cours - le proche et le moyen-orient, un foyer de conflits depuis 1918

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H† - LE PROCHE ET LE MOYEN ORIENT, UN FOYER DE CONFLITS
DEPUIS LA FIN DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE
Introduction
En mai 1916, la France et le Royaume-Uni signent des accords secrets (les accords SykesPicot) visant au partage de l’Empire ottoman à l’issue de la Première Guerre mondiale. Afin
d’obtenir des soutiens, le Royaume-Uni fait des promesses territoriales contradictoires aux
juifs et aux arabes. Sous l’effet conjugué des offensives britanniques et de la révolte arabe,
l’Empire ottoman s’effondre en 1918 et est démantelé en 1920. C’est le début des premières
désillusions, entraînant les premiers conflits au Proche et au Moyen Orient.
Le Proche Orient et le Moyen Orient sont des espaces difficiles à délimiter. Ils se trouvent
dans la partie la plus occidentale de l’Asie mais « débordent » aussi sur l’Afrique (en Égypte)
et sur l’Europe (en Turquie). L’expression Proche Orient est issue de la diplomatie française :
l’Orient désigne l’Asie et l’adjectif « proche » fait référence aux territoires situés le long de la
Méditerranée. L’appellation Moyen Orient, issue de la diplomatie britannique, est plus large
et englobe l’ensemble des territoires situés autour du Golfe persique (allant jusqu’à l’Iran et,
dans certains cas, jusqu’à l’Afghanistan et jusqu’au Pakistan).
Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, cette région est le théâtre de très nombreux
conflits (rapports de force entre acteurs se manifestant soit par des tensions extrêmes soit par
l’usage de la force) dont les acteurs, les motifs et l’intensité sont extrêmement variés. Ceci dit,
ces conflits n’ont pas seulement un impact local ou régional sur le Proche et le Moyen
Orient ; ils ont depuis près d’un siècle une véritable résonnance mondiale.
Problématique : Pourquoi le Proche et le Moyen-Orient constituent-ils un foyer de
conflits majeurs à toutes les échelles depuis la fin de la Première Guerre mondiale ?
I. Des conflits surtout liés à la présence franco-britannique Š ‰-‰„
A. Le démantèlement de l’Empire ottoman après la guerre
Doc. 1 page 262 : « Le Proche et le Moyen Orient en 1918 »
Doc. 2 page 267 : « Traités et mandats dans les années 1920 : des frontières contestées »
Consigne : Confrontez les documents afin de montrer que le démantèlement de l’Empire
ottoman après la Première Guerre mondiale génère des conflits avec la Turquie.
En 1918, l’Empire ottoman, allié aux empires allemand et austro-hongrois, est du côté
des vaincus. Les vainqueurs lui imposent la signature du traité de Sèvres en août 1920,
qui le démantèle. Les territoires turcs, centre de l’ancien Empire ottoman, donnent
naissance à un nouvel État : la Turquie. Mais sa partie occidentale est accordée à la
Grèce et sa partie orientale à l’Arménie et à un futur État kurde (qui ne verra jamais le
jour). Au sud, les territoires arabes de l’ancien Empire ottoman sont placés par la
Société des nations (organisation internationale créée en 1919/1920 afin de maintenir la
paix) sous mandat (administration temporaire de territoires par des pays étrangers afin,
en principe, de les conduire, à terme, à l’indépendance) : la France reçoit la Syrie et le
Liban ; le Royaume-Uni reçoit Chypre, la Transjordanie et l’Irak.
Mais les nationalistes turcs, menés par Mustapha Kemal (dit Atatürk), refusent ce
découpage territorial. Entre 1919 et 1923, ils reconquièrent par les armes les territoires
accordés à la Grèce, à l’Arménie et au Kurdistan. En juillet 1923, la Turquie, la Grèce,
la France et le Royaume-Uni signent le traité de Lausanne qui annule le traité de Sèvres
et entérine les conquêtes kémalistes. Satisfaite, la Turquie se convertit au kémalisme
(idéologie de Mustapha Kemal, fondant la Turquie moderne, en mêlant, au sein d’une
République, les principes de la laïcité et du nationalisme) et s’occidentalise, tant dans
les comportements de la société turque que dans les relations économiques et
diplomatiques de la nouvelle République turque, proclamée en octobre 1923.
1
B. L’administration des mandats français et britanniques
Doc. 1 page 262 : « Le Proche et le Moyen Orient en 1918 » (petite carte en bas à droite)
Doc. 2 page 267 : « Traités et mandats dans les années 1920 : des frontières contestées »
Consigne : Confrontez les documents afin de montrer que l’administration des mandats
français et britanniques au Proche et au Moyen Orient est source de conflits.
