Médecin 2 Sommaire Un métier exigeant au service de la santé 3 Se former et travailler à l’hôpital 4 Près de la moitié des médecins en exercice – y compris les médecins assistants en formation postgraduée en vue d’obtenir un titre de spécialiste – sont employés dans un hôpital universitaire ou périphérique, une clinique privée ou un centre de réhabilitation. Portraits Construire sa carrière – Nurullah Aslan, assistant en médecine interne Coordonner les soins d’urgence – Manoëlle Godio, interniste intensiviste A l’intérieur du corps humain – Jocelyne Bloch, neurochirurgienne La vision globale du patient – Patrick Schoettker, anesthésiste Le psychisme comme outil de travail – Penelope Clinton, pédopsychiatre La pratique privée 5 6 7 8 9 10 Un peu plus de la moitié des médecins spécialistes exercent à titre indépendant ou salarié dans un cabinet individuel, un cabinet de groupe, un centre ambulatoire ou une policlinique. Portraits Une infinie variété de situations – François Héritier, généraliste Le bien-être de l’enfant d’abord – Caroline Hefti-Rütsche, pédiatre L’interprétation des signes – Christophe Campolini, radiologue Se mettre à son compte – Marion Ombelli-Meisser, gynécologue Autres pratiques 11 12 13 14 15 En dehors de la clinique, il existe quelques débouchés dans la gestion et dans la recherche, en particulier dans le domaine de la santé publique. Cela concerne moins de 2% des médecins en exercice. Quant à la médecine humanitaire, elle offre des possibilités de travail sur mandat. Portraits Médecin des médecins – Sandra Deriaz, adjointe à la direction médicale du CHUV Perspectives et marché de l’emploi 15 16 La pénurie de médecins n’épargne pas les spécialistes, surtout en périphérie. 2 La médecine vous intéresse? Qualités Requises 17 Formation 18 Réflexions d’étudiants 19 Impressum 20 Un métier exigeant au service de la santé Dans un système de santé en pleine mutation, la médecine n’a rien d’une sinécure : les conditions de travail, stressantes, sont aggravées par la pénurie de relève, les pathologies deviennent de plus en plus complexes, l’évolution de la société et le vieillissement de la population font émerger de nouveaux besoins, l’administratif prend une place grandissante au détriment de la clinique… Sans parler d’un accès au métier qui passe par des études particulièrement longues, exigeantes et sélectives. Et pourtant, chaque année, le nombre de candidats aux études de médecine excède les capacités d’accueil des universités. Qu’est-ce qui pousse les futurs médecins à exercer une profession écartelée entre souci de qualité et obligation d’économie ? Sauver des vies, prévenir les maladies et les soigner, promouvoir la santé : les motivations des étudiants, des assistants et des médecins spécialistes sont et restent profondément altruistes. Leurs points forts ? Le goût des défis intellectuels, une grande capacité de travail, une excellente organisation et une forte conviction personnelle. Généraliste et interniste, psychiatre, gynécologue, pédiatre, anesthésiste, chirurgien… Parmi les titres de spécialistes, sept drainent près de la moitié des 30 000 médecins en exercice en Suisse. Au-delà de leur intérêt commun pour la santé, les médecins pratiquent autant de métiers différents que de spécialisations (voir encadré). Peu d’entre eux renoncent à la clinique pour privilégier la recherche. La profession médicale s’est aujourd’hui fortement féminisée et ouverte au temps partiel. titres de spécialistes Les formations postgraduées (un peu plus de 40) approfondissent les connaissances et les compétences acquises au cours de la formation prégraduée. Elles sont centrées sur : • la santé physique ou mentale globale (médecine générale et interne, psychiatrie) • une population (pédiatrie, gynécologie, urologie, etc.) • un organe (ophtalmologie, dermatologie, nephrologie, cardiologie, etc.) • un système (pneumologie, gastroentérologie, neurologie, endocrinologie, angiologie, orthopédie, etc.) • une pathologie (oncologie, allergologie, rhumatologie, etc.) • une technique (radiologie, chirurgie, etc.) • etc. Plus de détails sur www.fmh.ch => ISFM 3 Se former et travailler à l’hôpital C’est en milieu hospitalier que les futurs médecins se forment à la clinique en suivant l’enseignement au lit du malade et en effectuant des stages de durée variable. Une fois leur diplôme fédéral obtenu, médecins assistants et chefs de clinique se perfectionnent dans une discipline, pendant leur formation postgraduée, sous la houlette de médecins cadres. L’hôpital est un passage obligé, même pour les médecins qui se destinent à la pratique en cabinet. Dans les hôpitaux uni- versitaires, les médecins cadres, titulaires d’une thèse de doctorat, cumulent carrière académique et carrière médicale: outre leur activité clinique, ils assument des tâches de recherche et d’enseignement. Près de la moitié des médecins en exercice, y compris les médecins assistants en formation postgraduée et les chefs de clinique, sont employés dans le secteur hospitalier. Cadres hospitaliers En formation postgraduée En formation prégraduée La hiérarchie hospitalière 4 Stagiaires Etudiants en médecine, bachelor et master. Médecins assistants Médecins titulaires du master en médecine et du diplôme fédéral de médecin, accomplissant leur formation postgraduée en vue d’obtenir un titre de spécialiste. Médecins chefs de clinique Médecins assistants ayant exercé la même discipline deux ans au moins, spécialistes ou sur le point de l’être, supervisant le travail de médecins assistants. Médecins associés Médecins spécialistes, titulaires d’une thèse de doctorat, menant une activité clinique, de recherche et d’enseignement : maîtres d’enseignement et de recherche ou privat-docents. Médecins adjoints Médecins chefs de service Médecins spécialistes, titulaires d’une thèse de doctorat, responsables de la gestion d’un service ou d’un département. Charge d’enseignement, de recherche et clinique : professeurs. Conduire des recherches Transmettre un savoir-faire Jocelyne Bloch, neurochirurgienne et médecin associé, travaille sur un programme de recherche qu’elle conduit depuis douze ans en collaboration avec un biologiste : «Nous cultivons des cellules capables de créer des nouveaux neurones qui pourraient être réimplantés dans le cerveau de patients souffrant de maladies dégénératives, par exemple. J’aime faire de la recherche et, en même temps, être au front. L’environnement hospitalier favorise cette polyvalence et cette créativité.» En tant que médecin associé, Patrick Schoettker, anesthésiste, enseigne aux étudiants en formation de base ses spécialités, notamment l’intubation, la prise en charge des polytraumatisés et la physiopathologie. Il participe également à la formation, en salle d’opération, des médecins assistants et des chefs de clinique en anesthésiologie : « Je suis sur le terrain, je laisse faire et reprends la main si nécessaire. On voit très vite comment les futurs médecins transforment leurs connaissances théoriques en compétences de terrain.» Construire sa carrière «Contrairement à ce qu’on voit dans les séries télé, une grande partie de notre temps est consacrée aux tâches administratives.» Contacts avec les spécialistes, planification d’examens, lettres de sortie destinées au médecin traitant, etc.: