cultures - Journées scientifiques

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Les Fonctions et Services écosystémiques
Journées scientifiques de l’Institut d'éducation à l'agro-environnement de Florac
10 mai 2016
Processus de régulation des bioagresseurs des cultures
Nathalie Smits
INRA – UMR SYSTEM – Montpellier
[email protected]
Régulation des bioagresseurs des
cultures
Bioagresseurs :
•ravageurs (dont insectes et autres arthropodes)
•maladies, majoritairement causées par des champignons
•plantes adventices (compétition pour les ressources, problèmes à la récolte,…)
Régulation : éviter les pullulations, de dépasser les seuils de nuisibilité
Biorégulation : utilisation d’auxiliaires
Lié (pays riches) à la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires / plan
Ecophyto
Quel service écosystémique ? Quels sont les mécanismes mis en jeu ?
Exemples de méthodes connues / utilisées pour favoriser la régulation par les
auxiliaires ?
Comment évaluer l’efficacité de la biorégulation ?
Services écosystémiques liés à la biorégulation
(The Economics of Ecosystems and Biodiversity, teebweb.org)
Services écosystémiques
Approvisionnement
Régulation
Habitats
naturels
Habitat
Culture
Conservation de la
diversité génétique
Prévention
Epuration Erosion Climat local Pollinisation
Lutte
évènements extrêmesEaux usées Fertilité sol Qualité air
biologique
Services écosystémiques liés à la biorégulation
Services écosystémiques
Approvisionnement
Régulation
Habitats
naturels
Habitat
Culture
Conservation de la
diversité génétique
Prévention
Epuration Erosion Climat local Pollinisation
Lutte
évènements extrêmesEaux usées Fertilité sol Qualité air
biologique
Services écosystémiques liés à la biorégulation
Services écosystémiques
Approvisionnement
Régulation
Habitats
naturels
Habitat
Culture
Conservation de la
diversité génétique
Prévention
Epuration Erosion Climat local Pollinisation
Lutte
évènements extrêmesEaux usées Fertilité sol Qualité air
biologique
Régulation des bioagresseurs :
Quels auxiliaires, quels mécanismes ?
Les auxiliaires « candidats » dépendent du bioagresseur et du contexte
(système de culture).
Maladies fongiques : champignons concurrents
ex : sécateur injecteur de souches fongiques pour protéger les plaies de taille
des tomates contre le Botrytis
Plantes adventices :
• consommation de graines (insectes, …)
• concurrence par d’autres espèces végétales
ex : enherbement semé en verger, vigne
Ravageurs :
• prédateurs
• parasites ou parasitoïdes
• (plantes)
Régulation des bioagresseurs :
Quels auxiliaires, quels mécanismes ?
Lutte biologique :
Modes d’utilisation des auxiliaires
Introduction « durable »
Introduction non persistante
Lâchers innondatifs
auxiliaire = « bio-pesticide »
Lutte biologique par conservation
(des habitats)
Roderick et Navajas, 2003
Régulation des bioagresseurs :
Quels auxiliaires, quels mécanismes ?
Biorégulation / Lutte biologique
 Présence /introduction
« durable » (« lutte
biologique classique »)
Introduire une espèce
destinée à réguler une
population considérée
comme nuisible dans une
zone où cette espèce est
absente dans l’objectif
qu’elle s’y installe
durablement
! peut se révéler dangereux nécessite beaucoup
d’études sur les effets
secondaires (exemple du
CSIRO)
Régulation des bioagresseurs :
Quels auxiliaires, quels mécanismes ?
 Introduction non persistante
Introduction d’une espèce dans le but qu’elle se reproduise sur la population
« nuisible », mais sans objectif qu’elle persiste dans le temps
Souvent considéré comme coûteux
 Lâchers innondatifs : auxiliaire = « bio-pesticide »
L’auxiliaire est multiplié et lâché en grandes quantités pour être directement
efficace en terme de régulation de la population cible
Exemple : lutte biologique contre les ravageurs sous serre
(aleurodes/punaises)
 Lutte biologique par conservation :
manipulation des habitats pour favoriser l’arrivée ou le maintien d’auxiliaires
= méthodes favorisant la biorégulation
Régulation des bioagresseurs :
Comment la favoriser ?
Question très « actuelle ».
Nombreux mécanismes, parfois antagonistes
Quelques hypothèses notamment formulées par Aiyer (1949) sur les
cultures associées et Root (1973)
Aiyer étudie les ravageurs dans les cultures associées ; il indique
que :
(1) les plantes hôtes des ravageurs sont plus dispersées donc plus
difficiles à atteindre
(2) une des espèces cultivées peut servir de plante piège en
attirant un ravageur qui serait plus nuisible à l’autre culture
(3) une des espèces peut agir en repoussant le ravageur
(barrière physique ou chimique)
Aiyer, A.K.Y.N., 1949. Mixed cropping in India. Indian J Agr Sci 19, 439-543.
(4) une des espèces peut favoriser les ennemis naturels des
ravageurs de l’autre
Root, R.B., 1973. Organization of a Plant-Arthropod Association in Simple and Diverse Habitats: The
Fauna of Collards (Brassica Oleracea). Ecological Monographs 43 (1), 95-124
Régulation des bioagresseurs :
Comment la favoriser ?
Objectif général : favoriser les auxiliaires / agents de lutte biologique sans
favoriser les bioagresseurs
Limiter les actions défavorables
Maintenir / mettre en place des conditions favorables à la régulation par les
auxiliaires
Actions défavorables à la biorégulation : exemple des acariens de la vigne
Acariens phytophages en cours de saison, favorisés par les étés chauds 
jaunissement, défoliation. Traitements acaricides
Acariens prédateurs d’acariens phytophages (Phytoséidés)
En l’absence de traitements acaricides, les Phytoséidés limitent la pullulation
d’acariens phytophages de manière suffisante dans la plupart des cas.
