OBJECTIF GENERAL : INITIER DES ELEVES DE 6ème AU THEATRE par Dominique BARIATINSKY, professeur au Collège Jacques Daguerre, Cormeilles-en-Parisis professeur associé au centre IUFM d'Antony Val de Bièvre L'objectif de cette séquence a une double raison d'être. D'une part, être tout à fait dans la ligne des IO qui stipulent que pour aborder le théâtre en 6e , il faut étudier "quelques extraits de théâtre et éventuellement une courte pièce du domaine français", que "le travail s’appuie si possible sur le jeu dramatique des élèves", que "l’étude plus approfondie du dialogue et du genre théâtral sera réservée aux années ultérieures" et qui précisent dans les Accompagnements que "ce n’est qu’à partir du cycle 5e/4e que le théâtre fera l’objet d’une étude approfondie", mais qu'"on peut cependant, dès la 6e, aborder de façon rapide le théâtre, par le biais d’un ou de quelques extraits, voire d’une œuvre brève, si cela s’inscrit dans le projet pédagogique spécifique et ne conduit pas à alourdir le programme" et enfin que "le but est, ici, de situer le genre pour qu’il soit reconnu et [que]quelques-unes de ses grandes caractéristiques puissent être identifiées". D'autre part, faire en sorte que des élèves de 6e puissent mieux comprendre ce que représente le théâtre en leur permettant d'accéder à une lecture prenant en compte toutes les spécificités du genre. En effet, nos élèves sont habitués à la lecture de textes narratifs, et cherchent le plus souvent à adopter la posture de lecteur correspondant à ce genre de discours, quel que soit le texte qu'ils ont sous les yeux. Or, le texte de théâtre les déroute parce qu'il n'y a pas de narrateur, et qu'il y a des didascalies. Les lire coupe l'élan et par là-même la bonne compréhension du dialogue, ne pas les lire en gêne la compréhension dans la mesure où certains jeux de scène sont indispensables à cette bonne compréhension. D'ailleurs, si l'on propose une lecture à haute voix faite par plusieurs lecteurs, certains élèves veulent assumer la lecture de ces didascalies qu'ils associent à un rôle, celui d'un narrateur… Partant de ces considérations, il m'a semblé qu'il fallait construire une progression qui amène les élèves à lire différemment un texte de théâtre, m'appuyant sur ce qu'écrivait Molière dans son avis au lecteur pour sa pièce l'Amour Médecin: "On sait que les comédies ne sont faites que pour être jouées; et je ne conseille de lire celle-ci qu'aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre". Comment justement permettre aux élèves de visualiser ce qu'ils lisent? Séance 1 - dominante écriture Il s'agit de faire émerger les représentations des élèves afin de mieux adapter la séquence aux besoins. Ce travail est présenté comme un moment de réflexion qui ne sera pas évalué par une note chiffrée, mais bien considéré comme un outil de travail pour le professeur. Il est préférable de faire émerger les représentations par écrit, et ce pour plusieurs raisons. En premier lieu, si l'on veut en faire un outil de travail efficace, il faut pouvoir s'y référer, ce qui n'est pas possible avec un échange uniquement oral. Ensuite, cela permet de mieux cerner ces représentations, chaque élève pouvant s'exprimer, et des notions pouvant apparaître de façon récurrente, ou au contraire, manquer de façon cruciale (par exemple la notion de spectacle et de spectateur…). Je propose donc aux élèves un début de phrase, neutre, afin de les influencer le moins possible: "Pour moi, le théâtre c'est…" Ils sont invités à terminer cette phrase et à en ajouter d'autres ensuite. Cet exercice, déroutant quand il est pratiqué pour la première fois, est cependant très important car ce moment de réflexion place réellement l'élève au cœur de ses apprentissages. Enfin, même avec du métier, ces représentations réservent toujours au professeur une part de découverte. Ce travail écrit, dont la durée varie suivant les classes et selon leur habitude à pratiquer ce type d'exercice, doit être suivi d'une synthèse présentée par le professeur par la suite, afin que les élèves voient leur