JOLLIEN A. : " Eloge de la faiblesse ", les Editions du Cerf, Paris

publicité
JOLLIEN A. : " Eloge de la faiblesse ", les Editions du Cerf, Paris, 1999.
Préambule et analyses.
Il faudra croiser ce livre avec les livres et les documents issus du livre d'Albert Jacquard "l'Eloge de la
différence", aux éditions du seuil en 1981, ainsi que le texte de notre D.E.A. sur Darwin.
On pourra aussi croiser les regards, avec les missions de Daniel Mermet," là-bas si j'y suis" émission audio
phonique sur le handicap lundi et mardi 15 et 16 septembre 2003 de 17 à 18 h sur France Inter. C'est
l'histoire de Nicole et Philippe "handicapés" dits mentaux. On retrouve dans cette histoire de dialogue
philosophique, de nombreux témoignages, sur les centres de soins, les ateliers protégés, qui sont sources de
traumatisme pour la personne handicapée.
Sur le rire et la misère profonde. Yann un infirme moteur cérébral qui me dit "courage" pour ma réunion lors
de la réunion du SACEH le mercredi 24 septembre à 17 h.
L'association des étudiants handicapés d'Orléans revendique le droit de vivre, d'étudier et de travailler ce qui
est encore loin d'être le cas.
Page 24.
"Totalement grabataire, Jean ne pouvaient ni parler, ni marché, ni même se tenir assis tout seul.. Il savait très
bien qu'il ne marcherait jamais, à travers son humble présence, sans parole, sans geste, avec la justesse que
donne des vraies tendresses, il avait cependant accompagné chacun de mes pas. Mais jambes devenaient les
siennes. On aurait dit qu'il apprenait lui-même a marcher ".
Mon analyse.
Éduquer les jeunes à voir le rire, la joie chez l'autre. Éduquer à voir les plus faibles réussir. C'est le concept
du plus un pour l'humanité.
Page 34
"Chaque jour, il ne fallait nous remettre à l'ouvrage, résoudre les difficultés, une par une, assurer notre
condition, rester debout. Voilà notre travail, notre véritable vocation, ce que j'appelle, faute de mieux le
métier d'hommes."
Notre analyse.
Le quotidien dans le centre Médicale 1975, qu'il n'y a que vingt-huit ans ! C'est d'aujourd'hui. Les infirmes
moteurs cérébraux souffrent encore de cela. Une philosophie pour vivre l'a vraiment aidée à surmonter ces
dures années.
Page 36
"Il m'a obligé à entrer, à pénétrer dans mon histoire, dans mes faiblesses, dans mon l'humanité. Quand il me
demandait comment j'allais, Jérôme voulait simplement signifier qu'il était content que j'existe, qu'il était
content d'exister, malgré le caractère abîmé de nos existences.
Mon analyse.
Le plus faible montre la voix, il n'y a qu'à se référer au dialogue et aux entretiens que j'ai faits durant ma
recherche. Le dialogue que j'ai eu avec Yann. Celui qui me dit courage à moi le valide ! La parole et l'écoute
de l'autre la présence aussi de l'autre qui permet à tous de se construire dans le monde social.
De croiser ces regards avec l'oeuvre de Henri Jacques Sticker, de Michel Serres d'Albert, Albert Jacquard
ainsi que les thèses sur la Défectologie de Vygotsky qui met au coeur de son concept : l'éducation.
Page 38.
"Le contact s'établissait grâce à des simples gestes ou à des regards... Le regard et le geste atténuaient
l'isolement... J'ai emporté dans mes bagages la chaleur qui régnait entre nous".
Mon analyse.
Cet extrait vient du dialogue entre Socrate et Alexandre Jollien : la philosophie qui nous fait réfléchir aux
vivre ensemble : c'est bien le troisième axe de la définition de la philosophie que l'on retrouve dans le livre
de Jean-François Dortier et philosophie contemporaine. Le corps est important malgré tous on ne peut se
1
passer de lui comme le souligne Maurice Merleau-Ponty dans son livre la phénoménologie de la perception.
On retrouve toujours le poids de ces regards, des gestes chaleureux car dans l'autre monde Le Monde du
handicap, la violence symbolique et le traumatisme est toujours présent. On retrouve le lobby et le pouvoir
médical dans ces institutions à travers de nombreux témoignages, dans les textes de loi, ainsi que dans de
nombreuse histoire de vie. Nous ajoutons que le dialogue, un dialogue lent et patient pourrait aider à
dépasser les rancoeurs et l'isolement ainsi que la solitude.
