L’hôpital de Bailleul (Sarthe) Des nouvelles tâches Il faut partir du principe que l'étendue des prescriptions faisant exploser les frais et les dépenses dans le cadre de la construction hospitalière affiche de fortes similarités à travers les pays de l'Europe. Il ne sera cependant jamais possible d'avoir des règlements uniformes, la complexité du sujet ne permettant à aucun moment de s'unir sur un consensus. Voici donc comment se pose la problématique que l'on doit déjà faire face dans chacune des nouvelles constructions de cliniques. Ainsi, il est déjà nécessaire de se pencher sur des directives d’une complexité excessive, se modifiant en permanence suivant les exigences européennes ou en raison d’un secteur de la santé en constante évolution avant même pouvoir commencer la planification d’un hôpital. Ceci vaut particulièrement pour les architectes. Ce dernier a déjà, l’invitation au concours dans la poche et avec ses dessins une image, un modèle devant les yeux, vraisemblablement un concept nouveau pour l'hébergement et les soins des patients. Ceci est pour le mieux car des nouveaux développements dans la conception et la forme sont d’une grande importance dans une tâche centrale de planification d’un objet affectant directement les personnes. Où, sinon dans ce cas, il se doit de travailler en permanence avec tous ses efforts à des concepts innovateurs. Il est cependant recommandé à l'architecte de ne pas poursuivre ses planifications de cette manière, car, sans avoir pris connaissance avec exactitude des directives et règlements et discuté de ceux-ci avec des planificateurs spécialisés en la construction d'hôpitaux dans cette phase précoce du projet, celui-ci est perdu dans un labyrinthe de diverses charges qu'il ne peut survoler et comprendre. A ceci s'ajoute les longues phases de décision dans le cadre de la planification d'un hôpital, les procédures officielles d'autorisation de la construction demandent également beaucoup de temps et peuvent même retarder le projet sur des années. Il peut dans ce cas arriver que des dernières connaissances médicales autour de l'optimisation de certains processus et par là même des améliorations architecturales respectives entrent de manière tardive dans la planification. Bien souvent, des décisions concernant un projet ont été prises alors qu'un concept divergent était déjà discuté, au moins en partie, comme par exemple une utilisation multiple des salles selon les processus et non plus selon les services. C'est pourquoi, la situation est dans ce cas encore plus difficile, du fait que malgré l'ensemble de la complexité de la tâche de l'architecte, il lui est encore demandé un fort niveau de flexibilité au niveau de la structure du bâtiment en cas d'aménagements ultérieurs. Jean-Philippe Pargade le savait bien. Il a aussi pris, dans le cas de son projet d'hôpital à Bailleul ouvrant ses portes en automne 2007, cette voie d'une clarification et d'une concertation à un stade précoce du projet. Il était conscient que les services d'un architecte dans le cadre d'une construction d'un hôpital ne couvraient qu'une partie, bien qu'importante et même vraiment décisive pour l'aspect externe du nouveau bâtiment, mais qu'un grand nombre d'exigences étaient à prendre en considération dans le cas de la conception intérieure. La compétence au sujet du reste de l'organisation du projet tout comme pour la réalisation et l'équipement est dans les mains d'autres. Il ne s'agit ici non seulement des décrets, des normes techniques et naturellement comme point central le droit public relatif aux constructions, mais aussi les coûts en en particulier les implications sur les frais courants. L’hôpital de Bailleul est en complément un exemple impressionnant au sein d’une mesure prévoyant en France une série complète de nouveaux hôpitaux pour pouvoir assurer des soins meilleurs et avant tout plus efficaces. Quelques-uns des nouveaux bâtiments sont déjà entrés en service. Jean-Philippe Pargade obtint la commande après un concours limité à quatre compétiteurs qu’il a pu remporter en janvier 2003. Le concours a été précédé d’un appel d’offres public. Avant de présenter le nouveau bâtiment plus en détail, ce qui suit est à relever pour une meilleure compréhension : De nos jours les planificateurs d’hôpitaux, mais aussi une grande partie des exploitants de ceux-ci sont de plus en plus conscients et de manière sensible que la