L`UNIVERS FASCINANT DES INSECTES

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L’UNIVERS FASCINANT DES INSECTES
Biologie, Ecologie, Agronomie
Collection dirigée par Richard Moreau
professeur honoraire à l’Université de Paris XII,
et Claude Brezinski, professeur émérite à l’Université de Lille
Cette collection rassemble des synthèses, qui font le point des
connaissances sur des situations ou des problèmes précis, des
études approfondies exposant des hypothèses ou des enjeux autour
de questions nouvelles ou cruciales pour l’avenir des milieux
naturels et de l’homme, et des monographies. Elle est ouverte à
tous les domaines des Sciences naturelles et de la Vie.
Déjà parus
Gérard BERTOLINI, Montre-moi tes déchets… 2011.
Alain GIRET, Histoire de la biodiversité, 2011.
Michel STEVENS, Revenons sur Terre, Comment échapper
à l’enlisement des négociations sur le changement
climatique, 2011.
Bernard BOURGET, Les Défis de l’Europe verte, 2011.
André MARCHAND, De l’agriculture d’antan à celle
d’aujourd’hui. Les changements engendrés par les lois
Pisani, 2011.
André MARCHAND, Filière viande. Propositions pour
conjuguer une agriculture rentable et une nourriture saine,
2011.
Guy JACQUES, Virer de bord. Plaidoyer pour l'homme et la
planète, 2011.
Maurice BONNEAU, La forêt de Guyane française, 2010.
Michel GAUDICHON, L'homme au miroir de la science,
2010.
Jacques RISSE, L’élevage français. Évolutions et
perspectives, 2010.
Dominique MARIAU
L’UNIVERS FASCINANT DES INSECTES
Nos amis, nos ennemis
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
[email protected]
[email protected]
ISBN : 978-2-296-96144-9
EAN : 9782296961449
A ma femme,
à Caroline, Antoine, Benoît † et Guillaume
Dans le texte, les numéros en exposant renvoient aux
photographies du cahier central.
SOMMAIRE
INTRODUCTION..............................................................................9
QU’EST-CE QU’UN INSECTE ?...................................................13
CLASSIFICATION .......................................................................15
ANATOMIE ET MORPHOLOGIE GENERALE ........................18
APPAREILS LOCOMOTEURS ...................................................21
APPAREILS BUCCAUX..............................................................26
LES ORGANES DES SENS .........................................................28
QU’EST-CE QU’UN ENTOMOLOGISTE ? ................................43
ADAPTATION ET ANCIENNETE DES INSECTES..................49
LE MIMETISME.............................................................................53
RELATIONS ENTRE LES INSECTES RAVAGEURS, LES
PLANTES ET LES ANIMAUX ......................................................59
LES INSECTES PHYTOPHAGES ...............................................59
LES INSECTES PIQUEURS DES ANIMAUX............................66
LES INSECTES ET LA POLLINISATION..................................71
LES INSECTES MIGRATEURS ...................................................83
LES INSECTES SOCIAUX ............................................................89
INSTINCT ET COMPORTEMENTS COMPLEXES................107
LA LUTTE CONTRE LES INSECTES.......................................115
ETUDES BIOLOGIQUES ..........................................................117
LA LUTTE CHIMIQUE..............................................................121
LA LUTTE BIOLOGIQUE .........................................................132
CONCLUSION SUR LA LUTTE CONTRE LES INSECTES...162
INSECTES ET ALIMENTATION HUMAINE ..........................165
7
CONCLUSION...............................................................................173
ELEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES..........................................179
INTRODUCTION
Depuis plusieurs années, grâce notamment à la
réalisation de superbes films, le monde des insectes est
devenu davantage à la portée des non-spécialistes. Mais il
reste encore beaucoup à faire pour les sensibiliser à ce
fascinant univers qui n’a pas fini de surprendre, même les
personnes dont c’est le métier. De ce monde fantastique, il
n’y a pas de doute qu’il reste plus à apprendre que ce que
l’on en connaît déjà. C’est là le propre même de toutes
recherches scientifiques, qui permettent de se rendre
compte que, plus on avance dans la connaissance, plus on
est bien obligé de reconnaître en toute humilité, que
l’étendue de notre ignorance est beaucoup plus vaste que
l’on pouvait l’imaginer au début des investigations.