Nurullah Aslan est responsable du dossier médical des patients, dès leur entrée et tout au long de leur séjour. Nurullah Aslan, 28 ans Assistant en médecine interne dans un hôpital périphérique Son diplôme de médecin obtenu il y a tout juste un an, Nurullah Aslan travaille actuellement dans un centre de réadaptation accueillant des personnes âgées. Cette expérience de six mois dans le domaine de la gériatrie fait partie d’un programme organisé par le département de médecine interne de l’hôpital dans lequel il effectue une partie de sa formation postgraduée. «Par la suite, je ne sais pas encore si je vais m’orienter vers une spécialité de la médecine interne (cardiologie, pneumologie, gastroentérologie, etc.) ou si je vais m’installer en cabinet en tant que médecin de famille. Tout est encore ouvert.» Le matin, Nurullah Aslan s’occupe généralement des visites médicales. Il s’informe d’abord de l’état de santé des patients auprès du personnel soignant et vérifie les graphiques qui affichent les constantes (tension, pouls et température, entre autres). Ensuite, dans les chambres, il échange quelques mots avec chaque patient avant de l’examiner, adapte les traitements, prescrit les médicaments pour les jours à venir, etc. L’après-midi est consacré aux examens d’entrée des nouveaux patients et aux tâches administratives. Cette activité clinique planifiée est régulièrement interrompue par des urgences et des imprévus, «un patient qui a du mal à respirer, qui a des douleurs au thorax ou qui est tombé, par exemple». Même si les journées de travail comptent officiellement neuf heures, dans les faits l’assistant fait beaucoup d’heures supplémentaires. «Ce n’est plus l’époque où les assistants travaillaient 80 heures par semaine, mais il y a quand même une importante charge de travail et, quand j’arrive le matin, je ne sais jamais à quelle heure ma journée va se terminer.» La prise en charge des patients âgés La plupart des patients dont s’occupe Nurullah Aslan sont âgés de plus de 75 ans. Ils sont accueillis au centre de rééducation principalement après un séjour dans un hôpital de la région suite à une intervention chirurgicale ou à un problème médical aigu. «Par rapport au patient jeune, la personne âgée a des besoins différents en raison, par exemple, de problèmes auditifs ou de difficultés à parler, à bouger et à se nourrir, ou alors elle peut présenter des symptômes de démence dus au vieillissement. Nous devons l’aider dans ses mouvements, parler lentement et à voix bien haute et, de manière générale, nous adapter à son rythme.» L’objectif des médecins du centre de réadaptation est que les patients puissent rentrer chez eux et y rester le plus longtemps possible. «Nous évaluons le degré d’autonomie de la personne. Prendra-t-elle régulièrement ses médicaments? Est-ce qu’elle pourrait se mettre en danger, par exemple en oubliant les plaques allumées ou en se promenant sans canne alors qu’elle a des troubles de l’équilibre?» Nurullah Aslan est très à l’aise avec ses patients, même si certains, en le rencontrant pour la première fois, sont étonnés par son âge: «Vous êtes jeune!», observent-ils. Ils sont pourtant vite rassurés par ses compétences et lui font entièrement confiance. «En cas de doute, je peux toujours me référer au chef de clinique, qui peut à son tour s’adresser à son supérieur hiérarchique. C’est une pyramide», explique l’assistant. 5 Coordonner les soins d’urgence Spécialisée dans la prise en charge et le suivi des hospitalisations d’urgence, Manoëlle Godio est médecin adjoint au Service de médecine interne de l’Hôpital de Sierre. Entre tâches courantes et imprévus, sa journée est une succession de prises de décision pesées en un temps souvent très court. Manoëlle Godio, 40 ans Médecin spécialiste en médecine interne et intensive, Hôpital de Sierre (VS) 13:45 «La glycémie est un peu haute… Le poids… C’est bon… Et le transit, ça fonctionne? La tension? 111/55, ok.» Après avoir examiné le dossier médical et discuté avec l’infirmière référente, Manoëlle Godio se rend en chambre pour évoquer la délicate question du retour à domicile avec le patient hospitalisé suite à une entérite compliquée par une insuffisance cardiaque et une maladie chronique. 14:15 Aux soins continus, où les patients restent en observation le temps que leur état se stabilise, l’intensiviste se prépare à changer un cathéter infecté. Elle troque sa blouse blanche contre un équipement stérile et déploie un champ stérile autour du dispositif. «Voilà, Monsieur, je vais enlever le sparadrap…» Au fur et à mesure de son intervention, elle commente ses gestes. «Ça va piquer un peu, je passe le désinfectant…» Pour la mise en place du nouveau cathéter, elle passe la main à une assistante en formation postgraduée dans son service et observe son travail. 14:45 Appel du Service de médecine interne, à l’étage. Une infirmière tient le téléphone collé à l’oreille de la doctoresse afin que celle-ci puisse répondre sans enlever ses gants stériles. Manoëlle Godio retourne ensuite au lit du patient pour valider la suture réalisée par l’assistante. Hors du box, elles discutent toutes deux du suivi, notamment de la nécessité de soumettre le patient à un scanner. «On attend.» 15:00 Départ pour le Service de radiologie, où l’intensiviste doit examiner un patient venu en ambulatoire pour une ponction pleurale et qui souffre d’un pneumothorax. «C’est un risque de complication dans ce type d’intervention.» 66 Manoëlle Godio examine les clichés, s’entretient avec le radiologue, puis avec le patient. L’hospitalisation s’impose ; il s’agit alors de trouver un lit. 15:30 Aux urgences, assez calmes pour l’instant, la spécialiste discute avec l’équipe pour déterminer quel assistant s’occupera de l’admission du patient. Téléphone avec son confrère du Service de médecine interne pour organiser la logistique et la prise en charge. Le patient intègrera les soins continus, un des lits venant de se libérer. 16:00 Aux soins continus, échange téléphonique avec le médecin traitant du patient. «Avez-vous un bilan biologique récent? Pouvez-vous nous l’envoyer?» Manoëlle Godio organise avec son staff les examens que devra subir ce patient dans l’après-midi, dont des radios et un électrocardiogramme. «Je devrai peut-être lui poser un drain. Il faut anticiper.» 16:15 Retour aux urgences, où une assistante a enregistré l’entrée d’une dame arrivée pour une pathologie pulmonaire. L’anamnèse, le traitement mis en route et les examens complémentaires demandés sont discutés: fonction pulmonaire, échographie. «Les assistants sont en première ligne. Ils sont diplômés et connaissent leur métier.» 