guérison et le rétablissement ne peut plus être atteint que par la compétence des médecins et une médecine à instruments hautement modernes avec une utilisation à forte intensité et à forts coûts d’appareils, mais est aussi influencé de manière décisive par l’environnement. On entend par cela non seulement et de loin le mode d’encadrement médical et soignant, mais aussi l’aspect des pièces avec leurs équipements dans lesquelles les patients séjournent. Les patients ne se doivent pas d’être « réparés » que de manière biologique, mais doivent être naturellement être vu et soignés en tant qu’unité du corps, de l’âme et de l’esprit. Ainsi, malgré des situations souvent très complexes, la tendance va nouveau de manière marquée en direction d’une médecine douce, dans lequel l’environnement de la construction et la qualité du séjour prennent dans l’ensemble un rôle beaucoup plus important. Le fait que cette approche plus sensible à la tâche provoque vraisemblablement une forte hausse des coûts et d’autres à travers un meilleur équipement et plus de personnel restera pour toujours un point de querelle dans la branche. Il est ici décisif que le respect des proportions reste assuré. Les lieux Le patient, dans les environs de la petite commune de Bailleul, se trouve dans un paysage gracieux à merveille. L’ambiance est paisible dans la région à collines du département de la Sarthe. Il est ici hébergé à l’écart de la ville, dans un espace géographique ouvert. Le voisinage proche est composé de fermes. Des vaches pâtissent dans les prés. Nulle part des points de référence architecturaux que l’architecte aurait dû prendre en considération. Seul la toiture en béton bombé de la station péage de l’autoroute A11 se détache dans les proches environs. La sculpture impressionnante porte un signe distinctif, un signe important du raccordement. En effet, le chemin mène à nouveau rapidement en dehors de l’isolation. Malgré la beauté d’une insertion dans un cadre de paysage naturel, c’est aussi un désir naturel pour les patients de pouvoir en ressortir très rapidement. C’est pourquoi la situation particulière du terrain à disposition a formé le point de départ du projet. Cela aurait été cependant déplacé de parler d’un jeu avec les formes pour l’approche avec la topographie des lieux. La nouvelle construction se trouve sur un plateau modeste. La conception est simple et proche du sol, car le but était dès le début de faire ériger un hôpital en longueur sur un maximal de trois étages, de manière à ne pas le faire sauter du cadre. Sur la face sud-est, l’étage du rez-de-chaussée se dégage d’une petite butte de telle manière à ce que le bâtiment soit à cet emplacement sur quatre étages. La façade de ce socle est identique à celui des deux étages supérieurs. C’est pourquoi on a l’impression que ce niveau s’est dégagé de l’ensemble et a été glissé sur le côté. Le cadre unique a offert la chance et la possibilité de former avec la nouvelle construction une ville en miniature. L’encadrement harmonieux, le retrait prononcé du volume avait ici la première priorité et a aussi joué un rôle important lors de la formation de la façade. Jean-Philippe Pargade a développé, à partir de ces maximes, un groupe de bâtiments compact, avec des lignes géométriques claires et renfermé sur lui-même. La voie d’accès, à partir du rond-point, se partage en trois axes. La voie du milieu sert avant tout à l’approche proche des personnes et des taxis et conduit directement sur l’avant-place de l’entrée principale. Les visiteurs de courte durée prennent la voie de droite, laquelle conduit à des places de stationnement avancées et aménagées d’un bosquet de frênes et de hêtres. Des places de stationnement complémentaires, aussi agrémentées de hêtres et de frênes, se trouvent au nord, sur l’arrière du bâtiment, derrière la place d’atterrissage de l’hélicoptère. La voie de gauche y mène directement. De même, les ambulances et les véhicules d’approvisionnement atteignent l’hôpital de l’autre côté. Ici se trouve une petite avancée de construction, avec l’entrée derrière laquelle sont directement rattachés les urgences et le service des soins intensifs. Derrière et mis à part du bâtiment principal, se situe l’aile avec le casino pour les pauses des employés de l’hôpital ainsi que la cantine. Ce bâtiment plat élégant, doté d’une très vaste terrasse, représente un lien important entre l’intérieur et