Cet ouvrage a pour simple objectif de participer à
mieux faire connaître cette catégorie d’animaux, même
auprès des personnes les plus allergiques à ces "petites
bêtes". Certes le monde des fourmis, comme celui des
abeilles, a fait rêver plus d’une personne. Bien que ne
pouvant pas s’exprimer avec des mots, celles-ci sont en
mesure de communiquer entre elles et de se transmettre
l’une à l’autre toutes les données nécessaires au parfait
fonctionnement de leur existence et de l’organisation de
leur colonie. Les insectes existaient, au moins pour
certains d’entre eux, des centaines de millions d’années
avant l’apparition de l’homme sur la terre. Ils ont résisté à
toutes les perturbations considérables que notre planète a
pu connaître pendant ces très longues périodes, telles que
la dérive des continents, ou la formation des massifs
9
montagneux, que sont par exemple les Alpes, les Andes ou
le massif himalayen, ou les chutes de gigantesques
météorites, ou encore les impressionnantes éruptions
volcaniques, comme celle du lac Toba en Indonésie, qui
couvrit la terre d’un nuage épais pendant une longue
période. Ce phénomène naturel, qui date de moins de cent
mille ans, est à l’origine d’une glaciation d’une durée d’un
millénaire avec comme conséquence, notamment, la
presque disparition des humains de l’époque. Ces
phénomènes planétaires ont été à l’origine de la disparition
de très nombreux animaux comme celui des gigantesques
reptiles de l’ère secondaire. Les trilobitesa de l’ère
primaire ou les ammonitesb du primaire et du secondaire
ont, malgré leur grande extension et leur succès,
également totalement disparu pour des raisons inconnues
mais probablement liées aussi à des conditions extérieures
exceptionnelles.
Dans les domaines des sens, aussi bien celui de la vue
que ceux de l’odorat, du goût ou de la captation des ondes,
les insectes, grâce à des organes qui, n’ayant le plus
souvent rien de commun avec les nôtres, sont doués de
capacités stupéfiantes, loin de tout ce que l’on peut
imaginer. Leur perception du monde, parfaitement adaptée
à chacun de leur mode de vie, est particulièrement
a
Trilobites. Animaux marins que l’on rapproche des arthropodes, qui
se sont largement développés à l’ère primaire et avaient totalement
disparu avant le début de l’ère secondaire.
b
Ammonites. Fossiles de l’ère secondaire totalement disparus, qui
appartenaient aux mollusques céphalopodes. Dans l’Antiquité, le front
de Jupiter Ammon était orné de cornes de bélier ayant une forme
enroulée comparable à celle des ammonites.
10
éloignée de celle que nous avons de l’environnement qui
nous est pourtant commun.
Les insectes représentent un monde qui nous stupéfait,
mais sont néanmoins nos ennemis les plus redoutables car,
malgré les moyens exceptionnels que nous déployons, ils
détruisent une partie importante de nos productions et
véhiculent des maladies redoutables. Il faut cependant
reconnaître que, en modifiant souvent de manière
anarchique et brutale notre environnement, l’homme n’a
fait que favoriser le développement de bon nombre de
ravageursa de nos cultures. Si donc on est émerveillé par
leur beauté, leur étonnante adaptation et leur mode de vie,
qui ne cessera de nous surprendre, il faut aussi imaginer
tous les moyens possibles pour les combattre et éviter
qu’ils deviennent, à notre détriment, les maîtres du monde.
Nous avons souhaité, dans cet ouvrage, aborder
sommairement tous les aspects de la vie des insectes,
laissant libre le lecteur d’approfondir tel ou tel sujet, tout
en souhaitant que ces pages lui donnent une profonde
envie d’en savoir plus. Il trouvera en annexe quelques
références bibliographiques, petit échantillon de tout ce
que la littérature a pu produire, qui lui permettront
d’étancher un peu plus encore sa soif de mieux connaître
le monde des insectes.
C’est parce que l’auteur de cet ouvrage a consacré sa
vie professionnelle à l’étude des insectes de cultures
tropicales et plus particulièrement à ceux inféodés aux
a
Ravageur. En entomologie ce terme désigne tous les insectes
phytophages, équivalent au mot déprédateur.
11
palmacées cultivées, que sont le palmier à huile et le
cocotier, qu’il sera souvent fait référence à des insectes
vivant directement ou indirectement en relation avec ces
plantes.
QU’EST-CE QU’UN INSECTE ?
Le règne animal a été, depuis Cuvier, organisé en
quatre grandes divisions appelées embranchements : les
vertébrés, les mollusques, les articulés et les rayonnés.
C’est dans ce dernier embranchement que sont regroupés
tous les animaux, essentiellement marins, dont
l’organisation est disposée en forme de rayons comme les
oursins, les méduses ou les coraux.
