La Guerre d - Cyberhistoiregeo.fr

publicité
Un appelé du contingent (J.L.Cerceau) : 16 mois en Algérie du
17 janvier 1961 au 24 avril 1962
Thème 4 : Colonisation et décolonisation
(7- 8 heures)
Le temps des dominations coloniales
-le partage de l’Afrique à la fin du XIXe siècle
- l’empire français au moment de l'exposition coloniale
de 1931, réalités, représentations, contestations
La décolonisation : deux sujets d’étude
- la fin de l’empire des Indes
- la Guerre d’Algérie
La Guerre d’Algérie
Proposition : 3 heures
Ce choix d’une dotation horaire assez lourde suppose que l’autre sujet
d’étude (la fin de l’Empire des Indes) soit traité en 1 heure.
Suggestion de prérequis
La leçon « le temps des dominations coloniales » aura placé quelques
jalons :
- l’ancienneté de la colonisation amorcée depuis 1830
- la particularité de l’Algérie dans l’espace colonial français : une
colonisation de peuplement donc d’appropriation des terres
- l’originalité du statut du territoire algérien constitué de départements
français…donc partie intégrante du territoire national
- le contexte d’une vague de décolonisations après la Seconde Guerre
mondiale
Les objectifs
Faire connaître et comprendre aux élèves que :
- la guerre d’Algérie fut particulièrement longue et coûteuse en
vies humaines
- la guerre d’indépendance est menée par un mouvement
indépendantiste, le FLN, qui rejette le fait colonial et élimine ses
rivaux algériens
- la présence de près d’un million « d‘Européens », souvent
installés depuis plusieurs générations, hostiles à l’indépendance
d’un pays qu’ils estiment avoir construit
-- la conjonction des aspirations des « Européens » et d’une partie de
l’armée de retour d’Indochine de conserver l’Algérie française se
heurte à toute velléité politique de négociation du gouvernement avec
le FLN
- la fracture croissante entre les Européens d’Algérie et les
Français de métropole
- la présence d’acteurs multiples : la métropole dont la politique
évolue, les Européens dont les plus radicalisés (les ultras), le FLN
et d’autres mouvements rivaux, les partis politiques, les
intellectuels…
Les objectifs (suite)
- les répercussions nationales majeures du conflit en France (fin
de la IVe, putsch, quasi guerre civile
- la guerre d’indépendance est aussi une guerre civile algéroalgérienne (affrontement F.L.N. /Messalistes, F.L.N. / Harkis)
- le nationalisme algérien bénéficie de soutiens internationaux qui
compensent son incapacité militaire à vaincre l’armée française :
pays frères, conférence de Bandung, O.N.U., EU et URSS
- la guerre d’indépendance se joue à différentes échelles (en
Algérie, en Métropole, à l’échelle internationale)
- le rôle clef du général de Gaulle qui impose une évolution vers
l’autodétermination
- une guerre qui a profondément divisé les Français (crise morale
et politique) et qui constitue aujourd’hui un « passé qui ne passe
pas » : conflits des mémoires
Notions et vocabulaire
Notions :
autodétermination,
décolonisation,
guerre,
guerre civile,
guérilla,
internationalisation,
maintien de l’ordre,
pacification,
rapatriement
Vocabulaire : en annexe de la fiche de démarche, un
lexique présente le vocabulaire spécifique de la guerre
d’Algérie (utile dans l’analyse de certains documents)
Problématique
Pourquoi la guerre d'Algérie fut-elle longue et
difficile et pourquoi a -t-elle marqué durablement
les relations entre l'Algérie et la France ?
La forme du cours
Une démarche en trois temps associant des phases
d’analyse de documents et des phases de reprises ou
d’énonciation magistrale.
Une démarche très guidée en raison de la complexité
du sujet.
Plusieurs documents sont proposés. L’enseignant
choisira en fonctions de son adaptation personnelle du
projet.
L’introduction de courtes vidéos permet de remplacer certains
des documents (textes, photographies…) proposés
Les trois temps de l’analyse
1. Comment la guerre d'indépendance débute-t-elle ?
(1954-1956)
2. Comment la guerre s’enlise-t-elle ?
(1956-1958)
3. Dans quelles conditions le général de Gaulle met-il fin
à la guerre ?
(1958/1962)
Schéma de la séquence la guerre d’Algérie
Comment la
guerre
Introduction
débuteProblématique
t-elle ?
