Un appelé du contingent (J.L.Cerceau) : 16 mois en Algérie du 17 janvier 1961 au 24 avril 1962 Thème 4 : Colonisation et décolonisation (7- 8 heures) Le temps des dominations coloniales -le partage de l’Afrique à la fin du XIXe siècle - l’empire français au moment de l'exposition coloniale de 1931, réalités, représentations, contestations La décolonisation : deux sujets d’étude - la fin de l’empire des Indes - la Guerre d’Algérie La Guerre d’Algérie Proposition : 3 heures Ce choix d’une dotation horaire assez lourde suppose que l’autre sujet d’étude (la fin de l’Empire des Indes) soit traité en 1 heure. Suggestion de prérequis La leçon « le temps des dominations coloniales » aura placé quelques jalons : - l’ancienneté de la colonisation amorcée depuis 1830 - la particularité de l’Algérie dans l’espace colonial français : une colonisation de peuplement donc d’appropriation des terres - l’originalité du statut du territoire algérien constitué de départements français…donc partie intégrante du territoire national - le contexte d’une vague de décolonisations après la Seconde Guerre mondiale Les objectifs Faire connaître et comprendre aux élèves que : - la guerre d’Algérie fut particulièrement longue et coûteuse en vies humaines - la guerre d’indépendance est menée par un mouvement indépendantiste, le FLN, qui rejette le fait colonial et élimine ses rivaux algériens - la présence de près d’un million « d‘Européens », souvent installés depuis plusieurs générations, hostiles à l’indépendance d’un pays qu’ils estiment avoir construit -- la conjonction des aspirations des « Européens » et d’une partie de l’armée de retour d’Indochine de conserver l’Algérie française se heurte à toute velléité politique de négociation du gouvernement avec le FLN - la fracture croissante entre les Européens d’Algérie et les Français de métropole - la présence d’acteurs multiples : la métropole dont la politique évolue, les Européens dont les plus radicalisés (les ultras), le FLN et d’autres mouvements rivaux, les partis politiques, les intellectuels… Les objectifs (suite) - les répercussions nationales majeures du conflit en France (fin de la IVe, putsch, quasi guerre civile - la guerre d’indépendance est aussi une guerre civile algéroalgérienne (affrontement F.L.N. /Messalistes, F.L.N. / Harkis) - le nationalisme algérien bénéficie de soutiens internationaux qui compensent son incapacité militaire à vaincre l’armée française : pays frères, conférence de Bandung, O.N.U., EU et URSS - la guerre d’indépendance se joue à différentes échelles (en Algérie, en Métropole, à l’échelle internationale) - le rôle clef du général de Gaulle qui impose une évolution vers l’autodétermination - une guerre qui a profondément divisé les Français (crise morale et politique) et qui constitue aujourd’hui un « passé qui ne passe pas » : conflits des mémoires Notions et vocabulaire Notions : autodétermination, décolonisation, guerre, guerre civile, guérilla, internationalisation, maintien de l’ordre, pacification, rapatriement Vocabulaire : en annexe de la fiche de démarche, un lexique présente le vocabulaire spécifique de la guerre d’Algérie (utile dans l’analyse de certains documents) Problématique Pourquoi la guerre d'Algérie fut-elle longue et difficile et pourquoi a -t-elle marqué durablement les relations entre l'Algérie et la France ? La forme du cours Une démarche en trois temps associant des phases d’analyse de documents et des phases de reprises ou d’énonciation magistrale. Une démarche très guidée en raison de la complexité du sujet. Plusieurs documents sont proposés. L’enseignant choisira en fonctions de son adaptation personnelle du projet. L’introduction de courtes vidéos permet de remplacer certains des documents (textes, photographies…) proposés Les trois temps de l’analyse 1. Comment la guerre d'indépendance débute-t-elle ? (1954-1956) 2. Comment la guerre s’enlise-t-elle ? (1956-1958) 3. Dans quelles conditions le général de Gaulle met-il fin à la guerre ? (1958/1962) Schéma de la séquence la guerre d’Algérie Comment la guerre Introduction débuteProblématique t-elle ? (19541956) 20’ 45’ Comment la guerre s’enliset-elle ? (19561957) 50’ réalisation d’un schéma Dans quelles conditions le général de Gaulle met-il fin à la guerre ? (1958 /1962) 50’ Conclusion : un passé qui ne passe pas 15’ Introduction - la profusion des ouvrages depuis les années 1990 - une Guerre achevée il y a bientôt un demi-siècle - « l’œuvre coloniale » en débat - refus de la repentance (déclaration de N. Sarkozy) - diversité et parfois rivalité des associations (anciens combattants, rapatriés, Recours etc…) - 8 années de guerre et des mémoires meurtries 1. Comment la guerre d'indépendance débute-t-elle ? 