Page 41.
"Tous ces événements ne firent prendre conscience que j'appartenais "un autre monde". Dès lors, il fallait
tout mettre en oeuvre pour s'intégrer, pour apprendre le langage de ce monde, s'est code et ces interdits. Je
commençais par observer ".
Mon analyse.
Et si la porte d'entrée c'était le faible, le cancre, le handicapé pour notre monde comme le souligne le
philosophe Michel Serres dans son émission sur l'histoire des sciences.
Page 42 et 43.
"Je me rappelle toujours cet esprit rebelle à qui j'adressais ma salutation habituelle « soit sage ! ». Un jour, il
répondit... « Et toi, marcher droit ! ». Suis-je moins libre que les autres ? Se trouva-t-il toujours quelqu'un
qui au-delà de sa peur, me rappellerait en toute bonne foi, que je suis handicapé."
Mon analyse.
Le mépris est toujours tonique, la pitié méprisante et indigne c'est ce qu'indique Alexandre Jollien dans son
livre Eloge de la faiblesse. Oui, malgré tout l'escargot portera toujours sa coquille. Il faut se poser question
de la guérison. Que restera-t-il ? George Canguilhem me nous dit que « aucune guérison n'est retour à
l'innocence biologique en 1966 dans la page couverture du « normal et du pathologique ».
Page 44 et 45.
"Jamais nous ne parvenions à discuter d'un individu à un individu : nous n'avions droit qu'à des palabres de
professionnel "à enfants", de médecins à "malades.""
Mon analyse.
Alexandre Jollien fait une critique en règle des institutions qui ne sont pourtant pas vieilles, Alexandre
Jollien est né en 1975. Encore ce besoin de « paroles égales » de dialogue au même niveau que, je propose
donc de parler aux intelligences par ma méthodologie.
Page 46 et 47.
"Je me suis effectivement surpris à éprouver un sentiment semblable à l'égard d'un aveugle. Ce faisant, je
projette sur les individus différents toute l'angoisse, la peur, le malaise qu'engendre la dissemblance".
"Hegel a beaucoup insisté sur la problématique du regard d'autrui... Sartre décrit tout au long de son œuvre,
notamment dans sa cèdre pièce « Huis clos », notre besoin viscéral et profond de nous sentir reconnu, besoin
jamais assouvi ".
Mon analyse.
Le handicapé qui fait un malaise face à une autre handicapé.La dissemblance et la différence de rapprocher
cela du concept de Psychanalytique de « transfert du contre-transfert ». Le concept de handicap du handicap.
Le poids du regard des autres mêmes entre eux, voilà la justification de mes articles. Le handicap qui
réfléchit sur le handicap. Le handicap qui réfléchit de sur la personne handicapée. La personne handicapée
qui réfléchit sur elle-même par le jeu du miroir social.
Ce concept de miroir social, avec le jeu des regards, avec la symbolique corporelle, semble être comme le dit
Vygotsky une structure importante pour stabiliser notre affectif. Le poids des regards d'autrui dans la
construction de notre identité comme le souligne Erving Goffman dans la double transaction est d'une
importance capitale : Estime de soi et regard d'autrui. Jean-Paul Sartre, Huis clos, 1945.
Page 49.
(... "La nécessité de donner sens aux expériences parfois douloureuses de ma vie m'ont peu à peu amené à
observer le comportement des autres, et surtout le mien, avec beaucoup d'acuité".
Mon analyse.
2
Il faut donc écrire, verbaliser et réfléchir ensemble pour faire reculer toute violence. Pierre Karli et Françoise
Héritier, dans le numéro de sciences et vie de 2003 sur la violence nous signale que le contraire de la
violence n'est pas la douceur mais c'est le "penser ensemble".
Page 49 et 51.
"La philosophie constitue pour moi une sorte de loupe pour observer la réalité, pour lire les événements
quotidiens, pour trouver un sens aux expériences"
Mon analyse.
Le sens à la liberté et de la pensée critique et du vivre ensemble se sont les nouvelles philosophies
contemporaines.
Page 50 et 51
"Je compris tout de suite qu'il fallait me faire une place et que très vite, j'eus intuition que fuyant le handicap,
on s'isole. Il est là, il faut accueillir comme un cinquième membre, composer avec lui, pour ce faire, la
connaissance ses faiblesses ne semblent primordiales".
Mon analyse.
L'humour et la faiblesse comme force, voir les entretiens et surtout l'entretien avec Bruno et tant d'autres
pour faire de ses qualités une force de composition.
Page 54.