travail pris en considération. Néanmoins, il ne peut occuper une heure entière, et il est bon de le coupler avec la remise d'un devoir par exemple. Séance 2 – dominante oral Objectifs - pour le professeur: évaluer les connaissances des élèves - pour les élèves: enrichir le lexique Activité "Brain storming" Emprunté aux Américains qui l'utilisent beaucoup dans le domaine de la publicité, il permet de prendre en considération le "déjà-là" des élèves. C'est un exercice très enrichissant, mais qui demande au professeur une grande disponibilité, et, de ce fait, il n'est pas conseillé de le faire en dernière heure de cours de l'après-midi… Le professeur écrit au tableau le mot THEATRE et invite les élèves à donner tous les mots ou expressions qui leur viennent à l'esprit en rapport avec ce mot. Le professeur distribue la parole, écrit les mots au tableau sans classement aucun, et sans aucun commentaire. Les élèves sont prévenus qu'il ne faut pas intervenir pendant ce moment d'oral. Dans un deuxième temps, en général la deuxième moitié de l'heure, les élèves sont invités à demander des éclaircissements sur la présence d'un terme, soit parce qu'ils n'en connaissent pas le sens, soit parce qu'ils ne comprennent pourquoi ce terme a été donné. C'est l'élève qui a donné le terme mis en cause qui doit expliquer son choix à ses camarades. Le professeur ici distribue la parole, apporte une précision quand c'est nécessaire ou rectifie une erreur, mais il ne se substitue pas aux élèves qui échangent véritablement en interaction. Pendant toute cette séance, deux secrétaires ont reporté sur une feuille les mots écrits au tableau. Cela permet au professeur d'en garder une trace lorsque le tableau est effacé en fin d'heure. Comme les autres élèves n'ont rien à écrire pendant toute cette séance, il est inutile d'ouvrir les cartables, cela facilite la concentration d'élèves de 6e pendant une séance d'oral assez longue. Séance 3 - dominante vocabulaire Objectif Comprendre la polysémie du mot théâtre Support La liste photocopiée des mots donnés en deuxième séance. Dispositif Par groupes de deux élèves, puis retour au groupe classe. Activité Classement des mots du brain storming. Dans chaque groupe, les élèves disposent d'une liste, et doivent faire des regroupements en proposant des intitulés. Le retour en grand groupe et les propositions des différents petits groupes amène à un classement en deux grands ensembles: le théâtre est un bâtiment et le théâtre est un art. Travail maison Mettre en relation un terme, une définition et un numéro renvoyant à un schéma et mettant en évidence les grandes parties d'un théâtre à l'italienne. Pour le schéma, on peut se reporter au Belin 5e, édition 1997, p.194 Séance 4 - dominante orthographe Objectif Réutiliser le vocabulaire nouvellement acquis. Support "Le lever de rideau", texte de J.J. Gautier, donné en annexe, les mots soulignés étant ceux qu'on peut supprimer dans le polycopié élève. Activité Distribuer aux élèves le texte "à trous" à compléter sous la dictée. Les mots qui ont été effacés, sont des mots qui sont souvent employés quand on parle du théâtre. De plus, ce sont des mots qui ont été sous leurs yeux pendant le brain storming, et qu'ils ont à nouveau manipulé pendant le classement fait en séance 3. De ce fait, il y a une imprégnation qui s'est faite et qui doit leur permettre de faire peu d'erreurs et d'avoir leur attention à porter plutôt sur les accords. On peut envisager également de leur demander de mémoriser ces mots avant de faire cet exercice dans le cas d'une classe faible en orthographe. L'évaluation sera une évaluation positive, les points étant attribués quand le mot est correctement orthographié et accordé. Travail maison Support: la quasi totalité de la didascalie présentant le décor de La Leçon de Ionesco. Les élèves doivent dessiner le décor en respectant toutes les indications données par Ionesco. Ce travail a pour but de faire en sorte que les élèves visualisent le décor, passent de la didascalie à sa représentation. Cet exercice est par ailleurs