Rapport technique du cercle de qualité sur le thème : Le Sénégal à l’heure du changement climatique. ---------------------- Date et lieu de l’activité : WARC, le 04 Mai 2012. ___________________________________________________________ I. Objectif du cercle de qualité : L’objectif de la cérémonie était de présenter à la communauté scientifque et aux partenaires la problématique du changement climatique à travers les cas suivants : les négociations sur le climat à l’échelle mondiale, Le rôle de la forêt dans le changement climatique: puits ou source de carbone, les systèmes agro-forestiers et le changement climatique, le changement climatique et la sécurité alimentaire au Sénégal : les leçons de petits producteurs de Ngayokhème. II. Préparation de la rencontre : La tenue de la cérémonie a été précédée d’activités intenses qui ont mobilisé les conférenciers, le coordonnateur de l’association et le staff de IFP qui ont contribué avec efficacité à l’exécution des tâches préparatoires. Parmi ces tâches : - Le choix du site - L’envoi des invitations - La finalisation et mise commun des présentations dans un chronogramme - Le choix des prestataires de service pour le cocktail, l’accueil et l’orientation des participants, - La mobilisation de la presse - etc. III. Participants au cercle de qualité. La rencontre a enregistré la participation d’une cinquantaine de personnes parmi lesquelles : Une dizaine d’alumni Plusieurs invités Le staff du programme IFP et du WARC. Mr le Directeur du WARC Deux représentants des communautés du village de Ngayokhème Le professeur modérateur des débats. IV. Synthèse des présentations. La cérémonie a été caractérisée par la présentation successive des thèmes suivants : DES ECHOS DE LA17EME CONFERENCE DES PARTIES SUR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE – DURBAN NOV-DEC 2011, Par Aliou DIOUF, Ph,D., Géographe, Gestionnaire de programmes, ENDA Tiers Monde, Programme Energie Environnement. 1 CHANGEMENT CLIMATIQUE, AGRICULTURE ET SECURITE ALIMENTAIRE AU SENEGAL: Les petits producteurs de Ngayokhème, dans le Bassin de l’arachide, « indiquent la Voie » Par Aliou DIOUF, Ph,D., Géographe, Gestionnaire de programmes, ENDA Tiers Monde, Programme Energie Environnement. LE ROLE DE LA FORET DANS LE CHANGEMENT CLIMATIQUE : PUITS OU SOURCE DE CARBONE ? (A PARTIR D’UNE ETUDE DE CAS) Par Lamine SARR, M.Env. Monsieur Lamine Sarr a montré que le réchauffement de la planète est de nos jours au cœur des préoccupations scientifiques. Consécutif l’augmentation des émissions des Gaz à Effet de Serre (GES), il constitue une réalité qui n’épargne aucun pays. Pour atténuer ses effets dont les conséquences sont déjà inquiétantes, l’accent est mis sur la réduction de ces émissions. Pour ce, l’homme compte beaucoup sur les forêts pour résorber l’excès de carbone que ses activités rejettent dans l’atmosphère. Dans ce contexte, de nouvelles problématiques ont émergé, notamment celle du cycle du carbone forestier. Ce carbone est contenu dans les tiges, dans la biomasse foliaire et dans le sol, à travers les racines fines notamment. Il convient de s’interroger sur les interactions entre ce climat en évolution, les forêts et le cycle du carbone. Autrement, il devient nécessaire de comprendre le rôle de la forêt dans la problématique du changement climatique. Quelle relation entre la forêt et la hausse des températures? Répondre à cette question revient, entre autres, à s’intéresser à la dynamique du carbone en zone forestière. La forêt est-elle un puits ou une source de carbone? En d’autres termes, la forêt contribue-t-elle de façon négative ou positive au réchauffement climatique? Telles sont les questions majeures de cette étude dont l’objectif principal est de contribuer à accroître les connaissances sur les relations entre la forêt et le changement climatique. Articulée autour de l’évaluation de la densité des racines fines dans des écosystèmes de sapin baumier (Abies balsamea (L.) Mill) et d’épinette noire (Picea mariana (Mill.) B.S.P.) localisés à différentes latitudes (effet de gradient thermique), cette étude a été réalisée à partir d’une combinaison de deux méthodes d’estimation de la densité racinaire. L’analyse de carottes de sol contenant des racines et l’analyse d’images de racines fines prises au minirhizotron. Les résultats obtenus ont permis de constater une augmentation quasi parallèle des stocks et de la croissance des racines fines et celle des températures moyennes annuelles. La hausse de la température à l’origine du réchauffement climatique favorise l’augmentation aussi bien de la production que de la mortalité racinaire. Sachant que les racines fines sont constituées de 50% de carbone, la forêt à travers la productivité des racines fines influencée par la température a une réelle capacité de séquestration et de libération de carbone. En cela, elle constitue à la fois un puits et une source de carbone. En outre, parallèlement à la température, il est avéré que le type forestier, l’âge des arbres, la nature du sol, la disponibilité des nutriments, influencent également la productivité racinaire et la production de la biomasse végétale et donc le bilan du carbone forestier. 