1954-1956 3 temps scandent la démarche : - L’émergence d’une nouvelle génération d’indépendantistes (FLN) qui fait le choix de la lutte armée devant : . le refus des « Européens » à toute concession (blocage du projet BlumViolette en 1936, répression des soulèvements de Sétif et Guelma (mai 1945), mise en place d’une Assemblée algérienne en 1947 qui souligne, par l’existence du double collège, l’inégalité entre « Européens » et « Musulmans », . la dégradation de la situation des « Musulmans » : explosion démographique et misère urbaine - Les choix tactiques du FLN : . la guérilla (Toussaint 1954, massacres de civils, embuscades, l’utilisation du terrain et de la population musulmane) . la terreur urbaine (la volonté d’implantation à Alger) . l’implication des « Musulmans » : gagner par tous les moyens (y compris l’intimidation) la population à la cause indépendantiste… y compris sélectivement par l’élimination des « concurrents « Messalistes » (notion de guerre civile) . l’obtention du soutien international (la « question algérienne » à l’ordre du jour de l’assemblée générale de l’ONU en 1955) - Les réponses de la métropole . l’affirmation de l’intégration de l’Algérie à la France . une réponse militaire : « pacification », « maintien de l’ordre » ; une réponse militaire qui implique l’engagement de forces supplétives musulmanes (les harkis) . l’annonce de réformes (sans effets notables ) afin de conserver la confiance des « Français musulmans » . la guerre psychologique (détacher les Musulmans du FLN présenté comme un mouvement terroriste) L’expansion de l’insurrection (1954-1956) Atlas de la guerre d’Algérie, Guy Pervillé, Cécile Marin Autrement 2006 Témoignage de Jules Roy, La guerre d’Algérie, éditions Julliard, 1960 Dans les villes, on ne souffre pas de la guerre mais du terrorisme et de la répression qu’il provoque. Le FLN tue indistinctement les Musulmans qui ont trahi la cause populaire et se compromettent avec la France, jette des grenades dans les cafés, dépose des bombes dans les lieux publics ou mitraillent des voitures sur les routes. Dans la majorité des cas, ce ne sont pas des soldats en armes qui tombent mais des innocents, des femmes ou des enfants des deux communautés. Pour découvrir les réseaux du terrorisme, l’organisation DOP* enlève les hommes et les torture. Le FLN en fait autant à l‘égard de ses coreligionnaires qui ne paient pas l’impôt* ou refusent d’observer ses directives. Admettons donc que le terrorisme ne soit pas la guerre. C’est pire. C’est l’abomination considérée comme un mode normal de combat. *DOP : Détachements Opérationnels de Protection composés de militaires chargés de pratiquer les interrogatoires au moyen de la torture **L’impôt : le FLN prélève clandestinement des impôts pour financer sa lutte Organes du GPRA en Afrique du Nord Discours de François Mitterrand, ministre de l’intérieur, devant l’Assemblée nationale le 12 novembre 1954 Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, des attaques à main armée, des attentats à la bombe, des sabotages de lignes et de voies de communication, des incendies enfin ont eu lieu sur l’ensemble du territoire algérien, de Constantine à Alger et d’Alger à Oran. Voilà donc qu’un peu partout, d’un seul coup, se répand le bruit que l’Algérie est à feu et à sang. De même que le Maroc et la Tunisie ont connu ce phénomène du terrorisme individuel dans les villes et les campagnes, faut-il que l’Algérie ferme la boucle de cette ceinture du monde en révolte depuis quinze ans