LES GRENOUILLES Tout d’abord une petite devinette Je suis un amphibien insectivore ou carnivore suivant mon espèce, et je me nourris de petites proies vivantes : insectes, limaces... Je suis obligée de les avaler toutes entières car je ne peux pas les mâcher. J'attrape le plus souvent mes proies grâce à ma langue visqueuse que je lance. Je ne suis pas un chasseur. Je suis très patiente, j'attends sur un nénuphar ou tout autre endroit qu'une proie vienne à moi ! J'apprécie les milieux humides. A la mauvaise saison, je m'enterre dans la boue, la vase ou sous des pierres en attendant des jours meilleurs. Dans une fable écrite par Jean de La Fontaine, je veux me faire aussi grosse que le boeuf. QUI SUIS-JE ? Généralités Ce sont les amphibiens qui constituent le groupe animal le plus intéressant en paléontologie, car ils représentent l’exemple parfait du passage du monde aquatique au monde terrestre et de l’adaptation physique et morphologique à la vie sur la terre ferme. En effet, ils sont les premiers vertébrés à être sortis de l’eau, il y a 370 millions d’années. Certains d’entre eux ont pu atteindre des tailles importantes, au-delà de 5 mètres. Ce sont les batraciens qui ont donné naissance aux reptiles, il y a environ 340 millions d’années. Ce petit animal étrange et familier, insolite et mal connu, a une longue histoire ; grenouilles vertes ou rousses, rieuses ou monstrueuses, crapauds et rainettes ont été longtemps confondus. Il a fallu des siècles pour que savants, zoologistes et paléontologues comprennent l’évolution de ces espèces, les distinguent les uns des autres et parviennent à les restituer dans le règne animal en procédant aux classifications actuelles. Les batraciens représentent 35 familles, 398 genres et environ 4.015 espèces. Le mot "amphibien" du grec "amphibios" définit une créature ayant un double mode d'existence, à savoir qui vit indifféremment sur terre ou dans l'eau. Cette dualité est de règle chez les amphibiens. Mais il y a des exceptions : certaines espèces sont uniquement aquatiques tandis que d'autres sont exclusivement terrestres. Les unes comme les autres sont dites "hétérothermes", c'est-à-dire que la température de leur corps varie en fonction de la température ambiante. Classification Les batraciens ou amphibiens comprennent 3 ordres : • CAUDATA ou URODELA (qui possèdent une queue) tels les salamandres et tritons • GYMNOPHIONA ou APODA (qui ne possèdent pas de patte) représentés par les cécilies et les typhlonectes. Qu’est ce que les cécilies et typhlonectes ? Ce sont donc des batraciens qui ressemblent à des orvets. Les cécilies sont des fouisseurs qui vivent sous terre essentiellement dans les régions tropicales, les typhlonectes sont, en abrégé, des cécilies aquatiques. Ce troisième ordre des batraciens est le moins connu. • ANURA ou SALIENTIA (qui ne possède pas de queue) que sont les grenouilles et crapauds o Famille : RANIDAE ce sont nos grenouilles Genre : il y en a 45 avec un total de 586 espèces Anatomie La tête : Elle est aplatie et attachée au corps par un cou large et court ce qui fait que la grenouille ne peut pas tourner la tête. Une bouche largement fendue, au dessus de laquelle on trouve une paire de narines. Les yeux sont saillants et globuleux. Ils sont protégés par 3 paupières: o Une paupière inférieure mobile qui recouvre l'œil et est plus développée que la paupière supérieure. o La troisième paupière (nictitante), transparente se place devant l'œil lorsque la grenouille est sous l'eau. Les oreilles font défaut, mais on trouve chez la grenouille une oreille moyenne, c'est juste un tympan à fleur de peau situé en arrière des yeux. Cette oreille moyenne où la chaîne bien connue des osselets est remplacée par un osselet unique : la columelle. Chez la grenouille mâle et uniquement chez eux, de chaque côté de la tête, on pourra observer les sacs vocaux. Ils se gonflent avec l'eau provenant des poumons, communiquent avec la bouche et amplifient le coassement. Ces sacs pouvant devenir gros comme une cerise, agissent comme une caisse à résonance. Le tronc et les membres : Sur la partie postérieure du tronc de forme massive, s'ouvre l'orifice cloacal, où débouchent le rectum, les conduits génitaux et urinaires. Les membres antérieurs sont courts. La main ne possède que quatre doigts apparents, le cinquième est atrophié et recouvert par la peau. La main n’est pas palmée. Les membres postérieurs sont puissants et adaptés au saut et à la nage. La musculature de la cuisse est fortement développée (pour ceux qui aiment les cuisses de grenouilles). La cuisse, la jambe et le pied ont une longueur presque identique ce qui fait qu’au repos ils sont repliés en Z. Une membrane palmaire réunit les 5 longs doigts inégaux. Comme pour la main le pied porte un doigt qui est atrophié et recouvert par la peau. La peau : Son corps est recouvert d'une peau nue, froide, humide. Cette peau peu kératinisée l’oblige à vivre dans des milieux humides. Elle est aussi peu performante pour garder la chaleur, cela n’est cependant pas un handicap puisque la grenouille est ectotherme. En recueillant dans l'eau des bacs d'élevage de petits fragments membraneux on a constaté, en les observant au microscope, qu’il s’agissait d’un ensemble de cellules juxtaposées et de formes irrégulières dont le noyau est bien visible. Ce sont les cellules épithéliales qui proviennent de la couche superficielle de la peau. La couche de la peau se détache périodiquement par morceaux : c'est la mue. De nombreux petits pores, orifices des glandes à mucus, situés sous la peau, sécrètent un venin plus ou moins toxique selon les espèces. Les grenouilles n'ont cependant pas d'organe inoculateur. Toutefois, vous avez sans doute déjà entendu la phrase suivante : "Lavez-vous les mains après avoir touché un batracien car c'est dangereux !" A propos des couleurs, on sait que la rainette a la faculté de changer de couleurs en rapport avec son support et avec la température. Ce sont les cellules pigmentaires situées sous l'épiderme qui réagissent. Elles sont différemment colorées, en jaune et rouge par les caroténoïdes, en noir par la mélanine et en blanc par la