De plus, ils sont favorisés par la diversité végétale.
Régulation des bioagresseurs :
Comment la favoriser ?
Rôle du microclimat
Manipulation du microclimat d’une culture : pratique commune
Exemples agronomiques : favoriser l’exposition de zones fructifères au soleil
pour la maturation, protéger des tiges du vent en zone très exposée
Microclimat = climat de vie du bioagresseur et de ses ennemis naturels
Exemple : limiter le développement végétatif de la vigne pour diminuer le
temps d’humectation /mildiou
Difficulté : effets antagonistes. Si on favorise les auxilliaires, on risque de
favoriser également les ravageurs (ex : température / vitesse de
développement)
Régulation des bioagresseurs :
Comment la favoriser ?
Diversité végétale et biorégulation des ravageurs des cultures
Fig. 1 Major pathways for reducing the impact of pests and diseases via the
introduction of plant species diversity in agroecosystems (Ratnadass et al,
2012)
Régulation des bioagresseurs :
Comment la favoriser ? Rôle de la diversité
végétale
Exemples de diversité végétale au sein du système de culture
- rotations culturales : moyen de lutte (obligatoire) contre les nématodes ;
réduction des populations d’insectes du sol, épuisement des formes de
réserve des maladies en l’absence temporelle de l’hôte
- utilisation de haies, tournières enherbées, introduction de plantes
réservoirs : lutte par conservation grâce aux ennemis naturels des
ravageurs
- introduction de bandes enherbées dans les cultures : favorisent les
insectes bénéfiques du sol
- cultures (annuelles) associées (espèces, cultivars différents) : limitation
des foyers de maladies fongiques, de l’accès à la ressource pour les
ravageurs à faible dispersion
- couvre-sols en cultures pérennes (vigne, vergers)
- systèmes « intrinsèquement » plurispécifiques : systèmes agroforestiers
simples (rangées d’arbres dans une culture annuelle) ou complexes
(agroforêts tropicales) comportant une diversité végétale élevée
Régulation des bioagresseurs :
Comment la favoriser ?
Mécanismes favorisant le maintien des auxiliaires
Dépendent du mode de vie des ennemis naturels (mais toujours limiter
les phytos)
Faune auxiliaire épigée (au niveau du sol) :
carabes, araignées…
Essentiellement des actions de maintien
des habitats. Bandes enherbées, mode de
travail du sol, talus, tournières
Régulation des bioagresseurs :
Comment la favoriser ?
Mécanismes favorisant le maintien des auxiliaires
Prédateurs aériens plus ou moins
spécialistes : syrphes et coccinelles
prédateurs de pucerons, chrysopes,
punaises,…
Parasitoïdes de ravageurs : beaucoup
de micro-hyménoptères, diptères,…
Habitat :
Maintien de refuges hivernaux dans la proximité des parcelles cultivées
Nutrition :
Adultes de larves entomophages / parasitoïdes : besoin d’énergie (nectar) et de
sources azotées pour la reproduction (pollen)
Les bandes fleuries favorisent les auxiliaires des cultures
Régulation des bioagresseurs :
Comment la favoriser ?
Régulation des bioagresseurs :
Comment la favoriser ?
« Corridors à insectes » en cultures maraîchères (USA)
Régulation des bioagresseurs :
Peut-on la mesurer ?
Dans des parcelles agroforestières blé / noyer, le
blé est-il plus ou moins exposé au risque de
pullulation des pucerons des céréales ?
Muhammad et al, 2005
Sur du blé en Angleterre, taux de parasitisme de Sitobion avenae
Constat : dans les allées agroforestières, il y a moins de pucerons
et ils sont plus parasités
Altieri et Nichols, 2002
Au Portugal, vignobles agroforestiers avec arbres supports et cultures
annuelles
ou pâturages -> monoculture de vigne
augmentation des problèmes de santé des vignes (+ ravageurs et +
fongicides)
Constat : diminution du nombre d’auxiliares
Régulation des bioagresseurs :
Peut-on la mesurer ?
Expérimentation en parcelles agroforestières /
témoin en blé seul
Traitements différenciés des linéaires d’arbres
(désherbés, fleuris)
Suivi des dynamiques de 3 espèces de pucerons
et des syrphes, chrysopes et coccinelles
3 parcelles, 2 années Domaine de Restinclières,
Hérault
Régulation des bioagresseurs :
Peut-on la mesurer ?
pucerons
prédateurs
Pas de différence d’abondance des pucerons ni de leur prédateurs selon le type de
parcelle (blé seul / blé + arbres / blé + arbres avec ligne d’arbre fleurie)
Régulation des bioagresseurs :
Peut-on la mesurer ?
 Vergers de pomme avec des entretiens du sol contrastés : fleuri, sol
nu, pelouse
 Suivi sur 6 ans
 Plus grande abondance de nombreux groupes d’insectes non
phytophages y compris auxiliaires
 Pas de différence de régulation des pucerons verts selon le couvert du
Régulation des bioagresseurs :
Peut-on la mesurer?
Biological Control (2013) 65 (3), 302-311
• Plans d’Alyssum à la place (2 à 8 %) ou en plus de laitues pour
favoriser les syrphes
• Comparaison avec des laitues en monoculture
• Comparaison des productivités en biomasse
• Laitues plus petites mais biomasse globale plus importante en
Régulation des bioagresseurs :
Peut-on la mesurer?
Sur 42 études publiées : en agroforesterie, moins de plantes adventices, plus
d’auxiliaires.
Populations de ravageurs et pertes réduites sur les plantes pérennes, pas
significatif sur les plantes annuelles.
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