Zeldin T. : "Comment Parler peut changer votre vie. De la

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Zeldin T. : "Comment Parler peut changer votre vie. De la conversation", pour la première
parution 1998 et pour la traduction française, Fayard, Paris, 1999.
Contexte et place dans ma thèse :
Sur le mode de la conversation, du dialogue entre amis, on abordera certains sujets sont
complaisances à partir d'articles qui essaient de balayer le champ du handicap. L'originalité c'est
le fait que la personne handicapée parle de son handicap et du handicap des autres. Elle est
quelque part à la tête d'un réseau, elle est quelque part un sociologue profane : un expert profane
de sa propre situation. Le dialogue s'appuiera sur des enquêtes qui seront utilisées comme fonds
de réflexion. L'épistolaire par la prise de parole médiée par la technique (audio, mails, Internet,
courriers, enregistrements etc.) sera privilégiée, étant donné, la difficulté spatio temporelle pour
apprivoiser les différents types de handicap !
Pour répondre à Henri Jacques Sticker, une écoute longue et patiente dans le soin qui est tact et
éthique, peut simplement aider ou changer mais aussi aller en profondeur dans une recherche
microsociologique du quotidien étrange que vit la personne handicapée. Pour accéder aux réseaux
des réflexions pertinentes, il faut déjouer les angoisses et les lourdeurs de la vie quotidienne pour
passer outre les fragilités singulières et enfin accéder à l'étrangeté des situations pour mieux
interroger des situations sociales.
Pages 13 et 14 : "La sorte de conversation qui m'intéresse est celle dont, au départ, on est disposé
à sortir légèrement différent. C'est une expérience dont les résultats ne sont jamais garantis, et qui
implique un risque. C'est une aventure dans laquelle, ensemble, nous tentons d'apprêter le monde
pour le rendre moins amer." Théodore Zeldin ajoute : " j'ai conversé avec des auteurs que je n'ai
rencontrés que sur le papier."
Mon analyse : c'est sur ce modèle que j'ai bâti la méthode « épistolaire sur le papier » sur le mode
de la parole échangée par articles interposés pour plus de distance réflexive (évitant ainsi dans un
premier temps l'empathie où la pitié), puis par un entretien en face à face dans le milieu de vie
des personnes. Une approche hybride entre une enquête d'auto confrontation et des entretiens à
l'approche ethnographique.
Page 59 : "La conversation doit explorer des territoires nouveaux."
Mon analyse : de nombreuses interrogations et questions sont posées sur des articles qui parlent
de situations de handicap, de sujets médiatiques sur le handicap, de situations institutionnelles
particulières. Le premier dialogue entre nous, le premier voyage dans cette réflexion, les
premières étrangetés seront issues de leur propre travail réflexif par le retour épistolaire sous
toutes les formes possibles : écrits, mails, cassettes enregistrées etc. Je récupère toutes les paroles
et quand ce n'est pas possible comme dans l'IMC ; je me déplace pour récupérer les fruits de ce
premier dialogue.
Page 69 : "je voudrais montrer comment nous pouvons rendre notre travail beaucoup moins
ennuyeux et frustrant en apprenant à parler autrement."
Mon analyse : on peut dire aussi à parler autrement. Je fais le parallèle avec le parler et l'écrire
sur son handicap au quotidien. Le sujet s'écrit et se parle aussi dans ces entretiens entre des
formes cliniques (douleurs, traumas, angoisses) et des formes plus sociales (conflits, demandes,
revendications) de son rapport au monde.
Plus le dialogue est renouvelé dans le temps, plus il repart et rebondit sur des choses fines et plus
il renseigne sur le singulier et l'étrangeté du handicap dans la vie quotidienne.
Page 71 : " lorsqu'on va consulter un médecin, on n'attend plus de lui un simple diagnostique,
mais une conversation d'égal à égal, où l'on a autant que lui le droit de poser des questions."
Mon analyse : ce qui interroge fortement « le métier de sociologue » et notre méthodologie car
bien entendu le sujet pose de nombreuses questions et c'est tout le travail de soin et de tact qui
permet d'aller au-delà du sens commun. La question, la réponse et la connaissance nouvelle qui
en découle sont directement et intimement liées (Gaston Bachelard 1938 : la formation de l'esprit
scientifique).
Page 74 : "les chercheurs qui s'aventurent aux frontières de la connaissance doivent avoir quasi
professionnellement l'oreille indiscrète pour capter les idées aux sources les plus imprévues."