l’extérieur, car il s’ouvre sur la face sud-est à la nature, le dos tourné au bâtiment principal. Le personnel peut ici se détacher complètement du travail dans l’hôpital. Le bâtiment bas peut être aussi atteint au rez-dechaussée par un passage souterrain à travers une place pavée. Au-dessous de la terrasse, une cour raccorde avec une autre zone de livraisons, la technique du bâtiment, la centrale d’énergie et la station d’élimination des déchets conforme aux strictes directives. Deux petits bois d’aulnes et de peupliers ont encore été planté par David Besson sur le terrain en forme de trapèze de l’hôpital, lequel architecte paysagiste a aussi formé toutes les zones vertes. Les surfaces restantes sont de simples prés. L’emplacement incroyable de l’hôpital de Bailleul, isolé et entouré de champs, a été choisi par le maître d’ouvrage car celui-ci se trouvait exactement entre les deux petites villes de Sablé-sur-Sarthe et de La Flèche. Ces deux villes sont distantes de 15 kilomètres et ont chacune fermées leur ancienne clinique urbaine. De cette manière, des frais ont été économisés, mais d’anciens liens et des traditions ont été abandonnées. Les hôpitaux appartiennent à une ville. Les fermer représente une forte attaque à la vie urbaine. Le fait que le nouvel hôpital plus grand offre de meilleures opportunités de traitement et peut s’accroître sur le terrain libre conformément aux exigences futures est naturellement aussi un grand avantage qui porte sûrement dans la balance pour l’abandon d’anciennes traditions. La façade L’apparence architectonique est marquée par les façades uniformes des étages du bâtiment principal. Grâce à la sélection d’un arrangement modulaire, il en résulte une composition libre des rangées de fenêtres et ainsi des surfaces ouvertes ou fermées, cette composition émettant un grand calme avec son équilibrage horizontal et vertical. Conformément à leur position dans le rythme libre de la façade, les fenêtres sont organisées de manière variable à l’intérieur, dans la chambre du patient. Les blocs de fenêtre se dégageant de 30 cm de la façade et prennent chacun l’ensemble de la hauteur de la pièce. La partie inférieure est vitrée de manière fixe jusqu’à une hauteur d’un mètre. Ensuite un battant de fenêtre de 1 m 90 qu’il est possible d’ouvrir. La hauteur des chambres des patients est ainsi de 2 m 90. Etant donné que l’ouverture de la fenêtre commence au sol, les patients peuvent ainsi se réjouir allongés de la vue. Il leur est en complément possible de régler individuellement de leur lit le pare-soleil se trouvant à l’extérieur. A l’origine, la partie supérieure du bloc de fenêtre devrait être couverte d’un panneau de 40 cm de verre opaque, celui-ci couvrant l’espace entre le plafond et la chape de l’étage supérieur. Sur les premiers dessins du projet de Pargade, des éléments de fenêtre et de façade de la même dimension et couvrant la hauteur entière de l’étage font la place l’un à l’autre. Les blocs de fenêtre ont été réduits dans leur hauteur dans une phase ultérieure de planification. Le recouvrement de la façade proprement dit est formé de panneaux vitrés, posés avec un écart sur la plaque de rainure des fenêtres. Il se forme ainsi un joint d’ombre. Là où les éléments vitrés couvrent aussi la façade au rez-dechaussée, les blocs de fenêtre ont été mis à fleur. Les panneaux individuels sont séparés les uns des autres par des joints et vissés au mur extérieur en béton. De loin, on a l’impression lors de l’arrivée d’une peau protégeant le bâtiment, une surface lisse, qui, audessus de la zone de rez-de-chaussée en retrait, donne l’impression d’être en suspens. Cette impression est atteinte par l’habillage monochrome tout comme par le cadre des fenêtres. La couleur légèrement verte de la façade avancée peut aussi prendre un ton de bleu mat ou de gris lors de temps particuliers. La sélection de la couleur et de la structure des éléments vitrés, les matériaux traités de manière subtile expriment une grande bienfaisance et légèreté. Clair, changeant sa structure selon les rayons du soleil et réflétant même un peu la nature dans son rayonnement, ce teint donne à hôpital une identité. Grâce à la façade – et ceci était important pour l’architecte – l’encadrement harmonieux y était renforcé à nouveau. L’entrée Venant du côté sud-ouest, le rez-de- chaussée ouvre une bande vitrée sur toute la longueur du bâtiment, laquelle offre