Les insectes appartiennent au grand groupe des
articulés encore appelés arthropodes, mot qui en grec
signifie d’ailleurs "pied articulé". Ils ont tous la principale
caractéristique d’avoir un squelette externe, ce qui leur
assure une protection particulièrement efficace. Cette
cuirasse qui, comme on le verra, ne présente pas que des
avantages, est divisée en plusieurs éléments articulés entre
eux. Cet immense groupe, en nombre d’espèces, comprend
les myriapodes, appelés plus vulgairement mille-pattes, les
crustacés, les arachnides ou araignées, que les nonspécialistes rangent parfois à tort parmi les insectes, et les
insectes eux-mêmes.
Ces derniers nous attirent d’abord par leur beauté. On
pense en premier lieu aux papillons et, sans faire référence
à des papillons exotiques exceptionnels comme les
morphos1 d’Amazonie ou le grand ornithoptère2 d’Asie,
nous avons dans nos campagnes de superbes papillons
comme le Vulcain3, les Vanesses4 ou le Machaon5. Chez
les coléoptères citons les Cétoines6, les Carabes7 ou les
Buprestes8, parmi lesquels il est des espèces qui, avec des
couleurs métalliques éblouissantes, et donc permanentes,
13
peuvent être plus beaux que bien des bijoux, alors que les
couleurs d’origine chimique, si chatoyantes soient-elles,
sont périssables. En réalité, si l’on y regarde d’un peu
près, et sans le moindre préjugé, il n’y a pas d’insectes
laids. Même cette mouche verte9, dite "à merde", dont le
mode de vie nous apparaît légitimement répugnant, est très
belle avec ses couleurs physiques vertes, et comment ne
pas évoquer ici l’élégance des libellules10. Même lorsque
l’on regarde à l’aide d’une bonne loupe, ou mieux d’un
microscope, si possible électronique, les plus petits
insectes, souvent inférieurs au millimètre, comme les
micro-hyménoptères chalcidiens11, on ne peut être
qu’émerveillés par la perfection de ces minuscules
créatures. Malgré leur très petite taille, toute la
complexité, la merveilleuse organisation de ces insectes,
comme les stupéfiants détails de leur anatomie sont là sous
vos yeux. Ces micro-insectes n’en ont cependant pas le
monopole dans le monde du vivant.
C’est la petite taille générale des insectes qui leur a,
notamment, permis d’affronter les plus grands cataclysmes
terrestres précédemment évoqués. Il y a cependant eu
quelques exceptions, comme cette libellule du genre
Meganeura, un des plus vieux insectes apparu au Permien,
il y a quelques trois cents millions d’années. Cet insecte
pouvait atteindre un mètre de longueur et quatre vingt
centimètres d’envergure. C’est très probablement à cause
de sa grande taille, qui la rendait plus vulnérable, qu’elle
n’a pu franchir les longues périodes géologiques. On peut
cependant observer de nos jours de très grands insectes, le
champion en la matière étant le phasme du genre
Phobaeticus12 qui peut, avec les pattes, atteindre quarante
centimètres de longueur, le plus grand papillon étant
14
l’Attacus13 d’Asie du Sud-est, dont la taille peut avoisiner
trente centimètres d’envergure, alors que chez les
coléoptères c’est un longicorne du genre Titanus14 qui
semble tenir le record de son ordre avec plus de quinze
centimètres de longueur.
CLASSIFICATION
Les insectes sont divisés en deux grands groupes. Le
premier d’entre eux comprend onze ordres principaux,
parmi lesquels ceux des lépidoptères ou papillons, des
coléoptères, comme le hanneton, des diptères ou mouches,
des hyménoptères, auquel les abeilles appartiennent, des
aphaniptères ou puces et des névroptères, avec le
fourmilion, ce dernier ordre étant beaucoup moins bien
représenté en nombre d’espèces. Tous ces insectes sont
dénommés holométaboles ou à métamorphose complète.
Environ un million d’espèces de cette catégorie ont été
décrites, avec plus de trois cent mille pour les seuls
coléoptères. Les stades larvaires des insectes
holométaboles n’ont rien de commun, tant des points de
vue morphologique que biologique, avec le stade adulte.