contre les nations qui prétendaient les tenir en tutelle. ? Eh bien ! non, cela ne sera pas, parce qu’il se trouve que l’Algérie, c’est la France, parce qu’il se trouve que les départements de l’Algérie sont les départements de la République française. Des Flandres jusqu’au Congo, s’il y a quelques différences dans l’application de nos lois, partout la loi s’impose et cette loi est la loi française (…) Les mesures que nous avons prises ont été immédiates. En l’espace de trois jours, seize compagnies républicaines de sécurité ont été transportées en Algérie… L‘opinion d’un « Européen » d’Algérie Article du colonel Bourgoin « Rassemblement de la France autour de l’Algérie qui entend rester française », L’Echo d’Alger, 14 mai 1958 Je me prends comme exemple du Français de souche métropolitaine (je le ais sans gloriole ni aucune arrière-pensée personnelle car nous sommes plus d’un million à pouvoir revendiquer des titres analogues). Tous mes ancêtres se sont fixés en Algérie entre 1838 et 1851 et il est pour cela indéniable que la souche dont je suis issu a enfoncé dans le terroir des racines profondes qu’il est maintenant impossible d’extirper. Les quatre générations de ma famille qui se succédèrent ont toutes donné des preuves de civisme et de patriotisme et chacune a laissé des morts sur les théâtres des batailles de la France. Moimême j’ai fait, sans que rien ne m’y oblige, six ans de guerre et l’unité à laquelle j’appartenais, composée mi-partie d’Algériens comme moi-même, a été choisi symboliquement pour marcher la première quand les troupes ont défilé sur les Champs-Élysées dans une France enfin libérée. Personne ne peut donc douter de ma qualité intangible de Français habitant la province algérienne (…) L’Algérie est française et le restera. Nous sommes des Français et nous le resterons, nous ne céderons pas sur ce point et entreront en lutte contre le régime, s’il entend en disposer autrement… La guerre psychologique Tract de l’armée française à destination des « Musulmans » soumis à l’impôt révolutionnaire La Une de Paris Match (3-10 septembre 1955) 2. Comment la guerre d'Algérie s'enlise-t-elle ? Le tournant de 1956/57 . montée en puissance de l’insurrection (contrôle de vastes régions de l’intérieur) . l’attribution des pouvoirs de police à l’armée en Algérie et l’envoi du contingent . une guerre qui cesse d’être pour les métropolitain une abstraction » : choc médiatique du massacre de Palestro les divisions algéro-algériennes : l’engagement des « harkis » dans l’armée française, les luttes intestines entre F.L.N. et Messalistes . la bataille d’Alger : défaite du FLN, mais crise morale majeure autour de l’emploi de la torture . crispation des « Européens » devant l’éventualité d’un décrochage entre la métropole et l’Algérie (investiture de P. Pflimlin) La guerre cesse d’être une abstraction en métropole, extrait de Le Horsain, Bernard Alexandre (curé de campagne), Plon 1988 -Allô, ici la gendarmerie de Goderville… je suis l’adjudant X. Je m’excuse, mais votre mairie n’a pas le téléphone et il me faut un correspondant… - Un accident ? - Un télégramme d’Algérie… En un éclair, je revois chacun des jeunes du village partis là-bas. la gendarmerie, je le sais, ne téléphone jamais pour un blessé… Lequel d’entre eux ? Au bout du fil, je sens l’adjudant mal à l’aise. il se doute de ce qui m’attend : annoncer à un père et à une mère : « Le petit ne reviendra pas… » - ça s’est passé pendant une patrouille à la frontière tunisienne. une embuscade. le char a reçu un coup de plein fouet au bazooka. plusieurs des gars ont été plus ou moins brûlés, mais lui…il est mort. L’adjudant n’a pas encore prononcé « le » nom. Un instant encore pour moi, le mort n’a pas de visage…et puis le couperet tombe : - Jacques T., brigadier. Vous le connaissiez ? Question pour rien, il sait bien que je connais tout le monde. Il enchaîne alors très vite : - Merci de prévenir le maire et d’aller voir la famille (…) Je cours chez le maire. C’est un homme âgé, la nouvelle le bouleverse : - J’ai honte d’annoncer ça aux parents. La Une de France Dimanche annonçant le massacre de