intéressant car il constitue un exercice de "lecture-action" et qu'il fait travailler sur l'espace, ce qui n'est pas si facile pour des élèves de 6e (il suffit de se référer aux résultats de l'évaluation de début d'année…). Il n'est bien entendu aucunement question de juger le résultat sur des performances de dessin, les élèves de 6e ne maîtrisant pas la notion de perspective. Il s'agit avant tout de vérifier que tous les éléments ont bien été pris en compte. Ainsi, il est intéressant de voir comment est interprété "une porte ouvrant sur un escalier". Le résultat est souvent maladroit, mais les élèves qui refusent l'effort, "oublient" cette indication, refusant de se donner le mal de trouver une solution. Il est intéressant aussi de voir comment sont dessinés les livres: bien rangés, nombreux, peu nombreux, absents… C'est souvent le reflet du statut du livre dans la famille. Autre intérêt de cet exercice: montrer aux élèves qu'étudier le théâtre, ce n'est pas ne rien faire à la maison… Cette séquence doit être prise aussi au sérieux qu'une autre, et non comme un bon moment pendant lequel on ne fait pas grand chose! Séance 5 - dominante: jeu dramatique Objectifs Découvrir la gestuelle et comprendre la notion personne / personnage. Support Un manche à balai, le plus neutre qui soit, en bois non peint, afin de laisser toute latitude à l'imaginaire. Il est nécessaire d'aménager la salle de classe pour déterminer un espace de jeu accessible à tous les élèves. On peut mettre les tables en U, contre les murs et placer les chaises devant. Cela permet d'avoir des élèves assis sur les tables et sur les chaises, assurant à tous une bonne visibilité. Aucune chaise ne doit empiéter sur l'espace de jeu. Activité Consignes Le manche à balai est "un bâton magique", qui doit pouvoir devenir tout autre chose qu'un manche à balai selon le jeu mis en place. Tout élève qui a une idée est invité à venir la présenter en mettant le bâton en jeu, de telle sorte qu'on puisse comprendre ce qu'il représente. Bien insister sur le fait qu'il faut prendre le temps d'installer une situation, avec un début et une fin, pour que ceux qui regardent comprennent bien ce qu'on veut donner à voir. En revanche, il n'est aucunement question de jouer au jeu des devinettes. En effet, il faut laisser l'élève qui joue installer son jeu et le mener à bien dans le silence. Enfin, il se peut que sa mise en espace du bâton soit maladroite et que ceux qui regardent ne comprennent pas ce qu'il a voulu "dire". Applaudir ou ne pas le faire serait alors une sanction qui l'atteindrait dans sa personne. Or nos élèves ne sont pas des acteurs, pas plus que lorsqu'ils écrivent ils ne sont des écrivains. Ils ont donc droit à l'erreur, cet exercice étant avant tout une façon de comprendre un fonctionnement. D'ailleurs, les termes employés ne sont pas ceux des professionnels du théâtre (scène, acteur, spectateur,…) mais des termes qui correspondent à la situation d'apprenant (espace de jeu, ceux qui jouent, ceux qui regardent) Jeu Les élèves sont en demi cercle, ce qui laisse un espace de jeu visible et accessible à tous. Cet espace de jeu doit être bien délimité, afin qu'il n'y ait pas de confusion possible entre personne et personnage. En effet, les élèves de cet âge sont en construction au niveau de la personne, et il est très important de bien fixer les limites entre la réalité et le jeu. De plus, une bonne acquisition de la notion personne / personnage, indispensable dans le jeu et le théâtre, permet quand elle est correctement acquise de mieux faire comprendre la différence entre auteur et narrateur, le transfert se faisant plus aisément quand une notion est acquise "corporellement". Quand un élève a une idée, il se lève et vient prendre place dans l'espace de jeu. Il n'est pas question de faire jouer les élèves tour à tour, ce qui en mettrait certains dans une position difficile, ce qui n'est pas le but de l'exercice. Personne ne doit forcer personne à aller "se montrer". En revanche, un élève qui a envie de revenir plusieurs fois le peut tant qu'il