Les mandataires français et britanniques font barrage aux espoirs du panarabisme
(idéologie visant à rassembler tous les arabes au sein d’un même État). Ils jouent de la
situation religieuse complexe dans la région. Même si la majorité de la population est
musulmane, il existe une division confessionnelle. Les sunnites, majoritaires, sont
implantés à l’ouest (Égypte, Arabie Saoudite, Turquie, Syrie, Liban…) alors que les
chiites, minoritaires, sont implantés à l’est (Irak, Iran, Afghanistan). À cela s’ajoutent
des minorités chrétiennes (Liban, Syrie, Irak et Égypte) et juives (Palestine). La France
et le Royaume-Uni n’appuient sur ces minorités afin d’empêcher la création d’un État
arabe uni. En 1920, la France fait éclater la Syrie en créant le Liban, avec l’appui des
minorités chrétiennes, et détrône Fayçal, le roi de Syrie.
Les Occidentaux sont attirés par la position stratégique de la région et par les
ressources qui s’y trouvent. Ils veulent garder le contrôle des passages maritimes
stratégiques : le canal de Suez est sous concession franco-britannique depuis 1875. Le
mandat en Irak permet au Royaume-Uni de mettre la main sur le pétrole. Dès les années
1920, les États-Unis veulent s’emparer des concessions pétrolières en Arabie Saoudite.
L’administration des mandats par les Européens est à l’origine de déceptions et de
frustrations dans le monde arabe. Les Britanniques avaient promis à Fayçal la création
d’un État arabe uni s’il se soulevait contre le pouvoir ottoman (cette promesse ne sera
jamais tenue). Des révoltes éclatent en Irak et en Égypte contre la présence britannique
dans les années 1920. D’autre part, ces déceptions et frustrations font émerger
l’islamisme (idéologie qui prend sa source dans une interprétation radicale de l’islam et
qui vise à faire des textes sacrés la seule source du droit au sein de l’État) en 1928 : il
voit le jour dans la communauté des Frères musulmans en Égypte.
C. La promesse puis la création d’un État juif en Palestine
Le mouvement sioniste (idéologie fondée en 1896 par le juif austro-hongrois Theodor
Herzl, visant à regrouper tous les juifs au sein d’un même État) incite les juifs
européens à fuir l’antisémitisme pour s’établir en Palestine (qui correspond à la « Terre
Promise ») : en 1920, après deux alyas (vague d’immigration juive vers la Palestine et,
après 1948, vers Israël), 85 000 juifs vivent en Palestine. En 1917, le ministre
britannique des Affaires étrangères, Balfour, soutient la « création d’un foyer national
juif » en Palestine. Pour les juifs, la voie est ouverte à la création d’un futur État.
Mais les arabes accueillent très mal l’appui britannique à ce foyer national juif. Les
800 000 arabes de Palestine se sentent trahis et les pays arabes voisins voient dans ce
foyer national une enclave occidentale à combattre. Le conflit se radicalise jusqu’à
l’éclatement de la « Grande révolte arabe » entre 1936 et 1939 : elle oppose les
nationalistes arabes – opposés à la création d’un foyer national juif dans la région – aux
juifs présents en Palestine et aux autorités britanniques. Les années 1930 et 1940
changent la donne : les premières indépendances ont lieu (Irak en 1932 ; Égypte en
1936), calmant les velléités nationalistes arabes (le reste des territoires arabes devient
indépendant entre 1945 et 1948). De plus, la révélation du génocide juif amène l’ONU à
voter un plan de partage de la Palestine en novembre 1947 : il permet la création de
l’Etat d’Israël en mai 1948, dans un contexte de guerre civile.
⇒ En 1920, l’Empire ottoman est démantelé et le Proche et le Moyen Orient sont
placés sous mandat français et britannique par la SDN. L’administration de ces
mandats par les Européens est source de conflits internes à la région.
