Dossier Presse - Théâtre Clin d`Oeil

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01/03/2013 La voix du Nord
Comprendre la crise des subprimes grâce à une « comédie sérieuse » : pari réussi
« La finance est pour nous bien plus que de l’argent/Nous devons au marché de vivre intensément. »
Réfugiés dans une tour d’ivoire depuis laquelle ils dominent le monde des « gueux », les golden boys de la
banque trinquent à leur idée : celle de sortir la tête haute de la faillite en faisant payer leurs erreurs... à
l’État. Antipathiques, vous croyez ? Ce n’est que le début... Dans D’un Retournement à l’autre, Frédéric
Lordon montre l’univers cynique et décomplexé de la finance, mais aussi ses liens étroits avec le pouvoir
politique. L’économiste, directeur de recherche au CNRS, s’attache particulièrement à expliquer au
spectateur ce que, peut-être, il pensait bien connaître à force d’entendre à la radio ou à la télévision les
mots « subprimes », « traders » ou « emprunts toxiques » : les causes et les conséquences de la crise
bancaire de 2008.
« Lordon a décidé d’utiliser le théâtre comme moyen de vulgarisation de la pensée économique, explique
Brigitte Mounier, qui cosigne la mise en scène avec Layla Nabulsi. Les médias, en matière d’économie,
parlent de choses qui ne nous concernent pas, comme les cours de la Bourse qu’on nous sert avant le
journal. Or, le capitalisme n’est pas une fatalité : c’est un choix. » Personne n’est épargné : ni le journaliste
corrompu qui propose de « désigner à la foule » le trader malheureux, accusé d’avoir causé d’incalculables
pertes ; ni le locataire de l’Élysée qui s’emporte, pour la forme seulement, sur les banquiers en caleçon
venus lui demander de l’aide. Seul un conseiller politique kamikaze s’aventure à proposer d’autres
solutions, au risque de la marginalisation. Le peuple finira-t-il par « soulever le goudron », conformément à
ses prédictions ?
La belle langue de Lordon, servie en alexandrins, est un régal.
Vous rirez, certainement. Et aurez peut-être l’impression d’avoir plongé - de votre plein gré - dans le potage
de « rigueur » assaisonnée de « crise » dans lequel vous baignez dès que vous cherchez à vous informer.
Mais ça en vaut la peine
ESTELLE JOLIVET
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