déjà au visiteur de nombreux aperçus en passant le long de celui-ci. Vu de l’intérieur, le paysage reste en grande partie présent. L’accès principal sur la face en longueur est effectué à travers un foyer proéminent, lequel se laisse percevoir comme un maillon entre les différentes zones du bâtiment. L’étendue totale peut être dérivée de l’assemblage longitudinal à découvert. La réalisation du hall ne laisse pas penser au premier coup d’oeil à un hôpital. Pargade a développé avec un designer dans une phase avancée du projet l’aménagement intérieur de la zone d’information et d’attente. Celle-ci est riche en courbes et en vagues et se démarque déjà fortement du reste de l’aménagement par sa couleur rouge. D’autres comptoirs en courbes se trouvent aussi dans l’arrivée des urgences et la zone de conseil près du hall d’entrée. Des lanternons sont appliqués dans la zone arrière du hall. Ceci a été rendu possible car l’une des cours intérieures se trouve au-dessus. Sur le côté derrière le café, il est possible de passer un regard sur une des cours intérieures plus grandes. Le patient est accueilli dans une ambiance symbolisant le respect, l’ouverture, la chaleur et affichant presque un caractère hôtelier. Les zones de la clinique de jour et de l’unité de radiographie se répartissent immédiatement à droite et à gauche. Le concept intérieur L’analyse de la typologie du bâtiment a aussi conduit à Bailleul à un détachement marqué du type classique « vertical » dans lequel une maison de lits surplombe un socle de soins, opératoire et technique. La décision de Pargade n’a pas été seulement rendue nécessaire en raison de la position dans le paysage, de la taille de l’hôpital mais aussi plus généralement selon des concepts organisatoires aujourd’hui préférés. Comme déjà décrit en détail, l’orientation du corps du bâtiment sur le terrain a été déterminé par sa situation particulière sur les lieux, mais aussi naturellement d’après des prémisses fonctionnels. Le bloc en longueur dispose de toute une série de cours intérieures carrées de diverses dimensions (10 grandes et 11 petites), lesquelles assurent partout une grande quantité d’éclairage naturel. Les cours sont à certains emplacements non coupées jusqu’au sol du rez-de-chaussée Ceci forme dans les cours des petites terrasses qui ont été plantées. Réunir toutes les fonctions d’un hôpital dans un complexe de bâtiments et parallèlement avoir l’air d’être isolé dans le vert et donner l’impression d’être facile à en faire le tour, ceci représente un enjeu. Ce concept de la concentration est réussi d’une manière convaincante. Seul un carré, celui de la centrale de sécurité, dont l’aspect extérieur ne correspond pas dans son ensemble avec la langue de l’architecture de l’hôpital, se dégage malheureusement de manière un peu perturbatrice. Cette partie ajoutée sur la gauche le long du vitrage du hall au niveau de l’entrée principale donne l’impression d’avoir été oubliée dans le programme d’aménagement de l’espace et d’avoir été réalisée par la suite. Si l’on cependant considère la complexité de la tâche et les compromis qui ont dû être naturellement fait, ce carré n’est en fait qu’une ligne marginale. L’hôpital, avec 300 lits, dispose de toutes les formes conventionnelles d’hébergement pour les séjours en cure, les séjours à la journée et les séjours en stationnaire avec le service des urgences, une unité de soins ambulatoires et un service de soins intensifs, une zone pour l’accueil et la logistique administrative ainsi que toutes les fonctions techniques générales servant à la logistique médicale tout comme aux soins. Du point de vue du concept d’ensemble, il est ici avantageux qu’il n’y ait pas d’aile pour les quartiers des lits. L’hôpital est à concevoir comme une unité. L’aile des salles de traitement et d’opération ne se démarque consciemment pas mais celles-ci sont intégrées dans le complexe d’ensemble au niveau de chaque étage. Cette mesure a elle aussi permis de combattre dès le début l’impression d’une « machine de santé ». Pargade est fermement d’avis que les mouvements à l’horizontale sont propices au concept d’une unité hospitalière compacte. En vivant dans un bâtiment s’étendant à l’horizontal sur de grandes surfaces, l’affinité des personnes y est fortement plus marquée, rien que par le contact visuel, même si parfois les chemins à parcourir peuvent avoir l’air un peu plus longs pour les