L'Atelier Permanent sur la micro-entreprise et le développement local (Frères des Hommes) 1. Historique de l’atelier L’Atelier Permanent sur la micro entreprise et le développement a été créé pour répondre à quatre défis majeurs : L’importance croissante de l’économie populaire urbaine en l’Amérique Latine et la demande sociale qu’elle entraîne ont amené une progressive incursion des ONG latino-américaines dans ce domaine. Plusieurs de nos partenaires ont fait ce chemin. Pour accompagner ses partenaires, Frères des Hommes a ressenti le besoin de réfléchir sur l’orientation à adopter pour sa coopération dans ce domaine, en clarifiant le sens de l’appui à apporter. Les partenaires ont ressenti, eux aussi, ce besoin de clarifier leur travail et de partager leurs visions et leurs pratiques. La situation de l’exclusion et du chômage en Europe pose à la fois un besoin et un défi sur les liens à rechercher entre les acteurs concernés sur les deux continents . C’est à partir donc de ces considérations et besoins qu’au second semestre de 1993 la CEAL (Concertation Europe – Amérique Latine de Frères des Hommes) a entamé un travail qui a abouti à la mise sur pied de l’Atelier Permanent. Le CCFD s’est associé à la dynamique créée de 1995 à 1999. 2. Les caractéristiques de l’Atelier Permanent Il s’agit d’un processus de réflexion, de formation et d’échanges sur le thème, mené conjointement avec les partenaires à partir des expériences de chacun. Ce processus est né et se construit collectivement et de façon progressive. Pour mieux répondre à ses objectifs, l’Atelier Permanent est formé de deux volets structurants : Des rencontres bisannuelles. Des stages entre partenaires. Dès le départ, la CEAL a tenu à incorporer la "dimension nord", qui s’est traduite par la participation progressive d’acteurs sociaux européens dans les rencontres. Cette intcorporation s’est donc faite au fur et à mesure que l’idée et la pratique d’un "partenariat nord" s’initiait. Frères des Hommes – France assure, au titre de la CEAL, la coordination générale et l’interlocution avec les partenaires. 3. Les rencontres bisannuelles Il s’agit d’un moment privilégié de l’ensemble de l’Atelier portant sur une réflexion de fond sur des aspects préalablement déterminés et d’intérêt commun. Ces aspects sont centrés sur la problématique latino-américaine, élargis et enrichis par la comparaison avec la problématique européenne. Sans avoir un caractère nettement théorique, les réflexions s’alimentent de la pratique mais recherchent le sens et la dimension politique de l’activité de promotion et d’appui à l’économie populaire (y compris pour la coopération). Chacun apporte des réflexions à partir de son expérience, exprime ses doutes et c’est cela qui fournit la substance de la réflexion. C’est une responsabilité collective. L’expertise externe intervient de façon complémentaire. Les rencontres sont ouvertes à d’autres institutions locales travaillant sur la thématique, invitées par le comité local de coordination (partenaires du pays hôte) selon leurs intérêts et proximités institutionnels. Sur le plan du financement, une participation locale est sollicitée par le comité local de coordination aux institutions publiques et privées (nationales et internationales) du pays concerné. Première rencontre (Lima, 1995) Frères des Hommes – Secteur Amérique Latine Note sur l’Atelier Permanent 1 Cette rencontre a introduit le thème général, défini les problématiques et les enjeux fondamentaux et permis une connaissance mutuelle des participants, en partant de l'hétérogénéité au sein de l’économie populaire (activités économiques plus ou moins structurées, monétisées ou non, pouvant ou non survivre, résister ou dégager des excédents, organisées de façon individuelle, familiale ou associative etc). L’hypothèse principale de travail dégagée a été la suivante : en renforçant les micro-entrepreneurs dans leur démarche économique, on peut espérer non seulement qu’ils se constituent en acteur économique, mais également qu’ils deviennent des acteurs sociaux et politiques, en particulier dans un cadre de développement local. Une association locale proche de l’équipe du Bassin Houiller (Lorraine) de Frères des Hommes a également participé à la rencontre. Confirmant l’intuition de départ d’associer des acteurs sociaux européens à la réflexion, sa présence a conforté la décision de continuer sur cette voie. Seconde rencontre (Chili, 1997) L’associativité, conçue comme l’ensemble des relations internes et externes des unités productives de l’économie populaire, a été retenue comme thème stratégique à étudier, en prenant en compte que les unités productives de type associatif sont minoritaires. L’associativité a été