ne prend pas la place d'un autre qui souhaiterait y aller pour la première fois. Tout se faisant sans échange verbal, rien que par le regard, cet exercice permet aussi de mettre en place "autrement" la notion de respect de l'autre. Dans le jeu, seuls les bruitages sont autorisés. Il n'est pas question de donner d' exemples avant que les jeux ne commencent. Cependant, il est important de faire prendre conscience aux élèves que l'on ne se met pas en danger, et que l'on ne met pas non plus les autres en danger. Aussi peut-on prendre deux exemples qui illustrent ces limites: le saut à la perche, le manche à balai pouvant riper sur le sol, et aucun tapis ne permettant une bonne réception, et le lancer du javelot. Les élèves trouveront alors des astuces de jeu, qui, par exemple, leur permettront de se servir du manche à balai comme d'un arc, le geste et le regard suffisant à donner à voir la flèche et sa trajectoire. Quand le jeu est bien lancé, le professeur peut (et c'est souhaitable) aller lui aussi se mettre en jeu. Personnellement, je trouve que c'est indispensable. D'une part parce que je me mets dans la même situation que les élèves, d'autre part parce que ça me permet de relancer l'imaginaire. Je choisis toujours un objet dont la taille n'a aucun rapport avec celle du manche à balai, par exemple, une aiguille à coudre. Il s'ensuit souvent des jeux avec peignes, brosses à dents,… voire des jeux où la rigidité du bâton n'est plus un obstacle (une laisse de chien). Enfin, quant à moi, j'ai du plaisir à jouer pour mes élèves, et si je ne veux pas commencer pour ne pas donner un exemple qui pourrait être paralysant, je ne vois pas pourquoi je ne trouverais pas ma place ensuite. Le rôle du professeur comme référant ne doit pas l'empêcher de se faire aussi plaisir… A peu près à la mi temps de la séance, j'ajoute un second manche à balai, ce qui permet de faire évoluer le jeu: les élèves peuvent continuer à venir seuls ou choisir de venir à plusieurs. Cela permet parfois à certains de faire le pas qu'ils n'osaient pas faire, même s'il s'agit pour eux de n'être qu'un faire-valoir. Enfin, cela introduit la notion de négociation. Bien évidemment, la parole pour "inviter" et se donner des repères de jeu est nécessaire. Mais si la consigne a été jusque là correctement respectée, cela se fait à mi-voix. Il est important de garder un petit temps à la fin de la séance pour faire part de ses impressions "à chaud". C'est toujours très intéressant. Il ne faut pas oublier aussi qu'il faut quelques minutes pour remettre la salle dans son état initial… Quelques remarques - Le démarrage est parfois un peu lent, mais c'est normal, et ça ne signifie pas qu'il faut interrompre l'exercice. C'est toujours difficile d'être le premier… - Ne pas céder à la tentation lorsque les élèves demandent de refaire une séance identique. Le moment de surprise passé, on n'est plus dans l'improvisation et les jeux ne sont plus aussi intéressants car ils perdent en spontanéité. - Ce ne sont pas toujours les leaders de la classe qui font "le spectacle"… Les gros durs veulent se mettre en jeu, mais souvent sont brouillons et sentent bien qu'ils ne font pas l'unanimité, même si l'on a pris la précaution de dire qu'on n'applaudissait pas. Il y a des silences lourds et des rires spontanés qui en disent long. En revanche, comme la parole n'est pas permise, des élèves timides se révèlent parfois d'excellents joueurs et donnent une autre image d'eux qui est toujours appréciée des camarades. Cela se sent dans les remarques qui sont faites lors de l'échange, ou dans l'acceptation de partager un jeu avec eux lors de la deuxième phase du jeu. - Ne pas autoriser la parole nécessite d'être plus précis dans le geste et permettra de mieux faire comprendre l'importance de la gestuelle au théâtre. Dans les jeux à deux ou plus, les élèves sont parfois amenés à découvrir les vertus du grommelot. - Cette séance prend toute son importance si elle est prise comme un moment d'apprentissage et non de divertissement. C'est pourquoi elle doit s'intégrer dans la