Palestro (1956) La légitimation de la torture par le père Delarue, aumônier de la 10e division parachutiste. Extraits d’un texte lu dans toutes les unités pendant la bataille d’Alger en 1957 Nous nous trouvons en face d’une guerre d’un type nouveau, d’une guerre révolutionnaire. Nous sommes en face du terrorisme dans toute sa lâcheté, dans toute son horreur. Qu’on veuille bien se rappeler les massacres d’El Halia en août 1955 (…) Et l’on conviendra sans hésiter qu’à vrai dire il ne s ‘agit plus de faire la guerre, mais d’annihiler une entreprise d’assassinat organisée, généralisée (…) Dans l’intérêt commun, presque tous les peuples civilisés ont maintenu la peine de mort, bien qu’il y ait des erreurs de jugement et que parfois des innocents aient pu être exécutés. Et d’autre part, nous nous trouvons présentement en face d’une chaîne de crimes. En conséquence, puisqu’il est légalement permis de supprimer un meurtrier, pourquoi vouloir qualifier de monstrueux le fait de soumettre un criminel – reconnu comme tel par ailleurs, et déjà passible de mort – à un interrogatoire pénible certes, mais dont le seul but est de parvenir grâce aux révélations qu’il fera sur ces complices et ses chefs, à protéger efficacement des innocents ? La torture dénoncée par le catholique Henri Irénée Marrou, professeur de langue et civilisation latine à la Sorbonne. Extraits d’un article intitulé « France, ma patrie » Le Monde du 5 avril 1956. Je ne prononcerai que trois mots, assez chargés de sens : camps de concentration, torture et répression collective. Je ne veux scandaliser personne et ne prononcerai pas à la légère les noms sacrés de Dachau et Buchenwald ; il me suffira hélas ! d’en prononcer un autre, déjà bien lourd à porter : nous, Français avions déjà sur la conscience le camp de Gurs, et nous savons, n’ayant pas d’excuse, de quelles abominations, de quelles souffrances, au surplus politiquement toujours inutiles, s’accompagnent le recrutement des « suspects » et leur abandon aux démences concentrationnaires. Passant à la torture, je ne puis éviter de parler de « Gestapo » : partout en Algérie, la chose n’est niée par personne, ont été installés de véritables laboratoires de torture, avec baignoire électrique et tout ce qu’il faut, et cela est une honte pour le pays de la Révolution française et de l’affaire Dreyfus. Les fractures de l’opinion en France - Manifeste des 121 (extraits) publié dans Vérité-Liberté, 6 septembre 1960 Pour les Algériens, la lutte (…) ne comporte aucune équivoque. C’est une guerre d’indépendance nationale. Mais pour les Français, quelle en est la nature ? (…) Ni guerre de conquête, ni guerre de « défense nationale », ni guerre civile, la guerre d’Algérie est devenue une action propre à l’armée et à une caste qui refusent de céder devant un soulèvement dont même le pouvoir civil, se rendant compte de l’effondrement général des empires coloniaux semble prêt à reconnaître le sens (…) Les soussignés (…) déclarent : nous respectons et jugeons justifié le refus de prendre les armes contre le peuple algérien - nous respectons et jugeons justifié la conduite des Français qui estiment de leur devoir d’apporter aide et protection aux Algériens opprimés au nom du peuple français - la cause du peuple algérien, qui contribue de façon décisive à ruiner le système colonial, est la cause de tous les hommes libres… Les fractures de l’opinion en France (suite) - Contre manifeste (extraits) publié dans le Figaro du 7 octobre 1960 Le public français a vu paraître ces derniers temps(…) un certain nombre de déclarations scandaleuses. (…) les signataires du présent manifeste (…) estiment qu’un plus long silence de leur part équivaudrait à une véritable complicité. Ils dénient, d’autre part, aux apologistes de la désertion le droit de se poser en représentants de l’intelligence française. Ils font la déclaration suivante : - c’est une imposture de dire que la France combat « le peuple algérien dressé pour son indépendance ». La guerre en Algérie est une lutte imposée à la France par une minorité de rebelles fanatiques, terroristes et racistes, conduits par des