LASC 8-05-2015 - ORBi

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Entre sociologue et linguiste: conflit
épistémologique autour du statut de
données qualitatives récoltées
Dassargues Alix (Ulg, Fac Ph&L - ISHS)
Journée d’étude LASC
Le 8 mai 2015
Entre sociologue et linguiste : introduction
Langue(s) et Identité(s) en Belgique: construction identitaire de
francophones vivant en Flandre et de néerlandophones vivant
en Wallonie.
Plan
• Bref exposé des recherches
• Deux points de vues épistémologiques différents
• Exemple d’analyse : le « conflit communautaire » dans les
entretiens
Entre sociologue et linguiste : bref exposé des
recherches
• Perspective qualitative
• Entretiens semi-directifs compréhensifs
• Informateurs:
• Francophones vivant en Flandre
• Néerlandophones vivant en Wallonie
• 2 types d’analyses:
• Analyse sémantique (linguistique cognitive au profit d’une lecture
sociologique)
• Analyse de contenu (sociologie et linguistique au profit d’une
lecture sociolinguistique)
Entre sociologue et linguiste : statut des données
récoltées
• Entretiens interactifs et biographiques
• Linguistique
• Objet: Discours (Forme et contenu)
• Locuteur
• Sociologie
• Objet: Contenu des discours (+ réalité sociale)
• Informateur
Entre sociologue et linguiste : statut des données
récoltées
• Identité narrative et contextualisation du discours
« Enfin chez vous quand je parle comme ça c’est… Pourquoi est-ce que
je parle de chez moi et de chez vous je ne sais pas donc quand je parle
comme ça c’est que je parle comme quand j’étais petite » (IFFNW-01 ll.
528-531)
« Je ne sais pas pourquoi j’ai dit que j’étais une Waalse Vlaming quand
j’y repense je me dis que non c’est pas ça. Mais bon si je l’ai dit je
suppose que c’est pas totalement faux non plus. » (INW-09 hors
enregistrement, 3 mois plus tard)
Entre sociologue et linguiste : statut des données
récoltées
• Entretiens interactifs et biographiques
• Linguistique
• Objet: Discours (Forme et contenu)
• Locuteur
• Retour vers l’informateur
• Sociologie
• Objet: Contenu des discours (+ réalité sociale)
• Informateur
• Retour vers l’informateur
Entre sociologue et linguiste : analyse linguistique de
discours
• Analyse sémantique (linguistique cognitive)
• Catégorisations légitimes
« Flamand », « Wallon », « Francophone »
• Catégorisations illégitimes
« Flamands flamands » vs « Flamands francophones » (IFF-02)
« Koppige Belgen » vs « Echte Belgen » (INW-01)
Réserves:
• Entretiens interactifs (chercheur impliqué)
• Paradoxe de l’observateur
Entre sociologue et linguiste : analyse sociologique
des données
• Analyse sociologique du rôle des langues dans la société
• Analyse inductive de contenu (sociologie, GTM)
• Justifications linguistiques (basés sur des outils)
Les « conflits communautaires » à l’aune des récits
des informateurs
• Appellation non utilisée
• Différentes manières d’invoquer des tensions entre deux
groupes linguistiques
• Conflit militaire et linguistique
Les « conflits communautaires » à l’aune des récits
des informateurs
“voor een bevolkingsgroep die jaren of eeuwen lang onderdrukt is
door Oostenrijk, door Spanje, door Frankrijk, door Wallonië, door
Nederland. Ja, als die dan ineens los of onafhankelijk staan, uiteraard
[…] komt daar een Nationalistisch gevoel dat er op veel andere
plaatsen niet is. Als je jaren lang, of eeuwen lang heb moeten vechten
om uw eigen taal te spreken, eens je ze dan mag spreken, gaat je niet
stoppen, […] Daarom zijn veel Vlamingen ook zo fier en zo patriottisch
ten opzichte van hun taal.” (INW-01 ll.661-670).
« Pour une population qui durant des années ou des siècles a été sous
la domination de l’Autriche, de l’Espagne, de la France, de la Wallonie,
des Pays-Bas. Oui, si d’un coup elle devient indépendante,
évidemment un sentiment nationaliste qui n’existe pas ailleurs arrive.