séquence et ne pas être reléguée à une dernière séance récréative avant des vacances… Séance 6 - Synthèse (dominante écriture) Objectif Partir des premières découvertes pour rédiger une synthèse ayant pour but de montrer en quoi le théâtre est un art et relève d'un langage total. Supports Le dessin du décor de la Leçon de Ionesco L'expérience de jeu avec le bâton magique Activité Ecriture en commun Travail maison: apprendre la synthèse Séance 7 - dominante lecture Objectif Découvrir les spécificités du texte dramatique: répliques et didascalies. Support Topaze de Pagnol, scène 1 En photocopie pour les élèves, et si possible sur transparent pour faciliter la correction. Activité - Lecture silencieuse - Relecture, crayon à papier en main pour souligner tout ce que le comédien présent en scène devra dire. - Correction et surlignage (commencer par faire le repérage au crayon à papier permet de faire les rectifications nécessaires au moment de la correction; de plus, surligner à ce moment-là, c'est maintenir les élèves en situation d'activité et permet de maintenir leur attention à un moment où elle a tendance à se relâcher) - Synthèse permettant de comprendre le double destinataire des didascalies: le metteur en scène (et le comédien) quand il s'agit d'un spectacle, le lecteur qui doit ainsi pouvoir s'imaginer ce qu'il verrait s'il était au spectacle. Intérêt du choix de ce texte Ce texte présente de nombreuses didascalies ce qui permet de les découvrir toutes (que ce soit celles qui concernent la mise en scène: décor, costumes, intonation, gestuelle, mimique, déplacement,… ou les autres: numéro de l'acte et de la scène, nom du personnage avant la réplique,…). La situation n'est pas difficile à comprendre pour un élève de 6e puisqu'il s'agit de son quotidien. Enfin, des mots sont en italiques, ce qui obligent les élèves à donner du sens à ce qu'ils lisent et non de se repérer seulement à la présence d'une typographie différente. Travail maison: apprendre la synthèse Séance 8 - TICE si possible Objectifs - Vérifier les acquis - Manipuler les didascalies Supports - Un extrait de la scène 13 de Topaze - Le monologue du Monsieur Pierre dans La sorcière du placard aux balais de Gripari (version pour le théâtre) Activités - Vérifier les acquis en demandant aux élèves de surligner cette fois les didascalies du texte et de préciser leur rôle (Topaze) - A l'ordinateur, par groupe de deux élèves, donner le texte du monologue, dont les didascalies ont été extraites et remplacées par "(D)", suivi d'une banque de données rassemblant toutes les didascalies du monologue en désordre, auxquelles on aura ajouté 4 didascalies "pirates". En utilisant la fonction copier / coller, les élèves sont invités à retrouver le texte initial. La présence de didascalies supplémentaires qui n'ont vraiment rien à faire là (ex: Il sort un sandwich de sa poche et le mange) a pour but de forcer les élèves à donner du sens à leur lecture. Intérêt de l'utilisation de l'ordinateur Cet exercice pourrait se faire aussi sur papier, en mettant des petits numéros. Mais cela ne permet pas aux élèves de relire vraiment ce qu'ils écrivent et comme l'insertion de ces didascalies n'est pas si simple que cela (il faut prendre en considération ce qui précède et ce qui suit…), ils peuvent faire autant d'essais et de corrections qu'ils le désirent. Enfin, le tirage sur papier permet une correction facile pour le professeur: il lui suffit de surligner toutes les didascalies mal placées. Intérêt d'être par deux Des discussions intéressantes et parfois difficiles, par exemple pour savoir si la porte tremble doit précéder la porte vibre, etc… Intérêt du choix du texte Peu de difficultés de vocabulaire et de compréhension, d'autant que le texte dans sa version "conte" est souvent connu des élèves… Séance 9 - Lecture et interprétation Objectif Travailler l'intonation Support Le dialogue entre la sorcière et Monsieur Pierre qui suit le monologue. Activités - Remise et correction du travail fait à l'ordinateur - Lecture silencieuse de la suite et introduction