17:00 Pause. «C’est un après-midi ordinaire. Quand ça bourre, il faut faire avancer la situation. J’exécute parfois des tâches qui ne sont pas celles d’un médecin adjoint, je pousse des lits, par exemple.» De piquet cette nuit, Manoëlle Godio n’a pas encore terminé sa journée de travail. A l’intérieur du corps humain «J’ai longtemps pensé que la médecine m’était inaccessible parce que j’avais choisi langues modernes au gymnase.» Jocelyne Bloch est aujourd’hui médecin cadre attaché au Service de neurochirurgie, après avoir franchi avec brio toutes les étapes de la carrière académique. «Les vaisseaux sont bons. On voit bien les vertébrales…» Sa discussion téléphonique avec un collègue du Service de neurochirurgie terminée, Jocelyne Bloch reprend les dossiers administratifs auxquels elle se consacre le mardi après-midi. Mais la concentration est difficile, ce jour-là: «Je remplace un collègue de garde», explique la neurochirurgienne. «Je dois régler des situations urgentes et veiller à la compatibilité des traitements.» Jocelyne Bloch, 43 ans Médecin spécialiste en neurochirurgie au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), Lausanne Un travail d’équipe Le silence règne dans la salle d’opération. Le patient est éveillé, prêt à recevoir dans le cerveau deux électrodes qui le soulageront des effets handicapants de la maladie de Parkinson. Après avoir recueilli ses données anatomiques, Jocelyne Bloch lui rase et lui désinfecte longuement le crâne (entouré d’un cadre métallique déterminant les positions géographiques de la cible visée, le noyau sous-thalamique), puis lui administre une anesthésie locale. «Voilà, Monsieur, nous allons commencer…» Jocelyne Bloch incise le cuir chevelu et place un écarteur; l’instrumentiste aspire le sang. «Ça va?», demande le patient. «Tout va bien! Je vais maintenant percer. Vous aurez une drôle de sensation, comme une vibration…» L’instrumentiste nettoie la plaie pendant que la neurochirurgienne opère, la mèche du crâniotome guidée selon l’angle voulu, et implante trois canules au bout desquelles sont fixées les électrodes. C’est à ce moment que l’électrophysiologiste entre en scène pour stimuler électriquement les neurones proches de la cible: «La centrale est bonne.» «Tout se passe bien», rassure la neurochirurgienne, qui retire soigneusement les deux électrodes inutiles. Le neurologue est appelé pour la vérification clinique: «Bonjour Monsieur, gardez les yeux ouverts, donnez-moi la main.» Le spécialiste effectue des tests pour évaluer les effets de la stimulation électrique des cellules sur les tremblements: «Les tests cliniques montrent que la cible est parfaitement atteinte.» Après un contrôle radiographique, l’électrode définitive est fixée au crâne. La plaie est cautérisée, puis le cuir chevelu provisoirement recousu. Trois heures ont passé. Cet après-midi, l’électrode droite sera mise en place de la même manière. Après vérification de leur positionnement par IRM viendra le moment de les brancher au neurostimulateur, que Jocelyne Bloch placera sous la peau du patient, en dessous des clavicules. «Cette étape se déroule sous anesthésie complète», précise la neurochirurgienne. Percer la barrière osseuse Extraction d’une hernie discale, ablation d’une tumeur cérébrale ou spinale, décompression d’un nerf périphérique, fixation du rachis ou encore traitement de problèmes dégénératifs: les interventions neurochirurgicales sont d’autant plus compliquées qu’elles se déroulent sous la boîte crânienne ou entre les vertèbres, qu’il faut préalablement percer ou scier: «Ouvrir la calotte à l’aide d’un crâniotome, puis inciser la méninge à l’aide d’un bistouri peut prendre une heure», commente la neurochirurgienne. «Cela demande de la précision, de la force et de l’endurance.» Ce qui passionne surtout Jocelyne Bloch, c’est la neurochirurgie fonctionnelle: «Au croisement de l’imagerie, de l’électrophysiologie et de la clinique, cette discipline vise à moduler les fonctions, à enlever une douleur chronique, à stimuler des nerfs» (voir encadré). L’imagerie est une aide précieuse en neurochirurgie: «Grâce à l’IRM, nous pouvons nous repérer dans le cerveau, comme lorsqu’on navigue avec un GPS. C’est très utile pour localiser certaines tumeurs. La précision que nous apportent ces nouvelles technologies nous permet par exemple de faire de plus petites ouvertures.» Jocelyne Bloch a toujours été fascinée par les neurosciences. Ce qui l’a conduite à la neurochirurgie, c’est d’abord le côté intellectuel de cette spécialisation où la part de raisonnement et de diagnostic différentiel est importante. «Ce que j’aime aussi, c’est l’action! Pour faire de la neurochirurgie, il faut apprécier le travail sous pression et savoir garder son sang-froid, en particulier face à une complication.» 7 La vision globale du patient Privat-docent, maître d’enseignement et de recherche et médecin associé spécialisé en anesthésie neurochirurgicale, ORL et urgence au Service d’anesthésiologie du CHUV, Patrick Schoettker se considère comme un communicateur de l’ombre. Patrick Schoettker, 44 ans Médecin spécialiste en anesthésiologie et réanimation, Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), Lausanne Anticiper pour maîtriser les imprévus Avant l’opération, l’anesthésiste interroge le patient lors d’une consultation de prémédication: «Antécédents, maladies, médicaments, etc. sont listés. Nous demandons des choses qui peuvent paraître farfelues, par exemple ouvrir la bouche, alors que la personne vient pour une opération du pied. Dans ce cas-là, par exemple, nous sommes à la recherche de critères d’intubation difficile.» Anticiper toute complication pour mieux pouvoir y faire face, telle est la devise de l’anesthésiste: une intubation, indispensable lors d’une anesthésie complète pour suppléer artificiellement à la respiration du patient, peut devenir nécessaire au cours d’une opération sous anesthésie locorégionale. Mieux vaut, dans ce cas, connaître les particularités des voies aériennes du patient. Pendant l’opération, après avoir équipé le patient (pose du masque, d’un goutte-à-goutte, des électrodes de monitoring, etc.), l’anesthésiste et l’infirmier suivent le plan de l’opération établi préalablement avec le chirurgien. Le patient subit une anesthésie complète ou locorégionale (par exemple péridurale, rachianesthésie, bloc nerveux), selon l’opération prévue. Les gestes techniques se succèdent avec précision: piquer, intuber, assurer le monitoring et gérer les procédures. «Nous redoutons tous le décès sur table. Cela peut arriver dans certaines situations particulières.» 8 «Pendant mes études de médecine, j’étais plutôt attiré par la chirurgie. Mais, en assistant à des opérations, je me suis aperçu que, contrairement au chirurgien qui est concentré sur une partie du corps, l’anesthésiste dispose d’une vision globale du patient.» En effet, l’anesthésiste intervient non seulement avant l’opération, mais il en suit aussi le déroulement, surveille en permanence les fonctions vitales du patient et ses réactions, et adapte les traitements en continu. «De fait, reprend Patrick Schoettker, l’anesthésiste est le chef d’orchestre de la salle d’opération.» Pour permettre le travail du chirurgien dans les meilleures conditions, ce spécialiste s’appuie à la fois sur ses connaissances approfondies en anatomie, en physiologie et en physiopathologie, ainsi que sur les ressources de la pharmacopée, qui n’a plus le moindre secret pour lui. «Nous utilisons des produits dangereux dont nous dosons les effets, dans un but précis: endormir le patient, apaiser la douleur ou induire l’immobilité. Sans anesthésiste, pas de chirurgie! Pour assurer les opérations, nous suivons un protocole précis, nous vérifions un certain nombre d’éléments au départ, puis nous nous adaptons en permanence. Notre mission est de rétablir un équilibre dans un déséquilibre.» Résoudre rapidement des problèmes «L’anesthésiste doit