(19541956)
20’
45’
Comment
la guerre
s’enliset-elle ?
(19561957)
50’
réalisation d’un schéma
Dans
quelles
conditions
le général
de Gaulle
met-il fin
à la
guerre ?
(1958
/1962)
50’
Conclusion
:
un passé
qui ne
passe pas
15’
Introduction
- la profusion des ouvrages depuis les années 1990
- une Guerre achevée il y a bientôt un demi-siècle
- « l’œuvre coloniale » en débat
- refus de la repentance (déclaration de N. Sarkozy)
- diversité et parfois rivalité des associations (anciens
combattants, rapatriés, Recours etc…)
- 8 années de guerre et des mémoires meurtries
1. Comment la guerre d'indépendance débute-t-elle ?
1954-1956
3 temps scandent la démarche :
- L’émergence d’une nouvelle génération d’indépendantistes (FLN) qui fait le
choix de la lutte armée devant :
. le refus des « Européens » à toute concession (blocage du projet BlumViolette en 1936, répression des soulèvements de Sétif et Guelma (mai 1945),
mise en place d’une Assemblée algérienne en 1947 qui souligne, par l’existence
du double collège, l’inégalité entre « Européens » et « Musulmans »,
. la dégradation de la situation des « Musulmans » : explosion démographique et
misère urbaine
- Les choix tactiques du FLN :
. la guérilla (Toussaint 1954, massacres de civils, embuscades, l’utilisation du
terrain et de la population musulmane)
. la terreur urbaine (la volonté d’implantation à Alger)
. l’implication des « Musulmans » : gagner par tous les moyens (y compris
l’intimidation) la population à la cause indépendantiste… y compris
sélectivement par l’élimination des « concurrents « Messalistes » (notion de
guerre civile)
. l’obtention du soutien international (la « question algérienne » à l’ordre du
jour de l’assemblée générale de l’ONU en 1955)
- Les réponses de la métropole
. l’affirmation de l’intégration de l’Algérie à la France
. une réponse militaire : « pacification », « maintien de l’ordre » ; une réponse
militaire qui implique l’engagement de forces supplétives musulmanes (les
harkis)
. l’annonce de réformes (sans effets notables ) afin de conserver la confiance
des « Français musulmans »
. la guerre psychologique (détacher les Musulmans du FLN présenté comme un
mouvement terroriste)
L’expansion de l’insurrection (1954-1956)
Atlas de la guerre d’Algérie, Guy Pervillé, Cécile Marin Autrement 2006
Témoignage de Jules Roy, La guerre d’Algérie,
éditions Julliard, 1960
Dans les villes, on ne souffre pas de la guerre mais du terrorisme et de
la répression qu’il provoque. Le FLN tue indistinctement les Musulmans
qui ont trahi la cause populaire et se compromettent avec la France,
jette des grenades dans les cafés, dépose des bombes dans les lieux
publics ou mitraillent des voitures sur les routes. Dans la majorité des
cas, ce ne sont pas des soldats en armes qui tombent mais des
innocents, des femmes ou des enfants des deux communautés. Pour
découvrir les réseaux du terrorisme, l’organisation DOP* enlève les
hommes et les torture. Le FLN en fait autant à l‘égard de ses
coreligionnaires qui ne paient pas l’impôt* ou refusent d’observer ses
directives. Admettons donc que le terrorisme ne soit pas la guerre. C’est
pire. C’est l’abomination considérée comme un mode normal de combat.