L’asticot ne ressemble en effet en rien à une mouche ni la
chenille à un papillon, par exemple. A la fin du dernier
stade larvaire, et au cours d’une mue dite nymphale,
l’asticot du diptère ou la chenille du lépidoptère se
transformeront en pupe ou en chrysalide. Tout le monde a
observé que le papillon sort d’une chrysalide, stade
pendant lequel le papillon est en préparation et dont
l’aspect extérieur est complètement différent de celui du
papillon. Suivant les insectes, ce stade nymphal peut ne
durer que quelques jours, notamment chez de nombreux
micro-hyménoptères, mais est généralement plus long,
15
comme c’est le cas chez de grosses espèces de coléoptère,
qui restent à ce stade pendant plusieurs semaines. Après la
mue nymphale, il se produit des transformations très
profondes car c’est au cours de ce stade que, par exemple,
la chenille va devenir papillon. La nymphe donne donc un
adulte à la suite d’une mue dite imaginale. Après cette
mue, les adultes, stade de la reproduction, ne se
développeront plus. En fonction de l’alimentation de la
larve, la taille de l’adulte, pour une même espèce, peut
varier du simple au double. Contrairement à ce que
pensent certaines personnes, en particulier des enfants, un
adulte de petite taille restera toujours petit.
Chez les insectes du second groupe, qui ne sont donc
pas des holométaboles, la larve, à la sortie de l’œuf,
ressemble déjà, en miniature, au futur adulte avec des ailes
et des organes génitaux qui se développent au fur et à
mesure des mues larvaires successives. Ces insectes ont
une
métamorphose
incomplète
et
sont
dits
hétérométaboles. Un des représentants de ce groupe est
celui des éphémères15, morphologiquement assez proches
des libellules, qui, vieux de plus de trois cents millions
d’années, sont parmi les plus anciens insectes existants
encore aujourd’hui. Tout au long de cette longue période
elles n’ont subi que peu de transformations. Ces insectes,
dont les larves sont aquatiques, émergent des eaux, parfois
en immense quantité. L’adulte, aux pièces buccales
atrophiées, ne se nourrit pas et ne vit que peu de jours, le
temps de s’accoupler et, pour les femelles, de pondre.
C’est cette vie très brève, au stade adulte, qui leur a valu
ce nom. C’est également parmi les hétérométaboles que
l’on classe les libellules, appartenant à l’ordre des
odonates ; elles sont également très anciennes. Les
16
blattes16, plus connues sous le nom de cafards, existent
depuis des dizaines de millions d’années sans avoir subies
de modifications majeures. Les mantes, dites religieuses17,
et les termites18, ces derniers regroupés dans l’ordre des
dictyoptères, sont également des hétérométaboles. Les
dermaptères, avec le "perce-oreille19", bien connu de tous
parce que très commun, le grand ordre des orthoptères,
avec les criquets20, sauterelles21 et grillons22, enfin les
hémiptères avec les punaises23, les pucerons24 ou les
cochenilles comme la terrible cochenille des agrumes25 par
exemple, dont la larve et la femelle se couvrent d’une
épaisse couche de cire protectrice, sont également des
insectes à métamorphosea incomplète.
Chez les holométaboles, la transformation de la larve
en adulte, au cours du stade nymphal, nécessite beaucoup
d’énergie. C’est pendant le stade larvaire (stade nourricier)
que cette énergie est accumulée grâce à une alimentation
quasi continue. Pendant sa vie d’adulte, l’insecte se nourrit
principalement pour assurer la maturité des œufs, puis
s’accoupler et pondre. Chez certains insectes cependant,
comme nous l’avons déjà signalé, l’adulte ne vit que pour
assurer la reproduction de l’espèce. L’énergie qu’il
dépense dans l’acte de ponte ne provient que de
l’alimentation de l’insecte lorsqu’il était à l’état larvaire.
Avec largement plus d’un million d’espèces d’insectes
décrites, les spécialistes estimant que plusieurs autres
Métamorphose Transformation plus ou moins complète que subit
l’insecte pour passer de l’état des stades larvaires successifs à ceux de
la nymphe puis de l’adulte.