de la notion de dialogue au théâtre. - Le texte ayant été d'abord découvert silencieusement, son sens global compris, on peut passer à une lecture dialoguée, pour découvrir l'importance de l'intonation. Cela demande de prendre en compte à la fois les didascalies et la ponctuation, ce qui permettra d'enchaîner sur une séance destinée à un travail sur la langue. - Des propositions de mise en espace Remarque Quand on fait jouer un extrait aux élèves, il est important de leur proposer des repères qui leur permettront de se situer en tant que personne ou en tant que personnage. De ce fait, on peut choisir un repère visuel, par exemple un chapeau que l'on met en tant que personnage, que l'on retire en tant que personne; un repère auditif: un des joueurs frappe dans les mains quand le jeu commence, refrappe dans les mains quand il est terminé et que les joueurs redeviennent des personnes. Travail maison Par deux, apprendre le dialogue et le mettre en espace. Séance 10 - dominante étude de la langue Objectif Maîtriser les types de phrases, leur ponctuation et l'intonation qui en résulte. Support Le dialogue entre la sorcière et Monsieur Pierre Activité De type traditionnelle Remarque Cela permet d'aider à la mémorisation du texte donné à apprendre, puisque tous les exemples sont pris dans ce texte, et que certains figurent dans la synthèse. Travail maison: apprendre la synthèse Séance 11 - dominante jeu dramatique Objectif Travailler la mémorisation, le jeu et l'interprétation. Support Le dialogue entre la sorcière et Monsieur Pierre Activité Jeu et critique Remarques - Il est bon de faire la critique des jeux. En tout état de cause, il est préférable de laisser parler d'abord les élèves qui viennent de jouer. Quant aux autres, toute critique négative doit être assortie d'une proposition de rejeu, ce qui permet des échanges plus fructueux et plus constructifs. - Dans la mesure où chaque élève a appris un rôle et où on a appris les types de phrases, il est aussi possible d'envisager un exercice d'autodictée, dans lequel la ponctuation aura un statut à part dans l'évaluation. Il suffit de donner à chaque élève un polycopié avec les répliques correspondant au rôle qu'il n'a pas appris. Cet exercice renouvelle l'idée d'autodictée, les élèves "se disant" le texte avec l'intonation qu'ils comptaient mettre dans leur interprétation orale et le ponctuant en conséquence. Séance 12 - Activité d'écriture TICE Objectif Créer des didascalies Support Le petit malade de Courteline. Le texte est reproduit en supprimant toutes les didascalies de mise en scène. Chaque didascalie est remplacée par "(D)", accompagnée éventuellement d'une précision (gestuelle, intonation, déplacement, mimique). Activité Ecriture individuelle Séance 13 - Activité de réécriture Après tirage et lecture par le professeur des premiers jets des élèves, il est bon de faire une "relance en écriture" en reprenant quelques erreurs faites par un nombre important d'élèves. En règle générale, ils ont du mal avec le passage où la mère va chercher l'enfant. Souvent, ils font se déplacer le médecin et la mère dans la chambre de l'enfant, ce qui suppose que la scène reste vide. La relance en écriture peut être alors la représentation d'un décor, afin de mieux visualiser l'action sur la scène. Les élèves sont invités à faire les améliorations nécessaires. Avec l'ordinateur, ce n'est pas très difficile, car cela ne suppose pas de tout recopier. En outre, on se trouve là dans une réelle situation de remaniement d'un premier jet qu'il est bon d'avoir tiré au préalable pour pouvoir mesurer les écarts et les prendre en considération lors de l'évaluation. La séquence peut se terminer avec ce dernier exercice, jouant le rôle de bilan. Néanmoins, il est possible de terminer par d'autres formes d'exercices, plus traditionnels, mais restant dans la ligne d'une séquence autour de la dramaturgie (voir une proposition en annexe). Séance 14 – Remise des devoirs Après remise des travaux écrits et confrontation au texte de Courteline, il est intéressant de faire émerger