2 La nécessité de bien choisir les espèces à planter, de bien cibler les zones de reboisement, ainsi que la prise en compte des périodes de coupe en fonction de l’âge des arbres, l’usage du bois s’impose comme un impératif catégorique pour que la forêt puisse jouer pleinement son rôle de régulateur au service de l’équilibre thermique de la planète. Au regard de ce qui précède, l’étude nous amène à nous interroger sur les politiques forestières dans nos pays axées pour l’essentiel sur la régénération de la végétation à travers les campagnes de reboisement. Comment concilier l’engagement des communautés et la nécessaire synergie entre celles-ci et les professionnels et les spécialistes scientifiques? En tout état de cause, il devient urgent de mettre l’accent sur le management agro-forestier en lieu et place des campagnes saisonnières de plantation d’espèces végétales qui ne bénéficient pas du suivi nécessaire au maintien de l’équilibre thermique de la planète. Il faut donc une véritable politique de mise en valeur agro-forestière conduite par des professionnelles du secteur en étroite collaboration avec les scientifiques pluridisciplinaires. L’heure de la professionnalisation de l’activité de mise en valeur agro-forestière a véritablement sonné. Lors de sa présentation, Mr Diatta Marone a soutenu que les systèmes agroforestiers pourraient contribuer significativement à la correction des conséquences du changement climatique. Selon Mr Marone, en dépit de leur faculté d’augmenter la matière organique du sol et d’améliorer la qualité et la fertilité du sol, les espèces agroforestières ont le double avantage de capter et de stocker du carbone tout en permettant des cultures annuelles sous couvert. Mr Marone a souligné dans sa présentation que les techniques agroforestières comme les brise-vent, les jachères, les parcs arborés, les parcours naturels, les cultures intercalaires, largement utilisées en Afrique et un peu partout dans le monde, ont montré leur capacité à séquestrer du carbone et à fournir des biens et services aux populations. Selon toujours Mr Marone, les pays africains en général et les pays sahéliens en particulier sont les pays les plus vulnérables au changement climatique, et que l’avenir des petits producteurs ruraux dépendra de leurs capacités à s’adapter aux péjorations climatiques. A cet effet, il dira que la réintroduction de l’arbre dans l’espace rural s’impose comme une alternative sérieuse aux systèmes de production agricole. L’agroforesterie étant le seul système d’exploitation agricole qui prend en compte les trois piliers du développent durable que sont l’écologie, le social et l’économie, sa capacité à séquestrer du carbone pourrait également permettre aux petits producteurs ruraux de bénéficier des crédits carbone du mécanisme pour le développement propre (MDP). Mr Marone soulignera que le changement climatique a toujours existé, il est dynamique et progressif, et qu’il est utopique de vouloir l’arrêter. Toutefois dira-t-il, il est réaliste de développer des stratégies d’adaptation ce changement. Ces stratégies existent, et l’agroforesterie en est une, conclut-il. Enfin Monsieur Aliou Diouf a fait part des échos de la conférence de Durban. Il a tour à tour abordé les points suivants : • Les enjeux de Durban - Besoin d’une nouvelle période d’engagement après celle de 2008-2012 - Renouvellement du Protocole de Kyoto - Mise en place et alimentation du Fonds vert pour le climat. • Les Acquis de Durban - Décision prise sur une Nouvelle période d’engagement à partir de 2013 pour 5 ans 3 • Un nouveau Protocole ou Texte doté de force juridique qui prendra effet à partir de 2020 Mise en place du Fonds vert pour le climat: un Fonds alimenté de 100 milliards par an par les pays développés pour aider les pays en développement à s’adapter Les Passifs de Durban - En attendant……………. les pollueurs polluent - Pas d’accord formel sur une nouvelle période d’engagement: (prévu pour 2012) - Pas de cadre juridiquement contraignant pour les pollueurs. Ensuite monsieur Diouf a abordé le thème CHANGEMENT CLIMATIQUE, AGRICULTURE ET SECURITE ALIMENTAIRE AU SENEGAL: Les petits producteurs de Ngayokhème, dans le Bassin de l’arachide, « indiquent la Voie ». Après avoir campé la problématique et rappelé la Méthodologie il a indiqué les trajectoires vers la sécurité alimentaire. Il s’agit entre autres de : Restaurer les conditions et services des écosystèmes Renforcer les compétences techniques et managériales et Diversifier les activités génératrices de revenus des producteurs Améliorer les méthodes scientifiques de prévisions climatiques et météorologiques; Mettre en place un système d’informations météorologiques performant Promouvoir la bonne gouvernance du S.A.P. Gestion transparente des intrants Organiser le marché des produits agricoles Bonne gouvernance des ressources naturelles Mettre sur pied des variétés tolérantes aux extrêmes climatiques Promouvoir la transformation par les producteurs des produits agricoles Promouvoir le savoir endogène en matière de prévisions saisonnières, et pratiques culturales Promouvoir les infrastructures agricoles rurales (pistes, magasins de stockage, centre d’échanges communautaires) Assouplir les conditions du micro-crédit Promouvoir l’énergie renouvelable Promouvoir l’équité homme-femme Assurer un environnement de santé sain. V. Les perspectives. L’association a retenu de poursuivre, en les décentralisant, la tenue des cercles de qualité pour affirmer son leadership sur les débats scientifiques qui interpellent les intellectuels sénégalais ; Elle a projeté d’organiser son prochain cercle de qualité sur le Développement Local à l’UGB de Saint-Louis. A la fin de la rencontre, un cocktail a été offert à l’ensemble des participants sur le site même de la cérémonie. Il a été un moment de communion entre les alumni et les invités : tête à tête, échanges de compliments, d’informations et de cartes visites, etc. Papa SENE 4