chefs dont les ambitions personnelles sont évidentes armés et soutenus financièrement par l’étranger - c’est commettre un acte de trahison que de calomnier et de salir systématiquement l’armée qui se bat pour la France en Algérie. Nul n’ignore, au surplus, qu’à côté des tâches qui lui sont propres, cette armée accomplit depuis des années une mission civilisatrice (…) 3. Dans quelles conditions le général de Gaulle met-il fin à la guerre ? (1958/1962) 1 - la mort d’une République : création d’un Comité de Salut public à Alger (opposition à l’investiture de P. Pflimlin) et appel au général de Gaulle. L’investiture de de Gaulle, adoption d’une nouvelle constitution. De Gaulle espoir des « Européens », espoir d’en finir avec la guerre (partie des métropolitains), crainte d’un pouvoir personnel (à gauche) 2- les premiers choix de de Gaulle : une solution française (égalité politique en Algérie, plan de Constantine et victoire militaire avec la mise en place du plan Challe) 3- le tournant de l’autodétermination (septembre 1959) et ses motivations (impossible pérennité de la victoire militaire, le coût humain, économique et diplomatique de la guerre)…malgré un intérêt grandissant pour le Sahara (pétrole, site d’expérimentation nucléaire) 4- les ultimes résistances des Ultras : putsch 1961 et OAS 5- les accords d’Evian et les suites de l’indépendance (les rapatriés et le massacre des harkis) Le plan de Constantine La guerre d’Algérie, La Documentation française Plan Challe (les opérations) Le soutien international dont bénéficie le FLN L’action du FLN en métropole Extraits du discours télévisé du général de Gaulle du 16 septembre 1959 Grâce au progrès de la pacification, au progrès démocratique, au progrès social, on peut maintenant envisager le jour où les hommes et les femmes qui habitent l’ Algérie seront en mesure de décider de leur destin, une fois pour toutes, librement, en connaissance de cause (…) Au nom de la France et de la République, en vertu du pouvoir que m’attribue la Constitution de consulter les citoyens, pourvu que Dieu me prête vie et que le peuple m’écoute, je m’engage à demander, d’une part aux Algériens (…) ce qu’ils veulent être en définitive et, d’autre part, à tous les Français d’entériner ce que sera ce choix Le choix de de Gaulle conférence de presse du 11 avril 1961 La France n ’ a aucun intérêt à maintenir sous sa loi et sous sa dépendance une Algérie qui choisirait un autre destin (…) En effet l’Algérie nous coûte, c’est le moins qu’on puisse dire, plus cher qu’elle ne nous rapporte. Qu’il s’agisse des dépenses administratives, d’investissements économiques, d’assistance sociale, de développement culturel, ou bien d’obligations qui concernent le maintien de l’ordre, ce que nous lui fournissons en fait d’efforts, d’argent, de capacités humaines, n’a pas de contrepartie à beaucoup près équivalente. De même, il faut songer que les responsabilités que la France porte actuellement en Algérie constituent pour elle des hypothèques militaires et diplomatiques. Et c’est pourquoi, aujourd’hui, la France considérerait avec le plus grand sang-froid une situation telle que l’Algérie cessât d’appartenir à son domaine, solution qui, en d’autres temps, aurait pu paraître désastreuse pour nous et, qu’encore une fois, nous considérons actuellement d’un cour parfaitement tranquille. Putsch des généraux des 26 et 27 avril 1961 Zeller, Jouhaud, Salan et Challe Charles de Gaulle, président de la république française, Discours radiotélévisé du 23 avril 1961 (extraits) Un pouvoir insurrectionnel s ’ est établi en Algérie par un pronunciamento militaire. Les coupables de l’usurpation ont exploité la passion des cadres de certaines unités spécialisées, l ’ adhésion enflammée d ’ une partie de la population de souche européenne qu’égarent les craintes et les mythes, l’impuissance des responsables submergés par la conjuration militaire. Ce pouvoir à une apparence : un quarteron de généraux en retraite. Il a une réalité : un groupe d’officiers, partisans, ambitieux et fanatiques. Ce groupe et ce quarteron possèdent un savoir-faire expéditif et limité. Mais