Sujet théâtre Gilles Boulan, Queneau que si, Avant

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Sujet théâtre Gilles Boulan, Queneau que si, Avant-scène théâtre, 2003
La Jeune Femme : Je ne suis pas cette personne.
Le Jeune Homme : Je l'ai oublié sur cette banquette...
La Jeune Femme : Ah... Bien !
Le Jeune Homme : Celle même où vous siégez?
La Jeune Femme : Oui ?
Le Jeune Homme : Et je crains que vous ne soyez, précisément, assise dessus...
La Jeune Femme : Sur la banquette ?
Le Jeune Homme : Sur mon chapeau...
La Jeune Femme : Quelle drôle d'idée ! Alors qu'il y a tant de banquettes libres...
Le Jeune Homme : Peut-être est-ce par inadvertance...?
La Jeune Femme : Comment est-il votre chapeau ?
Le Jeune Homme : C'est un chapeau de paille tressée.
La Jeune Femme : Assez voisin du canotier1 ?
Le Jeune Homme : Assez oui, en effet !
La Jeune Femme : Avec un galon de velours à la place du ruban ?
Le Jeune Homme : Vous êtes observatrice !
La Jeune Femme : Un galon de couleur foncée !
Le Jeune Homme : Noir ! Je crois qu'il est noir.
La Jeune Femme : Un peu comme le chapeau de ce bellâtre2 indiscret qui n'arrête pas de nous
zieuter.
Le Jeune Homme : Tout à fait le même ! Je suis heureux que vous l'ayez remarqué avant de vous
asseoir dessus...
La Jeune Femme : Sur la banquette ?
Le Jeune Homme : Sur mon chapeau... Je craignais l'avoir perdu.
La Jeune Femme : Vous ne l'avez pas perdu ?
Le Jeune Homme : Si ! Mais je l'ai retrouvé.
La Jeune Femme : Sur la tête de ce monsieur !
Le Jeune Homme : C'est vrai qu'il lui ressemble. Pour un peu, on croirait le mien... Voyez-vous,
il n'est pas d'une très rare élégance. Mais j'l'ai acheté porte d'Italie dans une boutique de mercerie
tenue par une jeune dame brestoise, la ville où je suis né...
La Jeune Femme : Moi, je suis née à La Rochelle.
Le Jeune Homme : Un port aussi !
La Jeune Femme : Je vous demande pardon...
Le Jeune Homme : Brest, La Rochelle, Le Havre. Il n'y a que des ports dans notre rencontre.
La Jeune Femme : J'aime la mer, je suis modiste3.
Le Jeune Homme : Modeste ?
La Jeune Femme : Pas spécialement, je travaille chez un chapelier.
Le Jeune Homme : Justement, auriez-vous l'obligeance de vous lever un court instant ? J'aimerais
assez le récupérer.
La Jeune Femme : Sur la tête de ce monsieur ? Allez lui demander vous-même !
Le Jeune Homme : Non ! Sous vos fesses !
La Jeune Femme : Je vous prie de rester convenable.
Le Jeune Homme : Excusez-moi mais par quel mot désignerais-je sans vous froisser cette partie
respectable de votre anatomie qui depuis dix minutes, déforme mon couvre-chef ?
1. Canotier chapeau de paille
2. Bellâtre prétentieux et niais.
3. Modiste personne qui confectionne des chapeaux.
Questions ( 15 points )
I. UN JEUNE HOMME SURPRENANT - 4 POINTS
1. a) "Mademoiselle, je ne voudrais pas vous déranger".
