Le financement des agents et ses modalités : le cas des entreprises Document 1 Document 2 Le financement sur fonds propres Le capital de départ peut être apporté par des proches ou des parents. C'est souvent le cas pour les toutes petites entreprises. Mais dès que celles-ci prennent un peu d'ampleur, les besoins de financement excèdent les moyens de ce genre de cercle. Dans ce cas, l'entreprise peut faire appel à des acteurs financiers dits du « private equity » : ils apportent des capitaux propres à des entreprises dont les actions ne sont pas cotées (c'est-à-dire vendues et achetées) sur des marchés financiers. Il peut s'agir de capital-risque pour de jeunes entreprises, souvent dans les secteurs de haute technologie, très gourmands en financement dès le départ du fait en particulier de leurs gros besoins en recherche et développement. Ce n'est pas pour rien qu'on dénomme cette activité ainsi: le risque financier est énorme. En effet, la plupart de ces entreprises font faillite, mais les quelques-unes qui s'en sortent sont susceptibles de rapporter beaucoup d'argent à ceux qui ont misé sur elles. Guillaume Duval, « Comment les entreprises se financent " Alternatives économiques, hors-série n° 75, décembre 2007. A la fin des années 70, le système financier français repose essentiellement sur le crédit bancaire du fait de la faiblesse de l’autofinancement et des marchés des capitaux. Les comportements financiers des entreprises et des particuliers, l’activité et la situation des banques sont caractéristiques d’une économie d’endettement. Les marchés des capitaux sont à la fois peu développés et cloisonnés. Le marché des valeurs mobilières par exemple, seul ouvert à l’ensemble des agents, draine peu d’épargne au profit des entreprises : d’une part parce que les agents préfèrent l’épargne liquide (rentable aussi parce qu’elle est défiscalisée) et que l’inflation détourne des placements longs ; d’autre part, parce que les émissions des secteurs public (bons du Trésor par exemple) puis bancaire attirent plus que les titres privés qui apparaissent moins sûr. Du fait de la situation des marchés de capitaux, le crédit bancaire apparaît comme la ressource externe essentielle pour le financement des entreprises. Dans les années 70, les crédits des institutions financières représentent 80 à 90% des financements. La moitié de ces crédits est financée par la création monétaire. Dans une telle économie, il est donc possible de financer les dépenses sans faire appel à une épargne préalable, mais par un gonflement continu de l’endettement des ménages. Ainsi, malgré le faible niveau d’épargne, l’investissement se développe et engendre un surplus de production qui rend possible le remboursement des emprunts initiaux. Au chapitre des avantages, on peut inscrire la possibilité d’une croissance plus rapide, comme accélérée par le crédit. Mais l’histoire économique récente nous a montré que l’on ne peut indéfiniment faire abstraction d’une tendance permanente à l’inflation. D’après M.Béziade, La monnaie et ses mécanismes. La Découverte, coll. »Repères ». Document 3 Comment les marchés financent les entreprises Le développement des marchés financiers a considérablement modifié la façon dont les entreprises se financent. Il y a trente ans, les crédits accordés par les banques représentaient leur première source de financement : ils avoisinent 39 % de leur passif en 1979 en France contre seulement24 % en 2009. Les entreprises ont en effet de plus en plus privilégié le financement par actions. [...] Ce constat ne signifie pas que les entreprises sont entrées comme un seul homme en Bourse, loin de là. Les actions cotées sur les places boursières restent minoritaires, seulement 27 % de l'ensemble des actions en France de 2009. L'introduction en Bourse reste en effet réservée aux plus grandes entreprises: seules 660 entreprises étaient cotées au milieu des années 2000 sur Euronext Paris, sur les 2,5 millions que comptait l'Hexagone à cette époque. Alternatives économiques hors-série n°87. Document 3: Liquidité sur le marché financier. […] Après mise en circulation, les valeurs* deviennent négociables sur un « marché secondaire» (de l'occasion, en quelque sorte). Les transactions se font soit de gré à gré, soit sur un marché organisé où se confrontent un grand nombre d'offreurs et de demandeurs (la Bourse par exemple). Ce segment n'apporte pas de ressources nouvelles aux agents à besoin de financement mais garantit aux épargnants qu'ils pourront revendre facilement leurs titres. Sans cette liquidité des placements, le marché primaire ne trouverait pas aussi facilement les apporteurs de capitaux. Les opérations se traduisent par des échanges entre de la monnaie et des « titres », c'est-à-dire des documents, remis par l'agent qui reçoit l'actif (apport de capital ou prêt) à celui qui le lui confie; ils indiquent les droits acquis par celui-ci (versement d'un intérêt et remboursement à échéance, dividendes, droit de vote aux assemblées ...). Les titres « mobiliers» (ou « valeurs mobilières ») sont négociables sur un marché. En France, une loi de 1982 ayant décidé de les dématérialiser, ils n'ont plus de support-papier depuis 1984 mais se présentent sous la forme d'une simple inscription informatique auprès des intermédiaires. H. Bourachot, Cours d'économie générale, Editions Ellipse - Collection Optimum, 2004. *il s’agit de valeurs mobilières ou titres financiers (actions, obligations…)