*DOP : Détachements Opérationnels de Protection composés de militaires
chargés de pratiquer les interrogatoires au moyen de la torture
**L’impôt : le FLN prélève clandestinement des impôts pour financer sa lutte
Organes du GPRA en Afrique du Nord
Discours de François Mitterrand, ministre de l’intérieur, devant
l’Assemblée nationale le 12 novembre 1954
Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, des attaques à main armée,
des attentats à la bombe, des sabotages de lignes et de voies de
communication, des incendies enfin ont eu lieu sur l’ensemble du
territoire algérien, de Constantine à Alger et d’Alger à Oran. Voilà donc
qu’un peu partout, d’un seul coup, se répand le bruit que l’Algérie est à
feu et à sang. De même que le Maroc et la Tunisie ont connu ce
phénomène du terrorisme individuel dans les villes et les campagnes,
faut-il que l’Algérie ferme la boucle de cette ceinture du monde en
révolte depuis quinze ans contre les nations qui prétendaient les tenir
en tutelle. ? Eh bien ! non, cela ne sera pas, parce qu’il se trouve que
l’Algérie, c’est la France, parce qu’il se trouve que les départements de
l’Algérie sont les départements de la République française. Des Flandres
jusqu’au Congo, s’il y a quelques différences dans l’application de nos lois,
partout la loi s’impose et cette loi est la loi française (…) Les mesures
que nous avons prises ont été immédiates. En l’espace de trois jours,
seize compagnies républicaines de sécurité ont été transportées en
Algérie…
L‘opinion d’un « Européen » d’Algérie
Article du colonel Bourgoin « Rassemblement de la France autour de l’Algérie qui
entend rester française », L’Echo d’Alger, 14 mai 1958
Je me prends comme exemple du Français de souche métropolitaine (je le ais
sans gloriole ni aucune arrière-pensée personnelle car nous sommes plus d’un
million à pouvoir revendiquer des titres analogues). Tous mes ancêtres se sont
fixés en Algérie entre 1838 et 1851 et il est pour cela indéniable que la souche
dont je suis issu a enfoncé dans le terroir des racines profondes qu’il est
maintenant impossible d’extirper. Les quatre générations de ma famille qui se
succédèrent ont toutes donné des preuves de civisme et de patriotisme et
chacune a laissé des morts sur les théâtres des batailles de la France. Moimême j’ai fait, sans que rien ne m’y oblige, six ans de guerre et l’unité à
laquelle j’appartenais, composée mi-partie d’Algériens comme moi-même, a été
choisi symboliquement pour marcher la première quand les troupes ont défilé
sur les Champs-Élysées dans une France enfin libérée. Personne ne peut donc
douter de ma qualité intangible de Français habitant la province algérienne (…)
L’Algérie est française et le restera. Nous sommes des Français et nous le
resterons, nous ne céderons pas sur ce point et entreront en lutte contre le
régime, s’il entend en disposer autrement…
La guerre psychologique
Tract de l’armée française à
destination des « Musulmans »
soumis à l’impôt
révolutionnaire
La Une de Paris Match
(3-10 septembre 1955)
2. Comment la guerre d'Algérie s'enlise-t-elle ?
Le tournant de 1956/57
. montée en puissance de l’insurrection (contrôle de vastes régions
de l’intérieur)
. l’attribution des pouvoirs de police à l’armée en Algérie et l’envoi
du contingent
. une guerre qui cesse d’être pour les métropolitain une
abstraction » : choc médiatique du massacre de Palestro
les divisions algéro-algériennes : l’engagement des « harkis » dans
l’armée française, les luttes intestines entre F.L.N. et Messalistes
. la bataille d’Alger : défaite du FLN, mais crise morale majeure
autour de l’emploi de la torture
. crispation des « Européens » devant l’éventualité d’un décrochage
entre la métropole et l’Algérie (investiture de P. Pflimlin)
La guerre cesse d’être une abstraction en métropole, extrait de Le
Horsain, Bernard Alexandre (curé de campagne), Plon 1988
-Allô, ici la gendarmerie de Goderville… je suis l’adjudant X. Je m’excuse, mais
votre mairie n’a pas le téléphone et il me faut un correspondant…
- Un accident ?
- Un télégramme d’Algérie…
En un éclair, je revois chacun des jeunes du village partis là-bas. la gendarmerie,
je le sais, ne téléphone jamais pour un blessé… Lequel d’entre eux ?
Au bout du fil, je sens l’adjudant mal à l’aise. il se doute de ce qui m’attend :
annoncer à un père et à une mère : « Le petit ne reviendra pas… »
- ça s’est passé pendant une patrouille à la frontière tunisienne. une embuscade. le
char a reçu un coup de plein fouet au bazooka. plusieurs des gars ont été plus ou
moins brûlés, mais lui…il est mort.
L’adjudant n’a pas encore prononcé « le » nom. Un instant encore pour moi, le
mort n’a pas de visage…et puis le couperet tombe :
- Jacques T., brigadier. Vous le connaissiez ?
Question pour rien, il sait bien que je connais tout le monde. Il enchaîne alors très
vite :
- Merci de prévenir le maire et d’aller voir la famille (…) Je cours chez le maire.