savoir gérer son propre stress, celui du patient et celui de l’équipe.» C’est lui qui se trouve dans les hélicoptères de sauvetage ou dans les ambulances. «Quand on aime le stress et l’urgence, c’est un métier passionnant. Un anesthésiste efficace intègre ce facteur.» Son bagage intellectuel, ses compétences techniques et ses qualités humaines permettent à l’anesthésiste de résoudre un problème dans un temps très court: «En cas d’urgence, on fait avec ce qu’on a et on priorise.» Là encore, l’anesthésiste doit savoir générer une synergie entre les chirurgiens qui opèrent le corps du blessé et les anesthésistes réanimateurs qui visent à maintenir les fonctions vitales: «Quand on prend en charge des polytraumatisés, on se protège en considérant le corps comme une machine à réparer.» Le psychisme comme outil de travail Penelope Clinton, 42 ans Médecin spécialiste en psychiatrie d’enfants et d’adolescents, Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) La Consultation Santé Jeunes des HUG a la particularité de proposer aux adolescents et jeunes adultes de 12 à 25 ans une prise en charge médicale globale. Penelope Clinton y travaille dans un contexte pluridisciplinaire avec d’autres médecins internistes, pédiatres et psychiatres. Envoyé par l’école, un pédiatre ou ses parents, par exemple, voire consultant de sa propre initiative, l’ado ou le jeune adulte est d’abord reçu par un médecin interniste pour une évaluation de la situation. Les motifs de consultation les plus courants? Dépression, absentéisme scolaire, problématiques sociales, boulimie, anorexie ou encore grossesse non désirée. Au besoin, le patient sera dirigé vers la pédopsychiatre ou la psychiatre du service. Penelope Clinton reçoit entre 16 et 20 patients par semaine, dont 2 à 5 nouveaux cas: «Parmi eux, il y a beaucoup de jeunes migrants vivant des situations de précarité ou de rupture, issus de milieux a priori peu enclins à consulter un psychiatre.» Formée à l’ethnopsychiatrie, qui prend en compte l’origine ethnique et culturelle des patients, elle rencontre chacun de ses patients à raison de une fois par mois à trois fois par semaine, pour les psychothérapies d’enfant, par exemple: «Je suis chaque heure plongée dans une nouvelle situation. Le patient présent seul compte. Pas question de penser au patient précédent ou au suivant.» S’adressant souvent au service pour des problèmes fonctionnels (sommeil, alimentation), les parents de petits enfants peuvent également être reçus par la pédopsychiatre: «Avec eux, je travaille sur la relation avec leur enfant et les amène à réfléchir à celui qu’ils ont eux-mêmes été.» C’est à des parents également qu’elle offre ses services en tant que pédopsychiatre de liaison à temps partiel au Service de cardiologie des HUG: «Je les accompagne dans l’annonce d’un diagnostic ou d’une maladie chronique.» En outre, à raison d’une demi-journée par semaine, elle se rend à la maternité où elle suit des jeunes filles mineures demandant une IVG. En dehors de son travail de consultation, la cheffe de clinique supervise le travail des équipes de la Consultation Santé Jeunes: «Les internistes ou les pédiatres me présentent des situations au sujet desquelles ils sollicitent mon avis de spécialiste.» Bien se connaître Forte de ses expériences, Penelope Clinton projette d’ouvrir une consultation privée d’orientation psychanalytique dans le cadre d’un cabinet de groupe. «J’ai toujours voulu être psychiatre. Ce que j’aime surtout, c’est la rencontre entre deux personnes et la relation spécifique qui s’établit.» «Pour faire ce métier, poursuit-elle, il faut bien se connaître, savoir qui on est, d’où on vient. Cela permet de faire la distinction entre ce qui appartient au patient et ce qui m’appartient comme thérapeute.» Sa propre psychanalyse l’a aidée à prendre du recul. Aujourd’hui encore, une supervision régulière avec une psychiatre extérieure au service lui permet de revenir sur une situation ou l’autre: «On prend pas mal sur soi: il y a une dimension mentale et affective forte dans la relation thérapeutique.» La pédopsychiatre, qui se ressource dans l’art et la littérature, souligne aussi la nécessité, pour elle, de contrebalancer le côté très «intello» de sa discipline par des loisirs plus manuels: «Je dessine beaucoup et je confectionne mes vêtements.» 9 La pratique privée Seuls les médecins disposant d’un titre de formation postgraduée peuvent exercer à titre indépendant, notamment dans un cabinet médical. Les débouchés varient fortement d’une région à l’autre et selon les spécialisations: les régions périphériques peinent à repourvoir les postes vacants, et les spécialisations à haute valeur technologique se concentrent plutôt dans les villes. La pénurie de médecins de premier recours commence à gagner les spécialistes. Ouvrir ou reprendre un cabinet a un prix élevé: «Les coûts d’investissement et de fonctionnement représentent jusqu’aux trois quarts du chiffre d’affaires d’un indépendant», témoigne François Héritier. Ce médecin généraliste établi dans le canton du Jura est sur le point d’ouvrir un cabinet de groupe, qu’il partagera avec deux autres généralistes – une solution qui permet notamment de réduire les charges, de favoriser les échanges entre confrères et, pour les patients, de faciliter l’accès à des prestations médicales pluridisciplinaires sous le même toit. A côté des cabinets gérés par une association de médecins indépendants se développent de nouvelles organisations de soins ambulatoires où les médecins ont un statut de salarié et bénéficient d’horaires de travail réguliers et de vacances payées. Un peu plus de la moitié des médecins spécialistes exercent à titre indépendant ou salarié dans un cabinet individuel, un cabinet de groupe, un centre ambulatoire ou une policlinique. Les spécialités comptant le plus de médecins en pratique privée sont la médecine générale et interne / la psychiatrie et psychothérapie / la gynécologie et obstétrique / la pédiatrie / l’ophtalmologie. Dans le secteur hospitalier, la médecine interne et générale reste en tête, suivie de l’anesthésiologie / la psychiatrie et psychothérapie / la chirurgie / la pédiatrie. Le catalogue des programmes de formations postgraduées et complémentaires est disponible sur le site de l’Institut suisse pour la formation médicale postgraduée et continue ISFM, en lien sur www.fmh.ch. 10 Une infinie variété de situations C’est dans le Jura, canton où la densité médicale est la plus faible de Suisse romande, que le Valaisan a ouvert le premier et unique cabinet médical de Courfaivre, en 1998 : «J’ai toujours voulu être généraliste. Comme je tenais à faire de tout, il me paraissait évident de m’installer dans un village.» François Héritier, 49 ans Médecin spécialiste en médecine générale indépendant, Courfaivre (JU) Le cœur de son métier? «La relation», répond sans hésiter le médecin de famille, dont l’éventail des patients va des nourrissons aux personnes âgées en passant par les enfants, les adultes et les femmes enceintes. Le spectre de ses activités est à l’avenant: vaccinations et contrôles de croissance, diagnostic et traitement d’infections, suivi de maladies chroniques et cardio-vasculaires – des pathologies dont, comme ses collègues, il constate l’augmentation: «La population vieillit