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II. Des conflits surtout liés à l’existence de l’État d’Israël Š ‰„-‰‰
A. Le Proche et du Moyen Orient au cœur de la Guerre froide
Pendant la Guerre froide, les États-Unis et l’URSS cherchent à contracter des alliances
avec les États du Proche et du Moyen Orient pour étendre leur influence et contrer celle
de leur adversaire. En 1947, le Congrès des États-Unis vote une aide financière à la
Turquie et à l’Irak. L’Arabie Saoudite, la Jordanie et Israël deviennent également des
alliés majeurs des États-Unis. D’ailleurs, des traités militaires sont signés avec les ÉtatsUnis. En 1952, la Turquie intègre l’OTAN ; en 1958, les États-Unis intègrent le Pacte
de Bagdad (1955). En parallèle, l’Égypte et la Syrie se rapprochent de l’URSS : les
soviétiques supervisent et financent la construction du barrage d’Assouan.
Mais la bipolarisation (situation caractérisée par l’affrontement indirect entre les
États-Unis et l’URSS) de la région n’est pas totale : les pays de la région prennent peu à
peu leurs distances vis-à-vis de Washington et de Moscou. En 1956, le président
égyptien Nasser nationalise le canal de Suez, entraînant une intervention franco-israélobritannique. Les États-Unis et l’URSS font pression pour obtenir le retrait des troupes
françaises, israéliennes et britanniques. C’est la fin de la présence européenne dans la
région. Entre 1958 et 1961, il devient le président de la « République arabe unie », qui
regroupe son pays, la Syrie et le Yémen afin de prendre ses distances vis-à-vis des
États-Unis et de l’URSS. De même, les États reprennent la main sur leur pétrole : en
1960, ils créent l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, afin de peser sur le
cours de l’ « or noir » ; en 1972 et en 1976, l’Irak et l’Arabie Saoudite créent des
compagnies pétrolières nationales mettant fin aux concessions étrangères.
Pendant toute la Guerre froide, les États-Unis et l’URSS interviennent dans les
conflits qui se déroulent dans la région. Entre 1979 et 1989, l’Armée rouge se bat en
Afghanistan pour défendre le régime communiste (l’Afghanistan est une des 15
Républiques de l’URSS) contre les moudjahidines (soldats musulmans s’engageant dans
le djihad, c’est-à-dire la « guerre sainte » en arabe) qui sont armés par la CIA.
B. Une région du monde secouée par des guerres à répétition
Doc. vidéoprojeté : « Les guerres israélo-arabes de 1948 à 1973 »
Doc. vidéoprojeté : « La guerre Iran-Irak entre 1980 et 1988 »
Consigne : Analysez les documents afin de montrer que les guerres israélo-arabes puis
irako-iranienne contribuent à déstabiliser le Proche et le Moyen Orient.
De 1947 à 1973, trois guerres opposent Israël à ses voisins arabes, qui refusent son
existence. Ces trois guerres se soldent par une victoire nette de l’armée israélienne :
- la guerre israélo-arabe de 1948-1949 : en mai 1948, les États arabes attaquent
Israël et sont défaits. Israël agrandit son territoire par rapport à celui attribué
par l’ONU en 1947. 700 000 Palestiniens se réfugient dans les pays arabes
voisins et aucun État palestinien ne voit le jour (la Cisjordanie est annexée par
la Jordanie et la bande de Gaza passe sous administration égyptienne) ;
- la guerre des Six Jours en 1967 : Israël occupe le Sinaï, la bande de Gaza, la
Cisjordanie et Jérusalem-Est puis débute sa politique de colonisation
(implantation de communautés juives dans les territoires palestiniens) ;
- la guerre de Kippour en 1973 : Israël occupe le Sinaï, la bande de Gaza, la
Cisjordanie, le Golan et le sud du Liban. En 1978, la signature des accords de
Camp David (aux États-Unis) inaugure la paix entre Israël et l’Égypte.
L’Égypte reconnaît l’existence d’Israël, qui lui restitue le Sinaï en 1982. Mais
l’Égypte est exclue de la Ligue arabe (organisation régionale fondée en 1945 et
regroupant tous les Etats d’Afrique du nord, du Proche et du Moyen Orient),
mettant fin au panarabisme et aux guerres lancées par les pays arabes contre
Israël et le président égyptien Sadate est assassiné par des islamistes en 1981.
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En 1979, une révolution islamiste éclate en Iran. Elle renverse le shah (roi en persan)
Mohammed Reza Pahlavi et porte au pouvoir l’ayatollah (membre le plus élevé du
clergé chiite) Khomeiny, qui fonde une république islamique (pour la première fois
depuis 1928, l’islamisme politique devient une réalité dans un État de la région).
Khomeiny appelle les chiites irakiens à renverser leur président, Saddam Hussein (qui
avait expulsé Khomeiny quelques mois plus tôt pour son activisme pro-chiite). L’Irak
attaque donc l’Iran et s’en suit une guerre qui dure de 1980 à 1988, qui fait près d’un
million de morts et se solde sur un statu quo territorial.