C’est un homme âgé, la nouvelle le bouleverse :
- J’ai honte d’annoncer ça aux parents.
La Une de France Dimanche
annonçant le massacre de
Palestro (1956)
La légitimation de la torture par le père Delarue, aumônier de la 10e
division parachutiste. Extraits d’un texte lu dans toutes les unités
pendant la bataille d’Alger en 1957
Nous nous trouvons en face d’une guerre d’un type nouveau, d’une
guerre révolutionnaire. Nous sommes en face du terrorisme dans toute
sa lâcheté, dans toute son horreur. Qu’on veuille bien se rappeler les
massacres d’El Halia en août 1955 (…) Et l’on conviendra sans hésiter
qu’à vrai dire il ne s ‘agit plus de faire la guerre, mais d’annihiler une
entreprise d’assassinat organisée, généralisée (…)
Dans l’intérêt commun, presque tous les peuples civilisés ont maintenu
la peine de mort, bien qu’il y ait des erreurs de jugement et que parfois
des innocents aient pu être exécutés. Et d’autre part, nous nous
trouvons présentement en face d’une chaîne de crimes. En
conséquence, puisqu’il est légalement permis de supprimer un
meurtrier, pourquoi
vouloir qualifier de monstrueux le fait de
soumettre un criminel – reconnu comme tel par ailleurs, et déjà
passible de mort – à un interrogatoire pénible certes, mais dont le seul
but est de parvenir grâce aux révélations qu’il fera sur ces complices
et ses chefs, à protéger efficacement des innocents ?
La torture dénoncée par le catholique Henri Irénée Marrou,
professeur de langue et civilisation latine à la Sorbonne. Extraits
d’un article intitulé « France, ma patrie » Le Monde du 5 avril
1956.
Je ne prononcerai que trois mots, assez chargés de sens : camps de
concentration, torture et répression collective. Je ne veux
scandaliser personne et ne prononcerai pas à la légère les noms
sacrés de Dachau et Buchenwald ; il me suffira hélas ! d’en prononcer
un autre, déjà bien lourd à porter : nous, Français avions déjà sur la
conscience le camp de Gurs, et nous savons, n’ayant pas d’excuse, de
quelles abominations, de quelles souffrances, au surplus politiquement
toujours inutiles, s’accompagnent le recrutement des « suspects » et
leur abandon aux démences concentrationnaires. Passant à la torture,
je ne puis éviter de parler de « Gestapo » : partout en Algérie, la
chose n’est niée par personne, ont été installés de véritables
laboratoires de torture, avec baignoire électrique et tout ce qu’il
faut, et cela est une honte pour le pays de la Révolution française et
de l’affaire Dreyfus.
Les fractures de l’opinion en France
- Manifeste des 121 (extraits) publié dans Vérité-Liberté, 6 septembre
1960
Pour les Algériens, la lutte (…) ne comporte aucune équivoque. C’est une guerre
d’indépendance nationale. Mais pour les Français, quelle en est la nature ? (…)
Ni guerre de conquête, ni guerre de « défense nationale », ni guerre civile, la
guerre d’Algérie est devenue une action propre à l’armée et à une caste qui
refusent de céder devant un soulèvement dont même le pouvoir civil, se
rendant compte de l’effondrement général des empires coloniaux semble prêt
à reconnaître le sens (…)
Les soussignés (…) déclarent :
nous respectons et jugeons justifié le refus de prendre les armes contre le
peuple algérien
- nous respectons et jugeons justifié la conduite des Français qui estiment de
leur devoir d’apporter aide et protection aux Algériens opprimés au nom du
peuple français
- la cause du peuple algérien, qui contribue de façon décisive à ruiner le
système colonial, est la cause de tous les hommes libres…
Les fractures de l’opinion en France (suite)
- Contre manifeste (extraits) publié dans le Figaro du 7 octobre 1960
Le public français a vu paraître ces derniers temps(…) un certain nombre de
déclarations scandaleuses.
(…) les signataires du présent manifeste (…) estiment qu’un plus long silence
de leur part équivaudrait à une véritable complicité. Ils dénient, d’autre part,
aux apologistes de la désertion le droit de se poser en représentants de
l’intelligence française.