et, d’autre part, les progrès de la médecine aiguë sauvent aujourd’hui des personnes qui autrefois mouraient.» Faire de tout, c’est aussi effectuer des examens complémentaires ou de la petite chirurgie: radiographies, électrocardiogrammes, analyses de sang, sutures, ponctions, excisions, à l’aide d’un équipement technique indispensable dans une région périphérique. Sur un autre plan, il lui arrive également d’apporter son soutien psychologique à des patients traversant des situations psychosociales difficiles. Dans certains cas – «quand la situation n’est pas claire ou alors à la demande du patient» – François Héritier passe la main à un spécialiste. «C’est une erreur de croire qu’on est seul uniquement en cabinet: à l’hôpital aussi, il faut, à un moment donné, prendre une décision et on est toujours seul à décider. Mais l’expérience acquise au fil des années donne assurance et confiance.» La consultation généraliste De 8h à 12h30, puis de 14h à 19h, François Héritier reçoit ses patients, selon l’ordre prévu par son assistante médicale qui lui prépare également les dossiers. «Qu’est-ce qui vous amène?» - C’est par cette question que le généraliste ouvre souvent la consultation qui, de fait, a déjà commencé dans la salle d’attente. «Selon certaines études, le médecin se fait en effet une idée du motif de la consultation dès les premières minutes.» Une démarche, une façon de bouger ou de se tenir, un regard, etc., sont autant de signes à ne pas manquer: «L’observation, l’écoute et le ressenti sont essentiels dans mon métier.» 12 Les quatre temps de la consultation 1 L’anamnèse («plus de trois quarts du diagnostic») vise à recueillir le maximum d’informations à partir de la plainte du patient : «Symptômes et contexte, allergies, antécédents familiaux, travail, habitudes, etc. En prenant des notes, je construis une histoire.» 2 Puis vient l’examen clinique: le médecin observe, palpe, percute, ausculte. «Je commente mes actes et les explique si nécessaire. Dans le verbe allemand behandeln, soigner, il y a le mot Hand, main. Un médecin touche et doit toucher les gens. Le geste a une portée thérapeutique: en mettant un doigt sur la douleur, on la reconnaît.» 3 Le diagnostic différentiel permet de poser des hypothèses et de nommer les problèmes: «La plupart des patients ont une idée de ce dont ils souffrent. Ils ont donc des attentes à l’égard du médecin - et aussi des craintes.» 4 Enfin, la prise de décision: «Selon les cas, un examen complémentaire est effectué, je prescris un traitement, je réfère à un spécialiste ou je propose de laisser passer quelque temps avant d’évaluer la situation à l’occasion d’un prochain rendez-vous.» 11 Le bien-être de l’enfant d’abord «J’ai choisi la pédiatrie parce que c’est une des seules spécialités de la médecine où on peut encore jouer.» Dans son métier, Caroline Hefti-Rütsche apprécie tout particulièrement le contact honnête et direct qu’elle peut établir avec les enfants: «Rares sont les jours où je ne ris pas!» Caroline Hefti-Rütsche, 43 ans Médecin spécialiste en pédiatrie dans un cabinet indépendant, Yverdon-les-Bains (VD) Examens de contrôle du développement, plans de vaccination et urgences: les consultations rythment les journées de Caroline Hefti-Rütsche, pédiatre dans un cabinet qu’elle partage avec une collègue. «Les motifs de consultation d’urgence vont de la fièvre aux éruptions cutanées en passant par la toux et les troubles alimentaires ou du sommeil», précise-t-elle. Parfois, il arrive que l’assistante médicale lui passe des appels de parents inquiets. «J’essaie de rester le plus possible disponible et de régler les situations qui peuvent l’être par téléphone.» Au moment des consultations, la doctoresse est très attentive au bien-être de ses patients, dont l’âge varie entre 0 et 18 ans: «Je préfère éviter de déshabiller d’emblée un nourrisson pour l’ausculter (il risque d’avoir froid et de se mettre à pleurer) ou, si une adolescente vient accompagnée de sa mère, j’essaie de dialoguer autant que possible avec la jeune fille. Mon devoir, en tant que pédiatre, est d’avoir un regard extérieur à la famille et de chercher à comprendre ce qui se passe dans la tête du jeune patient.» Caroline Hefti-Rütsche donne également beaucoup d’importance à l’observation: «On apprend souvent plus en regardant l’enfant jouer qu’en le sollicitant pour qu’il fasse quelque chose.» Pour la pédiatre, ce sont les petits événements de tous les jours qui font la richesse du métier: une maman soulagée, un enfant qui a fait des progrès, etc. «Ce qui m’est le plus difficile, par contre, c’est de ne pas avoir de prise sur une situation qui ne me paraît pas bénéfique pour l’enfant, par 12 exemple lorsqu’il n’est pas suffisamment stimulé par son entourage ou qu’il mange toujours devant la télé. Dans ces cas-là, j’invite les parents à réfléchir aux conséquences que leurs actions pourraient avoir, mais je n’ai pas de baguette magique.» L’une des particularités de la pédiatrie réside dans la nature de la relation médecin-patient, qui implique également la personne qui s’occupe de l’enfant. «C’est un lien qui se base sur la confiance et qui se consolide au fil des années. Pour l’entretenir, il est essentiel de respecter la personne qui a choisi de venir consulter, quels que soient son mode de vie et sa culture.» S’adapter aux demandes Caroline Hefti-Rütsche a choisi de travailler à temps partiel. « Il faut prendre soin de soi et s’accorder du temps, tout au long de sa carrière, car on ne peut bien soigner les autres que si on est bien soi-même. » Un équilibre qui n’est pas toujours facile à trouver: la spécialiste constate en effet que les parents d’aujourd’hui veulent prendre rendez-vous de préférence en fin de journée, en dehors des heures de travail et dans les meilleurs délais. « Dans une société où la plupart des services sont offerts 24h/24, les gens n’ont plus l’habitude d’attendre. » Dans ce contexte, Caroline Hefti-Rütsche fait partie du comité de pilotage de la garde pédiatrique du Nord Vaudois, mise en place récemment pour désencombrer les urgences hospitalières en soirée et le week-end. L’interprétation des signes Pendant ses études, fasciné par les pathologies du cerveau, Christophe Campolini a hésité entre la radiologie et la neuropsychiatrie, une discipline où le médecin est confronté à des situations très lourdes. «La radiologie me permet de garder le rapport qui me convient avec les patients.» «Si les mains sont l’outil du chirurgien, les yeux sont celui du radiologue», relève Christophe Campolini. «Contrairement à ce qu’on pense, ce n’est pas le médecin qui réalise les images, mais le technicien en radiologie médicale.» Un radiologue passe l’essentiel de son temps devant un écran: lecture et analyse des images d’une part, rédaction de rapport à l’intention du médecin traitant ayant sollicité les compétences du spécialiste, d’autre part. Il s’agit généralement, pour le radiologue, de confirmer ou de préciser un diagnostic. «La vie des patients est entre nos mains: ce que nous trouvons va décider d’un suivi, d’une chirurgie, d’une hospitalisation ou non.» «On ne trouve que ce qu’on cherche», poursuit le radiologue, dont l’intervention est orientée par l’ordonnance du médecin traitant: «Je vais croiser la question de mon confrère et la pathologie