ils ne voient et ne comprennent la nation et le monde que déformés à travers leur frénésie. Leur entreprise conduit tout droit à un désastre national. (…) Voici l’Etat bafoué, la nation défiée, notre puissance ébranlée, notre prestige international abaissé, notre place et notre rôle en Afrique compromis. Et par qui ? hélas, hélas, hélas par des hommes dont c’était le devoir, l’honneur, la raison d’être de servir et d’obéir. Au nom de la France, j’ordonne que tous les moyens, je dis tous les moyens, soient employés pour barrer la route à ces hommes là, en attendant de les réduire. J’interdis à tout Français et, d’abord, à tout soldat d’exécuter aucun de leurs ordres (…) ayant pris l’avis officiel du Conseil constitutionnel, du Premier ministre, du président du Sénat, du président de l’Assemblée nationale, j’ai décidé de mettre en œuvre l ’ article 16 de notre constitution. À partir d’aujourd’hui, je prendrai, au besoin directement, les mesures qui paraîtront exigées par les circonstances. Par là-même, je m’affirme en la légitimité française et républicaine qui m’a été conférée par la nation, que je maintiendrai, quoi qu’il arrive, jusqu’au terme de mon mandat ou jusqu’à ce que viennent à me manquer soit le force, soit la vie (…) Françaises, Français ! Voyez où risque d’aller la France par rapport à ce qu’elle était en train de redevenir. Françaises, Français ! Aidez-moi ! Il est possible de télécharger l’intervention radiotélévisée du général de Gaulle L’attitude du contingent Le programme de l’OAS élaboré en juillet 1961 (extraits) Ce que nous voulons et espérons L’Algérie française, c’est-à-dire : l’Algérie partie intégrante de la France, de son territoire nationale qui s’étend sur les deux rives de la méditerranée (y compris bien entendu le Sahara algérien) - Mais aussi, Algérie nouvelle, fraternelle : progrès et justice sociale, réformes, amitié féconde entre communautés. À noter que l’amélioration du sort, des conditions de vie et de travail des Français de Souche musulmane en Métropole sont également de ce chapitre (…) La chute du régime gaulliste est une des conditions majeures pour atteindre notre but. C’est le préalable. Toute discussion doctrinaire sur le régime qui lui succéderait doit lui être subordonné (…) LES VOIES ET LES MOYENS En permanence, selon les objectifs et les circonstances : – Action psychologique, propagande – Action directe. La violence ? Oui, certes ; nous ne sommes pas une opposition académique. Le pouvoir ne nous ménage pas, et il trahit. Nous n’avons pas à ménager ce pouvoir de trahison et ses complices Au moment nécessaire et opportun : L’insurrection armée (…) Tract de l’O.A.S. (l’OAS brise le croissant du FLN et la Croix de Lorraine L’abandon des harkis décidé au conseil des ministres du 25 juillet 1962 (Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, Plon) Messmer : « des harkis et des fonctionnaires musulmans, les moghaznis, se disent menacés. D’où des demandes qui viennent à la fois des autorités civiles et militaires. Il faut prendre une position de principe » De Gaulle : « On ne peut pas accepter de replier tous les musulmans qui viendraient à déclarer qu’ils ne s’entendront pas avec leur gouvernement ! Le terme de rapatriés ne s’applique évidemment pas aux musulmans : ils ne retournent pas dans la terre de leurs pères ! Dans leur cas, il ne saurait s’agir que de réfugiés ! Mais on ne peut les recevoir en France comme tels, que s’ils couraient des dangers » Le retour des rapatriés à Marseille Conclusion Un passé qui ne passe pas -l’abondance des productions de la recherche historique sur la guerre d’Algérie -l’ampleur des manifestations du souvenir à l’occasion du cinquantenaire du cessez-le-feu -persistance des débats sur la question de la torture - persistance des nostalgiques de l’Algérie française - le retour du « refoulé » colonial - l’émergence de mémoires conflictuelles (débats sur la date de commémoration de la fin de la Guerre d’Algérie), rivalités des associations liées à la guerre d’Algérie - l’instrumentalisation de la mémoire de la guerre d’Algérie par le FLN pour légitimer son pouvoir