guanine. Le squelette : La taille de la grenouille varie de 0,5 à 1,5 cm de long (rainette bicolore du Queensland) jusqu’à 40 cm (grenouille goliath du Cameroun). Le squelette comporte de 7 à 10 vertèbres. Les côtes sont courtes, très rudimentaires et non soudées au sternum, ce qui supprime la cage thoracique. Rien ne sépare la cavité intestinale des côtes : le diaphragme n’existe pas. La boîte crânienne est large mais courte. Le cerveau est simple. Comme les actes principaux (la nage et le saut) sont des mouvements simples, le cervelet qui les commande est rudimentaire. Les grenouilles occupent l’avant-dernière place dans l’échelle d’intelligence des vertébrés, précédant seulement les poissons. L’appareil respiratoire : L’équilibre physiologique de la grenouille se réalise dans un environnement à forte hygrométrie. Dans une atmosphère peu humide, elle se déshydrate par évaporation et commence à haleter. Les poumons sont de simples sacs aux parois très minces et bien pauvres en vaisseaux sanguins. Contrairement aux mammifères, la grenouille ne peut ni dilater ni contracter ses poumons car elle est dépourvue de cage thoracique. Pour faire entrer l’air dans ses poumons, elle «respire » en deux temps : • les narines s’ouvrent et la glotte s’abaisse, ce qui fait entrer l’air dans la glotte mais pas dans les poumons • ensuite les narines se ferment et la glotte remonte ce qui pousse l’air dans les poumons et ainsi de suite … Elle fait environ 40 à 100 inspirations par minute. La respiration cutanée est plus importante que la pulmonaire. Sa peau très vascularisée renferme un grand nombre de glandes qui sécrètent du mucus, dont le rôle est de lui conserver humidité et élasticité favorisant ainsi cette respiration. Ci-contre une grenouille est placée dans un récipient rempli d'air chloroformé. Sa tête passe à travers une membrane fermant hermétiquement le bocal. La grenouille peut donc respirer de l'air pur. Pourtant, au bout de quelques minutes, elle est anesthésiée. L'air chloroformé a traversé sa peau. C’est d’ailleurs en respirant uniquement par la peau qu’elle arrive à passer l’hiver enfouie dans la vase sous l’eau. La circulation sanguine : La grenouille adulte possède deux circulations : une petite assurant le circuit coeur-poumons et une grande qui assure le circuit coeur-organes. Le sang qui vient d'être oxygéné dans les organes respiratoires retourne au coeur pour être pompé à nouveau et être envoyé vers la tête et le reste du corps. Le cœur, plus évolué que celui des poissons, comprend deux oreillettes et un ventricule : la séparation entre sang oxygéné et sang désoxygéné n'est pas encore totale, comme chez les mammifères dont le cœur possède deux oreillettes et deux ventricules cloisonnés. La température ambiante peut moduler le rythme cardiaque. La grenouille a un système lymphatique développé comportant des " coeurs " pulsatiles (au minimum deux paires) qui font circuler la lymphe. A la température de 20°C, ces coeurs atteignent 75 battements par minute, tandis que le coeur vrai a une fréquence de 29 pulsations par minute. L’appareil digestif : La plupart des amphibiens adultes ont des dents qu'ils utilisent principalement pour retenir leurs proies qui sont avalées entières. Les grenouilles capturent leurs proies, généralement des insectes, à l'aide de leur langue qui est attachée à l'avant de la bouche et repliée vers l'arrière au repos. Lorsque la proie passe à proximité, la langue se déplie rapidement, et se colle à l'insecte qui est ramené dans la bouche. Les grenouilles avalent leurs proies en comprimant les muscles de leur gorge et en enfonçant leurs globes oculaires dans la cavité buccale, ce qui force la proie à pénétrer dans l'œsophage puis dans l’estomac ou elle est digérée par les sucs gastriques. Les sens La vue : Situés sur le sommet de la tête, les yeux de la grenouille lui permettent de voir sans être vue lorsqu’elle se trouve dans l’eau. La vision de la grenouille est moins bonne sur terre car l’accommodation se fait par déplacement du cristallin. Elle discerne la plupart des couleurs, avec une sensibilité plus importante au bleu et aux couleurs sombres. La vision crépusculaire est vraisemblablement partielle. Cet oeil ne détecte que des objets en mouvement. Est-ce parce que la grenouille ne vit que de proies vivantes ? Ou est-ce que la grenouille a adopté ce goût bizarre parce que son oeil s'accommode seulement aux proies mouvantes ? Dans tous les cas, l'animal semble complètement ignorer l'existence de tout objet immobile. Lorsqu’un objet (ou son ombre) est gros et se rapproche, la grenouille le perçoit comme un prédateur éventuel et s’enfuit. Lorsqu’un petit point sombre ou brillant s’éloigne ou se rapproche, la grenouille projette sa langue pour le happer. Elle ne s’intéresse donc à des proies potentielles que quand celles-ci sont en mouvement. L’ouïe : Les grenouilles sont capables d'entendre et disposent de tympans ressemblant à de petits disques de peau tendue, situés juste derrière les yeux. Elles perçoivent les vibrations sonores aussi bien dans l'air que dans l'eau. Elles possèdent une ouïe fort développée. La gamme de leurs coassements est très variée et permet la communication entre individus : elles peuvent émettre un type de coassement pour appeler leur partenaire, un autre pour mettre en garde leurs rivaux, un autre encore pour avertir leurs congénères d'un danger, et elles profèrent même un cri particulier lorsqu'il pleut. L’odorat : L’odorat est rudimentaire. Les narines s’ouvrent à l’intérieur, directement dans la partie intérieure du palais. Seul un fin revêtement humide à l'intérieur de leurs narines dissout les minuscules particules de l'air lorsque l'animal respire par le nez. Des capteurs spéciaux envoient alors des signaux au cerveau qui cherchera à déterminer la nature de l'odeur. Le goût : Les grenouilles ne mâchent pas mais peuvent écraser leur victime avec leurs maxillaires. Leur langue est dotée de papilles gustatives qui envoient des informations au cerveau qui détermine si le goût rencontré est bon ou mauvais. On ne sait cependant pas si ce sens est très développé. Le toucher : La peau est totalement