Quel est le temps du verbe conjugué ? Quelle est sa valeur ? ( 1 point × 2 )
b) Trouvez, dans le texte, un autre verbe conjugué au même temps et ayant la même valeur. ( 0,5 point )
c) Qu'est-ce que ces verbes nous apprennent donc sur la personnalité du jeune homme ? ( 0,5 point )
2. Quel registre de langue emploie le plus souvent le jeune homme ? Relevez deux mots ou expressions
appartenant à ce registre dans ses répliques. ( 1 point )
3. Quels procédés d'écriture l'auteur utilise-t-il pour montrer que le jeune homme n'est pas sûr de lui ? ( 1
point )
II. UNE JEUNE FEMME - 7 POINTS
4. "Je ne suis pas cette personne."
a) Expliquez pourquoi cette réplique est comique. ( 0,5 point )
b) Imaginez une didascalie qui soulignerait cette effet comique. ( 0,5 point )
5. "vous êtes observatrice !" .
a) Partagez-vous l'avis du jeune homme ? Pourquoi ? Vous justifierez votre réponse à l'aide de deux
expressions du texte. ( 1 point )
b) La jeune femme s'y connaît-elle en chapeaux ? Pourquoi ? ( 0,5 point )
6. "Un peu [...] qui n'arrête pas de nous zieuter".
a) A quel registre appartient le verbe "zieuter" ? Donnez un synonyme dans le registre courant. ( 1 point )
b) Expliquez la formation du mot "bellâtre". ( 0,5 point )
c) Quels sentiments ressent la jeune femme devant ce "bellâtre indiscret" ? ( 0,5 point )
7. "Allez lui demander vous-même !".
a) Quel est le temps verbal utilisé ? ( 0,5 point )
b) Imaginez une réplique du jeune homme en aparté et située après la réplique de la jeune femme. ( 1
point )
8. Quels traits de caractère cette jeune femme montre-t-elle ? Justifiez votre réponse en citant des
indices du texte. ( 1 point )
III. UN DIALOGUE DE THEATRE - 3,5 POINTS
9. "Je l'ai oublié sur cette banquette...". Quels sont les deux destinataires de cette réplique ? ( 1 point )
10. a) Comparez les deux extraits suivants :
"Le Jeune Homme : Et je crains que vous ne soyez, précisément, assise dessus...La Jeune Femme : Sur
la banquette ?" ;
"Le Jeune Homme : Tout à fait le même ! Je suis heureux que vous l'ayez remarqué avant de vous
asseoir dessus...La Jeune Femme : Sur la banquette ?"
Quel est le procédé utilisé ? ( 1 point )
b) Nommez trois sortes de comique caractéristiques du théâtre que l'on retrouve dans cet extrait et
illustrez-les. ( 1,5 point )
c)
Réécriture ( 5 points )
"Le Jeune Homme: C'est vrai qu'il lui ressemble. Pour un peu, on croirait le mien... Voyez-vous, il n'est
pas d'une très rare élégance."
Réécrivez ce passage au style indirect en commençant par :"Le jeune homme lui répondit..."
Vous ferez toutes les transformations nécessaires.
Dictee ( 6 points )
Les noms M. Grégoire et Marchiennes sont donnés.
Du reste, les bonheurs pleuvaient sur cette maison. M. Grégoire, très jeune, avait épousé la fille d’un
pharmacien de Marchiennes, une demoiselle laide, sans un sou, qu’il adorait et qui lui avait tout rendu, en
félicité. Elle s’était enfermée dans son ménage, extasiée devant son mari, n’ayant d’autre volonté que la
sienne ; jamais des goûts différents ne les séparaient, un même idéal de bien-être confondait leurs désirs
; et ils vivaient ainsi depuis quarante ans, de tendresse et de petits soins réciproques.
Émile ZOLA, Germinal (1885), éditions Pocket Classiques.
Rédaction ( 15 points )
Vous avez certainement déjà voyagé en utilisant les transports en commun ( train, autobus, métro,
avion... ) et il vous est arrivé d'engager une conversation avec votre voisin(e), par curiosité ou pour
demander quelque chose. Vous imaginerez une de ces conversations sous forme de dialogue de théâtre
en adoptant le registre comique. Vous aurez soin de préciser le décor et d'introduire dans votre texte des
didascalies.
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