Ils font la déclaration suivante :
- c’est une imposture de dire que la France combat « le peuple algérien
dressé pour son indépendance ». La guerre en Algérie est une lutte imposée à
la France par une minorité de rebelles fanatiques, terroristes et racistes,
conduits par des chefs dont les ambitions personnelles sont évidentes armés et soutenus financièrement par l’étranger
- c’est commettre un acte de trahison que de calomnier et de salir
systématiquement l’armée qui se bat pour la France en Algérie. Nul n’ignore,
au surplus, qu’à côté des tâches qui lui sont propres, cette armée accomplit
depuis des années une mission civilisatrice (…)
3. Dans quelles conditions le général de Gaulle met-il fin à la guerre ?
(1958/1962)
1 - la mort d’une République : création d’un Comité de Salut public à
Alger (opposition à l’investiture de P. Pflimlin) et appel au général de
Gaulle. L’investiture de de Gaulle, adoption d’une nouvelle constitution.
De Gaulle espoir des « Européens », espoir d’en finir avec la guerre
(partie des métropolitains), crainte d’un pouvoir personnel (à gauche)
2- les premiers choix de de Gaulle : une solution française (égalité
politique en Algérie, plan de Constantine et victoire militaire avec la
mise en place du plan Challe)
3- le tournant de l’autodétermination (septembre 1959) et ses
motivations (impossible pérennité de la victoire militaire, le coût
humain, économique et diplomatique de la guerre)…malgré un intérêt
grandissant pour le Sahara (pétrole, site d’expérimentation nucléaire)
4- les ultimes résistances des Ultras : putsch 1961 et OAS
5- les accords d’Evian et les suites de l’indépendance (les rapatriés
et le massacre des harkis)
Le plan de Constantine
La guerre d’Algérie, La Documentation française
Plan Challe (les opérations)
Le soutien international dont bénéficie le FLN
L’action du FLN en métropole
Extraits du discours télévisé du général de Gaulle du 16 septembre
1959
Grâce au progrès de la pacification, au progrès démocratique,
au progrès social, on peut maintenant envisager le jour où les
hommes et les femmes qui habitent l’ Algérie seront en
mesure de décider de leur destin, une fois pour toutes,
librement, en connaissance de cause (…) Au nom de la
France et de la République, en vertu du pouvoir que
m’attribue la Constitution de consulter les citoyens, pourvu
que Dieu me prête vie et que le peuple m’écoute, je
m’engage à demander, d’une part aux Algériens (…) ce qu’ils
veulent être en définitive et, d’autre part, à tous les Français
d’entériner ce que sera ce choix
Le choix de de Gaulle
conférence de presse du 11 avril 1961
La France n ’ a aucun intérêt à maintenir sous sa loi et sous sa
dépendance une Algérie qui choisirait un autre destin (…) En effet
l’Algérie nous coûte, c’est le moins qu’on puisse dire, plus cher qu’elle
ne nous rapporte. Qu’il s’agisse des dépenses administratives,
d’investissements
économiques,
d’assistance
sociale,
de
développement culturel, ou bien d’obligations qui concernent le
maintien de l’ordre, ce que nous lui fournissons en fait d’efforts,
d’argent, de capacités humaines, n’a pas de contrepartie à beaucoup
près équivalente.
De même, il faut songer que les responsabilités que la France porte
actuellement en Algérie constituent pour elle des hypothèques
militaires et diplomatiques. Et c’est pourquoi, aujourd’hui, la France
considérerait avec le plus grand sang-froid une situation telle que
l’Algérie cessât d’appartenir à son domaine, solution qui, en d’autres
temps, aurait pu paraître désastreuse pour nous et, qu’encore une
fois, nous considérons actuellement d’un cour parfaitement
tranquille.
Putsch des généraux des 26 et 27 avril 1961
Zeller, Jouhaud, Salan et Challe
Charles de Gaulle, président de la république française,
Discours radiotélévisé du 23 avril 1961 (extraits)
Un pouvoir insurrectionnel s ’ est établi en Algérie par un
pronunciamento militaire. Les coupables de l’usurpation ont exploité la
passion des cadres de certaines unités spécialisées, l ’ adhésion
enflammée d ’ une partie de la population de souche européenne
qu’égarent les craintes et les mythes, l’impuissance des responsables
submergés par la conjuration militaire.
Ce pouvoir à une apparence : un quarteron de généraux en retraite. Il a
une réalité : un groupe d’officiers, partisans, ambitieux et fanatiques.