nue : ni poils, ni plumes, ni écailles ; elle est sensible aux agressions physiques ou biologiques. Certaines espèces de grenouilles ont des pattes arrière velues, mais ces poils leur servent pour respirer. Chez les espèces arboricoles, le bout des doigts est composé de pelotes adhésives molles qui leur permettent de s’accrocher aux arbres. D’autres, qui vivent en permanence dans l’eau, disposent d'une série de capteurs, positionnés sur le dos, appelée ligne latérale. La locomotion Grâce aux puissants muscles extenseurs de ses pattes postérieures, la grenouille peut sauter haut et loin. Le pied prend appui sur le sol, les muscles se contractent, l’effort est transmis à la ceinture pelvienne, l’atterrissage est amorti par les pattes antérieures. Les grenouilles atteignent tous les records : la grenouille taureau peut sauter de 9 à 20 fois sa longueur, la rainette, championne toutes catégories, atteint 36 fois sa longueur. La grenouille et le froid La grenouille résiste bien au froid mais elle ne vit activement que si la température n’est pas trop basse. Dès qu’il commence à faire froid, elle perd beaucoup de sa vitalité et devient comme à demi endormie. Elle se terre alors dans le sol, dans la boue des rivières, où elle n’a, jusqu’au retour du printemps, qu’une vie latente. Dépensant très peu d’énergie, cet animal à sang froid peut jeûner très longtemps (2 ans environ), les corps gras qui sont des réserves de graisse qu’elle se constitue pendant la bonne saison sont consommés par le métabolisme de l'animal pendant l'hivernation. On peut suspendre les fonctions vitales d’une grenouille en la congelant. Il faudra ensuite une dizaine de minutes, une fois décongelée, pour la faire revenir à la vie. Dans son environnement naturel, l’animal peut être pris par la glace lorsqu’il hiberne dans la vase du fond des mares. Après la fonte de celle-ci, il ne sortira de sa torpeur qu’au bout de plusieurs heures. Les organes internes utilisent un antigel naturel (le glucose, parfois le glycérol). Quelques mots sur la migration des amphibiens Nos amphibiens migrent 2 fois par an entre les lieux de ponte et leur habitat d'hiver ou d'été. Les distances varient d'une espèce à l'autre: Le crapaud accoucheur parcourt moins de 100m, les tritons environ 400m, la rainette peut se déplacer de 600m, la grenouille rousse monte la barre à 800m, la grenouille agile dépasse le kilomètre et la palme revient au crapaud commun qui franchit les 2 kilomètres ! Les migrations sont concentrées sur quelques semaines, de février à avril en général, et peuvent devenir très meurtrières si elles traversent une route. A cet effet, différentes associations installent des barrages à batraciens constitués de barrières en plastique de 50 cm de haut, et, tous les 30 mètres des seaux sont disposés au ras du sol et les animaux tombent dedans ; il suffit alors de les récupérer et de leur faire franchir l'obstacle à la main. Dans certaines régions, les pouvoirs publics se sont enfin décidés à faire creuser des tunnels sous les routes, ce qui limite les dégâts et évite la disparition d'une espèce à moyen terme. L’animal de laboratoire Il n’est guère de domaines de la biologie qui ne soient redevables à la grenouille. Pourquoi la grenouille ? Je pense que cela provient surtout de ce que le batracien est très commun, très facile à se procurer et que dans les nombreuses opérations auxquelles on le soumet de son vivant, il ne manifeste pas sa douleur par des cris Le développement et les progrès de la science n’ont pas fait disparaître les batraciens des laboratoires, bien au contraire. Les expériences d’électrophysiologie nous font découvrir des propriétés jusque-là inconnues, les grenouilles gardent toujours un peu de leur mystère. L’animal symbole La relation que la grenouille entretient avec l’eau et la terre, avec l’humide et le sec, le caché et le visible, l’associe dans de nombreuses sociétés à la fertilité et à la fécondité. Disparaissant au fond des eaux pendant l’hiver, elle réapparaît au printemps multipliée à l’extrême, adoptant des formes variées, têtard puis grenouille, elle est de ce fait assimilée à la multitude d’une part, à la résurrection d’autre part. Symbole de fertilité lié à la mère fécondante et à la terre source de vie, animal bénéfique, elle est au cœur de nombreux mythes de la création, quelle qu’en soit l’origine géographique. Tout symbole engendre son contraire et la grenouille devient dans la pensée judéo-chrétienne (qui ne la distingue plus alors du crapaud) l’animal maléfique par excellence. Appartenant au monde des reptiles, associés à Satan et au serpent, les « monstres » s’attaquent au genre humain et dévorent certaines parties du corps de la femme. La grenouille engloutissant le sein d’une femme symbolise la luxure ; s’attaquant aux mains, elle symbolise l’avarice ; à l’estomac c’est la gourmandise, et aux pieds la paresse. C’est alors que la grenouille et le crapaud deviennent l’attribut des sorcières. Ils tiennent une place importante dans les traités et rituels de sorcellerie. Quelques exemples : o Pour faire dire à une femme tout ce qu’elle a fait, on prend un cœur de pigeon avec la tête d’une grenouille et après les avoir fait sécher, on les réduit en poudre. Répandue sur le ventre de celle qui dort, cette poudre lui fera avouer tout ce qu’elle a dans l’âme. o Pour faire avouer à une femme ce qu’elle a fait, on prendra une grenouille en vie, on lui arrachera la langue et on la remettra dans l’eau. Puis on appliquera cette langue sur le cœur de la femme quand elle dormira et elle répondra à toutes les demandes qu’on lui fera. o Pour se faire aimer d’une femme, prenez une boîte percée de trous, enfermez-y une grenouille vivante et placez le tout dans un nid de fourmis. Après avoir attendu treize jours, venez reprendre la boîte et retirez le squelette de la grenouille. Dans ses os, on trouve la « passion du bon Dieu » un os dont la forme rappelle l’échelle, les clous et le marteau qui ont servi aux sévices subis par le Christ. Avec l’un de ces os en forme de fourche, pincez le vêtement de la femme dont vous voulez vous faire aimer. Son amour se fera sentir sans