Mon analyse : chercher aux frontières, aux limites pour « créer une conversation nouvelle, entre
les sciences, entre les humains, dans un espace transdisciplinaire où toutes les connaissances
reviennent in fine est à l'humain. Cette thématique inter voir aujourd'hui transdisciplinaire
interroge fortement tous les paradigmes dans les sciences humaines et sociales voire même audelà.
Pages 76 et 77 : "... me sentir partie intégrante d'une conversation nouvelle, créer des emplois qui
conviennent aux gens plutôt que d'amener les gens à se plier au fonctionnement des machines ou
des institutions"
Mon analyse : et si la faiblesse et la différence devaient remettre en cause cela, pour créer de
nouvelles adaptabilités, de nouvelles spécialisations, de nouveaux travaux , de nouvelles
expertises et comme le souligne Henri Jacques sticker transférer les savoirs des milieux
spécialisés vers les milieux normaux.
Pages 80 : "Je me suis donc employé à réfléchir à la façon dont les gens qui ne sont pas
ingénieurs, médecins ou architectes pourraient converser avec des représentants de ces
professions sans se sentir complètement hors du coup"
Mon analyse : c'est le thème transdisciplinaire dans les sciences humaines et sociales, dans les
sciences du travail et dans l'affectivité : on voit souvent le monde avec les yeux de ceux qui vous
sont affectivement proches (Théodore Zeldin 2001, Page 80). Avec les yeux de l'altérité qui vous
tiennent responsable pour l'autre et de l'autre, comme le dit Emmanuel Lévinas en 2001 dans le
magazine littéraire au numéro 403. Il est fait souvent violence aux gens par la façon de leur
montrer certains statuts sociaux, et comme le souligne Pierre Karli et Françoise Héritier dans le
numéro de science et vie du mois d'août 2003 : « Il n'est pas possible de parler de violence innée
[...] Le contraire la violence n'est pas la douceur, mais bien la pensée et Pierre Bourdieu ajoute
qu'être un intellectuel c'est de penser ensemble ». On pourrait longuement méditer sur cette
phrase.
Pages 96 à 100 : " En d'autres termes, la technologie n'améliore pas automatiquement la
conversation, la communication ni le comportement".
"Ainsi, bien que Dallas ait nourri d'innombrable conversation, il n'a pas modifié les opinions...
mais la technologie de l'informatique [...] d'un côté les euphoriques se réjouissent qu'elle mette
fin au spectacle passif de la télévision et les remplace par la conversation interactive,
l'apprentissage à distance et la convivialité internationale."
Mon analyse : pour notre part, elle sert bien par sa variabilité et sa souplesse notre « conversation
médiée par les articles » puis nos dialogues en direct pour les différents cas de handicap dont
nous nous occupons. Nous avons employé une grande part de l'éventail des technologies pour
accéder aux sujets et mettre en place des données dans la recherche (Enregistrements, vidéo,
mails, Internet, courriers, interprète en langue des signes, etc.
Par les articles et par notre contextualisation nous avons mis le débat, la conversation à un certain
niveau au-dessus du sens commun, pour que le temps de la réflexion produise des données qui
soient utiles aux savoirs des deux parties.
Page 103 : "le défi aujourd'hui consiste à trouver un nouveau ton, un nouveau type de
conversation qui soit à la fois porteur d'espérance et conscient du risque d'échec [...] L'ordinateur
offre aux gens la possibilité de parler et de penser librement [...] Et qu'il est en mesure d'assurer
une plus grande égalité aux handicapés et à ceux qui sont physiquement isolés [...] et que l'email
crée un nouveau genre de culture épistolaire, souvent entre gens qui ne se sont jamais rencontrer"
Mon analyse : un mixte, une hybridation de toutes ces techniques m'ont permis d'accéder aux
personnes handicapées mais la rencontre doit être réelle et physique et un suivi m'a été demandé
et a été désiré par les deux parties pour aller le point possible dans l'analyse des concepts de,
corps, cri, coeur et cognition."
Pages 107 et 108 " [la technologie] accomplit également quelque chose de plus aventureux , de
potentiellement poétique , en essayant de produire des mariages entre l'intelligence humaine et les
mystères de la nature .[elle].Commençons par mettre à profit la conversation pour sécréter le
courage nécessaire à affronter l'échec."
