Enterrement du Médecin Référent L’avenant 18 à la convention paru le 19 avril au JO, enterre définitivement l’Option Médecin Référent (OMR) sans qu’une réelle convergence entre le médecin référent et le médecin traitant ne soit établie. Les médecins référents toucheront une « INDEMNISATION INDIVIDUELLE, FORFAITAIRE ET DÉGRESSIVE », tendant vers zéro, alors que les obligations du médecin traitant ressemblent étrangement à celles du médecin référent sans le doter pour autant d’un quelconque moyen pour les réaliser : « Le dispositif du médecin traitant place le médecin généraliste au cœur de l'organisation et de la coordination des soins. Les parties signataires se sont attachées à renforcer les missions du médecin traitant, notamment dans le domaine de la prévention, de la permanence des soins et de la formation professionnelle continue. » (1) En bref, en 2009, les médecins référents ne percevront plus rien de leur rémunération spécifique, les généralistes devront assurer tout le travail de coordination et de prévention sans la rémunération dédiée de l’Option Référent, et comble du mépris, ce sont les spécialistes qui continueront de percevoir la fameuse « majoration de coordination », à chaque consultation. Une annexe de l’avenant 18 détaille la manière dont les médecins référents seront indemnisés (voir sur le site de l’AMedRef). Il faut s’attendre à bien des difficultés, et l’AMedRef demande qu’une commission soit mise en place pour que l’indemnisation intervienne au mieux et au plus vite. En effet, la perte de l’OMR, c’est une fragilisation insupportable des cabinets des médecins référents. Depuis 2005, on ne compte plus les licenciements de secrétaires et les reconversions au moins partielles des anciens référents au salariat. Il faut dire qu’on ne modifie pas brutalement son mode de fonctionnement, qu’il n’est pas si évident de se mettre à faire « de l’acte », de raccourcir la durée de ses consultations. L’OMR, c’était une vraie reconnaissance de la fonction du généraliste, dans toute son activité hors consultation et dans son investissement dans la prévention et le dépistage. L’Option rémunérait cela… aveuglément diront ses contempteurs. On peut effectivement se demander pourquoi elle n’a pas été vraiment évaluée, pourquoi on n’a pas proposé aux médecins référents des outils techniques pour mieux s’atteler à cette tâche, pourquoi on les a laissé gérer seuls leurs engagements. Malgré tout, ils s’y sont tenus avec succès comme en témoigne l’impact sur le montant des prescriptions (économie de 20 000 € par médecin et par an), impact sur la prévention du cancer du colon (Prescrire n° 283 p. 392) (voir aussi « Le Livre Blanc de l’Option Médecin Référent »). En reconnaissant le rôle central du médecin traitant dans le système de santé (coordination des soins, prévention), le ministère de la Santé et la Sécurité sociale auraient dû logiquement doter la médecine générale de véritables moyens pour assumer cette tâche, que ce soit par un forfait par patient, un forfait « cabinet », ou toute autre rémunération intelligente qui aurait tiré la médecine générale vers le haut, réalisant alors une réelle convergence entre les deux systèmes. Ceci n’est pas un caprice corporatiste, c’est le cri d’alarme de médecins qui voient la moyenne d’âge des généralistes ne cesser d’augmenter, les plaques se dévisser sans être remplacées, les jeunes médecins partir vers le salariat dans des structures où ils n’exercent pas seuls, et la population se voir refuser des consultations auprès de médecins qui disent « désolés, nous ne pouvons plus prendre de nouveaux patients ». Pour finir, l’avenant 18 stipule que la dispense d’avance de frais pourra encore être appliquée jusqu’en 2009 aux patients qui bénéficiaient de l’OMR, sans préciser si les organismes complémentaires qui se sont immédiatement désengagés du tiers payant seront tenus de l’appliquer à nouveau. Il faudra encore nous battre pour faire rétablir le tiers payant coordonné, et nos nouveaux patients n’y auront pas accès. Et après 2009, qu’en sera-t-il ? La suppression de l’OMR aura au moins permis, par la création de l’AMedRef, de voir des médecins référents relever la tête et cesser de raser les murs sous les sifflets des syndicats hostiles, faire enfin reconnaître l’intérêt d’autre mode de rémunération que le sacro-saint paiement à l’acte. Faire reconnaître par leurs pairs que l’engagement du médecin n’est pas une subordination honteuse aux caisses d’assurance-maladie et qu’un patient qui ne fait pas de chèque à la fin d’une consultation n’est pas pour autant un irresponsable, profiteur du système. Gageons que dans les années à venir, nous aurons eu raison. Hélène Baudry Médecin généraliste Présidente de l’Association Nationale des Médecins Référents (AMedRef) [email protected] http://www.amedref.org (1) 17 avril 2007 JO : Avenant n° 18 à la convention médicale