tarder. o Pour évoquer le diable, on enfouit une grenouille dans le nid de grosses fourmis noires. Lorsque la chair du batracien a été dévorée, on retire son squelette, dont on choisit trois os. Porteur de ces os, d’une poule noire et d’un chat noir, on se rend la nuit à un carrefour et à minuit on prononce les paroles suivantes : « Au nom du diable, je viens lui parler » Il apparaît aussitôt et l’on obtient ce que l’on demande ». L’animal météorologue « Il pleut, il mouille, c’est la fête à la grenouille. Il pleut, il fait beau temps, c’est la fête du paysan. » « Quand les grenouilles chantent dans la nuit, le lendemain le soleil luit. » La grenouille passe depuis longtemps pour être l’animal le plus météorologue de tous. Ainsi son coassement, d’après les anciens, prédit le temps futur : plus la pluie approche, plus les coassements du batracien s’intensifient. Les grenouilles prennent de bruyants ébats dans les mares lorsque la pluie arrive d’où les dictons « Si la grenouille coasse, le temps se déboîte. » et « Grenouilles qui coassent le jour, pluies avant trois jours. » Ses mouvements permettent aussi d’interpréter les variations climatiques. Voilà pourquoi, depuis longtemps, on représente ce petit batracien près d’une échelle. Si elle est en haut, la pluie n’est pas loin. Si elle est en bas, le soleil sera au rendez-vous. L’explication est relativement simple. A l’approche de la pluie, l’air devient plus humide et les ailes des insectes se font plus lourdes. Ils volent plus bas et demeurent des proies plus faciles pour la grenouille qui remonte des profondeurs pour mieux se nourrir. Grenouille et gastronomie La grenouille fut considérée par les Anciens et l’Occident Médiéval comme impropre à la consommation, voire toxique ou venimeuse. C’est au XVIe siècle que la grenouille apparaît dans l’alimentation : selon le « Traité sur les propriétés des tortues, escargots, grenouilles et artichaultz » d’Estienne d’Aigue (1530) les grenouilles étaient servies sur les meilleures tables de France, d’Italie et d’Allemagne. Seuls, les Anglais refusaient d’en manger ce qui est toujours d’actualité ; les Français sont appelés « mangeurs de grenouilles » ou « froggy » par la perfide Albion. GH 03/07 La reproduction Le printemps marque le retour de la saison des amours. De grands changements se produisent chez les amphibiens, aussi bien du point de vue de leur apparence que de leur comportement. Une fois parvenu au plan d'eau choisi comme lieu de reproduction (généralement, la mare ou la rivière qui les a vus naître), le mâle entonne un chant d'amour qui résonne de manière irrésistible à l'ouïe de la femelle. (Les mâles possèdent des sacs vocaux internes qu'ils gonflent) Une grenouillère type Gonflement des sacs vocaux des mâles chanteurs La plupart du temps, ce concert est nocturne, sauf pour les grenouilles vertes dont le chant résonne à plus d'un kilomètre à la ronde nuit et jour. Chaque espèce chante dans un registre qui lui est propre., ce qui permet une identification à distance. Cette période peut durer plusieurs jours. Avant la ponte, de nombreux anoures cessent complètement de chanter. D'autres chantent pendant toute la période d'activité, les émissions vocales jouant un rôle dans le comportement territorial. Dans ce cas, le chant est également diurne alors qu'il est à peu près exclusivement nocturne dans le chant sexuel. La plupart des espèces émettent également d'autres sons, tel le cri de rivalité ou le cri de détresse, ce dernier, commun aux deux sexes, faisant mentir l'ironique sentence: "Heureux sont les crapauds car leurs femelles sont muettes." Le chant joue un rôle essentiel dans le processus de reproduction. Par exemple, le chant du sonneur ,rappelle le carillon des cloches. La femelle, séduite par ce "chant des sirènes version masculine", se rend à son tour sur les lieux. L'accouplement va alors commencer. Les femelles ne sont adultes et aptes à reproduire qu'à l'âge de quatre ans. . L'accouplement Chez les grenouilles, l'accouplement a lieu dans le plus grand désordre. Les mâles sautent littéralement sur les femelles, et peuvent prendre pour partenaire, un bout de bois flottant ou un animal d'une autre espèce. Parfois, plusieurs mâles choisissent la même femelle. On peut distinguer des pontes collectives et des pontes individuelles. Dans le cas de pontes collectives, plusieurs milliers d'individus se réunissent dans une nappe d'eau et les étreintes se concluent au hasard. Mais lorsqu'un mâle chevauche accidentellement un autre mâle, celui-ci émet un cri particulier qui signifie "Je ne suis pas celle que vous croyez" et l'agresseur lâche prise. Que de monde pour un bout de bois comme partenaire Comment cela, la place est prise ? . Risque de noyade pour la femelle si elle n’arrive pas à se libérer pour respirer à la surface La femelle, reconnue avant tout par les phéromones qu’elle produit, est saisie par le mâle, qui glisse les bras sous ses aisselles. Pouce et avant-bras portent des callosités, les brosses copulatrices dont l’apparition (et la disparition après la reproduction) est contrôlée par les variations de sécrétion d’une hormone, la testostérone. Le contact des brosses sur la peau de la femelle suscite un réflexe d’étreinte, soudant littéralement les deux partenaires. L’étreinte peut durer 7 jours ou plus. Le mode d'accrochage du mâle sur la femelle pendant l'amplexus (lorsque le mâle se trouve sur la femelle) est très variable d'un groupe à l'autre ; cependant il a tendance à être lombaire chez les espèces primitives, et pectoral chez les espèces évoluées. Dans l'amplexus lombaire, le mâle s'empare de la femelle en enserrant de ses pattes antérieures la région lombaire du corps de sa partenaire. Dans l'amplexus pectoral, le mâle place ses membres antérieurs au niveau des membres antérieurs de la femelle. La fécondation externe s'effectue alors que le mâle, en amplexus, dépose sa semence sur les oeufs, plus exactement les ovules, pondus individuellement, en masses ou en chapelets par la femelle, les mâles rejetant leurs spermatozoïdes au fur et à mesure. Dès que les œufs tombent dans l'eau, leur fine enveloppe de mucilage se