compte de tous les phénomènes universellement, dans leur structure. • Ceci permettrait à la philosophie de se réformer et d'atteindre le niveau d'une science rigoureuse. La phénoménologie serait alors une science distincte à la fois de la science empirique (la psychologie) et de la science rationnelle et abstraite (la logique). • Pour établir la science phénoménologique, il faut d'abord revenir aux choses elles-mêmes, c'est-à-dire trouver ce que les significations logique visent réellement. Le fil directeur d'Husserl est celui du retour aux choses mêmes, pour retrouver la source de l'évidence. Le phénomène !" • Les choses nous apparaissent dans une évidence. Elles apparaissent originairement, se donnent en tant que phénomènes (signifiant « qui apparaît » dans l'étymologie). Il faut donc comprendre le sens de cet apparaître. Le phénomène, c'est la chose elle-même, ce qui se manifeste aux sens ou à la conscience. C'est ce dont il s'agit dans la perception. Le phénomène est l'essence à partir de laquelle une science des essences peut se constituer. • Le phénomène doit permettre de rendre transparente à l'esprit la structure de l'expérience du monde. La conscience est le moyen qui doit permettre d'accéder à cette connaissance véritable : la perspective sur les choses est donc celle de la subjectivité, en tant qu'elle a des contenus objectifs (ou donnés). • Pour opérer un retour aux choses, il faut donc adopter une attitude particulière (non spontanée). C'est l'attitude antinaturelle de l'intuition et de la pensée, l'attitude naturelle consistant à croire à l'existence des choses en soi (l'être en soi est la plénitude de l'être dépourvu de conscience). • Enfin, la réduction transcendantale met entre parenthèses la conscience d'autrui, mais aussi le moi empirique (de la psychologie). • Ce processus permet finalement au sujet pensant d'être la « source exclusive de toutes les affirmations et de toutes les justifications objectives ». Grâce à cette mise entre parenthèses, le sujet se situe hors de son engagement dans le monde et son rapport originel au monde apparaît alors. La conscience intentionnelle !" • • La triple réduction !" • Il faut donc réduire les mondes des faits à l'univers des significations pures, grâce auxquelles la phénoménologie peut se constituer. Il faut revenir aux choses telles qu'elles apparaissent dans leur évidence. • La réduction éidétique (aux essences) consiste à éliminer les éléments psychiques et empiriques du donné concret. La réduction phénoménologique consiste en la mise entre parenthèses du monde objectif et en la suspension de toute adhésion naïve, de toute croyance à l'égard de l'existence du monde (ce n'est pas la mise en doute de Descartes). • • Le retour aux actes de conscience, dans lesquels les significations logiques se constituent, permet de comprendre et décrire les vécus de la conscience. Mais cette phénoménologie de la conscience ne doit pas retomber dans la psychologie : les vécus dont s'occupe la phénoménologie ne sont pas les mêmes phénomènes qui sont objets de la psychologie. Ce ne sont pas des faits réels, ce sont des vécus purs, ou essences. Comment la conscience peut-elle atteindre les essences ? La conscience tend intentionnellement vers ce qu'elle signifie : c'est le mouvement de l'intentionnalité. L'intention est le mouvement de la conscience vers ce qu'elle vise. Tout acte de conscience a cette propriété d'être intentionnel, c'est-à-dire de viser autre chose que soi, d'être conscience de quelque chose. L'objet demeure alors indépendant des processus psychiques. L'acte de visée de la conscience se dépasse vers quelque chose d'autre, mais en même temps d'une certaine manière, ce qui est visé (noème) est contenu dans la signification intentionnelle. Par exemple, cette maison devant moi est dans ma conscience, mais elle est aussi saisie comme existant en dehors d'elle. Le phénomène n'est donc plus seulement la donnée pure de la chose, mais contient aussi l'acte de visée intentionnelle ; c'est à dire qu'il n'y a pas deux choses, l'objet réel et l'objet mental, mais une seule et même chose : l'objet en tant qu'il est visé par la conscience. MemoPage.com SA ® / 2006 / Auteur : Joëlle Herry / Expert : Véronique Brière • Il s'agit de la science primordiale qui permettra de fonder la science en général, à partir du modèle mathématique. Au départ, Husserl se propose de fonder une logique pure, qui permettrait de rendre II. La phénoménologie • C'est son point de départ, parce que pour lui les lois mathématiques ne peuvent pas exprimer seulement les structures psychologiques de la pensée. Les vérités logiques ne peuvent pas, par définition, être relatives. Une propriété logique est vraie absolument et a priori. Elle est donc universelle. Un raisonnement n'est pas la même chose que le flux des états subjectifs. Le raisonnement doit pouvoir prétendre à l'objectivité. • Husserl refuse donc la positon du psychlogisme, qui consiste à dire que « la psychologie serait la science qui fonde toutes les autres », et qui est la tentation de considérer les concepts, les jugements, les théories comme des événements psychiques. • Seulement, ce point de vue aurait pour effet de vider de tout sens la recherche d'une vérité fondée de manière absolue. Or une science rigoureuse a besoin de fondements sûrs. La position du psychologisme est telle que les principes logique sont remis en cause dans leur validité. Ils sont censés refléter l'organisation du psychisme. Si c'était bien le cas, cette forme d'organisation étant contingente, susceptible de modification, les vérités logiques devraient en conséquence être modifiées en fonction de l'état des facultés. I. La critique du psychologisme Husserl a comme projet de faire de la philosophie une science rigoureuse. Il inaugure alors le mouvement philosophique de la phénoménologie. Husserl (18591938)