Ce groupe et ce quarteron possèdent un savoir-faire expéditif et
limité. Mais ils ne voient et ne comprennent la nation et le monde que
déformés à travers leur frénésie. Leur entreprise conduit tout droit à
un désastre national.
(…) Voici l’Etat bafoué, la nation défiée, notre puissance ébranlée,
notre prestige international abaissé, notre place et notre rôle en
Afrique compromis. Et par qui ? hélas, hélas, hélas par des hommes dont
c’était le devoir, l’honneur, la raison d’être de servir et d’obéir.
Au nom de la France, j’ordonne que tous les moyens, je dis tous les
moyens, soient employés pour barrer la route à ces hommes là, en
attendant de les réduire. J’interdis à tout Français et, d’abord, à
tout soldat d’exécuter aucun de leurs ordres (…) ayant pris l’avis
officiel du Conseil constitutionnel, du Premier ministre, du président
du Sénat, du président de l’Assemblée nationale, j’ai décidé de
mettre en œuvre l ’ article 16 de notre constitution. À partir
d’aujourd’hui, je prendrai, au besoin directement, les mesures qui
paraîtront exigées par les circonstances. Par là-même, je m’affirme
en la légitimité française et républicaine qui m’a été conférée par la
nation, que je maintiendrai, quoi qu’il arrive, jusqu’au terme de mon
mandat ou jusqu’à ce que viennent à me manquer soit le force, soit la
vie (…)
Françaises, Français ! Voyez où risque d’aller la France par rapport à
ce qu’elle était en train de redevenir.
Françaises, Français ! Aidez-moi !
Il est possible de télécharger l’intervention radiotélévisée du général de Gaulle
L’attitude du contingent
Le programme de l’OAS élaboré en juillet 1961 (extraits)
Ce que nous voulons et espérons
L’Algérie française, c’est-à-dire :
l’Algérie partie intégrante de la France, de son territoire nationale qui s’étend
sur les deux rives de la méditerranée (y compris bien entendu le Sahara
algérien)
- Mais aussi, Algérie nouvelle, fraternelle : progrès et justice sociale,
réformes, amitié féconde entre communautés. À noter que l’amélioration du
sort, des conditions de vie et de travail des Français de Souche musulmane en
Métropole sont également de ce chapitre (…)
La chute du régime gaulliste est une des conditions majeures pour atteindre
notre but. C’est le préalable. Toute discussion doctrinaire sur le régime qui lui
succéderait doit lui être subordonné (…)
LES VOIES ET LES MOYENS
En permanence, selon les objectifs et les circonstances :
– Action psychologique, propagande
– Action directe. La violence ? Oui, certes ; nous ne sommes pas une
opposition académique. Le pouvoir ne nous ménage pas, et il trahit. Nous
n’avons pas à ménager ce pouvoir de trahison et ses complices
Au moment nécessaire et opportun :
L’insurrection armée (…)
Tract de l’O.A.S.
(l’OAS brise le croissant du FLN
et la Croix de Lorraine
L’abandon des harkis décidé au conseil des ministres du 25
juillet 1962 (Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, Plon)
Messmer : « des harkis et des fonctionnaires musulmans,
les moghaznis, se disent menacés. D’où des demandes
qui viennent à la fois des autorités civiles et militaires. Il
faut prendre une position de principe »
De Gaulle : « On ne peut pas accepter de replier tous les
musulmans qui viendraient à déclarer qu’ils ne
s’entendront pas avec leur gouvernement ! Le terme de
rapatriés ne s’applique évidemment pas aux musulmans :
ils ne retournent pas dans la terre de leurs pères ! Dans
leur cas, il ne saurait s’agir que de réfugiés ! Mais on ne
peut les recevoir en France comme tels, que s’ils couraient
des dangers »
Le retour des rapatriés à Marseille
Conclusion
Un passé qui ne passe pas
-l’abondance des productions de la recherche historique sur
la guerre d’Algérie
-l’ampleur des manifestations du souvenir à l’occasion du
cinquantenaire du cessez-le-feu
-persistance des débats sur la question de la torture
- persistance des nostalgiques de l’Algérie française
- le retour du « refoulé » colonial
- l’émergence de mémoires conflictuelles (débats sur la date
de commémoration de la fin de la Guerre d’Algérie),
rivalités des associations liées à la guerre d’Algérie
- l’instrumentalisation de la mémoire de la guerre d’Algérie
par le FLN pour légitimer son pouvoir
Téléchargement