"La différence trouble, décontenance l'homme dans son souci de perfection. Quant à la peur, elle rétrécit."
Mon analyse.
L'altérité, la différence, la faiblesse, la dissemblance trouble, il faut des outils pour dialoguer et réfléchir. Les
exemples dans notre vie compétitive entre travail stress compétition professionnel me montre tous les jours.
Pas de terrorisme pour ce faire place à tout prix juste faire une place pour exister étudier et travailler
ensemble. Être citoyen seulement. Croisée avec l'émission de Arte, sur le handicap, qui s'intitulé n'y irons n'y
mendiant : citoyen.
Page 58 et 59.
"Pascal affirme que l'homme et esprit et corps et ne sauraient se réduire ni à l'un ni à l'autre. Ces deux entités
interagissent. Le bonheur s'il existe, s'oppose aussi diamétralement inconfort qui est, tranquille et tiède. Il
réclame une activité intense, une lutte cent éternels : il s'apparente à une plénitude désintéressée acquise dans
un combat permanent..."
"Accepter, cela nécessite un travail sur soi rigoureux qui, à mon avis, dépasse de beaucoup l'introspection
psychanalytique. De nombreux patients analysés avouent se trouver dans un mal-être, dans une perplexité
totale après leur cure".
Mon analyse.
C'est un combat, un long combat patient une lutte de tous les jours de comme la lutte pour la démocratie et la
place de l'homme de la société. Ceci est à nuancer le après l'entretien avec Bruno sur la psychanalyse.
Page 61 à 63.
"Il réveillait en nous un savoir, des capacités engourdies"..."Mais aussi humilité, humilité qui permet de
garder ses distances, ne pas jugé l'autre, de prendre conscience que l'autre restera toujours un individu
irréductible qui ne peut être totalement soumis, analyser, compris." Mais aussi... finalement, cette distance
constituer un obstacle à l'éducation."
Mon analyse.
Alexandre Jollien parle du soignant, du clinicien et de l'éducateur. L'affectivité joue pour lui un rôle
immense il ne se trouve pas forcément toujours présent dans les centres de rééducation ou d'adaptation ou de
rééducation ou de réadaptation. On croisera aussi avec les concepts de Défectologie de Vygotsky, on trouve
de nombreuses analogies avec ce que dit le philosophe Alexandre Jollien. Les centres imposent une distance
par rapport aux enfants ou aux adultes que l'on soigne, et c'est cette même distance qui fait traumatisme.
Finalement ses distances imposées par le centre constituent un obstacle à l'éducation ainsi qu'à l'amitié.
Éducation et rééducation : la distance est à mesurer, il faut de la distance pour valoriser et créer de
l'autonomie mais en même temps la minimiser soumet l'autre à la tristesse. Entre "l'interdit et le laisser-faire"
3
c'est toute la problématique que Freud en 1934 ne signalait sur l'éducation. On s'adresse à la dirigeant de
l'autre dans ma démarche, le reste se fait dans le tact, la distance, l'humain, écoute, le respect de la parole
donnée. La distance de dialogue est à trouver dans l'équilibre et la délicatesse des relations de la
communication.
Page 71.
"Les enfants ont une faculté impressionnante de dépasser la peur et la moquerie initiale. Ils ont plus de
capacité que les adultes intégrés, géré, et accepter la différence."...Et... "Chaque parent devrait consacrer du
temps à bien expliquer aux enfants pourquoi les existe des gens différents, des gens qui ne voient pas, des
adultes « en poussette » comme des bébés ! ".
Mon analyse.
Le rôle de l'éducation, éduquer à ne plus voir le nain qui est avant tout mon ami, l'aveugle qui se promène
avec moi, le fauteuil de l'infirme moteur cérébral. Éduquer à voir « des personnes » avant « le stigmate ».
Dialogue avec Patrice Guillaumet en 2003 dans notre entretien à propos art culturel et handicap.
La performance du « petit gros » et la valeur et le poids des médailles, entretien avec Pierre Fusade à Saran
2003.
Page 81.
"La vérité se trouve peut-être dans la nuance... Je ne prétends aucunement exposer une théorie finalement
échafaudée, mais simplement témoigner d'impressions multiples éprouvées dans un contexte précis. Le
problème des carences affectives était tellement crucial pour nous."
"Certaines (professeurs, religieuses, éducatrices) ne respectaient pas toujours les enseignements qu'elle
dispensaient. En philosophie, on appelle ce genre d'incohérence « dissonance cognitive » c'est-à-dire,
dissociation entre notre idéal, notre volonté et nos actes".
Mon analyse.