gonfle, devient plus transparente et l'œuf se voit bien au centre de cette boule gélatineuse. Ce mucilage tient les œufs accolés en paquets les uns aux autres. (leur nombre peut atteindre 35 000) La ponte des œufs Le thème de l’exposé porte sur les grenouilles, mais je vais faire une toute petite exception pour la ponte du crapaud accoucheur. Le mâle est sur la femelle, elle vient d’émettre sa ponte Le mâle se retire et a enroulé la ponte autour de ses pattes La femelle et le mâle après l’accouplement Les grenouilles pondent des oeufs en masse compacte qui flottent sous la surface de l’eau Les frais de plusieurs femelles peuvent être réunis en une seule grosse masse, alors que chez les crapauds la femelle les expulse sous forme de longs rubans gélatineux mouchetés de noir et drapés autour des tiges des plantes. Il mesure jusqu’à deux mètres de long et même plus. Emission des œufs Masse d’œufs de grenouille Chapelet d’œufs de crapauds Certaines grenouilles sont vivipares. Elles avalent alors leurs oeufs fécondés afin de les faire incuber dans l’estomac. Elles accouchent ensuite de petites grenouilles par la bouche. Cependant l’oviparité est le mode de reproduction le plus répandu. Chez certaines espèces, quand les oeufs sont en train d’éclore, le mâle se place au milieu, s’enduit de la gelée de la ponte et entre dans une torpeur progressive pendant laquelle les têtards éclos se placent dans des poches ventro-latérales qui s’étendent entre les deux paires de pattes et y finissent leur développement. De plus, quatre genres de grenouilles marsupiales ont développé une poche à oeuf dorsale. La majorité des amphibiens d'Europe et d'Amérique du Nord pondent des oeufs. Quelques anoures pondent à terre: c'est le cas des grenouilles des Antilles ou celles qui vivent dans des régions arides. Mieux adaptés à la vie terrestre, leurs oeufs sont généralement peu nombreux, d'assez grosse taille et riche en réserves nutritives. En revanche, les pontes aquatiques se signalent par un grand nombre de petits oeufs, avec peu de réserves pour l'embryon. Nous trouvons aussi d'autres habitudes de pontes. La grenouille de Darwin dépose ses oeufs sur le sol. Les mâles qui surveillent les alentours les avalent et les conservent dans leur sac vocal. Les têtards y restent jusqu'à l'achèvement de la métamorphose. Chez certaines espèces de grenouilles africaines, c'est la mère qui garde sa progéniture bien à l'abri dans sa bouche. On la voit alors cracher de petites grenouilles bien constituées. Grenouille avec sa progéniture dans la bouche Beaucoup de membres de cette famille ont choisi de pondre dans les arbres. C'est également le cas de certaines grenouilles qui vivent au sud de l'Asie. Les oeufs sont déposés dans le feuillage, à quelques mètres au-dessus du niveau de l'eau. Pour faire gonfler la gélatine qui protège les oeufs et qui épaissit normalement au contact de l'eau, ces grenouilles la fouettent avec leurs pattes postérieures comme pour monter des blancs d'oeufs en neige. A l'éclosion, les têtards tombent dans l'eau où s'achève leur métamorphose. Après la ponte, la plupart des anoures abandonnent leur progéniture dans la nature. Les pères Dendrobate et son têtard dendrobates transportent leurs têtards sur le dos durant quelques jours. Les oeufs d'un batracien ne ressemblent pas à ceux d'un oiseau dont la coquille assure une protection. Ils doivent être protégés du dessèchement. C'est la raison pour laquelle ils cherchent un endroit humide, contenant assez d'eau pour pondre. Les oeufs ne peuvent résister à la dessiccation. La reproduction se fait donc en milieu aquatique, et la distribution de ces animaux est limitée par la disponibilité d'eau. Le développement des oeufs L'œuf est une cellule arrondie très petite, d'environ deux millimètres de diamètre et entouré d'une membrane gélatineuse que secrète la paroi de l'utérus. Ces boules de gelée collées ensemble forment le frai. Il a une couleur noirâtre sur presque toute sa surface sauf une partie blanche sur la partie inférieure appelée pôle blanc. Entre ces deux parties se trouve une portion grisâtre appelée croissant gris. Le pôle noir ou pôle animal, est la partie de l'œuf qui renferme le noyau tandis que pôle blanc appelé aussi pôle végétatif renferme les substances nutritives ou vitellus. Frai Têtard Au cours de la fécondation, un spermatozoïde traverse l'enveloppe gélatineuse, encore mince (pas encore tombée dans l'eau) et vient féconder l'œuf. La vie commence dès la première division de la cellule-oeuf en 2, 4, puis 8 cellules, etc. L'embryon se développe à l'intérieur d'une gangue de gelée et effectue des mouvements. L'éclosion a lieu quelques jours après la fécondation. La différenciation sexuelle est postérieure à la métamorphose et a lieu lors de la croissance. L'oeuf de l'amphibien ne se transforme pas de manière continue dans le temps. Son développement dépend des aléas météorologiques qui influencent la température de l'eau. Il arrive parfois, lorsque les conditions météorologiques lui sont défavorables, que la larve d'amphibien stoppe momentanément son évolution. Elle garde ses caractéristiques aquatiques pour affronter le plus tard possible le milieu terrestre, moins hospitalier. Cela peut être le cas de la grenouille verte. Les variations importantes observées dans la nature ne sont donc pas uniquement liées aux espèces. Il existe des périodes sensibles du développement, pendant lesquelles peuvent se développer des malformations embryonnaires graves : moins de 1 % des oeufs fécondés parviennent à l’âge adulte. La métamorphose La larve ressemble si peu à l'adulte qu'on la désigne par un nom spécial : têtard. Son tronc et sa tête forment une grosse masse globuleuse affublée d'une queue. Juste après l'éclosion, le têtard se fixe aux pierres et aux plantes du plan d'eau, grâce à une ventouse située sous la tête. Les branchies externes, à peine visibles, se ramifient rapidement. Au bout de quelques jours, elles commencent à régresser. Elles sont remplacées par des branchies internes (à la quatrième semaine). Le têtard respire alors comme un poisson. Le têtard se nourrit au moyen de rangées de denticules cornés qui