du patient avec les différentes techniques disponibles.» Scanner, imagerie par résonance magnétique (IRM) ou échographie, voire rayons X classiques, seront alors privilégiés en fonction de ce que le radiologue veut mettre en évidence: tumeur, déchirures ligamentaires, ostéoporose, arthrite, kyste, etc. L’intervention du radiologue repose à la fois sur des connaissances pointues en sémiologie clinique (savoir rechercher et interpréter l’expression des pathologies) et sur une maîtrise parfaite des techniques: «Alors que l’IRM, le scanner et la radio classique font appel à de larges connaissances théoriques, l’échographie demande une habileté qui s’acquiert au fil de la pratique.» L’imagerie est la discipline médicale ayant le plus évolué ces trente dernières années: «Le matériel est extrêmement coûteux. Il s’agit donc pour le radiologue d’être efficace et précis, tout en respectant le protocole d’examen lié à la pathologie du patient.» Christophe Campolini, 40 ans Médecin spécialiste en radiologie dans un centre d’imagerie médicale, Fribourg Habileté technique Les trois médecins spécialistes en radiologie du Centre d’imagerie médicale de Fribourg sont chacun expert dans un domaine particulier. Le fer de lance de Christophe Campolini: la radiologie ORL et la radiologie interventionnelle, en particulier l’angioplastie (dilatation d’une artère obstruée à l’aide d’un ballonnet et pose de stent pour maintenir l’artère ouverte). Ses collègues et lui-même se partagent d’autres interventions de ce type: infiltration (injection de substances actives pour soulager une douleur chronique), vertébroplastie (injection de ciment dans une vertèbre pour compenser une perte osseuse), biopsie ou repérage stéréotaxique (opération guidée à l’aide de l’imagerie médicale), thermoablation percutanée de tumeurs, etc. Autant d’actes qui n’ont aucun secret pour le médecin à l’affût des progrès de la technique médicale et sensible aux ponts jetés entre les spécialités: «Par exemple, la stéréotaxie et l’angioplastie se situent au carrefour de la radiologie, de la chirurgie et de la cardiologie.» L’informatique a révolutionné le métier de radiologue. L’imagerie médicale, à son tour, a influencé la chirurgie, aujourd’hui plus précise, ou l’oncologie, ciblant mieux les cancers. Elle connaîtra encore d’autres développements: «Sans doute ira-t-on plus loin encore dans l’infiniment petit», se réjouit Christophe Campolini. 13 Se mettre à son compte Rompue à toutes les spécificités et exigences de la gynécologie hospitalière, Marion Ombelli-Meisser vient d’ouvrir, avec un confrère chirurgien plasticien, un centre pluridisciplinaire dédié à la femme. «Ouvrir un cabinet, c’est monter une entreprise.» Marion Ombelli-Meisser, 42 ans Médecin spécialiste en gynécologie et obstétrique indépendante, Neuchâtel Hôpital ou cabinet? La pratique médicale de la gynécologie peut différer fortement selon le lieu de travail et la formation approfondie choisie. Néanmoins, comme pour tous les médecins spécialistes, l’hôpital est un passage obligé pour les futurs gynécologues, dont la formation postgraduée comprend un nombre important d’interventions chirurgicales. «Venir à bout du catalogue opératoire est une obsession quand on est médecin assistant! Il faut être vraiment motivé», se souvient Marion Ombelli-Meisser, qui apprécie aujourd’hui les avantages du cabinet: «Je trouve un équilibre entre ma profession et ma vie familiale avec trois enfants, je choisis mes horaires et mes vacances.» Suivis de grossesse, contrôles annuels, dépistage et prévention font la richesse de son quotidien: «Dans ma pratique, il y a de la technique, de la routine, et du relationnel, un aspect que j’apprécie de plus en plus.» Les actes courants que sont les échographies de grossesse ou les examens gynécologiques de routine sont ponctués par des interventions chirurgicales (traitements de condylomes vulvaires, opérations non oncologiques des seins, etc.) au bloc opératoire dont le cabinet est équipé. «En gynécologie, on voit des personnes en bonne santé, mais aussi des cas graves. Le médecin doit pouvoir supporter cette tension.» Sa longue expérience de l’hôpital, où elle a pratiqué une médecine de pointe, lui a donné assurance et vision globale. Mais, modère-t-elle, «on ne peut pas être spécialisé dans tout». Quand lors d’un ultrason de contrôle, par exemple, la gynécologue suspecte une malformation du foetus, elle adresse la patiente à un confrère spécialisé en échographie. «Il convient 614 de rester humble. En cabinet, la responsabilité est d’autant plus grande qu’on est son propre chef.» Planifier son projet Marion Ombelli-Meisser a toujours voulu ouvrir un cabinet collectif dans l’idée de fournir aux femmes, à la même adresse, des traitements médicaux et des soins spécialisés ciblés sur la santé au féminin. La gynécologue, qui s’est associée dans l’aventure avec un chirurgien plasticien, n’a pas fait le pas sans avoir réalisé une étude de marché et effectué une projection financière, avec l’aide d’un banquier: «En ouvrant ce cabinet, nous avons monté une entreprise. Il est indispensable de se faire conseiller.» A Neuchâtel, le taux de gynécologues est en dessous de la moyenne nationale. «Trois mois après l’ouverture, mon agenda était plein!», souligne Marion Ombelli-Meisser. De plus, dans ce canton où les industries internationales sont bien présentes, le polyglottisme de la spécialiste est un atout non négligeable. Les deux chefs d’entreprise louent des espaces du Centre Femmes à d’autres professionnels de la santé, dont une sage-femme, une diététicienne et une psychologue. Autant de visions qui permettent des regards croisés et des collaborations pluridisciplinaires, tout en augmentant la visibilité du cabinet. Pionnière, Marion Ombelli-Meisser a épousé un pionnier: son mari, médecin généraliste hospitalier, est un des premiers médecins de Suisse romande à avoir obtenu de sa hiérarchie de travailler à temps partiel pour s’occuper de ses enfants. Autres pratiques Un petit pourcentage de médecins renonce à la clinique pour s’engager dans la recherche fondamentale. D’autres se tournent vers la santé publique ou la médecine du travail, deux disciplines qui jouent un rôle essentiel dans la prévention. Quant à l’engagement humanitaire, «il reste un idéal pour de nombreux médecins», relève Bénédicte Cadoux, chargée de recrutement pour Médecins Sans Frontières. Les mandats, d’une durée de six mois à une année, s’adressent à des médecins chevronnés et autonomes de tout âge. «Nous recherchons moins de généralistes aujourd’hui», précise Bénédicte Cadoux. «Les missions sont de plus en plus spécialisées.» Médecin des médecins «La santé passe par de bonnes conditions de travail», déclare Sandra Deriaz, responsable opérationnelle du Bureau Médecins de demain mis sur pied en 2009 au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) en réponse à la pénurie de médecins. «De manière générale, on constate une augmentation du stress au travail, ce qui accroît les risques de tomber malade et, par conséquent, se répercute sur le système de santé. Ma mission, au Bureau Médecins de demain, consiste entre autres à ‘prendre soin’ des médecins du CHUV, concernés à la fois comme travailleurs et comme soignants.» Sandra Deriaz se penche également sur