Mon analyse : l'échec, le cri et la révolte préparés par la conversation et le dialogue. On trouve ici
une trame transdisciplinaire qui fait la jonction entre technologie et humanisme dans un dialogue
qui injecte du savoir dans les conversations du quotidien. Penser ensemble en dialoguant pour un
retour à une véritable anthropologie comme le souligne Marcel Mauss dans son essai de
sociologie dans la réunion des trois anthropologies, page 52, 1968).
Pages 110 à 113" : " c'est pourquoi il est bon de nous rappeler que ce qui demeurent silencieux
sont souvent occupés par la conversation qu'ils ont avec eux-mêmes[...] penser, pour moi c'est
réunir des idées [...] La particularité des hommes est qu'ils ont la faculté de s'observer en même
temps qu'ils agissent [...] ils peuvent soit être esclaves de leur pensées et de leurs souvenirs, soit
décider lesquels ont une utilité."
Théodore Zeldin ajoute : "c'est inviter les autres à participer à nos conversations intérieures et
découvrir qu'ils nous voient tout différemment de la façon dont on se voit soi-même."
Mon analyse : lire, penser puis parler voilà ce que je veux obtenir. Je rentre dans la clinique à
travers les réponses que lorsqu'il y a douleurs et trauma. Il y a risque à converser trop seul avec
soi-même trop longtemps, il faut l'autre, il faut la réponse, c'est notre méthodologie avec dialogue
autour des articles, les interrogations, rencontre, téléphone mails etc. Il en va de même du
dialogue, de la conversation avec le chercheur - sociologue. On peut lire à ce sujet, l'analyse de
Pierre Bourdieu sur la misère du monde en 1993 pour ce qui concerne l'implication du chercheur
dans la conversation.
Page 114 : "il ne suffit pas que les idées se rencontrent : encore faut-il qu'elles s'entrelacent [...]
Arrête, attends une minute, répète ça, laisse-moi le temps de réfléchir."
"J'apprécie particulièrement les conversations qui se situent à la limite de ce que je comprends et
de ce que je ne comprends pas."
Mon analyse : Boris Cyrulnik parle de la résilience comme d'un tricotage un peu comme
l'entrelacement dans les conversations de Théodore Zeldin. On peut faire aussi la différence entre
les conversations en radio et télévision par rapport aux conversations les écrits et du livre de sa
propre tête. C'est le problème des limites pour progresser, c'est le temps nécessaire pour réfléchir
et penser ensemble. C'est pourquoi j'ai opté pour cette méthodologie pour étudier le complexe. Il
faut que tout soit légèrement plus difficile que ce que l'on comprend au départ.
Pages 118 à 124 : " [...] Seules de longues discussions sont à même de révéler pleinement la
signification de la profonde rancoeur [...] La conversation nous met face-à-face avec des
individus et toute leur complexité humaine [...] Ces conversations -là nous transforment à
jamais."
Mon analyse : les conversations entre les civilisations et les peuples pour lever les rancoeurs, le
sujet comme intégration transdisciplinaire comme terrain concret anthropologique, voir à ce sujet
et Edgar Morin, Basarab Nicolescu , Jean-Paul Resweber. Se laisser pénétrer par les idées, les
entrelacer et relancer sans cesse le dialogue en franchissant des paliers de connaissances
ensemble.
Pages 124 et 127 : " j'aimerais que certains d'entre nous lancent des conversations qui dissipent
les ténèbres, [...] pour promouvoir l'égalité, [...] pour donner du courage, [...] pour ouvrir aux
étrangers, [...] en améliorant ses rapports avec autrui dans la vie quotidienne [...] devenir des
généralités, [...] partager leur expérience avec la jeunesse [...] faire échec à la coupure entre
générations et au morcellement des savoirs."
Mon analyse : je serai très intéressé que me disiez ce que vous en pensez ? Voilà la phrase
d'introduction de mes entretiens et une partie de ma problématique. Que pensez-vous vous-même
de votre handicap et du handicap des autres ? Vous êtes les têtes de réseau de la sociologie
profane sur le handicap.
Page 134 : "La contribution du scribe, quelles possibilités une lettre offre-t-elle que n'offre pas la
conversation ?"
Mon analyse : j'ai usé d'une méthode mixte par lettres et par l'épistolaire puis par la parole et les
dialogues , il a fallu que je m'adapte à chacun des cas de handicap , des méthodes
complémentaires entre le standard et le non standard. C'est la parole recueillie qui fut capitale.
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