patients et le personnel. Des solutions purement rationnelles dans l’organisation ne peuvent pas à elles seules déterminer la planification. De même, il est décisif pour le patient que celui-ci puisse garder l’aperçu sur son étage et pouvoir se faire une idée de ce qui se passe autour de lui dans la « petite ville ». Au premier plan reste cependant toujours le « chez soi » pour une durée limitée : la chambre du patient. Les murs de la chambre pour la mieux équipée sont en partie en biais de manière à ce que la zone de la porte puisse être ouverte un peu plus en grand pour pouvoir plus facilement déplacer les lits lors de l’entrée dans la chambre. Ces ouvertures sont très bénéfiques pour les « rues publiques » qui passent sur toute la longueur de chaque étage. Celles-ci ne sont divisées que par des portes coupe-feu à battants. Un autre fait important est aussi le placement de divers points d’orientation comme des petites places et des voies coupant en travers et s’ouvrant la plupart du temps sur une cour intérieure. L’architecte a réussi à ce que la conception du corps du bâtiment ne « se divise jamais en blocs » mais qu’elle garde au contraire intégralement son unité. La présentation ou le relèvement d’une esthétique fonctionnelle élégante n’a jamais été au centre des intérêts. Tout ceci est à noter dans le cas de Bailleul, car en règle générale, dans la mesure où il ne s’agit pas d’une clinique privée ou d’un séjour pour la journée, le patient est transporté dans un hôpital, se trouve dans un environnement dans la plupart des cas impersonnel, voir même hostile et ce probablement séparé de sa famille. Il n’a pratiquement pas la possibilité de nouer un contact personnel avec l’équipe traitante. Ceci ne vaut naturellement pas pour tous les hôpitaux, mais l’on peut souvent lire qu’un grand anonymat y réside et que le personnel poursuit à ses tâches qu’à la hâte et avec difficulté. Il peut donc en être déduit qu’un architecte souhaitant combattre cette image lors d’une nouvelle planification tente un peu d’améliorer la situation avec des concepts de construction. Les unités du nouveau bâtiment rayonnent une atmosphère calme et agréable. Lors de la conception des chambres, la plus grande valeur possible a été offerte aux personnes. Personne ne se sent à l’étroit et à toujours la zone de soins à l’oeil en sortant dans le couloir. Le patient ne doit pas se sentir isolé, mais au contraire avoir au moins le sentiment dans la vie en groupe d’appartenir à une communauté. Ce sentiment de vie privée et d’intimité, mais aussi de communication plus ou moins organisée est accru par une offre différenciée de manière spatiale et dans l’atmosphère. La conception de la chambre reste dans décisive dans ce but. Elle est ouverte au soleil, à l’air et au paysage. C’est ce qu’a atteint Pargade. Il donne d’un côté une note généreuse, ouverte à l’ensemble du complexe, laquelle met le patient dans l’ambiance. De l’autre côté, une conception fonctionnelle a été travaillée, laquelle ne se dévoile pas, ne se met jamais en scène, mais au contraire apparaît comme naturelle. Des zones diverses émergent des lignes de mouvement des patients, des visiteurs et du personnel, lesquelles forment une sorte de continuité spatiale ininterrompue. Elles comprennent toutes les zones de passage, des salles d’accès, d’attente et de convalescence. Les cours, avec leurs ouvertures et leur transparence sont faites comme partie intégrale de l’ensemble, même si en règle générale elles ne doivent pas être pénétrées. Les voies internes de passage sont avant tout éclairées sur de grandes distances par la lumière du jour au moyen des cours. Dans l’une des grandes cours que le visiteur peut déjà remarquer du hall d’entrée s’intègre la chapelle pluriconfessionnelle sous la forme d’un bâtiment carré, en grande partie vitré et doté de deux salles de la même dimension. Les couleurs On n’a par cela pas encore et de loin fait le tour de la description des locaux intérieurs. Un autre aspect fortement remarquable dans ce nouveau bâtiment est encore à mentionner. Le concept des couleurs du bâtiment, pour lequel Pargade a attiré l’artiste Gary Glaser, a une importance extraordinaire. Les réflexions sur l’attribution des couleurs ont toujours joué un rôle dans la construction des hôpitaux, étant donné que celles-ci peuvent marquer l’atmosphère de manière décisive, le concept d’ici est cependant une vraie