a
17
millions restent encore à découvrir, le chiffre total de trois,
voire cinq millions d’espèces existantes est généralement
avancé. Les systématiciens ont donc encore beaucoup à
faire, mais bien des espèces auront certainement disparues,
avant même d’avoir été décrites. Les insectes
représenteraient ainsi plus de 80% des espèces d’animaux
vivants sur notre planète. Le nombre d’espèces décrites
des seuls coléoptères, diptères et hyménoptères dépasse le
chiffre de sept cent mille espèces et il est
vraisemblablement plus proche du million. C’est ainsi
qu’il y a plus d’espèces de mouches en France que de
mammifères sur terre. Plusieurs milliers d’espèces
d’insectes peuvent être décrites chaque année, leur nombre
étant largement proportionnel à celui des entomologistes
travaillant sur le terrain. Quant aux nombres d’individus
présents, ce chiffre est naturellement incalculable, mais il
suffit de savoir qu’une seule fourmilière peut contenir
plusieurs dizaines de milliers d’individus pour entrevoir
l’énormité de la masse biotique que les insectes
représentent sur la terre. On peut penser que dans nos pays
européens il y a encore relativement peu d’espèces
nouvelles d’insectes à décrire, ce qui n’est bien entendu
pas le cas de beaucoup d’autres pays, notamment ceux en
partie recouverts de forêts tropicales, milieux
particulièrement riches en faune entomologique, largement
inconnue.
ANATOMIE ET MORPHOLOGIE GENERALE
L’exosquelette des insectes est, peu de temps après sa
formation, inextensible. Pour grandir lors des différents
stades larvaires, l’insecte devra abandonner son squelette,
qui porte alors le nom d’exuvie, et en fabriquer un autre.
18
La mue est une opération très complexe, dans le détail de
laquelle nous ne pouvons entrer ici. Au cours de cette
opération se forme une nouvelle cuticule, souple à ses
débuts, avant d’abandonner le squelette précédent. A
l’occasion de cette mue, l’insecte devra également changer
son système respiratoire, ou trachées, qui sera décrit
succinctement ultérieurement, ancrer les attaches
musculaires sur la nouvelle cuticule et bien d’autres
opérations encore. Pendant cette période, l’insecte est
particulièrement vulnérable car il ne peut fuir en cas de
danger. Tel est l’inconvénient de changer de "peau"
périodiquement.
En dehors des caractéristiques générales de tous les
arthropodes précédemment signalées, le corps des
insectes, à l’état adulte, est divisé en trois parties : la tête,
portant un grand nombre d’organes sensoriels, le thorax,
lui-même divisé en trois parties, chacune d’elle étant
équipée d’une paire de pattes ce qui constitue une des
caractéristiques importantes des insectes. Il n’existe en
effet pas d’autres animaux adultes ayant structurellement
trois paires de pattes. Les deux derniers segments
thoraciques portent également chacun une paire d’ailes,
avec cependant des exceptions sur lesquelles nous
reviendrons ultérieurement. La dernière partie du corps est
l’abdomen qui contient notamment les viscères et les
organes génitaux. Hormis les organes sensoriels, les
insectes possèdent, comme tout être vivant assez évolué,
un système nerveux, qui a chez eux la caractéristique
d’être ventral et un tube digestif qui n’ont, tous deux, rien
de très particulier à préciser dans un ouvrage comme
celui-ci. Le milieu intérieur est constitué d’hémolymphe
qui est mise en circulation par des vaisseaux contractiles et
19
les mouvements musculaires. Ce système circulatoire ne
joue aucun rôle dans le transport de l’oxygène dans les
différentes parties du corps, mais sert à véhiculer les
nutriments dans l’ensemble du corps.
Le système respiratoire des insectes est si particulier
qu’il mérite un court développement. L’air entre dans le
corps par les stigmates, petits opercules situés de part et
d’autre du thorax et de l’abdomen, qui débouchent dans un
système de trachées de plus en plus fines, nommées alors
les trachéoles. Ce système respiratoire est si perfectionné
qu’il est capable d’apporter de l’oxygène à chaque cellule.
Ces stigmates peuvent être ouvertes ou fermées. Par
endroits, les trachées, qui sont élastiques, ont une forme de
petits sacs bordés de muscles qui, par leur contraction,
permettent la circulation de l’oxygène. C’est ainsi que les
insectes ne savent pas ce que c’est que "d’être essoufflés"
et ne se fatiguent donc jamais, à condition d’être
normalement alimentés. Cela est une capacité encore bien
étonnante et explique que l’activité des insectes ne cesse
jamais. Chez certains insectes de très petite taille, il y a
diffusion de l’oxygène à travers la paroi du corps. Enfin
certaines larves aquatiques d’insectes, comme celle du
coléoptère dytique26, respirent à l’aide de trachées
modifiées, comparables, d’un point de vue fonctionnel,
aux branchies des poissons.
Dans la majorité des cas, les insectes ont une
reproduction sexuée normale. Mais de nombreuses
espèces d’hyménoptères peuvent se reproduire par
parthénogénèse, c'est-à-dire sans la participation des
gamètes mâles, bien que d’autres insectes se reproduisent
de cette manière également. Ce type de reproduction peut
20
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