Si, pendant des années ou des siècles, tu as dû te battre pour parler ta
propre langue, le jour où tu peux la parler, tu ne vas pas t’arrêter. C’est
pour ça que beaucoup de Flamands sont aussi fiers et aussi
patriotiques envers leur langue »
Les « conflits communautaires » à l’aune des récits
des informateurs
• Appellation non utilisée
• Différentes manières d’invoquer des tensions entre deux
groupes linguistiques
• Conflit militaire et linguistique
• Conflit culturel
Les « conflits communautaires » à l’aune des récits
des informateurs
« Ca ca s’appelle Kulturkampf en allemand hein. C’est la guerre des
cultures hein. […] ça a des relents un peu embêtants mais moi je dis
que c’est un Kulturkampf ben oui on a balayé le français de Flandre on
l’a voulu, on s’est battu pour ça. Ils se sont battus pour ça. Et ce qui est
triste c’est que les francophones n’ont pas de couilles au cul […] parce
que les Flamands ont une idéologie. Une idéologie basée sur tout plein
de clichés que les officiers étaient francophones et que ces pauvres
Flamands […] oui les Flamands ont un beau chant, les Flamands ont
des associations culturelles qui mettent en avant l’amour de la terre,
l’amour de leurs écrivains […] Et les francophones n’ont pas ça, les
francophones sont plus gentils de ce point de vue-là ou plus
conservateurs, ou plus passéistes et passifs et ils ne comprennent pas
où on veut en venir. […] [La Flandre :] un peuple en mouvement, une
nation en devenir eh ben tu vois où ils en sont en cinquante ans ? »
(IFF-03)
Les « conflits communautaires » à l’aune des récits
des informateurs
• Appellation non utilisée
• Différentes manières d’invoquer des tensions entre deux
groupes linguistiques
• Conflit militaire et linguistique
• Conflit culturel
• Conflit économique et social
Les « conflits communautaires » à l’aune des récits
des informateurs
« mais il ne faut pas oublier que la Belgique a politiquement été créée
par les francophones et même par une élite. Toute la constitution
était écrite en français et c’est longtemps après 1830 qu’on a eu la
première traduction de la constitution […] Et maintenant il ne faut pas
oublier qu’économiquement la Wallonie était de loin plus fortunée
que les Flamands. Les Flamands c’étaient des pauvres gens qui crèveu
d’faim qui partaient […] [les francophones] ils avaient les sous ! On
dépendait d’eux. […] les capitaux étaient engagés par les grosses
fortunes wallonnes.[Et donc les Flamands étaient obligés d’apprendre
le français] Tu ne pouvais aller à l’école et pas aller à l’université
certainement pas si tu ne parlais pas français Tout ça était en français.
Moi j’ai appris à lire et à écrire en français hein !» (IFF-01 ll.157-175)
Les « conflits communautaires » à l’aune des récits
des informateurs
• Micro-conflit symbolique
« Dans la cour de récréation, il est vrai qu’on jouait au football
Flamands-Wallons. Je ne vous le fais pas dire ça se jouait FlamandsWallons déjà à ce temps-là. Et on rentrait dedans, ça allait sec hein […]
oui c’était déjà une petite bagarre Flamands-Wallons. […] À cette
époque j’étais dans les Flamands » (INW-10)
Situation intergroupe
Les « conflits communautaires » à l’aune des récits
des informateurs
• Micro-conflit symbolique
Situation intergroupe
« [Dans la cour de récréation en secondaire,] tu trouvais des copains
qui parlaient aussi bien le français et comme moi je me débrouillais en
français y avait pas de problème et y avait une animosité entre les
francophones et les néerlandophones, les néerlandophones je les vois
encore se réfugier devant le portail sinon ils se faisaient coincer par les
francophones, c’était pas juste. » (IFF-01 ll.240-249)
« Comme les Flamands étaient minoritaires, je parle des petites
classes [école primaire], et que les Francophones étaient majoritaires,
on devait faire très attention parce que les batailles on se faisait
attraper » (IFF-01 ll.265-267)
Les « conflits communautaires » à l’aune des récits
des informateurs
• Entités conflictuelles
• Essentialisées
• Déconstruites
« Mais il ne faut pas oublier que la Belgique a politiquement été créée
par les francophones et même par une élite. […] Regarde le diplôme
là… 1835, société de Pharmacie c’est en français […] en pays flamand
quand même hein ! » (IFF-01)
Les « conflits communautaires » à l’aune des récits
des informateurs
• Entités conflictuelles
• Essentialisées
• Déconstruites
« Alors la Belgitude dans tout ça, ben tout ça fait très Belge, quand
même. Mais je ne veux vraiment pas jouer au Belgicain ou au
Nationaliste ou au vieux con, etc. mais c’est ça la Belgique » (IFF-03
ll.124-127)
« Je regrette que la Belgique soit devenu un pays à concurrence
ethnique! Et qu’on ait inventé des ethnies qui n’existaient pas ! C’est
quoi les Flamands […] La Flandre merde elle n’existe sans doute que
depuis 1973 quand on a commencé à fabriquer les lois
communautaires et régionales enfin bon, avant, il n’y a pas eu hein,
avant c’est une fiction. Avant la Belgique, sûrement il n’y a jamais eu
de Flandre, d’ailleurs « Vlaams » n’existait pas, la langue [du Brabant]
s’appelait « Nederduitsch » (IFF-03 ll.570-595)
Notion de conflit
• Caractère relatif des conflits épistémologiques
• But concret
• Méthode concrète
• Conflits interprétés par les informateurs
• Relatifs (visions du monde)
• Entités contextuellement définies
DASSARGUES Alix
[email protected]
(Ph&L / ISHS)
Journée d’étude LASC
Le 8 mai 2015
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