C. La naissance et l’affirmation de la question palestinienne
Doc. 1 page 270 : « Les chartes de l’Organisation de libération de la Palestine »
Doc. vidéoprojeté : « La guerre du Liban de 1975 à 1990 »
Consigne : Identifiez le document 1 puis analysez les documents afin de montrer que
l’Organisation de libération de la Palestine contribue à déstabiliser le Proche Orient.
Point méthode : Identifier un document, c’est :
- donner sa nature : charte, c’est-à-dire le texte fondateur de l’OLP ;
- présenter son/ses auteur(s) : il n’est pas mentionné mais il est certain que
Yasser Arafat, leader de l’OLP, a pris une part active à sa rédaction ;
- mentionner sa source : elle n’est pas indiquée ;
- repérer sa date et présenter son contexte : 1964 marque l’année de naissance
de l’OLP et 1968 constitue l’année de la modification de la première charte
l’OLP, avec l’ajout de huit articles (après la guerre des Six Jours) ;
- préciser sa/ses thématique(s) : les revendications de l’OLP relatives à la
question palestinienne et à l’existence de l’État d’Israël.
Dès les années 1960, un nationalisme (idéologie visant à obtenir un État pour chaque
peuple) palestinien émerge avec la création de l’Organisation de libération de la
Palestine (organisation politique et paramilitaire palestinienne créée en 1964) et son
chef, Yasser Arafat. Ses revendications portent sur le retour des réfugiés palestiniens,
sur la libération des territoires occupés par Israël et sur le refus de reconnaître
l’existence de l’État juif. Après la guerre des Six Jours, Israël occupe tout le territoire
palestinien et l’OLP se réfugie en Jordanie. Mais l’OLP constitue un facteur de
déstabilisation : elle s’engage dans des actions de guérilla et de terrorisme (comme lors
des J.O. d’été de Munich en 1972), menés par les fédayins (commandos palestiniens)
depuis les camps de réfugiés palestiniens en Jordanie et au Liban. En 1970, l’OLP tente
de renverser le roi jordanien Hussein : elle est violemment réprimée par la monarchie
jordanienne et expulsée. L’OLP se replie alors au Liban puis en Tunisie.
En 1982, une nouvelle guerre éclate. Israël envahit le sud du Liban, qui constitue la
base arrière de l’OLP. La situation est particulièrement complexe car le pays connaît
une guerre civile opposant les chrétiens aux musulmans. Dans ce conflit, l’OLP est
appuyé par le Hezbollah (mouvement terroriste et parti islamiste chiite libanais, fondé
en 1982 et soutenu par l’Iran). Israël parvient à détruire les positions de l’OLP au sud du
pays mais la guerre civile s’éternise jusqu’à 1990, faisant près de 200 000 morts.
L’action de l’OLP a également lieu à l’intérieur des territoires palestiniens occupés
par Israël. En 1987, un camion de l’armée israélienne renverse et tue quatre
Palestiniens, ce qui déclenche la première Intifada (« Guerre des pierres » en arabe :
soulèvement palestinien dans les territoires occupés par Israël) : les civils palestiniens
s’en prennent aux soldats israéliens à coup de pierres et de cocktails Molotov.
⇒ De 1948 à 1991, le Proche et le Moyen Orient constituent des enjeux de la
Guerre froide pour les États-Unis et l’URSS. Mais la Guerre froide ne constitue
pas la première cause de conflictualité : le conflit israélo-arabe puis israélopalestinien est le premier facteur de déstabilisation de la région.
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III. Des conflits surtout liés aux interventions occidentales depuis ‰‰
A. Des interventions militaires occidentales nombreuses
Doc. vidéoprojeté : « La guerre du Golfe (1990-1991) »
Doc. 2 page 263 : « Le Proche et le Moyen Orient depuis 1991 »
Consigne : Analysez les documents afin de montrer que les interventions militaires
occidentales depuis 1991 contribuent à déstabiliser le Proche et le Moyen Orient.
En août 1990, l’Irak envahit le Koweït afin de s’emparer de son pétrole et de disposer
d’un accès plus large au Golfe persique. L’ONU condamne unanimement cette invasion
(la fin de la Guerre froide met fin à l’opposition systématique entre les États-Unis et
l’URSS) puis autorise une guerre contre l’Irak. En janvier 1991, une coalition
internationale, menée par les États-Unis, attaque et défait l’Irak. Cette opération
inaugure ce que le président états-unien George H. Bush appelle le « nouvel ordre
mondial » (état du monde après la Guerre froide, fondé sur une paix durable et une
coopération internationale) et traduit la volonté de multilatéralisme (attitude d’un
groupe d’États puissants qui coopèrent afin de faire respecter le droit international).