étudiée par rapport aux relations entre les micro-entreprises, et dans une perspective de constitution et/ou renforcement d’acteurs économiques collectifs. De même ont été examinées les relations entre ces micro-entreprises et d’autres acteurs locaux (publics et privés), permettant d’envisager une perspective de développement local. Il a été constaté que les valeurs comme la solidarité, la coopération, la collaboration etc., ne sont pas forcément présentes de façon spontanée dans l’économie populaire. La pratique de ces valeurs constituant un facteur important pour sa propre viabilité, elles doivent représenter une dimension recherchée et transversale du travail des organisations d’appui afin d'en devenir une caractéristique visible. Troisième rencontre (Brésil, 1999) Le thème abordé dans cette troisième rencontre a été la relation entre l’économie populaire urbaine et le développement local, à partir de trois éléments principaux : les enchaînements du processus productif et les relations qu’ils impliquent, les politiques publiques et les relations entre les acteurs locaux. L’accent a été mis sur la participation des acteurs dans l’élaboration et la mise en place des politiques publiques. Par extension, il a aussi été question de la place et du rôle des ONG dans ce processus. L’examen de l’hétérogénéité de l’économie populaire a également introduit deux autres aspects : les questions culturelles et la place et la spécificité de la femme. L’importance de la dimension Nord-Sud s’est confirmée lors de cette troisième rencontre, à laquelle ont participé activement huit acteurs sociaux européens. 4. Les stages Ils sont conçus comme un moment de connaissance réciproque et d’échange d’expérience (pratiques, outils, méthodes…), ainsi que d’appréhension des contextes où se situent concrètement les expériences. Les stages ont une durée moyenne de 15 jours et font l’objet d’un rapport du "stagiaire" et de l’organisation d’accueil. Des propositions issues de la troisième rencontre vont permettre de mettre en place des stages collectifs (comme une recherche-action) qui pourront être effectués tant en Amérique Latine qu’en Europe. 5. Points forts de l’atelier Cette dynamique nous permet d’innover en matière de partenariat et de coopération (nord et sud) et de mieux appréhender les problèmes et les enjeux de la problématique en Amérique Latine, ainsi que de nous initier à sa compréhension au niveau européen. La capitalisation du processus nous permet aussi de mieux cadrer les partenariats de proximité et de renforcer l’innovation en matière d’éducation au développement. Par conséquent, elle nous fournit des éléments permettant d’affiner peu à peu la politique et la stratégie de notre Frères des Hommes – Secteur Amérique Latine Note sur l’Atelier Permanent 2 coopération dans ce domaine. Les orientations et la formulation du Programme Urbain illustrent cet apport. Ratifiant leur intérêt, les acteurs européens demandent à Frères des Hommes d’imaginer et d’avancer sur la coopération entre acteurs sociaux européens et latino-américains, en la plaçant dans le cadre des rapports Nord-Sud. Les rencontres ont également fourni l’occasion d’avoir une confrontation et un dialogue plus politiques et plus généraux avec les partenaires, au-delà du thème de l’économie populaire. 6. Les défis Faire avancer les points forts signalés. Maintenir et améliorer la cohérence et la convergence de l’ensemble de la dynamique, en particulier le caractère des rencontres pour que celles-ci ne deviennent pas des séminaires. Mieux associer les problématiques européennes et mieux intégrer les partenaires européens, tout en gardant l'axe central latino-américain. Certains, parmi les acteurs européens et latino-américains, restent encore repliés sur leur propre réalité. Intégrer dans les réflexions la question des relations avec l’Etat, en distinguant les types acteurs. Les pouvoirs publics accordent de plus en plus d’attention aux propositions des ONG dans ce domaine (les alternatives à la création d’emplois leur font sérieusement défaut). Mais ni les pouvoirs publics, ni la société civile n’ont réussi à élaborer un modèle économique susceptible de supprimer la pauvreté, le chômage et l’exclusion qui sont à l’heure actuelle une plaie sociale majeure en Amérique Latine et en Europe. Le défi passe dès lors par la création de nouvelles modalités et de nouveaux contenus dans les rapports entre la société et les pouvoirs publics. Améliorer le dialogue collectif avec les partenaires (journée Frères des Hommes – partenaires). Socialiser davantage la dynamique dans les associations nationales et au dehors. Rosa Miriam Ribeiro Frères des Hommes – Secteur Amérique Latine Note sur l’Atelier Permanent 3