les conditions de formation des médecins en partant d’un double constat: d’une part la pénurie de médecins, d’autre part la féminisation de la profession médicale et l’aspiration de la relève à concilier vie privée et vie professionnelle. Enquête sur les conditions de travail, aide aux plans de carrière et conseil aux médecins en difficulté font partie de son cahier des charges. Passionnée par le développement organisationnel, cette ancienne cheffe de clinique dans le service de médecine interne du CHUV a aujourd’hui renoncé à son activité clinique et prépare un master of advanced studies en économie et management de la santé. «L’image de la profession médicale doit évoluer: certains médecins ne conçoivent pas le temps partiel, beaucoup n’imaginent pas que la prise en charge de leurs patients puisse être déléguée à d’autres, etc. Les médecins ont de la peine à prendre du recul.» Les exigences de la formation sont lourdes: «De nombreux jeunes médecins craquent en fin de cursus. Nous souhaitons mettre en place un programme de coaching pour accompagner et prévenir ce phénomène.» En résumé, le Bureau Médecins de demain s’attelle à concilier l’exigence «soins pour tous et bonnes conditions de travail» avec l’équation «médecin heureux égale patient satisfait». 15 Perspectives et marché de l’emploi Généralistes très recherchés Un peu plus de 30 000 médecins, dont 9200 dans les cantons latins, prennent soin de la santé des Suisses. Alors que la Suisse est l’un des pays où la densité médicale, toutes spécialités confondues, est la plus forte (près de 4 médecins pour 1000 habitants), le nombre de médecins ne suffit pas à répondre à des besoins croissants. Le système de santé est confronté à un triple défi: assurer la relève du personnel de santé actuel, dont une grande partie prendra sa retraite d’ici 20 ans; répondre à une hausse des besoins en soins, et donc en personnel, liée au vieillissement démographique; s’adapter à des changements qualitatifs face à l’augmentation des maladies chroniques. La FMH recense à peine un médecin généraliste pour 2000 habitants. Alors que la moyenne d’âge des médecins, toutes spécialités confondues, est d’environ 48 ans, un généraliste sur trois est âgé de plus de 60 ans. Cette pénurie sensible chez les médecins de premier recours menace également les spécialistes: «Nous cherchons depuis des mois à compléter notre équipe de médecins, suite au départ à la retraite d’un de nos collègues», remarque Christophe Campolini, radiologue. Selon Sandra Deriaz, responsable du Bureau Médecins de demain du CHUV, cette situation a des répercussions sur la relève dans les hôpitaux, qui commencent à rencontrer des difficultés à repourvoir certains postes d’assistants. Pour faire face, les hôpitaux suisses recrutent à l’étranger (40% des médecins hospitaliers, selon la FMH). Des études sélectives L’intérêt pour les études de médecine ne diminue pas, mais la capacité d’accueil des universités évolue peu. Il faudrait, en Suisse, entre 1200 et 1300 nouveaux médecins par an, soit 500 de plus que le nombre de diplômes fédéraux décernés chaque année. Sur recommandation du Conseil fédéral, les universités concernées ont augmenté, depuis 2007, le nombre de places dans les auditoires pour les porter à 1000 en 2011. Malgré cela, les inscriptions, cette même année, excédaient de 350% - un record - la capacité d’accueil des universités. Celles-ci sélectionnent drastiquement les candidats avant l’entrée en formation ou, à Genève et à Lausanne, au cours de la première année d’études. Se spÉcialiser Le diplôme fédéral de médecin permet d’exercer la médecine à titre dépendant dans un hôpital ou un cabinet médical et de poursuivre sa formation postgraduée jusqu’à l’obtention du titre de spécialisation choisi (voir www.fmh.ch > ISFM > onglet Aide-mémoire). Le nombre de places cliniques a augmenté avec la possibilité, pour les futurs médecins, d’effectuer une partie de leur assistanat dans un cabinet. «Ce n’est pas difficile de trouver une place de stage», nuance Nurullah Aslan, médecin assistant. «Ce qui l’est, c’est d’en trouver une dans le domaine qui nous intéresse!» JeanPierre Keller, de l’Institut suisse pour la formation médicale postgraduée et continue (ISFM), insiste sur l’importance d’anticiper et de construire un parcours cohérent. Les stages à l’étranger peuvent être pris en compte, mais à certaines conditions, la moitié de la formation spécifique devant être accomplie en Suisse. Les effets de la pénurie sur le quotidien des médecins En milieu hospitalier, il n’est pas rare que les médecins cadres travaillent 70 heures par semaine. «On sait généralement quand on commence, mais on ne sait jamais quand on finit!», constate l’un d’eux. «Mes journées de travail comptent entre 10 et 12 heures. C’est souvent à la maison que je règle mes tâches administratives», renchérit une consoeur. Quant aux médecins assistants et aux chefs de clinique, leur temps de présence à l’hôpital, fixé par la loi sur le travail, ne doit pas excéder 50 heures hebdomadaires. Ils sont astreints à des gardes sur place. Les médecins cadres assurent de leur côté un service de piquet en restant disponibles pour toute intervention d’urgence. En ambulatoire, les médecins organisent un service de garde ou de piquet le soir, la nuit et les weekends. Ces services visent à assurer des soins 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Chiffres clés 30 000 médecins en exercice 53,1 % en pratique privée 45,3 % en milieu hospitalier 1,6 % : autres secteurs 12,9% : médecins généralistes Age moyen : 48,4 ans FMH, Statistique médicale 2010 65,2% des médecins en exercice sont des hommes Ils sont surtout présents en chirurgie et en urologie (à plus de 90%), en cardiologie, en gastroentérologie et en pneumologie (80%). 16 35,8% des médecins en exercice sont des femmes Elles sont représentées à plus de 50% en psychiatrie d’enfants et en pédiatrie, à plus de 40% en dermatologie, gynécologie, génétique médicale, pathologie et prévention et santé publique. La médecine vous intéresse? Faites le point sur vos qualités. Avez-vous… Le goût des études longues? «Ce n’est pas tant l’intelligence qui compte, mais l’endurance, la persévérance, la discipline. Mes études m’ont permis d’acquérir une pensée rigoureuse.» Penelope Clinton, pédopsychiatre De la résistance physique? «Une bonne santé est indispensable pour supporter le rythme des études et de l’assistanat.» Caroline Hefti-Rütsche, pédiatre De la détermination et l’aptitude à travailler sous pression? «Chef de clinique, c’est dur: on est tout le temps appelé en urgences, il y a beaucoup de décisions à prendre, souvent lourdes. On a l’angoisse d’avoir peut-être raté quelque chose.» Jocelyne Bloch, neurochirurgienne De l’intérêt pour l’être humain et pour la relation? «Nous sommes à l’écoute des patients. Leurs soucis ne sont pas toujours ceux des médecins.» Nurullah Aslan, médecin assistant De l’ouverture et de la tolérance? «Comme médecin, je respecte les personnes qui ont choisi de venir dans mon cabinet, quels que soient leur mode de vie et leur culture.» Caroline Hefti-Rütsche, pédiatre L’aptitude à créer un climat de confiance? «On se rend chez tel ou tel médecin parce qu’on a confiance en lui, et non parce que son cabinet est à côté de chez soi.» François