râpent les plantes et les algues. L'eau qui pénètre par la bouche avec les aliments, entre en contact avec les branchies, échange avec elles l'oxygène contre le gaz carbonique, et ressort par un petit orifice appelé "spiracle". L'intestin s'allonge et s'enroule en spirale, il extrait les substances nutritives des aliments absorbés. Les membres postérieurs apparaissent vers la sixième semaine, les antérieurs vers la neuvième. Les paupières se forment. La bouche qui ressemblait à une petite boutonnière s'élargit en une large fente jusqu'au niveau des yeux. La queue régresse rapidement jusqu'à disparaître. L'intestin se raccourcit, l'estomac se forme, prêt à accepter une nourriture carnée. Les poumons commencent à fonctionner. En deux mois, le têtard a fait place à une petite grenouille qui sort de l'eau. Sa vie terrestre commence. Membre postérieur Membre antérieur Palmure Croissance du membre postérieur Quelques stades de la métamorphose Vues dorsales Vues ventrales Vues latérales Jeune métamorphosé D’autres photos de la métamorphose d’un petit crapaud Frai Pattes postérieures Doigts des pattes 4 pattes & queue La queue disparaît Le prince charmant Les proies Pendant les beaux jours, la grenouille se nourrit énormément, quand arrive l'hiver elle cesse de s'alimenter et se réfugie dans la vase, sous les pierres: elle est en hibernation. Les grenouilles sont presque exclusivement carnivores. La capture de la proie est effectuée en plein bond ou immobile. Les grenouilles consomment beaucoup d’insectes et de mollusques. Certaines espèces se nourrissent de poissons, de tritons, de salamandre et même de petites grenouilles de leur espèce voire d’autres grenouilles et de Grenouille rousse qui essaie crapauds adultes. En effet, le cannibalisme est fréquent. Il s’explique d’avaler un ver de terre par le fait que la grenouille qui a faim ne choisit pas forcement ses proies avec discernement,mais se jette sur tout ce qui bouge. Cependant, s’il arrive qu’elle ingère sa propre progéniture,la nature est heureusement bien faite la peau de la toute jeune grenouille en danger secrète un liquide répulsif qui prévient le père de sa bévue et celui ci recrache aussitôt le pauvre petit. Certaines grenouilles dévorent de jeunes couleuvres. La grenouille taureau, une des plus grosses grenouilles existant, chasse même des oiseaux. Les grenouilles ne se contentent pas de guetter l'arrivée d'une proie mais chassent vraiment. Elles doivent évaluer avec précision la distance à franchir et l'instant où elles ouvriront la bouche. Lorsque la grenouille bondit et ouvre la bouche, sa longue langue collante se projette à la vitesse de l'éclair pour attraper sa victime, généralement, elles n'ont le droit qu'à un essai. Elles sont capables de sortir et de rentrer leur langue en une fraction de seconde. Lorsque les grenouilles avalent, leurs yeux se rétractent dans leur tête, ce qui les aide à faire descendre leur nourriture dans leur gorge. Il faut préciser que la grenouille avale tout rond l'insecte, sans mâcher. Elles ne font pas trois repas par jour et parviennent à rester longtemps sans se La proie a été happée nourrir. par la langue visqueuse L'alimentation des têtards: Les têtards n'ont pas tous la même alimentation : ils sont essentiellement microphages et, chez plusieurs espèces, ils peuvent même extraire des particules en suspension ayant 0,1 micron de diamètre. Beaucoup de larves se nourrissent de bactéries et de microorganismes appartenant au zooplancton (infusoires) ou phytoplancton (algues unicellulaires). Chez d’autres, les particules sont collectées à la surface de l'eau au moyen d'une espèce d'entonnoir buccal dirigé vers le haut. Certaines autres sont végétariennes ou détritivores. Leurs dents dépècent les végétaux et raclent les encroûtements ; il en résulte une mise en suspension de particules très fines qui sont avalées par les têtards. Enfin, chez quelques espèces, elles sont plus souvent macrophages et carnivores, elles se nourrissent de crustacés ou de larves de moustiques. Elles capturent leurs proies par un mécanisme de succion très efficace, puis les déchiquètent avec leurs mâchoires hypertrophiées qu'animent des muscles masticateurs bien développés. Le cannibalisme est également observé chez certaines espèces comme les Dendrobates. Leurs têtards sont nourris par leurs parents avec des œufs non fécondés et, chez certaines rainettes, les adultes nourrissent leur progéniture avec des œufs fécondés. Enfin, chose curieuse, certains larves ne se nourrissent pas du tout, elles vivent de leur réserve vitelline. Les prédateurs. Il existe de nombreux prédateurs de grenouilles : poissons carnassiers, tritons, canards, corneilles, rapaces, couleuvres aquatiques, hérons, cigognes, loutres, belettes, taupes ou encore renards quand ils sont affamés, sans oublier les grenouilles elles même. Les dytiques, des coléoptères aquatiques, mangent les têtards. Le prédateur le plus redoutable est cependant l’homme. Couleuvre Cigogne d’abdim Parasites et maladies Le parasite le plus important de la grenouille est un animal unicellulaire (l’opaline) qui vit dans l’ampoule rectale de celle-ci. Son cycle de vie est synchronisé sur celui de l’hôte. Au printemps, lors de la reproduction des grenouilles, la cellule-mère donne plusieurs cellules filles qui forment des kystes. Ceux-ci sont éjectés dans l’eau par la grenouille. Avalés par les têtards, ces kystes sont dissous par les sucs intestinaux, ce qui libère une nouvelle génération de protozoaires. On sait que certains parasites qui se logent sous la peau et dans les muscles des jeunes grenouilles peuvent interférer avec le développement normal des membres et causer des malformations du squelette. D’autres facteurs, telle la contamination du milieu aquatique, sont aussi susceptibles d’entraîner des anomalies de développement. L’exposition aux substances toxiques pourrait notamment affaiblir le système immunitaire des grenouilles, les rendant ainsi plus vulnérables aux parasites des poumons. Une déficience de la capacité respiratoire pourrait être critique au moment où elles entreprennent leur migration saisonnière vers les sites