les nouvelles représentations des élèves, en leur proposant le début de phrase suivant: "Maintenant, pour moi, le théâtre, c'est…", que l'on peut compléter avec "Avec cette séquence, j'ai appris…" On constate souvent une différence entre les notions invoquées dans cet écrit (non évalué) et les résultat aux exercices bilan. En effet, certains élèves ont engrangé des connaissances qu'ils ne sont pas capables d'utiliser sur l'instant, une période de maturation étant nécessaire. C'est pourquoi il peut être valorisant pour eux de refaire plus tard, dans une tout autre séquence, un petit travail apparenté au théâtre. En tout état de cause, le travail en boucle est toujours bénéfique à tous. Faire émerger à nouveau les représentations est riche d'enseignements pour le professeur et lui permet de mieux cerner ses élèves et de construire les séquences ultérieures en fonction de ce qu'il aura appris à partir de ces écrits. Pendant toute cette séquence, on peut faire lire aux élèves en lecture cursive: Derrière le rideau de scène (Folio Junior - Drôles d'aventures N° 17 – Céline Alexandre et Christine Adam), facile d’accès, et qui reprend certaines des notions abordées. Un garçon de 12 ans est emmené à la Comédie Française pour son anniversaire. Cadeau empoisonné car il n’aime pas le théâtre… Mais son oncle y joue le rôle de Scapin, et lui propose de revenir pour voir une deuxième fois le spectacle, mais cette fois derrière le rideau de scène… Annexes 1. LE LEVER DU RIDEAU Le théâtre, pour moi, ce sont d'abord les trois coups. Ce sont ces quelques secondes extraordinaires et chargées d'une émotion inexprimable, ces quelques secondes où, la sonnette ayant fini de retentir, le premier des trois coups résonne, la lumière baisse progressivement dans la salle, la rampe s'allume, les toux se calment, un grand manteau de silence s'étend sur tous ces gens qui sont là, qui sont assis de haut en bas du théâtre dans l'attente de quelque chose; puis le bâton du régisseur continuant de frapper, les projecteurs se découvrent un à un. Il y a là quelques instants bouleversants. Depuis si longtemps que je viens m'asseoir dans une salle de théâtre, je ne peux pas dire qu'une seule fois je sois resté indifférent à cette attente faite de grandeur, de solennité, même d'appréhension, d'une petite angoisse et de beaucoup de curiosité. Enfin, le rideau se lève ou s'écarte. Un large soupir contenu s'échappe de toutes les poitrines. On est en place pour le "un". Et le décor est déjà apparu. Les personnages surviennent ou parlent déjà sur scène: la pièce est commencée. Le sort en est jeté. Voilà ce qu'a d'abord toujours été pour moi le théâtre. Ce commencement de cérémonie où l'on se dit malgré soi: "Ce soir, qu'est-ce que cela va être?" J.J. GAUTIER 2. Autre proposition de bilan 1. Lis le texte suivant. Il s'agit du résumé de la pièce de théâtre de Bill Martin, Par une sombre nuit de tempête. Par une nuit de tempête, un fantôme sort du mur et se met à gémir. Le tabouret lui demande pourquoi il gémit. Le fantôme répond qu'il gémit toujours les soirs de tempête. Le tabouret dit alors que, lui, va trépigner. Et il trépigne. A son tour, le balai interroge le tabouret qui lui répète le dialogue précédent. Le balai répond que, lui, va danser. Et il danse. De la même manière, la bougie dit qu'elle va se mettre à trembloter, le plancher qu'il va craquer, la porte qu'elle va claquer, le hibou qu'il va ululer, la sorcière qu'elle va tournoyer et, enfin, le vent qu'il va se mettre à souffler si fort qu'il balaiera tout sur son passage. a. Etablis la liste des "personnages" qui joueront dans cette pièce. b. Fais une description du décor. c. Transforme les trois premières lignes (jusqu'à "trépigne") en un texte de théâtre, en respectant tout ce que tu as appris. 2. Un élève de CM2 qui ne sait pas bien ce qu'est le théâtre doit apprendre un texte de théâtre. En t'appuyant sur ce que tu as appris pendant cette séquence, rédige un paragraphe dans lequel tu lui expliqueras ce qu'il doit faire pour bien se mettre dans la peau de son personnage.