Héritier, généraliste Le sens de l’observation et de l’écoute? «La médecine est un art. Le médecin doit savoir décrypter et interpréter le message implicite du patient.» Caroline Hefti-Rütsche, pédiatre Une certaine humilité? «Aujourd’hui, il y a un décalage entre les attentes des gens, qui pensent pouvoir être remis sur pied en quelques jours, et l’outil principal du médecin, qui est le temps.» François Héritier, généraliste De l’habileté technique et de la précision? «Il en faut pour effectuer les actes opératoires, les sutures, les réductions de fractures, les injections, les échographies, lire une radiographie, interpréter les résultats d’une analyse, etc.» François Héritier, généraliste Du sang-froid? «Face à des polytraumatisés, on se protège en considérant le corps comme une machine à réparer.» Patrick Schoettker, anesthésiste 17 formation 1) études prégraduées Lieux: Universités de Genève et de Lausanne; Universités de Bâle, de Berne et de Zurich. Cursus partiel à Fribourg et à Neuchâtel. Durée: 6 ans (bachelor, 3 ans + master, 3 ans). Conditions d’admission: certificat de maturité gymnasiale. L’accès aux études est limité par un numerus clausus (concours) en Suisse allemande et à Fribourg. En Suisse romande, des examens sélectifs, en première année, visent à réduire le nombre d’étudiants en fonction du nombre de places disponibles par université. Un test d’aptitudes (à valeur indicative) est organisé à Genève. Préinscription et inscription: en ligne sur le site de la Conférence des recteurs des universités suisses (www.crus.ch). Déroulement Les études de médecine associent théorie et pratique. Le niveau bachelor est axé sur les sciences fondamentales (biologie, chimie, physique) et sur les bases propédeutiques des sciences cliniques. La formation clinique est initiée en milieu hospitalier et en cabinet médical, sous forme de stages et d’enseignement au lit du malade. Le niveau master comporte des cours-blocs et met l’accent sur l’apprentissage en milieu clinique, avec rotations dans les services. Un stage de dix mois, dont un mois chez un médecin de premier recours (interniste, généraliste, pédiatre), occupe la 3e année de master. Titres obtenus: master en médecine humaine / diplôme fédéral de médecine. 2) Formation postgraduée (5 à 6 ans) Les 44 formations de spécialistes sont gérées par l’Institut suisse pour la formation médicale postgraduée et continue (ISFM), organe indépendant de la Fédération des médecins suisses (FMH). La formation postgraduée, au cours de laquelle les médecins assistants approfondissent leurs compétences dans un domaine particulier, est obligatoire pour l’exercice à titre indépendant. Une formation postgraduée en trois ans a été créée en 2002 pour satisfaire aux normes de l’Union européenne: médecin praticien. Plus sommaire, elle s’adresse en particulier aux médecins étrangers voulant exercer en Suisse à titre indépendant. Elle ne débouche pas sur un titre de spécialiste. La formation postgraduée peut être effectuée à temps partiel. Les médecins assistants sont salariés. 3) Formation continue et complémentaire (durée variable) Une soixantaine de formations continues et complémentaires permettent aux spécialistes d’approfondir un savoir-faire ou d’acquérir une hyperspécialisation: gériatrie, phoniatrie, néonatologie, médecine du sport, médecine d’urgence, médecine naturelle, etc. Thèse de doctorat Le doctorat en médecine / en médecine et en sciences, facultatif pour l’obtention du titre de spécialiste, est un passage obligé pour les médecins se destinant à la carrière académique. D’autres doctorats sont accessibles aux titulaires d’un master en médecine optant pour la recherche ou l’industrie. 18 Réflexions d’étudiants Natasa Stojadinovic, 1re année «Des notions qui nous avaient été expliquées durant des mois au lycée (secondaire II) ont été condensées en quelques heures à l’uni.» Aurélie Leuenberger, 6e année «Les branches de première année, très axées sur les ‹sciences dures›, sont une étape nécessaire pour la compréhension du reste.» Sameer Nazeeruddin, 5e année «En première année, il y a certes environ 60% d’échecs, mais cela veut aussi dire qu’il y a 40% de réussites!» Sameer Nazeeruddin, 5e année «Même s’il faut faire des sacrifices temporaires, cela ne veut pas dire que l’on passe notre année à étudier! Il est impératif d’avoir des loisirs pour faire une pause et gérer le stress.» Gaël Ravach, 6e année «Les notions apprises dans mon Option Spécifique (Biologie-Chimie) m’ont énormément aidé pendant la première année de médecine.» Corinne Landa, 2e année «Après avoir passé la première année, on se sent plus confiant et capable. Cependant, on sait que la 2e est également difficile: on reste donc sur nos gardes.» Yalda Sadeghi, 6e année «Les stages ont constitué la meilleure partie de mes études. Le plaisir de mettre en pratique nos connaissances théoriques et d’avoir un contact avec les patients nous récompense de l’effort fourni pendant nos études.» Aurélie Leuenberger, 6e année «Je pensais devoir travailler trois fois plus à l’uni qu’au gymnase, mais en fait c’était au mois cinq fois plus!» Gwendoline Boillat, 4 année «En 3e année, le rapport entre les enseignants et les étudiants change: on nous considère plus comme des futurs médecins.» e Gaël Ravach, 6e année «Un conseil: ne jamais accepter une notion ou un concept sans l’avoir entièrement compris permet d’éviter l’ ‹appris par cœur›, qui fait perdre beaucoup de temps et d’énergie, souvent pour rien!» 19 En savoir plus www.orientation.ch, le portail suisse de l’orientation professionnelle, universitaire et de carrière. Adresses des offices, descriptifs de professions et de formations, offres de perfectionnement www.crus.ch, Conférence des recteurs des universités suisses: informations sur les études de médecine, les modalités d’inscription, le test d’aptitudes, les examens, etc. www.fmh.ch, Fédération des médecins suisses. Lien sur le site de l’Institut suisse pour la formation médicale postgraduée et continue (ISFM) www.swimsa.ch, Association suisse des étudiants en médecine www.asmac.ch, Association suisse des médecins assistants et chefs de clinique www.unige.ch/medecine, Université de Genève, Faculté de médecine www.unil.ch/fbm, Université de Lausanne, Faculté de biologie et de médecine Impressum 1re édition 2012 Edition: Centre suisse de services Formation professionnelle | orientation professionnelle, universitaire et de carrière CSFO Editions, www.csfo.ch, [email protected] Direction du projet: Véronique Antille, CSFO Enquête et rédaction: Corinne Giroud et Alessandra Truaisch, OCOSP Lausanne Relecture: Christoph Hänggeli, avocat, Directeur de l’Institut suisse pour la formation médicale postgraduée et continue ISFM Photographies: Thierry Porchet, Démoret; page 15: MSF - Kate Geragthy, page 18: CEMCAV - CHUV Graphisme: Viviane Wälchli, Zurich Mise en page: Roland Müller, CSFO Impression: Swissprinters Lausanne SA Diffusion et commande: CSFO Distribution, Industriestrasse 1, 3052 Zollikofen Tél. 0848 999 002, Fax 031 320 29 38 [email protected], www.shop.csfo.ch N° d’article: BB2-3091 Remerciements: Nous remercions toutes les personnes et les entreprises qui ont participé à l’élaboration de ce document. 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