d'hibernation et pourrait aussi compromettre la survie des grenouilles durant leur premier hiver. En Angleterre, la grenouille rousse est visiblement frappée par une maladie susceptible d’avoir été importée avec des poissons rouges originaires de États-Unis. Des populations entières de l’espèce ont été décimées. Les grenouilles présentent différents symptômes allant de verrues cutanées à la perte complète de membres. Il existe une infection chez les amphibiens, qui se manifeste par une asthénie et une altération légère des téguments externes de la peau, au niveau du museau et des articulations (ces altérations ne sont pas toujours visibles). C'est cette infection d'origine fongique (par un champignon) qui est très certainement à l'origine de la disparition de plusieurs espèces d'amphibiens dans leur milieu naturel. La lucilie bufonivore est une mouche parasite plus communément appelée "la mouche de la viande". Ce diptère d'un beau vert métallisé est commun en France et dans d'autres pays d'Europe. Il pond ses œufs dans les cavités nasales de certains batraciens. La larve produit une destruction musculaire grave, très souvent mortelle chez les amphibiens. Lucilia bufonivora Œufs prêts à éclore Dégats causés Diverses malformations qui ont été constatées Une seule patte avant Une seule patte arrière Deux pattes arrière supplémentaires Un seul oeil Les pesticides, insecticides et herbicides liés aux grenouilles hermaphrodites. Dans le monde entier, les amphibiens connaissent une période de déclin, parfois catastrophique, et certains biologistes soupçonnent un herbicide, largement utilisé dans les champs de céréales, d'interférer dans les fonctions endocriniennes des grenouilles, transformant jusqu'à un tiers des mâles en hermaphrodites porteurs d'ovules dans leurs testicules. La proportion de grenouilles hermaphrodites (possédant à la fois des organes mâles et femelles) a fortement augmenté avec l'apparition et la généralisation de produits chimiques. Ce phénomène est amplifié par temps de canicule Petit résumé sur les grenouilles exotiques La famille des dendrobatidés compte plusieurs genres, regroupant chacun plusieurs espèces. Les Anglo-Saxons les regroupent sous le nom de « poison frogs », ou « poison dart frogs ». Ce nom populaire vient de la réputation toxique des ces petites grenouilles, que certaines tribus indiennes utiliseraient pour enduire de poison la pointe de leurs flèches (dart). En pratique, seules 3 espèces sont réellement dangereuses dans la nature. Les autres provoquent simplement des réactions d'irritations, surtout si le poison qu'elles sécrètent entre en contact avec les muqueuses. En captivité, ces grenouilles perdent l'essentiel de leur toxicité. Mais il vaut mieux se laver les mains rapidement après les avoir touchées. Ces petites grenouilles font 2 à 6 cm (en moyenne 4 cm), et sont très colorées. Les Dendrobatidés vivent surtout au niveau du sol dans les forêts pluviales d'Amérique Centrale et d'Amérique du Sud. Certaines espèces ont un tempérament de grimpeuses, et montent volontiers sur les arbres. Les espèces dont il sera question ci-dessous, qui vivent en plaine ou à basse altitude, sont les plus fréquemment rencontrées dans le commerce. • Dendrobates auratus vient d'Amérique centrale et du nord de la colombie. 3-4 cm. • Dendrobates azureus vient du Surinam, ou des régions brésiliennes frontalières. 4-5 cm. • Dendrobates leucomelas vient de certaines régions du Brésil, de Colombie, du Guyana, et surtoût du Vénézuéla. 3-4 cm. • Dendrobates ventrimaculatus vient d'Amazonie péruvienne, équatorienne et régions limitrophes brésiliennes, ainsi que de la Guyane française pour la plupart des variétés en terrarium. 2 cm. • Phyllobates vittatus vient de la côte Pacifique du Panama et du Costa Rica. 3 cm. Dendrobates auratus Dendrobates azureus Dendrobate sventrimaculatus Phyllobates vittatus Dendrobatesleucomelas Le plus dangereux Phyllobates terribilis Quelques photos de grenouilles exotiques, juste pour le plaisir des yeux. reticulatus tictorius lehmanni granuliferus dentrobates pumilio tinctorius Mantella pulchra Les fossiles Il n'y a pas de processus évolutionnaire dans l'origine des grenouilles. Les plus vieilles grenouilles connues sont complètement différentes des poissons, elles sont apparues en premier avec leurs propres structures uniques, et elles possédaient les mêmes caractéristiques que les grenouilles de notre époque. Il n'y a pas de différence entre cette grenouille fossilisée dans de l'ambre Dominicain âgée d'environ 25 millions d'années et les spécimens vivants actuellement. Le symbolisme de la grenouille La grenouille était l'emblème de la déesse égyptienne Hekat, symbole de vie, et de renaissance dans un marais primordial. Cette déesse était responsable du bon développement du foetus, et de l'accouchement. La grenouille est considérée au Viêt-nam comme une forme de l'âme qui voyage tandis que dort le corps , lui faire du mal, c'est donc risquer de blesser ou de tuer la personne endormie La grenouille a été divinisée par les Amérindiens Haïdas de la côte Pacifique des Etats-Unis, qui considèrent Dzelarhons, la déesse-grenouille, comme une importante divinité animale. En Afrique du Nord on dit que la grenouille était près de Dieu lorsque son trône était sur l'eau. Elle a reçu la révélation et son croassement est sa manière de faire l'éloge de Dieu. Elle est donc souvent considérée comme une sainte, en tout cas comme un génie bienfaisant. La grenouille est l'animal lunaire, dans une tradition répandue, suivant laquelle la grenouille se voit dans la lune et elle joue un rôle dans des rites tendant à provoquer la pluie, les rapports avec l'eau étant un facteur commun à la lune et à la grenouille. De nombreux exemples vont dans ce sens en Chine, en Thailande, au Cambodge et au Laos où on utilisait des tambours de bronze sur lesquels quatre batraciens indiquent les points cardinaux. Les tambours de bronze semblent, comme les batraciens, avoir été magiquement liés aux intempéries, à la fertilité qui en dépend. En Inde dans la poésie védique, les grenouilles sont considérées comme l'incarnation de la terre fécondée par la