Mais la présence des troupes occidentales en Arabie Saoudite ravive l’islamisme. Des
mouvements islamistes comme Al Qaïda (mouvement terroriste fondé en 1987 par
Oussama Ben Laden), le Hezbollah ou le Hamas (mouvement terroriste et parti
politique palestinien fondé en 1987) rejettent la présence occidentale (car l’Arabie
Saoudite accueille deux lieux saints de l’Islam, La Mecque et Médine) et le soutien des
Occidentaux à Israël. En 1993, Al Qaïda lance une série d’attentats partout sur la
planète, qui culmine avec ceux perpétrés aux États-Unis le 11 septembre 2001.
À la suite des attentats du 11 septembre 2001, le président états-unien George H. Bush
déclare la « guerre au terrorisme ». En 2001, il attaque l’Afghanistan, pays qui cache
Ben Laden. Les Talibans (islamistes afghans au pouvoir entre 1996 et 2001) sont
renversés mais Ben Laden reste introuvable (il est finalement retrouvé et tué par des
militaires états-uniens en 2011 au Pakistan) et une guerre civile éclate entre les Talibans
et le gouvernement pro-américain mis en place en 2001. En 2003, les États-Unis
attaquent l’Irak, prétextant qu’il détient des « armes de destruction massive », mais on
sait aujourd’hui que ce n’était pas le cas. À l’ONU, la France et la Russie menacent
d’utiliser leur droit de veto : les États-Unis partent en guerre sans l’aval de l’ONU, à la
tête d’une nouvelle coalition internationale. Cette situation consacre l’unilatéralisme
(politique étrangère d’un État refusant toute concertation avec ses alliés ou avec la
communauté internationale) états-unien. Saddam Hussein est renversé en 2003 puis jugé
et exécuté en 2006. Mais une guerre civile débute, opposant les sunnites et les chiites
irakiens (qui s’en prennent aussi aux forces occidentales présentes en Irak).
B. Des enjeux stratégiques à l’origine de tensions nombreuses
Doc. 2 page 263 : « Le Proche et le Moyen Orient depuis 1991 »
Consigne : Analysez le document afin de mettre en évidence les enjeux présents au
Proche et au Moyen Orient et afin de montrer qu’ils provoquent des conflits.
Point méthode : Analyser un document, c’est :
- commencer par faire référence au document : il s’agit de citer le document
s’il s’agit d’un texte ou de le décrire s’il s’agit d’un document iconographique
(comme une photographie, une affiche ou une carte) ;
- reformuler l’information prélevée dans le document si celle-ci est complexe
(cette étape est facultative et n’est à faire que lorsqu’on explique un texte) ;
- expliquer le document en apportant des connaissances tirées du cours : il faut
donc faire le lien entre une information prélevée dans le document et le cours ;
- critique le document, c’est-à-dire mettre en évidence ses oublis éventuels, son
point de vue particulier (en précisant que d’autres pensent différemment).
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Les ressources constituent la première source de tensions/conflits au Proche et au
Moyen Orient. Avec l’invasion du Koweït en 1990-1991, l’Irak cherche à s’emparer de
20% des réserves mondiales de pétrole ; la communauté internationale intervient pour
sécuriser ses approvisionnements. L’eau, qui n’apparaît pas sur la carte, constitue un
autre facteur de tensions interétatiques. Le partage de l’eau des fleuves (le Tigre entre la
Turquie, la Syrie et l’Irak) et des aquifères génèrent des tensions.
L’arme nucléaire est un autre enjeu présent dans la région. Au mépris des conventions
internationales, des États disposent de l’arme nucléaire : Israël depuis le début des
années 1960 ; le Pakistan depuis la fin des années 1990 ; l’Iran, qui essaie, depuis le
début des années 2000, de développer un programme nucléaire civil et militaire.
Les lieux saints, présents dans la région, constituent un dernier enjeu majeur des
relations internationales. Ces lieux saint sont majoritairement musulmans (La Mecque,
Médine et Jérusalem pour tous les musulmans et Nadjaf et Kerbala en Irak pour les
chiites). Jérusalem est également un lieu saint pour les juifs (mur des Lamentations) et
pour les chrétiens (Saint-Sépulcre, accueillant le tombeau de Jésus). En 2000, l’israélien
Sharon visite l’esplanade des mosquées à Jérusalem, visite interprétée comme une
provocation par les Palestiniens, qui lancent la seconde Intifada.