découverte. On décida de diviser la clinique de Bailleul en plusieurs zones de couleurs. Ces couleurs sont dans chacune des cas appliquées de manière monochrome sur le sol en PVC, sur les murs des chambres des patients, les salles de soins, les couloirs et les façades des cours intérieurs et couvrent intégralement toutes les surfaces dans chacune des zones. On passe ainsi d’une « zone de couleur » ou d’un « espace de couleurs » à un autre, et ceci directement. Le passage est ressenti à chaque pas. Il se doit de supposer que la répartition des services a été effectuée selon ce concept. C’est le cas, mais ce n’est pas obligatoire, car dans un hôpital la répartition des stations de malades et des domaines de soin peut être modifié. Le concept de couleurs est ainsi à comprendre comme pièce intégrante du concept intérieur d’ensemble, dans lequel plusieurs couleurs différentes peuvent apparaître dans le même service. Les couleurs sélectionnées sont le bleu, le jaune pêche, le rose, le jaune (et blanc), des tons pastels gais, représentant, liés les unes avec les autres, un changement bénéfique. Pour l’architecte, plus important que le choix des couleurs était leur composition en relation avec les chambres. Le passage de couleurs se fait parfois de manière surprenante et abrupte et il a été étendu dans certaines chambres dans le détail de telle manière à ce qu’une relation avec la cour ou l’antichambre de la même couleur soit effectuée. Un certain rythme peut être dans ce cas décelable. Le passage des couleurs est non seulement stimulant pour le patient, il est aussi important pour l’orientation et assure peu importe le temps des touches amicales. Le passage représente aussi pour le personnel un changement dans l’utilisation au quotidien. On se trouve dans un monde propre, incomparable, que l’on ne relie pas au premier coup d’oeil à celui d’un hôpital. Le ton jaune pêche est la couleur que l’on trouve le plus dans les zones internes. Dans les années 80, l’époque des grosses cliniques, les couleurs primaires étaient modernes. Elles étaient souvent criantes et mêlés dans un imbroglio coloré. Ici, ce n’était pas l’intention, les tons adoucis ont été ajoutés de manière ciblée en tant que composition d’ensemble et ont pour but de favoriser avec douceur un sentiment de bien-être. L’effet en est ainsi complètement différent. Une particularité en sont les surfaces des sols sur l’accès principal de la face sud. Ils sont bleus et attirent un peu le ton légèrement bleuté de la façade vitrée dans la maison. Perspectives D’un côté la construction actuelle d’hôpitaux en France – vue de l’extérieur – s’affiche comme un véritable programme couvrant déjà presque toute la surface du territoire. Celuici est à étudier avec un grand intérêt, car une grande série de nouveaux bâtiments est créée dans un intervalle de temps le plus réduit. Les concepts laissent reconnaître dans leur ensemble, du corps du bâtiment jusqu’au détail, une nouvelle approche accueillante, ôtant à l’hôpital sa dominance et sa sévéreté. D’un autre côté – et on peut le reconnaître à un niveau international – des tâches complètement différentes se profilent dans le domaine de la construction d’hôpitaux. D’innombrables anciens bâtiments dotés de la complexité d’une structure fixe se trouvent devant un assainissement nécessaire (en partie en relation avec l’élimination de l’asbeste) ou une rénovation possible à réaliser qu’avec difficulté, le planificateur se trouvant souvent devant des problèmes ne pouvant être résolus. On s’aide d’extensions de toutes sortes et d’aménagements compliqués, faisant exploser les coûts. Ces tâches de construction auront dans le futur une importance encore plus grande pour l’architecte. Prendre la décision de faire un nouveau départ et même de mettre un hôpital complètement neuf sur les prés verts dans un cadre marqué par l’agriculture est courageux et conséquent en vue des buts à atteindre. Le nouveau bâtiment de Bailleul de Jean-Philippe Pargade est un excellent exemple, comment un tel projet, riche en nouvelles idées a pu être réalisé avec une grande dédication, mais aussi avec un talent de négociateur et une persistance dans la coopération avec le donneur d’ouvrage. Il doit être souligné que du côté du donneur d’ouvrage, la conception et en particulier le concept courageux des couleurs a été porté avec une grande curiosité et un grand intérêt. Sebastian Redecke