolution », à savoir un « processus d'innovation qui va intégrer et
répandre le changement de la société ». "
Mon analyse : le handicap comme terrain concret à la transdisciplinarité sera notre deuxième fil rouge pour
cette recherche. On retrouve l'inclusion du tiers, la complexité qui enrichit, l'intégration des savoirs et les
niveau de réalité différents suivant les personnes concernées. Le handicap est aussi un analyseur, un catalyseur
de notre société pour révéler de nos faiblesses sociales, notre altérité en construction et enfin un quotidien qu'il
faut toujours interroger.
Morin sur le net
Quand un sociologue de renom, directeur émérite au C.N.R.S. et réputé par la rigueur de ses analyses, décide
de s’attaquer au monde ‘merveilleux’ des stars hollywoodiennes, on est en droit de considérer le produit de
cette étude avec un brin de circonspection. Pourtant il suffit d’examiner attentivement la couverture de
l’ouvrage pour pousser un soupir de soulagement à la lecture du nom de l’auteur. Edgar Morin avance en
terrain connu. Cinéphile passionné et passionnant, il signe dès 1956 Le cinéma ou l’homme imaginaire, essai
‘brillantissime’ qui inaugure une anthropologie du septième art, avant de collaborer avec l’un des plus grands
documentaristes français : Jean Rouch. En 1960 les deux hommes signent en effet Chronique d’un été,
film considéré comme l’acte fondateur du cinéma vérité. Publié à la fin des années cinquante, traduit dans un
grand nombre de pays, réédité et complété à plusieurs reprises, Les Stars reste à ce jour l’une des études les
plus pertinentes qui soit sur le star system. L’équivalent savant et cinématographique du Paradoxe sur le
comédien de Diderot.
Pour Morin la star apparaît dans le Hollywood des années dix, dans un contexte de concurrence entre les
diverses firmes cinématographiques. En amont, les studios façonnent la star, tandis qu’en aval, une grande
partie du public la ‘divinise’.
"Quand on parle du mythe de la star, il s’agit donc en premier lieu du processus de divinisation que subit
l’acteur de cinéma et qui fait de lui l’idole des foules. "
A partir des années trente, l’amélioration des conditions de vie stimule les désirs ludiques. Enjeu d’un
véritable culte, la star devient soit inaccessible (on se projette en elle), soit modèle de vie (on s’identifie à
elle). Comme en Grèce antique, au moment où la plèbe revendique le droit d’imiter les dieux, le statut de la
star devient objet de désir. Selon Morin cet irrépressible désir pousse le quidam à tenter sa chance. Il devient
alors une véritable matière première destinée à une chaîne manufacturière d’un nouveau genre, qui sélectionne
les morceaux de choix et élimine les pièces défectueuses.
"C’est après 1960 que la machine du star-system, qui transformait le plomb en or et le fiel en miel, commence
à s’enrayer". Le retour de Morin sur la tortueuse décennie des années soixante nous donne l’occasion de
revivre les destins tragiques de Marilyn Monroe, de James Dean et d’assister à l’effondrement d’une certaine
idée du star system.
Tout au long de cet ouvrage passionnant, Morin privilégie l’étude spéculative. Il relève des traces (lit des
courriers de fans, et des entretiens avec des stars, visionne des centaines de films…) et fournit un nombre
satisfaisant d’exemples, qui couvrent cinquante ans de cinéma hollywoodien.Cette volonté d’observer à la
loupe un tel phénomène et les répercussions qu’il engendre dans la dynamique sociale (identification,
fanatisme etc.) sans céder à la tentation du procès d’intention ou à l’apologie béate, rend son projet
incontournable dans le champ des recherches, hétérogènes, sur le cinéma et son industrie. Si le livre se
focalise sur le phénomène occidental de la ‘starisation’ (une étude du star-system, indien ou japonais, aurait
permis de dégager des occurrences mais aussi, sans doute, des variantes notables), Morin a très bien pressenti
qu’est la notre : la banalisation de la star.cette nouvelle réalité
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