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5. Obéissance
Le mot obéissance n'est pas un mot à la mode dans notre société. Ce mot évoque
surtout l'attitude de l'enfant devant ses parents ou un rapport à l'autorité ou à la
hiérarchie qui semble tout à fait dépassé.
C’est pourtant l’un des vœux monastiques…. qui nous concernent tous.
Obéir du latin oboedire, signifie prêter l’oreille à quelqu’un, écouter. Ecouter vraiment.
Souvenez-vous : Ecoute Israël ! Cet appel du Seigneur qui résonne tout au long de
l’Ancien Testament.
A la source de la vie monastique, des hommes sont partis seuls au désert pour se mettre à
l’écoute de Dieu.
Pour St Benoit, qui a écrit la première règle monastique, l’écoute est une attitude
fondamentale. Dieu parle au cœur de l’homme, celui qui écoute est celui qui aime
véritablement. Le prologue de la règle de St Benoit commence pas ces mots : « Ecoute,
mon fils ! Ecoute l’enseignement du maître, ouvre l’oreille de ton cœur ! »
Et la règle se poursuit avec l’obéissance à l’abbé et les uns aux autres. L’abbé lui-même
est à l’écoute du plus jeune. Ils ont compris que pour écouter Dieu, il faut s’écouter les uns
les autres. Le vœu d’obéissance est écoute et confiance en un autre que moi, désir
d’entrer dans la volonté de l’autre, d’écouter le désir de l’autre, de m’en remettre à lui.
L’obéissance nous libère de la prison du moi, de l’ego : cesser de tourner autour de moimême en me taisant pour écouter un autre. St Benoit dit : « renoncer à faire sa volonté
égoïste en prenant les armes très fortes et très belles de l’obéissance. ». Et me disposer
ainsi à écouter le Tout-Autre.
Les trois vœux monastiques sont des réponses, à la suite du Christ, aux trois tentations au
désert. A la tentation du pouvoir, de la toute-puissance, quand le diable offre à Jésus tous
les royaumes de la terre, Jésus répond par l’obéissance : il se reçoit d’un autre, il le
reconnait comme Père. Il nous montre le chemin pour devenir fils dans une confiance
totale au Père.
Jean Vanier parle de l’amour-confiance qu’il a découvert auprès des personnes
handicapées qui se livrent entièrement entre les mains d’un autre.
Alors, dans nos vies ?
Nous sommes tous appelés à vivre ce beau vœu d’obéissance.
Cultiver cet art d’écouter, de prêter l’oreille, vraiment, à ce que me dit mon conjoint, mon
enfant, mon collègue de travail, mon ami, mon Dieu. Avoir confiance en sa parole,
l’écouter, s’y soumettre. Expérimenter de m’en remettre à un autre et en découvrir toute la
richesse.
Madeleine Delbrêl parle de l’obéissance comme d’une danse où il faut suivre son
partenaire, léger, souple, agile, s’ajustant au pas de l’autre, se laissant entrainer.
Eh bien, je vous propose d’entrer dans la danse !
Bénédicte Boisseau – Les mots de la foi.
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