pluie printanière : leurs coassements sont alors un chant pour remercier le ciel. Tambour de bronze La gazette Grenouilles à ultrasons, une nouveauté chez les vertébrés de Grenouilleville Selon une étude parue dans la revue Nature certaines grenouilles peuvent, elles aussi, émettre et entendre des ultrasons. Une espèce d'amphibien qui vit près de sources d'eau chaude en Chine, Amolops tormotus, communique en effet à de très hautes fréquences grâce à une évolution qui lui permet de surmonter le bruit de son environnement. Parmi les vertébrés, les seules espèces recensées jusque là comme recourant aux ultrasons pour communiAmolops tormotus quer ou se repérer dans l'espace (par écholocation) étaient des mammifères : chauve-souris, cétacés et certains rongeurs. Les ultrasons ont une fréquence supérieure à 20 kHz, alors que les amphibiens, les reptiles et la plupart des oiseaux sont incapables d'émettre et de percevoir des sons supérieurs à 12 kHz. Des grenouilles mâles de cette espèce ont répondu à des sons allant jusqu'à 34 kHz. Ces mâles, exposés au bruit à basses fréquences émis par les sources de Huangshan, utilisent les hautes fréquences pour signaler leur présence aux autres mâles. Une autre espèce d'amphibien vivant dans la même zone, Odorrana livida, est capable de percevoir jusqu'à 22 kHz mais il reste à établir si les ultrasons lui servent également à communiquer. Les mâles Amolops tormotus comme les grenouilles de la deuxième espèce ont un tympan particulièrement fin, de l'ordre de quelques millièmes de millimètre. Mais les oreilles des premiers présentent d'autres caractéristiques "extrêmement inhabituelles", dont un tympan concave, un canal auditif complexe et des osselets internes très légers, donc très sensibles. Les grenouilles disparaissent-elles ? Un peu partout dans le monde on a l'impression que les grenouilles n'abondent pas aujourd'hui comme auparavant. La menace la plus importante est la destruction des milieux humides, là où les grenouilles se reproduisent. La peau des grenouilles et crapauds, tout comme celle de leurs confrères et cousins, les amphibiens, absorbe des gaz et des produits chimiques directement et peut donc servir à indiquer la qualité de l'eau. La disparition des grenouilles et crapauds pourrait représenter un avis de la présence de problèmes sérieux dans les eaux de notre planète C’est tout vu. Complètement abandonné aujourd'hui en médecine, le frai de grenouille était autrefois considéré comme émollient. Son eau distillée était employée en collyre. Les Péruviens préfèrent les grenouilles au Viagra C'est une petite grenouille qui a donné l'alerte sur un marché de Lima. En trouvant la force de s'échapper du réfrigérateur dans lequel elle était enfermée, elle a attiré l'attention de policiers qui inspectaient le lieu. Depuis quelques années, le cocktail de grenouille est très populaire chez les Péruviens. Mixé avec du maïs, des racines, du miel, des oeufs ou du pollen, le jus en question aurait des valeurs curatives, mais aussi et surtout aphrodisiaques. Vendu en bouteilles et en fioles dans toute bonne droguerie de Lima, le fameux cocktail est souvent réalisé sur les marchés sous les yeux d'adeptes impatients de boire la mixture qui leur permettra de retrouver leur jouvence sexuelle. L'effet revendiqué n'a certes pas été prouvé et tarderait à se manifester. "Mais quand cela vient, cela vient!", assure un utilisateur. Les grenouilles ne finissent pas de fasciner les médecins Il y a quelques mois, un chercheur indonésien a découvert, presque par hasard, dans une mare du Queensland (en Australie), une petite grenouille grise et blanche de trois centimètres et demi de long. L'animal a été baptisé Rheobatrachus silus. C'est une sorte de chaînon manquant dans la généalogie des grenouilles. Donc un spécimen intéressant pour les zoologues. Mais il devient encore plus intéressant quand les chercheurs qui en élevaient, observèrent dans la bouche de ces animaux deux bébés grenouilles. On s'aperçut ainsi qu'il pratiquait la « grossesse gastrique »: il élevait sa progéniture dans son estomac! Curiosité de la nature ? Plus que cela car l'estomac contient un suc très acide et donc très corrosif. Comment expliquer que les oeufs puissent y survivre ? Réponse : les oeufs en question contiennent une substance bien connue des biochimistes appelée la prostaglandine PGE2. C'est le plus puissant antiacide connu ; l'antiulcère idéal. On soupçonne aussi que les oeufs puissent produire un anti-vomitif puisque les mères ne les vomissent pas. Bonne nouvelle en chirurgie. Aujourd'hui, on utilise de la peau de grenouille pour les grands brûlés. Ce type de peau a l'avantage de réduire le temps de cicatrisation à six jours contre les 20 à 30 jours du traitement traditionnel. La peau des grenouilles permet une convalescence plus rapide car elle est riche en antibiotiques, antiinflammatoires et analgésiques naturels. Amérique du Sud. Quelques récits de voyageurs, à la recherche de merveilleuses grenouilles que les zoologistes rangent dans la famille des dendrobatidés, rapportent que les indigènes connaissent depuis longtemps leur pouvoir toxique. Ils les capturaient, les stockaient dans de grosses cannes creuses pour les en extraire de temps à autre. Le malheureux animal était alors empalé jusqu'à ce que, sous l'effet de la souffrance, il exsude par la peau un liquide gluant dont les indigènes imprégnaient leurs flèches. Une grenouille suffisait à en empoisonner jusqu'à cinquante! Les indiens actuels semblent torturer un peu moins leurs spécimens ; certains se contentent de frotter leurs fléchettes contre la peau des animaux sans autre forme de supplice. Station météo de la gazette de Grenouilleville Petite devinette Pourquoi les Anglais n’aiment-ils pas les grenouilles ? Parce qu’ils font le thé tard. Et pour terminer une petite nouvelle afin de réveiller un souvenir d’enfance. Pour ceux qui ont aimé ‘’Le livre de la jungle’’ de Rudyard Kipling voici l’explication du nom de ‘’Mowgli’’ le petit d’homme. Les Loups décidèrent d’adopter l’enfant et lui donnèrent ce nom qui signifie «Petite Grenouille», car il n’avait pas de fourrure. U Korn 4/07