Ce concept est de L. Festinger 1957. On interrogera Boris Cyrulnik de dans ces concepts de résilience,
d'affectivité, d'affect, des réseaux d'aide et des piliers pour réussir sa vie.
Page 84 et 85.
"Une éducatrice avait fait pour moi le doux projet de fabriquer des boîtes de cigares. J'aurais sans doute fait
un tabac !".
"C'est seulement au contact des personnes de l'extérieur, que l'idée de faire des études à peu à peu vue le
jour. Celle-ci, en me dépeignant les joies et les avantages les avantages de l'étude, excitèrent ma curiosité".
Mon analyse.
On voit apparaître ici la critique des les centres, les ateliers protégés etc. voir aussi Daniel Mermet en 2003
sur Nicole et Philippe. L'image aussi des infirmes moteurs cérébraux sur la poursuite d'études et la relation
au travail.
Page 87, 88 et 89.
"Aussitôt placée dans un contexte stimulant, je vis je vis mes capacités se développer rapidement. J'étudiais
beaucoup plus pour être à la pointe, pour m'adapter, m'intégrer"... "Plus tard, une nouvelle acquisition
modifia de encore davantage ma conception de la culture. S'opposant à l'avis du médecin, mes parents
m'offrirent un ordinateur. Quelle révélation !"... "À l'accueil fort chaleureux du début succéda une
progressive mise à l'écart... Le spectre de la jalousie empoisonna l'ambiance générale... Des qui émanaient
ses jalousies ! Des premiers de la classe, de ceux-là mêmes qui dissertaient avec un talent certain sur la
tolérance, qui s'insurgeaient contre les traditions, la religion, qui prônait une libre pensée, une tolérance à
l'égard du prochain, une ouverture la différence".
Mon analyse.
Bruno dit qu'on le trouve brillant, qu'on l'admire mais qu'en aucun cas, on ne lui donnerait un poste à
responsabilité, et il en va de même de nombreuses personnes handicapées que l'on admire. La personne
différente qui réussit le doit deux fois plus que les autres. Ce sont les premières personnes que l'on exclut les
lors de problèmes dans les entreprises et dans les usines.
Page 95.
4
"Mon incapacité à atteindre une parfaite autonomie ne montre quotidiennement la grandeur de l'homme. Au
coeur de ma faiblesse, je peux donc apprécier le cadeau de la présence de l'autre et à mon tour, j'essaie avec
les mes moyens de leur offrir mon humble et fragile présence".
Mon analyse.
C'est le concept de don et de contre don de Marcel Mauss au coeur de l'altérité. On croisera avec les travaux
d'Emmanuel Lévinas sur les autres, l'altérité et la responsabilité d'autrui les petites aides de la vie
quotidienne, les regards positifs du quotidien, les sourires et les rires partagés sont au coeur de l'éducation de
la différence. À l'école, au lycée et la faculté. Il n'est pas question de pitié, de charité, mais simplement de
mettre l'égalité au coeur du quotidien. Tout le monde a à gagner dans les interactions de la vie sociale.
Page 97.
"L'ennemi à combattre après mon séjour au centre fut le manque de confiance en moi et l'incompréhension.
Il me fallait non seulement accepter et assumer mon anormalité ! Jamais je ne serai tout à fait comme les
autres, jamais je ne serai normal. Il ne fallait aussi trouver la force, force pour comprendre
l'incompréhensible, pour pardonner l'impardonnable, et si possible avec joie".
Mon analyse.
Cette belle citation, est au coeur de mon travail, où il y a la vie entière de chacun, anormalité, pardon,
normalité, handicaps, traumatisme, joie de la vie de tous les jours. On peut croiser aussi avec les travaux de
Georges Canguilhem sur le « normal et le pathologique » ainsi que sur les philosophies du bonheur.
Page 99 et 100.
"Dans ce cas selon ta définition, la personne exceptionnellement douée ou extrêmement heureuse ou tout à
fait normale, serait anormal"... "L'anormal est peut-être ce qui s'écartent de ce que l'on considère comme une
conduite acceptable ou de la société et ses normes".
Mon analyse.
Ils veulent être considérés comme des citoyens et rejettent le vocabulaire « comme les autres », « comme
tout le monde », « à égalité de » etc. Nous sommes tous différents et tant mieux pour l'humanité, nous
sommes tous hors normes mais tous humains. Le handicap nous rattrapera et nous touchera quelque soit le
moment de la vie, ce dialogue philosophique au coeur de l'anthropologie peut nous préparer à ce passage.
5
Téléchargement