C. Un équilibre qui reste toujours très fragile et instable
Doc. 3 page 271 : « Échanges de lettres entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin, 1993 »
Doc. 4 page 271 : « La situation en 2011 »
Consigne : Confrontez les documents afin de montrer que, malgré les espoirs de paix
entre Israéliens et Palestiniens, le processus n’a finalement toujours pas abouti.
En 1993, sous le patronage des États-Unis, Israéliens et Palestiniens signent les
accords d’Oslo : l’OLP reconnaît l’existence d’Israël et Israël celle de l’Autorité
palestinienne (entité gouvernementale qui administre la Cisjordanie et la bande de
Gaza), préalable à la naissance d’un futur État palestinien. Mais le processus de paix est
interrompu en 1995. Le premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, est assassiné par un
fondamentaliste juif ; le Hamas s’oppose violemment à la politique de rapprochement
avec Israël. En 2000, une nouvelle phase de colonisation israélienne déclenche la
seconde Intifada. Israël intervient en 2006, au Liban, contre le Hezbollah, et en 2009,
dans la bande de Gaza, contre le Hamas. En 2011, la demande de reconnaissance d’un
État palestinien à l’ONU se heurte à l’opposition d’Israël et des États-Unis.
En 2011, des soulèvements populaires éclatent en Tunisie, en Libye, en Égypte, au
Yémen et en Syrie afin de protester contre les régimes en place : les médias occidentaux
parlent de « printemps arabes ». Les leaders tunisien, libyen et égyptien sont renversés
(Ben Ali s’exile en Arabie Saoudite ; Kadhafi est exécuté ; Moubarak est condamné à la
prison à perpétuité) et le président yéménite Saleh quitte le pouvoir. La vie politique ne
s’est stabilisée qu’en Tunisie. Ailleurs, les troubles ont perduré : en Égypte, après avoir
renversé le président islamiste Morsi en 2013, l’armée a imposé son président, le
maréchal Al-Sissi. En Syrie, le président el-Assad lance une véritable guerre contre ses
opposants : une guerre civile éclate donc (elle a déjà fait plus de 200 000 morts). En
2014, l’État islamique (organisation terroriste et politique islamiste fondée en 2006) a
créé un pseudo-État à cheval sur l’est de la Syrie et l’ouest de l’Irak. Il est à l’origine de
nombreux attentats en Occident (attentats à Paris en janvier et novembre 2015). Des
pays occidentaux interviennent militairement contre l’État islamique (États-Unis,
France…) et la situation en Syrie n’est toujours pas réglée (notamment parce que la
Russie et la Chine soutiennent el-Assad et bloquent toute résolution à l’ONU).
⇒ Malgré la fin de la Guerre froide, les conflits demeurent au Proche et au Moyen
Orient sur fond d’interventions occidentales (essentiellement pour la maîtrise du
pétrole), de poursuite du conflit israélo-palestinien et de terrorisme islamiste.
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Conclusion
Depuis près d’un siècle, le Proche et le Moyen Orient constituent sans doute le foyer majeur
de conflits de la planète, ayant une résonnance à toutes les échelles : locale, régionale et
mondiale. Dès les années 1920 et 1930, la présence franco-britannique déstabilise la région,
notamment à propos des promesses contradictoires faites aux communautés musulmanes et
juives. Après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis et l’URSS font de cette région un
théâtre important de la Guerre froide mais les conflits israélo-arabes puis israélo-palestiniens
prennent largement le dessus. Avec la fin de la Guerre froide, l’espoir de la paix a, un temps,
émergé mais il a vite été balayé avec la reprise des conflits liés au contrôle des ressources, à la
présence occidentale et à l’essor des mouvements terroristes islamistes.
Rares sont donc les territoires stables au Proche Moyen Orient : l’un des seuls est l’Arabie
Saoudite. Cette monarchie, autoritaire et ultra-conservatrice sur le plan religieux, est le
premier producteur mondial de pétrole. Les Occidentaux sont-ils en train de prendre
conscience que leur volonté d’implanter des démocraties dans la région est en train d’échouer
et sont-ils en train de se résigner à laisser des régimes autoritaires, du moment qu’ils
maintiennent les approvisionnements et qu’ils ne menacent pas la stabilité de la région ?
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